Le site du parti de l'In-nocence

La culture en ce siècle

Envoyé par Marcel Meyer 
12 juillet 2014, 10:27   La culture en ce siècle
Trois articles sur la culture sont annoncés sur la page d'accueil du Monde :

L'un nous apprend que le personnel du Festival d'Avignon, dont le grand événement aura été cette année le spectacle "chic" (sic) d'une actrice déféquant sur scène, vote la grève samedi.

Le second passe aux choses sérieuses : la mort de Tommy Ramone, batteur, un des membres fondateurs du groupe punk rock américain The Ramones.

Le troisième, enfin, prend de la hauteur : l'effondrement, matrice des séries contemporaines.

On ne saurait mieux dire.
12 juillet 2014, 12:07   Re : La culture en ce siècle
Ce goût pour les séries télévisées, que tout le monde se doit d'afficher (avec la bénédiction du Monde, des Inrocks et de Télérama), est vraiment horripilant. Je regarde actuellement la série (il faudrait d'ailleurs dire le film) de Fassbinder Berlin Alexanderplatz ; il me semble qu'elle pourrait faire l'objet d'une recension dans une chronique culturelle. En trouve-t-on seulement deux ou trois qui dépassent les cadres du divertissement et du spectacle hollywoodien depuis 1980 ? Berlin a été un succès, paraît-il (j'étais un peu trop jeune pour me souvenir de son passage à la télévision française). Je ne pense pas qu'elle serait aujourd'hui diffusée en prime time.
12 juillet 2014, 13:54   Re : La culture en ce siècle
Oh, il n'y a pas de raison, me semble-t-il, d'être horripilé par les séries en général, il y en a pour tous les goûts et de niveaux d'intérêt très variés. Et puis c'est souvent là qu'on trouve la plus grande liberté de ton. Sur les trois articles en question, n'est-ce pas celui consacré aux séries qui dit le plus de ce qui advient ?
12 juillet 2014, 14:14   Re : La culture en ce siècle
Ce ne sont pas tant les séries elles-mêmes qui m'horripilent que le discours sur les séries ("il y en a de vraiment bonnes", etc.) qui cherche à les faire entrer de toutes forces dans le bric-à-brac moderne qu'on nomme "la culture". Cela dit je n'ai pas pu lire l'article, n'étant pas abonné.
Je me permettrai de défendre ici les séries (pas toutes évidemment), car elles se permettent ce que le cinéma Hollywood ne se permet plus : le développement d'un sujet, un vrai travail de scénario et leur réalisation est souvent impeccable. On trouve des séries qui sont aussi abouties que certaines suites de films. Elles constituent aujourd'hui le fer de lance de la production exigeante de Hollywood.
La série "The Americans" que je suis en train de visionner, qui met en scène un couple d'agents du KGB sous couverture, vivant dans années Reagan comme des Américains moyens, avec des enfants ignorant la véritable activité de leurs parents, est aussi fascinante que "Les Perses" d'Eschyle, car ce sont des Américains qui adoptent le point-de-vue de l'ennemi et conduisent à prendre son parti. Il y reste toujorus des touches mélodramatiques, comme dans la plupart des oeuvres américaines, mais l'ensemble se constitue en réflexion sur la question de l'engagement, du partiotisme, de la tension entre fidélité à sa famille et à sa patrie, sur la fin de la Guerre Froide, sur la différence de mode de vie et de mentalité entre les Russes soviétiques (ou non, d'ailleurs) et les Américains, sur la société de consommation.
La série anglaise "Downton Abbey" est une longue reprise de "Gusford Park" et de "La Règle du jeu", avec les mêmes questions mises en scène et une réalisation impeccable.
Le roman peine à réfléchir sur notre époque. Le cinéma s'en désintéresse souvent ou manque de temps. La série peut prendre en charge le questionnement sur l'époque et, au-delà sur la condition humaine à différents moments de l'histoire, sans limite de temps, ni de moyen.
Comme beaucoup de cinéphiles qui sont malheureux devant la plupart des films récents, je retrouve un certain plaisir à suivre certaines séries de qualité, notamment les productions de HBO, de Netfix et de Granada.
"On estime le coût de l'ensemble de la saison 1 de Broadwalk Empire à 65 millions de dollars Une grosse somme mais pas un record !"

