Le site du parti de l'In-nocence

Le programme économique et financier du FN

Envoyé par Rémi Pellet 
Sauf erreur de ma part, alors qu'il est souvent question ici des prises de position du FN sur l'immigration, ses propositions dans le domaine économique et financier n'ont pas été précisément exposées.

Certes, ce sujet peut être considéré comme secondaire, "une question d'intendance", mais on peut également soutenir l'hypothèse inverse (cf. une autre fil sur c site) selon laquelle ces propositions économiques et financières ne sont pas jugées crédibles par une part significative des personnes qui partagent cependant avec le FN le refus du "Grand Remplacement", même si le terme a été récusé par Mme Le Pen.

Pour ces raisons, il me semble utile de donner à connaître les propositions "éco-fi" du FN telles qu'il les présente lui-même, dans son programme détaillé et dans son résumé, en les assortissant d'un bref commentaire.

Sources :
[www.frontnational.com]
[www.frontnational.com]


Extraits du programme classés par thèmes :

I. Le recours aux prêts de la Banque centrale

"Pour recouvrer sa souveraineté financière, la France doit cesser d’être dépendante des banques internationales et des marchés financiers pour son financement. Depuis une loi de 1973, confirmée par les Traités européens depuis Maastricht, notre pays n’a plus la possibilité d’emprunter directement à taux très bas à la Banque de France comme cela se pratique dans de nombreux pays du monde dont les Etats- Unis et le Royaume-Uni (dans ce dernier pays, la Banque d’Angleterre détient 25% de la dette publique). Fruit d’une idéologie périmée, cette interdiction du financement monétaire de la dette renchérit la charge d’intérêts de la dette et place l’Etat dans la dépendance exclusive de ses créanciers privés, de surcroît largement étrangers"

"Le monopole des banques sera supprimé en déprivatisant l’argent public. La Banque de France pourra ainsi prêter au Trésor public sans intérêts"

Commentaires :

1° la loi n° 73-7 du 3 janvier 1973 [www.legifrance.gouv.fr] à laquelle il est fait allusion n'a pas interdit les emprunts de l'Etat auprès de la Banque de France : l'article 19 de cette loi disposait explicitement que "les conditions dans lesquelles l'Etat peut obtenir de la Banque des avances et des prêts sont fixées par des conventions passées entre le ministère de l'Economie et des Finances et le Gouverneur autorisé par délibération du conseil général" (de la Banque de France). L'erreur du FN vient d'une incompréhension de l'article 25 de la loi qui disposait que "le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France", cependant que l'article 24 de la loi permettait à la Banque de France d' "escompter, acquérir, vendre ou prendre en gage des créances sur l'Etat, les entreprises et les particuliers dans les conditions qu'il juge nécessaires pour atteindre les objectifs de la politique monétaire, et en tenant compte de la situation particulière des demandeurs et des présentateurs"

2° "cette interdiction du financement monétaire de la dette renchérit la charge d’intérêts de la dette" : c'est faux puisque, au-delà d'un seuil, les avances et prêts de la Banque de France à l'Etat donnaient lieu à versement d'intérêts et qu'aujourd'hui l'Etat s'endette sur les marchés à des taux extrêmement faibles (comparables aux "taux très bas" que le FN voudrait obtenir de la Banque de France) ;

3° "place l’Etat dans la dépendance exclusive de ses créanciers privés, de surcroît largement étrangers" : c'est l'inverse puisque l'Etat a la faculté de faire défaut (c'est même une manifestation de sa "souveraineté") de sorte que le risque et la dépendance se trouvent du côté du prêteur ; d'autre part, pour des raisons comptables, les prêteurs sont tenus de placer leur argent auprès des Etats réputés sérieux, qui peuvent donc refuser de payer des intérêts qu'ils jugeraient excessifs (dans la dernière période, les prêteurs en sont venus à payer à l'Etat des intérêts, ce qui est encore mieux pour lui que les "prêts sans intérêts" de la Banque centrale préconisés par le FN). Les prêts accordés aux Etats sont à taux très faibles parce qu'il n'y a pas de risque d'inflation, or...

4° ...le recours au "financement monétaire de la dette" par des prêts gratuits de la Banque de France, comme le FN le préconise, signifierait que l'Etat pourrait sans limite aucune créer de la monnaie en créant ainsi une forte inflation, comme la France l'a connue dans les années 1970. Aujourd'hui, la Banque centrale européenne (BCE) procède au "financement monétaire de la dette" des Etats, en rachetant leurs titres de dette sur le marché secondaire, et le FN devrait donc s'en réjouir, mais la BCE veille à ce que cela ne génère pas d'inflation parce que ses statuts lui imposent de le faire.

La suite au prochain numéro, si cela intéresse les In-nocents..
Citation

2° "cette interdiction du financement monétaire de la dette renchérit la charge d’intérêts de la dette" : c'est faux puisque les avances et prêts de la Banque de France à l'Etat donnaient lieu à versement d'intérêts et qu'aujourd'hui l'Etat s'endette sur les marchés à des taux extrêmement faibles (comparables aux "taux très bas" que le FN voudrait obtenir de la Banque de France) ;

Cette partie me semble inexacte, car le déficit publique correspondait jusqu'en 2008, grosso modo, au service de la dette. Si les taux étaient quasiment nuls sur l'ensemble de la dette, les 45 milliards d'euros dépensés chaque année serviraient à quoi ? Vous simplifier autant, voire plus que le FN.
Vous n'aimez pas mes explications "simplistes" mais vous apprécierez peut-être ces tableaux :

[www.aft.gouv.fr]

[france-inflation.com] (spécialement le tableau "taux à dix ans depuis 1970 pour la France")

[www.senat.fr] spécialement page 18, l'histoire des concours de la Banque de France à l'Etat de 1974 à 1993, qui sont censés n'avoir pas existé selon le FN, puisqu'ils auraient été supprimés par la loi de 1973...

Ne tenez pas compte de ce tableau en revanche, ils ont oublié la République Tchèque (private joke) :

[www.aft.gouv.fr]
Citation
Rémi Pellet
signifierait que l'Etat pourrait sans limite aucune créer de la monnaie en créant ainsi une forte inflation

L'Etat crée de la monnaie à priori et la distribue ce qui produit de l'inflation. Les banques créent de la monnaie à posteriori. Il n'y a qu'à attendre que leurs bulles explosent. Si je me souviens bien le TARP s'est monté 700 milliards de dollars émis par la FED pour racheter les actifs pourris des titrisations, de l'argent du crédit.
 
Un jour, j'ai croisé l'article d'une scientifique américaine spécialiste des ouragans. Les ouragans de la Louisiane peuvent atteindre 300km/h. Bienvenue en Louisiane. Pour affiner son modèle, elle a eu accès au super-téléscope Keck afin d'accéder aux ouragans de Neptune, qui eux, atteignent les 1000km/h. Son étude intéressait beaucoup les banques.

 
Ô, la belle bulle bleue


Eh oui, le problème principal c'est la souveraineté des Etats, leur propension à ne pas couvrir leurs dépenses par des recettes définitives, qu'ils se refinancent auprès des marchés ou directement auprès des banques centrales (cas des Etats-Unis, du Japon et du RU, comme la France avant 1993 (et pas 1973)), peu importe.

Le "souverainisme" n'est donc pas la solution mais bien plutôt le problème : ce qui ne marche pas en Europe, c'est le dispositif de limitation des déficits et des dettes des Etats et si l'on sortait de l'UE le problème se poserait à nouveau et de façon aggravée : comment s'auto-contraindre à l'équilibre si l'on peut accéder à des prêts gratuits auprès de la Banque centrale ?...
J'ai écrit que vous simplifier autant que le FN, non que votre explication était simpliste, et je maintiens.

Que les taux soient bas depuis deux ans nous met justement à la merci de nos créanciers et votre courbe sur le taux à dix ans depuis 1970 pour la France montre une envolé du taux pendant 20 ans. Ces 20 années ont justement vu la dette française devenir gargantuesque, d'où l'ambiguïté entre la date et la loi de 73, petite confusion, petit mensonge que le FN soutient à dessein. Il n'y a effectivement rien de glorieux dans leur attitude.

A côté des formidables mensonges que la totalité de la classe politique entretient sur une éventuelle sortie de l'euro, c'est de la petite bière, convenez-en.
L’Etat est contraint à l'équilibre justement par le jeu de l'inflation, non ?
Non, l'inflation ne contraint pas l'Etat à rétablir l'équilibre : elle peut au contraire l'inciter à s'endetter parce qu'elle permet de réduire la charge des intérêts.

Une brutale et très forte inflation peut servir à désendetter un État : ce fut la politique choisie en France à la fin de la Seconde Guerre mondiale et l'inflation s'est alors installée durablement et les déficits se sont creusés régulièrement, malgré une très forte croissance.

"Ces 20 années ont justement vu la dette française devenir gargantuesque, d'où l'ambiguïté entre la date et la loi de 73, petite confusion, petit mensonge que le FN soutient à dessein." : mais les avances de la Banque de France ont évidemment contribué à cet endettement ! Le FN préconise donc un système qui provoque l'endettement et il ment grossièrement puisqu'il fait de l'endettement une conséquence de la suppression des avances ! Et vous trouvez que c'est un détail (si j'ose dire...) ?

"Que les taux soient bas depuis deux ans nous met justement à la merci de nos créanciers" : ???
@Rémy Pellet

Vous m'avez l'air d'en connaître un bout sur le sujet, si bien que je me permets de vous poser une question à laquelle je trouverais sans doute une réponse sur internet mais en y passant pas mal de temps.
En France actuellement, dans le service de la dette, quelle part est un remboursement (le prêt vient à échéance), et quelle part un intérêt ?

Et je me permets une autre question :
Comment se fait-il que tous les pays développés se soient endettés depuis quarante ans ? Certes, ils ont voulu stimuler la demande. Cela peut se comprendre, sur une période brève, qui serait suivie d'un désendettement (et même, vertueusement, d'une accumulation d'actifs pour les dépenser lors de la prochaine dépression). Mais continûment, depuis quarante ans...
Inertie, après les Trente Glorieuses (l'opinion ne s'est pas habituée à une croissance plus lente, à un plein emploi facile à atteindre) ? Arrivée au pouvoir d'une génération d'enfants gâtés hédonistes ? Démocratisation en profondeur, laquelle conduit à une émancipation des classes populaires, qui imposent un "toujours plus" et un "après moi le Déluge") ?
Ou bien je me trompe, et cet endettement n'est pas si scandaleux, simplement il faut maintenant le contenir ?
Réponse à la première question :

- c'est très simple, les intérêts de la dette sont considérés comme une charge définitive et sont donc inscrits en dépense au budget de l'Etat ; en revanche, la dette (la somme des emprunts), qui représente le capital emprunté qui doit être "amorti" (remboursé), est considérée comme une recette provisoire (puisqu'elle doit être remboursée) et n'est donc pas inscrite au budget.

- dans les documents que je place ci-dessous la "charge d'intérêts" pour 2015 était estimée à un peu plus de 44 milliards d'euros (Md€), tandis que l'encours de la dette était estimé à 1600 Md€.

- il convient de garder à l'esprit que l'Etat rembourse un emprunt en en souscrivant un autre, l'objectif étant de réduire le déficit annuel pour que le montant du capital emprunté se réduise progressivement. Lorsque les taux baissent, l'Etat emprunte à un taux réduit pour rembourser un emprunt souscrit à un taux supérieur : il bénéficie donc de la baisse actuelle. Le rapport ci-dessous indique p. 24 les risques liés à une remontée des taux

[www.aft.gouv.fr]

[www.performance-publique.budget.gouv.fr]

La suite un peu plus tard...
M. Bernard Mitjaville indique qu'il est "traducteur interprète" et il intervient sur Boulevard Voltaire (ce qui est courageux, compte tenu du lectorat de ce site...) pour dénoncer le mauvais procès fait à l'Europe...

[www.bvoltaire.fr]
Réponse rapide à la seconde question de M. Page sur les causes de l'endettement des Etats :

comme je ne suis pas économiste je ne peux prendre parti sur le sujet mais de mes nombreuses lectures de travaux d'experts, de toutes tendances, sur le sujet, je retiens que l'endettement général s'explique par les causes suivantes, l'importance de chacune d'elles variant dans les différents Etats selon leur "histoire" propre :

1° Des recettes publiques insuffisantes, du fait :

- de la diminution volontaire (politique) des impôts directs (ce qui a pour effet d'accroître les écarts de richesse, spécialement aux Etats-Unis) ;
- de la diminution des recettes socio-fiscales du fait de l'arrêt de la croissance et du développement du chômage (les chômeurs ne cotisent presque pas alors que les prestations sociales leur sont maintenues (ce qui est normal))
- de la corruption et des faiblesses de l'appareil fiscal (cas de la Grèce)

2° Des dépenses publiques excessives, en raison :

- de l'augmentation des dépenses d'aide aux entreprises (spécialement les banques lors de la crise financière, cf. la nationalisation du système bancaire au Royaume-Uni) et aux personnes victimes de la crise économique (prestations sociales versées aux chômeurs alors qu'ils ne cotisent plus, dépenses d'aides sociales, etc.) ;
- de l'augmentation des dépenses dues à la dynamique propre des administrations (ex. dépenses locales, même en tenant compte des transferts de charges de l'Etat vers ces collectivités) ;
- de l'augmentation des dépenses liées à l'évolution technique et démographique (ex. des dépenses publiques de santé liées d'abord au progrès des techniques médicales et, ensuite, au vieillissement des populations) ;
- du clientélisme dans certains pays (cas de la Grèce)
Citation
Rémi Pellet
[...]
- dans les documents que je place ci-dessous la "charge d'intérêts" pour 2015 était estimée à un peu plus de 44 milliards d'euros (Md€), tandis que l'encours de la dette était estimé à 1600 Md€.

