Le site du parti de l'In-nocence

Fleur Pellerin lance "Lire en short"

Envoyé par Pierre Jean Comolli 
[www.leparisien.fr]

Esprit de Philippe Muray, es-tu là?
2016 : jouer du violoncelle en bermuda.
2017 : peindre coiffé d'un bob Casanis.
2018 : sculpter en se faisant tatouer.
2019 : écrire en roller.
2020 : penser en chaussons Mickey Mouse.
Ma muse en short

C'est une muse sans chiqué,
une muse qui muse, espiègle.
Elle n'a rien d'alambiqué,
ne se prenant pas pour un aigle.

C'est une muse aux seins menus,
des seins qui n'ont jamais connu
ce tuteur qu'est le soutien-gorge...
Et les mots rieurs qu'elle forge,
eux aussi pointent durs et drus.

Se sachant vierge de varices,
sans penser à mal, sans remords,
ma muse fait valoir ses cuisses :
et ça lui va très bien, le short.

(N'ayant pas de rime française,
ce short va filer à l'anglaise.)
...

Blanche Bendahan - Poèmes en short (1948)
Je ne connaissais pas les poésies de Blanche Bendahan, auteur dont j'ignorais jusqu'à l'existence. C'est une poètesse juive d'expression française née à Oran en 1903. Ci-dessous un extrait de Tlemcen, ville qui doit se trouver quelque part dans l'Arabie heureuse, entre Shangri-La et les nuages rose et bleu sainte-vierge où flotte le Taj Mahal. C'est une belle turquerie dans le goût loukoum aux coloris acidulés. Et que chacun se fasse une idée de la provenance coloniale de la notion de vivre-ensemble "à l'Andalouse" chanté dans ce poème avant que de l'être par les propagandistes du pouvoir parisien actuel dont une bonne partie ont passé leur enfance dans cet univers "enchanteur" (Delanoë, etc.).

Le vivre-ensemble à la française tel qu'il est prêché par les élites parisiennes actuelles est indétachable de la nostalgie d'un certain paradis perdu, qui bien entendu se révèle à l'usage et dans le cadre métropolitain un authentique enfer. On le mesure ici : pour leurs chantres, le vivre-ensemble et le multiculturalisme heureux forment un thème primitif, indissociable d'une certaine regression infantile dans la douce irresponsabilité de ses dix ans :

Tlemcen

La prairie - un ciel vert aux étoiles de fleurs-
Le petit bruit d'une eau qui glisse sur la pierre,
Les feuillages avec leurs frissons de lumière,
Les amandiers, les cerisiers envahisseurs,


Cet amical parfum qui partout vous devance,
La respiration sonore des moulins
Et là-haut ce manteau de Vierge bleu de lin
N'est-ce pas la douceur et le charme de France?...

Pourtant dans les sentiers qu'étreint le printemps doux
Des "salams" un instant voltigent et se posent.
Et l'on voit tout là-bas, sous un arceau de roses
Eclater la blancheur lisse d'un marabout.

Des haillons somptueux pendent sous des chamilles.
Un moment le benjoin subjugue des lilas
Et quand les femmes vont aux fontaines, voilà
Qu'on entend tinter clair les anneaux de cheville.

..........................................................................

Tlemcen, ville d'Islam à l'horizon normand,
Tlemcen, ville-bazar, Tlemcen ville-mosquée,
O ville d'Evangile et ville de Coran,
Ton âme est à la fois très tendre et très musquée.

Nulle n'a comme toi la grâce et la splendeur!
Salut, belle Tlemcen à la fois brune et blonde!
S'il te voit par un jour d'avril, de par le monde,
Le poète te chante et te donne son coeur.
22 juillet 2015, 08:32   Avant l'heure
HYPOTHÈSE

On est bien libre de penser
Que l’Inconnu qui dort sous la dalle sacrée
n’est pas, d’origine, Français.

Cette dépouille révérée
elle portait un uniforme de chez nous.
Un point. C’est tout.

On ne saura jamais si celui qui repose
sous l’Arc où les couchants courbent leur majesté,
venant de ces pays de l’éternel été,
fut un Noir, doux et fort, riant de toutes choses.
Peut-être fut-il un Jaune, ce glorieux ;
peut-être rêvait-il aux pagodes lointaines
et, parlant notre langue à peine,
fonçait-il à la charge en invoquant ses dieux ?

Ce grand mystérieux qui dort sous une flamme,
obscur dont le rayon ne vient que de la mort,
nul ne saura jamais la couleur de son corps,
pas plus que celle de son âme.

Et le penseur hardi qui sur les flots s’élance
malgré la haine des récifs,
songeant que Dieu donne à des morts leur récompense,
se dit que ce Soldat que vénère la France
était, peut-être, un soldat juif.

Blanche Benhadan - Poèmes en short
22 juillet 2015, 09:04   Re : Avant l'heure
De l'horrible danger de la lecture en short

Nous Joussouf-Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction.

Comme ainsi soit que Saïd-Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime-Porte vers un petit État nommé Frankrom, situé entre l’Espagne et l’Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l’imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imans de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs connus par leur zèle contre l’esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l’imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées.

1° Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l’ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés.

2° Il est à craindre que, parmi les livres apportés d’Occident, il ne s’en trouve quelques-uns sur l’agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu’à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d’âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la saine doctrine.

3° Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d’histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l’imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l’équité et l’amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place.

4° Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d’éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance.

5° Ils pourraient, en augmentant le respect qu’ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu’il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes.

6° Il arriverait sans doute qu’à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence.

A ces causes et autres, pour l’édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s’instruire, nous défendons aux pères et aux mères d’enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l’ancien usage de la Sublime-Porte.

Et pour empêcher qu’il n’entre quelque pensée en contrebande dans la sacrée ville impériale, commettons spécialement le premier médecin de Sa Hautesse, né dans un marais de l’Occident septentrional; lequel médecin, ayant déjà tué quatre personnes augustes de la famille ottomane, est intéressé plus que personne à prévenir toute introduction de connaissances dans le pays; lui donnons pouvoir, par ces présentes, de faire saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche aux portes de la ville, et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu’il nous plaira.

Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l’an 1143 de l’hégire.

Voltaire

[www.youtube.com]





Pas de doute : Voltaire fait le jeu du Front National.
Thomas, si vous continuez de faire connaître Blanche par ce forum, elle va devenir la muse du pouvoir Hollande-Valls-Hidalgo. Je ne suis pas même sûr qu'elle soit si mauvais poète que ça.
Un poète, une poétesse, qui écrit:

Un point. C’est tout.

et qui continue d'écrire comme si de rien n'était, ça fait quand même bizarre.

 
Bon on va pas passer le reste de l'été à gloser sur Blanche non plus Pierre. Moi ce que j'en dis c'est que plongé dans Les ïles de Roger Grenier préfacé par Camus (Albert) dans une édition bilingue japonaise (pas de blague, c'est vrai) offerte par un ami : la petite Benhahan ça a son charme et ses coms albert-camusiens doivent faire très fortement sens dans une certaine France qui rêve de couvrir la métropole de mosquées (qui rime si admirablement avec "musquée"). Elle écrit un point c'est tout et continue : elle se comportait déjà comme de ces artistes de variété qui en sont à leur dix-neuvième tournée d'adieu que voulez-vous. Quand on écrivait dans les années 50 que Tlemcen c'était la Normandie en Méditerranée et que le Soldat inconnu outre qu'il avait pu être Noir ou Jaune aurait aussi pu être juif, on se dit que cette Poétesse inconnue avait sa place sur le Bondy Blog [bondyblog.liberation.fr]

Attendez que notre République métissée s'en avise et vous verrez bientôt la Blanche -- morte en 1975, longévité qui a dû lui fournir l'occasion de constater ce qu'il en était du vivre-ensemble à l'algérienne dans sa ville natale d'Oran le 5 juillet 1962, peut-on supposer -- devenir poètesse nationale de la France d'après. Et ce sera un peu à cause de nous.
Il y aura encore des poètes dans cette France d'après ?
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