Le site du parti de l'In-nocence

Les progrès de la civilisation

Envoyé par Thierry Noroit 
On lit non sans surprise sur le site numérique du Monde des titres comme celui-ci :

Luis Suarez ne mordra plus

On s'interroge. Puis tout s'éclaire :

Le joueur du FC Barcelone Luis Suarez s'est expliqué sur son geste lors d'une conférence de presse. Il a expliqué qu'il tentait d'oublier cet évènement et a assuré qu'il ne recommencerait plus. Le footballeur avait mordu l'Italien Giorgio Chiellini lors d'un match du Mondial en juin au Brésil.

Il faut dénoncer sans relâche le sport, la compétition, avant-poste de la décivilisation en cours, et un monde où le fait qu'un humain qui gagne formidablement bien sa vie en tapant dans un ballon ne "mordra plus" puisse constituer une nouvelle digne des grands titres du Monde.
1° Je suppose que vous n'en avez pas au sport, si excellent et indispensable pour la santé des sédentaires que nous sommes presque tous devenus, mais au spectacle du sport de compétition. Alors, pourquoi vous exprimer ainsi, sinon par négligence et aussi, je le crains un peu, goût de l'extrémisme verbal, du bruit : dénoncer le sport, tout le sport, même la course matinale, ça a plus de gueule que de dénoncer le spectacle du sport de compétition.

2° La lutte pour l'emporter sur les congénères est une des grandes passions humaines et animales. Dans le sport de compétition regardé, cette lutte prend une forme particulièrement imaginaire : je ne lutte pas pour être le numéro un, je participe émotionnellement à une lutte de ce type. Cet aspect imaginaire n'a rien d'une aliénation, ou alors il faudrait condamner, par exemple, la lecture des romans, lecture qui consiste à s'intéresser au sort de personnages imaginaires.

3° Le goût pour le spectacle du sport de compétition est moins développé dans les classes sociales supérieures. Donnons quelques raisons à cela.
a) Les membres de ces classes, ont, au cours de leur vie, des parcours professionnels ascendants : qui est réellement engagé dans une lutte contre ses rivaux est moins intéressé par la lutte imaginaire (pour prendre un exemple : un ouvrier a, au cours de sa vie, une carrière bien plus prévisible et bien moins ascendante que ne l'est celle d'un écrivain ; de plus, le succès relatif d'un ouvrier ne se bâtit pas sur l'échec relatif des autres ouvriers, tandis que le nombre de places d'écrivains connus est étroitement limité : et la gloire des uns est l'obscurité des autres).
b) Les membres de ces classes sont souvent tellement politisés qu'ils trouvent suffisamment dans la politique ce que d'autres trouvent dans le spectacle du sport.
c) Enfin, et cela joue surtout pour ceux d'entre eux qui ont des professions intellectuelles, ils tendent à avoir des distractions qui elles-mêmes sont plus intellectuelles que ne l'est le spectacle du sport.

Il n'y a donc pas tellement lieu de se féliciter de n'être pas intéressé par le spectacle du sport, et il n'y a pas tellement de quoi se sentir supérieur à ceux que ces spectacles intéressent.
En général, est-ce qu'on ne peut pas se passer de manifester du mépris pour les gens qui diffèrent de nous, et laisser les gens tranquilles dans leurs plaisirs : que celui qui aime la chasse chasse, que celui qui aime regarder un championnat du monde le regarde, et que celui qui aime les hommes les aime ?
Cher Monsieur,

On sent que vous éprouviez un fort besoin de vous exprimer sur le sport de compétition et que mon malheureux message vous aura, vous aura juste oserai-je dire, servi de tremplin. Il me semble que vous avez tout loisir pour vous exprimer sur tout sujet et pour vous distinguer ainsi le plus souvent des positions qui paraissent dominantes au PI et dans ses parages, sans pour autant alléguer la "négligence" ou le "mépris" ou le sentiment de supériorité de celui qui ne pense pas comme vous.

Je n'ai jamais mordu quiconque de ma vie, en public, et à l'âge adulte, et n'envisage pas de le faire, quel que soit le degré de passion alors éprouvé. C'est ma seule supériorité humaine, mais elle est réelle, sur ce malheureux footballeur dont la promesse faite de ne plus jamais mordre ses adversaires constitue une nouvelle internationale digne des plus grands journaux.

Où est l'esprit de Pierre de Coubertin ?
Faut-il vraiment une longue démonstration pour condamner ce qu'est devenu le sport de compétition ? Il suffit peut-être de rappeler qu'il y a un siècle, "être sport" signifiait être loyal, sans rancune, faire preuve de fair-play, être beau joueur...
André Page :
« Il n'y a donc pas tellement lieu de se féliciter de n'être pas intéressé par le spectacle du sport, et il n'y a pas tellement de quoi se sentir supérieur à ceux que ces spectacles intéressent.
En général, est-ce qu'on ne peut pas se passer de manifester du mépris pour les gens qui diffèrent de nous, et laisser les gens tranquilles dans leurs plaisirs : que celui qui aime la chasse chasse, que celui qui aime regarder un championnat du monde le regarde, et que celui qui aime les hommes les aime ? »

Ceux qui aiment ces spectacles, font la fortune de ces soi-disant sportifs !
Oui, on peut sans peine se sentir supérieur à ceux-ci, leur but n'est pas le sport, et le hasard y est pour beaucoup ! et tient plutôt de la Française des jeux ! ( la plus grosse boîte de France ) . J'entends déjà mes oreilles siffler !
Que seront -ils à 40/50 ans ? des loques bouffies, mais certainement pas des exemples comme le défunt Mimoun !
Oui les championnats du monde ! mais savez-vous que l'athlé ne paie pas même à haut niveau ! notre fortune c'est la santé et la longévité : la vengeance est un plat ....!
De toute façon, cher M. Couchard, André Page cherche à déconsidérer tout intervenant à raison qu'il se sentirait "supérieur" ou se montrerait "méprisant". Combien de fois aurai-je entendu ce genre de remarques dans ma vie ! Remarques qui n'ont strictement aucune valeur, et surtout pas sur ce forum, où nous n'avons aucune raison de cultiver la fausse humilité et la contrition. Nous serions, je suppose, j'espère, plutôt nietzschéens que chrétiens, et n'avons pas de considération particulière pour le faible ou l'opprimé, disons plus précisément pour la posture du faible ou de l'opprimé. Pour ma part, je n'ai de considération que pour la vérité. Tant pis si elle est blessante. Ou aristocratique. Ou inégalitaire.
Utilisateur anonyme
21 août 2014, 17:34   Re : Les progrès de la civilisation
« Nous serions, je suppose, j'espère, plutôt nietzschéens que chrétiens (…) »

Ah ?
Oh cher M. Chastagnac, je pense qu'on a toujours tort d'employer le "nous", aussi pardonnez-moi cette simplification hasardeuse. Qui, même pour mon cas seulement, n'est d'ailleurs pas exacte. Pourvu que M. Eytan ne porte pas les yeux sur mon message qui citait avec tant de légèreté un philosophe. Je pense que vous voyez quand même ce que j'ai voulu dire : ce n'est pas bien difficile à comprendre.
Eh bien si, cher Thierry, j'y ai porté un œil ! Mais bon sang, qu'est-ce que vous racontez ?!?
Oh, je plaisante... mais disons que personnellement, par affinité ridiculement sentimentale, j'aurais plutôt un faible pour le "chrétien", justement, qui est incontestablement plus menschlich, alors que le "nietzschéen" en grande posture, regard allumé en marche par-dessus l'humain, houlà, faut tout de même se le farcir, l'hurluberlu....
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter