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Soumission, de Michel Houellebecq

Envoyé par André Page 
Je progresse à l'aide Bruno Viard.
Houellebecq a la passion de l'égalité, au point de se manifester fortement contre la liberté. La liberté, c'est la liberté des hommes attirants de monopoliser les femmes séduisantes au détriment des êtres semblables à Houellebecq et à ses personnages, c'est la liberté des femmes de se délurer et de devenir de mauvaises mères au lieu de s'occuper de leur progéniture, et c'est en général la liberté des forts contre les faibles, or Houellebecq est du côté des faibles, du côté de la pitié - en termes de références philosophiques, ça se dit : du côté de Schopenhauer contre Nietzsche (ces références philosophiques passent probablement largement au-dessus du lecteur moyen, cela dit, il aime être impressionné par des références qu'il ne comprend pas très bien, et Houellebecq aime certainement converser via ses livres avec les nombreux universitaires qui le lisent et l'étudient et écrivent sur lui, lesquels universitaires aiment à trouver chez un auteur autant de théorie que possible) - il se sent à l'origine "de gauche" (sa pitié, évidemment, a des limites, notamment envers les femmes au corps vieillissant (et envers les mauvais pères et les mauvaises mères) - elle tourne facilement en rage).
Or Rediger, le prosélyte de l'islam (j'emploie le mot au sens de : qui fait du prosélytisme en faveur de l'islam), se prononce pour l'inégalité sociale - via Nietzsche - et pour l'inégalité sexuelle - les riches et les importants ont plusieurs épouses, les pauvres se débrouillent avec ce qui reste, et contre Jésus le compatissant (via Nietzsche, toujours).
Ajoutons, en plus, que Houllebecq s'est prononcé (à la télé israélienne) pour ce que le christianisme contient de polythéisme - les cultes de dulie et de latrie - et que Rediger raille tout ce qui n'est pas monothéisme strict.
Ajoutons encore que ce pauvre Rediger qui cherche à convertir Houellebecq n'a pas de mots assez durs pour les islamistes de gauche, aussi aberrants dit-il que les nietzschéens de gauche.
On voit que Houellebecq ne place pas dans la bouche de Rediger des arguments qui vont dans sa ligne idéologique. Rediger, c'est au contraire un impressionnant ensemble d'arguments qui sont tous des arguments anti-houellebecquiens en diable (c'est le cas de le dire...), Rediger, c'est la figure de l'ennemi.
L'islam, c'est l'ennemi.
J'ai fait allusion, dans mon billet précédent, à un problème que j'avais : traiter de René Guénon, auteur que je connais mal. Pourquoi Rediger s'y réfère-t-il ?
Mon problème est résolu : certainement parce que Houllebecq le vomit.
Et pourquoi le vomit-il ? Je pense très probable ceci : Houellebecq aime les sciences, la confiture hérmétiste à la René Guénon lui soulève le coeur.

On voit à quel point ce roman est sur une position hostile à l'immigration musulmane et à l'islam, même si, dans ses entretiens, le couard Houellebecq le nie. On voit à quel point, de toutes les positions politiques qui existent en France, le gaucho-lepénisme (ou marinisme, ou phillipotisme, ou marionisme) est la position envers laquelle Houellebecq a le plus d'affinités : en matière sociale, de gauche. ; en matière civilisationnelle (ou sociétale, comme on dit) réactionnaire ; en matière d'immigration, hostile aux Beurs, aux Arabes, aux musulmans.
Alors évidemment, il peut mettre Marine Le Pen au défi de le récupérer, il peut dire qu'il ne s'intéresse pas à la politique (tu parles...), il peut faire le pitre au point que personne n'aura envie de se réclamer de lui...
Comme l'a dit je ne sais qui de je ne sais quel artiste qui avait refusé la légion d'honneur : encore aurait-il fallu ne pas l'avoir méritée. Ou : il a refusé la légion d'honneur, mais toute son œuvre l'accepte.
Si Houellebecq avait voulu rendre l'islam attirant, houellebecquien, il avait différentes lignes possibles :
Les deux principales :
. L'égalité occidentale hommes-femmes n'est pas naturelle et conduit à la désagrégation de la famille. Un peu d'inégalité hommes-femmes diminue les effets délétères de la modernité.
. Comme l'a vu Auguste Comte (auteur fétiche de Houellebecq), il faut de l'autorité et de la religion. La religion de l'humanité (comtienne) n'a jamais pris, le communisme est mort, l'islam tient le coup.

Trois lignes secondaires possibles (parmi d'autres) :
L'islam a des tendances égalitaires et sociales, certes jusqu'à présent seulement latentes (encore qu'on peut faire remarquer que ce n'est pas par hasard qu'il n'y a pas de noblesse en Islam) ; l'islamisation de l'Europe est une ultime chance de conserver à la civilisation européenne un caractère relativement social-démocrate.
. L'islam chiite offre des figures analogues à celles qu'offre le christianisme : Ali, Hassan, Hussein, Fatima.
. La représentation du paradis - l'union avec les houris - correspond assez bien à l'idée houellebecquienne du bonheur.
Je synthétise (et modifie ici un peu le point de vue exprimé dans mon avant-dernier message).
Houellebecq avait un plan de travail :
. Un personnage houellebequien, c'est-à-dire ultra-solitaire, haïssant père et mère, et voué aux amours tarifées.
. Un événement houellebecquien, c'est- à-dire :
a) Immense
b) qui soit la solution du problème sexuel pour l'Homo houllebecqus, comme l'avait été le génie génétique dans Les particules, et le tourisme sexuel dans Plateforme : ce serait la polygamie de type séoudien avec importation d'Arabo-musulmanes.

Le scénario s'en déduisait à peu près complètement.
Il fallait la prise de pouvoir par les islamistes. Pour plausibiliser celle-ci, puisque c'est surtout dans la mouvance lepéniste qu'on éprouve ce cauchemar, il fallait un discours lepénisant.
Et il fallait que le personnage houllebecquien soit relativement âgé et relativement bien loti socialement : ainsi la polygamie à la séoudienne lui apparaîtrait comme s'exerçant en sa faveur et non à son détriment (en tant que prof de fac il a droit à peu près à trois épouses).
Quel est l'avantage romanesque d'en faire un professeur de lettres plutôt qu'un professeur de sciences (ou de sciences sociales), et un spécialiste de Huysmans ?
La spécialisation sur Huysmans, on la comprend tout de suite : elle en fait un personnage houellebecquien (du fait de la misanthropie, de la dépression, de la misère relationnelle). Ajoutons que Huysmans s'est converti (au catholicisme). Cela permet de faire de la conversion une problématique centrale pour le personnage. Cela dit, on aurait pu imaginer que le narrateur soit un sociologue comtiste, auteur d'une thèse sur l'émergence d'un phénomène de type religieux dans le comportement social des chimpanzés nains (Pan paniscus) ou de certaines chauve-souris.
Le cas du physicien avait déjà été traité dans Les particules (on remarque que les héros houellebecquiens se ressemblent émotionnellement mais diffèrent professionnellement (dans Extension, informaticien ; dans Particules, l'un physicien, l'autre prof de lettres dans un collège ; dans Plateforme, bureaucrate/technicien dans l'administration des arts plastiques ; dans Possibilité, comique célébrissime et richissime ; dans Carte et Territoire, l'un artiste peintre célébrissime et richissime, l'autre Michel Houellebecq dans son propre rôle ; dans Soumission, professeur de lettres dans une université parisienne).

Je sais que Houellebecq prétend qu'il a commencé un livre sur un spécialiste de Huysmans qui tente de se convertir, et que le livre s'est infléchi tout seul pour devenir Soumission.
Mais :
1° Houellebecq est un grand menteur devant l'Éternel (et qui connaît le prix qu'il y aurait à payer pour lui en termes de perte de prestige s'il se trouvait logé dans la case Fn).
2° Ce qu'il prétend n'est pas incompatible avec ce que j'énonce : son projet ou plan de travail a pu lui apparaître tardivement.

Evidemment, le prix à payer pour avoir pris ce parti du Grand Événement houellebecquien, c'est l'invraisemblance extrême, qui se dédouble en deux invraisemblances :
. La prise de pouvoir par les islamistes.
. L'instauration d'une polygamie de type séoudien.

Je dirais : je suis assez satisfait maintenant, j'ai assez débroussaillé le livre, qui m'apparaît bien plus clairement dans ses grands traits qu'il ne m'apparaissait à la fin de ma première lecture.
La lecture peu maligne de Houellebecq (lecture que plus brutalement on peu qualifier d'idiote, ou que je qualifierai de naïve), c'est la lecture qui ne remarque pas les deux invraisemblances.
C'est la lecture que Houellebecq encourage par ses entretiens. Ecouter les entretiens que Houllebecq donnés à la période de promotion de son livre, c'est pire que zéro : c'est écouter de la désinformation.
Pourquoi ce comportement ?
Houellebecq préfère le statut de prophète auprès des naïfs au statut plus modeste d'écrivain.
Mais je dirai aussi - peut-être provisoirement - : le bon lecteur de Houellebecq, c'est le naïf. Pus on est naïf, plus on a de chances d'apprécier Soumission. A onze ou douze ans, j'ai dévoré 813 (Arsène Lupin). Un peu plus âgé, je me suis rendu compte que le scénario ne tenait pas debout. Je ne sais pas si la thématique de Soumission peut intéresser un enfant de douze ans ou treize ans, mais si c'est le cas, c'est alors le bon public pour ce livre (j'invite mes lecteurs à tenter l'expérience de l'offrir à un enfant de cet âge).
Ma question actuelle.
Dans Particules, Plateforme, Possibilité, Soumission, on a un Grand Événement houellebecquien, ou une Grande Transformation : un changement assez radical se produit (ou se produit presque, dans Plateforme), au niveau de l'humanité tout entière (ou de l'Europe, pour Soumission), suscité par le ou par les héros (respectivement dans Particules et dans Plateforme), ou bien suscité plutôt par une petite communauté de conjurés mais auquel changement le héros se trouve participer de façon capitale (Possibilité) ou très importante (Soumission).
Où en littérature trouve-t-on un schéma de ce genre ?
En plus du livre de Viard, je dispose de deux ouvrages d'universitaires sur Houellebecq, ceux-ci collectifs - Houellebecq à la Une, 2011, et L'unité de l'œuvre de Michel Houellebecq, 2013.
Je n'y trouve apparemment rien sur la question.
Ça ne vient pas de Balzac (encore que ça évoque d'assez loin La recherche de l'absolu), pas de Frankenstein, pas de Lovecraft, pas de 1984, pas du Meilleur des mondes, il ne me semble pas que ça vient vraiment d'un Jules Verne (encore que ça puisse en évoquer d'assez loin plusieurs), ça ne vient pas de Bob Morane ou de Tintin (encore que ça puisse évoquer de très loin On a marché sur la Lune), ça me rappelle un peu Un animal doué de raison, de Robert Merle, mais c'est est quand même assez loin.

Quelqu'un dispose-t-il de la réponse ?

Ces schéma narratif est évidemment à rapprocher du goût de Houellebecq pour Auguste Comte, Pierre Leroux, les saint-simoniens, les socialistes utopiques et les réformateurs sociaux du XIXème siècle (ce goût est en particulier attesté par la bibliothèque du personnage Michel Houellebecq dans Carte et territoire : Marx, Proudhon, Comte ; Fourier, Cabet, Saint-Simon, Leroux, Owen, Carlyle (Que fait Carlyle dans cette liste, c'est un peu difficile à comprendre. Peut-être y figure-t-il en tant qu'auteur de textes anti-démocratiques ? Ou alors pour son apologie de l'esclavage des Noirs ? A moins que ce ne soit pour son roman, Sartor Resartus, d'une technique très originale ?)).
Notons que l'âge du héros houllebecquien est à peu près toujours le même depuis Les particules : trente-huit et quarante ans au début de Particules, quarante-sept ans dans Possibilité, quarante-quatre ans dans Soumission (il est un peu moins âgé dans Plateforme, cependant : compensation, il est nettement plus dépressif, et nettement moins bien loti du point de vue social et professionnel) .
Pas assez âgé pour que la question sexuelle ne se pose pas avec acuité, trop âgé pour avoir normalement accès à la femme désirable selon la norme houellebecquienne, si bien que sa situation sexuelle/affective est dramatique (à propos, rappelons l'invraisemblance extrême de la situation du héros dans Carte et territoire : alors qu'il était un comique de réputation européenne, auteur de vingt-sept scénarios de films tournés, qu'il gagnait de l'ordre de cinquante mille euros par mois, que son capital relationnel était de tout premier ordre (puisque composé notamment de célébrités du monde du spectacle), qu'il n'était pas dépressif, hideux ou pervers, il peinait lamentablement à trouver une jeune femme avec qui s'apparier (et en était réduit aux prostituées d'autoroute si je me souviens bien (selon moi, ce livre exigeait que le lecteur, pour qu'il puisse l'apprécier, soit d'une naïveté si prodigieuse que je ne l'ai jamais relu))).
Où l'on voit que la pagination de ce forum avance à grands pas.
Vous persiflez, Didier ! tout le monde ne peux écrire dans des magazines à grand tirage !

Sérieusement, M. Page nous dit des choses intéressantes, comme quoi, à une première lecture, on ne voit pas tout.
Je suis le persifleur, et vous êtes tous mes enfants.
Savez-vous, Didier, comment se nomme le doyen des manifestations ayant lieu "dans le sillage de PEGIDA" ?
"PEGIDA"... Le contrepet, maintenant.
Quel contrepet ?
Le mouvement s'appelle Pediga.
"Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes“ (PEGIDA)
Citation
Jean-Marc du Masnau
Comment cela ?

C'est quoi l'expression, déjà...Ah oui, courir sur le haricot!
Utilisateur anonyme
18 janvier 2015, 19:20   Re : Soumission, de Michel Houellebecq
Dites donc, le Père Goux, je vous signale tout de même que le persifleur en chef, c'était moi, jusque là, et que je ne compte pas me laisser dessaisir de ma charge sans combattre.
Pegida, vous dis-je, pas Pediga !
Monsieur Chastagnac, pardon, humble pardon : je suis le persifleur et vous le persifleur en chef. Il n'y a donc nulle tentative de putsch de ma part, mais au contraire plate obédience.

Bon, du coup, je ne me souviens plus de la question de M. du Masnau…
Attention, le pépère siffleur : si le cognac cogne, le chastagnac castagne...
Citation
André Page
Ma question actuelle.
Dans Particules, Plateforme, Possibilité, Soumission, on a un Grand Événement houellebecquien, ou une Grande Transformation : un changement assez radical se produit (ou se produit presque, dans Plateforme), au niveau de l'humanité tout entière (ou de l'Europe, pour Soumission), suscité par le ou par les héros (respectivement dans Particules et dans Plateforme), ou bien suscité plutôt par une petite communauté de conjurés mais auquel changement le héros se trouve participer de façon capitale (Possibilité) ou très importante (Soumission).
Où en littérature trouve-t-on un schéma de ce genre ?
En plus du livre de Viard, je dispose de deux ouvrages d'universitaires sur Houellebecq, ceux-ci collectifs - Houellebecq à la Une, 2011, et L'unité de l'œuvre de Michel Houellebecq, 2013.
Je n'y trouve apparemment rien sur la question.
Ça ne vient pas de Balzac (encore que ça évoque d'assez loin La recherche de l'absolu), pas de Frankenstein, pas de Lovecraft, pas de 1984, pas du Meilleur des mondes, il ne me semble pas que ça vient vraiment d'un Jules Verne (encore que ça puisse en évoquer d'assez loin plusieurs), ça ne vient pas de Bob Morane ou de Tintin (encore que ça puisse évoquer de très loin On a marché sur la Lune), ça me rappelle un peu Un animal doué de raison, de Robert Merle, mais c'est est quand même assez loin.

Quelqu'un dispose-t-il de la réponse ?

Ces schéma narratif est évidemment à rapprocher du goût de Houellebecq pour Auguste Comte, Pierre Leroux, les saint-simoniens, les socialistes utopiques et les réformateurs sociaux du XIXème siècle (ce goût est en particulier attesté par la bibliothèque du personnage Michel Houellebecq dans Carte et territoire : Marx, Proudhon, Comte ; Fourier, Cabet, Saint-Simon, Leroux, Owen, Carlyle).

J'ai depuis survolé un ouvrage de plus sur Houellebecq (Aurélien Bellanger, Houellebecq, écrivain romantique, 2010) mais je n'ai toujours pas lu de réponse à ma question.
Je suis enclin à penser que ça vient de la SF - genre littéraire que j'ai très peu pratiqué - où il me semble quand même qu'on trouve souvent un événement sensationnel qui est de l'ordre de la mutation. L'originalité de Houellebecq par rapport à ce schéma :
. Rien d'héroïque, de violent, rien qui relève du roman d'aventures ni du roman de guerre. .
. La mutation concerne avant tout l'affectif/sexuel.
. La mutation se situe à notre époque ou dans quelques années, et non dans un monde futur déjà très différent du nôtre.
- genre littéraire que j'ai très peu pratiqué -

Pratiqué, ou fréquenté (je ne sais plus...)? Et pourquoi ne pas utiliser de tiret cadratin?

Pour en revenir à votre question: vous apportez vous-même une réponse ouverte, intéressante et complète.
Après quelques lectures sur Houellebecq, et quelques plongées dans son oeuvre, je livre le jugement auquel je suis actuellement parvenu, jugement qui vaut ce qu'il vaut.

1° Houellebecq a des moyens considérables. Il a l'étoffe d'un excellent écrivain naturaliste (je veux dire social-psychologique, de facture assez traditionnelle). Le fait qu'il ait un peu toujours les mêmes personnages principaux, je le perçois plutôt comme une limitation, mais enfin, ce n'est pas interdit non plus. Les passages qui font référence à la politique, aux sciences humaines, à la philosophie ou aux sciences dures - aux idées - je les apprécie diversement, mais en général j'aimerais qu'ils soient plus solides (pour prendre des exemples, dans Les Thibault, dans Le jeu des perles de verre, dans La montagne magique, il y a sur ces points plus de robustesse qu'il n'y en a chez Houellebecq). Contrairement à ce que dit Marc Weitzmann dans l'article que j'ai cité, approuvé ici par Marcel Meyer, je trouve que ses phrases sont soignées.

2° Du point de vue du naturalisme, cependant.
.1 Extension souffrait un peu de la description caricaturale du monde de l'entreprise.
.2 Particules avait quelques problèmes;
. Intrigue lourdement répétitive : les deux héroïnes qui meurent, l'une paralysée pour avoir trop fait l'amour, l'autre d'un cancer à l'utérus.
. Il y avait des exagérations décridibilisanbes, notamment : Michel, laissé sans soin dans sa petite enfance au point d'en être pétrifié (ceci alors que sa mère n'apparaissait pas monstrueuse, mais simplement olé olé), Anabelle, dont on dit que, ayant connu deux années de relatif vagabondage sexuel, il était impossible qu'elle ne soit pas devenue incapable d'une relation durable, Bruno lycéen contraint par des condisciples à lécher la merde dans les gogues, etc.
.3 Plateforme : le couple de Michel et Valérie était creux et ne tenait pas debout ; des pensées de Houellebecq (ou de Michel) étaient prêtées à Valérie. L'intrigue était lourdement répétitive : meurtre musulman au début, massacre islamiste à la fin.
.4 Carte. Couple improbable. Jed, artiste qui a un succès mondial en faisant des toiles d'un genre tel qu'avec lui on ne peut de nos jours que crever de faim. Intrigue policière qui ne tient pas debout.
.5 Possibilité. Tout est aberrant.
.6 Soumission. En gros ça marche à peu près (on se souvient que j'ai fait examiné environ six points, la carrière universitaire du narrateur, les scènes de sexe tarifé ou gracieux, la possession d'une automobile, la panne d'essence, les conduites d'une musulmane à son domicile, et que j'ai jugé les problèmes qu'ils posaient d'importance variable).

3° Evidemment, on pourrait me dire qu'il ne s'agit pas de défauts, mais d'une innovation. d'un alliage de naturalisme et de fantasme. Attaché au roman traditionnel (dans lequel il y a soit la forme naturaliste, soit la forme fantasmatique-imaginaire, mais pas le mélange, dans un même ouvrage, des deux formes), je perçois comme un défaut ce qui est une novation. Je ne comprends pas assez le roman comme un jeu, alors que les jeux prolifèrent dans notre culture, et donc qu'il est normal qu'ils envahissent aussi le roman.
A cette critique, je dirais d'abord que certains de ces traits s'interprètent mal comme l'irruption du fantasme dans le récit (par exemple, le caractère répétitif de l'intrigue).
Et ensuite, je dirais que c'est peut-être vrai. Je suis peut-être fixé sur des formes traditionnelles. Mais il est peut-être vrai qu'on ne viole pas impunément certaines règles...

4° Houellebecq tend à insérer ce roman naturaliste dans une intrigue comprenant une Grande Mutation.
Je trouve que, quand ça marche, c'est excellent. Quand ça ne marche pas, je regrette qu'il ne se soit pas contenté d'un roman naturaliste.
Je trouve que ça marche dans Particules, que ça marche à peu près dans Plateforme, et que ça ne marche pas dans Carte, et pas non plus dans Soumission.

5° Si Houellebecq suivait mes recommandations, il est clair que ses livres me plairaient plus mais que son succès serait bien moindre.
La logique de ma position est alors de penser que son succès est de mauvais aloi (ou bien il faut que je me dise que mon goût n'est pas bon), position que je ne suis pas seul à avoir d'ailleurs (dans sa forme radicale, cette position aboutit à soutenir qu'Extension est le meilleur livre de Houellebecq, point de vue que j'ai lu ici ou là - Marc Weitzmann, Angelo Rinaldi).
Une critique de Soumission chez les voltairiens en 3000 signes :
[www.bvoltaire.fr]
Ah, oui ! Excellent cher G.
Houellebecq écrivain social-psychologique.
Son grand sujet : le couple (et sa difficulté).
En dehors des Particules, on trouve deux couples chez Houellebecq : celui de Michel et Valérie dans Plateforme, celui de Jed et d'Olga, dans Carte.

