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Le Protocole compassionnel

Envoyé par Renaud Camus 
22 avril 2015, 10:33   Le Protocole compassionnel
Le Protocole compassionnel

Bon, bien entendu, la première chose à dire et à ressentir, c’est que ce qui survient désormais tous les jours ou presque, ces noyades de clandestins par centaines, ces morts atroces et inutiles, est abominable et déchire le cœur.

Or je dis cela, et je le dis très sincèrement ; mais, le disant, et ne pouvant pas ne pas le dire, j’ai bien conscience de tomber dans un panneau : le panneau qui cache la réalité et qui empêche d’y trouver une solution.

« Il manque un programme de sauvetage européen », constatait-on piteusement à Bruxelles, ce matin. Ces messieurs et dames ne s’en rendent sans doute pas compte, mais l’involontaire amphibologie de leur formule lui fait exprimer plus de vérité que sans doute ils ne le souhaitent. Il manque à l’Europe un programme de sauvetage, oui. Il manque à l’Europe un programme de sauvetage de l’Europe, surtout : car c’est elle aussi qui se noie, engloutie par la submersion ethnique. Mais de cela ses maîtres ne se soucient pas le moins du monde, affectant de n’avoir cure que des malheureux naufragés, et pour tout devoir d’éviter que ne se reproduisent les drames épouvantables où ils perdent la vie. Or, par cette attitude, non seulement les élus et les gouvernants européens trahissent leurs mandants, abandonnés à la marée humaine qui les submerge : ils garantissent que les noyades en mer vont se multiplier. Bref, à moins qu’on ne les soupçonne de menées secrètes incompréhensibles, ils perdent sur les deux tableaux : moins d’Europe, moins de France, moins d’Allemagne, moins de Danemark, moins d’Italie ; plus de migrants, plus de traversées périlleuses, plus de victimes des flots (et plus de bonnes affaires pour les passeurs assassins).

Une politique étrangère, que dis-je, une politique ontologique, une politique qui touche à l’être, à l’existence — et c’est bien de l’existence même de l’Europe qu’il est question, de son identité à elle-même, de sa survie —, ne peut se réduire à un protocole compassionnel. Que serait-il advenu de l’Angleterre si Élizabeth Ière, au moment de l’Invincible Armada, s’était écriée :

« Oh là là, c’est terrible, la météo est mauvaise, il faut faire quelque chose, ces pauvres Espagnols risquent de se noyer ! »

Avec les pitoyables rafiots qui portent les migrants, c’est à une très vincible Armada que nous avons affaire, nous, car la conquête a mille visages ; mais c’est toujours la conquête. Si nos maîtres ne veulent pas la reconnaître pour ce qu’elle est, c’est certes qu’elle revêt une forme inédite et trompeuse, sous les espèces désolées de nos envahisseurs faméliques ; mais c’est surtout parce qu’ils se croient sortis de l’histoire.

Le dogme antiraciste a fait de l’Europe un astre mort, qui ne ressent plus, qui ne juge plus, qui s’est privé de tous les moyens de nommer les choses, de s’apercevoir seulement de ce qui lui arrive. Toute morale, toute esthétique et toute intelligence du monde se réduisant à cette unique doctrine-là, fille du désastre et des camps de la mort, elle s’ingénie à faire payer à ses administrés l’absurdité aporétique du syllogisme qui la fonde : à savoir, primo, qu’il n’y a pas de races, et, deuxio, que toutes sont égales. Parce que c’est absurde, parce que ça ne peut pas être imposé en raison, ça ne peut perdurer dans l’être et dans le pouvoir que sous le forme d’une dictature de l’esprit, on le constate tous les jours ; et bientôt, peut-être, d’une dictature tout court : on en voit s’installer les prémices avec les nouvelles lois sur le renseignement et la réduction des délits d’opinion à des délits de droit commun.

À force de réduire à lui la morale et de se substituer à elle, l’antiracisme exige à tout moment la suspension du jugement moral, et bientôt du jugement intellectuel. À force d’empêcher de dire, il empêche de voir.

Le protocole compassionnel, fort de son incontestable légitimité, réduit les traversées en masse de la Méditerranée à d’effroyables drames en mer, qui ne sont que trop véritables. Ce faisant il choisit d’ignorer la conquête, que ces traversées ne sont pas moins, et qu’elles sont même bien davantage. Il montre ainsi quelle piètre morale il est, à courte vue. Par sa légèreté il prépare en effet de bien plus grands malheurs, et plus durables : l’asservissement, la submersion ethnique et culturelle, le parachèvement du Grand Remplacement, la dilution de l’identité européenne dans la violence et l’hébétude, la lutte de tous contre tous, avec l’importation sur le continent de tous les conflits de la terre, et qui lui sont le plus étrangers. C’est pour le coup que seule une dictature implacable, civile, militaire ou plus vraisemblablement religieuse, pourra paraître une planche de salut — sans moi.

Vous voulez en finir avec l’hécatombe en mer ? Traitez les flottes qui se présentent pour ce qu’elle sont : les instruments d’une invasion. Vous avez les moyens de mettre un terme en un tournemain et à ceci et à cela. Il suffirait à ce dessein que vous existiez un peu. Ça n’a jamais été votre fort, je sais. C’est parce que tu n’existes pas que les gens se noient, Europe : pour venir contempler ton cadavre, ta dépouille de mort-vivant.
"Traitez les flottes qui se présentent pour ce qu’elle sont : les instruments d’une invasion."

Faut-il leur tirer dessus ?
Citation
Renaud Camus
c’est à une très vincible Armada

Ou alors, une Immiscible Armada.
 
Utilisateur anonyme
22 avril 2015, 14:29   Re : Le Protocole compassionnel
Quand on voit ce genre de ''une'' dans les kiosques français:


[journal.liberation.fr]


, on comprend bien que l'opinion publique est déjà très préparée à donner son assentiment au suicide collectif et à adhérer à l'oubli historique convenu, et ne peut plus énoncer d' idées qu'à travers le prisme de la ''Culpabilité'' et du repentir, devenus désormais l'équivalent d'impératifs moraux à cultiver; ''Ne pense plus, regarde en face le scandale de la mort en direct, et expie les fautes commises par ta civilisation européenne, vit avec le châtiment de ta culpabilité et même si tu penses, un peu vite, que tu n'y es pour rien dans tout cela, cherche bien... '', semble être devenu le credo insufflé aux peuples de ce continent qui connaîtra un jour le chaos.
Est-ce que la première phase du "protocole compassionnel", celle qui a rendu possible la "conquête maritime" en cours, n'était pas l'aide décisive apportée aux "révolutionnaires" sous forme d'une intervention militaire de la France et du Royaume-Uni qui fut approuvée alors, si je ne m'abuse, par le P. I. ?
Exact :

[books.google.fr]

"Les gens craignent que le mouvement ne déclenche une vague d'immigration encore plus considérable – ce qui est difficile à concevoir – que celle qui existe déjà."

Ce n'était pas si difficile à concevoir, c'était même prévisible.
Qu’on sache, ce ne sont pas des Libyens qui viennent en France. Le mythe actuel selon lequel c’est l’effondrement de la Libye qui entraîne le présent afflux ne tient pas debout. Si les dits “migrants” ne passaient pas par là ils passeraient par quelques autre voie. Personnellement je ne regrette pas du tout d’avoir souhaité la chute de Kadhafi. Contrairement, hélas, à la plupart des autres adversaires du Grand Remplacement, je n’ai aucun goût et aucune tendresse pour les tyrans tortionnaires et prévaricateurs à la Kadhafi, Assad ou, mutatis mutandis, Poutine. Il n’était pas possible de ne pas soutenir ceux qui voulaient se libérer d’un dictateur sanguinaire et fou. Ce que l’expérience m’a appris, en revanche, comme à beaucoup d’entre nous, hélas, c’est que de tels régimes sont sécrétés par leurs peuples comme une nécessité absolue, et que ce qui leur succède, en général, de vaut pas mieux. On voit bien en France même que seule la dictature peut éclore de pareilles populations auxquelles le pacte social, pour ne rien dire du contrat d’in-nocence, est inconnu.
Utilisateur anonyme
22 avril 2015, 22:51   Re : Le Protocole compassionnel
La stratégie qui a consisté, par une intervention militaire éclair, à éliminer un tyran, au nom d'un droit ou d'une obligation d'ingérence (c'est selon!) et a laisser un pays totalement exsangue, voué au chaos, aux pires barbaries et à la destruction de toutes les structures institutionnelles d'Etat est une belle réussite ! j'aimerais comprendre en quoi elle a conduit à servir les idéaux de libération d'un peuple sur le chemin de démocratie. Depuis la chute de Khadafi aucun des accords qui avaient été signés entre l'Italie et la Libye pour le contrôle des frontières maritimes libyennes empêchant les passeurs d'exercer leur sinistre enrichissement n'est possible (puisqu'il n'y a plus d'interlocuteurs représentatifs). Aujourd'hui la communauté internationale (que veut encore dire ce terme !) ne reconnaît que le gouvernement de Tobrouk, le reste est livré aux pillages, aux chaos et aux formes les plus ''raffinées'' de la barbarie. Certes, si les Lybiens ne viennent pas en France, la police libyenne elle, oblige, avec contrainte et violences physiques, beaucoup de migrants du continent africain, arrivés en Lybie et arrêtés, à s'embarquer sur des chaloupes et autres embarcations de fortune pour rejoindre (gratuitement d'ailleurs), les côtes italiennes. Ces faits ni explorés ni documentés dans la presse française sont largement commentés ces derniers temps en Italie, où la ''grogne'' des régions du Nord commence à se manifester au niveau des institutions régionales.
[www.lastampa.it]
22 avril 2015, 23:50   Re : Laissez-nous danser
Si dézinguer un tyran a pour conséquence de voir nos frontières violées par le chantage compassionnel, cela signifie qu'un tyran protégeait nos frontières et si c'est bien le cas, alors tant pis pour nous. Si nous avons besoin, pour notre tranquillité, d'être environné de tyrans qui nous protègent, alors tant pis pour nous.