En effet, la série UMP fait beaucoup mieux.
Utilisateur anonyme
16 juillet 2014, 13:16   Re : La culture en ce siècle
Louis Sarkozy, fils de qui vous savez (un autre de ses fils est DJ, il me semble) :

Utilisateur anonyme
16 juillet 2014, 13:23   Re : La culture en ce siècle
Je note cependant que certains aiment la culture, au point de se l'approprier, littéralement.

Rapport de la Cour des comptes paru hier (vous noterez l'utilisation de l'expression "non vu") :

"Des récolements très tardifs et l’absence de cadre juridique pour le patrimoine mobilier

Les objets mobiliers déposés dans les résidences présidentielles par le Mobilier national et les musées nationaux sont suivis par une chargée de mission spécialisée, en lien avec ses correspondants des institutions déposantes. Des inventaires exhaustifs (qui consistent à revêtir chaque objet d’un numéro d’identification) ont été réalisés (ils sont désormais informatisés) et des récolements (c'est-à-dire le constat de la présence physique des objets) sont programmés tous les cinq ans (Mobilier national) ou tous les dix ans (musées nationaux). Les rapports définitifs relatifs aux récolements de mobilier de 2012 ne devant être prêts au mieux qu’à l’automne 2014, la Cour n’a pas été en mesure de constater sur la base de rapports actualisés si de nouveaux objets sont déclarés « non identifiés » ou « non vus » depuis le récolement de 2007, quelle part des objets non vus lors des précédents récolements a été retrouvée et si de nouvelles disparitions sont à déplorer. Selon les éléments remis à la Cour, il ressort des récolements effectués en 2012 que pouvaient être considérés comme « non vus », à cette date, trente-deux oeuvres déposées par les musées nationaux et six cent vingt-cinq meubles du Mobilier national. L’absence de récolements disponibles à jour ne permet pas de savoir celles de ces « disparitions » qui sont récentes et celles qui sont plus (voire très) anciennes. Ce point fera l’objet d’un suivi particulier lors du prochain contrôle.

A cet égard, la Cour s’étonne que les récolements du mobilier mis à la disposition de la Présidence, réalisés dans les semaines qui précèdent la fin du quinquennat, ne soient disponibles que plus de deux ans après le départ de l’équipe présidentielle sortante. Elle ne peut qu’inviter à ce que des discussions soient ouvertes sans délai entre les services de la Présidence et les déposants, singulièrement l’administration du Mobilier national, afin qu’il soit remédié à cet état de fait, dans le souci de l’intérêt général et de la préservation du patrimoine national. Un délai de publication du résultat des récolements ne dépassant pas l’année qui suit la date de fin du mandat présidentiel devrait être considéré comme un maximum.

(...)

Enfin, il est impératif de ne pas s’interdire à l’avenir de déposer plainte de façon systématique dès la constatation d’un « non vu ». L’expérience a montré que cette procédure, dissuasive, permet souvent le retour d’une partie significative des objets supposés disparus."
17 juillet 2014, 16:49   Re : La culture en ce siècle
Pour aller dans le sens de plusieurs des intervenants, j'ai vu avec passion la série télévisée "Un village français". J'avais beaucoup apprécié "Heimat", qui est une mini-série télévisée allemande.
Il y a des romans courts, il y a des des romans de cinq cents pages, il y a aussi les formats "Crime et Châtiment", "Guerre et Paix", "Les Thibault", "À la recherche du temps perdu", "Les Misérables", "Les Hommes de bonne volonté" (soit d'environ mille pages à environ dix mille pages).
Au cinéma, la variation de taille - en l'occurrence de durée - est bien moindre : d'environ un à deux, exceptionnellement d'un à trois (une exception confirmant la règle est "Guerre et Paix", de Bondartchouk, en quatre époques, significativement tirée d'un roman).
La série télévisée est l'équivalent du roman de très longue haleine (une cinquantaine d'heures pour "Un village français", soit un temps du même ordre de grandeur que celui de la lecture des "Hommes de bonne volonté").
C'est très prenant et puissant. On connaît tel personnage comme on connaît Charlus, Antoine Thibault, ou encore Vorge dans "Les Hommes de bonne volonté".
On dira que, visant le grand public, ce ne peut être que médiocre. Certains films populaires ne sont pourtant pas si médiocres que ça. On ne voit donc pas pourquoi une série télévisée serait par essence condamnée à la médiocrité.
Cher Christophe, je ne savais pas que Louis Sarkozy avait de tels tatouages...
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter