Le site du parti de l'In-nocence

Le cinéma, parfois...

Envoyé par Henri Rebeyrol 
24 mars 2015, 20:10   Le cinéma, parfois...
Il est deux films, vus récemment, qui, dans les situations qu'ils montrent, analysent, à l'insu du metteur en scène, quelques-unes des tragédies que vit notre époque (et aussi notre pays) : "Le dernier Loup" (Annaud) et "La Croisée des Vents" (film estonien).

L'action du film d'Annaud (l'extermination des loups de Mongolie et la fin du nomadisme mongol) est située en 1966-67-68 en Mongolie (intérieure) du temps de Mao. Que nous est-il montré, outre les ingrédients (sans grand intérêt) du film "d'action" et grand public ? La vie animale sauvage menacée à cause de 1) la croissance démographique délirante de la Chine et de la nécessité de nourrir une population de plus en plus nombreuse, d'autant plus que le socialisme est incapable, d'un point de vue économique, par imbécilité ou gabegie, de répondre aux besoins d'une population croissante (on tue les proies "naturelles" des loups, puis on tue les loups); 2) la conquête de nouvelles terres arables (épuisement des terres cultivées), si bien que, de force, sont amenées dans la steppe des Mongols sédentarisés, à charge pour eux d'épuiser rapidement, en les labourant, ces terres d'élevage extensif inadaptées à l'agriculture - ce qui signe la fin du nomadisme mongol, le massacre des paysages de la steppe et l'abandon de l'élevage dont vivaient les nomades. Des traditions, des façons de faire, des savoir-vivre, des beautés naturelles, des langues, des "cultures", etc. doivent se fondre dans un ensemble de normes imposées par les maoïstes hans et aujourd'hui par l'économisme forcené du communisme chinois. La tragédie qui se passe dans une Chine "exotique" pourrait être transposée sans difficulté dans la France actuelle, mais on peut parier qu'aucun cinéaste n'aura le courage d'effectuer cette transposition.

La Croisée des Vents est un chef d'oeuvre du point de vue plastique : succession de "tableaux" ou de grandes compositions historiques, la caméra passant devant les personnages figés comme dans un tableau de peintre et les faisant "vivre" en quelque sorte. C'est aussi beau ou aussi émouvant qu'Ida et d'une audace inouïe sur le plan formel. Mais le point essentiel est dans le sujet même du film, à savoir un peuple - le peuple estonien - dépossédé de lui-même (on est en 1941), coupé de son histoire et de ses racines, nié dans ce qu'il est, et un pays, son pays, son "berceau" ou son "heimat", entièrement nettoyé, ethniquement nettoyé. C'est sinistre. Ce n'est plus de l'Histoire, mais de la Tragédie, et comme souvent dans la tragédie, c'est une histoire universelle, qui se répète sans cesse et qui est sans doute en train de se produire aujourd'hui en France. Il est une phrase du personnage narrateur qui résume le film et confère une valeur universelle à la situation : (je cite en substance) "Comment un régime politique peut-il priver des milliers de gens de ce qu'ils aiment et de ce en quoi ils croient". Le régime en question est le régime communiste (Staline, 1941-1953), mais il serait inexact de penser que seul un régime communiste est capable de réaliser de tels projets, puisque ces mêmes projets nourrissent actuellement des régimes "socialistes" ou "socio-démocrates" ou même démocratiques, mais dans un sens où la démocratie est dévoyée. Là encore, il n'y aura aucun cinéaste pour transposer le sujet de la Croisée des Vents dans la France actuelle. Pour cela, il faudrait être insolent, transgressif, anticonformiste, rebelle, toutes qualités dont sont dépourvus nos impressionneurs de pellicule.
"On peut parier qu'aucun cinéaste n'aura le courage d'effectuer cette transposition."

"Pour cela, il faudrait être insolent, transgressif, anticonformiste, rebelle, toutes qualités dont sont dépourvus nos impressionneurs de pellicule."

Vous avez raison, nous ne sommes pas près de voir le cinéma tenter de rendre compte de ce que nous voyons pourtant très bien à l'oeuvre chaque jour : la disparition de notre civilisation et de notre peuple. Mais je crois que vous avez tort d'incriminer un quelconque manque de courage de la part des cinéastes français : la vérité est qu'il faut de l'argent et des collaborateurs pour faire un film, et qu'un scénario traitant de la question du Grand Remplacement (autrement que pour en dénoncer la théorie s'entend) ferait perdre immédiatement la possibilité de disposer de ces deux choses. Donc un "cinéaste courageux" ne serait en fait qu'un scénariste courageux dont le scénario (comme tous les suivants) dormirait au fond d'un tiroir – autant dire rien ni personne.

Pour écrire et publier un livre comme "Du sens" ou "Le Changement de peuple", Renaud Camus n'a besoin "que" d'un ordinateur, de temps et de courage. Pour faire un film qui ne dirait que le centième de ce que disent ces deux ouvrages, il faudrait passer par mille lecteurs, "décideurs" et intermédiaires qui sont tous, absolument tous, des remplacistes convaincus. Alors continuons de pleurer au cinéma la disparition du "dernier loup" ou du "dernier Estonien" : nous ne pourrons pas pleurer la disparition du "dernier Français" sur un écran avant longtemps...
Utilisateur anonyme
25 mars 2015, 15:27   Re : Le cinéma, parfois...
Certes M. Rivière.... mais R. Camus, ''même avec son ordinateur, son temps et son courage'', comme vous écrivez, n'a pas d'éditeur et ne peut partager ses idées ou sa création intellectuelle que par des contorsions ''technico-éditoriales'' personnelles, accessibles à des esprits initiés ou curieux, surement nourris d'honnêteté intellectuelle. C'est bien là le vrai scandale pour un écrivain aussi politique soit-il, dans un système qui crie et fait crier, haut et fort, la liberté ( comme il se doit d'ailleurs!), devant tous les béjaunes à l'ordre, et qui vitupère tout ce qui n'est pas dans l'ordre dogmatique des ''bien pensants'' !
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter