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Les autruches au travail

Envoyé par Marcel Meyer 
26 mai 2014, 20:10   Les autruches au travail
À lire les éditoriaux et autres articles d'analyse de fond publiés dans Le Monde et Le Figaro — on imagine qu'il y a à peu près la même chose ailleurs mais je n'ai pas eu le courage d'aller voir — le complexe médiatique paraît unanime : il y a "séisme", "dévastation du paysage politique", et, quant aux causes du triomphe du FN, elles sont évidentes, les Français ont peur et n'ont plus confiance en l'Europe et dans les partis "de gouvernement" qui leur paraissent incapables de les protéger contre ce dont ils ont peur. Bon, bon, on a souvent l'impression qu'il y a davantage de colère que de peur mais cette façon de rabaisser l'adversaire en le poltronisant n'est pas une surprise tant elle est coutumière.

Mais peur de quoi au fait ? Ben voyons, c'est h'évident : du chômage, de la précarisation, de l'austérité budgétaire, de la mondialisation, de l'avenir. Et l'immigration de masse ? La préférence étrangère ? L'insécurité et la violence quotidiennes ? La poudre aux yeux grotesque des réformes dites "sociétales" ? L'effondrement scolaire ?

Oh, mais qu'est-ce que vous allez chercher là, de quoi parlez-vous donc ?

Continuez comme ça les mecs, le FN a de beaux jours devant lui, et nous un commencement d'espoir que les choses vont changer.
C'est prodigieux. Hier soir, sur France 2, j'en ai entendu, des mots : peur, lassitude, repli, soi, pédagogie, catastrophe, années, trente, autre, xénophobie, incompréhension, sanction, suffocation, etc. Il n'aura pas été question de prononcer celui que les électeurs ont hurlé par leur vote : immigration.

Il a fallu attendre Éric Zemmour, après minuit, pour l'entendre. Il a même ajouté massive, grand, remplacement, Renaud et Camus.
Utilisateur anonyme
26 mai 2014, 21:18   Re : Les autruches au travail
Que vouliez-vous qu'ils disent ? Je suis comme vous, ne parler que d'économie, de déficits budgétaires ou de chômage, sans parler d'identité, de peuple, de nation ou d'immigration, quand tous les sondages affirment que cette dernière question est primordiale, c'est délirant ! Mais c'est surtout voulu, calculé. On ne fait pas l'autruche, on cache les poussières sous le tapis. Le problème est que le tapis touche le plafond. Comment vont faire les journaux, les éditorialistes et autre chroniqueurs, les hommes et les femmes d'appareils, comment vont-ils faire pour berner encore et encore le peuple français ? A chaque élection, on pense que c'est pour la dernière fois mais rien ne bouge vraiment.
Cher ami, on ne peut pas dire cela. J'ai fort bien entendu parler du sondage "sortie des urnes" IPSOS-STERIA, je crois, qui faisait état de la préoccupation majeure des électeurs, l'immigration, mais aussi d'autres préoccupations.

Si, dans le débat, il a été ensuite peu question du sujet, c'est aussi parce que les représentants des listes de Mme Le Pen se sont attachés à parler d'autre chose, démontrant au passage qu'ils n'étaient point "contre", simplement contre, mais qu'ils avaient un projet politique et économique.

Florian Philippot a été très bon, il a beaucoup insisté sur le projet global développé par son parti, sur la question de la souveraineté, sur l'adhésion à un projet et non sur un simple rejet.

[www.lemonde.fr]

C'est d'ailleurs toute la stratégie de Mme Le Pen : ne pas se cantonner à deux-trois sujets obsessionnels, comme le faisait son père, mais aborder tout le spectre qui intéresse les électeurs. Elle a une vision claire et cohérente, de mon point de vue.

Un quart des Français a voté pour elle. Ce quart-là ne se contente pas de dire : stoppons l'immigration à vannes ouvertes, il dit aussi "et pour le reste, que proposez-vous ?" et là, Mme Le Pen a une réponse qui le satisfait.
En effet, le mot a été dit une fois, par cette personne qui travaillait pour un institut de sondage, me semble-t-il. Aucune réaction chez les responsables politiques autour de la table, ni chez les journalistes.

C'est peut-être une stratégie pour ce qui est des responsables frontistes, c'était peut-être prévisible pour ce qui est des autres, mais nous, nous devenons fous, à nous entendre dire que nous votons "peur" ou "pouvoir d'achat".

Je me priverais dès demain de vingt pour cent de mon salaire, qui est loin d'être élevé, si on m'assurait que la survie de mon peuple devenait la priorité de mes dirigeants, et peu m'importerait leur couleur politique. Je ne dois pas être le seul dans ce cas.
Je ne crois pas que ce soit cela : tout le monde sait que le Front national est contre l'immigration débridée, en douter revient un peu à penser que Mme Boutin est peut-être pour le mariage pour tous.

Le Front national a franchi une étape : maintenant, on s'intéresse à son projet global, qui est souverainiste (halte à l'immigration sans contrôle, halte à une Commission européenne sans contrôle, halte à une mondialisation sans contrôle, halte à des changements de moeurs sans contrôle).
Je pense que nous sommes nombreux à n'écouter que d'une oreille les discussions techniques, économiques et sociales. Si nous devenons minoritaires dans notre propre pays, que seront quinze pour cent de salaire en plus ? Que nous importera que nous soyons dans l'union, ou pas, avec l'euro, ou pas ?

Le Front National montre son pectoral économique et son pectoral social, très bien, longue vie à lui. Mais quand les électeurs votent "stop à l'immigration, assez, halte, non", n'entendre personne ou presque en parler est sidérant, puisqu'on devrait ne parler que de ça ou presque. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai voté "Non au grand remplacement" et pas "Liste technico-sociale anti-précarité et aussi contre l'immigration, vous vous doutez bien, mais n'en faisons pas une obsession".

Ça m'obsède.

J'espère que vous me passerez l'ironie.
Mais justement, c'est une question politique majeure : j'ai mis un certain temps à le comprendre, mais le Front national est le seul parti à souligner clairement les divers défauts du système actuel -- des frontières ouvertes, une règlementation ouverte, un marché ouvert et à faire des propositions concrètes.
J'ai attendu moi aussi toute la soirée que le mot soit prononcé et il a fallu qu'Eric Zemmour parle à minuit pour que je l'entende enfin. Je me demande parfois s'il y a jamais eu dans l'histoire tabou aussi absolu. A ce stade, on n'arrive même plus à comprendre la raison de ce silence. Que la caste médiatique reste à ce point muette sur une réalité devenu secret de polichinelle pour quasiment toute la planète, sans avoir l'air de craindre le ridicule ni la honte, en dit long sur l'abjection dans laquelle est tombé le journalisme français.
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