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Communiqué n° 1793 : Sur la marche prétendument “unitaire” du 11 janvier

Citation
Afchine Davoudi
Enfin, je ne suis pas loin de penser que ceux qui disent Je suis Charlie disent en réalité — contrairement à ce qu'ils croient affirmer et sans bien s'en rendre compte — Je suis vaincu. Car c'était bien là, je crois, le point commun entre tous les manifestants de dimanche. Cela dit j'espère encore me tromper.

J'ai écouté hier l'entretien d'Alain Finkielkraut et d'Elisabeth Lévy, à propos de ce défilé. Le premier semblait penser (avant d'aller manifester) que rien n'était encore joué, et que la victoire du "parti de l'Autre" (ou, selon Mme Lévy, "de la soumission") n'était pas encore assurée sur "le parti du sursaut".

Un intervenant, sur Facebook, a publié sa propre petite affiche : elle représente un avion d'El Al, et la légende suivante : "Je suis parti".
Je suis à peu près d'accord avec Davoudi. Malgré tout, je crois que beaucoup de Français ont profité de cette manifestation permise pour exprimer, sans le clamer, un véritable sursaut de "Francitude". Les nombreux drapeaux français brandis, la police applaudie et la marseillaise entonnée avec conviction le prouvent, me semble-t-il. Cela me fait penser un peu à la première manifestation à Paris contre l'occupant allemand : les jeunes manifestants brandissaient dans chaque main une gaule et scandaient "vive de Gaulle" sous le nez des Allemands auxquels on expliquait qu'il s'agissait d'une manifestation de potaches.
L'interprétation la plus pertinente que j'aie entendue est celle du "père" Morandais ou La Morandais. Pour lui, ce fut un hommage rendu aux 17 morts, une sorte de long et multiple cortège funèbre, un grand enterrement, ce que l'on a l'habitude d'organiser en France et dans tous les pays chrétiens depuis 20 siècles : une communion spirituelle avec des disparus ou des obsèques nationales que le pouvoir "politique" n'a pas voulu désigner de ce nom, pour "politiser" la chose et ne pas en faire apparaître la nature religieuse ou spirituelle.
Je ne sais pas si l'on peut parler d'un "grand enterrement" ; il s'agissait alors d'une version assez festive et militante de l'enterrement.

Il est certain que les cortèges rassemblaient des patriotes tels que l'on en trouve actuellement dans le mouvement Pediga, mais dans les mêmes proportions, le reste de la foule étant constitué de gens situés politiquement à gauche.

En ce qui concerne le slogan "Je suis Charlie", je suppose qu'on pourrait le traduire par "Je suis encore très naïf, et je crois réellement que la terre entière "est" Charlie", c'est-à-dire pense comme moi".
Je ne remets pas en cause la décision de non-participation que nous avons prise mais force est de constater que ces cortèges immenses ne peuvent pas être interprétés comme des manifestations de la dévotion vivre-ensembliste. Le moins qu'on puisse dire c'est que c'est plus compliqué.

La nation sait bien à présent que son destin est en train de se jouer mais le message qu'elle envoie n'est pas clair, pas univoque, sans doute parce qu'elle n'est pas (encore ?) sûre de ce qu'elle doit penser et faire.
La nation sait bien à présent que son destin est en train de se jouer mais le message qu'elle envoie n'est pas clair, pas univoque, sans doute parce qu'elle n'est pas (encore ?) sûre de ce qu'elle doit penser et faire.

Le mot nation n'a jamais été prononcé ces derniers jours, sauf pour désigner la place du même nom. Elle est le point occulte ou aveugle de tout ce ramdam. Tous ont à la bouche les mots "valeurs de la République", "la République". Or, qu'on le sache bien, et qu'on se le dise bien, la république, en soi, en son principe et en ses valeurs démocratiques est tout à fait compatible avec l'islam rigoriste. Une majorité de pays islamiques sont des "républiques". Il faut plus pour s'opposer à l'islamisation que "les valeurs démocratiques de la république", il y faut un sursaut non point "républicain" mais national.

