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Amende et frais de justice.

Envoyé par Henri Bès 
11 avril 2014, 18:26   Amende et frais de justice.
Dans le cas où Renaud Camus ne ferait pas appel de ce jugement, il me semblerait bon que ses amis, lecteurs et autres se cotisent pour que son budget n'ait pas à souffrir de ce coup. Qu'en pense cette assemblée ?
Cher Henri, lancer un appel public pour payer une amende est un délit.
La question est à l'étude.
C'est un sujet de technique juridique, et il me semble important que Renaud Camus reçoive des avis techniques et non politiques.

Dans l'hypothèse où il accepterait sa condamnation en ne faisant pas appel, l'affaire serait juridiquement terminée.

Dans ce cas, le texte applicable en matière de dons est le suivant, l’article 40 de la loi du 29 juillet 1881 :


"Il est interdit d’ouvrir ou d’annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d’indemniser des amendes, frais et dommages intérêts prononcés par des condamnations judiciaires, en matière criminelle ou correctionnelle, sous peine d’un emprisonnement de six mois, et d’une amende de 45.000 €."

Il me semble évident que les ennemis de Renaud Camus, fort bien informés par le Journal, seront particulièrement agressifs sur cet aspect financier.

Au-delà du problème des dons, je souligne aussi tout l'intérêt qu'il y aurait, pour Renaud Camus, de s'assurer le concours d'un expert-comptable : ses ennemis peuvent susciter tout un ensemble d'enquêtes et sa comptabilité doit être parfaitement établie (ses ressources résultent de ventes directes, c'est une situation "à risque", il faudrait qu'il recoure à un professionnel).
En quoi le fait d'acheter les livres de Renaud Camus deviendrait répréhensible?
Cela n'a rien de répréhensible, bien évidemment.

Je crois, à la lecture du journal, que vous êtes entrepreneur. Vous conviendrez avec moi, j'en suis sûr, qu'à partir d'une dizaine de milliers d'Euros de ventes, il est prudent d'avoir une comptabilité tenue par un professionnel. Il est de même essentiel d'agir suivant un statut juridique précis, et de bien traiter les questions de taxes et contributions diverses.

Un simple particulier court peu de risques, mais Renaud Camus a des ennemis, et il leur donne beaucoup de détails dans le Journal. Ils sont prêts à fondre sur lui au moindre faux pas.

Croyez-moi : les frais d'expert comptable, de conseiller fiscal, sont importants avant un accident, pas après, un peu comme une assurance.

Qu'en pensez-vous ?

Je vous adresse un message privé.
Tout à fait d'accord avec le conseil de recourir à un comptable (je l'avais suggéré il y a quelque temps déjà) mais l'inquiétude concernant le versement de dons de "solidarité" me semble exagérée : il faut évidemment éviter de dire ou d'écrire que l'on collecte de l'argent dans le but de couvrir l'amende pénale, mais rien n'interdit à des admirateurs d'aider un écrivain désargenté afin de lui permettre de continuer à écrire son oeuvre...
Cher Rémi,

Le mécénat ne pose aucun problème si une comptabilité est établie et les sommes correctement déclarées du point de vue fiscal.

Ce qui peut poser problème, c'est le mélange des comptes ou, pire, l'absence de ceux-ci.

N'oublions pas que Renaud Camus est dans le collimateur du pouvoir, de nombreuses associations et d'un certain nombre de personnes qui le haïssent. Ce qui, pour un simple pékin, ne serait que broutilles sera instruit à charge contre lui.

En conséquence, je me permets de renouveler mon appel à la prudence, qui commencerait par le fait, j'y tiens, de prendre un comptable.
Je ne suis pas expert dans ce domaine, mais il me semble qu'il ne doit pas être très difficile d'annoncer publiquement que Renaud Camus va sortir "ruiné" de cette condamnation qu'il paiera lui-même et sans aide, conformément à la loi, mais que rien n'interdit à ses admirateurs de l'aider à poursuivre son oeuvre en achetant au tarif "mécène" certains de ses ouvrages.

Un tel "appel" ne me semble pas entrer dans le champ de l'article 40 de la loi de 1881.

Et si les donateurs achetaient à un tarif "mécène" les ouvrages, la comptabilité se réduirait à la liste des ventes et serait donc assez simple.
Merci de m'avoir prévenu, j'ignorais que je commettais un délit. Mais nul n'est censé ignorer la loi.
S'agissant de la proposition de Rémi Pellet, vu l'interprétation de la Loi que font les Chambres concernées s'agissant des propos de Renaud Camus et de ses amis, la plus grande prudence est de mise.
Ne serait-il pas possible, par exemple, de lancer une souscription pour le Journal 2014, qui, je suppose, paraîtra “sur papier” au début de l'année prochaine ?
En tout état de cause, c'est le cas de le dire, ce qui est interdit c'est la souscription publique, pas les dons en eux-mêmes même s'ils sont explicitement destinés à aider la personne condamnée à payer son amende.

Chacun peut donc envoyer son obole à Renaud Camus et celui-ci l'encaisser pour en faire l'usage qui lui plaira.

Rappeler publiquement les conditions d'application de la loi n'est pas répréhensible non plus.


11 avril 2014, 22:16 Sur le même sujet, il m'a semblé que la seule faiblesse de la défense de Renaud Camus à son procès tenait dans le fait qu'il semblait tenir pour accessoire le fait que les auteurs des nocences viennent, dans leur écrasante majorité, du monde islamique. Si les "shintoïstes" étaient également nocents, Renaud Camus les condamnerait pareillement.

Certes, mais ne serait-il pas possible de tirer quelques conclusions du fait qu'au cours des quatorze derniers siècles le contentieux de l'Europe avec le monde Shintoïste est resté assez limité tandis que l'Islam est en guerre déclarée ou larvée depuis quatorze siècles avec le monde d'origine judéo-chrétien...?

En tout état de cause, à la place de Renaud Camus, if I may, je ne ferais pas appel et je publierais plutôt une sorte de "Du sens", i. e. un ouvrage qui répondrait aux critiques judiciaires comme Du sens répondait à celles de la presse.


Jean-Marc du Masnau

11 avril 2014, 23:18

Votre idée sur l'opportunité (ou plutôt le caractère inopportun) de l'appel me semble pertinente.

Appel veut dire frais, temps passé pour une issue fort incertaine.

Finalement, 4000 euros, c'est un mois de revenus si je lis bien le Journal, cela ne vaut pas la peine d'insister. Sur le fond du jugement, à chacun son idée. Ce que j'ai pu lire des attendus n'est certes pas plaisant, mais ni l'honneur ni la probité de Renaud Camus ne sont mis en cause.


Christophe Rivoallan

12 avril 2014, 10:15

Lorsque l'on est condamné définitivement, on est un délinquant. L'honneur et la probité sont donc, quoi qu'on en dise, mises en cause.

Au-delà de tous les raisonnements philosophico-politiques, il y a cette réalité qui me serait insupportable. Il me semble facile à ceux qui conservent un casier vierge de conseiller de "laisser tomber".

Eric Zemmour a tenu le même raisonnement que vous, et les bons esprits ne manquement pas de rappeler que c'est un "délinquant" (dans le même registre, voir ce que l'on dit de Harlem Désir : un homme condamné par la justice au gouvernement). L'Histoire immédiate ne retiendra pas que Renaud Camus a été justement ou injustement condamné, seulement le fait que c'est un délinquant. Pour quelqu'un qui parle de voyous, c'est problématique.

Ainsi, compte tenu, selon moi, de la nécessité de laver son honneur (je ne supporterais pas d'être condamné par la justice de mon pays ; encore moins si je considère de toutes mes forces que c'est injustement) et de la nécessité politique de laver l'affront (n'avoir jamais été condamné est une chose importante dans la vie publique), je conseille à Renaud Camus de faire appel sans tarder.

P.S. : je sais, les conseilleurs ne sont pas les payeurs.


Rémi Pellet

12 avril 2014, 11:12

Baudelaire fut condamné pénalement et ne fut jamais élu à l'Académie française. Il reste plus estimé que ses juges et que beaucoup des académiciens de son époque.

L'honneur de Renaud Camus n'est pas en cause : il a été condamné pour ses idées politiques, ou plutôt pour les avoir exprimées.

Permettez-moi de regretter au passage que ce fil ne serve plus à discuter de la profession de foi pour les élections européennes...


Christophe Rivoallan

12 avril 2014, 12:32

Ce fil est consacré à la décision de présenter une liste aux élections européennes, pas à une profession de foi qui n'a pas été présentée publiquement. Et c'est vous qui avez évoqué, ici, le procès de Renaud Camus.

Enfin, mon message me semble en lien direct avec le sujet de ce fil : Renaud Camus, condamné par la justice, pourra-t-il mener sa campagne de la même manière que s'il ne l'avait pas été ? Si la cour d'appel devait l'innocenter, cela ne nous serait-il pas utile dans la campagne qui s'annonce (même si je suis conscient des délais) ?

Tout le monde sait la difficulté que rencontrera Renaud Camus pour faire entend sa (notre) voix dans la campagne ; cette difficulté me semble accrue dès lors que celui-ci est un délinquant (j'utilise à dessein ce terme, puisque nos adversaires le feront).


Rémi Pellet

12 avril 2014, 14:18

Il me semblait opportun de discuter ici de la "profession de foi européenne" parce que ce fil avait été ouvert sur ce thème. Il me semblait également qu'il y avait un lien sur le fond entre la profession de foi et la défense de Renaud Camus (faut-il tenir compte ou pas de l'origine des personnes qui demandent à émigrer en France et de l'origine des personnes qui commettent des nocences ?). Enfin un regret n'est pas un reproche.
Questions à Rémi Pellet et, éventuellement, aussi à d'autres juristes.

Imaginons que Renaud Camus fasse appel, puis, à nouveau condamné comme c'est, dit-on, assez probable, aille en cassation comme l'a fait avec succès Xavier Rauffer dans une affaire où il avait été accusé d'avoir incité etc. envers les Roms à la télévision. La probabilité de succès final est sans doute assez bonne mais la procédure est coûteuse :

 — l'appel, puis la cassation sont-ils suspensifs du paiement de l'amende ?
 — peut-on faire une souscription pour le financement des frais de justice préalables à une condamnation ?
Utilisateur anonyme
12 avril 2014, 15:52   Re : Amende et frais de justice.
L'article 506 du code de procédure pénale dispose que "Pendant les délais d'appel et durant l'instance d'appel, il est sursis à l'exécution du jugement, sous réserve des dispositions des articles 464 (deuxième et troisième alinéas), 464-1, 471, 507, 508 et 708." (ces derniers articles, relatifs notamment à l'exécution provisoire, ne concernent pas, a priori, Renaud Camus, une telle exécution provisoire n'apparaissant pas dans la copie de travail dévoilée).

L'article 515 de ce même code dispose que "La cour ne peut, sur le seul appel du prévenu, du civilement responsable, de la partie civile ou de l'assureur de l'une de ces personnes, aggraver le sort de l'appelant."

S'agissant de la cassation, l'article 569 dispose que "Pendant les délais du recours en cassation et, s'il y a eu recours, jusqu'au prononcé de l'arrêt de la Cour de cassation, il est sursis à l'exécution de l'arrêt de la cour d'appel, sauf en ce qui concerne les condamnations civiles (...)".

Enfin, si l'article 40 de la loi de 1881 interdit "d'ouvrir ou d'annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d'indemniser des amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par des condamnations judiciaires, en matière criminelle et correctionnelle", rien n'interdit d'ouvrir une telle souscription dès lors qu'elle aurait pour objet d'obtenir des dons permettant à un homme de financer son recours. Si, par le plus grand des hasards, la somme récoltée était supérieure à ces frais de procédure, il reviendrait à celui qui a reçu l'argent de rendre le trop-perçu... sauf à ce que les donateurs refusent de récupérer l'argent donné. Le récipiendaire ne pourrait alors être accusé d'avoir gardé indûment de l'argent et il serait libre d'utiliser cet argent comme bon lui semble.
Je vous remercie tous de votre sollicitude mais la première question à trancher, dont dépendent les autres, est celle de l’opportunité, ou non, de faire appel. Comprends-je de l’intervention ci-dessus que la peine ne peut être aggravée sur appel de l’appelant ?
Utilisateur anonyme
12 avril 2014, 19:06   Re : Amende et frais de justice.
Effectivement.

L'article cité précise que "La cour peut, sur l'appel du ministère public, soit confirmer le jugement, soit l'infirmer en tout ou en partie dans un sens favorable ou défavorable au prévenu."

Je ne pense pas que le ministère public ait prévu de faire appel. Le MRAP n'a pas indiqué, dans son communiqué, qu'il trouvait la sanction trop faible.

L'hypothèse est donc que vous soyez le seul à faire appel. Votre peine ne peut dès lors être aggravée.

Sur le fond, je ne comprends pas les pronostics de ceux qui vous annoncent déjà que vous allez perdre en appel. Sauf à m'indiquer qu'il s'agit d'avocats habitués à fréquenter la chambre correctionnelle de la cour d'appel de Paris qui vous jugera, je sais d'expérience que tout pronostic est aventureux.

J'en reste à vos affirmations qui me semblent pleine de justesse : les magistrats vous ont mal compris. C'est aussi bête et aussi désespérant que cela.

En droit, cela veut dire que les juges ont fait une mauvaise interprétation des faits et que, partant, leur condamnation est très fragile. Les juges vous ont jugé pour des propos que vous n'avez pas tenus, et ils ne se sont pas prononcés sur les propos que vous avez tenus et qui ont été portés devant eux par le MRAP. Cela me semble suffisant pour envisager avec un certain optimisme un recours.
12 avril 2014, 22:29   Le coût de l'estocade
"J'en reste à vos affirmations qui me semblent pleine de justesse : les magistrats vous ont mal compris."

M'est avis (dilettante) que ce que les magistrats ont surtout mal compris et moins encore avalé c'est, à la fin des débats, l'ultime demande de prise de parole de Renaud Camus, chevaleresque en elle-même mais heurtant les us et coutumes des prétoires, et qu'une attitude de même acabit, en appel, aurait les mêmes conséquences.
Monsieur, cher ami,

Si le condamné fait appel, alors le parquet fait appel, c'est systématique. Le procureur dispose de cinq jours à partir de l'appel du condamné pour faire appel à son tour tour.

N'oublions pas aussi l'appel possible de M. Roche, qui entrainerait un appel général du procureur.

Je ne suis pas juriste au sens pénal, j'ai en revanche fait beaucoup de droit administratif. Je resterai donc dans les questions de procédure.

La ligne de défense (ou, dans ce cas, d'attaque) que vous évoquez me semble plutôt une ligne de cassation que d'appel. Dans ce cas, il y aura procès d'appel, cassation possible, puis renvoi devant une seconde Cour d'appel et, si celle-ci résiste sur le point de droit, nouveau passage devant la Cour de cassation dans une formation réunie, et enfin devant une dernière Cour d'appel qui doit juger comme la Cour de cassation.

Qu'en pense votre avocat ?
Utilisateur anonyme
12 avril 2014, 22:42   Re : Amende et frais de justice.
Systématique ?
Oui, sinon tout le monde ferait appel, puisque la peine ne pourrait pas être aggravée : les Cours d'appel seraient engorgées, pensez à ceux qui bénéficient de l'aide juridictionnelle, cela ne leur coûte rien.
Utilisateur anonyme
12 avril 2014, 23:04   Re : Amende et frais de justice.
Vous avez raison.

Au revoir à toutes et à tous.
Point important : si le parquet fait appel, alors il faudra faire aussi appel.
A la lecture de la copie de travail, une question me vient à l'esprit : un appel, pourquoi ?

Etre trainé devant le tribunal par une association, c'est une chose. On ne peut l'éviter.

En revanche, appeler, c'est reconnaitre la légitimité de la justice pour trancher la question de fond, c'est rentrer dans le jeu.

L'attitude qui revient à dire : "Vous me citez devant le tribunal ? et alors ? la condamnation en cette matière n'a aucune légitimité, et je m'en moque totalement" est cohérente. En revanche, appeler suppose qu'on accepte le verdict de dernière instance, il me semble.

Ce point est à peser : appeler, c'est faire juge le juge, une fois qu'il aura jugé, dans un sens ou dans l'autre, il faudra accepter sa décision.
Tout à fait d'accord avec la dernière intervention de Jean-Marc du Masnau (et ses observations juridiques antérieures).

Les juges d'appel comprendront peut-être l'erreur du tribunal correctionnel et condamneront alors Renaud Camus pour avoir dit et écrit que les voyous musulmans sont le bras armé (les soldats) de la conquête musulmane.

Les juges n'accepteront pas que l'on puisse parler de conquête musulmane : en effet un soldat agit pour le compte de sa nation, ce qui signifierait en l'espèce que les soldats musulmans agissent pour le compte des autres musulmans, et même si Renaud Camus a dit de ces derniers qu'ils ne sont ni ni voyous, ni soldats. La Cour d'appel jugera ce propos contraire à la loi et la Cour de cassation idem.

Peut-être la Cour européenne des droits de l'Homme, par un de ses raisonnements alambiqués et paradoxaux dont elle a le secret, admettra-t-elle que la liberté d'expression doit finalement prévaloir, mais j'en doute fort.
Utilisateur anonyme
13 avril 2014, 13:02   Re : Amende et frais de justice.
Et c'est ainsi que le tribunal correctionnel a pu s'offrir le luxe inouï de commettre une erreur grossière : le prévenu, de toute façon, avait tort dès le départ, et aura encore tort après.

Comment dit-on en français adding insult to injury ?
L'erreur n'a, à ma connaissance, pas d'effet sur le verdict : la condamnation porte sur le fond, comme le souligne Rémi, la Cour d'appel suivra sans doute. L'erreur de forme doit être tournée à l'avantage de Renaud Camus, qui pourra toujours en exciper. En revanche, choisir la Cour d'appel et la Cour de cassation comme arbitres suppose qu'on accepte leur arbitrage, alors qu'être traîné devant la XVIIèe chambre est un acte, en quelque sorte, involontaire. Dans un cas, on demande, dans l'autre, on subit.
"pour couronner le tout", "comble de [cruauté, malheur, bassesse, injustice, etc.]

dans d'autres registres : "en rajouter une louche"; "remuer le couteau dans la plaie", même si cette dernière expression a son équivalent littéral en anglais ("to twist the knife")
» Les juges n'accepteront pas que l'on puisse parler de conquête musulmane : en effet un soldat agit pour le compte de sa nation, ce qui signifierait en l'espèce que les soldats musulmans agissent pour le compte des autres musulmans, et même si Renaud Camus a dit de ces derniers qu'ils ne sont ni ni voyous, ni soldats. La Cour d'appel jugera ce propos contraire à la loi et la Cour de cassation idem.

C'est ce que j'essayai timidement de faire valoir il y a quelques mois de cela : le "bras armé" ne peut davantage être séparé du corps que le corps du bras qu'il arme, et les juges, au regard d'une législation en effet assez ambiguë et peut-être vicieuse, ne manqueront probablement pas de faire le lien et d'agencer correctement les parties, de façon, c'est à craindre, à enfoncer le clou encore un peu plus...
"Les juges n'accepteront pas que l'on puisse parler de conquête musulmane : en effet un soldat agit pour le compte de sa nation,"

The "nation of islam", précisément. Les juges en l'occurrence feraient la preuve qu'ils ne connaissent rien à l'islam pour lequel il n'y a d'autre "nation" que l'umma.
A tout lecteur attentif ou à tout citoyen sensé, les attendus du jugement peuvent sembler délirants et même sans rapport avec les écrits et propos de Renaud Camus. En réalité, il n'en est rien. Ces attendus confirment (s'il en était besoin) que la justice, "bras armé" du pouvoir médiatique et politique ("les dominants"), est remplaciste, bien pensante, "antiraciste" (elle est persuadée que certains Français, surtout s'ils restent fidèles à une certaine idée de la France, forment une "sale" "race", inférieure, à éliminer, à faire taire, etc.) Le jugement ressemble étrangement à tous les jugements qui ont condamné, dans l'ancienne U.R.S.S. et dans ses satellites, les opposants, dissidents, réfractaires : tout était mis à leur débit et tous leurs propos, écrits, paroles étaient détournés, renversés, interprétés à charge, mais dans le sens voulu par le pouvoir.

Pourtant, ces analyses et analogies, fondées en raison, ne rendent pas compte de l'essentiel, à savoir un phénomène propre à la France depuis une cinquantaine d'années, et que voici résumé : ce jugement est tout à fait normal, au sens où il est conforme aux normes (règles, principes, méthodes) qui président à l'interprétation et aux méthodes d'herméneutique qui sont enseignées dans les lycées ("de la République"), classes préparatoires, universités, et qui tendent à l'hyper-commentaire ou à la sur-interprétation, postulant l'existence d'un texte "inconscient" sous le texte, de mots sous les mots, de non-dits ou d'implicites dans tout sens, même positivement établi, et cela au mépris des faits, des réalités du sens, et consistant à toujours ajouter quelque chose à ce que dit un texte ou un auteur : ce qu'il a voulu dire, mais qu'il n'a pas dit : ses intentions cachées, le lieu d'où il parle, les objectifs qu'il poursuit secrètement.

