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Crimée (posté aussi sur le-non.fr)

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
17 mars 2014, 10:15   Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Quelques remarques :

1) 96,6 % de oui au référendum n'est pas crédible et fait songer aux scores des dictateurs africains. Putine a plus le profil d'un dictateur que d'un démocrate. Il est évident qu'il y a eu une fraude électorale.

2) Le principe d'un référendum n'est pas condemnable. Rappelons que la France en a organisé un à Mayotte, malgré la condamnation de l'ONU et de l'Union africaine.

3) Les citoyens de la Crimée sont à environ 70% russophiles et russophones, et s'il n'avait pas eu de fraudes éléctorales, le oui aurait approché ce pourcentage.

4) Obama semble ne rien connaître à l'histoire européenne, et il est regrettable que les dirigeants européens répètent ce qu'il dit, tels de vieux perroquets séniles.

5) Le principe de sanctions envers la Russie est ridicule et contre-productif. Il témoigne d'une indécrottable connerie car il nous attirera l'hostilité de la Russie durant des décennies.
La diplomatie européenne serait plus intelligente si elle prenait la Russie à son propre jeu, et mettait la pression pour que la Russie applique le principe du référendum, notamment en Tchétchénie.
Les Russes sont d'un cynisme total, car ils ont répondu favorablement aux nationalistes abkhazes et ossètes du Sud (Géorgie) et ont massacré les Tchétchènes (Russie).

6) Les Hongrois d'Ukraine subcarpatique et même de Slovaquie devraient aussi demander un référendum pour établir des frontières plus justes.
Utilisateur anonyme
17 mars 2014, 13:52   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Poutine est un démocrate puisqu'il organise un référendum.

La Russie nous est déjà hostile, et pour l'instant aucune véritable sanction.

J'ai surtout peur que les investisseurs russes se désengagent de l'A.S. Monaco, ce qui rendrait le championnat de France de football beaucoup mois attrayant...
Utilisateur anonyme
17 mars 2014, 14:20   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Poutine, un démocrate ???? Cela me fait rire !!!!!!! M. Rivoallan, vous avez le droit de penser que c'est un démocrate, puisque notre pays respecte, je l'espère, le droit d'expression. Mais alors laissez-moi écrire que le football est l'opium du peuple, tout comme la "télé-réalité" !!!
Je crois que M. Rivoallan maniait l'ironie.
Utilisateur anonyme
17 mars 2014, 14:42   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Monsieur Vartannoy étant nouveau, il n'est pas encore sensible à mon ironie. Pour cette même raison je lui pardonne ses ???? et ses !!!!!!! (mazette, 10 en tout).

Quant à qualifier M. Poutine de dictateur... Je le perçois plutôt comme un chef, comme un dirigeant. Et pour moi cela n'a pas la connotation péjorative qu'on lui donne aujourd'hui. Et il y a des élections, une presse. On m'objectera que tout cela est contrôlé par le pouvoir en place, peut-être, sans doute.

Je dois donc être un piètre démocrate puisque je ne considère pas cela comme absolument répugnant.
Utilisateur anonyme
17 mars 2014, 15:37   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Monsieur Rivoallan, OK je ne vous connaissais pas, et donc n'étais pas sensible à votre ironie !!! Vous voulez dire que j'ai écrit 10 conneries :-) Expliquez :-)

Sans transition

Les sanctions contre la Russie, demandées par l'Europe renforceront le pouvoir de Poutine et le chauvinisme du peuple russe. Il faut craindre une Russie hyper-puissante dans les années 2020-2030. Si jamais les républiques islamiques s'étendent du Maroc au Pakistan dans 10, 20 ou 30 ans, une Russie forte militairement et économiquement leur serait un allié privilégié, et alors l'Europe serait en danger.
Utilisateur anonyme
17 mars 2014, 15:44   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Je parlais de 10 points d'exclamation. Comme nous sommes sur la forme, je vous déconseille fortement les smileys, ils ne sont pas les bienvenus ici.

Dans les années 2020-2030, la Russie aura un autre dirigeant. Sous la pression des Occidentaux, il est à craindre qu'il s'agisse d'un démocrate.

Je veux dire par là que la Russie, cet immense pays dans tous les sens du terme, sera livrée aux partis, aux corps intermédiaires. Sommes-nous sûrs que c'est préférable au régime actuel ?
Utilisateur anonyme
17 mars 2014, 17:30   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
OK Christophe, plus de smileys, je le promets. Les points d'exclamation sont-ils toléres ? Pardonnez-moi si je déteste le football, mais ancien élève d'institutions catholiques, j'ai dû me "taper" une après-midi de sport (surtout football) supplémentaire par semaine. Un vieux prêtre m'a donné l'explication des décennies plus tard : c'était pour nous épuiser physiquement et éviter ainsi que nous nous masturbions au dortoir.

Revenons à l'ex-URSS

Plutôt que de brandir des sanctions, les Occidentaux feraient mieux d'exiger le contrôle de l'ONU pour les futurs référendums inévitables dans quelques semaines ou mois concernant les oblasts russophones de Kharkov, Louhansk, Donetsk et Dnipropetrovsk. Inversement espérons que la Tchétchénie et le Daghestan deviennent des États indépendants tout comme l'Ossétie du Sud et l'Abkazie. (Saluez mon effort, j'ai retenu le smiley)
Les points d'exclamation sont bien sûr tolérés, cher Léo Vartannoy, mais nous préférons qu'il n'y en ait qu'un à la fois et qu'il soit précédé d'une espace non sécable (Alt + 0160).
Amis Ukrainiens,
Il ne faudra pas vous attendre à un soutien de l'opinion française. J'en suis attristé et atterré, mais force est de constater que la propagande russe a gagné. La Crimée est donc sauvée des hordes nazis ! Merci Monsieur Poutine.
Je ne comprends pas : on dirait que mon pays n'est plus capable de réagir. Il n'est pas capable de dire « non à l'invasion Russe de l'Ukraine » pas plus qu'il n'est capable de dire « non au changement de peuple » en France. Tout se passe comme s'il n'était plus capable de se révolter, tout simplement. J'ai parfois l'impression de vivre dans un pays résigné, fataliste, amorphe. Cela expliquerait d'ailleurs le fait que tant de forces vives quittent notre territoire, remplacées par d'autres forces, celles-là nettement moins vives, pour ne pas dire néfastes. Mais c'est un autre sujet.
Amis Ukrainiens, j'espère que vous ne lirez pas les forums français : vous risqueriez d'être déçus et blessés par le nombre étonnamment élevé de commentaires méprisants, ironiques, ou insultants. Est-ce surprenant ? Finalement pas tant que ça, lorsque l'on se rend compte, en faisant une simple recherche sur google, que tournent en boucle les mêmes analyses des mêmes « spécialistes », parfois réels, souvent autoproclamés.
Amis Ukrainiens, il faut que vous le sachiez, la France n'a rien à « gagner » à soutenir l'Ukraine. Oui, c'est comme ça, le rapport de force n'est pas en votre faveur. Votre armée contre celle de la Russie, c'est David contre Goliath. Et puis, vous n'êtes pas riche, en comparaison de votre voisine en pleine expansion. Alors, vous comprenez, nous sommes devenus si matérialistes et si peu idéalistes qu'il ne faudra pas compter sur nous. C'est ainsi : il faudra vous tourner vers l'Amérique et ses vassaux car nous-autres, patriotes Français (dont je me sens m'éloigner à pas de géants au vu des événements) sommes trop terrorisés par la démonstration de force de la Russie.
Oh, bien sûr, les choses ne sont pas présentées ainsi. On invoque des raisons historiques, démographiques, que sais-je encore... Chacun peut trouver « sa » raison. Les communistes sont ravis de voir le drapeau rouge flotter aux côtés du drapeau Russe, les soit-disant « patriotes » sont ravis de voir Poutine gagner son rapport de force avec un Occident qu'ils exècrent (sans doute à juste titre, mais ceci justifie-t-il cela), les adeptes des formules martiales sont heureux de l'entendre proclamer, avec tant d'élégance, qu'il ira « buter les terroristes islamistes jusqu'au fond des chiottes » (le « problème » n'est pourtant toujours pas réglé)... Oui, chacun, ici en France, a « sa » raison de soutenir votre agresseur, d' applaudir cette grotesque farce qu'est le référendum.
Amis Ukrainiens, il ne faudra vous attendre à aucune solidarité de la part des soit-disant « patriotes » Français. Il faut croire que nous sommes, nous aussi, condamnés à nous ranger encore et toujours du côté du plus fort : hier les Etats-Unis, demain la Russie. Sans doute croyons-nous que la Russie nous sauvera ! Je ne sais pourtant toujours pas ce qu'il y a de si admirable dans la Russie poutinienne. La force brutale ? Le luxe ostentatoire et vulgaire d'oligarques corrompus ? La violence du verbe et des actes ? J'hésite, j'hésite.
Las, ce début de siècle nous apprend que la loi du plus fort reste la meilleure, que la page des Empires n'est pas tournée pour tout le monde, que les guerres qui ont ensanglanté notre Europe n'ont pas servi de leçon.
Défendre la position ukrainienne sur la Crimée est le type même du mauvais combat : la Crimée est russe, pas ukrainienne, elle n'a été rattachée à l'Ukraine que par une décision politique, et la grande majorité de sa population est russe.
oui oui, vous avez raison de défendre le "bon" combat... Enfin, chacun son combat cher Monsieur
Utilisateur anonyme
17 mars 2014, 21:20   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Les Ukrainiens sont vos amis, M. Aron ? En quel honneur ?

Ils ne sont pas les miens, sans que cela ait à voir avec un quelconque rapport de force ou je ne sais quel matérialisme. Vous me pardonnerez de n'être pas de ceux qui sont amis avec les Syriens, les Centrafricains, les Bénins, les Indiens d'Amazonie, les Ouïghours, les Tibétains, les Kurdes, les Roms, les Sans-Papiers, les Handicapés, les Malvoyants, les Non-diplômés, les Prématurés, les Surendettés, etc., etc., etc.
En effet, j'ai quelques amis Ukrainiens... Mais ne vous inquiétez pas... Je vous pardonne tout ce que vous voulez...
D'ailleurs, je me rends compte en vous lisant, et en lisant beaucoup d'autres forums de la sphère identitaire, que je me suis simplement trompé en vous rejoingnant. L'erreur est humaine.
Je vais donc vous laisser entre vous, vous serez plus à l'aise.
Utilisateur anonyme
17 mars 2014, 22:12   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Tous les peuples ont le droit sacré de préserver leur identité. Les Ukrainiens de préserver et renforcer la leur, les Criméens de se sentir russes, mais inversement n'oublions pas les Tatars. S'ils réclamaient eux aussi un référendum pour constituer un micro-état comme l'Abkazie ou l'Ossétie du Sud ils faudrait les soutenir.
Paradoxalement l'identité de l'Ukraine se trouverait renforcée et plus homogène si les provinces orientales rejoignaient la Russie. De toute façon la question se posera bientôt. Si les oblasts de l'Est se prononçaient pour un référendum, il faudrait que les Occidentaux exigent un contrôle de l'ONU.
Utilisateur anonyme
18 mars 2014, 11:08   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Le problème de la Crimée devrait permettre de remettre en question le principe des sacro-saintes frontières, souvent arbitraires et injustes. Pensons aux minorités hongroises : ceux de Slovaquie et aussi aux Székely (Transylvanie) enclavés en Roumanie. [fr.wikipedia.org]
Ce problème est encore plus préoccupant en Afrique, car les frontières déchirent des ethnies. Pour éviter de sanglants conflits lors des décennies futures, l'ONU devrait favoriser les référendums.
Les référendums sur les découpages ethno-religieux et territoriaux débouchent sur un écrasement des ethnies minoritaires, lesquelles émigrent vers les grands frères voisins qui n'ont rien de plus empressé que d'aller écraser les écraseurs. Et c'est la guerre, interminable.

Les consensus nationaux, donc des nations fortes et tolérantes, non rigoureusement découpées par territoires ethniques, sont la solution. Seules des nations fortes, supra-ethniques et cimentant les ethnies dans un consensus national peuvent empêcher les guerres ethno-religieuses, internes ou transnationales. Vous voulez des exemples ? Les référendums onusiens entérinent un échec national aux conséquences non maîtrisées ou sont préludes à des conflits; le plus souvent, ils sont les deux.
Utilisateur anonyme
18 mars 2014, 12:33   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Vous écrivez : "Vous voulez des exemples ?". DONNEZ-EN DONC (smiley!!!)

Je pense le contraire : si une Serbie, une Croatie indépendantes, etc avaient existé dès 1918, ils ne se seraient pas entretués lors de l'éclatement de la Yougoslavie.
Vous connaissez sans doute l'histoire du masochiste qui hurle au sadique "FAIS-MOI MAL!!!" avec des lettres majuscules et des points d'exclamation qui ressemblent aux vôtres et un sourire de supplicié qui vaut vos smileys. Le sadique lui répond: non.
Utilisateur anonyme
18 mars 2014, 14:11   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Je ne suis pas masochiste, mais si jamais je le deviens, je préfèrerais me faire fouetter par une très belle escort girl russe ou ukrainienne travaillant à Londres que par vous. Par vous, NON.
Utilisateur anonyme
18 mars 2014, 14:18   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Monsieur Marche,

(je réfrène et réprime le smiley). J'ai écrit "smiley" en toutes lettres. Comprenez-vous la nuance ?

J'attends toujours vos exemples de référendums néfastes. Allez, un petit effort.
Il paraît que celles de Crimée sont les meilleures. Elles réunissent les qualités des deux autres nations. Si vous vous rendez à Londres, allez donc le vérifier et racontez-moi. Ca peut m'intéresser.
Les habitantes de la Crimée, adeptes du fouet, s'appellent les Crimes ? Criméennes ? Criminelles ?
Utilisateur anonyme
21 mars 2014, 00:17   Re : Crimée (posté aussi sur le-non.fr)
Criméennes.

La Crimée (en tatar de Crimée : Qırım signifiant « ma colline » [qır « colline », ım « ma »]
Ma parole, c'est Crimée et Châtiment, mas il m’étonnerait qu'il y eût jamais de salut avec Poutine...
(Cela dit, pour de vagues raisons, les petits Petlioura en herbe me foutent encore plus la trouille...)
C'est assez ironique. La grande crainte de Poutine était que l'Ukraine accueillît des bases de l'OTAN.
L'Ukraine devrait normalement être plus proche de la Russie que de l'UE, en raison de sa langue, de peuple, et parce qu'après tout Kiev est le berceau de la Russie (La Rus' de Kiev).
Et voilà que l'Ukraine quitte la CEI.
Voilà que les agissements de Poutine poussent l'Ukraine dans les bras de l'UE (réaction logique d'une nation qui se sent agressée, menacée, et faible comparée au mastodonte voisin), alors même qu'elle était loin, très loin, d'y entrer.
Et voilà, aussi, que l'OTAN va déployer ses forces dans toute l'Europe de l'est, rendue nerveuse par les mouvements de troupes Russes.
Je ne trouve plus la discussion "Sanctions contre la Russie". C'est dommage, car j'avais passé du temps à faire de "vraies" réponses aux divers arguments des tenants du "laisser faire". Je réponds donc ici aux derniers messages...

Que le Russe Douguine, tout géopolitologue qu'il soit, ne soit pas partisan d'une grande Russie « modèle pour le monde », cela serait étonnant. De même, qu'Alain de Benoist, dont j'apprécie certains de ses ouvrages, ne soit pas partisan de toute nation s'opposant à l'Amérique et à l'UE serait tout autant étonnant.
Je connais bien la Russie. C'est un pays que j'ai visité une quinzaine de fois. Et je connais davantage encore les pays anglo-saxons.
Je connais aussi très bien les auteurs de la Nouvelle Droite (dont Douguine est proche). J'en apprécie certains, d'autres pas. Mais concernant la crise en Ukraine, je suis en totale opposition avec eux. Ce qui d'ailleurs m'aura fait rejoindre « l'autre camp ».
Car il y a la réalité.
La réalité, c'est que lors de mes séjours en Russie, je n'ai vu aucun attachement particulier aux traditions décrites dans le passage que vous citez. Je n'ai pas du tout vu une puissance « post-libérale », bien au contraire. Je vais plus loin : La Russie de Poutine est la nation qui compte le plus d'oligarques, plus ou moins corrompus (avez-vous eu la curiosité de comparer la fortune d'Obama à celle de Poutine ? C'est assez révélateur). Et c'est bien dans ce pays, et non pas dans les pays anglo-saxons (supposés être les plus libéraux) que j'ai pu observer le plus grand attrait pour la richesse ostentatoire et vulgaire à la Sarkosy (Quoique le bling bling à la Sarkosy serait presque de bon goût, à côté. C'est dire).
La réalité, c'est que les plus grandes fortunes de « la City » sont des oligarques Russes.
La Réalité, c'est que la Russie est, financièrement parlant, le pays le plus inégalitaire au monde (si l'on exclut les petites îles de Caraïbes)
Poursuivons sur les réalités (il faudrait en rappeler quelques-unes à Monsieur Matzneff (avec qui je ne partage pas les mêmes « indignations »), qui voit de l'impérialisme Américain partout et de l'impérialisme Russe nulle part.
En Syrie, l'Amérique et ses alliés ne se sont-ils pas finalement alignés sur la Russie ? Si.
En Géorgie, Ossétie du sud, Abkhazie, l'Amérique et ses alliés n'ont-ils pas laissé faire la Russie ? Si. Itou en Tchétchénie (guerres 1994-96 et 1999-2009), en Transnistrie (1992), Afghanistan (1979-1989)
L'Amérique qui certes a commis les méfaits que l'on sait, a-t-elle déjà, au cours des dernières décennies baissé le drapeau d'une nation pour hisser à la place le sien ? Non. C'est bien ce qui s'est passé en Crimée, non ?
La Russie a-t-elle trahi l'Ukraine en profitant des accords autorisant l'armée russe à stationner en Crimée ? L'agression est donc double ! Arrivée massive de forces armées depuis la Russie s'ajoutant à celle stationnées à l'intérieur de l'Ukraine.
La Chine, pourtant traditionnel alliée de la Russie, soutient-elle le camp occidental ? Oui. Pourquoi la Russie est-elle si isolée ? Toutes les nations du monde sont-elles donc à la solde d'Obama ?
La réalité, c'est que la Russie fait face à une fuite massive de capitaux. Il semble que certains (y compris Russes) n'aient pas la même confiance envers les institutions Russes que les « experts » des forums français.
La Russie appliquera-t-elle, à l'instar des Russes de Crimée, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes pour tous les peuples « non-russes » de Russie, et il y en a beaucoup, notamment sur les territoires Russes situés en Asie (au-delà de l'Oural)  ?
J'espère que les auteurs de la Nouvelle Droite se battront avec autant de convictions pour défendre le référendum des Tatars, qui réclament le leur, dorénavant, mais sans les armes il est vrai, en faisant valoir le même droit que la Russie Poutinienne, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Nul doute que Poutine leur accordera une partie de la Crimée. Ce serait cocasse. Car après tout, que faudrait-il en faire, de ces tatars ? Leur réserver le même sort que leur réserva Staline ? Considère-t-on que ces tatars sont de dangereux islamistes, aussi dangereux que « les nazis de Kiev » ? Ou que se sont des agents de la CIA ?
Monsieur Aron,

vous vous référez à une mienne citation de Douguine, citation qui a hélas disparue. Je n'ai pas la prétention d'en défendre le bien-fondé, n'ayant à voir de près ni de loin avec la "nouvelle droite" (pas plus qu'avec la "droite historique" ou qui sais-je encore, le forum de l'In-nocence étant mon unique lieu de discussion avec une formation politique). Non, sur la situation en Crimée ou en Russie, seul mon ressenti me guide à travers la désinformation ambiante.

La première chose que l’on remarque, ce sont les femmes, bien sûr. Tous relèvent que les femmes russes s’habillent au quotidien comme si elles allaient au théâtre ou à une réception. Chose plutôt inhabituelle et qui immédiatement attire l’œil. Originaire d’Ukraine, lorsque j’ai débarqué en Russie pour la première fois, j’ai moi-même noté cette particularité à peine descendu du train. Une femme russe se maquillera et mettra des talons aiguilles même pour aller chercher le pain.

Voilà un bon commencement...

Autre caractéristique des Russes, le « non-sourire ». Les Européens et surtout les Américains sourient à tous et tout le temps, simplement par politesse. Là aussi, c’est la norme. Mais les Russes ne sourient que lorsqu’ils ont une réelle sympathie envers leur interlocuteur. Au début, on se sent mal à l’aise, on a l’impression d’être mal accueilli. Mais une fois que l’on y est habitué, le positif prend le pas sur le négatif : les rares sourires sont de francs accueils chaleureux, et pas juste un sourire de façade.

Ces Russes sont admirables !

(Source : Ce qui surprend les étrangers en Russie)

Cela dit, telle n'est peut-être pas votre propre expérience ?
Le peuple Russe, cela est une autre discussion. Intéressante aussi, mais qui sort un peu du sujet.
Ce qui m'intéresse avec cette crise en Ukraine est de savoir comment réagissent les uns et les autres. J'ai bien cerné les réactions du FN, ainsi que celles émanant de la "galaxie" Nouvelle Droite. Elles se rejoignent, finalement, dans leur conclusion qui est "il faut laisser faire". Cela est assez étonnant, lorsque l'on sait que le Système Poutine est à l'opposé des valeurs que prétendent défendre le FN (moralité de la vie politique, combat contre la corruption, souveraineté des nations, ...) ou la Nouvelle Droite (écologie, anti-capitalisme, attachement aux traditions, ...).
Concernant "le système Poutine", il existe un très bon documentaire, qui a été fait juste avant l'élection de Dimitri Medvedev, donc vers la fin du premier mandat de Poutine. Je l'ai vu il y a quelques années en DVD, mais je constate que quelqu'un l'a mis en ligne sur YouTube. Donc si vous vous intéressez à la Russie Poutinisée, je ne peux que vous conseiller de visionner ce film. Il dure 1h30 :
video: [youtu.be]
Le peuple Russe, cela est une autre discussion. (P. Aron)

Que voulez-vous dire ?
Je veux simplement dire que je fais une grande distinction entre le peuple russe et le pouvoir russe.
Polémia a sorti "l'artillerie lourde" pour traiter de la crise en Ukraine. Elle tire, évidemment, sur la même cible : la diabolique Amérique du nord. Et il n'y a pas ou très peu de contradicteur. J'en suis un. Et je réponds ici à la partie 1 (il y en a 7) du long article d'Alain de Benoist (ADB), qui est trèèèès discutable. [il est disponible sur tous les sites de la "mouvance" identitaire ; sur Polémia, c'est ici]

1
« La crise ukrainienne est une affaire complexe et grave ».
Il a raison, ADB, la crise ukrainienne est complexe, mais elle reste à la portée de qui veut se documenter car de la documentation et des analyses sur la question, il y en a à foison. Apparemment, on constate une convergence d'analyses qui vont dans le sens de celle d'ADB, lui-même reprenant peu ou prou les arguments avancés par Poutine dans son long discours justifiant l'annexion de la Crimée. Mais lorsque l'on est attentif aux auteurs cités dans les très nombreux blogs favorables au « laisser faire » ou même applaudissant les agissements de la Russie poutinisée, on constate que lesdits auteurs gravitent bien souvent autour de la même galaxie, dont ADB est l'une des têtes pensantes, avec Chauprade et Sapir. Étonnamment (en fait pas tant que ça, j'y reviendrai), ils se retrouvent main dans la main avec l'extrême gauche dans la détestation de l'Amérique.
L'armée de fonctionnaires russes (je rigole, je rigole. quoique...) a fait du bon travail, il faut le reconnaître : sa propagande est très bien relayée par des internautes français qui ont beaucoup beaucoup de temps libre pour inonder de leurs commentaires pro-russe les forums de Libération, du Point, du Figaro, du Monde, du Nouvel Observateur, de l'Express, etc etc (il y aurait de quoi se poser des questions).