La discothèque "Europe" avaient de solides gaillards bas de plafond pour filtrer les entrées. Ils ont été dézingués et tous les passants veulent entrer dans la discothèque, c'est cela l'analyse de la chute de Kadhafi ? L'Europe est une discothèque qui a besoin qu'on filtre les entrées ?
L’Europe doit filtrer elle-même ses entrées et cesser de s’en remettre éternellement à d’autres de sa sécurité et de sa responsabilité d’elle-même. L’Europe doit rentrer dans l’histoire, c’est-à-dire assumer de nouveau le statut de puissance, et même de grande puissance.
23 avril 2015, 00:27   Re : Laissez-nous danser
La position du PI sur la nécessité d'apporter un soutien à la rébellion anti-Khadafi me convenait parfaitement, je l'approuvais.

Mais j'ai beaucoup de mal à croire à une simple coïncidence entre l'effondrement de l'Etat libyen, parce qu'il s'agit bien de cela et pas seulement d'un changement de gouvernement, et le déferlement maritime actuel.

Oui, et c'est bien malheureux mais c'est un fait, les dictatures corrompues arabo-musulmanes servaient de garde-frontière : c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on les soudoyait (et qu'on continue de le faire avec celles qui ne se sont pas encore effondrées : par ex. la France achète à l'Algérie du gaz à un prix bien supérieur à celui du marché...)

Aider les peuples à se libérer de ces dictatures c'était faire de la morale, du "compassionnel", pas de la realpolitik : l'intérêt de l'Europe n'était pas dans la déstabilisation de ces dictatures.

On peut donc difficilement passer du "compassionnel" à la dénonciation de ses effets.

Si l'Europe veut rentrer dans l'Histoire, elle doit se comporter comme une "puissance", avec le cynisme, le "réalisme", qui est le propre de tous les systèmes politiques étatiques.
23 avril 2015, 00:31   Re : Laissez-nous danser
Mon message précédent a croisé celui de Renaud Camus qui écrivait "L’Europe doit filtrer elle-même ses entrées" :

Tout à fait d'accord avec cette assertion : la question est de savoir où procéder au filtrage. Il semble bien plus difficile de le faire sur le territoire européen, une fois que les survivants des naufrages y ont échoué en masse, que de le faire au départ, en territoire arabe.
Et personne pour reconnaître que la présence de frontières nationales au sein de l'Europe et donc celle de filtrages aux entrées des territoires nationaux permettait ou permettrait pour peu qu'on y revienne, une bien meilleure étanchéité de l'espace européen face à l'invasion ?

Puisqu'il est beaucoup question de naufrage maritime ces jours-ci, qu'on y songe : la compartimentation interne des coques des vaisseaux les protège d'un naufrage instantané en cas d'avarie grave ou de percement. C'est le principe de l'isolement par la création de caissons, au lieu qu'aujourd'hui, nous somme tous à bord de l'Estonia, vous vous souvenez, ce grand navire roll-on-roll-out où les véhicules entraient par un bout pour sortir de l'autre : deux centimètres d'eau sur ce pont intérieur suffirent à faire chavirer le vaisseau en le précipitant par le fond en un quart d'heure. A méditer. Dans un système compartimenté, nous pourrions aider l'Italie où le problème serait isolé et contenu, tandis que nous voilà à ne plus savoir où donner de la tête face à des flux entrants qui viennent de toutes parts et s'infiltrent partout.

