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Lacan, Mai, le logos

Envoyé par Francis Marche 
04 mars 2008, 19:37   Lacan, Mai, le logos
"Un signifiant se définit de représenter un sujet pour un autre signifiant. C’est une inscription tout à fait fondamentale. Elle peut en tout cas être prise pour telle. Il s’est élaboré, par mon office, une tentative qui est celle à laquelle j’ai mis le temps qu’il fallait pour donner forme, qui est celle où j’aboutis maintenant, une tentative d’instaurer ce qui nécessitait décemment de manipuler une notion en encourageant des sujets à lui faire confiance, à opérer avec ça. C’est ce qu’on appelle le psychanalysant.

Je me suis d’abord demandé ce qu’il pouvait en résulter pour le psychanalyste, où il était lui ; car sur ce point, il est bien évident que les notions ne sont pas claires. Depuis que Freud – qui savait ce qu’il disait – a dit que c’était une fonction impossible…et pourtant remplie tous les jours. Si vous relisez bien le texte vous vous apercevrez que ce n’est pas de la fonction qu’il s’agit, mais de l’être du psychanalyste. Qu’est-ce qui s’engendre pour qu’un beau jour un psychanalysant s’engage à l’être, psychanalyste ?

C’est ce que j’ai tenté d’articuler quand j’ai parlé de l’acte psychanalytique. Mon séminaire, cette année-là, c’était 68, je l’ai interrompu avant la fin, afin, comme ça, de montrer ma sympathie à ce qui se remuait et qui continue… modérément. La contestation me fait penser à quelque chose qui a été inventé un jour, si j’ai bonne mémoire, par mon bon et défunt ami Marcel Duchamp : « le célibataire fait son chocolat lui-même ». Prenez garde que le contestataire ne se fasse pas chocolat lui-même. Bref, cet acte psychanalytique est resté en carafe, si je puis dire. Et je n’ai pas eu le temps d’y revenir d’autant plus que les exemples fusent autour de moi de ce que ça donne."

Ce qui reste de ce discours, allez, de ce "parler", c'est un fait français, assez moyen, assez particulier, très parlé, somme toute, dans lequel nos amis Belges peuvent se noyer comme nous. C'est une communauté de parole et de destin qui s'inscrit dans ce flux de mono-syllabes, cette petite mitraillette parlotique ("C’est ce que j’ai tenté d’articuler quand j’ai parlé de l’acte psychanalytique").

Lacan est un guerrier masaï qui n'intéresse personne dans l'univers sinon les amoureux exotiques des guerriers masaï et les autres, les guerriers masaï eux-mêmes, comme moi ou Lombart, affreux belge comme moi prisonnier d'un certain art de la pensée et de la parole joueuse et aventureuse qui suppose un terrain de jeu et d'aventure, soit une parole de pitre désormais intransmissible hors son vieux terrain.
Très joli compliment.
On oublie souvent que la plus grosse part de l'œuvre de Lacan est parlée. Elle est éditée au compte-gouttes par son gendre, qui en a encore pour un bon moment à gérer ainsi son patrimoine à raison d'un livre tous les trois ou quatre ans. Heureusement, il y a les copies, non pas "pirates", puisque cette parole publique appartient autant à ceux à qui elle était destinée – copies que, de guerre lasse, J.-A. M. ne poursuit plus toujours. Il faut dire aussi que devant les coups de boutoir des physiologistes et des clowns praticiens de tous horizons, l'héritage prend eau, et les gens de la parlotte ont intérêt à faire front...
Utilisateur anonyme
04 mars 2008, 21:19   Re : Lacan, Mai, le logos
Il me semble peut-être plus juste de dire qu'un signifiant se représente de définir un sujet pour un autre représentant.
Utilisateur anonyme
04 mars 2008, 22:06   Re : Lacan, Mai, le logos
Rien de plus coriace que le signifiant, cher Orimont.
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