Plateforme.
. Michel est sinistre. Il est agressif : il ne supporte pas l'humanité. Il ne s'aime pas, vomit ses parents, n'a, en dehors de son travail - dérisoire - de relations - si l'on peut dire - qu'avec son psychothérapeute et les femmes qu'il voit s'agiter derrière la vitre au peep-show. Valérie tombe amoureuse de lui. Il devrait lui taper dessus du soir au matin, jusqu'à ce qu'elle avoue qu'elle ne peut pas le blairer : ceci par incrédulité devant l'amour qu'elle lui manifeste, par inquiétude aussi.
Mais dans le roman, rien : ils s'aiment d'amour tendre.
Il devrait d'autant plus lui taper dessus qu'elle est le contraire de lui : elle est conformiste, docile, de bonne volonté, bienveillante, respectueuse, optimiste, enthousiaste.
Mais c'est dès le petit-déjeuner qu'il devrait avoir envie de lui flanquer des baffes, qu'il devrait lui souffler à la figure la fumée de sa cigarette, qu'il devrait piétiner ce qui lui apparaît comme de la stupidité, de l'humanisme, de la complicité avec les mâles bien portants qu'il envie et hait.
Rien de tel dans le livre, je l'ai dit.
Première invraisemblance.
. La seconde :
Michel, d'abord, n'est pas un cadeau. En plus, sa misanthropie, son mauvais esprit, sont aux antipodes des penchants de Valérie.
Celle-ci, quand elle le rencontre, est cadre moyen. De façon fulgurante, elle devient cadre supérieure, puis cadre dirigeante d'une multinationale promise à un immense succès.
Qu'elle reste avec le minable Michel, qui en plus ne lui convient pas, est incroyablement peu probable. Elle apprécie le sexe avec lui ? On ne voit pas pourquoi elle ne pourrait pas l'apprécier avec d'autres. Au moins, elle pourrait se poser la question. Au moins, ce devrait être une énigme : pourquoi reste-t-elle avec lui ? Mystères de l'amour. Mais rien.
Ces deux invraisemblances (Michel roucoulant ; Valérie restant avec lui) rendent l'histoire superlativement creuse et sans intérêt.
L'origine de ces invraisemblances n'a rien de mystérieux ni de grandiose.
Houellebecq avait besoin de deux choses :
a) Un couple de tourtereaux assassinés par de vilains musulmans.
b) Un héros sinistre, misanthrope, haïssant père et mère et soi-même, ne pouvant supporter que les relations tarifées.
Il a mêlé les deux éléments, sans aucune souci de cohérence.
Pour moi, celui qui parvient à s'intéresser à cette histoire est aussi malin qu'un manche à balai.
Pour lui, je suppose, je suis quelqu'un qui n'a pas compris que le roman n'est plus ce qu'il était.
Mais j'ai beau faire effort, je ne comprends pas comment ce conte de fées ou ce roman-photo pourrait m'intéresser.
A noter d'ailleurs, qu'il n'y a aucune scène de couple dans le roman : ils font l'amour et sont heureux, nous dit-on. Quel plaisir peut-il trouver à l'avoir devant lui quand il prend son petit-déjeuner, la question n'est pas traitée.

Carte.
C'est à peu près la même chose, en moins extrême.
Un héros sinistre, muré dans une solitude inouïe, jeune peintre tout à fait obscur. L'héroïne, "une des quatre ou cinq plus belles femmes de Paris" (je cite de mémoire), fêtarde, lancée. Qu'est-ce qu'elle fiche avec lui ? Mystère le plus profond. En fait, une explication est donnée : elle apprécie ses tableaux, et a déduit de la peinture le caractère du peintre.
Comme explication, on a fait mieux...
Et finalement ce qui plausibilise un peu cette histoire, c'est qu'elle le plaque.
Là aussi, l'origine de ces invraisemblances n'a rien de mystérieux. Il fallait :
1° Le héros houellebecquien.
2° Une femme désirée par tous (ceci pour deux raisons : Houellebecq aime mettre du fric, de la gloire, dans ses histoires. Et aussi : il a la passion d'être vu (par d'autres hommes) quand il copule ; d'où l'échangisme, l'amour en public, un peu partout dans ses livres ; et ici, la fille qui fait saliver tous les hommes (c'est particulièrement perceptible dans la façon dont est racontée la grande réception où Olga est au bras de Jed)).
Et Houellebecq a mêlé les deux éléments...

Ceci pour dire que Houellebecq romancier social-psychologique réussit plus ou moins son coup, et quelquefois, pour moi, est entièrement dépourvu d'intérêt.
Houellebecq est typiquement le gars qui "prend son mal de dents pour la fin du monde", ou qui "prend son cas pour une généralité".
C'est particulièrement pénible dans Plateforme, parce que c'est le couple de héros qui est sain (il s'aiment et ils font l'amour de la façon houllebecquiennement correcte (contemplé par d'autres hommes)), alors que les autres ne s'aiment pas et donc, en fait de sexe, ne connaissent que le sado-masochisme, mais c'est présent partout.
Dans Soumission, c'est présent à différents titres, notamment par la présence de la polygamie de type séoudien. Qu'une polygamie de ce type puisse tenter quelques Français (de souche), ont l'admet sans difficultés. Qu'elle puisse plaire à beaucoup, c'est peu probable (de même que, l'esclavage serait-il rétabli en France, il est peu probable que nombreux seraient ceux qui feraient usage de cette possibilité).
Incidemment, il est peu probable que le héros de Soumission soit de ceux à qui cette polygamie pourrait plaire : lui qui déteste les relations humaines, et qui est épuisé par l'accomplissement des moindres tâches domestiques, on le voit mal s'occuper de faire régner l'ordre parmi ses puériles épouses - on lui conseillera plutôt de s'acheter un poisson rouge ou - à la rigueur - un canari (si bien que le roman naturaliste que j'aurais conseillé comme substitut à Soumission - le héros part enseigner dans la péninsule arabe, s'y convertit et s'y pourvoie d'un petit harem, pour être plausible, exigerait que la personnalité du narrateur soit significativement modifiée).

A propose de sadisme,dans un billet supra (19 janvier à 20h57), j'avais oublié de dire que, le héros houellebecquien ne pouvant pas entendre parler de sadisme sans exprimer indignation et répugnance - et c'est le cas aussi dans Soumission - le fait que Rediger justifie l'islam par Histoire d'O est une raison supplémentaire, pour le héros, de vomir l'islam : il a vraiment tout faux, ce Rediger.

Dès l'apparition des réformateurs sociaux radicaux, on a fait remarquer que ceux-ci n'avaient souvent pas la passion du bonheur des hommes mais celle de les tourmenter ("on", par exemple Dostoïevski ; et plus tard tout le monde s'est rendu compte que ce n'est pas l'amour du genre humain qui inspirait le collectivisme de Honecker, Ceaucescu ou des Kim de Corée du Nord). Avec Houellebecq, cela peut passer un peu inaperçu, car c'est d'Auguste Comte qu'il se réclame, et non de Marx, Comte au nom de qui on n'a jamais tué personne. Mais, le fait que dans Comte Houellebecq apprécie le penseur de l'ordre (contre la liberté) et celui qui réclame une nouvelle religion (religion sans Dieu ni immortalité, assez semblable au marxisme-léninisme ou à la doctrine Juche de Corée du Nord) laisse peu de doute sur la haine pour le genre humain (et, notamment, pour la part féminine de celui-ci) qui inspire Houllebecq réformateur social.
Se débarrasser des Occidentales et des hommes du Tiers-monde, et transformer les jeunes femmes du Tiers-monde en bétail pour Occidentaux touristes ou épouseurs.
(Il y a quelque chose de comique à entendre Houellebecq dire que son sujet actuel, c'est l'abandon de l'athéisme et le retour à la religion, à peu près accomplis par lui-même et avenirs de l'Occident, et, plus généralement, de l'humanité. De ce point de vue, l'article d'Emmanuel Carrère, que j'évoquais plus haut, est, entre tous ceux que j'ai lus, celui qui se signale comme à la fois vaticinant et ridicule).

Loin de moi, d'ailleurs, de reprocher à un roman d'être tourné contre l'humanité, ou d'ailleurs seulement contre la moitié féminine de celle-ci. La question est de savoir ce que l'auteur fait de sa haine. Je trouve que Thomas Bernhard en fait une oeuvre, puissante, Houellebecq un roman-photo ou, plutôt, un rêve éveillé, sans force aucune.
Utilisateur anonyme
23 janvier 2015, 14:38   Re : Soumission, de Michel Houellebecq
Soumission du PI…
CHUTTTT !!! Chastagnac ! Le Forum, qui est une revue, est en train de se transformer en revue littéraire. Ce n'est pas encore Tel Quel, les Cahiers de l'Herne ou Nouvelle Critique, certes, mais on y vient doucement. Et pis, y faut dire, on partait de loin quoi.

@M. Page

Vous trouvez Thomas Bernhart plus "plausible", plus "vraisemblable" que Houellebecq ?

Si Emmanuel Carrère vaticine, n'hésitez pas, tenez-l'en informé au plus vite en le lui annonçant sans détour. Quand quelqu'un vaticine, il faut qu'il le sache, et de préférence, par vous.
Utilisateur anonyme
23 janvier 2015, 15:39   Re : Soumission, de Michel Houellebecq
Pardon, ça m'a échappé. Et d'ailleurs, j'allais demander au modérateur de supprimer mon message, mais maintenant, c'est raté, à cause de toi !
Je fais remarquer :
1° J'ai ouvert un fil intitulé Soumission, de Michel Houellebecq, que personne n'est obligé de lire.
2° Ce fil a pour sujet un livre dont toute la France médiatique parle.
3° Ce livre a pour sujets manifestes l'islamisation et l'arabisation de la France et de l'Europe, sujets qui ne sont pas sans rapport avec les questions qui intéressent le Parti de l'In-nocence.
4° Dans une allocution récente, Renaud Camus a lui-même évoqué la "soumission" comme une possibilité pour l'Europe, en référence évidente au titre de l'ouvrage de Houellebecq.
5° La question est donc finalement : peut-on ouvrir un fil et y discuter de façon informée et paisible sans que ce fil soit envahi par les agressions de MM. Chastagnac, Marche et autres ?
Utilisateur anonyme
23 janvier 2015, 16:08   Re : Soumission, de Michel Houellebecq
Oui oui oui, très bien, je bats ma coulpe. Que le modérateur supprime mes trois messages, ça ne me dérange pas du tout.
« y discuter de façon informée et paisible » : c'est en somme ce que vous faisiez (avec vous-même) jusqu'à l'irruption fracassante de Chastagnac. Rhhhô-là-là, si l'on ne peut plus discuter de façon paisible et informée avec soi-même sur le forum du Pi, mais où va-t-on ?
Pour la défense de M. Page, si, si, il faut dire que le commentaire ou l'analyse littéraire sur ce forum n'est pas un exercice qui invite à l'échange de réparties. Je m'y étais essayé ici il y a quatre ou cinq ans -- je commentais un livre par mois, en proposais une analyse sur plusieurs interventions (Claudel, Herman Melville, Morand, etc.), dans un silence assourdissant de la compagnie, ce qui m'avait convaincu de ne pas insister.

