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Le nouvel enseignement de l'histoire au collège. Que fait-on?

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
27 avril 2015, 11:12   Le nouvel enseignement de l'histoire au collège. Que fait-on?
En lisant cet article de presse:
[www.lefigaro.fr]
et notamment ces quelques phrases,
'' (...) le Conseil supérieur des programmes (CSP) distingue les sujets «obligatoirement étudiés» des sujets «traités au choix de l'enseignant». Ainsi, l'étude de l'Islam sera obligatoire, mais celle du christianisme médiéval facultative - ceux qui choisiront de l'enseigner devront le faire uniquement sous l'angle de l' «emprise de l'Eglise sur les mentalités rurales». Dans une société en mal d'intégration et de cohésion nationale, on ne manquera pas de s'étonner d'une curiosité si grande pour les religions venues d'ailleurs, et d'une révulsion si manifeste pour nos racines judéo-chrétiennes (...)'',
Si tout cela est vrai, j'ai assurément toute ma journée gâchée, en pensant au ''gâchis'' de toute la formation reçue, et en étant envahi par un sentiment très fort de désadaptation douloureuse vis à vis de ce pays !
J'espère que les instances du P.I réagiront à ce ''nouveau contexte'' socio-politique, même si les incantations resteront toujours sans effet(s) sur ceux qui ne savent plus et ne veulent surtout pas écouter et voir !
On se rassurera — quoique cela puisse faire naître une autre forme d'inquiétude, et même plus grande — en songeant au peu de cas que font la plupart des collégiens de ce qu'essaient de leur apporter leurs professeurs, quand ils ne leur préfèrent pas tout simplement le contre-pied, soupçonneux qu'ils sont a priori de ceux qu'on leur a appris à considérer comme des ratés aux passions malsaines et désuettes.
Autrement dit, il faut se consoler en se disant que le poison est de toute façon frelaté, c'est ça ?
Relire Ivan Illich : Une société sans école.

[qqcitations.com]
Que reste-t-il quand on a tout oublié ? Les meilleurs élèves de lycée (d'origine européenne), en seconde, savent relativiser le mot terroriste (on est toujours le terroriste de l'autre) et invoquer les crimes de l'Eglise et des Croisades à propos de l'état islamique de Syrie ou du massacre de Charlie Hebdo. J'ai soin de préciser l'origine car les autres apprennent ça de leur famille. Les élèves normaux s'en contrefichent car ils n'écoutent pas le prof. Et de fait, il vaut mieux pour eux ne pas l'écouter.
L'enseignement de l'histoire a beau avoir trait au passé il révèle des choix pour le futur. La diffusion de la repentance et la valorisation de l'islam dans cet enseignement constituent un programme politique et une projection de la société et de la civilisation future désirée.

Au plan politique : a-t-on bien réalisé que le personnel qui dirige la France depuis les élections de 2012 a été élu sur un mandat qui est tout autre que celui de redéfinir de la nation ? Ces gens furent choisis dans les urnes pour relancer la croissance économique, protéger et valoriser l'environnement, combattre le chômage endémique, mettre un terme au marasme des finances publiques, endiguer les déficits et rompre avec le style de gouvernance incarné par le président sortant. Voilà ce pour quoi ce personnel fut élu par les Français. En s'occupant comme le font ces hommes et ces femmes de refondre la nation, redéfinir son identité, ses contours ethniques et religieux, son système des moeurs, ses dispositifs de filiation, la carte de ses régions, son système pénal, ou la vision du passé et du futur de la civilisation européenne, ils outrepassent gravement le mandat qui leur a été confié.

Quels que soient l'opinion, l'accord, le désaccord, la répulsion ou l'éventuelle sympathie que l'on peut concevoir ou éprouver face à leur vision du monde et de la civilisation européenne, la redéfinition de la nation est une entreprise qui ne leur incombe en rien, eux qui ne sont que des locataires de la République mandatés pour cinq ans. Seule une assemblée constituante aurait le pouvoir de redéfinir les contours et le visage de la nation et de la république en vue d'opérer sa refondation au nom d'idéaux adoptés par la collectivité dans l'ensemble de ses états, et en aucun cas pareille entreprise ne peut sortir du rapport d'un "conseiller d'Etat" -- celui produit en juin 2013 par M. Thierry Tuot (La Grande nation pour une société inclusive) ou tout autre rapport de cet ordre -- que des ministres du gouvernement adopteraient en s'autorisant indûment à l'appliquer à la lettre.
Amené dernièrement à faire réviser à une élève de troisième une série de dates importantes de l'histoire de France entre 1789 et 1900, j'ai constaté que, pour la Révolution française, ne figuraient plus que deux dates à retenir : la prise de la Bastille et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Exit la nuit du 4 août et la condamnation de Louis XVI.

(Est-il possible d'avoir accès au texte original du Conseil Supérieur des Programmes ?)
Je remets ici un message que j'avais posté sur le fil parrallèle qui converge nettement avec celui-ci :

Je n'ai pas réussi à trouver la réponse à votre question, mais voici un exemple de littérature ministérielle : Je n'ai pas réussi à trouver la réponse à votre question, mais voici un exemple de littérature ministérielle.

Il n'est pas inutile de prendre connaissance de ce que sont les professeurs d'aujourd'hui.
Utilisateur anonyme
29 avril 2015, 13:36   Re : Le nouvel enseignement de l'histoire au collège. Que fait-on?
@Tomas Rothomago

Sauf erreur, le lien suivant permet de télécharger les textes du Ministère (pour l'histoire, il s'agit du cycle 4):

[www.education.gouv.fr]

Bonne lecture et bon courage !
Merci pour ce lien dont voici l'extrait qui nous intéresse, je crois :


"Pour chaque période de l’année, les sujets indiqués en gras dans le tableau seront obligatoirement étudiés, les autres seront traités au choix de l’enseignant.

