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« L’invasion de l’Europe par bateaux est un fantasme ».

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
25 juillet 2015, 15:13   « L’invasion de l’Europe par bateaux est un fantasme ».
Idéologie, aveuglement et négation du Réel : un modèle du genre.



“L’humanité” du 2 mars 2011, entretien "visionnaire" retrouvé par hasard : « L’invasion de l’Europe par bateaux est un fantasme ».


Entretien avec Virginie Guiraudon, chercheuse au CNRS et à Sciences-Po Paris qui, alors que la droite alimente les peurs d’un débarquement d’immigrés sur les côtes européennes, réfute la possibilité d’un exode massif et analyse la crise des politiques migratoires.

Dès sa prise de fonction lundi, le nouveau ministre de l’Immigration, Claude Guéant, insistait sur la nécessité «de lutter contre l’immigration irrégulière qui, c’est un fait, (…) inquiète » les Français. La veille, Nicolas Sarkozy avait évoqué «des flux migratoires devenus incontrôlables» et une «Europe en première ligne». Qu’en est-il réellement? Décryptage.

La crise en Libye alimente les craintes d’une arrivée massive de migrants en Europe. L’Italie parle de 300 000 arrivées. L’extrême droite française brandit le chiffre de 1,5 million. Quelle est la véracité de ces chiffres?

Virginie Guiraudon. Ils sont complètement fantaisistes ! Aujourd’hui, aucune enquête ne permet de dire combien de gens vont émigrer. D’autant que le cas libyen est compliqué, car Kadhafi a toujours joué avec les chiffres en prétendant que les migrants en Libye voulaient traverser la Méditerranée. Pourquoi tous les Subsahariens voudraient-ils venir en Europe? Ce sont des saisonniers, qui travaillent en Libye et qui retourneront sans doute chez eux.

C’est encore différent de la Tunisie et des émigrés qui sont arrivés à Lampedusa ces dernières semaines…

Virginie Guiraudon. Oui, on a deux cas distincts. En Tunisie, l’amélioration de la situation n’est pas une garantie contre les migrations. On l’a déjà vu au Mexique : le développement amène souvent l’émigration. Ce ne sont pas les gens les plus pauvres qui migrent, mais ceux qui ont le bagage éducatif et psychologique pour le faire. Les projets de migrations peuvent être indépendants du changement de régime.

L’Europe a-t-elle les capacités pour absorber un nombre important de migrants sur son territoire ?

Virginie Guiraudon. Oui, parce que, même si l’Europe fait tout pour que ça n’arrive pas, ces scénarios sont déjà envisagés. Il existe des mécanismes d’entraide, comme le Fonds européen pour les réfugiés. Pour le moment, seulement 6?300 Tunisiens sont arrivés à Lampedusa, ce n’est rien ! Tous les ans, 1,5?million de migrants légaux arrivent en Europe. La vraie question, ce n’est pas pourquoi les Tunisiens viennent, mais pourquoi Berlusconi en parle !

Avec les élections en France et la montée de l’extrême droite, ces arrivées risquent d’être fortement instrumentalisées.
L’UE est très divisée sur ces questions. Les pays riverains de la Méditerranée demandent une répartition des migrants. Une solidarité européenne peut-elle voir le jour ?

Virginie Guiraudon. Pour le moment, seulement un instrument financier a été mis en place, le Fonds européen pour les réfugiés, qui donne une somme symbolique aux pays qui les reçoivent. Il n’existe pas de solidarité active, chaque État essaye de renvoyer les étrangers dont il ne veut pas vers un autre pays, grâce au règlement de Dublin qui permet d’expulser un demandeur d’asile vers le premier pays européen traversé. À la faveur de cette «crise», la Commission européenne va peut-être proposer un nouvel instrument de «partage du fardeau?».

Quel pourrait être cet instrument ?

Virginie Guiraudon. Une répartition des personnes qui ne soit pas seulement financière. Mais ça suppose que les chefs d’État admettent qu’il s’agit d’une crise européenne. Si on considère que c’est une crise internationale, on laisse le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) et l’Office des migrations internationales (OMI) gérer. Ils sont spécialisés dans les mouvements de population et ils ont besoin de justifier leur utilité.

Comment expliquez-vous une telle instrumentalisation de ces arrivées en Europe ?

Virginie Guiraudon. Ce n’est pas nouveau, mais de plus en plus de pays sont concernés. L’invasion de l’Europe par bateaux est un fantasme politique très utilisé par les droites européennes. Et dans beaucoup de pays, les gauches sont assez inaudibles sur ces questions. Ce silence laisse un boulevard à la droite. Sa politisation par les partis politiques et les médias en a fait une question saillante dans l’opinion, ça les encourage à privilégier cette thématique.

En France, on a un cas exemplaire avec le Front national, seul parti en ordre de marche pour 2012, avec un candidat et un programme.
Marine Le Pen propose de «repousser dans les eaux internationales les migrants qui voudraient entrer en Europe». Au-delà de son aspect inhumain, que penser de cette proposition?

Virginie Guiraudon. Ça existe déjà ! C’est toute la logique des actions de Frontex. Cette agence européenne fonctionne avec des gardes nationaux qui vont dans les eaux territoriales des pays dits de transit ou d’origine pour empêcher les gens de partir. On les arrête avant leur départ pour qu’ils ne puissent pas être considérés comme des demandeurs d’asile.

Ces politiques sont-elles efficaces?

Virginie Guiraudon. Très peu de migrants arrivent par bateaux en Europe, mais la principale conséquence de cette politique est de dévier les flux. Les bateaux militaires et les murs ne font que changer les routes. Maintenant, les migrants passent par la terre, via la Turquie et la Grèce. Avec un effet pervers?: ces routes sont dangereuses, avec de plus en plus de morts qui sont ensuite présentés comme des victimes prêtes à mourir pour rejoindre l’Europe. Or, pas du tout : ce ne sont pas des gens désespérés, ils ont un projet de vie construit. Ces flux pourraient être absorbés par le marché du travail.

L’Europe va avoir besoin de compenser la baisse de sa population active et elle fait déjà appel à la main-d’œuvre étrangère pour cela, avec des besoins sectoriels assez précis?: bâtiment, agriculture et tertiaire.
À terme, les changements de régime des pays du Sud pourraient-ils modifier les flux migratoires ?

Virginie Guiraudon. À moyen terme, il peut y avoir des retours, par exemple des étudiants qui repartent en Tunisie. La dynamique n’est pas que politique, elle est aussi économique et sociale. Si l’avenir en Tunisie devient moins bouché, il y aura peut-être moins de départs. L’idée de la mobilité, d’imaginer un avenir meilleur ne touche ni les plus riches, qui sont contents de leur sort, ni les plus pauvres, qui sont immobiles. Ensuite, si on regarde l’évolution des flux, les Marocains, par exemple, vont désormais beaucoup plus au Canada et aux États-Unis, ils y sont mieux reçus qu’en Europe, où ils sont victimes de racisme et de discriminations. »

[www.humanite.fr]
« L’invasion de l’Europe par bateaux est un fantasme »: diction havrais et lampedusien.
05 août 2015, 12:20   Acrobaties
Cette prose du Nouvel Obs a bien des traits du discours des économistes :


"On assiste à une arrivée massive de migrants à Calais"

Ça n'est pas tout à fait vrai. La situation de Calais est à prendre avec du recul. La préfecture du Pas-de-Calais estimait à environ 3.000 le nombre de migrants présents à Calais et dans sa région au mois de juin dernier. Certes, ce nombre correspond à une augmentation de 500% par rapport au début de l’été 2014.

Mais les données fournies par Frontex, l’agence européenne pour la surveillance des frontières, permettent de relativiser ses chiffres, compte tenu de la situation européenne. Le nombre d’immigrés entrés illégalement en Union européenne a presque triplé entre 2013 et 2014, passant de 100.000 à 270.000, soit une augmentation de 180%.

Le phénomène continue de s'amplifier en 2015, puisque le nombre de franchissements illégaux des frontières extérieures de l’UE a augmenté de 250 % entre le mois de janvier et de mai par rapport à l’année précédente sur la même période.

Depuis le début de l’année 2015, 175.000 entrées illégales se sont faites en UE, dont les 3.000 migrants présents en permanence à Calais ne sont qu'une infime fraction. Rapporté à la population française, ce nombre ne représente qu'une goutte d'eau.
05 août 2015, 13:17   Re : Acrobaties
passant de 100.000 à 270.000, soit une augmentation de 180%.

C'est oublier qu'il y a aussi une migration intra-européenne dont nous faisons les frais, et cette migration n'est pas comptabilisée. Les Roms, Roumains, Moldaves (pourtant hors-EU) ne sont pas comptabilisés. Par ailleurs, parler de UE est sans intérêt puisque la migration se fait en direction de l'Europe Occidentale. Pas un migrant ne souhaite aller en Estonie.

Il faut garder à l'esprit que la Grande-Bretagne, qui ne se vit pas comme membre de l'UE, fait état de problèmes liés à la seule migration intra-europééenne (en effet, les frontières de la GB sont elles, très hermétiques).

Ce double phénomène est d'ailleurs une des raisons de l'inertie du Politique. Comment cibler efficacement immigration extra-européenne (1) et immigration intra-européenne (2), les pays à l'origine de (2) étant précisement ceux qui devraient s'occuper efficacement des frontières ?
Depuis le début de l’année 2015, 175.000 entrées illégales se sont faites en UE, dont les 3.000 migrants présents en permanence à Calais ne sont qu'une infime fraction. Rapporté à la population française, ce nombre ne représente qu'une goutte d'eau.

Comique. Et volontairement ambigu. Ce nombre ne représente qu'une goutte d'eau. Quel nombre ? 3000 ? Ou 175.000 ? Rien ne permet de déterminer lequel des deux est visé par notre belle âme. Quant à la
goutte d'eau, plutôt malvenue, non, dès lors qu'il il s'agit de migrants qui parfois périssent en mer ?
Il y a derrière ces phrases rassurantes de médecin euthanasieur le message que 3000 migrants illégaux à Calais sur les 175000 entrés dans l'UE, cela ne représente qu'une infime partie de tous les migrants venus en France, lequels doivent être plusieurs dizaines de milliers (s'ils sont 175000 dans l'UE) qui ne souhaitent pas se rendre en Angleterre, ce qui prouve bien, n'est-ce pas, que notre pays a tout lieu d'être fier de ne pas être moins attrayant que l'Angleterre, que la France terre d'accueil n'est pas un vain mot puisque vous voyez bien que les paumés qui se figurent qu'ils seront mieux en Grande-Bretagne que chez nous sont une "infime minorité" ! Elle est pas belle la vie, et la France, elle est pas belle, dites !
21 000 migrants qui prennent d’assaut la Grèce en 6 jours ! Un record immédiatement dérecordisé, nuancé, relativisé jusqu'à l'os, hier soir, sur France2, par le spécialiste de service (rattaché, je crois, à l'IRIS): en substance, "C'est normal, c'est un effet de saison."
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