Merci de la réponse.
44/1 600 = 2,75%.
J'en déduis que c'est le taux d'intérêt moyen des emprunts (les plus récents étant à des taux plus faibles) ?
Citation
Rémi Pellet
[...] en revanche, la dette (la somme des emprunts), qui représente le capital emprunté qui doit être "amorti" (remboursé), est considérée comme une recette provisoire (puisqu'elle doit être remboursée) et n'est donc pas inscrite au budget. [...]

- il convient de garder à l'esprit que l'Etat rembourse un emprunt en en souscrivant un autre, l'objectif étant de réduire le déficit annuel pour que le montant du capital emprunté se réduise progressivement.

Merci des éclaircissements que vous apportez à l'ignorant que je suis. Vu votre obligeance, je continue à vous interroger...

Il me semble qu'il y a sans cesse des emprunts qui viennent à échéance - je veux dire que les dettes de l'Etat sont souscrites en obligations, lesquelles ont des termes.
L'Etat a donc dû en 2014, rembourser du capital emprunté. Il l'a fait en empruntant de nouveau. Certes.
1° Mais pour quel montant a-t-il remboursé du capital emprunté ?
2° On n'appelle pas service de la dette le paiement des intérêts + le remboursement du capital, mais seulement le paiement des intérêts ?
Le document suivant [www.aft.gouv.fr] vous permettra de connaître le programme d'amortissement prévu pour 2015.Vous observerez que l'amortissement (116 Md€), s'accompagne de nouveaux emprunts (187 Md€), l'Etat remboursant un prêt par la souscription d'un autre, comme je l'indiquais plus haut, sachant que les "charges de la dette" inscrites au budget correspondent aux seuls intérêts, l'amortissement étant considéré comme le remboursement d'une recette provisoire (on n'inscrit au budget que les opérations définitives : les intérêts sont une dépense définitive pour l'Etat).

Oui, vous pouvez calculer un taux d'intérêt moyen comme vous le faites mais comme les taux ont baissé et que l'Etat rembourse un prêt par un autre la moyenne n'a guère de signification.
Suite de l'exposé du programme économique et financier du FN, assorti de brefs commentaires :

II. La sortie de l'euro

Extraits du "Programme politique du FN", 106 pages, en ligne en 2015

"La France doit préparer, avec ses partenaires européens, l’arrêt de l’expérience malheureuse de l’euro, et le retour bénéfique aux monnaies nationales qui permettra une dévaluation compétitive pour oxygéner notre économie et retrouver la voie de la prospérité. Le couple franco-allemand doit jouer ce rôle moteur dans cette concertation et cet arrêt programmé de l’expérience de l’euro. Il doit retrouver l’ini- tiative et permettre à la zone euro de sortir du marasme. L’Allemagne y est prête, car elle sait qu’elle ne pourra pas financer sans fin tout le reste de la zone. Une majorité d’Allemands (54% en octobre 2011) sont favorables à un retour au Mark. La France doit préparer, avec ses partenaires européens, le retour aux monnaies nationales, qui permettra d’effectuer des dévaluations compétitives. Le couple franco-allemand peut jouer un rôle moteur pour sortir du marasme. (...)
Un ministère des Souverainetés coordonnera la renégociation des Traités et la restauration de notre souveraineté nationale dans l’ensemble des domaines où elle a disparu. Aux termes de ce processus, il faudra : (...)
que la France retrouve la maîtrise de sa monnaie et de sa politique monétaire
;"

"Sortir de l’euro constitue un défi technique, mais ne provoquera aucunement le cataclysme décrit par les idéologues et autres fanatiques de la monnaie unique. Bien pré- parée, concertée avec les autres nations européennes, la fin ordonnée de l’euro est la condition de la re- naissance économique de la France. Rester dans l’euro, c’est se condamner à « mourir à petit feu », selon l’expression de l’économiste Alain Cotta.
3. Afin d’accompagner la sortie de l’euro, un ministère chargé des Souverainetés devra prendre en charge techniquement et juridiquement la renégociation des Traités et la restauration de notre souveraineté na- tionale dans l’ensemble des domaines où elle a disparu, notamment monétaire.
4. Il conviendra d’adopter des mesures de contrôle des mouvements de spéculation des capitaux. Les banques de dépôt feront l’objet d’une nationalisation partielle aussi longtemps que nécessaire pour as- sainir les pratiques bancaires et sécuriser l’épargne des Français.
5. La coopération européenne permettra d’examiner, pendant toute la durée de la négociation, l’ensemble des options envisageables pour rétablir la souveraineté monétaire des Etats membres.
6. La réintroduction du franc ira de pair avec le rétablissement des prérogatives de la Banque de France en matière monétaire, y compris la capacité de consentir des avances au Trésor.
7. Une taxation exceptionnelle des actifs extérieurs libellés en euro détenus par les banques sera établie pour compenser les coûts pour l’Etat de sa dette résiduelle en euro, dans l’hypothèse très peu vraisem- blable où l’euro existerait encore
."

Extrait de la profession de foi de Marine Le Pen, 2012, en ligne en 2015

"La France doit préparer, avec ses partenaires européens, l’évolution de l’euro, qui deviendrait une monnaie commune, coexistant avec le franc, qui serait rétabli. Ce dispositif, proposé aux Français dans le cadre d’un référendum, permettrait d’oxygéner notre économie et de retrouver la voie de la prospérité. (...)
 Il conviendra d’adopter des mesures de contrôle des mouvements de spéculation des capitaux. Les banques de dépôt feront l’objet d’une nationalisation partielle aussi longtemps que nécessaire pour assainir les pratiques bancaires et sécuriser l’épargne des Français."


Brefs premiers commentaires :

1° L'objectif principal de la sortie de l'euro serait de pouvoir procéder à une "dévaluation compétitive" qui vise à gagner des parts de marché contre les autres pays. Or, chaque fois dans l'histoire qu'une telle politique a été conduite par un grand pays, elle a engendré une spirale de politiques économiques non coopératives : pourquoi cette fois encore, les autres pays ne procédèrent-ils pas eux aussi à des dévaluations qui auraient pour effet d'annuler le bénéfice de la relance française ?

