que les Algériens ou les Saoudiens tiennent à l'islam, c'est leur affaire.
Cette phrase laisse rêveur : c'est aussi notre affaire puisque, comme le rappelle Oskar Freysinger avec pertinence,
l'islam est sans géographie.
Un peu comme si, à l'époque du Communisme, on se fût contenté d'affirmer que si les Russes (ou les Chinois, ou les Cubains) tiennent au communisme
, c'est leur affaire; le communisme, comme l'islam, était l'affaire de toute l'humanité, du moins se pensait-il ainsi et c'était bien là l'essentiel de sa manière de faire problème. Le communisme était à rejeter en France non parce qu'il était "russe" (ou chinois)
mais parce qu'il était inférieur (organisateur de pénurie, de police de la pensée, de massacres et de persécution de masse, d'apauvrissement de la vie spirituelle, etc.,)
Le problème de l'approche identitaire sèche est qu'elle succombe sous l'action du temps : bientôt, et même déjà, le slogan "on est chez nous" (ou "chez nous on n'est pas musulman", etc.) ne sera plus opposable aux musulmans de France qui y rétorqueront (et y rétorquent déjà) qu'eux aussi sont en France chez eux.
Il faut donc ne pas se contenter de cette approche pour oser s'engager dans une double critique :
a) critique intrinsèque de l'islam, religion inférieure;
b) discrimination des éléments de civilisation parties prenantes de l'étant identitaire, lequel, au travers de cette discrimination, de ce discernement, devient susceptible d'affinement, d'élévation et d'épuration, et de rejet de ce qui, en lui, n'est ni souhaitable, ni bon, et contraire à tout motif de fierté.
On voit ce programme critique un peu difficile et vaguement intimidant être contourné par certains qui recourent à des subterfuges intellectuels revêtant les formes d'une pensée magique : l'islam ne serait pas une religion mais une secte, et si en régime de laïcité toutes les religions ont droit de cité, l'islam doit faire exception du fait de sa nature de secte. C'est la pensée magique qui a cours à
Résistance républicaine, par exemple. Or l'islam est parfaitement une religion, son statut de religion lui est reconnu non seulement par l'Etat mais aussi et surtout par les autres religions monothéistes : si l'église catholique reconnaît l'islam comme religion, à moins de considérer que le catholocisme vaticaniste n'est pas lui non plus une religion, il faut reconnaître à l'islam son statut.
Tout le travail discriminant reste ensuite à opérer pour justifier le rejet de cette religion; et ce travail n'aura d'autre terrain que celui de la morale et de la philosophie politiques, d'où la tentation d'une solution de facilité : déclarer que l'islam n'est qu'une secte et arguer de ce fait pour s'opposer à son action et sa propagation et ne plus avoir à penser.
Le choix du meilleur cours, de la meilleure religion, de l'ordre le meilleur, est l'apanage du civilisé, c'est aussi son fardeau. On ne se déchargera pas de ce fardeau en décrétant que "l'islam n'est pas de chez nous"; "qu'il est bon pour d'autres que nous" ou "qu'il n'est pas une religion".