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Campo della Fnac

Envoyé par Thomas Rhotomago 
08 juillet 2015, 16:58   Campo della Fnac
Surpris ce dialogue :

- Bonjour, madame, je cherche des ouvrages de et sur Giordano Bruno.
- Et qu'est-ce qu'il fait dans la vie ce monsieur ?
- Il est philosophe
- Connais pas. Vous me redites son nom de famille ?
08 juillet 2015, 22:40   Re : Campo della Fnac
A ranger dans le même dossier, obèse, que le "Ils sont où les Ionesco ?" d'une cliente de la librairie "culturelle" de ma ville s'approchant de la caisse, auquel fit réponse la patronne avec son impérissable "les polars c'est au fond du magasin, Madame".
09 juillet 2015, 13:08   Re : Campo della Fnac
Entendu sur RTL (pour expliquer les propositions de réforme de l'école):

« Proposition d'un vêtement unique.
Pas d'un uniforme.
D'un vêtement unique.
»
09 juillet 2015, 19:22   Re : Campo della Fnac
Citation
Thomas Rothomago
Surpris ce dialogue :

- Bonjour, madame, je cherche des ouvrages de et sur Giordano Bruno.
- Et qu'est-ce qu'il fait dans la vie ce monsieur ?
- Il est philosophe
- Connais pas. Vous me redites son nom de famille ?

(Suite imaginée):

- Bruno.
- Le nom de famille, Madame, pas le prénom...
09 juillet 2015, 19:23   Re : Campo della Fnac
Début d'année, Fnac de Toulouse :

- Pardon Madame, je cherche le premier volume du journal de Philippe Muray, paru il y a quelques jours.
- Gné ?
- Philippe Muray. Ultima Necat.
- Comment ça s'écrit ?
- Muray, m-u-r-a-y. Ultima Necat comme ça se prononce en latin, c'est du latin.
- Hum, je vais regarder sur l'ordinateur.

Ici, une Dame s'immisce entre moi et notre chère "libraire" :

- Pardon Madame, je cherche le livre de la fille qui est passée hier à la télé là, vous savez, Allah, la République, je sais plus trop...
- Oui Madame, "Allah est grand et la République aussi", vous le trouverez sur la deuxième table à votre droite.

Pas d'Ultima Necat, en revanche. "Oulalah Les Belles Lettres, on a plein de problèmes avec eux !".
10 juillet 2015, 12:10   Re : Campo della Fnac
A raison de 700 romans de la rentrée, et de 50 000 livres édités chaque année, comment reprocher aux vendeurs de la Fnac ou d'autres librairies de ne pas connaître des auteurs - même importants ?
Quels auteurs devraient être connus des vendeurs, et lesquels oubliés sitôt leurs livres renvoyés au diffuseur ?
10 juillet 2015, 13:48   Re : Campo della Fnac
Un ordinateur, des écrans, des cartons sur des étagères dans des entrepôts, bientôt des drones pour la livraison : vive Amazon et la quasi disparition de tout intermédiaire humain entre le livre et le lecteur – en tout cas la suppression de tout jugement, choix, sélection, commentaire, regard, expression de connivence ou de mépris, preuve d'ignorance satisfaite ou de travail mal fait... Quand on hait l'époque et la grande majorité de ses contemporains, il faut se réjouir de l'existence des robots, qui ne font pas semblant, eux, de savoir ce qu'est la littérature, et qui ne nous traitent pas de "fachos" quand nous sortons de leur boutique virtuelle un livre de Renaud Camus sous le bras.
10 juillet 2015, 14:28   Re : Campo della Fnac
Cela fait bien longtemps que les libraires, soit ne connaissent rien à la littérature, soit n'en connaissent que la partie qui leur permettra de vous sermonner sur le mode gaucho. Les "universitaires" et les gens de théâtre sont pareils que ces ersatz malodorants et pathologiquement judgmental. Ils en savent assez dans leur domaine pour vous faire payer tout écart à la moyenne des goûts. M. Rivière a donc raison, chaque fermeture de mauvaise librairie doit être accueillie avec soulagement.
10 juillet 2015, 17:03   Re : Campo della Fnac
Aucune envie de voir les rues se dépeupler de leurs devantures de livres. Le besoin physique de voir des livres physiques, des volumes préhensibles, des objets-livres (et non des "livres objets") est vital pour la civilisation, pour le dire en une hyperbole simple. Reléguer les livres dans les entrepôts d'Amazone c'est déjà les faire entrer dans la clandestinité.

Ce qu'il faut bannir : les libraires prescripteurs, qui sont en France aussi nullards et prétentieux que peuvent l'être les éditeurs, ça oui. Mais, par le truchement d'Amazon, bannir les livres dans les sous-sols et les catacombes parce que nos contemporains seraient des pourceaux, non, pas encore. Il nous faut des libraires souriants et ignorants, ignorants, souriants et serviables, comme des robots, en effet. Le lecteur devrait avoir le pouvoir de faire fermer sa bouche au Libraire, celui-ci devrait se mettre à l'écoute de celui-là et non l'inverse. Mais comme le Libraire ne résoudra jamais à pareille extrémité, il devra fermer sa boutique ou ne plus proposer que de la bande dessinée, ce qui est déjà le cas de bon nombre d'entre eux. La BD, au moins, ça cause au public, pas besoin d'en faire l'article.
10 juillet 2015, 23:27   Re : Campo della Fnac
Dans les bins où sont stockées les marchandises diverses qui sont vendues par Amazon, on trouve absolument de tout : un Pléiade de Proust à côté d'un slip pour homme, par exemple.

C'est ce que raconte le petit livre d'un journaliste "infiltré" En Amazonie. Il s'étonne aussi de constater que des livres "d'extrême-droite" se retrouvent régulièrement dans le petit panier qu'il utilise pour picker les marchandises. Il en tire évidemment la conclusion que l'achat par l'internet favorise ce vil commerce. Il est vrai qu'il n'est pas aisé de passer commande d'un livre de Camus, Zemmour ou Tribalat sous l'oeil censeur de son libraire. Dans l'anonymat du cyberespace, c'est plus simple.

Quant à désirer "la suppression de tout jugement, choix, sélection, commentaire, regard", je n'irais pas jusque là : cela reviendrait à entériner l'un des phénomènes les plus graves de notre société technicienne, c'est-à-dire la suppression de toute médiation, au seul motif qu'une large part de cette médiation, aujourd'hui, relève en effet de la propagande.
11 juillet 2015, 09:21   Re : Campo della Fnac
Les bouquinistes et les marchés aux livres feront l'affaire. Nous nous ferons livrer les nouveautés et aiderons une fois par mois la librairie qui a ouvert récemment sur le cours d'Estienne d'Orves.
11 juillet 2015, 13:03   L'Empire du Milieu
» Quant à désirer "la suppression de tout jugement, choix, sélection, commentaire, regard", je n'irais pas jusque là : cela reviendrait à entériner l'un des phénomènes les plus graves de notre société technicienne, c'est-à-dire la suppression de toute médiation, au seul motif qu'une large part de cette médiation, aujourd'hui, relève en effet de la propagande.

Il m'avait toujours semblé qu'en son principe la technique instaurait au contraire le règne de la "médiation pure", autrement dit de la médiation érigée en fin en soi, règne du moyen, de l'outil indéfiniment multiplié, de sorte que, littéralement, le tenant et l'aboutissant, l'origine et le but, si l'on veut, en devenaient totalement oblitérés, comme s'il y avait ici à l'œuvre l’un des paradoxes de Zénon niant tout mouvement possible par infinie multiplication des étapes médianes...
Le libraire, avec ou sans guillemets, est encore un intermédiaire de toute première main, par comparaison, aussi inculte, fruste ou propagandiste soit-il, et peut-être pour ces raisons même, mettant encore en contact gens et choses, monde et gens ; la haute technicité dilate indéfiniment l'entre-deux.
11 juillet 2015, 14:58   Re : Campo della Fnac
Citation
Quentin Dolet
Dans les bins où sont stockées les marchandises diverses qui sont vendues par Amazon, on trouve absolument de tout : un Pléiade de Proust à côté d'un slip pour homme, par exemple.

Rencontrer Proust à proximité d'un slip pour homme ne me paraît pas particulièrement incongru.
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