2° Le FN prétend organiser une sortie "coordonnée", "négociée" de l'euro, en accord donc avec nos partenaires, et l'Allemagne en particulier : mais comment espérer une coopération des pays européens, alors que le but de l'opération est de procéder à une dévaluation qui leur nuira puisqu'ils sont nos principaux "partenaires économiques", bien avant les Etats-Unis et la Chine [www.tresor.economie.gouv.fr] ?

3° Dans le cadre d'une dévaluation compétitive, qui s'accompagnera sans doute de réactions "non coopératives" de nos partenaires, la France ne pourrait emporter le rapport de forces qu'en menant une politique intérieur de diminution des coûts de production alors que le FN préconise d'autre part une relance économique (cf. infra III), notamment par l'augmentation du salaire minimum, la revalorisation des retraites etc., qui se traduira nécessairement par une augmentation des coûts de production ou des prélèvements sociaux-fiscaux ou bien par un surcroît d'inflation ?

4° Les créanciers de la France n'accepteront jamais d'être remboursés de leurs prêts en euro par un franc dévalué et qui ne leur permettrait d'acheter que des produits français. Cela signifiera que la France fera "défaut" et cela lui fermera les marchés financiers. Elle se tournera donc vers la Banque centrale qui produira autant de monnaie que l'Etat lui demandera (cf. supra I). Dans ces conditions, la France connaîtra une hyperinflation qui ruinera le patrimoine financier des Français ;

5° Les assurances françaises font partie des principaux créanciers de l'Etat : elles auront prêté en euros et seront remboursées en francs dévalués. Le patrimoine financier des Français sera ainsi totalement dévalorisé (près de 1500 milliards d'euro en 2014 [lci.tf1.fr] ) : les épargnants seront ruinés, comme ils l'ont été après l'hyper-inflation de la Libération.

6° Du fait de l'inflation et de l'instabilité du franc vis-à-vis des autres monnaies, les entreprises françaises seraient exposées à un risque de change permanent qui rendrait terriblement difficile les échanges internationaux alors que notre économie est très ouverte et que la politique de dévaluation compétitive est censée favoriser la relance par l'exportation...

Est-ce que ces risques majeurs méritent d'être courus ? Et, surtout, pourquoi les associer à une politique anti-Grand-Remplacement, alors surtout que celle-ci ne pourrait être conduite efficacement qu'en collaboration étroite avec nos partenaires européens ?...

Quelle folie !...
29 mars 2015, 03:14   God save euro
Vive l'euro... à l'anglaise.
29 mars 2015, 11:57   Re : God save euro
1. Le Royaume-Uni s'est endetté dans sa monnaie (la livre sterling), pas en euro ;
2. La Banque centrale anglaise a été rendue indépendante de l'Etat et elle a pour mission primordiale de lutter contre l'inflation, comme la BCE : le R-U a d'ailleurs ratifié le traité de Maastricht qui imposait un tel système même si le R-U a fait le choix de ne pas rejoindre finalement la zone euro ;
3. La Banque d'Angleterre mène une politique monétaire comparable à celle des autres banques centrales (BCE et Réserve fédérale américaine) : [www.tresor.economie.gouv.fr]. Il ne s'agit en aucun cas pour elle de mener une politique de "dévaluation compétitive", comme le FN le préconise pour la France ;
4. Pour sauver son système financier, le Royaume-Uni a dû nationaliser près de la moitié de son secteur bancaire : sa monnaie nationale ne l'a donc pas mieux protégé de la crise financière que si elle avait été dans la zone euro (la France n'a pas eu besoin de nationaliser ses banques) ;
5. Le niveau d'endettement du R-U est un peu plus faible que celui de la France [www.aft.gouv.fr] mais cela tient à la politique économique libérale que les gouvernements britanniques ont conduite [www.ofce.sciences-po.fr] et que les Français pourraient choisir aussi bien : rien à voir donc avec la politique monétaire ;
6. En 2014 le déficit budgétaire britannique restait supérieur à celui de la France, d'environ un point (5,3% contre 4,4%) : [www.leparisien.fr]
mais il tend à se réduire : [www.tresor.economie.gouv.fr]
29 mars 2015, 12:01   Re : God save euro
@Rémy Pellet

. Sur vos points 1° et 2°.
Avant la création de l'euro, les pays européens autres que l'Allemagne n'ont cessé de faire périodiquement des dévaluations. Aujourd'hui, on s'accorde à dire que les prix allemands sont plus bas que les prix français, eux-mêmes plus bas que les prix italiens.
On ne voit pas pourquoi une sortie concertée de l'euro ne se ferait pas avec une stabilisation des nouvelles monnaies à un cours représentant une certaine dévaluation française par rapport au mark, une dévaluation italienne plus forte, une dévaluation grecque par plus forte encore...

. Sur votre point 6°.
Le Royaume-Uni et la Suisse ont aussi des économies ouvertes... Ils vivent pourtant sans l'euro, exposant leurs entreprises au risque de change...

. Sur votre point 5°.
L'Etat gagnera autant que ceux des Français qui ont épargné dans des assurances perdront : il s'agit donc d'une redistribution en faveur de ceux des Français qui n'ont pas épargné dans des assurances (la majorité d'entre eux, je pense).

. Sur votre point 4° : on entend des choses très opposées sur ce point. L'Etat français dira : je vous dois 100 euros, la conversion s'est faite sur la base d'un franc pour un euro (et d'un mark pour un euro), je vous rend donc 100 francs, et tant pis pour vous si 100 francs, maintenant, ne valent plus que 80 marks.
Qu'est-ce à dire, que "les créanciers de la France n'accepteront pas d'être remboursés de leurs prêts en euro par un franc dévalué" ? Il seront mécontents certes, mais "ils n'accepteront pas" ?

En somme, dans votre opposition à la sortie de l'euro (opposition que d'ailleurs je partage - dans la mesure où mon ignorance profonde des questions monétaires ne m'interdit pas absolument d'avoir un avis), n'êtes-vous pas quelque peu outrancier ?
29 mars 2015, 12:17   Re : God save euro
Réponses aux questions d'André Page :

1. Les entreprises britanniques ne sont pas exposées au risque de change car la politique monétaire britannique est confiée à la Banque centrale qui a pour mission d'éviter l'inflation : pas de risque donc de "dévaluation compétitive", celle que préconise le FN pour la France

2. ""une petite dévaluation française" n'aurait aucun intérêt puisque l'objectif du FN est, d'une part, de relancer les exportations en diminuant le coût des produits français pour les acheteurs étrangers, d'autre part, de réduire le coût de la dette en la remboursant en franc (librement produit par l'Etat via sa tutelle de la Banque de France) et non plus en euro

3. En effet, la politique préconisée par le FN aboutira à ruiner les épargnants tandis que les plus pauvres seront censés profiter de l'augmentation de leurs revenus : cependant, les pauvres sans épargne risquent d'être ruinés eux aussi si leurs revenus ne suivaient pas finalement l'inflation...

4. "les créanciers de la France n'accepteront pas d'être remboursés de leurs prêts en euro par un franc dévalué" : dit autrement, les créanciers seront forcés de prendre ce que la France leur donnera puisqu'elle pourrait, dans une logique souverainiste, refuser de rembourser en euro, même si des tribunaux lui en faisaient obligation. Les créanciers considéreront alors que la France a fait "défaut" et se garderont de lui prêter de nouveau, sauf à des taux usuraires, d'autant qu'ils n'auront aucun intérêt à lui prêter pour être remboursé en franc alors que celui-ci sera exposé à un risque permanent de dévaluation (compétitive ou pas).
29 mars 2015, 12:24   Re : God save euro
On garde l'Euro.
Et on adopte le Franc Pacifique.

1 000 XPF = 8,38 € (exactement)


Comme ça, tout le monde est content.
 
Votre raisonnement, concernant la "ruine des épargnants", présente deux points faibles :

- seule l'épargne en obligations ou monétaire est concernée, celle en actions, non. De plus, l'épargne "invisible" (cotisations retraite) n'est pas concernée ;

- pour l'épargne touchée, il n'y a pas de ruine, tout au plus une baisse de 10 / 20 %.
1. les placements en obligations des compagnies d'assurance, et donc des Français, sont bien supérieurs aux placements en actions : autour de 75% contre moins de 13% [www.banque-france.fr]

2. "De 2006 à 2013, la part des actions cotées est ainsi passée de 8,2 % à 4,5 % du total des encours des placements des ménages français" : [www.lafinancepourtous.com]. "Mi-2013, seulement 4,5% de l’épargne financière des ménages français étaient directement placés en actions cotées" [www.amf-france.org] Les Français privilégient traditionnellement les obligations pour leur sécurité : le passage au franc sera source de déconvenues...

3. vous postulez que les actions, c'est-à-dire les entreprises, ne seront pas affectées par le passage au franc : certaines profiteront peut-être de la relance de leurs exportations mais d'autres pâtiront de la réforme car elles devront, pour acheter les produits qu'elles transforment, convertir leurs francs en dollars...

4. Si l'inflation accompagne la dévaluation, comme c'est toujours le cas, alors les pertes pourraient être bien supérieures à 10 ou 20% (d'ailleurs, d'où vient ce chiffre ?). Concernant les retraites par répartition, comment s'assurer que les pensions croîtront aussi rapidement que l'inflation sans aggraver encore celle-ci ?
C'est en gros l'écart de coût salarial. Et vous, cette ruine complète, où la trouvez-vous ? qu'il y ait des sacrifices à faire, oui. Que cela soit la "ruine" des épargnants, non.
Dans un instant je vais vous répondre sur le risque de ruine mais, auparavant, permettez-moi d'indiquer l'étude de Jacques Sapir, un économiste certes de gauche (mais peu importe puisque la question est technique) très sérieux qui milite pour le retour au franc et qui est le seul à avoir défini rigoureusement les conditions de cette sortie de la zone euro.

[horizons.typepad.fr]

Extraits :

Sapir milite pour la sortie de l'euro afin de procéder à une dévaluation compétitive car « la dévaluation est la pierre angulaire de la politique de réindustrialisation"

Selon lui, «Pour être « réussie », soit pour produire le maximum d’effets positifs et le minimum d’effets négatifs, il convient de préparer cette sortie comme une opération militaire, à la fois en termes de planification séquentielle que de recherche d’effets tactiques, opérationnels et stratégiques. Ce point est souvent ignoré par les partisans d’une sortie de l’Euro. Une sortie de l’Euro n’a de sens qu’accompagnée d’une dévaluation importante. Si elle se traduirait par une compétitivité retrouvée (tant face à la zone Euro que face au reste du monde), elle se traduirait aussi par une poussée inflationniste et présenterait le risque de voir la nouvelle monnaie prise dans le tourbillon de la spéculation. Se poserait aussi le problème des dettes libellées en Euro et détenue par des non résidents. La spéculation financière présente le plus grand danger à très court terme. Elle fait courir le risque de voir la souveraineté monétaire retrouvée être immédiatement capturée par les marchés, avec les conséquences que l’on imagine sur le taux de change et le taux d’intérêt. Le risque d’inflation proviendrait pour partie d’une inflation importée mais aussi d’une inflation interne »

Le processus de sortie doit comprendre plusieurs phases. La " phase Préparatoire" « doit commencer par la décision du Président de la République de recourir à l’article 16, pour une période de 6 mois, en raison de la gravité extrême de la situation et du fait que la « souveraineté du pays est menacée ». Cette décision lui appartient en plein. Il ne fait que « consulter » le Premier Ministre, les Présidents des deux chambres et le Président du Conseil Constitutionnel. Une telle mesure est nécessaire pour deux raisons. Tout d’abord, il faut pouvoir agir vite, par décret. Mais, de plus, cette mesure, par son caractère extrême, vise à convaincre nos partenaires de notre résolution. Il importe donc que cette mesure prenne de court les observateurs politiques.»

Commentaire :

On imagine très bien qu'en cas d'élection de Mme Le Pen à la présidence de la République, suivie ou précédée d'une victoire du FN aux élections législatives, "les observateurs politiques" seront "pris de court" concernant la décision que le FN et MLP présentent depuis des années comme la clef de leur programme économique... Et bien évidemment, les détenteurs de capitaux seraient "pris de court" eux aussi, au point d'avoir oublié de transférer leurs fonds à l'étranger avant les élections...

On croit rêver.

Ajout : critique d'un autre économiste "de gauche" anti-libéral, Hussonet, mais qui a des doutes sur la sortie de l'euro :

[hussonet.free.fr]

"Pour que la sortie de l’euro ne débouche pas sur « des processus d’inflation forte et autoentretenue », Sapir prévoit « un blocage temporaire (3 mois) des prix et des salaires, et la constitution d’une ‘Conférence Nationale sur les Rémunérations’ avec le gouvernement, les syndicats et le patronat pour négocier les conditions de sortie du blocage ». Un tel blocage porte un nom : austérité salariale. Et elle n’aurait aucune raison de cesser au bout de trois mois, parce que le cycle inflation/dévaluation serait durablement enclenché, bien au-delà d’un blocage « temporaire ». Jacques Sapir le reconnaît lui-même : « on ne saurait éviter une inflation structurelle importante (de l’ordre de 4% à 6%) [qui] imposera des dévaluations régulières (tous les ans ou tous les 18 mois) ». De plus, il faut y insister, ce cycle ne serait pas seulement engendré par des facteurs internes (le rapport entre salaires et profits) mais constamment entretenu par la spéculation contre la monnaie"

En effet, il est peu probable que les autres Etats et les marchés restent de marbre, pris de court, devant des dévaluations permanentes opérées par la France.

