La langue de GDF

J'ai reçu, en même temps que ma dernière facture de gaz, un petit dépliant m'informant que je pouvais bénéficier d'un nouveau service gratuit ("Cap EcoConso", tout un programme) destiné à me donner les informations nécessaires à la maîtrise de ma consommation d'énergie. La première chose qu'on peut y lire, c'est son titre, naturellement, ainsi libellé : Analyser et agir sur vos consommations d'énergie. Ce n'est pas grand chose, bien sûr, mais cela traduit, comme toujours, l'état de délabrement de la langue et l'incompréhension grandissante de la logique qui la porte. Je suis toujours surpris que de tels documents, qui ont dû être élaborés, lus et vérifiés par plusieurs dizaines de personnes, peut-être, dont un certain nombre de responsables à divers échelons, avant leur diffusion massive, puissent ainsi passer toutes ces étapes sans que nul ne s'émeuve de tel ou tel grossier solécisme.
(On trouve aussi, au bas de la même première page, un petit slogan qui majusculise hardiment : "Être utile aux Hommes".)

Voilà qui me rappelle un dépliant imprimé en 1982 sous l'ère Mitterrand et qui émanait de la Sécurité Sociale.
On y lisait (c'était même le titre) La sécu c'est bien, en abuser ça craint
mais surtout la deuxième phrase, en gras, était "La sécu est un système que beaucoup nous envie"

A l'époque, j'ai estimé le tirage de cette ânerie à 5 millions d'exemplaires et j'ai dit dans la presse que les instituteurs n'avaient pas les mêmes moyens de répandre le bon usage , non plus qu'ils ne les ont, désormais, face à la télévision puisqu'on préfèrera toujours, à leur syntaxe, celle de Claire Chazal.
Je me suis livré au même exercice en direct sur France Inter en 1983 chez Jacques Pradel face à André Laignel, député maire socialiste de Saint-Nectaire, que ses adversaires, par une faiblesse bien innocente, appelaient le nain sectaire. Il était à l'Education nationale . J'ai brandi devant lui sans prévenir un sujet d'examen tiré à dix millions pour toutes les académies de France, texte où les fautes grossières pullulaient, et que j'ai lu au micro en glapissant mon indignation.

Naturellement la Mitterrandie m'a considéré aussitôt comme un suppôt de Satan et l'odeur du soufre colle encore à mes vêtements.
Christian Combaz

PS Puis-je vous demander de m'envoyer le fac-similé du dépliant GDF pour mon bêtisier ?

Au moins, à l'époque (les années 1980), nos dirigeants s'exprimaient-ils dans une langue encore correcte, voire élaborée. Alors que le libellé de GDF partagé par M. Dangle ressemble comme à s'y méprendre à du Hollande. En 2075, le verbatim de la conférence de presse donnée hier par celui-ci épouvantera linguistes et autres philologues (s'il en reste).

Cher Christian Combaz, vous avez un message privé.