« La crise ukrainienne est grave », indéniablement : comme le souligne très justement ADB, cette crise aurait pu donner lieu, à une autre époque et en d'autres circonstances, à une guerre régionale voire mondiale. Retenons ceci pour la suite.
« Ce qui est essentiel pour moi », dit-il, est le rapport de forces entre les partisans d'un monde multipolaire et ceux d'un « monde unipolaire soumis à l'idéologie dominante que représente le capitalisme libéral », représenté par « l'empire américano-occidental ».Cette idée est capitale car elle fonde tout le raisonnement d'ADB. Or, elle est très discutable.
D'une part, selon moi, il existe non pas un mais deux éléments essentiels. Le premier est bien le rapport de force. Le second, tout aussi fondamental, voire plus, mais occulté (ou jugé secondaire) par ADB, est la conception que l'on se fait du comportement des nations entres elles. Pour moi, le respect des frontières des nations souveraines représente ce qui garantit la confiance réciproque d'une nation envers une autre, ce qui, en quelque sorte, garantit les « relations de bon voisinage », et donc la stabilité d'une région. Le respect des frontières des nations souveraines est précisément ce qui à notre époque permet d'éviter aux conflits de dégénérer en guerre. ADB l'a dit : cette crise aurait pu provoquer une guerre mondiale. De ce point de vue, la responsabilité de la Russie est très lourde. Poutine, dénonçant les manipulations du « camp » occidental, a affirmé dans son discours que « la ligne rouge avait été franchie ». Mais qui a franchi la « ligne rouge »? Les manipulations font partie du « jeu ». La Russie aussi manipule. Lorsque la Russie décide de changer les frontières d'un pays de façon unilatérale, dans une Europe qui a connu des guerres terribles précisément à cause de ce genre de comportement, alors la Russie devient une nation indigne de confiance, qui sera détestée de sa voisine ukrainienne, et ravivera les tensions dans toute l'Europe de l'est.
D'autre part, ADB part du principe que le « capitalisme libéral » est l'apanage de l'empire américano-occidental. Une telle affirmation relève soit de la mauvaise foi, soit d'une méconnaissance de la réalité de la Russie moderne. Car enfin, s'il y a bien un pays dans lequel règne le « capitalisme libéral » le plus féroce, c'est bien la Russie. Il faut en outre ajouter à ce « capitalisme libéral » une corruption dont les proportions sont incomparables avec celles de « l'empire américano-libéral ». Ce qu'écrit ADB, reprenant peut-être Douguine, ne change rien à cette réalité. La réalité, c'est que la Russie est (si l'on exclut les petites îles de Caraïbes) le pays le plus inégalitaire du monde. La réalité, c'est que les plus grandes fortunes de La City sont détenues par des oligarques russes. La réalité, c'est que la fortune de Poutine est évaluée à plus de 70 milliards de dollars. Celle d'Obama, à côté, fait pâle figure : elle est estimée entre 2 et 7 milliards. On pourrait multiplier les exemples.
Dans une telle perspective, la question n'est pas de savoir s'il faut se ranger du côté de « tout ce qui contribue à diminuer l'emprise américano-occidentale sur le monde », mais plutôt d'affirmer que le respect des nations entre elles constitue la condition sine qua non de la stabilité d'un continent. Autrement dit, toute attitude qui tend à accroître le risque de guerre en Europe est une mauvaise chose, et doit donc être combattue. Dans le cas de la crise Ukrainienne, l'attitude à combattre est bien celle de la Russie.
L’Europe, comme le dit ADB, a aujourd’hui abandonné toute volonté de puissance et d’indépendance. Soit. Mais je rejette l' « évidence » selon laquelle il faudrait considérer la Russie comme la « puissance alternative » à l' « idéologie dominante dont l'Occident libéral est le principal vecteur ». En tant qu'occidental, il est naturel de se sentir assez éloigné du mode de vie russe et plus proche du mode de vie occidental. Surtout, je le répète, il faut garder à l'esprit que la Russie est plus « libérale » que l'Amérique. Pourquoi préférer la Russie libérale et corrompue à l'Amérique libérale et moins corrompue ?
L'ennemi n'est donc pas à l'ouest, contrairement à ce qu'affirme ADB (et quelques autres du côté de chez Mélanchon par exemple). Cela ne signifie pas qu'il est forcément à l'est. Ces dernières années, l'est n'a pas du tout été l' ennemi, au contraire. Mais avec la situation présente, il le devient.
ADB poursuit en expliquant qu'il « n'éprouve aucune sympathie pour Yanoukovitch ». Je crois que personne ne le contredira là-dessus. Comme il l'écrit, même Poutine a fini par « s'en rendre compte ». Je souligne, tout de même, que Yanoukovitch était la marionnette de Poutine, et qu'il est bien évident qu'il connaissait parfaitement ses agissements bien avant la révolution de Kiev.
C'est vrai, même si le peuple, à Maïdan, n'était pas au service des américains, cette révolution a servi « avant tout les intérêts américains » (encore que cela reste à nuancer ; il faudra y revenir en commentant la partie 2). Comme je l'écrivais plus haut, les « manipulations » font partie du « jeu ». Les américains le font, les russes le font aussi. Et ils y parviennent parfois fort bien. Après tout, n'est-ce pas la Russie qui est parvenue à faire élire le candidat qu'elle soutenait, Yanoukovitch ? Mais poutine a commis une grave erreur en soutenant ce Yanoukovitch pendant plusieurs années. Il lui appartenait de s'en démarquer et de mettre en avant un autre candidat à l'élection. Il ne l'a pas fait. Il a préféré agir à la façon dont agissaient les nations au siècle dernier, en utilisant la force armée, l'intimidation, le mensonge, les menaces, les enlèvements de journalistes, la violence du verbe et des actes.
ADB est choqué que le milliardaire Arseni Yatseniouk se soit précipité à Washington où Obama l'a reçu dans le Bureau ovale... Moi je suis choqué que le milliardaire pas très futé mais très corrompu Yanoukovitch, qui a donné l'ordre d'ouvrir le feu sur son propre peuple, se soit précipité chez Poutine... et pas pour y être mis en prison. À chacun son choc.
ADB conclu sa première partie en notant que les événements qui ont abouti à l'éviction de Yanoukovitch ne « peuvent pas être considérés comme une bonne chose par tous ceux qui luttent contre l’hégémonie mondiale des Etats-Unis ». Eh bien, si. Je considère au contraire qu'un peuple qui aspire à la liberté, et qui pour cela se révolte contre un pouvoir brutal et corrompu est un peuple sain, vivant, qui doit être admiré et non pas méprisé. Je ne suis pas obsédé par les Etats-Unis. Les Etats-Unis ne m'obligent pas à boire un coca cola, à écouter un disque des Doors, ou à aller voir un film avec Clint Eastwood si je n'en ai pas envi!
Pour moi, l'ennemi numéro 1 n'est pas l'Amérique, mais celui qui utilise la force brutale contre son voisin pour parvenir à ses fins. Il peut s'agir de l'OTAN, il peut s'agir de l'Amérique, il peut aussi s'agir de la Russie. Je ne verse pas dans le manichéisme.
L'hégémonie mondiale américaine est de toute façon en perte de vitesse. Je trouve assez lamentable de défendre tout agissement même le plus indéfendable uniquement par détestation de l'Amérique.
Pour ce qui est du « retournement », les agissements de la Russie ont sans doute, en effet, scellé le sort d'un potentiel candidat pro-russe.
Dans une telle perspective, la question n'est pas de savoir s'il faut se ranger du côté de « tout ce qui contribue à diminuer l'emprise américano-occidentale sur le monde », mais plutôt d'affirmer que le respect des nations entre elles constitue la condition sine qua non de la stabilité d'un continent. (P. Aron)

Monsieur Aron,

qu'en a-t-il été de cette affirmation pour le Kosovo ? On peut certes reprocher à la Russie l'occupation militaire de la Crimée, mais peut-on aussi rétorquer que l'Otan a « "libéré" le Kosovo par des bombardements aériens massifs ayant occasionné la mort de milliers de civils et la destruction des infrastructures stratégiques de Serbie » ?

Et qu'en est-il de cette affirmation pour Chypre ? On peut volontiers soutenir que des sanctions soient prises contre Poutine suite au rattachement de la Crimée à la Russie, mais pourquoi avec constance « absoudre la Turquie qui occupe illégalement depuis 1974 et colonise l’île de Chypre, pourtant membre de l’Union européenne » ?
... et question subsidiaire relative à l'intégrité physique des nations : connaissez-vous le nom du pays qui, depuis trente ans, a bombardé ou destabilisé le Liban, Grenade, la Libye, la Bolivie, l'Iran, les Philippines, Panama, l'Irak, la Somalie, la Bosnie, la Serbie, Haïti, le Zaïre, le Soudan, l'Afghanistan, l'Irak, la Serbie, la Macédoine, le Yémen, la Colombie, le Libéria, le Pakistan, le Vénézuéla, la Somalie, la Syrie et le Yémen ? (un indice : ce pays "assure" aussi une présence militaire dans 175 pays...)
Si j'étais américaniste primaire, et passablement fanatique, M. Piron, je me ferais un plaisir de vous répondre : "Mais c'est que le Mal est partout !" Ce à quoi vous n'auriez rien à répondre. Strictement rien à opposer.

Sans aller jusque là : Les Etats-Unis d'Amérique ne bombardent pas que depuis 30 ans; il y a soixante-dix ans, ils bombardèrent même les pays du Maghreb, l'Allemagne et l'Italie. Voyez donc comme les Américains sont méchants!
Et si j'étais un manichéen primaire, irréversiblement dogmatique, M. Marche, je vous répondrais néanmoins à mon tour : "Pourquoi refuser à l'un l'utilisation de la force quand on l'autorise à l'autre ?" Ce à quoi je vous laisse libre de répondre.

Pour dépasser cela : Les États-Unis n'ont pas libéré l'Europe à eux seuls en 1945 ; sans l'ouverture d'un deuxième front à l'est, que se serait-il passé pour l'Italie et l'Allemagne ? Voyez à votre tour comme les Russes sont du côté des gentils !
Pourquoi refuser à l'un l'utilisation de la force quand on l'autorise à l'autre ?

Oh mais c'est que je n'aurais aucune difficulté à clore cette question d'une réponse simple et directe, M. Piron : le Mal et le Bien ne sont pas égaux, ils sont en relation asymétrique, comme, du reste, leurs armées respectives; il est parfaitement bien, justifié et souhaitable de bombarder les Talibans et de vider son chargeur à bout portant dans la face surprise d'un Ossama Ben Laden en chemise de nuit, M. Piron. Parfaitement.

Le Diable et le Bon Dieu, aussi choquant que cela puisse paraître, ne sont pas des égaux : le Bon Dieu est supérieur. Que l'autre lui donne du fil à retordre, c'est sûr, mais que le premier ait de temps en temps la possibilité de clore le bec et de désarmer l'autre et de le mettre hors d'état de nuire, voilà qui est très bien et parfaitement satisfaisant pour l'esprit.

Le relativisme est un mal. Et le miracle du christianisme est d'offrir au Diable la possibilité de s'auto-renoncer (et aux humains de renoncer à Satan comme le disent les prières chrétiennes). Passé cette offre, l'affirmation asymétrique du Mal qui se heurte à la force organisée du Bien trouve son propre mur : la mort éternelle.

L'américanisme est une option philosophique difficile mais qui mérite d'être poursuivie.
En toute in-nocence manichéenne, je m'opposerais systématiquement à l'utilisation de la force : « le royaume des ténèbres doit être surmonté par le royaume de la lumière, non par le châtiment, mais par la douceur, l'amour ; non pas en s'opposant au Mal ou en le combattant, mais en se mêlant à lui ; afin de rédimer le Mal en tant que tel. »

D'autre part, d'où sous-entendez-vous que la Russie appartient à l'axe du mal ?

L'unilatéralité est une forme de dictature. Et la douceur du monothéisme chrétien a été de réintroduire une "légère dose" de polythéisme avec le dogme de la trinité (qui pourrait être dans ce bas monde une entente entre l'Europe, les États-Unis et la Sainte Russie --- je vous laisse choisir qui jouerait le rôle de qui...).

L'américanisme primaire est une impasse méta-physique.
Cher Francis, je ne vous suivrai pas, une fois n'est pas coutume, pas dans votre raisonnement. Ce n'est pas de la Russie que nous est venu le relativisme culturel ; ce n'est pas de la Russie que nous est venu le culte de la différence pour la différence et le communautarisme ; ce n'est pas de la Russie que nous est venue la tyrannie des minorités ; ce n'est pas de la Russie que nous est venu le féminisme hystérique et la théorie du "genre"; ce n'est pas de la Russie que nous est venu l'immigrationnisme, l'antiracisme dogmatique, la complaisance envers l'islam camouflée derrière la lutte contre le terrorisme, l'exaltation de la racaille, les billevesées du pédagogisme, la discrimination positive, le néo-puritanisme sexuel d'une rare hypocrisie, et j'en passe ainsi que le "politiquement correct" sur tous ces sujets, mais bien des USA et de la gauche caviar américaine.
Je vous suis très bien chère Cassandre, pour ma part (être d'accord avec quelqu'un qui n'est pas d'accord avec vous, quel vertige !). Comme j'ai tenté de le résumer dans le fil "Pétain et l'Amérique", il y a plusieurs Amérique, au moins deux, traditionnellement : la "gauche caviar américaine" est sur le devant de la scène depuis sept ans à peine, et elle n'y restera pas, elle n'est pas la transcription, ou l'inscription sociétale et politique d'une évolution en bloc de la société américaine et de ses valeurs.

De manière générale, et puisque M. Piron a lancé de manière provocante la question de la politique extérieure des Etats-Unis, savoir sa chronique belligérance et sa manie de projeter sa force à l'étranger, je vous dirais ceci : l'Amérique est comme une France qui aurait réussi, une France qui, en sus de son originalité foncière, de son identité originale et enviable, aurait conservé sa force.

La Russie, qui devrait demeurer un pays ami et une nation éminemment respectable, nous demeure étrangère; elle n'est pas, comme l'est l'Amérique, une refondation de ce qu'il y a, en nous, de meilleur.
Je vous suis aussi cher Marche, l'Amérique est "une refondation de ce qu'il y a, en nous, de meilleur", y compris la force --- car je ne suis pas un manichéen primaire comme vous n'êtes pas un américaniste primaire. Quant à la Russie, si je vous suis, pourquoi ne lui attribueriez-vous pas, mutatis mutandis, le rôle du Saint-Esprit ?
Grand merci à Cassandre, au nom de ceux à qui elle épargne la tâche de rédiger un message, ne leur laissant que celle d'applaudir au sien.
A propos du message de Cassandre : que signifie "nous est venu" ?

"Nous est venu" signifie "nous avons pris". L'Amérique n'impose rien à personne : la Russie, puisqu'il est question d'elle, n'a rien pris de cela, c'est donc bien celui qui prend, qui gobe, qui fait sien ce qui lui sera dommageable qui est responsable de son malheur; seule est à blâmer la bêtise de celui qui réplique et reprend à son compte un trait nuisible qu'il perçoit ou croit percevoir chez l'autre et non l'autre qui ne fait rien pour imposer ce trait.

A propos des derniers messages de Louis Piron :

L'asymétrie est non manichéenne. Le schème manichéen est sous-tendu par une organisation symétrique des forces et des valeurs. Là où il y a asymétrie il ne saurait y avoir manichéisme : si j'écris "le Bon Dieu est supérieur au diable" vous ne pouvez m'opposer aucun manichéisme.

Les Américains, et les révélations de Wikileaks l'ont bien fait savoir au monde entier, ont tué, en Irak, ailleurs, parfois à peu près gratuitement. Mais que s'est-il passé lorsque furent faites ces révélations ? Un tollé tout aussi mondial, une crise politique et morale d'ampleur historique dans le camp occidental, une profonde remise en question, une révision des politiques et principes d'engagement, des normes nouvelles, des contrôles et sur-contrôles nouveaux (et incidemment, un regain de surveillance et un surdéveloppement des systèmes de renseignement qui doit aussi permettre d'éviter que les militaires ne ciblent indistinctement et illégitimement des objectifs civils, etc.);

Cependant que dans le camp adverse on continue de passer des ceintures d'explosif à la taille d'enfants de douze ans.

Telle est l'asymétrie, telle est la situation qui invalide toute accusation de "manichéisme" à mon égard ou à l'égard du camp américain en général.
Je crois, pour ma part, mais je reconnais ne pas être assez documentée sur la question, que l'Amérique cherche bel et ien à imposer son modèle culturel partout et que partout elle trouve des relais pour le faire. L'Europe, et particulièrement la France a vis à vis des USA l'âme du colonisé qui méprise sa propre culture. Ce mépris qui remonte à plus de trente ans fait le lit de ce qu'Alexandre del Valle a appelé l'islamoaméricanisme : mélange de complaisance pour l'islam, de matérialisme débridé y compris sexuel qui le dispute à une pruderie ridicule dans les rapports hommes-femmes, laquelle jure totalement avec notre culture, comme jure avec elle leur conception simpliste de la laïcité et de la liberté de conscience : pour nous, contrairement à eux, celle-ci ne peut relever que d'un choix purement individuel incompatible avec le conditionnement communautaire imposé dès la naissance et à chaque moment de la vie. Or c'est la conception américaine qui semble peu à peu gagner en France. Etc.

Quant aux sanctions contre les excès criminels de leur soldatesque je crois qu'ils sont grandement de façade et n'ont jamais empêché ladite soldatesque de recommencer à la moindre occasion. La liste est tout de même longue, comme le rappelait Louis Piron, des exactions sans cesse renouvellées de l'Amérique, soit seule, soit à la tête de l'OTAN assorties de mensongzs éhontés pour les justifier, sans compter les peuples qu'elle pousse, en douce par CIA interposée, à se combattre sans qu'elle ait à se salir les mains. Il est facile de se donner le beau rôle après coup en jugeant les coupable et ... de recommencer. Et puis ça fait de beaux films. Ce n'est pas un hasard si Hollywood, la Mekke du cinéma, se trouve en Amérique.
Il y aurait beaucoup à dire sur "l'âme du colonisé", nonobstant Franz Fanon.

De manière générale, le point de vue du colonisé culturel n'est que cela : un pur point de vue.

Le contrepied de ce point de vue existe, qui consiste à considérer que nul ne peut blâmer autrui de sa propre faiblesse, de sa propre débilité d'esprit.

Si le colonisé culturel est un débile (un faible de culture et d'esprit), ce n'est ni toujours ni d'emblée la faute du colonisateur culturel. La haine vouée au colonisateur est une haine de soi par réfraction : on le hait pour ce qu'il révèle chez soi de vide et de mort culturelle.

Comme je vous l'écrivais hier, je suis passé devant une "fête populaire" dans un patelin du Var où était diffusé du slam à un niveau de volume quasi criminel. Aucun Américain n'a voulu, n'a combiné, arrangé, manigancé cela. Aucun Américain n'était présent sur les lieux ni à la ronde. Ce sont des Français faibles d'esprit qui ont conçu dans leur vide culturel particulier qu'à la jeunesse de quatorze ans de ce coin du Var, il fallait ça, qu'elle aimerait ça et ne pouvait aimer que ça.

Je pense que vous m'avez compris.

Tenez, pour vous résumer tout ça en chanson : Tu voa fa l'Americano, splendide étude sociologique de la question par ces musiciens italiens en 1958 -- Renato Carosone et son septuor. Vous pouvez activer le sous-titrage (avec traduction en français) pour suivre le texte.

[www.youtube.com]

Et puisque vous associez culturellement l'islam et l'Amérique sans problème, chère Cassandre, et toujours dans le souci de vous être agréable, et pour que vous ne perdiez rien de ce génie qu'était le napolitain Renato Carosone, cette rareté : Caravan Petrol, de même époque :

[www.youtube.com]
Cher Francis, je pense que ce n'est que depuis la chute de la Russie soviétique qu'il y a une volonté délibérée de l'Amérique d'imposer son modèle culturel. Je crois que grisée par cette chute dont elle s'estime l'artisan,elle s'est abandonnée à la tentation hégémonique. Que ce but soit facilité par la "bêtise" de l'autochtone, sans doute, surtout si "on" lui a bien préparé le terrain en lui faisant accroire que sa culture était non seulement périmée mais peu reluisante, autrement dit si "on" lui a façonné de mille et une façons plus ou moins insidieuses ce que j'appelle "une âme de colonisé. Ceci me ramène à la "moralité" des USA. Ils condamnent dites-vous leurs exactions. Mais qu'est-ce que çà leur coûte ? Rien.Les Américains peuvent bien reconnaître leurs torts, par exemple, à l'encontre des Indiens. Il n'empêche qu'ils sont bien contents d'être débarrassés d'eux et de leur culture sans la disparition desquels leur nation n'eût pû tout simplement exister. Imaginez que nous ayons fait pareil en Algérie : nous aurions tué les trois quarts de la population (c'est-à-dire guère plus que ce que l'on nous accuse d'avoir tué pendant la guerre) et nous aurions peuplé le pays de métropolitains. Aujourd'hui l'Algérie ferait définitivement partie intégrante de la France et personne ne pourrait remettre en cause ce fait accompli. Nous pourrions alors reconnaître tranquillement nos torts, car cela ne nous engagerait strictement à rien non plus. Et puis nous ferions de beaux "southerns" sur le sort de ces pauvres Arabes en prenant soin de nous donner quand même le beau rôle à l'instar de la plupart des films yankees où le héros typiquement américain prend toujours à ses risques et périls le parti des Indiens, soutenu finalement par quelque grande figure du gouvernement, au point que l'on finit par se demander comment avec tant d'intrépides défenseurs et tant de compréhension, la nation indienne a pu disparaître !
Au lieu de quoi, nous avons fait en sorte de décupler la population algérienne qui nous a virés en nous accablant par la suite d'injures et de mensonges.
Autre exemple, la colonisation de la France, son assassinat à petit feu par la substitution à son peuple de populations étrangères et par la rélégation aux oubliettes de sa culture et de son histoire, n'aura pas fait couler une goutte de sang. Les responsables soi disant pétris d'humanisme, de cette ignominie, auront gardé jusqu'au bout les mains propres. En sont-ils moins coupables pour autant ?
Le discours du colonisé culturel, ou plus précisément, le syndrome du reproche de colonisation culturelle (ou "symbolique", ou ce que l'on voudra qui relève d'une domination des esprits) adressé au prétendu dominant culturel par son soi-disant dominé, se distingue par la décharge: c'est toujours un plaidoyer à décharge réflexive que génère ce discours. J'ai parlé de réfraction de la haine de soi à ce sujet (le colonisateur culturel est pris pour paratonnerre de la haine de soi lorsque son action révèle le vide qui habitait ses victimes avant même qu'il y ait eu colonisation) mais il faut éclairer à présent l'autre versant : la décharge des responsabilités du colonisés sur son colonisateur.

Prenons un exemple africain actuel, le Rwanda et le type de décharge avec transfert de responsabilité que génère la "position du colonisé culturel", et voyons si le texte de Cassandre répond à la norme que je viens d'énoncer, et s'il y répond, observons ici même s'il le fait à la lettre:

La France cherche bel et bien à imposer son modèle culturel partout et partout elle trouve des relais pour le faire. L'Afrique, et particulièrement le Rwanda a vis à vis de la France l'âme du colonisé qui méprise sa propre culture. Ce mépris qui remonte à plus de trente ans fait le lit de ce XXX a appelé l'islamo-gallicisme : mélange de complaisance pour l'islam, de matérialisme débridé y compris sexuel qui le dispute à une pruderie ridicule dans les rapports hommes-femmes, laquelle jure totalement avec notre culture, comme jure avec elle leur conception simpliste de l'africanité et de la liberté de conscience : pour nous, contrairement à eux, celle-ci ne peut relever que d'un choix purement collectif incompatible avec le conditionnement individuel imposé dès la naissance et à chaque moment de la vie. Or c'est la conception française qui semble peu à peu gagner au Rwanda. Etc.

Quant aux sanctions contre les excès criminels de leur soldatesque je crois qu'ils sont grandement de façade et n'ont jamais empêché ladite soldatesque de recommencer à la moindre occasion. La liste est tout de même longue, comme le rappelait YYY, des exactions sans cesse renouvelées de la France, soit seule, soit en association avec l'OTAN assorties de mensonges éhontés pour les justifier, sans compter les peuples qu'elle pousse, en douce par françafrique interposé, à se combattre sans qu'elle ait à se salir les mains. Il est facile de se donner le beau rôle après coup en jugeant les coupables et ... de recommencer. Et puis ça fait de beaux films. Ce n'est pas un hasard si Cannes, la Mekke du cinéma, se trouve en France.


