On attend toujours les analyses raffinées de nos grands éditorialistes concernant l'absence retentissante des musulmans à la Marche républicaine. Un sondage récent révèle que la grande majorité des participants à cette marche était : plutôt à gauche, plutôt âgée, plutôt diplômée, plutôt "bien intégrée" -- et bien entendu, plutôt urbaine (voire parisienne, puisqu'à Marseille... phénomène lui aussi tout à fait négligé par la presse, d'ailleurs). Le sondage n'aborde pas la question de l'appartenance religieuse : cela n'intéresse évidemment personne.
Dans ce contexte, l'intervention de l'islamologue Bassam Tahhan sur BFM TV, hier, ne manquait pas de sel. Parfaitement décomplexé -- car très insoupçonnable d'islamophobie -- et presque amusé de devoir le préciser, il a déclaré qu'il n'y avait "pas beaucoup de musulmans" dans la rue le 11 janvier -- ceux-ci n'ayant bien sûr que modérément envie de défiler en hommage à des blasphémateurs. Le journaliste qui l'interrogeait semblait décontenancé ; mais l'interlocuteur ne pouvant être pris à partie, il est resté coi. Il est inquiétant (mais pas surprenant) de constater que personne, ou presque, n'a été capable de dire cette vérité très simplement, et de mener un début de réflexion à ce propos.