Si j'osais un commentaire lacanien sur cette affaire je dirais que ces centaines de milliers de citoyens on défilé à Paris ce dimanche de la république à la nation mais que leur progression fut lente, très lente. Et cette lenteur ressemble à celle de l'agonie d'un grand malade.
Pour ceux qui ont le courage, ce texte de Shlomo Sand :

"JE NE SUIS PAS CHARLIE"
Un article de Shlomo Sand
"Rien ne peut justifier un assassinat, a fortiori le meurtre de masse commis de sang-froid. Ce qui s’est passé à Paris, en ce début du mois de janvier constitue un crime absolument inexcusable. Dire cela n’a rien d’original : des millions de personnes pensent et le ressentent ainsi, à juste titre. Cependant, au vu de cette épouvantable tragédie, l’une des premières questions qui m’est venue à l’esprit est la suivante : le profond dégoût éprouvé face au meurtre doit-il obligatoirement conduire à s’identifier avec l’action des victimes ? Dois-je être Charlie parce que les victimes étaient l’incarnation suprême de la liberté d’expression, comme l’a déclaré le Président de la République ? Suis-je Charlie, non seulement parce que je suis un laïc athée, mais aussi du fait de mon antipathie fondamentale envers les bases oppressives des trois grandes religions monothéistes occidentales ?
Certaines caricatures publiées dans Charlie Hebdo, que j’avais vues bien antérieurement, m’étaient apparues de mauvais goût ; seule une minorité d’entre elles me faisaient rire. Mais, là n’est pas le problème ! Dans la majorité des caricatures sur l’islam publiées par l’hebdomadaire, au cours de la dernière décennie, j’ai relevé une haine manipulatrice destinée à séduire davantage de lecteurs, évidemment non-musulmans. La reproduction par Charlie des caricatures publiées dans le journal danois m’a semblé abominable. Déjà, en 2006, j’avais perçu comme une pure provocation, le dessin de Mahomet coiffé d’un turban flanqué d’une grenade. Ce n’était pas tant une caricature contre les islamistes qu’une assimilation stupide de l’islam à la terreur ; c’est comme si l’on identifiait le judaïsme avec l’argent !
On fait valoir que Charlie s’en prend, indistinctement, à toutes les religions, mais c’est un mensonge. Certes, il s’est moqué des chrétiens, et, parfois, des juifs ; toutefois, ni le journal danois, ni Charlie ne se seraient permis, et c’est heureux, de publier une caricature présentant le prophète Moïse, avec une kippa et des franges rituelles, sous la forme d’un usurier à l’air roublard, installé au coin d’une rue. Il est bon, en effet, que dans la civilisation appelée, de nos jours, « judéo-chrétienne », il ne soit plus possible de diffuser publiquement la haine antijuive, comme ce fut le cas dans un passé pas très éloigné. Je suis pour la liberté d’expression, tout en étant opposé à l’incitation raciste. Je reconnais m’accommoder, bien volontiers, de l’interdiction faite à Dieudonné d’exprimer trop publiquement, sa « critique » et ses « plaisanteries » à l’encontre des juifs. Je suis, en revanche, formellement opposé à ce qu’il lui soit physiquement porté atteinte, et si, d’aventure, je ne sais quel idiot l’agressait, j’en serais très choqué… mais je n’irais pas jusqu’à brandir une pancarte avec l’inscription : « je suis Dieudonné ».
En 1886, fut publiée à Paris La France juive d’Edouard Drumont, et en 2014, le jour des attentats commis par les trois idiots criminels, est parue, sous le titre : Soumission, « La France musulmane » de Michel Houellebecq. La France juive fut un véritable « bestseller » de la fin du 19ème siècle ; avant même sa parution en librairie, Soumission était déjà un bestseller ! Ces deux livres, chacun en son temps, ont bénéficié d’une large et chaleureuse réception journalistique. Quelle différence y a t’il entre eux ? Houellebecq sait qu’au début du 21ème siècle, il est interdit d’agiter une menace juive, mais qu’il est bien admis de vendre des livres faisant état de la menace musulmane. Alain Soral, moins futé, n’a pas encore compris cela, et de ce fait, il s’est marginalisé dans les médias… et c’est tant mieux ! Houellebecq, en revanche, a été invité, avec tous les honneurs, au journal de 20heures sur la chaine de télévision du service public, à la veille de la sortie de son livre qui participe à la diffusion de la haine et de la peur, tout autant que les écrits pervers de Soral.
