La presse et Renaud Camus

Le Journal paru ce jour nous dit ceci :

Ce qui est saisissant c’est que tous les journalistes sans exception reprennent mot pour mot et sans y changer un iota cette expression ... (et) aussitôt après, pareillement comme un seul homme, ils définissent le Grand Remplacement comme l’expression d’une angoisse sur la population blanche et chrétienne de l’Europe menacée, selon l’écrivain d’extrême droite Machin-Truc, donc, de submersion démographique et de substitution.

...

Le ciel m’est témoin que pas une seule fois dans mes écrits sur la question... je ne parle de population blanche et chrétienne ... je parle de peuple français et de civilisation européenne. Mais non, rien à faire : population blanche et chrétienne.


Cela me semble contredit par les archives.

Libération, qui est le prototype du journal de gauche, écrit dans un long article le 18 novembre :
[www.liberation.fr]

Au cœur de ce rassemblement, la thèse du «grand remplacement» développée par l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus. Cette journée se voulait d’ailleurs intellectuelle, Camus se présentant comme le «logothète», celui qui forge les mots. Il tient ainsi à ce que son «grand remplacement» n’apparaisse pas comme une théorie mais comme une «réalité» - le remplacement d’une «population française de souche par les immigrés» - qui «se manifeste visiblement». Le Bloc identitaire vient d’ailleurs de lancer un Observatoire du grand remplacement, en partenariat avec Camus, pour en lister et en relayer les «preuves».

Le Monde, le 23 janvier, là encore dans un article de fond, écrit :
[www.lemonde.fr]

« Le Grand Remplacement est le choc le plus grave qu’ait connu notre patrie depuis le début de son histoire puisque, si le changement de peuple et de civilisation, déjà tellement avancé, est mené jusqu’à son terme, l’histoire qui continuera ne sera plus la sienne, ni la nôtre. » C’est en ces termes alarmistes que l’écrivain Renaud Camus, proche du Front national, a lancé en septembre 2013 un manifeste intitulé : « Non au changement de peuple et de civilisation ».

Depuis deux ans, cette « théorie du remplacement » du peuple français « de souche » par d’autres peuples, principalement venus du Maghreb et d’Afrique, connaît une popularité grandissante dans les milieux d’extrême droite, voire de droite.

Et le Nouvel Observateur, le 11 juin :
[rue89.nouvelobs.com]

« Le grand remplacement », l’expression qui dénonce le prétendu « remplacement » du peuple français par d’autres peuples, plaît depuis longtemps dans les milieux d’extrême droite. Grâce aux éditorialistes Eric Zemmour ou Ivan Rioufol et à la famille Le Pen, elle occupe de plus en plus d’espace médiatique.

Dans ces articles de fond, il n'est absolument pas question d'une population blanche et chrétienne.

Il y a donc quelque part une sorte d'effet d'optique qui amène à voir ce qui n'est pas, ou plutôt à tirer de quelques phrases figurant dans une dépêche AFP (celle d'Anne Pascale Reboul), sous droit de copie AFP et reprise comme telle sans signature de journaliste, des conclusions générales démenties par une analyse poussée.

Ils mettent entre guillemets tout ce qui relève du réel en tout cas, c'est très pratique.

Les Français de souche sont majoritairement blancs et chrétiens, non ? Cf De Gaulle : "Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne."

C'est implicite dans l'idée de Grand Remplacement.

Le "Remplacement" est toujours associé par la presse que vous citez à l'extrême-droite. Procédé visant apparemment
à disqualifier le sujet.
Les in-nocents revendiquent-ils une identité d'extrême-droite? Seule, la soi-disant "extrême-droite" verrait-elle des modifications du paysage? Je me perds en conjectures.