REPÈRES ANNUELS DE PROGRAMMATION EN HISTOIRE

Thèmes à traiter

Niveau  5 ème

Thème 1  

La Méditerranée, un monde d’échanges : VII‐XIII e siècles

L’Islam : débuts, expansion,sociétés et cultures
 Les empires byzantin et carolingien entreOrient etOccident
 Routes de commerces, échanges culturels

Thème 2

Société, Église et pouvoir politique dans l’Occident chrétien‐ XIe ‐XVe siècles  

 Une société rurale encadrée parl'Église
 Essor des villes  et éducation
La construction du Royaume de France et l’affirmation du pouvoir royal (Xe‐XVe siècles)

Thème 3

XVe ‐ XVIIe siècles: nouveaux mondes, nouvelles idées 
 
 Le monde vers 1500  
 Pensée humaniste, Réformes et conflitsreligieux  
L’émergence du roi absolu

Niveau 4 ème

Thème 1

L'Europe etle monde  XVIIe – XIXe siècles

Un monde dominé parl’Europe : empires coloniaux, échanges commerciaux et traites négrières  
 Sociétés et cultures au temps des Lumières
 La Révolution américaine, liberté politique et « nouveau monde »  
La Révolution française et l'Empire  

Thème 2

Le XIXe siècle, un bouleversementinédit des économies, dessociétés et des cultures  

L’industrialisation : économie,société, culture  
Conquêtes et sociétés coloniales  

Thème 3

D’un siècle à l’autre : la transformation du monde

Construire, affirmer, consolider la République en France
La Première Guerre mondiale et les violences de guerre (inclus le génocide des Arméniens)

Niveau 3 ème

Thème 1

De « Versailles » à « Nuremberg »

L’Europe entre démocratie et régimes totalitaires
La Seconde Guerre mondiale ; génocide des Juifs et des Tziganes; déportations et univers concentrationnaires  
 Sciences, arts, cultures dansl’entre deux‐guerres
 Les femmes au cœur de sociétés qui changent

Thème 2

Guerre froide et décolonisation

L’Est etl’Ouest au temps de la guerre froide (jusqu’à 1989) : pratiques politiques, modes de vie et visions
du monde

Décolonisation et construction de nouveaux États  

Thème 3

Les Françaises et les Français en République de 1944 à nos jours

De la IVe à la Ve République : démocratie sociale et évolution de la place de la France dans le
monde

La France des années 60‐70 : une société en mutation"
En revanche, je n'ai rien trouvé concernant les recommandations d'avoir à enseigner le christianisme médiéval, pour qui le choisit, "uniquement sous l'angle de l' «emprise de l'Eglise sur les mentalités rurales"".
D'après quelques rapides recherches, le "thème 2", Société, Église et pouvoir politique dans l’Occident chrétien‐ XIe ‐XVe siècles, sera lui aussi obligatoire ; de plus, d’après cet article, "l'enseignement des "débuts du christianisme" et des "débuts du judaïsme" sont eux aussi obligatoires, mais dès la classe de 6e, comme le préconise le CSP. "
Les Lumières seraient enseignées "au sein du thème obligatoire consacré à l’Europe et au Monde XVIIe".
Toujours est-il qu'avec ces loufoques velléités, l'islam sera bel et bien abordé directement, comme tel, alors que le christianisme et les lumières ne le seraient que de biais, si l'on peut dire, sous tel angle, "au sein" d'une autre thème plus général.
Quel stupide bazar, quand même...
Tiens, tiens, les langues se délient et les mots se libèrent quand les yeux s'ouvrent (enfin) ! Une réflexion de Pascal Bruckner aux accents biens camusiens !

[www.lefigaro.fr]
Je félicite Thomas Rothomago d'avoir fait la première chose qu'il convient de faire quand on veut exercer son esprit critique correctement : vérifier les faits, trouver les sources. Les programmes de 2008 ne sont pas moins idéologiques que les projets de programme d'avril 2015. Dans les programmes de 2008, figurent, pour la classe de 5e, quatre parties : Les débuts de l'islam ; L'Occident féodal, XIe - XVe siècle ; Regards sur l'Afrique et Vers la modernité, fin XVe - XVIIe siècle. Je ne sais pas où Luc Ferry et Pascal Bruckner tirent cette idée que les nouveaux programmes sacrifient la chronologie. L'approche est à la fois thématique et chronologique, c'est le cas depuis longtemps et ça ne me semble pas hérétique. Ne faut-il pas insérer les dates dans les grands mouvements de l'histoire ?
En 6e, les élèves étudient la période qui va de l'antiquité aux débuts du christianisme ; en 5e, on part du Moyen Âge et on arrive à la période classique. Je ne crois pas qu'on puisse passer sous silence le développement de l'islam, surtout si l'on considère que l'histoire permet, entre autres choses, de comprendre le monde dans lequel on vit. A mon sens, toutefois, la sous-partie sur la place de l'Eglise devrait être obligatoire en 5e.
Si je comprends bien, il y aura aussi un cours d'histoire des arts, dans lequel sera étudié, entre autres, l'art au temps des Lumières. Si c'est bien le cas, elles ne seront pas passées à l'as. De toute façon, elles sont davantage étudiées en cours de français qu'en cours d'histoire.
D'ailleurs, ce n'est pas en histoire mais en français que la chronologie est abandonnée. Alors qu'il y avait une cohérence entre les cours d'histoire et de français, les nouveaux programmes ont une approche thématique, avec des intitulés comme Héros et héroïsme, Dire l'amour, La fiction pour interroger le réel, etc.
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