Un vent mauvais, un vent fétide de racisme dangereux, flotte sur l’Europe : il existe une différence fondamentale entre le fait de s’en prendre à une religion ou à une croyance dominante dans une société, et celui d’attenter ou d’inciter contre la religion d’une minorité dominée. Si, du sein de la civilisation judéo-musulmane : en Arabie saoudite, dans les Emirats du Golfe s’élevaient aujourd’hui des protestations et des mises en gardes contre la religion dominante qui opprime des travailleurs par milliers, et des millions de femmes, nous aurions le devoir de soutenir les protestataires persécutés. Or, comme l’on sait, les dirigeants occidentaux, loin d’encourager les « voltairiens et les rousseauistes » au Moyen-Orient, apportent tout leur soutien aux régimes religieux les plus répressifs.
En revanche, en France ou au Danemark, en Allemagne ou en Espagne où vivent des millions de travailleurs musulmans, le plus souvent affectés aux tâches les plus pénibles, au bas de l’échelle sociale, il faut faire preuve de la plus grande prudence avant de critiquer l’islam, et surtout ne pas le ridiculiser grossièrement. Aujourd’hui, et tout particulièrement après ce terrible massacre, ma sympathie va aux musulmans qui vivent dans les ghettos adjacents aux métropoles, qui risquent fort de devenir les secondes victimes des meurtres perpétrés à Charlie Hebdo et dans le supermarché Hyper casher. Je continue de prendre pour modèle de référence le « Charlie » originel : le grand Charlie Chaplin qui ne s’est jamais moqué des pauvres et des non instruits.
De plus, et sachant que tout texte s’inscrit dans un contexte, comment ne pas s’interroger sur le fait que, depuis plus d’un an, tant de soldats français sont présents en Afrique pour « combattre contre les djihadistes », alors même qu’aucun débat public sérieux n’a eu lieu en France sur l’utilité où les dommages de ces interventions militaires ? Le gendarme colonialiste d’hier, qui porte une responsabilité incontestable dans l’héritage chaotique des frontières et des régimes, est aujourd’hui « rappelé » pour réinstaurer le « droit » à l’aide de sa force de gendarmerie néocoloniale. Avec le gendarme américain, responsable de l’énorme destruction en Irak, sans en avoir jamais émis le moindre regret, il participe aux bombardements des bases de « daesch ». Allié aux dirigeants saoudiens « éclairés », et à d’autres chauds partisans de la « liberté d’expression » au Moyen-Orient, il préserve les frontières du partage illogique qu’il a imposées, il y a un siècle, selon ses intérêts impérialistes. Il est appelé pour bombarder ceux qui menacent les précieux puits de pétrole dont il consomme le produit, sans comprendre que, ce faisant, il invite le risque de la terreur au sein de la métropole.
Mais au fond, il se peut qu’il ait bien compris ! L’Occident éclairé n’est peut-être pas la victime si naïve et innocente en laquelle il aime se présenter ! Bien sûr, il faut être un assassin cruel et pervers pour tuer de sang-froid des personnes innocentes et désarmées, mais il faut être hypocrite ou stupide pour fermer les yeux sur les données dans lesquelles s’inscrit cette tragédie.
C’est aussi faire preuve d’aveuglement que de ne pas comprendre que cette situation conflictuelle ira en s’aggravant si l’on ne s’emploie pas ensemble, athées et croyants, à œuvrer à de véritables perspectives du vivre ensemble sans la haine de l’autre."
Shlomo Sand
(Traduit de l’hébreu par Michel Bilis)
Il faut que, sans perdre une minute, Shlomo Sand s'en aille porter ce message d'amour, de paix et de "vivre ensemble sans la haine de l'autre" aux chefs de Boko Haram, qui ont tué 2500 personnes au Nigéria la semaine dernière, et qui vont fondre en le lisant, on n'en doute pas, et déposer les armes et même pardonner Houellebecq d'avoir fait publier pendant cette semaine cet infâme brûlot islamophobe contre lequel Boko Haram a apporté une réponse un peu vigoureuse, il est vrai, mais tellement justifiée !
Il y a vraiment des tarés. Est-il parent avec George ?
Sur le fond, je rejoins la position exprimée par Marcel Meyer.
Prêts pour le traitement ?

