Le site du parti de l'In-nocence

Evolution de la notion de luxe

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
La conversation menée avec Francis sur un autre fil m'amène à soulever la question de la notion de luxe.

Par luxe, je veux dire la dépense superflue, la dépense discriminante, celle qui place celui qui paie dans un autre univers que celui qui ne paie pas.

Deux exemples, ceux de l'hôtellerie et des transports.

L'hôtel de luxe la Belle époque est merveilleux d'aspect. Le luxe, l'espace, sont surtout présents dans les parties communes : magnifiques salons de toutes tailles, salles à manger somptueuses, grands espaces d'accueil... en revanche, les chambres sont souvent petites, mal agencées. Le luxe est dans la partie visible par les tiers, ce qui est logique dans un monde qui attache la plus grande importance à la conversation, aux bonnes manières, au contact.

L'hôtel de luxe actuel est, au contraire, intime. Le concept de "Boutique hotel" fait fureur, certains étant parfaitement réussis. Le client dispose d'un véritable appartement, coupé de ses voisins, avec un équipement et une isolation remarquables et un service personnalisé. Les espaces communs ont disparu.

Les "anciens hôtels de luxe" sont devenus, comme souvent décrit par Renaud Camus, des lieux à "prix promotionnels", sans aucun intérêt.

Dans le domaine des transports, la révolution est encore plus grande.

Les trains de 1910 comportaient trois classes, mais tout le train, en général, arrivait en même temps. Actuellement, le luxe, par exemple sur les lignes du Nord, est de prendre un train plus rapide et surtout où on est totalement séparé de la plèbe, y compris dès l'entrée en gare.

Dans le transport aérien, la "segmentation" a elle aussi évolué. La règle, il y a cinquante ans, était d'avoir deux classes. Air France, par exemple, en a maintenant quatre. Les deux classes avant (première et affaires) offrent un service de haut niveau, avec un excellent siège et des repas de qualité, et surtout de l'espace, aucun empiètement d'un passager sur son voisin. En outre, par un système de salons à l'embarquement et de coupe-files, le passager des classes avant circule comme dans un rêve au sein des aéroports, alors que la plèbe piétine. Dans ce domaine, le luxe est en net progrès.

Donc une image contrastée, il me semble que le luxe ancien était dans la parade, le nouveau dans l'intimité.

Qu'en pensez-vous ?
J'ai parfois l'impression que le transport aérien est devenu prolétaire - peu de place, aéroports déliquescents - alors que le train s'est en partie rehaussé (même si la disparition des couchettes, des cabines dans les trains de nuit, traduit aussi une baisse de niveau...).
Les deux ne sont pas incompatibles, Loïk.

Le transport aérien s'est "démocratisé" (en français, prolétarisé) car les tarifs ont beaucoup baissé, en classe économique. Dans le même temps, le marché s'est segmenté. Par exemple, sur les vols intérieurs, Air France procédait, il y a trente ans, à des embarquements dans le désordre, quel que soit le tarif. Actuellement, les passagers "A Haute Contribution" (jargon) se voient proposer un embarquement prioritaire (ce qui techniquement n'a pas de sens, installer les gens en tête de cabine retarde l'embarquement, mais c'est symbolique) et le siège intermédiaire, dans les configurations monocouloir (jargon) est laissé vacant, ce qui est, effectivement d'un grand confort.

L'aménagement de la cabine affaires, sur vols intercontinentaux, a beaucoup progressé en vingt ans. Voici quelques images :


- la classe affaires modèle 1995 (dite "Espace 127") déjà en net progrès par rapport aux années 80 :

[lh5.googleusercontent.com]


- la nouvelle classe affaire modèle 2014 :

[www.businesstraveller.com]

Le passager peut complètement s'allonger et surtout est complètement isolé des autres passagers.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter