Olivier Roy sur l'Etat islamique

Admiré par E. Plenel, 'le' Roy est de retour. Il qualifiait Al-Qaeda d'épiphénomène. Il fait pareil avec l'Etat islamique, moins une réalité, ou alors une réalité négligeable (une pensée pour tous les zigouillés, quand même), qu'une idéologie sans avenir.

[www.liberation.fr]


Puis cet extrait d'une interview tout aussi impayable au Monde, dans laquelle cet auteur qui passe sa vie à se tromper (cf. L'échec de l'islam politique), d'où son succès, se livre à l'inévitable exercice de désislamisation de l'islam:

"La mise en scène n'a rien d'islamique : elle rappelle le « procès » d'Aldo Moro fait par les Brigades rouges italiennes en 1978. La décapitation est aussi un cliché de films ou de séries – qu'on pense à la série « Highlander » par exemple. Il faut frapper les imaginations."

"...dans laquelle cet auteur qui passe sa vie à se tromper (cf. L'échec de l'islam politique), d'où son succès."

Excellent.

Mais oui, Cher Quentin Dolet, mais oui, se tromper requiert un talent bien plus grand qu'avoir raison, c'est l'évidence même, surtout quand, comme Olivier Roy, on possède un don d'infaillibilité tellement puissant qu'il incline même le sens, jusqu'à lui faire prendre l'allure du non-sens. Le succès arrive quand le sens n'en peut plus de vouloir se dire tout de même, à l'endroit, et qu'il renonce, vaincu par le talent infaillible de celui qui sait bien que la question n'est pas là.

Le Vert N.Mamère, qui sur le même sujet a lui aussi tout compris avant les autres, déclarait il y a quelques mois dans Rue 89 : " L’Etat a fait de l’Islam, deuxième religion de France, un culte discriminé "

La vulgate anticommunautariste n’est qu’un prêt-à-penser inutile pour comprendre notre société multiculturelle.

Au nom de l’universalisme, on a trop longtemps eu tendance à nier le rôle de la religion dans la société française. L’Etat a fait de l’Islam – deuxième religion de France – un culte discriminé sans que le législateur tente de résoudre les problèmes vécus au quotidien par les fidèles (comme les carrés musulmans au sein des cimetières, la régulation du marché de la viande hallal ou la construction des mosquées).
Sous prétexte de combattre les signes religieux ostentatoires, on a privilégié la seule lutte contre le voile et inventé de nouvelles discriminations pour des femmes qui se voient doublement mises à l’index : en tant qu’arabe et musulmane, ne pouvant plus travailler dans certains établissements, et stigmatisées dans tous leurs actes quotidiens.

De fait, un racisme d’Etat, utilisant l’amalgame entre musulmans, islamistes, terroristes et immigrés, s’est lentement insinué dans la société française, préparant le terrain à des conflits de civilisations à l’échelle des territoires.

Le moment est venu pour la France de prendre cette question à bras-le-corps. Si on ne lui donne pas de réponse autre que répressive, elle va nous revenir au visage comme un boomerang.

Rue 89

Je ne sais pas pourquoi mais j'ai ta tendance à oublier Noel Mamère. De toute évidence, au vu de ce qui précède, je ne devrais pas. Sinon, quelqu'un sait-il où est passé Alain Badiou? Ce retrait, ce silence, je m'interroge... Si ça se trouve, il nous couve quelque chose, du genre le livre définitif sur la religion opprimée.

Si ça se trouve, il nous couve quelque chose, du genre le livre définitif sur la religion opprimée.



Je crois que Badiou, qui lui aussi a passé toute sa vie à se tromper, et même à se tromper grandement, ne dira rien. L’islam, les djihadistes "français" des cités, les immigrés africains avec ou sans papier, tous font partie de la grande famille des opprimés. On ne débat pas de la misère et du malheur .

Et pourtant, hélas, il me semble que cet homme ne dit pas que des bêtises : je crois en effet que l'"État islamique" est une sorte de figuration d'un fantasme, réellement coupeur de têtes tant qu'il sévit, mais leurre quand même, presque un simulacre, aussi sinistre soit-il, voué à échéance à disparaître, tant il est commodément désigné comme idéal ennemi à abattre par la vindicte de tous, et principalement de ses propres coreligionnaires.
Je ne suis pas du tout convaincu non plus que concernant l’Égypte, par exemple, il se soit si magistralement trompé : en définitive, jusqu'à présent tout du moins, l'Égypte a effectivement expectoré l'islamisme et les Frères musulmans, convaincant ceux-ci d'incapacité foncière à diriger le plus grand des pays de l'islam sunnite ; on ne peut pas l'ignorer...

Quelques chiffres sur l'ampleur des atrocités commises, en un mois, par les acteurs de cet "épiphénomène" (O. Roy) qu'est le djihadisme.


En novembre, le djihad a causé plus de 5 000 morts dans le monde

Cependant que le cheikh d'Al-Azhar a condamné les crimes de l'EI — effort surhumain qui montre combien les institutions sunnites redoutent que cette branche en plein essor international ne finisse par leur faire vraiment de l'ombre. Les condamnations prononcées ne sont tout de même pas allées jusqu'à faire des membres de l'EI des "infidèles". Avec l'islam, il ne faut jamais rêver.

Voyez aussi cet échange, sous l'article mis en lien par Pierre Jean Comolli :

À un certain "Géronimo" qui avance ceci :

« Chers Amis modérateurs, quand les Décodeurs osent faire un article qui stipule que plus de 5000 morts sont causés par le djihad islamique en un seul mois, vous ne m'en voudrez certainement pas d'oser - à mon tour et avec votre permission - un parallèle avec le nombre de morts causés par les autres religions monothéistes et notamment le christianisme hein ? Le chiffre étant de....zéro. Merci.... Trop aimables. »,

une Aline Maginot, qui semble faire partie de la rédaction du Monde, répond simplement :

« On ne soigne pas la peste par le cholera. »

En somme, christianisme et judaïsme sont à l'islam radical ce que le choléra est à la peste et les épouvantables massacres dont parle l'article ne sont en somme que les conséquences du monothéisme.

Par-delà le déni, au-delà du réel: [campvolant.com]

Il n'y a pas un monde entre les djihadistes et l'islam mais mille galaxies, à tel point, si l'on suit M. Roy, qu'il faudrait commencer, par exemple, par flouter et biper TOUTES les revendications d'auteurs de crimes islamistes (c'est une suggestion). Tous les crimes islamistes, et tous les agissements de cette nature, qui en réalité n’existent pas, doivent être désislamisés et requalifiés. Sur la durée, grâce à quels moyens? Je ne sais pas... Un logiciel correcteur/"renommeur" pourrait, peut-être, remplir cette tâche immense.

Titre de la notice Wikipedia rédigée par un certain Edwy Plenel sous la supervision du réviseur Clémentine Autain appliquant la méthode "Roy":

L'attentat plapliplapla contre Charlie Hebdo du 7 janvier 2015.

J.K Rowling propose, pour l'instant, "so-called Islamic terrorists":


J.K. RowlingCompte certifié
‏@jk_rowling
.@peeyushmalhotra Eight times more Muslims have been killed by so-called Islamic terrorists than non-Muslims.

Ce qui signifie qu'un terroriste qui tue des musulmans et des non-musulmans ne peut être qu'un prétendu terroriste islamiste. Même s'il tue dans les deux cas au nom de l'islam. Il faudrait qu'il se contente de massacrer au nom d'Allah uniquement des non-musulmans.

Citation
Pierre Jean Comolli
Par-delà le déni, au-delà du réel: [campvolant.com]

Il n'y a pas un monde entre les djihadistes et l'islam mais mille galaxies, à tel point, si l'on suit M. Roy, qu'il faudrait commencer, par exemple, par flouter et biper TOUTES les revendications d'auteurs de crimes islamistes (c'est une suggestion). Tous les crimes islamistes, et tous les agissements de cette nature, qui en réalité n’existent pas, doivent être désislamisés et requalifiés. Sur la durée, grâce à quels moyens? Je ne sais pas... Un logiciel correcteur/"renommeur" pourrait, peut-être, remplir cette tâche immense.

La proposition, "logique", de Fabius et la réaction, parfaite, de Christian Combaz:

«Terrorisme plutôt qu'islamisme»: parlez-vous le Laurent Fabius?

M. Le Pen, elle, nomme (le NYT offre la version française de la tribune):

Bien nommer la menace