M. Ayrault, dans le "discours" qu'il a prononcé dimanche soir, discours qui tenait du genre fort ancien de l'oraison funèbre, mais modernisé en oraison funèbre de soi ou de son action politique - l'auto-oraison funèbre -, a dit quelques mots étonnants et détonants (de la dynamite - mais dans la bouche d'Ayrault, cette dynamite a fait long feu), qu'aucun commentateur n'a entendus (le discours était inaudible et sans doute incompréhensible) et qui ne sont relevés dans aucun organe de presse (à vérifier cependant) : "sauver la France" (il faut sauver la France ou la mission qui incombe à un gouvernement digne de ce nom est de sauver la France), répétés deux fois. Le mot "France" a été répété plusieurs fois dans d'autres contextes, là où les socialos disent habituellement "ce pays" ou "la" ou "notre" société" ou "l'Europe". Ce fut un discours franco-centré : centré sur la France (une hérésie pour un socialo sans-frontiériste) et sur la thématique du "sauvetage" (pas encore du Sauveur), alors que les socialos, qui ne croient qu'à diable et à bête immonde, tiennent la thématique du "sauveur" (avec une s minuscule) pour caractéristique de la droite - la droooaaate - mais de la droite extrême.
Ce discours, nul sur le plan rhétorique, a deux mérites immenses : ne plus nier la réalité (s'il faut sauver la France, c'est que la France est menacée dans son être et son existence, et pas seulement dans sa prospérité) et exprimer enfin, à l'article de la mort politique certes, un véritable attachement (sincère ? "de façade" ou simplement "de bouche" ?) à la France.
On espère cependant que l'objet de l'oraison funèbre de ce dimanche - ce sur quoi elle portait vraiment - était la carrière politique de M. Ayrault (comment un individu qui parle aussi mal a pu faire une carrière politique de premier plan et même a pu être professeur - certes de collège - mais professeur quand même ?), et non la France. D'un socialo, il faut s'attendre au pire.