Ce phénomène a été désigné de plusieurs manières distinctes : ère du soupçon, post-moderne, déconstruction, sur-interprétation. Quelque nom qu'il porte, il se définit par deux invariants ou caractères immuables : la supériorité du lecteur sur l'auteur (toute lecture, surtout si elle est "idéologique", est une réécriture, laquelle a ou aurait plus de valeur ou d'intérêt que l'écriture première) et le discrédit de l'auteur - et donc de l'autorité : le sens n'a plus de "garant", il n'a plus rien ou plus personne à quoi se raccrocher, il flotte, il flue, il fluctue, il appartient à chacun ou à tous, en fait à celui qui détient le pouvoir ou qui en est le bras armé.

Ce désastre de l'herméneutique est concomitant d'autres désastres qu'il contribue à alimenter : la déculturation, l'effondrement de l'école, l'hébétude, l'abrutissement.
Oui. Mais dans le cas présent, l'hyper-inflation herméneutique (lavage que doit subir le sens de toute instance garante et autorisée) non seulement se présente en forte affinité avec le procès d'intention à la soviétique (la libre mise au débit du prévenu de toutes ses paroles) mais celle-là soutient et alimente celle-ci, les deux s'entre-nourrissent et composent une dynamique totale. Où l'on voit la démarche "déconstructionniste" néo-lacanienne entièrement mise au service d'un "procès de Moscou" de type kafkaïen, koestlérien.
En feuilletant ces temps-ci la merveilleuse édition bilingue des écrits de Qumran, aux éditions du Cerf, je me suis rendu compte qu'à une époque (antique, hasmonéenne et hérodienne), le commentaire du Texte (ici biblique) était inséré dans le Texte même, sans indication (graphique) de sa nature propre. Aussi est-il difficile, pour certains manuscrits, de savoir ce qui est commenté et ce qui est commentaire (sauf à user de la méthode comparative pour distinguer l'un de l'autre). Les éditeurs concluent en ces termes le volume 3a (Deutéronome et Pentateuque dans son ensemble, p. XVII) :

" ... ce volume ... montre combien la distinction entre 'manuscrits bibliques' et 'manuscrits non bibliques' est fragile sur un plan conceptuel, combien les frontières sont floues et combien c'est de manière progressive, presque insensiblement, que l'on passe d'un manuscrit avec des variantes par rapport au texte massorétique à un manuscrit de type 'Pentateuque remanié' comme 4Q364, à un manuscrit encore davantage remanié comme 4Q365, puis à un manuscrit présentant un remaniement du cadre général d'énonciation comme le Rouleau du temple, pour arriver au bout de la chaîne à des compositions halakhiques (légales) qui distinguent parfois clairement le texte source dont elles s'inspirent, de leur interprétataion. "

Des contingences matérielles et linguistiques ont peut-être joué : les tablettes mésopotamiennes, bien antérieures à ce corpus, distinguent nettement le texte de ses gloses et explications, mais lignes et cases sont tracées sur l'argile ; d'autre part, gloses et interprétations sont parfois rédigées dans une autre langue, ou dans un autre état de langue, que celle du texte commenté, ce qui aide à distinguer les deux. C'est aussi le cas, plus tard, des Targumim juifs de certains livres bibliques, qui incluent dans la version araméenne développée et explicative, les mots sources du texte hébreu.

On dirait que la distinction du commenté et du commentaire ne va quand même pas de soi, et que la limite est sans cesse à rappeler.
Il est probable que les conditions matérielles de production des textes (supports, etc.) n'y soient pour rien. La Chine ancienne mêlait original et commentaire dans la production de ses classiques : les Classiques n'étaient plus que commentaires de classiques antérieurs, par exemple l'interpolation et le commentaire font corps aux écrits des Quatre Livres (*), qui forment en eux-mêmes une bibliothèque.

Il est possible qu'une sourde volonté de sacralisation et de fusion des écrits des épigones avec ceux du/des maîtres soit présente chez les épigones eux-mêmes, comme stratégie de production de la tradition.

De nos jours, ou presque, le séminaire de Kojève sur Hegel dans les années 30 du siècle dernier, dont je relis ces jours-ci la transcription par Queneau, mêle et fond l'écrit hégélien et l'écrit kojévien, sans grand souci de démarquer ces voix : c'est que l'entreprise était celle d'une fondation sacrée, la mise au monde d'un corpus canon. Kojève s'autorise à faire parler le maître par sa bouche, et cette prise d'autorité vaut proclamation qu'une tradition se fonde par cet acte revendicatif (l'avenir est ainsi revendiqué, en conformité avec la logique hégélienne).

[*] S'agissant en particulier de La Grande Etude, traité d'une trentaine de pages auquel se sont agrégées d'une dynastie à l'autre des centaines de pages de commentaires qui forment La Grande Etude telle qu'elle est diffusée depuis Zhu Xi; le nom de la chose désigne la chose dans son écrin de commentaires qui lui donnent son corps, la rendent nommable.

[fr.wikipedia.org]

En doctrinologie, l'orthodoxie semble être condamnée à naître d'une forme confuse d'usurpation. La doxa est d'abord le fruit d'une substitution-usurpation d'identité, d'une perte d'autorité, qui s'opère par confusion mimétique et noyade de la parole du maître dans celle, contemporaine, de l'épigone (Paul de Tarse pour Jésus, etc.). La sorcellerie herméneutique fournit le creuset de l'opération.
Très intéressantes remarques, je vous remercie. Il faudrait donc étudier le commentaire comme une pratique parmi d'autres de l'écriture pseudépigraphique, qui place dans la bouche d'un personnage antique et célèbre des propos auxquels on veut donner du poids (Actes de Pilate, Evangile de Marie, Testaments des Patriarches, etc ...) Moi qui croyais ces pratiques antiques dépassées (sauf bien sûr dans les procès d'opinion), je tombe sur votre mention de Kojève, ce qui éclaire mais surprend. L'Humanisme, avais-je appris, établissait une espèce de religion du Texte qu'il fallait faire surgir dans sa nudité originelle, en le débarrassant de toutes ses scories. Apparemment, la religion humaniste du texte, pour précieuse et féconde qu'elle ait été, n'empêche pas (ou peut-être provoque) la pratique inverse de l'interpolation du commentaire. Je ne comprenais pas clairement les analyses de David Roskies et Alan Mintz, qui voyaient dans l'activité interprétative rabbinique une transgression féconde de la lettre du Texte. C'est plus clair maintenant.
Le cas du séminaire de Kojève sur Hegel, dont il est inutile de rappeler l'influence et la valeur formatrice qu'il eut pour une génération décisive d'intellectuels français au milieu du siècle dernier, est publié comme écrit, sans auteur véritable, son statut est testamentaire : il est une compilation libre par Raymond Queneau (revue collégialement) de la parole du Hegel-de-Kojève [*].

Autre cas d'un texte fondateur pour la pensée au XXe siècle : le Cours de Saussure au statut ambivalent de compilation de la parole du maître par ses épigones.

Le Cours de linguistique générale, comme L'Introduction à la lecture de Hegel doivent une part de leur valeur fondatrice au trouble énonciatif, à l'ambivalence et au statut non garanti de leur autorité. C'est étrange mais c'est ainsi: il faut qu'un écrit tienne en suspens dans les airs, qu'il soit sans jambes, que son commentaire herméneutique soit partie intégrante de son corps, qu'il naisse, en quelque sorte, tout commenté et tout expliqué, pour faire fondation. Est-ce parce que la parole nue du maître y trouve ainsi sa place en retrait, enfouie dans le texte où elle brille en arrière-plan de l'indémêlable écheveau des autorités coalisées et agrégées à son service, est-ce qu'elle doit son mystère et sa valeur incomparables à la place inaccessible qui est la sienne dans le nid des commentaires explicatifs qui l'ornent et l'exaltent en faisant oublier ainsi d'où elle provient, ce que sont ses jambes et le contact de celles-ci avec le sol ? L'art des commentateurs consiste pour une part à faire entendre aux contemporains que l'âme originelle de l'écrit, le maître lui-même, n'avait pas pleine connaissance de la valeur de sa parole, qu'il fallait presque expliquer au maître sa parole, celui-ci ayant été traversé d'une lumière dont il ne maitrisait pas la source et de là induire une transcendance comme aboutissement ultime du cheminement herméneutique.

Dans tout commentaire d'une parole révérée gît la tentation d'une fondation et d'une transmutation un peu sorcière: la parole révérée doit sortir du commentaire en parole révélée. Et l'on a vu cette mythogénèse à l'antique être remise en selle et reprendre corps dans la production des grands textes vingtiémistes en Occident, au mépris de l'enseignement humaniste classique.

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[*] One can note Kojève's marginalia to an article by Aimé Patri, "Dialectique du Maître et de l'Esclave",Le Contrat Social 5 (1961), 231-235. Patri wrote : "under the pseudonym of Hegel, the author [Kojève] exposed a personal way of thinking" --- Kojève added "bien vu !" In the preface to his (unpublished) history of philosophy and Hegelian wisdom, Kojève wrote : "Finally, the question of knowing if Hegel truly said what I have him say would seem to be puerile" -- Note de l'article Kojève and the End of History de Michael S. Roth dans la revue History and Theory, Vol. 24, N° 3 (Oct., 1985), pp. 293-306

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Nous avons tous vu des reproductions de manuscrits dans lesquels le texte (celui d'un auteur donné, anonyme ou non) était constellé de textes divers, écrits par des commentateurs, parfois à différentes époques, formant une mise en pages en mosaïque, au point qu'il était impossible de distinguer le texte des commentaires. Mais, justement, les philologues ont appris à "nettoyer" le texte des commentaires et cela afin d'établir le texte en le séparant des commentaires (intéressants sans doute), contribuant à établir et le sens du texte et une histoire du sens ou des différentes interprétations du texte. Ces philologues ont formé dans les universités des étudiants à l'établissement du texte; ils ont enseigné des méthodes pour distinguer le texte du commentaire, etc. Apparemment, cette grande tradition a fini par s'éteindre. Il semble bien qu'elle soit morte.

Quant à l'exemple du Cours de Linguistique générale, je me demande s'il peut être rapproché de celui de Kojève - qui n'a fait qu'un travail de vulgarisateur ou de commentateur. Après tout, les étudiants de son séminaire avaient la possibilité d'acquérir les oeuvres de F. Hegel et de les lire, quitte à apprendre l'allemand ou à perfectionner leur connaissance de cette langue.
En réalité, quand le Cours de LG a été publié (en 1916 ?, si ma mémoire ne me trompe pas), il a été précisé sur la première page que la version imprimée n'était pas de la main de Saussure (décédé trop tôt) et que le texte avait été établi à partir des notes des quelques étudiants qui ont suivi quelques années plus tôt ses enseignements. A mon sens, cette oeuvre soulève d'autres questions. Sur les trois cents pages que compte l'ouvrage, il y en a dix, pas davantage, qui présentent un véritable intérêt "scientifique" ou "épistémique". La question qui se pose est celle-ci : comment expliquer qu'un livre aussi sommaire (dix pages véritablement fécondes) ait pu connaître un tel succès ? On ne peut pas concevoir les montagnes d'âneries qu'a suscitées ce livre, répété partout et dont trois ou quatre propositions ont été récitées comme des versets du Coran - surtout si on compare le Cours de LG aux manuscrits (de la main de Saussure) retrouvés il y a une vingtaine d'années et réunis dans Ecrits de LG, et édités par l'admirable école philologique ou linguistique de Genève.
Kojève faisait une distinction entre le commentaire et l'interprétation : le premier part du texte à la seule fin de redécouvrir la pensée de l'auteur, tandis que la seconde part de la pensée afin de découvrir le texte (citation extraite du même article Michael S. Roth). C'est ce travail d'interprétation "bras armé de la pensée" dont la trace est déposée dans l'Introduction à la lecture de Hegel.

Au vingtième siècle, les textes fondateurs sont des explications de texte, ou plus précisément dans le cas de Kojève, des explicitations de pensée par la découverte d'un texte, aux antipodes de tout commentaire promis à la scorie par les philologues.

"Le monde renvoie le texte au texte, comme le texte renvoie le monde à l'affirmation du monde" écrivait Blanchot dans son Entretien infini.

Texte de fondation ou texte-tremplin ? Un peu les deux sans doute dans un siècle d'aboutissement qui fut préparatoire au passage du millénaire, c'est du moins la conjecture qui vient naturellement à l'esprit quand on songe à l'implication de Kojève dans la création de l'Europe telle qu'elle se présente aujourd'hui. L'Union européenne fut-elle à Kojève ce que Napoléon en son sacre avait été à F. Hegel --- l'Esprit en son stade d'auto-accomplissement et d'auto-couronnement ? La question est chargée de sens, en tout cas, elle s'inscrit pleinement dans l'hypothèse d'une histoire du sens.

Au livre du Hegel-de-Kojève, au Cours de linguistique générale sorte de "Grande Etude" apocryphe sur un texte fantôme, oeuvre augurale et inaugurale, préparatoire et anticipatrice, outil projeté du structuralisme et de la science de la parole comme symptôme que devait parfaire J. Derrida, il faudrait ajouter cet ouvrage qui permit de créer, d'inventer ou de constituer, le Nietzsche du XXe siècle français : la Volonté de puissance, essai d'une transmutation de toutes les valeurs (études et fragments), recueil de fragments des oeuvres de Nietzsche lui aussi composé pour les besoins idéologiques du siècle, compilation aujourd'hui "complètement discréditée, que bon nombre considèrent comme une pure et simple falsification et qui a beaucoup contribué à défigurer la pensée de Nietzsche en lui imposant une systématisation indue" selon Jean Lacoste et Jacques Le Rider précisant ce point dans leur note introductive aux deux volumes des oeuvres de Nietzsche parues chez Robert Laffont en 2011 ; oeuvre non autorisée donc, et qui servit néanmoins de vade mecum à la génération des intellectuels français les plus en vue et les plus actifs du milieu du siècle, soit les mêmes, en gros, qui suivirent le séminaire de Kojève.
19 avril 2014, 07:37   Histoire du sens.
Votre contribution à cette histoire se lit, si j'ose dire, comme un roman. J'en viens à me demander si la guerre humaniste faite aux commentaires médiévaux n'a pas été au fond une illusion. Après tout, de même qu'il y a un Hegel-de-Kojève, il y a un Nouveau Testament d'Erasme. Il faudrait se plonger dans l'histoire des textes et du sens depuis la Renaissance, ce qui demanderait une vie de plus.
19 avril 2014, 11:04   Re : Histoire du sens.
Quid d'Averroès et de ses commentaires d'Aristote ?
On est tenté de répondre à Cassandre : même exercice de ventriloquie, de réinvention où "grands commentaires" et "petits commentaires" composent une matière complexe et trouble, un creuset de refonte des traités d'Aristote, avec, comme toujours, une forme d'éloignement semi-transcendant (dans l'exemplarité, s'agissant d'Averroès pour Aristote) du maître commenté :

On en jugera d'après ce passage du grand commentaire du traité De l'âme (III,14) : "Ce point est si difficile que, si Aristote n'en avait pas parlé, il eût été très difficile, impossible peut-être, de le découvrir -- à moins qu'il se fût trouvé un autre homme comme Aristote. Car je crois que cet homme a été une norme dans la naure, un modèle que la nature a inventé pour faire voir jusqu'où peut aller la perfection humaine en ces matières" --- Extrait de l'article Averroès du Dictionaire des Philosophes d'Universalis.

Averroès (1126-1198) fut l'exact contemporain du néo-confucéen des Song, le savant Zhu Xi or Chu Hsi (chinois : 朱熹, 1130 – 1200). Aristote fut à Averroès ce que Confucius fut à Zhu Xi : une matière pré-texte à fondation; comme Hegel fournit le pré-texte à l'explicitation de l'empire européen à venir par Kojève et consort.


Zhu Xi, l'Averroès chinois, artisan de la Grande Etude évoquée supra : [en.wikipedia.org]
» que bon nombre considèrent comme une pure et simple falsification et qui a beaucoup contribué à défigurer la pensée de Nietzsche

Excellent compendium, quand même, à quoi les lignes de force parcourant l'œuvre depuis les débuts aboutissent très naturellement, non ?
Quant aux "intellectuels français", j'ai plutôt été frappé par une tendance parfois assez nette à faire une lecture "aérienne" de Nietzsche, vantant avant tout la légèreté, la légèreté, allant même jusqu'à esquisser des pas de danse éléphantesquement primesautiers en l'évoquant ; ouais ouais, alors que j'ai toujours trouvé qu'en réalité c'était du lourd, du très lourd, que ça cognait sourdement et fort, et pouvait claquer dangereusement et mauvaisement aussi.
Les porcs se sont incontestablement vautrés dans sa doctrine, comme il l'avait prédit, mais à qui la faute ?

Pour recentrer, j'espère tout de même ardemment que les juges se sont trompés sur le compte de Renaud Camus dans une mesure infiniment supérieure à la supposée infidélité de la VDP aux principales thématiques nietzschéennes...
Pour recentrer, j'espère tout de même ardemment que les juges se sont trompés sur le compte de Renaud Camus dans une mesure infiniment supérieure à la supposée infidélité de la VDP aux principales thématiques nietzschéennes...

Seriez-vous la réincarnation de la Sybille de Cumes ?
Je veux bien, Jean-Marc, mais pourquoi celle de Cumes en particulier ?

À propos de la VDP encore, ces gens qui veulent vous persuader à toute force d’érudition exégétique de la non-pertinence, voire de la caducité de la compilation dans l’intelligence de la pensée de Nietzsche me font immanquablement penser aux contempteurs de Heidegger au prétexte que sa pensée serait intrinsèquement "nazie"...
Là, j'avoue que je comprends mal ce parallèle, Alain.
Ibis redibis non morieris in bello, Francis !
Comme aurait pu rétorquer le Soldat à la Sibylle de Cumes : là, j'en reviens pas! (Ou reviens-je ?)
Francis, ce que j'ai voulu dire est qu'il est à mon sens aussi erroné, et même bête, de taxer la philosophie de Heidegger de nazie que de vouloir exonérer la pensée de Nietzsche d'accointances possibles avec des idéologies de type nazi, notamment : on ne fait pas impunément, à coups de marteau si possible, l'apologie forcenée de la brute, de l'esthète et du sophiste désengagés si radicalement de toute entrave morale.
Dans les deux cas il me semble qu'il y a certain aveuglement idéologique qui occulte la réalité, c’est-à-dire ce que sont et veulent dire les textes.
Bref, Heidegger est plus "innocent" et Nietzsche plus "coupable" qu'on aurait tendance à le penser, et venant des deux directions opposées de la rumeur, ils doivent se rencontrer quelque part au milieu ; concernant Nietzsche, j'ajouterai, comme je l'ai dit, que j'ai l'impression qu'on était plutôt enclin à gommer les aspects douteux, dangereux et obscurs de sa pensée (lesquels sont exprimés dans nombre de ses livres, certes pas seulement dans la VDP, d'où la grande difficulté à mon avis à n'y voir que "falsification", sur le fond, même s'il est établi qu'il y a eu compilation, manipulation, et parfois erreurs grossières de transcription).
Il faut selon moi prendre Nietzsche au pied de la lettre, c'est-à-dire le prendre au sérieux et lui accorder la charge explosive qu'il s'attribuait lui-même, sinon, ce n'est que de l'idée, et l'idée toute seule, ma foi, ce peut être très joli et du meilleur effet, mais cela n'engage pas à grand-chose ni ne porte réellement à conséquence, foi du réaliste obtus que je suis.
Alain, le débat en forme de serpent de mer sur Heidegger et le nazisme est une affaire de biographie, m'a-t-il toujours paru, point de philosophie. Les reproches que certains adressent au professeur ont trait à ses "choix politiques personnels" et non au contenu de ses ouvrages, c'est du moins ce qu'il m'a toujours semblé. La différence est donc radicale avec Nietzsche pour d'évidentes raisons de chronologie (la question du positionnement politique du philosophe musicien vis à vis du nazisme ne pouvant être posée pour ces raisons). D'où ma perplexité. L'usage qui est fait d'un auteur après sa mort, dans le cas de Nietzsche, ne peut guère être mis en parallèle avec les choix politiques d'un autre dont les écrits, par ailleurs, demeurent purs de toute compromission et ne paraissent encourir aucun reproche d'ordre politique direct. Votre parallèle est celui du cheval et de l'alouette : deux créatures gracieuses, et jouissant de réputations flatteuses, certes mais dans des ordres différents et aux grâces et faiblesses respectives étrangères l'une à l'autre.
Dans Répliques de samedi dernier, il était question de Jünger, et de ses rapports avec Nietzsche. Le premier Jünger, si j'ose dire, le "Travailleur", le Guerrier, l'Affirmateur de toutes choses, fasciné par la violence et par le chaos des machines destructrices, enivré de vie intense et cruelle, me semble bien être l'incarnation de ce que le nietzschéisme a d'effrayant et d'inhumain dans son application pratique.

Cela dit, j'ai toujours un doute quant à la pertinence de cette interprétation ; j'ai gardé à l'esprit, à travers la lecture des témoignages et des biographies, l'image du philologue et musicien raffiné, délicatement parfumé, parlant d'une voix douce, tout entier rassemblé dans sa quête intérieure et dans son œuvre de styliste, ami délicat de Paul Rée, prétendant naïf de Lou Salomé, migraineux presque aveugle, éternel convalescent de Sils Maria à Sorrente : il m'est toujours difficile de voir en cet homme-là un possible précurseur de l'impitoyable et féroce bête blonde du XXe siècle (car son œuvre ne peut en aucun cas être lue séparément de sa biographie, elle en est une émanation directe).
Nietzsche adorait Carmen, de Bizet. On ne le répètera jamais assez.
Si, à compter de ce jour, je me reporte quelques mois plus tôt, je trouve comme signe prémonitoire une modification soudaine et radicale de mon goût, surtout en musique. Peut-être Zarathoustra appartient-il tout entier à la musique : il est en tout cas certain qu’il présuppose une véritable renaissance de l’art d’écouter.

Nous dit Nietzsche dans Ecce homo, parlant de Carmen.

Nietzsche fut d'abord un grand admirateur de Wagner qu'il détesta ensuite (voir le "Cas Wagner"), lui et sa musique, allant vers des musiques de type méridional.

Voyez, Francis, cette citation :

« De l’énorme domaine de l’art qui est anti-allemand et le demeurera et dont une fois pour toutes les jeunes Allemands, les Siegfried cornus et autres wagnériens sont exclus : – le trait de génie de Bizet, lequel a prêté résonance à une nouvelle – ah, si vieille – sensibilité, qui jusqu’alors n’avait encore trouvé aucun langage dans la musique cultivée de l’Europe… »

Nietzsche reproche aussi à Wagner son côté spectaculaire, "commercial" :

« … on trouvait dans la musique de Wagner, insinuante par sa sexualité cachée, un liant pour une société où chacun poursuivait ses plaisirs. .. Les gens qui écoutent Wagner sont dans un état comparable à celui dans lequel plonge le haschisch ».

Alors que Bizet fait appel à des sentiments plus profonds :

« … sensibilité plus méridionale, plus brunâtre, plus hâlée, qui n’est sans doute pas compréhensible à partir de l’humide idéalisme du Nord. La chance africaine, la gaieté fataliste, avec des yeux séducteurs, profonds, épouvantables ; la mélancolie lascive de la danse mauresque ; la passion étincelante, aiguë et soudaine, telle un poignard, et des odeurs émanant du jaune après-midi de la mer, à l’approche desquelles le cœur s’effraie, comme au souvenir d’îles oubliées, là où il séjournait jadis… »

En fait, Nietzsche est l'homme de la mutation, du dépassement. Pour lui, il faut éduquer le goût, mais aussi savoir changer de goût.

On lira avec grand intérêt l'article suivant, d'où ces citations sont tirées :

[leportique.revues.org]

Au-delà de cet article, je dirais que pour Nietzsche Wagner, c'est la névrose, et Bizet la santé.
Notons aussi, Francis, que Nietzsche appréciait beaucoup Mérimée, et que Carmen, c'est aussi un livret remarquable.

L'intérêt de Nietzsche pour Bizet fut tel qu'on dit qu'il fit diriger l'Arlésienne en séance privée par Friedrich Hegar.
» Les reproches que certains adressent au professeur ont trait à ses "choix politiques personnels" et non au contenu de ses ouvrages

Au contenu des ouvrage et à la pensée aussi, cher Francis, et peut-être surtout, dans le cas d'Emmanuel Faye par exemple.
Toujours est-il que ma remarque ne portait pas directement sur les rapports, possibles, réels ou fictifs entre chacun des auteurs et une idéologie et conception du monde de type nazi, mais sur la façon qu’avaient certains intellectuels d'accommoder leur lecture au prisme idéologique qui leur faisait lire ce qu'ils voulaient croire.


» Cela dit, j'ai toujours un doute quant à la pertinence de cette interprétation

Mais cher Quentin, ce n'est justement pas une "interprétation", je crois : les textes sont suffisamment obvies à cet égard, et les idées, certaines lignes directrices d'une pensée très singulière qui s'exprime clairement et s'affirme graduellement, s'agissant surtout du vitalisme, d'un biologisme élitiste incontestable, d'un perspectivisme radical (et fascinant) et de l'affirmation de la primauté absolue du corps et des instincts sur l'esprit et la conscience, lesquels ne sont jamais qu'impedimenta epiphénoménologiques si inopportuns ; et tout cela, bien entendu, quelles qu'aient été d'autre part les dispositions sensibles, psychologiques et physiques de l'énergumène, qui n'avait guère les moyens d'être la blonde brute aryenne qu'il avait si souvent louée et admirée...

« Au fond de toutes ces races aristocratiques, il est impossible de ne pas reconnaître le fauve, la superbe brute blonde rôdant en quête de proie et de carnage... La méfiance profonde, glaciale, que l'Allemand inspire dès qu'il arrive au pouvoir — et il l'inspire une fois de plus de nos jours — est encore un contrecoup de cette horreur insurmontable que pendant des siècles l'Europe a éprouvé devant les fureurs de la blonde brute germanique... » (Généalogie de la morale)

Ne vous méprenez pas, je pense que c'est un penseur considérable, mais ne faisons pas ce qu'il avait lui-même formellement proscrit de faire, ne détournons pas le regard...
Sur un point, Cher Alain, vous avez à mon sens tout à fait raison : il ne faut pas faire semblant de ne pas avoir lu ce qu'on a lu, ni sous-estimer la charge explosive de la pensée nietzschéenne -- son danger. Mais je crois qu'il ne faut jamais oublier, lorsqu'on aborde cette pensée, qu'elle était une vaste entreprise de destruction des idoles métaphysico-chrétiennes, une tentative de redonner sa place à la vie, à l'instinct, au devenir, à la terre, dans un monde corrompu par deux-mille ans de christianisme (selon lui). Dans son "système", je crois qu'il n'y a ni adoration de la "bête blonde", ni vitalisme biologique, ni négation de l'esprit et de la conscience, mais seulement des attaques virulentes contre l'hypertrophie morale et les "arrières-mondes", qui l'amènent incessamment à mettre l'accent sur les aspects vertueux -- quand ils existent -- des réalités prétendues "immorales".