Quant au reste, Khadaffi et les roitelets sentinelles et autres tyrannaux en forme de janus biffrons sur les pourtours de l'Empire, il est un peu tard pour y penser : comme on l'explique aux petits enfants, ce n'est pas quand on a sali sa culotte qu'on doit serrer les fesses.
Renaud Girard pense lui aussi que l'Europe doit contrôler les ports arabes en montant une coalition avec les Etats de la région (Qatar, Algérie, Egypte, Tunisie...). Il ne précise pas, mais cela va de soi, que ces régimes demanderont des contreparties...

[video.lefigaro.fr]
"Bon, bien entendu, la première chose à dire et à ressentir, c’est que ce qui survient désormais tous les jours ou presque, ces noyades de clandestins par centaines, ces morts atroces et inutiles, est abominable et déchire le cœur."

J'ai beau essayer, je n'arrive pas, je n'arrive plus à avoir le coeur déchiré par ces noyades de clandestins. Je m'en veux d'avoir aujourd'hui le coeur si sec, mais j'en veux surtout aux remplacistes et immigrationnistes d'avoir créé une colonisation "douce" qui a fait de ces pauvres hommes des colons, des soldats, dont je ne peux aujourd'hui malheureusement pleurer la mort.
Quel intérêt peuvent avoir le Qatar, l'Egypte, la Tunisie et l'Algérie à aider l'Europe à endiguer ces arrivées massives de musulmans sur son sol ? En quoi cette situation peut-elle les déranger ?

Le concept "d'eaux territoriales" a-t-il une réalité et laquelle ?
Réponses aux questions de Th. Rothomago, dans l'ordre :

1° aucun intérêt sinon celui de se faire payer de diverses façons pour exercer cette fonction de garde-frontière : l'Australie, que le P.I. donne en exemple, soudoie quelques Etats pour qu'ils gardent ou accueillent les immigrants : [www.lemonde.fr]

L'Union européenne devra payer les régimes arabo-musulmans pour qu'ils gardent leurs immigrants ou bien il faudra re-coloniser tout ou partie de ces pays.

2° oui le concept a une portée juridique mais il est évidemment difficile de l'appliquer : en admettant que les bateaux puissent être interceptés à la frontière, qu'en faire quand ils sont à la dérive, sans équipage ni capitaine et sans nationalité, leurs passagers étant sans nourriture et sans eau et "sans papiers" (puisqu'ils ont intérêt à dissimuler leur nationalité pour ne pas être expulsés) ?... Les États arabo-musulmans argueront de leur souveraineté pour ne pas se voir imposer sans "dédommagements" la reprise de ces migrants et on revient à la question 1.
Les moyens de surveillance modernes (sattelites, drones, radars et j'en passe) permettent de repérer ces embarcations au moment de leur départ. Il suffirait d'assez peu de moyens financiers, matériels et humains pour les intercepter dès leur sortie des eaux territoriales et les ramener à leur point de départ.

La seule chose qui manque, c'est la volonté de le faire, la détermination, notamment, à ne pas se laisser marcher sur les pieds.
Il est juridiquement possible d'intervenir en haute mer : " Sans accord de l’État du pavillon, le navire de guerre peut exercer des pouvoirs de police à l’égard de navires commettant des actes condamnés par la CNUDM (piraterie, traite d’humains, émissions radioélectriques), sans pavillon ou si une résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies le prévoit" [www.cicde.defense.gouv.fr]

Mais pour ramener à bon port (son point de départ) le navire sans pavillon (c'est le cas évidemment), il faut l'accord du pays concerné, d'où la nécessité de trouver les moyens de le soudoyer ou de le contraindre...
Pousser vers la haute mer des embarcations dépourvues de pavillon mais chargées de passagers constitue déjà un acte illégal. Il semble fondé en droit de dénoncer ces actes devant les instances internationales puis de mettre en oeuvre des mesures coercitives contre les autorités portuaires qui permettent ces embarquements. Le droit international ne prévoit pas de "soudoyer" les complices de ces forfaits pour qu'ils cessent et pas davantage de solliciter l'accord du pays concerné pour y mettre un terme.

La Libye d'aujourd'hui est ce qu'on appelait il y a une dizaine d'années déjà un Etat voyou, ce qui libère les Etats non-voyous du nord de la Méditerranée de l'obligation de négocier avec ce pays pour mettre le holà à ces pratiques criminelles.

Il est trop tard pour concocter des stratégies de real-politik avec les forces maîtresses du jeu dans ce pays. La real-politik, c'était bon du temps de Khadaffi, un certain président français a décidé qu'elle n'avait aucune raison d'être et qu'il convenait d'entrer dans un autre régime de relations, il reste aujourd'hui à en assumer les conséquences. L'usage de la force est à présent lui-même contraint chez les Occidentaux. Il en va de la survie du Continent européen.
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