L'ensemble "dévaluations répétées/ forte inflation/contrôle des changes" ne peut que conduire à une dévalorisation très forte du patrimoine financier des épargnants : si l'on se réfère à la période de la Libération, caractérisée par la combinaison des mêmes facteurs, il est permis de parler d'un risque de ruine des épargnants, que les "keynésiens", i.e. les économistes de gauche, appellent "les rentiers" (Keynes disait vouloir les "euthanasier")...

Cette perspective me paraît très peu "in-nocente" si j'en crois le programme du P.I.
Citation
Rémi Pellet


Commentaire :

On imagine très bien qu'en cas d'élection de Mme Le Pen à la présidence de la République, suivie ou précédée d'une victoire du FN aux élections législatives, "les observateurs politiques" seront "pris de court" concernant la décision que le FN et MLP présentent depuis des années comme la clef de leur programme économique... Et bien évidemment, les détenteurs de capitaux seraient "pris de court" eux aussi, au point d'avoir oublié de transférer leurs fonds à l'étranger avant les élections...

On croit rêver.

. Dans le passé, les victoires de la gauche aussi ont provoqué des sorties de capitaux. Qu'ils sortent quelques mois, est-ce si grave ?
. Sapir indique que la sortie de l'euro n'est pas la choix optimal, mais qu'il faut être prêt à y procéder pour pouvoir négocier une réforme de la gestion de l'euro. On ne voit pas tellement pourquoi les dirigeants du Fn raisonneraient autrement que Sapir. Le fait qu'iIs promettent monts et merveilles d'une sortie de l'euro n'est pas un tel argument, étant donné qu'ils sont extrêmement éloignés du pouvoir.

A part ça, je vois que Sapir ne propose pas, si la conversion se fait au taux d'un franc pour un euro, et si le franc baisse de 20%, de rembourser 100 francs mais 120 francs : pas de spoliation des créditeurs étrangers, donc
Les capitaux sortiraient pour être convertis en dollars et ne reviendraient pas pour devenir des francs dévalués.

Quant au remboursement en euro, peu importe le taux initial de conversion : le problème serait la dévaluation régulière du franc qui rendrait très défavorable sa conversion en dollars, seule monnaie internationale (puisque l'euro aurait disparu).

Ce soir encore, pour les responsables du FN, le seul sujet était l'alliance de l'UMP et du PS, scellée par les traités européens. Je veux bien croire que le FN, s'il arrivait un jour au pouvoir, ne ferait pas alors la politique qu'il préconise aujourd'hui mais en attendant celle-ci sert de repoussoir à une partie de l'électorat qui condamne pourtant le Grand Remplacement.
Les critiques de Rémi Pellet, qui me semblent très fondées, font réapparaître au (très) proche horizon d'une sortie actuelle de l'euro le spectre, assez redoutable je crois, de la "stagflation", se traduisant par des cycles répétés d'inflation-dévaluation assortis d'une baisse considérable du pouvoir d'achat et des investissements, donc de toute prospective sérieuse de reprise, ce qui était tout de même le but de l'opération ("privatisation partielle" de certaines banques (!), "austérité salariale", fonte de l'épargne, hausse brutale probable des taux d'intérêt pour tenter de juguler l'effet inflationniste) ; si l'on pense que la politique actuelle de la BCE semble justement faire poindre l'amorce d'une croissance grâce à la forte dévaluation de l'euro (qui va probablement se poursuivre) et l'octroi de prêts à très faible intérêt en quoi consiste le quantitative easing (en somme, un peu la politique prônée par le FN, mais élargie bien sûr à la zone euro), l'aventure d'un retour au franc maintenant apparaît en effet assez loufoque...

(Keynes était-il réellement "de gauche" ? « Il n'a pas remis en cause la notion du rôle moteur de l'intérêt personnel, pas plus que celle du mécanisme régulateur de la concurrence et du marché. Dans aucun de ses ouvrages, Keynes n'a porté atteinte à conception économique conservatrice de la réalité. » (Galbraith)
En fait, Galbraith soutient que par son interventionnisme ad hoc, Keynes n'a fait en réalité qu'apporter l'ultime retouche à la doctrine néo-classique du marché...)
Bien d'accord avec vous Alain Eytan sur le fait que la BCE met en oeuvre " en somme, un peu la politique prônée par le FN, mais élargie bien sûr à la zone euro", à ceci prêt que la Banque centrale européenne veille à ce que cette politique ne se traduise pas à terme par une forte inflation (même si, pour l'heure, il s'agit de lutter contre le risque de déflation), comme son statut l'impose (obligation qui ne figurerait pas dans le statut de la banque centrale française si le FN parvenait à ses fins).

Récemment, notre ami "frontiste", Jean-Marc du Masnau, écrivait "On peut interpréter comme un prélude de la rupture de l'Euro la glissade très forte de cette monnaie : après tout, un citoyen américain qui a acheté pour 1000 $ d'obligations en euros n'a plus aujourd'hui que 800 $, mettons. Notre dette a été effacée de 20 % !"

C'est reconnaître que la BCE a procédé à la dévaluation que le FN demandait vis-à-vis du dollar.

Mais le retour au franc signifierait une dévaluation vis-à-vis des monnaies de nos partenaires européens afin de leur faire mieux concurrence : or c'est précisément à ces Etats européens que le FN envisage de demander l'organisation d'une sortie coordonnée, "coopérative", de l'euro afin que la France bénéficie d'une "dévaluation compétitive". Dans ces conditions on ne voit vraiment pas pour quelles raisons les autres Etats européens chercheraient à faciliter le travail de la France.

En fait, le programme financier du FN préconise l'organisation d'une guerre monétaire avec nos partenaires européens, l'Allemagne au premier titre, alors, d'une part, que de 1945 à la création de l'euro la France a toujours perdu les batailles qu'elle a cru utile de mener sur ce terrain et, d'autre part, que nous n'avons rien à proposer dans une négociation à l'Allemagne, puisqu'elle a réussi sa réunification.

Sinon, je n'ai pas dit que Keynes était "de gauche" mais qu'il était le théoricien auquel la gauche non communiste se réfère depuis les années Trente. Il existe un point commun aux "keynésiens" et aux "libéraux", c'est leur haine des "rentiers".
@Rémy Pellet

Vous avez dit que l'hostilité à l'euro du Fn et sa démagogie constituent des obstacles à sa progression électorale.
Je vous avais répondu qu'avec ces deux postures le Fn gagnait probablement plus d'électeurs qu'il n'en perdait puisque
. Les dirigeants du Fn, probablement, connaissent bien leur électorat potentiel, et n'ont probablement pas adopté ces deux postures simplement parce qu'elles exprimeraient leurs convictions.
. Les succès récents du Fn se produisent alors que ces attitudes sont adoptées par lui de façon plus prononcée qu'auparavant.