video: [youtu.be]
"Pour ma part, ce qui m'a immédiatement dissuadé de participer cette manifestation, c'est le fait qu'elle ait été encouragée, sinon organisée par l'Etat. J'ai pu voir jadis maints “rassemblements officiels” de ce genre en Iran (rassemblements que les Iraniens, dans leur immense majorité, ne prennent plus au sérieux...) ; jamais je n'aurais cru qu'on aurait un jour ces pitreries-là en France — ces manifestations creuses, un peu kitsch, et qui n'ont d'autre véritable substance que la masse d'individus qu'elles rassemblent. Cette masse, en l'absence de sens, a le pouvoir de créer à elle seule la stupéfaction et l'hébétude, un peu comme les décibels à un concert de rock ." etc. etc.

Comparer aux rassemblements organisés par l'Etat iranien la manifestation qui rendait hommage aux victimes françaises des crimes islamiques...

Je veux bien offrir à l'auteur de cette brillante analyse un aller simple pour Téhéran. Il pourra emporter sa collection de Muray et voyager avec Shlomo Sand.
Libre à Rémi Pellet de m'envoyer au diable (c'est le cas d'le dire...)

Je n'y peux rien, pourtant, si dans les deux cas il est possible de faire le même constat formel, à savoir qu'un gouvernement “court-circuite” la société civile en appellant les citoyens à manifester dans la rue pour pleurer des martyrs de guerre ; et que, ce faisant, l'assise politique et idéologique du régime tout entier — islamisme chiite là-bas, antiracisme dogmatique ici — s'en trouve renforcée (ou du moins l'espère-t-on).

Dit autrement, on essaie d'obtenir ou de renforcer une légitimité éventuellement vacillante en jouant sur l'émotion (bien légitime) des masses.

Dans le même registre, qui peut nier que depuis les événements du 11 septembre, les Etats-Unis sont devenus, et sans doute pour très longtemps, un pays beaucoup plus policier, beaucoup moins libre et démocratique qu'auparavant ?

Mais enfin, ce n'est là qu'une idée, à laquelle je ne tiens d'ailleurs pas plus que ça. Si elle semble aberrante, ce que je puis concevoir tout à fait, qu'on me le dise avec des arguments, ou, à défaut, de façon courtoise, plutôt qu'en se montrant agressif (ce qui n'apporte rien au débat). Peut-être nous rendrons-nous compte, dans quelques années ou décennies, que les événements récents auront permis d'affaiblir l'idéologie dominante, comme semble l'espérer Finkielkraut. Personnellement, je ne suis guère optimiste, mais encore une fois j'espère me tromper.
Pour ceux qui auraient un doute sur le sens réel de la manifestation, en particulier de sa partie parisienne et officielle, il suffit d'écouter le discours de Valls hier à l'Assemblée, sur les "trois couleurs" des trois policiers assassinés (la couleur blanche, la noire et "l'arabe", j'imagine). Non seulement c'est proprement écoeurant, mais cela montre bien le retournement (désormais) classique :

"Défiler pour protester contre la terreur islamiste" devient "Défiler pour un modèle de société qui autorise, et partiellement produit, la terreur islamiste".

Ou :

"Défiler pour la liberté d'expression" devient "Défiler pour que se perpétue un système où la liberté d'expression est soumise à la terreur".
La nouvelle fonction du réel est de satisfaire le désir du pire.

Il fallait que les terroristes désirassent l'unité nationale contre eux, que dans le même temps celle-ci fût impossible à cause des vivre-ensemblistes, que les dessinateurs fussent inconscients des risques qu'ils prenaient, qu'ils fussent bêtes, que leur ami médecin pleurnichât, que cette conne de ménagère de Lamotte Beuvron s'avisât d'en être émue devant son poste de télé, que l'Eglise fût absurde (mais splendidement) en rendant hommage à des mécréants assassinés, que les appels de notre premier ministre ressemblassent à ceux des mollahs iraniens, que les manifestants ne se souciassent que des conséquences et pas des causes, que certains policiers assassinés fussent musulmans, noirs ou arabes (ça, ça ne devait vraiment pas) et qu'en plus le premier ministre le soulignât.

Et, si tout se passe bien, la manifestation contre la ferme au mille veaux et celle contre l'islamisation (elles pourraient d'ailleurs fusionner), appelées par les vrais non-dupes, feront le bide habituel des manifestations des vrais-non-dupes.

Seule ombre au tableau du réel, le succès du livre de Houellebeq. Mais bon, le livre n'est peut-être pas vraiment anti-islam non plus (on en débat plus haut) et, de toute façon, comme le dernier numéro de Charlie se vend très bien aussi, les deux s'annulent.
Allons, Rémi, pourquoi être désagréable ?

Le pays a basculé. Cela couvait, cela s'est fait, les images, tout ce qu'on lit sur la manifestation de dimanche, l'article de causeur nous montrent de façon convergente ce qui s'est passé, et Mohammed est bien redevenu Mahomet dans les médias.

Pourquoi voulez-vous à tout prix empêcher Riposte laïque de se sentir utile ?
"Pourquoi voulez-vous à tout prix empêcher Riposte laïque de se sentir utile ?"

Mais je respecte et j'ai même de l'estime pour Riposte laïque que je trouve très courageuse.

C'est une certaine "posture" que je critique.
C'est effectivement plus clair. Diriez-vous que cette posture consiste en une incapacité de voir les choses dès lors qu'elles ne vont pas dans le sens qu'on veuille qu'elles suivent ? ou bien est-ce un acte volontaire ?
Tiens, Shlomo Sand semble avoir trouvé un allié en la personne de Delfeil de Ton.
Où l'on découvre que Delfeil de Ton appartient encore au monde des vivants, j'aurais cru qu'il avait cent ans.
Citation
Rémi Pellet
C'est une certaine "posture" que je critique.

Sachez que pour ma part je ne suis pas dans la "posture". Je m'applique à ne pas être plus virulent, même.

J'entends qu'on se scandalise des " bien fait !" des jeunes arabes, en classe, alors qu'on tait leurs "je nique la France, j'encule les flics, je hais les juifs et les pédés", depuis des lustres.

Je vois qu'on insiste sur la "diversité" des victimes, tuées par les balles islamistes, pour mieux faire taire ceux qui voient bien que ceux qui rossent, ceux qui violent, ceux qui tuent, pour Allah ou pas, en France, sont dans leur immense majorité arabes ou noirs.

J'entends qu'il faut plus de policiers, plus de soldats dans les rues de mon cher pays, plus d'éducateurs, alors qu'il y en tant, mais je n'entends pas qu'il faut moins d'immigration, et je sens bien qu'on ne va pas tarder à me dire qu'il en faut plus, beaucoup plus, toujours plus.

J'entends que cette fois on va voir ce qu'on voir, qu'on a compris, qu'on bascule, que c'est fini, les conneries, qu'on a bien pris conscience, qu'on va réagir, qu'on va se battre, qu'on est en guerre, qu'on ne transigera plus et je sais bien qu'on va vouloir mieux me faire connaître l'Islam, mieux aimer les musulmans, mieux combattre ma promptitude supposée à amalgamer, extraire de mon sale cerveau mes éventuelles envies de stigmatiser, qu'il va falloir m'expliquer, me traiter.

Je sais que je devrais corriger ce message si je voulais l'écrire ailleurs qu'ici, remplacer des "les" par des "des", remplacer les "des" par "une infime minorité des", et finir par ne plus rien écrire du tout, puisqu'on ne peut plus rien écrire d'un peu vrai, nulle part, dans ce pays où la liberté d'expression est si importante, paraît-il, si on veut avoir une chance d'être lu par plus de trois mille personnes.

J'entends des choses, je vois des choses, mais non, mes frères, je ne vois rien venir, que la France qui mosquoie et le peuple qu'on remplace, comme chanterait l'autre.
Mais à propos de traiter, comment traitez-vous, dans un discours englobant, le cas dont le Journal d'hier nous parle :

(A.) Français d’origine algérienne, très intégré, sans religion, (est) terriblement affecté, lui, par les événements de la semaine dernière et par les divers commentaires qu’il en lit sur la Toile.

Cet "A" voit-il des amalgames infondés ? se sent-il stigmatisé ? que faire, d'après vous, pour calmer les angoisses de "A" ?
Très intégré, dites-vous ?

Je lui dirais : "Arrête ton cinéma, compatriote".

Quelque chose comme ça.
Vous pensez que ce genre d'attitude, c'est du cinéma, donc ? que paraître affecté dans ce cas c'est, comment dire, une posture ?
Rémi,

Pour quitter un peu le registre du sérieux, et fidèle à l'esprit de Charlie qui règne sur la France ces derniers jours, ne voyez-vous pas dans l'affaire des mille veaux un caractère biblique ?

Je sais que vous avez avec la Bible un commerce quotidien. Considérez Esaïe 11-6 : "Et la panthère se couchera avec le chevreau ; ...le lionceau... et le bétail qu'on engraisse, seront ensemble".

Cela peut sembler un peu mystérieux. C'est en fait une prémonition de la manifestation du 17. Le "Bétail qu'on engraisse", ce sont évidemment les Mille Veaux, il y en aurait eu 144 000, cela aurait été mieux, plus biblique, mais c'est la crise. Le lionceau, c'est Renaud Camus.

Déduction hâtive, me direz-vous. Et bien, non. En effet, Esaïe nous éclaire, en 65-25 : "Le lion, comme le boeuf, mangera de la paille". L'allusion au changement de régime de Renaud Camus est d'une clarté biblique, c'est le cas de le dire, c'est l'annonce de grands bouleversements.

Il reste la question de la panthère couchée avec le chevreau. Là aussi, la Ferme des Mille Veaux est la clé du mystère : il y est en effet fortement question que Grand Biquet Béglais (José Bové, pour le nommer) y manifeste en compagnie de l'illustre Truella, du nom de son maquillage, la grande, la fameuse, l'éternelle Brigitte Bardot.
Stéphane Pugnière : « J'entends qu'il faut plus de policiers, plus de soldats dans les rues de mon cher pays, plus d'éducateurs, alors qu'il y en tant, mais je n'entends pas qu'il faut moins d'immigration, et je sens bien qu'on ne va pas tarder à me dire qu'il en faut plus, beaucoup plus, toujours plus. »

J'ai posté hier sous un article du Figaro intitulé Le grand malaise des musulmans, qui insistait sur "la haine incroyable" qui s'accumule dans l'esprit de la jeunesse de banlieue et le caractère explosif de la situation, le commentaire suivant :

Pendant ce temps, on continue imperturbablement à en importer au rythme de deux cent à trois cent mille par an, voilà, voilà...

