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Communiqué n° 1724 : Sur le monde comme “parc à thème"

Communiqué n° 1724, jeudi 19 juin 2014
Sur le monde comme “parc à thème"

Le parti de l’In-nocence invite à s’interroger d’urgence, à propos de la France, de l’Europe, mais aussi de la civilisation en général, sur l’évolution insoutenable du tourisme de masse, considéré désormais exclusivement comme un ensemble d’activités économiques, dont il s’agit sans cesse, en une course démente vers les records de fréquentation et de profit, d’accroître les sinistres “retombées”. Les sites et les monuments les plus célèbres et les plus visités se voient sommés, à l’exemple du pont du Gard ou des châteaux de la Loire, à se constituer en “parc à thème”, c’est-à-dire à abdiquer, au profit du divertissement mondialisé, tout ce qui les avait fait uniques. Ni Chambord ni le Louvre ni la Cité de Carcassonne ne sont des “marques”. Et les mêmes qui n’ont à la bouche que l’“exception culturelle” feraient bien de se souvenir que la planète elle-même, ses paysages, ses plus beaux édifices, ses chefs-d’œuvre, seraient à soustraire au plus vite à l’industrie du même nom, qui fait d’eux sa matière première.
Muray déplorait la transformation du monde en "parc d'abstractions" - le réel ayant disparu derrière lesdites abstractions. Son idée n'était pas très éloignée de cet admirable communiqué !
Puis il y a l'offre grandissante "retour au tribalisme", avec ces safaris en Ardèche, ces nuits dans des yourtes dressées au cœur des Cévennes, ces semaines passées en famille dans des cabanes perchées au beau milieu des Pyrénées. Le tourisme aura réussi l'exploit, à force d'abâtardissement et d'exotisation délirante des lieux, d'en quelque sorte déchoir de sa naturalité le paysage français. Dépayser le paysage...
Utilisateur anonyme
20 juin 2014, 15:43   Re : Communiqué n° 1724 : Sur le monde comme “parc à thème"
Ce qui arrive aux châteaux est au fond la même chose que ce qui arrive à l'école, quand les professeurs de français prétendent faire récrire par leur élèves certains passage de Molière (mettons) en version rap. Je me souviens aussi d'une gentille allumée qui faisait étudier Bel-Ami à ses élèves en leur faisant créer des profils Facebook pour chaque personnage — pour cela je crois bien qu'elle avait reçu les félicitations de l'IUFM.

Le pire, c'est qu'ils vous expliquent avec un sérieux à toute épreuve qu'ils ont ainsi “fait” Molière ou Maupassant, que ça a super bien marché, et qu'il faut vraiment le dernier des réactionnaires passéiste pas sympa pour oser penser qu'avec ces merveilles d'invention pédagogique la littérature puisse être en perdition.

Il existe en anglais un verbe qui décrit bien ce qui arrive aux châteaux autant qu'à l'école : being bastardized.
Utilisateur anonyme
20 juin 2014, 18:28   Re : Communiqué n° 1724 : Sur le monde comme “parc à thème"
Bétonner puis brader.
L'homme est un touriste pour l'homme.
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