Quand je faisais allusion à sa personnalité et à sa vie, c'était pour affirmer qu'il ne pouvait pas y avoir, à mon sens, un tel décalage entre ce qu'il était et ce qu'il pensait : jamais cet homme raffiné n'a eu, n'a pu avoir, de fascination pour la brutalité aveugle et pour le déchainement pulsionnel sans direction supérieure. La phrase de Paul Valery à son propos : "Penser en Borgia, et vivre en Littré", m'a toujours semblé injuste, car il n'a pas pensé en Borgia. S'il eût vécu en 1933, il aurait fait partie de ceux qui ont senti toute l'abomination de Hitler, comme Thomas et Klaus Mann, comme Zweig, comme Hermann Hesse (tous grands lecteurs de Nietzsche, d'ailleurs).
Mais ça n'est pas incompatible ! Il y a toujours eu dans la culture allemande la coexistence de ces deux tendances.
Niezstche, par haine du christinaisme, vantait aussi l'islam. Quelle pourrait bien être sa position aujourd'hui ?
Je suis d'accord avec Quentin Dolet : Niezstche haïssait la soumission aveugle aux idoles, quelles qu'elles fussent, et prenait avec rage le contrepied de ce qu'elles représentaient.
Il serait intéressant de lire le livre de Claudio Mutti : Nietzsche et l'islam ; hélas il n'est plus disponible (à prix décent du moins) sur papier.
J'ai une lecture sensiblement différente de la vôtre, cher Quentin, en ceci qu'elle privilégie l'aspect foncièrement "anti-moderne" de cette pensée et voit surtout dans le nietzschéisme une formidable machine de guerre lancée contre les réalisations dont cette modernité se targue : le culte de la raison, la démocratie, la création de l'"individu", dont Nietzsche s'efforcera avec une remarquable pugnacité à pulvériser les prérogatives, dont bien sûr l'"humanité" de l'homme, le "sujet", la conscience et donc l'esprit, au profit toujours de l'expression optimale de forces bien plus profondes, telluriques et infra-individuelles, que sont, mais c'est tout un, la volonté de puissance, dont la "vie" n'est qu'une modalité, et le devenir.
Au regard de cet "anti-humanisme" fondamental qui est la conséquence d'une rétrogradation de l'humain dans une échelle des valeurs où il ne constitue plus du tout une fin, loin de là, le reste n'est à mon sens qu'assez anecdotique, variable, contradictoire souvent et peut effectivement être plaisant, raffiné, méridional et léger ; mais pas essentiel.
Je ne crois pas que son vitalisme n'ait été que relatif, visant à un rééquilibrage salutaire et harmonieux entre le corps et l'esprit, l'instinct et l'idée, cela pour le meilleur épanouissement de l'homme et une "réalisation" et un bonheur plus complets, comme vous semblez le suggérer ; je crois qu'il se contrefichait du bonheur de l'homme, il avait d'autres monstres à fouetter.


Chère Cassandre, l'estime en laquelle Nietzsche tenait l'islam ne tient pas selon moi à un effet collatéral de sa détestation du christianisme, par ricochet pour ainsi dire, mais résulte peut-être de l'amour pour l'islam pour ce qu'il avait cru y voir d'original et qui lui plaisait comme tel ; je me permets de recopier ici une réponse faite à Francis à ce propos il y a des lustres de cela...

« ...ceci trop rapidement formulé, mais je ne pense pas que Nietzsche se prive de voir l'islam tel qu'il est, au contraire, et ce qu'il voit lui plaît : le Dieu de l'islam (comme du judaïsme d'ailleurs) est infigurable et inconcevable : cela exige que son paraître dans ce monde-ci soit chargé du maximum de concrétude. À la fois infigurable et totalement présent.
Qu'en subsiste-t-il alors, de ce Dieu aussi inatteignable que manifeste, remplissant sans reste la totalité du réel, toutes sphères confondues, à ce point distant que le lien entre l'apparaître et ce qu'il est censé figurer semble rompu ? Il reste l'apparence toute seule, motif éminemment nietzschéen, rappelant à s'y méprendre ce dépassement tant vanté du monde vrai et du monde apparent dans Le Crépuscule des idoles. »

Sans parler du fait qu'une religion ayant la conquête comme vocation et les idoles en abomination ne pouvait que le ravir...
En effet Cher Alain nous avons une lecture différente de la pensée nietzschéenne, car je le vois beaucoup plus "goethéen" que vous (enfin, il me semble qu'on peut le dire ainsi...) ; mais le fait que ces deux lectures soient possibles, en lui-même, donne un vif intérêt à ces questions. Il y a bien ce que l'on pourrait appeler une querelle entre les tenants du Nietzsche irrationaliste, ou wotanique, et les tenants du Nietzsche "solaire".
Texte de fondation ou texte-tremplin ? Un peu les deux sans doute dans un siècle d'aboutissement qui fut préparatoire au passage du millénaire, c'est du moins la conjecture qui vient naturellement à l'esprit quand on songe à l'implication de Kojève dans la création de l'Europe telle qu'elle se présente aujourd'hui. L'Union européenne fut-elle à Kojève ce que Napoléon en son sacre avait été à F. Hegel — l'Esprit en son stade d'auto-accomplissement et d'auto-couronnement ? La question est chargée de sens, en tout cas, elle s'inscrit pleinement dans l'hypothèse d'une histoire du sens.

Expliquer Hegel à Friedrich Hegel et ce faisant constituer la figure inconsciente de l'empire à venir, en frôler l'idée et, en temps utile, la faire s'actualiser dans le moment historique contemporain:

"Napoléon" est donc le nom magique que Kojève va oser prononcer pour ouvrir les portes du Savoir. a lui-même d'abord, puis aux autres ensuite. Le texte lu jusque-là sans en rien comprendre devient alors transparent. [...] Hegel aurait démontré la fin de l'Histoire et il faudrait admettre que c'est Napoléon. Car Napoléon éclaire restrospectivement toute l'Histoire, de même qu'il ne peut être compris qu'en tant que résultat du processus historique dans la totalité de sa manifestation et de son essence. Mais l'incroyable résiste pour admettre la validité de la démonstration. Et Kojève, qui veut néanmoins démontrer le caractère définitif du résultat napoléonien pendant ses cours est le premier, intimement, à ne pas l'admettre ! Pour autant, la fin de l'Histoire hégélo-napoléonienne (peut-être seulement kojévienne) signifie quelque chose de profond. "Billevesée" sur le plan de la conviction personnelle, il faut la faire apparaître au lecteur sérieux de Hegel comme l'ultime vérité. Car creuser le décalage n'est pas dénué d'intérêt, et Kojève, au lieu de marquer les difficultés de son commentaire de Hegel, préfère les laisser dans l'ombre de sa seule réflexion. En cours, tout doit apparaître clair et définitif. Mais pourquoi un tel camouflage ? C'est qu'il sait que sa lecture de Hegel, présentée comme l'unique possible, ne correspond pas à la lettre du texte hégélien, que la fin de l'Histoire, Napoléon, l'Etat universel et homogène, relèvent davantage de son génie propre que la lettre hégélienne. Non qu'il s'agisse pourtant d'élucubrations personnelles, c'est le contraire qui est vrai : il s'agit bien du fond caché de la pensée de Hegel ! Mais l'important n'est pas pour Kojève l'exégèse objective de Hegel, c'est de tirer les conséquences ultime de son discours et de les imposer. Et il éprouve un très vif plaisir à seulement suggérer que ces conséquences se trouvent dans son commentaire et pas vraiment dans le texte de Hegel, même si Hegel a dû, probablement, penser la même chose que lui. On ne peut pas ignorer à ce jour que Kojève voudra toujours par la suite mettre à jour le Système du savoir hégélien... Symptôme.
Alexandre Kojève, la philosophie, l'Etat, la fin de l'Histoire, par Dominique Auffret, Grasset & Fasquelle, 1990
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