Donc, Le Figaro, journal de la droite de gouvernement qui ambitionne de revenir bientôt au pouvoir, ne veut pas entendre parler d'une remise en cause de l'immigration de masse. L'idée ne peut même pas être formulée dans un commentaire de lecteur. On se souvient que les commentaires du Figaro en ligne sont "modérés" au Maroc.
Aymeric Chauprade parle vrai, dans cette vidéo mise en valeur par Fdesouche :

[www.youtube.com]
Dans Le Point un article alarmiste de Brighelli sur la façon dont tout un pan de la jeunesse a échappé à notre culture n’emploie même pas le mot « immigration » ; « immigré » n’y figure qu’une fois, dans une citation de … Tahar Ben Jelloun.

Sur la même page, l’hebdomadaire (en général classé à droite) propose un sondage : « Quelles mesures la France doit-elle prendre après les attentats qui ont ensanglanté la France ? ». Voici les mesures entre lesquelles on demande au lecteur de choisir (on ne peut même pas cocher plusieurs cases…) :

• Il faut former et contrôler les imams.
• Il faut renforcer les moyens et les pouvoirs des services secrets.
• Il faudrait donner des cours de religion dès l’école et le collège.
• Il faut revoir les accords de Schengen.
• Il faut que les forces de l'ordre surveillent plus efficacement les banlieues.
• Il faut revoir notre politique judiciaire et carcérale.
• Il faut que nos intellectuels et penseurs cessent de se prendre pour des hommes politiques.

Autrement dit à peu près tout sauf arrêter l’immigration (revoir les accords de Schengen est ce qui s’en rapproche le plus). Ne parlons même pas de remigration.

J’ai posté le commentaire suivant :
« Ce qui est extraordinaire, dans cet article comme dans le sondage « Quelles mesures la France doit-elle prendre après les attentats qui ont ensanglanté la France ? », c'est que jamais on ne pose la question de l'opportunité de continuer cette immigration de masse qui est à l'origine de cette situation. Imperturbablement, nous continuons à recevoir deux cent à trois cent mille immigrés par an. Le seul point sur lequel tout le monde s'accorde est que nous n'arrivons plus à les intégrer et, même si certains pensent que c'est de notre faute et d'autres que c'est de la leur, ce constat-là est incontestable et incontesté. Or, il n'est même plus permis de poser la question. Sommes-nous devenus fous ? »

C’était il y a une heure. Le commentaire n’est pas publié et, selon toute vraisemblance, ne le sera pas.

Pendant ce temps, nous apprend Le Figaro, Bernard Cazeneuve, le calamiteux et grotesque ministre de l’Intérieur, « prend 16 points » dans un sondage du Parisien et M. du Masnau se félicite bruyamment ici de tout ce qui a changé en bien dans la situation.

Il y a des moments où l’on ressent un immense découragement.
A propos de l'immigration, les choses sont claires. Un et un seul parti ayant quelqu'influence défend son arrêt, c'est le Front National. Donc voter pour lui et le soutenir me semblent les deux actions concrètes à mener.

A propos du découragement, est-ce un découragement concernant la situation générale (je rappelle qu'entre 2012 et maintenant le Front National a fait, dans les intentions de vote, des progrès énormes) ? ou est-ce un découragement concernant l'écho des thèses exprimées ici ?
Dans Le Point un article alarmiste de Brighelli sur la façon dont tout un pan de la jeunesse a échappé à notre culture n’emploie même pas le mot « immigration » ; « immigré » n’y figure qu’une fois, dans une citation de … Tahar Ben Jelloun.

Dans le JDD, le toujours bonasse Michel Wieviorka, Tout Va Bien pour les intimes et Simplet pour les autres, assure une fois encore que les immigrés musulmans "s'intègrent très bien". Heureusement, Thilo Sarrazin lui "répond" indirectement un peu plus loin dans la même édition de ce journal.
Mais enfin, que lisez-vous et qu'écoutez-vous ? le problème des personnes qui ne veulent pas s'intégrer est clairement exposé, et l'opinion des Français est claire à ce propos. On ne pouvait pas en parler il y a quinze jours, maintenant même les plus teigneuses des associations font profil bas.
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