Voilà un texte que ne renierait pas un responsable gouvernemental rwandais souhaitant faire connaître le point de vue de son pays sur le nôtre en cette semaine de polémique sur le génocide d'il y a vingt ans.

La colonisation culturelle est une vue et une attitude de l'esprit, plus précisément : une vue et une attitude des esprits débiles, sourds et aveugles à toute raison, aux injustices que génèrent leurs récriminations, aussi systématiques qu'infondées, autant qu'aux effet pervers qui en résultent d'entretien de la domination psychologique, dans laquelle ils se vautrent et qu'ils exploitent à leur compte auprès de leur propre peuple, lequel doit en payer le prix pendant des lustres, voire des siècles.
Le discours du "colonisé culturel vindicatif" est à intégrer à la base de données du politophore (générateur automatique de discours). Très modulable, cet appareil fonctionne avec toutes les identités culturellement dominées, que vous soyez Français anti-américain, Tibétain anti-chinois, Irlandais anti-britannique, Rwandais anti-français, 9-3ien anti-Gaulois, allez-y, régalez-vous, pour une fois que l'informatique sert à l'élucidation des structures du discours et de leur organisation inconsciente :

[chrisferon.free.fr]
Mais, cher Francis, je ne reproche pas aux colonisés de se défendre par ce genre de langage. Il se peut que le Rwanda ait raison de le tenir à l'encontre de son colonisateur belge (et non français) comme la France a, de mon point de vue, raison de le tenir contre l'Amérique d'aujourd'hui. Je ne peux d'ailleurs vous répondre mieux ne connaissant strictement rien au Rwanda et à son histoire mais je soupçonne votre commentaire d'être plus malin que réellement convainquant.
Chère Cassandre,

Le colonisé culturel est un colonisé imaginaire au double sens du terme : son imaginaire est colonisé, et il s'imagine colonisé, il se complaît dans ce rôle. Un sursaut volontaire peut le guérir. C'est une affaire de psychiatrie. Et il n'est nullement le fruit du hasard que le psychiatre Franz Fanon en ait fait sa spécialité politique.

Et il n'y a rien de malin (au sens de diabolique ou de faire le mariole) à énoncer cette vérité, extrêmement dérangeante, je l'admet.

La colonisation économique, comme l'imigration de peuplement, sont des phénomènes tangibles du réel véritable. Tout le reste "est cinéma", celui de "l'homme imaginaire" du jeune Edgard Morin, et votre diatribe sur "la Mecque du cinéma" en conclusion et illustration du phénomène est là pour le rappeler.
Mais, cher Francis, je ne reproche pas aux colonisés de se défendre par ce genre de langage.

Moi, si.
Je ne reproche pas non plus au colonisateur, surtout si ses arguments sont basés sur des faits indiscutables, de se défendre de ce dont le colonisé l'accuse. Tout cela est de bonne guerre pour ainsi dire.Ce que je reproche, en revanche, à certains ex colonisateurs (suivez mon regard) c'est de prendre complaisamment parti pour l'ex-colonisé, ses mensonges et ses outrances, à seule fin de basse politique.
J'aimerais parfois que nous revenions, et ce "nous" désigne l'opposition politique à ce qui advient, aux phénomènes et à leurs causes, en posant l'étanchéité des causes et des effets, et que l'on envoie un grand coup d'air sur le brouillard parasite, pénétrant et corrosif, qui brouille la lecture des événements et embrouille l'action, voire l'action unitaire : "la colonisation culturelle", par exemple, est du brouillard parasite. Cela n'existe pas. C'est une vue de l'esprit, une distraction comme une autre. Le "colonisé culturel" est un feignant qui investit son imagination dans la culture de la paralysie, dans une distraction qui lui nuit. C'est une aberration (ce concept est une aberration et un abus de langage comme pouvait l'être, par exemple "le racisme anti-jeunes", qui est un brouillard jeté sur des phénomènes dont la ou les causes s'en trouvent occultées).

Il y a une maladie de l'imagination qui n'est pas reconnue comme telle : elle se manifeste lorsque le malade est dit "malade imaginaire"; le malade imaginaire souffre d'une pathologie véritable, qui est l'hypocondrie et ses variantes, et son imaginaire entretient activement cette pathologie et cette représentation de soi -- son imagination est atteinte, elle est malade, et, de ce fait il s'imagine malade. La "colonisation culturelle" n'est rien d'autre : pour s'en affranchir, celui qui s'en considère la victime doit agir en s'imaginant une culture, ancienne ou nouvelle, qui opère une rupture avec cet état qu'on lui décrit et qu'il autoalimente dans ses déplorations passives. Il faut et il suffit qu'il investisse son imaginaire autrement. Il n'y a pas de "colonisateur culturel" proactif ni de "colonisation culturelle" concertée : seulement la bêtise, le suivisme, la paresse, l'appât du gain facile et l'oubli identitaire et l'apauvrissement culturel chez le prétendu colonisé. Le "colonisateur culturel" n'existe pas parce que, s'il existait, il n'aurait strictement rien à faire hormis laisser ces facteurs oeuvrer tout seuls chez son vis-à-vis. N'ayant point de rôle, il n'est point; son existence n'est point requise pour susciter l'apparition du phènomène et pas davantage pour son déploiement si bien que son existence et son inexistence sont indifférentes et nulles pour ce qui nous concerne. Voilà pour la dissipation d'un premier brouillard.

Deuxième brouillard : le brouillard économique. L'économie n'est plus cause de rien. En 2014, elle n'est pas ou n'est plus un aléa lié au devenir social des sociétés développées. Le choix du modèle économique est libre par rapport au choix des politiques migratoires et sociétales; le choix du modèle économique n'emporte plus aucune politique migratoire définie. La politique migratoire est en soi une philosophie, plus qu'une idéologie : une vision de l'homme et de la société que le modèle économique n'impacte pas. Pis encore : il semble bien que ce soit le contraire : l'économie, son évolution, sont désormais assujetties à la vision de l'homme portée par certaines politiques sociales, sociétales et migratoires (ce que la presse hebdomadaire française nommait naguère "choix de société").

C'est ainsi que ceux qui croient que "le libéralisme économique" est premier responsable du déracinement des peuples, de l'éviction de leur territoire, de "la perte des repères traditionnels", etc. font fausse route, se trompent de siècle et de millénaire. L'éviction de certains peuples de leur territoire ne s'opère plus comme jadis (par exemple, en Amérique au XIXe siècle) parce que des hommes aux armements supérieurs seraient en quête de terres à mettre en valeur, laquelle supposerait un déguerpissement des populations autochtones permettant la jouissance de terres nouvelles. Ce schéma du besoin économique comme moteur des transformations sociales, sur lequel s'articula au XXe siècle, le modèle colonial et l'intelligence critique qu'en eurent les peuples, est caduc, il n'est plus opérant, il n'existe plus. Sa disparition s'explique par des causes multiples : à la possible exception de certaines grandes régions d'Afrique, l'agriculture intensive et l'augmentation de la productivité des sols et des méthodes de culture ont supprimé ce facteur de compétitivité territoriale entre les peuples; la technicisation des services dans le monde développé (la déterritorialisation du travail industriel, le télétravail dans le tertiaire, etc.) a fait le reste en rendant non nécessaire le déguerpissement des populations de leur territoire ancestral ou historique. Tant et si bien que la mondialisation économique, qui permet la déterritorialisation (les « délocalisations industrielles ») et la dématérialisation-déterritorialisation des services (services d’opérateurs téléphoniques européens installés au Maghreb ; banquiers européens dont les services en ligne emploient du personnel indien en Inde, etc.) au contraire de faire ce qu’on lui reproche, permet précisément et de plus en plus à chacun de « vivre et travailler au pays » selon un élément de langage phare des années 70. Un architecte, un styliste nés dans le Cantal ou dans la Drôme, un compositeur de musique de film, etc. peuvent désormais installer leurs bureaux qui dans le Cantal qui dans la Drôme : voilà donc « le déracinement » qu’entraîne la modernité et la mondialisation dans nos sociétés ! Par l'affranchissement au besoin de localisation, la mondialisation porte en soi les perspectives d'un réenracinement, à l'opposé du reproche qu'on lui adresse.

S'agissant du monde développé, ni la pression économique ni le choix du modèle économique ne sont pertinents dans l'évolution des sociétés et le comportement des populations tels qu'on peut les observer. Ceux qui en douteraient devraient se pencher sur les cas "de laboratoire" les plus probants, les plus extrêmes et les plus nets, susceptibles de valider ou de réfuter cette affirmation, par exemple, les deux Corée.

Les deux Corée devraient être à cette réflexion ce que sont les jumeaux dans les expériences génétiques, car c’est bien l’observation de deux pays jumeaux issus d'une matrice culturelle et historique unique qui est la plus susceptible de nous dire si un trait socio-phénologique (p. ex. la sécurité ou l’insécurité d’enracinement d’un peuple dans son territoire et sa culture) est oui ou non fonction des choix économiques du pays concerné. Qu’observe-t-on dans l’étude du cas coréen ? Les politiques économiques des deux pays de la péninsule sont les plus diamétralement opposées qui se puisse concevoir : la Corée du Nord est le dernier bastion d’un communisme orthodoxe qui tout simplement ne prévoit pas la propriété privée du capital et des moyens de production ; ce pays se situe hors du système bancaire et financier international, il survit en autarcie économique et ses échanges commerciaux ne sont pas intégrés aux échanges mondiaux, et le libéralisme économique y est un concept pour ainsi dire hors-la-loi.

A l'opposé, la République de Corée qui occupe la moitié sud de la péninsule est quant à elle parfaitement intégrée à la sphère économique mondiale, au système bancaire international ; il s’y pratique un capitalisme industriel et commercial actif et qui revendique fièrement sa nature ; et le pays compte parmi les plus technologiquement avancés de la planète. Ce pays est un élément phare dans le dispositif de la mondialisation industrielle.

La matrice culturelle et historique des deux pays étant uniforme, toute incidence du choix économique de l’un devrait, si pareil choix était susceptible de répercussion sur les politiques migratoires et l’enracinement du peuple autochtone, clairement et nettement se traduire et être directement lisible dans l’image que j’ai appelée socio-phénologique. Or il n’en est rien. Les deux peuples ne subissent aucune colonisation de peuplement, aucune submersion migratoire, le Sud mondialisé pas davantage que le Nord autarcique. Quelle preuve plus éloquente produire de la nature fallacieuse de l’argumentaire économique qui vise et dénonce « la mondialisation » comme cause première du déracinement et de l’aliénation des peuples moderne à leur histoire et de l'éviction de leur espace ancestral ?


Le « libéralisme économique » n’est cause de plus rien de ce qui advient en Europe (où, comme on l’a vu, l’immigration de travail depuis les mondes extra-européens perd sa raison d’être tous les jours un peu plus), pas davantage que ne l’est « la colonisation culturelle américaine » sur le vieux continent. Ces deux considérations sont des brouillards, de pénibles distractions héritées du siècle dernier. L’essentiel est ailleurs : le détachement de la décision économique hors la sphère politique, l’autonomisation de l’économie et de la technique ont eu pour conséquence de libérer le politique d’étrange façon dans les temps premiers de cette libération à laquelle nous assistons : l’esprit politique, mais faut-il s’en étonner au départ de ce nouveau millénaire, laisse libre cours aux phantasmes, à la « vision » (en France, la « vision Terra Nova ») millénariste, à l’envie de domination par l’esprit (avec l’Islam) et l’esprit seul. L’événement et son évolution sont tout décisionnels, presque gratuits dans leur principe et leur assujettissement au caprice des hommes (le parti de l’In-nocence parle de « masochisme luxueux »); en France on en veut pour signe et épiphénomène l’annonce « gratuite », non appelée par les circonstances, d’un Manoel Valls ministre de l’Intérieur, qui, dans l’été 2013, informe les Français qu’il va, d’autorité, sans que personne ne le lui ait demandé, aucune force économique, aucun groupe industriel, tripler ou davantage le nombre des naturalisations.

La bataille des choix de société qui s’engage met en présence des protagonistes libres de toute économie. Les choix sont purs d’obligation : ils opposent des vouloir-être et des visions de l’homme purement spirituelles.

Il est grand temps de se défaire des vieilles lunes vingtiémistes dont "le colonialisme culturel" et "le libéralisme économique dissolutoire des peuples et de leur histoire" sont deux des plus éminents représentants -- aucun acteur de la sphère économique française, européenne ou mondiale, n'a prié, lors d'aucun dîner en ville ni aucun coup de téléphone intempestif, les concepteurs des manuels scolaires d'histoire français d'en retirer le siècle de Louix XIV pour y insérer des connaissances spécialisées sur des royaumes africains disparus. Ce choix fut délibéré, terriblement libre, pure émanation de l'esprit.
Admettons que ni aucune volonté hégémonique extérieure, ni aucun sytème économique ne soient responsables, au moins en partie, du déclin de la France, de son identité et de sa culture et que l'imposition de l'immigraiton de masse, du multiculturalisme and son, bref du modèle américain, ne soient dus qu'à l'initiative de notre système politico-médiatique et de ses hommes au pouvoir.* Pourquoi pas ? Reste que c'est bel et bien le modèle américain ou anglo-saxon qu'ils ont choisi d'imposer à la France. Ils se sont donc comportés objectivement en agents colonisateurs étrangers à leur pays. En effet, si le modèle en question est pour l'Amérique, le fruit naturel de son histoire, il ne correspond en rien à la nôtre et ne peut donc que nous être imposé arbitrairement, par le simple caprice d'une caste méprisante de son peuple, comme une pure utopie dont elle et elle seule ne fait et ne fera pas les frais.

*A lire tout de même sur "Fdesouche" l'analyse de Bernard Lugan sur le rôle des USA dans la politique rwandaise.
Monsieur Piron,
Concernant le Kosovo et Chypre, je suis entièrement d'accord avec vous. Les bombardements de l'OTAN sur les serbes étaient scandaleux (ne parlons pas de la position de la France, traditionnelle alliée de la Serbie...). Notez que l'Ukraine fait partie des pays qui ne reconnaissent pas l'indépendance du Kosovo, avec plusieurs pays européens, et avec la Russie. Concernant la Crimée, vous serez je pense d'accord avec moi pour dire que l'Ukraine n'occupait pas illégalement cette région (à la différence des Turcs à Chypre).
Etant donné que le sujet reste la crise en Ukraine, je ne m'étendrai pas sur les sujets touchant d' autres pays du monde (les indiens d'Amérique, c'est quand même loin d'un point de vue "spatio-temporel).
Madame Cassandre, pour ce qui est de la "culture", le cinéma américain domine en effet le cinéma hexagonal ; mais l'offre existe aussi pour des films d'autres pays. Pour ce qui est de la chanson, nous avons une loi qui "oblige" les radios à diffuser un pourcentage (je ne sais plus lequel) de chanson française. Si vous voulez assister à un ballet, vous trouverez uniquement des balles russes et aucun ballet américain. Si vous voulez voir une grand spectacle de cirque, ce sera probablement le Cirque de Moscou pas le cirque de New York (je ne sais même pas si ça existe). Si vous allez à un concert de musique classique, vous trouverez bien plus d'oeuvres de compositeurs européens et russes qu'américains. Côté littérature, la Russie est largement aussi bien représentée que l'Amérique du Nord.
Le danger selon moi ne vient pas de la culture américaine mais des multinationales, qui sont souvent d'origine américaines, c'est vrai, mais pas uniquement. Et comme leur nom l'indique, les multinationales ne sont pas "nationales" mais "mondiales"., "délocalisables" à merci.
Je reviens au sujet de la discussion, et je réponds ici à la partie 2 de l'article d' ADB, qui concerne, beaucoup, l'OTAN. Je trouve d'ailleurs que l'on se focalise beaucoup sur l'OTAN et sur la Russie et que l'on oublie un peu vite la victime dans cette affaire, qui est l'Ukraine.

ADB ne fait pas dans la tempérance. S'agissant d'un auteur qui critique si souvent le manichéisme, on peut s'étonner de constater que pour lui, l' « Empire américano-occidental », c'est le grand Satan, et que la Russie devient une Sainte. Je suis beaucoup plus nuancé.

ADB suggère que la guerre froide n'a jamais pris fin. Je conteste cette hypothèse. Je n'irai pas jusqu'à dire que les Etats-Unis et la Russie étaient devenus les meilleurs amis du monde. Mais j'affirme qu'il y avait bien eu un réchauffement des relations entre les deux grandes puissances au cours des dernières décennies.

Ainsi, concernant la Syrie, les Etats-Unis ne se sont-ils pas finalement alignés sur la position Russe? Cette dernière était ravie de s'imposer face aux occidentaux mais cherchait avant tout à défendre ses intérêts et pas à s'opposer aux Etats-Unis, lesquels n'avaient pas une envie folle de s'engager dans une guerre et n'étaient pas mécontents de la proposition Russe (on notera, sur cette question, que la France s'est ridiculisée, encore une fois. Passons).
Ainsi, en Iran et en Corée du Nord, Moscou et Washington partagent les mêmes objectifs de non-prolifération, et ne divergent que sur la stratégie à adopter.
Ainsi, après les attentats du 11 septembre, Bush et Poutine s'étaient parfaitement entendus pour combattre le « terrorisme islamiste ». Ce n'est pas un hasard si l'extermination par les russes de 20% de la population tchétchène est passée à peu près inaperçue. Pas un hasard non plus que les russes ne se soient aucunement offusqués des opérations américaines en Afghanistan.
Ainsi, du côté occidental, la logique s'oriente davantage vers une coopération avec Moscou que vers une confrontation néfaste pour les deux camps. Dès qu'il fut élu Président, Obama a rapidement proposé un nouveau traité de réduction des armements nucléaires. Il a en outre abandonné l’idée d’installer un site de défense antimissile en Pologne, et proposé une relance de la coopération sur ces systèmes.
Ainsi, concernant la Géorgie en 2008 ou l'Ukraine en 2014, l'Union européenne en multipliant les tentatives de médiation, a montré qu'elle n'était aucunement dans une logique de confrontation. Même en Ukraine, on ne peut pas dire que les occidentaux se soient pressés, depuis vingt ans, d'attirer Kiev hors de la sphère d'influence russe.
Seulement voilà : Poutine, lui, cherche à rejouer la guerre froide, à neutraliser ou à vassaliser les pays frontaliers (en utilisant le considérable moyen de pression qu'est l'énergie), à canaliser le peuple russe autour d'un pouvoir « fort » (centré autour de sa personne) nécessaire pour contrer une prétendue menace occidentale.

Bref, contrairement à l'hypothèse d'ADB, je considère que la « guerre froide » n'était pas très virulente ces derniers temps, et qu'elle ne réapparaît subitement que par les agissements de la Russie poutinisée.
Pour appuyer sa thèse d'une guerre froide qui ne se serait jamais apaisée, ADB évoque les mensonges de l'OTAN.
C'est vrai : l'OTAN a menti. À la dissolution du pacte de Varsovie (alliance militaire pilotée par la Russie), l'OTAN n'avait pas à implanter de bases dans les pays de l'ex-URSS. Je suppose que les pays nouvellement « libérés » devaient être demandeurs d'une force de protection, et l'OTAN ne devait être que trop heureuse de cette demande. Toujours est-il qu'après la réunification de l'Allemagne, promesse avait était faite de ne plus se déployer vers l'est. La Russie a dû très justement se sentir bernée.
Je ferais deux remarques à ce sujet.
Premièrement, de nombreux occidentaux regrettaient cette implantation dans les pays de l'est. Le républicain Robert Gates, ancien patron de la CIA et ex-secrétaire à la défense, pas vraiment un tendron pacifiste, a écrit : « « L'extension de l'OTAN, si rapidement après l'effondrement de l'Union soviétique, à nombre des Etats jusqu'alors sous la tutelle de Moscou, fut une erreur. Les Occidentaux, et particulièrement les Etats-Unis, n'ont pas mesuré l'ampleur de l'humiliation ressentie par les Russes, avec l'éclatement de l'URSS qui revenait pour eux à tirer un trait sur un empire vieux de plusieurs siècles. »
Deuxièmement, il faut souligner que les Etats-Unis se désintéressaient de plus en plus de l'OTAN. Obama était bien plus préoccupé par les échanges avec l'Asie ou encore par la façon de quitter l'Afghanistan que par une hypothétique menace russe. Notons que depuis les années 1990, on assiste à une baisse continue des effectifs militaires des membres de l'OTAN - essentiellement Européens - passant de 5 776 000 militaires en 1990, 4 508 000 en 2000 à 3 579 000 en 2010 malgré l'arrivée de nouveaux membres depuis 1999.
Las, les agissements et les vues expansionnistes de la Russie auront ravivé un OTAN en voie de régression. De leurs côtés, les pays Baltes doivent aujourd'hui se féliciter d'avoir adhéré à l'Organisation.

Dans le dernier paragraphe de cette partie 2, ADB parle d'un « bloc continental » européen sans préciser les contours de ce bloc. Je suppose que ce n'est pas une « Europe » de Brest à Vladivostock dont il est question. Je sais que certains auteurs de la Nouvelle Droite ont une vision idéalisée de la Russie, et ont des rêves un peu mégalomanes et complètement irréalistes. Je ne vais pas m'attarder là-dessus ; je rappelle simplement que l'Europe géographique s'arrête, côté est, à l'Oural, et qu'au-delà commence le continent asiatique.
Pour ADB, toute l’action des Etats-Unis viserait à empêcher la formation d’un grand « bloc continental » en persuadant les Européens que leurs intérêts sont contraires à ceux de la Russie, alors qu’ils sont en réalité parfaitement complémentaires. Il parvient à cette conclusion en considérant que depuis la fin de la 2de Guerre Mondiale jusqu'à nos jours, la guerre froide ne s'est jamais terminée. J'ai montré plus haut que cette hypothèse ne tenait pas : je pense que dans la tête de Poutine (et d'ADB), en effet, la guerre froide n'a jamais cessé, mais que les autres nations dans le monde avaient tourné cette page. En montrant cela, la thèse selon laquelle « toute l'action des Etats-Unis viserait à empêcher la formation d’un grand « bloc continental » » s'effondre. On le constate d'ailleurs dans les faits. Par exemple, les échanges commerciaux entre la Russie et l'Europe sont très important dans de nombreux secteurs : énergie, automobile, armement, produits de luxe... C'est ce qui explique que l'UE a hésité et hésite toujours (du coup, les Etats-Unis deviennent l'interlocuteur principal de la Russie) dans les réactions qu'il faut avoir à l'égard de Poutine suite à l'annexion de la Crimée. Les Etats-Unis ont-ils empêché ces échanges commerciaux? Non. Autre exemple : l'UE. Les Etats-Unis sont-ils coupables de la façon dont l'UE se construit? N'ont-ils pas laissé l'Union se construire comme elle l'entendait? Les Etats-Unis se sont-ils opposés à la création de la monnaie unique? Est-ce l'Amérique qui dicte la politique européenne de l'UE? Non. Peut-être est-ce à certains dirigeants de pays européens qu'il faut s'en prendre, et non pas systématiquement aux Etats-Unis. Concernant le marché transatlantique, je ne sais pas dans les détails de quoi il retourne, mais d'après ce que j'ai compris, ce n'est pas une bonne chose. Mais ce marché est-il imposé de manière coercitive? Non. Les Etats-Unis le propose car c'est leur intérêt. Mais proposer n'est pas imposer. De Gaulle, en son temps, avait su s'opposer à l'implantation de bases de l'OTAN en France. Le Chili, récemment, a su repousser la "loi Monsanto".  Si ce marché transatlantique se réalise, la faute en reviendra avant tout aux dirigeants européens qui n'auront pas décliné l'offre.
Je poursuis dans la critique de l'article d'Alain de Benoist, en commentant le paragraphe 3.


ADB écrit que la presse occidentale a menti car elle a « généralement présenté cette opposition comme « pro-européenne ». Pourtant, je me suis beaucoup intéressé à cette crise, j'ai lu beaucoup de journaux de sensibilité différente, et je n'ai pas vu un seul journal qui ait occulté l'hétérogénéité de l'opposition à Yanoukovitch. Je ne sais pas de quelle presse parle ADB ; j'aurais bien aimé avoir quelques exemples. Peu importe.