Non, ce qui est morne, décourageant, peu engageant et même assommant, c'est, disons, la méthode du commentateur, son approche, sa conception du texte littéraire dont la valeur doit à se yeux se mesurer à la plausibilité du récit, si j'ai bien compris, et son style, disons-le. Personne ne s'est jamais privé de me dire dans ces colonnes que mon "style" était imbuvable, pour rester poli, et ce ne devrait pas être un délit de lèse-majesté que d'en dire autant de celui de M. Page, nonobstant le fait que ses travers sur ce plan sont très dissemblables des miens.
Franchement, ce découpage en plusieurs points, M. Page...
Utilisateur anonyme
23 janvier 2015, 18:32   Re : Soumission, de Michel Houellebecq
Oui, le fond et la forme, toujours… (ou plutôt, jamais ne sont séparées…)

Je n'aurais jamais cru lire en ce lieu quelque chose d'aussi décourageant, d'aussi anti-littéraire, pour le dire autrement. C'est toujours à la manière dont les gens écrivent que nous est révélée la manière dont ils lisent.
Pour la défense de M. Page, si, si, il faut dire que le commentaire ou l'analyse littéraire sur ce forum n'est pas un exercice qui invite à l'échange de réparties. Je m'y étais essayé ici il y a quatre ou cinq ans – je commentais un livre par mois, en proposais une analyse sur plusieurs interventions (Claudel, Herman Melville, Morand, etc.), dans un silence assourdissant de la compagnie, ce qui m'avait convaincu de ne pas insister.


Vous devriez recommencer, ces analyses étaient intéressantes. Je dois dire que M. Page fournit un important travail, un travail d'analyse. Comme il l'indique, nul n'est obligé de lire ses textes, qu'il dépose sur un fil précis.
Utilisateur anonyme
23 janvier 2015, 21:25   Vous devriez recommencer…
Du Masnau, votre acharnement proprement inouï à f… la m… ici, patiemment, tranquillement, obstinément, depuis tant d'années, est un modèle du genre. Il devrait exister un prix Nobel, pour ça.
Mais, cher Chastagnac, vous noterez que je ne dis rien de répréhensible, et que je ne vous attaque pas. Vous étiez parti, il y a quelques années, déçu sans doute. Vous êtes revenu, grand bien vous fasse. Je suis resté tout ce temps.

Considérez-moi comme un vieux parent de province, ce genre dont on a honte mais qu'on est bien obligé de tolérer. Cette sorte de vieux monsieur a une seule qualité, la ténacité, si bien décrite par Fernand Raynaud parlant de son canard. Tout le monde ne peut atteindre les altitudes auxquelles vous volez, pour filer la métaphore aviaire. Prenez garde cependant à ne pas voler trop haut : Icare s'y brûla les ailes, et les avions modernes connaissent des problèmes de portance et décrochent (Francis traduira l'expression Coffin corner).

Il me plait de lire les critiques de Francis, tout comme il me plait de lire les analyses de M. Page. Ni les unes, ni les autres ne contreviennent à l'esprit de ce forum.
Le canard, c'est plutôt Robert Lamoureux, non ?
Vous avez évidemment raison, ce sont les liens connus de Chastagnac, ce spécialiste de la musique de Fréhel à Mireille, avec Bobino qui m'ont conduit à cette approximation.
Utilisateur anonyme
24 janvier 2015, 14:37   Re : Soumission, de Michel Houellebecq
Mais qu'il est drôle, ce Jean-Marc, mais qu'il est drôle ! (DC ad lib)
Je me répète. Je trouvais les critiques de Francis intéressantes, je trouve celles de M. Page intéressantes.

Je ne vois pas très bien, Chastagnac, en quoi ce fil vous dérange : on peut ne pas être d'accord avec tout ce que dit M. Page, on voit bien qu'il a lu ce livre et il donne des éclairages nouveaux, de mon point de vue.

Je suis sans doute un mauvais lecteur, mais il y a des points qu'il soulève, qui sont effectivement importants, et que je n'avais pas remarqués.

Un exemple : Monsieur Page nous parle de naturalisme, voie que Huysmans avait abandonnée. J'ai repris "A rebours" pour bien me faire une idée de l'évolution de Huysmans, et de cela je suis reconnaissant à Monsieur Page.
Moi-même, dans la foulée de Soumission ai lu À rebours, que je n'avais fait que parcourir (et À rebours va m'amener à revoir le musée Gustave Moreau...).
Je viens aussi de lire la partie Houellebecq d'Ennemis publics (2008), l'échange de lettres entre Houellebecq et BH Lévy.
Décevant de mon point de vue : il n'y dit à peu près rien de ses romans, et à peu près rien non plus de ses lectures romanesques.
Quelques idées générales, des éléments sur sa personnalité, quelques propos sur sa famille et en particulier son père, et des critiques violentes de la façon dont les médias parlent de lui
Le seul point qui m'ait intéressé : il dit qu'il est avant tout poète et non romancier (mais ne parle pas de la poésie des autres (quels auteurs ont compté pour lui ?), ni de la sienne).
Un livre qui déclenche de telles réactions de rejet et de mépris de la part des prescripteurs d'opinions du Monde et de France Inter est un livre important.
Une intéressante interview sur France 5 video: [pluzz.francetv.fr]