Mais j'ai entendu hier un sondeur dire que la surprise du deuxième tour, c'est que l'électorat Ump de premier tour s'est, en cas de duels Fn-Ps, relativement mobilisé, et ce, surtout en faveur du Ps (le sondeur ne donnait pas les chiffres).
En d'autres termes, probablement ces attitudes du Fn augmentent le nombre des électeurs qui font de lui leur premier choix, mais diminuent le nombre de ceux qui font de lui leur second choix.
Oui, il me semble que le programme économique et financier qui a lui permis de "siphonner" le Front de Gauche, en lui prenant ses électeurs "populaires", empêche maintenant le FN d'aller vers les classes moyennes parce que celles-ci ne veulent pas prendre le risque de perdre le peu qu'elles ont pu économiser et de fragiliser durablement l'économie nationale.

L'échec annoncé du gouvernement grec, qui devra "se démettre ou se soumettre" (aux exigences de ses partenaires européens, pour ne pas faire le saut dans le vide que représenterait une sortie de la zone euro), contribue sans doute à décrédibiliser encore le programme éco-fi du FN aux yeux d'une partie de l'électorat qui condamne en revanche le "Grand Remplacement".

Ces questions financières deviennent centrales également pour la bonne et simple raison que le FN a cru gagner en crédibilité en mettant de côté la question du G-R.
Personnellement, je pense que
1° la France vit au-dessus de ses moyens
2° il faut changer de politique en matière d'immigration

Je pense que c'est l'Ump qui a vocation à effectuer les réformes nécessaires pour la question n° 1 - réformes de type Thatcher ou Schröder, ou suisse - et qu'elle sera d'autant mieux en position de le faire que le gouvernement actuel restera impopulaire : si un gouvernement qui ne fait pas grand-chose a été constamment très impopulaire, cela donne de la motivation, de la légitimité et de la force au gouvernement suivant pour qu'il entreprenne des réformes qui susciteront de fortes résistances.
Je pense que plus les scores électoraux du Fn seront élevés, plus l'Ump sera poussée à entreprendre des réformes concernant la question numéro 2.
Si bien que je me réjouis des résultats de ces élections départementales : déconfiture de la gauche, grande progression du Fn. J'espère qu'il en sera de même aux régionales de cet automne, et qu'il en sera de même à la présidentielle : au premier tour, élimination du socialiste et score aussi élevé que possible du Fn.
De ce point de vue, le score du Fn au deuxième tour n'a pas tellement d'importance, ni aux départementales, ni à la présidentielle.

(Si Le Pen n'avait pas fait ses phrases antisémites dans les années 80, une alliance entre la droite modérée et le Fn aurait été possible, qui aurait pu se faire aussi sur la base de réformes courageuses concernant la réduction des dépenses publiques. Mais il les a faites, ces phrases, et maintenant l'heure est passée d'une alliance électorale entre la droite modérée et le Fn. Mais ça ne veut pas dire que celui-ci ne peut pas influer de l'extérieur du gouvernement sur la politique qui est menée, ceci par ses succès électoraux).
Le Figaro Magazine : "Les électeurs UMP et FN se retrouvent sur les questions identitaires, pas sur l'économie"

" Si l'UMP se focalise sur un programme économique libéral (suppression de l'ISF et des 35 heures…), il ne lui sera pas facile de convaincre les électeurs du FN. Et, sur l'opportunité de sortir de l'euro, le fossé est profond entre les sympathisants des deux partis. En revanche, ils se retrouvent sur les thèmes liés à l'immigration ou la laïcité, par exemple sur la proposition du FN de diviser par vingt le nombre d'immigrés qui entrent chaque année en France. C'est le principal enseignement de l'étude réalisée par l'Ifop pour Le Figaro Magazine.
Un faux débat pour Marine Le Pen, persuadée que les électeurs viennent en masse chez elle par antilibéralisme et parce qu'elle défend les services publics, se faisant ainsi l'apôtre d'une France déclassée et de territoires oubliés."

La suite, ici :

[www.lefigaro.fr]

Extraits :

"L’adhésion à l’abandon de l’Euro et au retour au Franc
Question : Personnellement, seriez-vous favorable ou opposé [au fait que la France abandonne l’Euro et revienne au France] ?"
Réponse sympathisants UMP : 85% opposés à la mesure (57% très opposés, 28% plutôt opposés)

"La réduction de 200.000 à 10.000 du nombre d’entrée des immigrés par an en France."
Réponse sympathisantes UMP : 90% favorables à la mesure (60% très favorables, 30% plutôt favorables)

C'est ce que Zemmour disait en une phrase: 70% des électeurs du FN n'ont qu'un seul soucis, l'immigration. Chose que l'on peut facilement généraliser: pour 70% des français il ne reste qu'un seul objet de clivage entre la gauche et la droite: l'immigration.

Si l'on admet ce chiffre de 70%, 2/3 pour faire simple, il faut alors s'interroger sur la nature du FN. Un parti qui apparait comme le parti anti-immigration a-t-il vraiment besoin d'un programme ? Si la réponse est non (ce que je crois) la question devient le FN est-il un parti politique ? Ce que je ne crois pas.

Un peu d'anaylse fonctionnelle:
Prenons un couple {gauche, droite} pour lequel gauche vaut 0 ou 1, et droite vaut 0 ou 1.
Nous obtenons quatre possibilités:
absenteiste = { 0, 0 }, ni de gauche ni de droite.
la droite = { 0, 1 },
la gauche = { 1, 0 },
le FN = { 1, 1}, de gauche et de droite.
En logique combinatoire, le couple { 1, 1 } est généralement utilisé pour désigner l'état Z 'Haute Impédance', c'est-à-dire l'état hors du jeu.
Le FN devient alors le filtre passe bas de la vie politique. Il met de côté tous ceux qui ne participent pas de la vie politique droite-gauche, en laissant passer les gens raisonnables et en éliminant les déraisonnables, sans perturber le fond du signal.

Elections législatives: 25% des voix, 0 député (Marion le Pen est élue de facto car ingénue qui donne l'occasion de râler et Collard qui n'est pas au FN)
Elections départementales: 25% des voix, 0 département.

Le FN, c'est un filtre passe-bas. Pas besoin de programme électoral.
 
Quel parti est un filtre passe-haut ?
le parti des absentéistes, je suppose.
 
« pour 70% des français il ne reste qu'un seul objet de clivage entre la gauche et la droite: l'immigration »

Vous pensez réellement que 70 % des Français ignorent que la droite et la gauche ont fait presque exactement la même politique en matière d'immigration depuis quarante ans ? Ça me paraît beaucoup.
 
