Communiqué n° 1799 : Sur l’inversion des vœux

Communiqué n° 1799, mercredi 28 janvier 2015
Sur l’inversion des vœux

Le parti de l’In-nocence, tandis que s’achève la ridicule et indigne série des vœux dits “présidentiels”, renouvelle une fois encore sa protestation contre ce retournement de la tradition et de la signification de ces cérémonies. Au lieu que les vœux soient adressés à la France en la personne du chef de l’État c’est lui, depuis maintenant plusieurs lustres, qui s’abaisse à présenter les siens au corps diplomatique, aux corps constituées, aux fameuses “forces vives” et même à la presse, souvent en se déplaçant lui-même, au mépris de la dignité de sa fonction. Rien n’est plus significatif de la confusion qui s’est emparée des esprits quant à ce qu’est un État et ce que devrait être un chef de l’État. Cette confusion est le juste reflet de l’effondrement syntaxique qui empêche les Français de distinguer entre les modes actifs et passifs de la grammaire, entre le sujet et l’objet, et leur fait croire par exemple qu’une chanteuse peut être “interdite de chanter” ou même une place “interdite de manifestation”. Si la forme c’est l’autre, la démocratie et l’État de droit sont des formalismes, et la mécompréhension des rites protocolaires dit beaucoup sur le délabrement de la République. Imagine-t-on le général de Gaulle aller présenter ses vœux aux chefs d’entreprise ?

Non. On ne l'imagine pas non plus porter une pancarte "Je suis (le Grand) Charlie". On ne l'imagine nulle part, en fait.

A la suite de ce communiqué, les contributeurs voient-ils une différence centre "Imagine-t-on le général de Gaulle allant présenter ses vœux aux chefs d’entreprise ? " et "Imagine-t-on le général de Gaulle aller présenter ses vœux aux chefs d’entreprise ? ".

Le TLFI ne nous parle que de l'infinitif pour "imaginer", mais de l'infinitif et du participe présent pour "voir". Dans le cas de voir, l'usage semble être d'utiliser l'infinitif pour une idée générale et le participe pour une chose précise.

Je ne le vois pas danser le tango : hypothétique inimaginable, comme le serait en effet imaginer le Général aller présenter des voeux (il n'est pas envisageable qu'il le fasse).

Je ne le vois pas dansant le tango : on m'a dit qu'il le faisait, j'ai du mal à y croire, comme le serait imaginer le président Hollande allant présenter des voeux (et pourtant il le fait).

Inouï…

Cette capacité à laisser sans voix...