ADB résume donc l'opposition à deux tendances opposées :

- « ceux qui veulent effectivement se lier étroitement à l’Occident et rêvent d’intégrer l’OTAN sous parapluie américain ». Moi, j'ai vu flotter des drapeaux de l'UE, et si des manifestants ont hissé ce drapeau, c'est pour une seule chose : pour la liberté. Je ne pense pas qu'ils sachent précisément ce qu'est l'UE. Je suis persuadé que le moteur de la révolution était cette soif de liberté. Ceci, ADB ne l'a pas compris ; il pense que c'est uniquement un coup des américains. Quant à croire que des manifestants ont chassé Yanoukovitch parce qu'ils rêvaient d'intégrer l'OTAN, là, on est dans le fantasme le plus absolu.

- « ceux qui aspirent à une « Ukraine ukrainienne » indépendante de Moscou comme de Washington ou de Bruxelles. »

ADB poursuit en écrivant que « le seul point commun de ces deux tendances est leur allergie totale à la Russie ». Moi je maintiens que le premier des points communs entre ces deux tendances est l'aspiration à la liberté, le rejet des régimes corrompus et autocratiques, bien davantage que l'allergie à la Russie. Mais depuis les agissements russes, il est certain que ce n'est pas de l'allergie mais une profonde haine que doivent ressentir les ukrainiens à l'égard de la Russie. Et je les comprends. Ce qui est certain, c'est qu'un potentiel candidat pro-russe n'a plus aucune chance d'être démocratiquement élu à l'élection du mois prochain. Poutine le sait, et je pense qu'il fera son possible pour s'accaparer les territoires de l'est, malgré ce qu'il a dit (mais tout le monde sait bien qu'il ment au moins aussi bien que l'OTAN).
Pour ce qui est des « ultra-nationalistes » (Le secteur de droite, et Svoboda), décrits comme des nazis sanguinaires par la propagande russe qui use et abuse de la reducto ad hitlerum, je ne les connais pas plus qu'ADB. Je sais simplement qu'à Maïdan, ils luttaient aux côtés de juifs contre le pouvoir de Yanoukovitch (étrange pour de virulents antisémites) et je sais qu'ils ne rêvent ni d'appartenir à l'UE, ni d'être sous influence américaine, ni d'être sous influence russe, mais veulent une Ukraine indépendante et libre.
ADB conclut cette partie en évoquant la possibilité que l'effet principal de la révolution puisse être de remplacer le « grand frère russe » par le « Big Brother » américain. Là, en effet, je crois que l'on se dirige droit vers une Ukraine sous influence américaine, peut-être avec quelques zones qui seront rattachées à la Russie. Non pas uniquement à cause de la révolution, mais aussi et surtout à cause de la faiblesse de l'Europe (ce qui laisse le champ libre à l'Amérique) et à cause de la nocence russe (ce qui pousse le pays agressé à se tourner vers la seule puissance capable de s'opposer à l'agresseur).
L'article d'Alain de Benoist est partisan et il ne s'en cache pas. Dès le deuxième paragraphe, on ne saurait être plus clair : "Tout ce qui contribue à diminuer l'emprise américano-occidentale sur le monde est une bonne chose, tout ce qui tend à l'augmenter en est une mauvaise [...] L'ennemi principal est donc à l'Ouest".

S'il s'agit de jouer au jeu assommant et morne dans lequel "les ennemis de mes ennemis sont mes amis", les possibilités d'alliance sont quasi infinies, à commencer par les Talibans afghans et les groupes djihadistes qui essaiment un peu partout.

L'alliance que prône AdB avec la Russie est cynique et tactique; elle est de circonstance, elle s'impose dans la "lutte contre l'ennemi principal". Or, dans ces conditions et sur de telles bases, quel peut bien être le sentiment de "l'ami principal" face à pareille offre d'alliance intéressée, mercenaire et hypocrite ? Réponse : le mépris.

L'âge n'est plus aux alliances tactiques avec ou contre la Russie; l'heure est beaucoup plus grave que ça, et l'ennemi principal ne présente aucun linéament tactique qu'il faudrait décrypter mais s'affiche sur la scène de l'histoire, se déclare tel et très ouvertement. Pourquoi aller se chercher un ennemi principal qui ne se déclare pas quand un autre, l'islam de conquête, se déclare, s'affiche et agit comme tel ?

Cela dit, il est en effet possible, s'agissant de l'affaire ukrainienne, que l'administration Obama s'abuse et commette une grave erreur stratégique en poussant la Russie vers l'Orient : si la Russie se rapproche de la Chine, les Etats-Unis ne manqueraient pas de voir émerger d'autres motifs d'inquiétude, impliquant des acteurs bien plus lourds que l'Ukraine ou même que l'Union européenne, au point de faire apparaître en Extrême-Orient un déséquilibre des forces stratégiques très dommageable aux intérêts américains. Tant pis pour les Américains s'ils s'égarent de la sorte. Le rôle des Européens n'est pas de conseiller l'Amérique; mais le destin de l'Europe n'est pas non plus de s'opposer à elle en la tenant pour "ennemi principal" et en lui attribuant l'origine de pressions et de troubles en Europe quand elle ne fait que "profiter d'un vide".

La géopolitique a horreur du vide : vide culturel et vide stratégique en Europe fournissent à la fois l'occasion et l'illusion d'une hégémonie américaine qui n'est cependant le fruit d'aucune conception ni d'aucune volonté américaines explicites.
Vous avez parfaitement raison M Marche : ADB considère que l'ennemi de son ennemi est son ami. Si je veux répondre à son article, c'est qu'il synthétise quasiment tous les arguments des pro-russes. Or cet article, bien qu'il soit intelligemment construit, est bourré d'inexactitudes, de paradoxes, il reprend presque mot à mot l'argumentaire de Poutine ; bref, comme vous le dites, ADB ne se cache absolument pas d'être partisan. C'est parce que cet article est très complet qu'il faut y répondre, point par point.
Je suis bien d'accord avec vous aussi lorsque vous dites que la géopolitique a horreur du vide. L'Europe est molle et divisée sur l'attitude à adopter vis à vis de la Russie (et de l'Ukraine).
Etant donné que l'on peut facilement comprendre que l'Ukraine est obligée de se tourner vers une puissance "étrangère" si elle ne veut pas être mangée par la Russie, et compte tenu du fait que l'Europe est trop dépendante économiquement de la Russie (énergie pour les uns, commerce d'armes pour les autres, investissements de grands groupes industriels pour d'autres encore), l'Ukraine n'a plus qu'un seul choix : l'Amérique du nord.
Bon nombre d'Ukrainiens préfèreraient être libre et indépendants (ils se sont battus pour ça à Maïdan) ; mais, trop faible économiquement et et trop faible militairement, ils ne le peuvent pas.
J(ai trouvé une très bonne analyse sur la situation en Ukraine. Et pour une fois, l'analyse est faite par une vraie spécialiste : Ioulia Shukan est Maître de conférence à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, et Chercheur à l’Institut des Sciences Sociales du Politique : video: [www.youtube.com]

Je reviens à la suite de la réponse à Alain De Benoist (réponse à la partie 4) :

En introduction de son billet consacré à la crise en Ukraine, ADB souligne le fait que l'on a affaire à « une situation complexe ». Trois paragraphes plus loin, il écrit que concernant la Crimée, « les choses sont à la fois plus claires et plus simples ». Plus claires et plus simples ? C'est sûr, l'absence de journalistes non-russes sur le terrain rendent les choses simples et claires. C'est sûr, si la seule information à disposition est celle des médias russes, les choses sont simples et claires. C'est sûr, à écouter le discours de Poutine, tout est simple et clair. Circulez, y'a rien à voir ! Le plus clair selon moi, c'est la multiplication des zones interdites, des menaces, des intimidations, des agressions, des enlèvements de journalistes.

Je ne reviens pas sur la démographie ni sur l'historique de la Crimée, car, je le répète : il ne s'agit pas de contester que cette région est un territoire intimement lié à la Russie. Il ne s'agit pas non plus de contester qu' elle abrite la flotte russe, Sébastopol constituant le point d’accès de la Russie aux « mers chaudes ». On pourra souligner tout de même que la présence de la flotte russe résultait d'' un accord entre la Russie et l'Ukraine souveraine, l’accord de Kharkov (signé en 2010) selon lequel la Russie disposait des installations militaires criméennes jusqu’en 2042, avec une option pour 5 années supplémentaires. En envoyant les militaires stationnés en Crimée pour neutraliser les bâtiments officiels ukrainiens, il est clair que les Russes ont trahi la confiance que l'Ukraine leur avait accordé. L'agression est donc double : envoi massif de troupes depuis la Russie, et déploiement depuis l'intérieur de l'Ukraine. Mais bon, ADB semble trouver cela normal, puisqu'il n'en parle pas. Il reparle, en revanche de l'OTAN. Ce doit être une obsession. L'OTAN, à ce moment, n'a pourtant pas grand chose à voir dans cette histoire. ADB fait une fixation sur l'OTAN qui n'avait pas montré le bout de son nez, et occulte complètement le déploiement massif et réel, lui, de l'armée russe, non seulement en Crimée, mais aussi tout le long de tous les pays d'Europe de l'est.
Que Poutine soit nostalgique des frontières de l'URSS en même tant que paranoïaque, voilà qui est compréhensible eu égard à son passé au sein du KGB et à la chute de l'URSS qu'il a vécue. Mais qu' ADB, comme Mélanchon ou Le Pen d'ailleurs (c'est ça qui est bien avec Poutine : il arrive à regrouper dans une même détestation de l'Amérique du Nord tous les admirateurs des régimes autocratiques, communistes main dans la main avec les prétendus nationalistes) puisse penser que l'OTAN allait prendre le contrôle de la Crimée, là on peut conseiller à certains d'arrêter de fumer la moquette. Soyons sérieux. Premièrement, l'Ukraine n'avait aucun intention d'adhérer à l'OTAN, qui d'ailleurs était en déclin, comme je l'ai montré dans la partie précédente. Deuxièmement, comment imaginer que l'OTAN implante des bases alors même que le territoire est déjà sous contrôle russe, et le serait facilement resté en prolongeant l'accord de Kharkov. Les agissements russes ressuscitent en revanche une guerre froide qui s'était éteinte, et redonne à l'OTAN toute les raisons d'exister. En même temps, on peut facilement comprendre que tous les pays d'Europe de l'est qui s'étaient libérés de l'emprise de Moscou accueillent très favorablement des bases de l'OTAN. Face à une Russie menaçante et désormais indigne de confiance, qui pourra blâmer la Pologne ou les pays Baltes d'appeler à la rescousse la seule puissance capable de rivaliser avec la Russie ? Rappelons que, nonobstant ses dérives, l'OTAN, à l'origine, a été créée avant tout pour assurer la défense commune des nations de l'Atlantique Nord alliées contre les menaces extérieures ainsi que la stabilité du continent européen et Nord-Américain.
ADB s'éloigne de l'Europe et nous propose un tour du monde des diverses annexions pour nous convaincre que comparer l'annexion de la Crimée à l'annexion de l'Autriche, c'est vraiment « ridicule ». Quelques lignes plus loin, ADB ne trouve pas du tout ridicule de comparer le référendum en Crimé à celui qui se déroulera très prochainement en Ecosse. Je suis désolé, Monsieur de Benoist, mais si l'on veut faire des comparaisons, la comparaison avec l'Anschluss est la moins ridicule de toutes : si l'on remplace russophones de Crimée par germanophones d'Autriche, on obtient presque la même histoire (arrivée des militaires précédant la prise des bâtiments et le référendum, accueil triomphal par les populations locales, résultats du référendum comparables, etc etc)
ADB, ensuite, nous offre une petite balade dans l'espace et dans le temps.
La décision « arbitraire » de donner la Crimée à l'Ukraine, dont parle ADB est toute relative. Je n'entre pas dans les détails puisqu' ADB, encore une fois, affirme quelque chose sans trop développer. En observant une carte, on remarquera tout de même que géographiquement parlant, la Crimée est liée à l'Ukraine alors qu'il n'existe pas de voie terrestre la reliant à la Russie (d'où le projet de pont du botoxé du Kremlin)
ADB enchaîne ensuite sur la question de la farce du référendum (mais attention, hein, pour lui, ce n'est pas une farce...). Et écrit le plus sérieusement du monde que « 97% des habitants de la Crimée ont exprimé leur désir d'être rattachés à la Russie ». Je souligne tout d'abord qu'ADB a un problème avec les mathématiques. Sachant que ni les Tatars ni les Ukrainiens n'ont pas pris part au vote, qu'ils sont eux aussi des habitants de la Crimée, et qu'ils représentent 13% pour les uns 24% pour les autres (soit 37% des habitants), il n'est nul besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre que l'on ne peut pas arriver à 97% des habitants favorables à une Crimée russe. La « question » posée était elle-même une farce, puisqu'il n'y avait le choix qu'entre une Crimée indépendante et une Crimée autonome. Une Crimée ukrainienne n'était donc pas envisageable. Mais peu importe, à vrai dire, qu'il y ait eu fraude ou pas, et que le taux réel ait été de 60, 70, 80, ou 99%. La majorité des criméens étant russes, il est bien évident qu'ils souhaitaient être rattachés à la Russie. Ce référendum ne fut mis en place que pour amuser la galerie et faire « oublier » le coup de force. Je ne comprends même pas que des gens intelligents puissent s'y référer. Enfin, si, je comprends bien : l'obsession de l'Empire américano-ce-que-vous-voulez.
ADB, lui, trouve donc ce référendum tout à fait normal... Et il trouve la comparaison avec l'Anschluss complètement ridicule ! Ce qui ne l'empêche pas de nous emmener dans l'espace et le temps pour nous proposer d'autres comparaisons supposées non-ridicules, elles. Il nous ballade donc un peu partout sur la planète, puis « atterri » en Ecosse. Alors, là attention : pour ADB, la comparaison avec l'Anschluss est ridicule, mais la comparaison avec l'Ecosse est pertinente.
Arrêtons-nous un instant sur ces deux cas. Le problème lorsque l'on parle de l'Anschluss est que l'on fait systématiquement le lien avec Hitler et avec ses crimes. Poutine n'est évidemment pas Hitler.
Cependant, je dis et je redis (puisque j'avais déjà écrit un billet en ce sens) que l'événement historique le plus proche de l'annexion de la Crimée par la Russie est bien l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne. Dans les deux cas, on a un grande puissance militaire voisine d'une région dont la population en majorité lui est favorable. Dans les deux cas, des militaires sont envoyés massivement pour neutraliser et contrôler les bâtiments officiels (avec remplacement de drapeaux). Dans les deux cas, l'invasion militaire précède un référendum. Les scènes de joies des russophones de Crimée sont étonnamment semblables aux scènes de joie des germanophones d'Autriche . Le discours de la propagande russe justifiant l'annexion ressemble énormément au discours de la propagande allemande justifiant l'annexion de l'Autriche. C'en est frappant. Même les taux du référendum sont similaires. 97% en Crimée, 99% en Autriche. Le record d'Adolf n'a pas été battu, mais il s'en est fallu de peu (je rigole, je rigole). Les juifs ont fuit l'Autriche sous la pression des germanophones nazis ; Les Ukrainiens et les Tatars ont fuit la Crimée sous la pression des russophones poutinisés. Et que dire de la suite ? Dans les deux cas, le reste de l'Europe est gêné et ne réagit pas ou peu, est soulagé lorsque le dirigeant du puissant pays affirme que les autres territoires ne l'intéressent pas... tout en déployant toujours plus de militaires à la frontière des territoires convoités.
On le voit, la comparaison entre l'Anschluss, non seulement n'est pas si ridicule qu'ADB le dit (il ne dit d'ailleurs pas pourquoi il la trouve ridicule), mais elle est, je le répète, l'événement historique le plus proche. ADB ne trouve pas du tout ridicule en revanche de comparer le référendum en Crimée avec le futur référendum en Ecosse. Là encore, on ne peut qu'être affligé d'une telle bêtise. Alors, remettons les points sur les i :
Le référendum en Écosse ne prend personne en traître. Cela fait de nombreux mois qu'il est annoncé. Etait-ce le cas en Crimée ? Non : quelques jours et le référendum fut plié.
Le référendum en Ecosse fait-il l'objet d'un débat ? Oui. Et tous les acteurs concernés participent : les responsables de l'Ecosse, mais aussi ceux de la Grande-Bretagne, et ceux de l'Angleterre. Etait-ce le cas en Crimée ? Non.
L'armée est-elle intervenue dans le référendum en Ecosse ? Non. S'agit-il de rattacher une petite région à un grand pays ? Non (c'est plutôt l'inverse). Des journalistes sont-ils agressés, menacés, enlevés ? Y a-t-il eu une condamnation de ce référendum par un seul pays dans le monde ? Non.
Alors il faudrait arrêter de prendre les gens pour des imbéciles, Monsieur De Benoist !
Sur la légalité du référendum, je ne suis pas un spécialiste. ADB ne l'est pas non plus, ce qui ne l'empêche pas de nous donner une leçon. Mais Sapir l'est, spécialiste. Il doit donc avoir raison. Il n'est pas inutile, tout de même, de relever que la Russie a signé le Mémorandum de Budapest. ADB n'en parle pas. Cela, me semble-t-il, est, aussi, un argument à prendre en compte dans le débat de la légalité ou non du référendum. Mais peu importe en fait : le problème n'est ni historique, ni démographique, ni législatif. C'est tout simplement un problème de comportement, d'attitude responsable ou irresponsable, de choix entre une attitude de nation civilisée ou de nation décivilisée, entre le dialogue et la force, entre le compromis et la menace ; c'est une question de confiance entre nations, de stabilité des frontières, de respect mutuel. Pour reprendre une formule de Renaud Camus, je dirais que c'est une question de nocence et d'in-nocence, appliquée non pas aux personnes mais aux nations. La Russie, par ses agissements, perd son honneur, perd son statut de puissance de confiance, va perdre l'Ukraine au profit de l'Occident, va augmenter les rancoeurs des Ukrainiens envers elle, va rendre nerveuses toutes les nations du feu Pacte de Varsovie.
Et puisqu' ADB se croit obligé de sortir un vieil adage latin Vieil adage latin (ça doit faire savant...) : Nemo auditur propriam turpitudinem allegans (« Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude »), je ne peux m'empêcher de rappeler ce dicton enfantin « donner c'est donner, reprendre c'est voler ». Ce que disent les enfants naïvement relève du bon sens et s'applique au cas de la Crimée. La Crimée fut donnée à l'Ukraine à l'époque soviétique. Certes, elle a un statut particulier (une autonomie avancée) mais est restée Ukrainienne lorsque l'Ukraine est devenue indépendante. La Russie occupe donc un territoire qui ne lui appartient pas.
Le droit des peuple à disposer d'eux-mêmes, c'est très bien. Mais ça ne veut pas dire qu'on peut faire n'importe quoi, n'importe quand, n'importe comment. Les frontières, ça existe ; les nations souveraines, ça existe, la communauté internationale, ça existe. Je soutiens que le rattachement de la Crimée à la Russie aurait pu se faire autrement, et que la Russie en serait sortie grandie. Les Etats-Unis ont acheté la Louisiane à la France et les deux partis y ont trouvé leur compte. La Russie, riche nous dit-on, aurait pu acheter ou fournir en gaz l'Ukraine en faillite, par exemple, en échange d'un « vrai » référendum. Elle aurait pu négocier avec l'Ukraine, attendre l'élection d'un nouveau président. Elle n'a rien fait de tout cela, elle a privilégié la force brutale, et il faut la sanctionner le plus durement possible, même si cela doit nous coûter !
En parlant de « coup d'Etat », ADB reprend à son compte la sémantique de Poutine, qu'il prétend ne pas apprécier (qu'est ce que ce serait s'il l'appréciait !). Une petite définition s'impose : un coup d'état est le fait d'une personne ou d'un petit groupe de personnes (souvent des militaires) qui renverse le pouvoir de façon illégale et brutale (avec utilisation des armes). Dans le cas Ukrainien, il ne faut donc pas parler de « coup d'Etat » mais de « révolution » puisque le renversement est venu du peuple. Que s'est-il passé ? Un peuple s'est révolté contre un pouvoir criminel qui s'est enfui en Russie (je renvoie à l'excellente analyse d'une « vraie » spécialiste). ADB confond volontairement « coup d'Etat » et « révolution » pour tenter de monter l'illégitimité du gouvernement de transition ukrainien.
Je ne vais pas m'étaler sur le Kosovo : ADB ne fait que répéter ce que dit Poutine. Son raisonnement est que si A commet des méfaits sur X, alors B peut commettre des méfaits sur Y. Avec des raisonnements comme ça, on va loin. ! En outre, ADB n'a pas compris que depuis l'ère Obama, il y avait eu comme une légère évolution de la politique extérieure des Etats-Unis. Il est un peu comme notre botoxé russe, ADB : il se trompe d'époque.
» aucun acteur de la sphère économique française, européenne ou mondiale, n'a prié, lors d'aucun dîner en ville ni aucun coup de téléphone intempestif, les concepteurs des manuels scolaires d'histoire français d'en retirer le siècle de Louix XIV pour y insérer des connaissances spécialisées sur des royaumes africains disparus. Ce choix fut délibéré, terriblement libre, pure émanation de l'esprit

Il n'est pas si évident que si les classes n'étaient composées dans une proportion allant grandissant d'élèves africains et extra-européens, les rédacteurs des manuels eussent naturellement recommandé d'y apporter les modifications que vous dites ; il n'y a aucune "liberté" en l'occurrence, me semble-t-il, dès lors qu'elle ne fait que prendre acte du réel et le suivre servilement ; or je crois que la raison d'une telle présence d'élèves "allochtones" demeure encore bel et bien, ou du moins tire là sa source, d'une massive immigration dite "de travail" et économique, accentuée et grandement facilitée par ce qu'on appelle la "mondialisation", ce qui veut dire que les facteurs économiques déterminent encore pour une large part la nature d'une réalité sur laquelle la réputée liberté idéologique ne fait que s'aligner.
or je crois que la raison d'une telle présence d'élèves "allochtones" demeure encore bel et bien, ou du moins tire là sa source, d'une massive immigration dite "de travail" et économique, accentuée et grandement facilitée par ce qu'on appelle la "mondialisation", ce qui veut dire que les facteurs économiques déterminent encore pour une large part la nature d'une réalité sur laquelle la réputée liberté idéologique ne fait que s'aligner.

Du temps où la force de travail comportait un élément allochtone important (années 60 et 70 en France métropolitaine) le libre caprice de l'idéologie, et celui des historiens et pédagogues aujourd'hui en période "fin de l'histoire", ne s'exprimait nullement de la sorte : les manuels scolaires continuaient d'enseigner l'histoire de France et de ses rois. Qui plus est, c'est du temps du colonialisme lui-même, soit l'époque où la main-d'oeuvre, en certains territoires de l'empire était exclusivement allochtone par rapport aux populations de France métropolitaine que, comme n'a jamais cessé de le rappeler le folkore anti-colonialiste, on enseignait aux enfants le fameux "nos ancêtres les gaulois", ce qui signifie en clair que la contrainte socio-économique non content de ne point peser sur ces choix idéologiques -- elle ne le fit pas quand elle était forte de son efficience utilitaire, celle des immigrés sur les chaînes de montage d'usine, dans les années 70 --, n'avait jamais, à aucun moment, y compris les pires moments de la domination et co-dépendance coloniale, obligé l'enseignement de l'histoire de s'aligner sur elle.

En France, l'enseignement de l'histoire ne s'était jamais "aligné" sur un état de fait socio-économique contemporain.

La fin de l'histoire kojévienne qui règne en Europe aujourd'hui fait s'aligner les contenus d'éducation et d'enseignement non sur un état de fait socio-économique contemporain mais sur une supra-idéologie (l'unimondisme volontaire, et l'européisme intégrateur pour faire court) délibérée et planifiée. L'autolyse des nations dans l'espace européen est un processus qui ne doit rien à la pression économique. Voilà la vérité, qu'on ne répètera jamais assez : les mutations en cours furent pensées et envisagées par des penseurs et idéologues dès les années 30 du siècle dernier, et le coup d'envoi en France de cette inspiration peut vraisemblablement être circonscrit dans certains événements datables exactement de la vie intellectuelle et politique de l'époque, parmi lesquels l'hégélianisme retrempé et servi en sauce sorbonnarde occupe une place centrale.
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