Je crois que les Français se fichent pas mal que la droite et la gauche fassent la même chose. Ce que les Français veulent, c'est que leur 'culturel' politique se maintienne. J'ai entendu une socialiste qui faisait observer que les résultats socialistes étaient mauvais, mais que dans 6 ans, ce serait au tour de la droite. Aussi, 70% me parait être un bon pourcentage, celui des gens qui vivent assis.
 
Monsieur Pellet,

A ce que je lis vous nous indiquez que les électeurs de l'UMP sont majoritairement contre l'immigration et en même temps contre les théories de sortie de l'Euro alors que ceux du Front national sont contre l'immigration et pour la sortie de l'Euro.

Or quand je regarde les idées de l'In-nocence il me semble qu'elle est contre l'immigration et pour l'Euro donc proche des électeurs UMP et non FN d'après vous. Est-ce que je me trompe ?
Réponse à M. Changeur :
concernant les idées de l'In-nocence, ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question ; quant au sondage du Figaro il me semble bien confirmer en effet l'hypothèse que j'avançais même si elle n'a suscité ici qu'hostilité sourde ou déclarée.
Citation
Thomas Rothomago
Quel parti est un filtre passe-haut ?

Peuchère, ce devrait être le parti des immigrationnistes radicaux, le passe-montagne étant un voile-face intégral.


Tant que le pays sera dirigé par des hommes et femmes aussi incompétents que fourbes, le FN a un avenir, quel que soit son "programme économique" ou ce qui en tient lieu. Le flou ou "l'irresponsabilité" de ce dernier est exactement à la mesure de l'inconséquence, de l'amateurisme et de l'incompétence politique crasse des équipes qui se succèdent au pouvoir depuis de longues années, celle qui s'y tient depuis 2012 battant tous les records par sa ligne politique "A bas les conséquences, vive les causes !":

Agitation contre l'immigration clandestine du gouvernement Valls le 2 avril 2015: [www.lefigaro.fr]

Manuel Valls le 29 août 2013 : [www.lefigaro.fr]

En matière sociale, s'agissant notamment de ce que les fonctionnaires du ministère du Travail appellent "sécurisation de l'emploi", on trouve au catalogue des nouvelles mesures de complexification du droit du travail, cette énormité:

• Création d'un droit à une période de mobilité volontaire sécurisée. Cette mesure concerne les entreprises de plus de 300 salariés. Elle doit permettre aux salariés ayant plus de deux ans d'ancienneté, et souhaitant découvrir un emploi dans une autre entreprise, d'avoir l'assurance de retrouver un emploi similaire au sein de leur entreprise d'origine en cas de retour deux ans après.

Même problème que pour l'immigration clandestine : on déplore la quasi disparition du CDI mais on se débrouille, par une mesure de surprotection des "places acquises", pour le rendre impossible; faut-il avoir fait l'ENA pour concevoir que l'entreprise qui aura "gardé au chaud" la place du salarié "parti découvrir un emploi dans une autre entreprise" se verra contrainte de n'offrir que des CDD pour pourvoir la vacance ? Passons sur les autres conséquences de ces mesures, qui se résument à une seule : la gélification générale de l'état de sous-emploi de la population.

[www.lefigaro.fr]

Tant que les "programmes économiques et sociaux" de ce type de gouvernement seront ce qu'ils sont, c'est à dire inexistants hors la navigation à vue et la démagogie sous-tendue par une volonté inébranlable de plaire et de faire plaisir à sa clientèle, le programme économique du FN, aussi nul soit-il, demeurera tentant et le FN ne perdra rien de sa séduction sur l'électorat.
Le Point, jeudi 9 avril 2015
Interview de Bruno Mégret, ex-bras de Jean-Marie Le Pen, fondateur du MNR
Extraits :
"Le défi principal que le FN doit relever est celui de la crédibilité. Sur la question économique, le FN manque de réalisme (...). On ne peut pas donner un avenir à la France en annonçant la sortie de l'euro et de l'Europe. Il faut combattre Bruxelles, sa bureaucratie, son caractère tentaculaire, sa propension à nous asservir aux Américains et aux impératifs mortifères de l'immigration et de la mondialisation sauvage. Mais notre pays n'aura un avenir que s'il participe à une Europe qui se reconstitue en pôle de puissance pour défendre ses intérêts, son identité, son indépendance et ses valeurs"
Autre extrait de l'interview de Bruno Mégret :
"Depuis des décennies, les dirigeants de l'UMP et du PS mènent quasi la même politique. Mais on ne peut pas pour autant traiter les deux camps de la même manière, car les militants, les sympathisants et les élus de l'UMP s'avèrent idéologiquement beaucoup plus proches des électeurs du FN. La sagesse serait de leur tendre la main."
Ça me rappelle quelque chose à moazossy, comme dirait Bérényss :

[www.renaud-camus.net]

"Allons bon ! La situation politique se complique… Il y avait hier un article dans Le Monde expliquant que l’électorat désormais visé par Nicolas Sarkozy c’était celui qui pensait comme le Front national sur les questions d’identité et d’immigration mais qui ne partageait en rien ses vues en matière économique et ne voulait sortir ni de l’Europe ni de l’euro.

Je lisais cela et finissais par me dire, horrifié : mais c’est moi, ça !
...."
Je ne comprends plus très bien... j'ai lu l'entrée du Journal qui m'a fait une étrange impression... Renaud Camus serait-il en train de se rapprocher de monsieur Sarkozy ?
Et ça se complique encore, le FN condamnant les propos du député UMP Estrosi sur "les cinquièmes colonnes islamistes", après avoir désavoué l'euro-député FN Aymeric Chauprade qui avait tenu les mêmes propos :

[www.lefigaro.fr]

[www.lefigaro.fr]
Mais... "Le FN Stéphane Ravier souscrit à la théorie du «grand remplacement»"*

[www.lefigaro.fr]

* je ne sais pas comment inverser l'ordre des guillemets français et anglais.
"Une France moins pessimiste où les idées du FN s’enracinent"

Source :

[www.lemonde.fr] :

extrait :
"La sortie de l’euro est le seul marqueur du FN qui est massivement rejeté dans cette enquête. La hausse la plus spectaculaire concerne le rétablissement de la peine de mort (52 %, +7). Les réponses aux questions sur l’immigration ne traduisent pas d’évolution notable. Autrement dit, le tableau reste aussi sombre qu’auparavant. Deux tiers des Français (67 %, +1) jugent qu’« il y a trop d’étrangers en France ». 71 % (+1) estiment qu’« il n’est pas normal que les cantines scolaires servent des plats différents selon les convictions religieuses des élèves ». Les fortes crispations suscitées par l’islam sont également en adéquation avec le discours du FN à ce sujet. 54 % (+3 points par rapport à janvier) jugent la religion musulmane « pas compatible avec les valeurs de la société française »."
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