(ça commence à 2' 26'')
Hé bien , j'admire, dans les circonstances actuelles, le courage modeste de H. Il ne cherche pas à s'excuser d'avoir écrit ce qu'il a écrit, alors qu'il lui serait assez facile de dissiper le malentendu d "'islamophobie" à propos de son livre, ni, encore moins, ne s'excuse minablement, comme ils le font à peu près tous, d'avoir blessé les musulmans sans le vouloir alors qu'il a le plus profond respect pour eux et leur religion qu'il ne confond pas avec l'islamisme, bla, bla, bla... En outre, bien que sous protection policière, il revendique haut et fort, sans la moindre ambiguïté ni précautions oratoires, le droit pour chacun d'être islamophobe. Chapeau.
Utilisateur anonyme
01 février 2015, 12:01   Re : Soumission, de Michel Houellebecq
Ah, tiens, je croyais que ce pauvre Houellebecq n'était qu'un pleutre qui avait "fui", la queue entre les jambes… (et qu'il s'agissait là d'un simple "constat")
Il donne son avis avec tant de naturel et de simplicité, il est si éloigné de toute posture du style "rebelle" ou "no pasaran !" que l'on ne s'avise de son courage qu'après coup. C'est d'un rafraîchissant !
Ah, Chère Cassandre, avez-vous été jointe par David Reinharc Redivivus, qui voudrait publier votre livre ? D’autre part, si les in-nocents et sympathisants n’étaient pas de telles huitres, comme il serait bien que vos plus belles interventions ici soient répercutées sur les réseaux sociaux ! Cela nous ferait un bien fou.
Utilisateur anonyme
01 février 2015, 15:10   Re : Soumission, de Michel Houellebecq
Eh, dites, vous êtes un peu injuste avec moi, tout de même, qui m'escrime à citer Cassandre dès que je peux !
 
Perlière, l'huitre.
 
Bon, peine compressible pour Chastagnac, encore que je ne l’aie jamais croisé.
"Ah, Chère Cassandre, avez-vous été jointe par David Reinharc Redivivus, qui voudrait publier votre livre ?"

Non, cher président, pas pour le moment.


"D’autre part, si les in-nocents et sympathisants n’étaient pas de telles huitres, comme il serait bien que vos plus belles interventions ici soient répercutées sur les réseaux sociaux ! Cela nous ferait un bien fou."

Je plaide aussi coupable. Je suis, hélas, rigoureusement incapable de répercuter quoi que ce soit sur lesdits réseaux sociaux. L' ami qui devait m'initier est toujours absent pour le moment.
Je conçois très bien qu'on puisse trouver admirable le fait de considérer qu'on ait le droit d'être "islamophobe", sans préciser du reste ce que cela voudrait dire au juste ; pour ma part je n'ai pas été positivement frappé par l'altitude ou la profondeur des vaticinations, au sens propre, de Houellebecq dans cet interview, non plus que par son courage et sa force tranquilles. Mais cela me semble être du même tonneau que ses préférences sacrificielles : qu'il ne soit pas prêt à mourir pour son pays, mais qu'en revanche, pour la belle idée de liberté, cela s'envisagerait, après tout, c'est son affaire...
Non, bien en deçà de ses confuses dispositions augurales, et de ce qu'il aurait à révéler politiquement à la face ébaubie du monde, ce qui me plaît le plus chez Houellebecq, et me vaut même de francs accès d'hilarité, c'est cette espèce de ton doucereux et convaincu sur lequel il énonce de si belles platitudes qu'elles en deviennent singulières : cela part d'emblée très fort en l’occurrence, puisqu'une des premières questions portant sur son état après la mort de son ami Maris lui vaut cette admirable réplique : L'enterrement était bien...
À mes yeux très au ras des pâquerettes, le reste m'en parut secondaire.
S'il y a quelqu'un, en effet, qui ni ne "vaticine", que ce soit en hauteur ou en profondeur, c'est bien H., pas plus qu'il ne cherche particulièrement à "ébaudir", son auditoire. En revanche, donner l'air de "platitudes" à des opinions courageuses, est très Houellbecquien et plus estimable, de mon point de vue, que le contraire.
Mais, Cassandre, si Houellebecq se risque à faire des prédictions, que ce soit directement ou en écrivant des romans de "politique-fiction", il vaticine, au sens propre...
Mais de toute façon, j'aime bien Houellebecq, et ne le mésestime nullement, littérairement ou intellectuellement, du reste : disons seulement que ce n'est pas le meneur d'hommes type, et que l'intérêt bienveillant qu'on peut lui porter ne confine pas nécessairement à la passion, bien que je sois très friand d'un certain registre comique dans lequel il excelle...
Chère Cassandre, auriez-vous la gentillesse de me faire tenir par voie privée les adresses et moyens les plus efficaces de vous joindre, que je les communique à David Reinharc (si vous êtes intéressée) ? renaud.camus@wanadoo.fr
Vaticiner à la mode de Jérémie, en quelque sorte...
Cher président, c'est fait.
Un livre prémonitoire : L'an 330 de la République, de Maurice Spronck.

En 2192, l’an 330 de la république, la France et l’Europe se sont assoupies dans la mollesse, les jeux de l’esprit , les loisirs et les drogues. Les Etats souverains ne sont plus qu’un lointain souvenir, on est passé du gouvernement des hommes à l’administration des choses. Mais en dépit des progrès de la science, il subsiste des prédateurs, alléchés par ce qui est devenu une proie facile. Ces barbare, des musulmans intégristes menés par un chef charismatique, vont profiter de la décadence de l’Occident pour le mettre à sac et pour le détruire. Maurice Spronck ( 1861 – 1921) mène en parallèle une carrière d’avocat, de député de Paris, de journaliste de droite et d’écrivain. Homme de son temps, il ressent avec anxiété la fin du siècle, et celle du « vieux monde », progressivement submergé par le matérialisme et la médiocrité. Une angoisse qui sourd dans ses romans, et spécialement, dans le plus étrange et le plus passionnant entre eux, L’an 330 de la république.


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