L'onomastique chinoise, ou plus exactement la transcription des onomastiques occidentales, soit leur translation ou transport dans l'onomastique chinoise, devrait être considérée comme art poétique à part entière. Un de mes premiers émerveillements face à cette langue fut quand on m'apprit, il y a fort longtemps, comment le toponyme français
Fontainebleau était transcrit, ce qu'il devenait, en chinois de Canton, soit la langue
yue yu (粵語), une des plus anciennement fixées de toutes les langues de culture du monde chinois, transcription que l'on retrouve aussi en pékinois:
楓丹白露
Ces quatre caractères reproduisent dans le système phonétique chinois les quatre syllabes du français :
Fong-Dan-Bai-Luo, ce qui est déjà pas si mal, et c'est là que les meilleurs logiciels de translittération pourraient s'arrêter, leur devoir accompli.
Seulement voilà : ces quatre caractères
ont un sens évocateur de l'objet en référent. Ils signifient :
楓丹 (Fong-Dan) = Erable rouge (incarnat)
白露 (Bai-Luo) = Blanche rosée (matinale)
Donc notre Fontainebleau a été interprété, sinisé, dans une belle harmonie imitative, tant phonétique que sémantique, en
Erable Rouge et Blanche Rosée.
Le musée chinois de l'Impératrice à Fontainebleau