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Communiqué n° 1871 : Sur le retrait du mot “race” de la législation française

Communiqué n° 1871, lundi 28 septembre 2015
Sur le retrait du mot “race” de la législation française

Le parti de l’In-nocence et le NON apprennent sans surprise mais avec indignation morale, mépris intellectuel et grand amusement culturel la décision du législateur de faire disparaître le mot “race” de la législation française. L’un et l’autre mouvements savent depuis longtemps que racistes et antiracistes, fidèles miroirs l’un de l’autre, sont de longue date convenus, pour ce terme, d’une absurde définition pseudo-scientifique, incroyablement limitée, qui permet aux uns de fomenter l’extermination de deux ou trois races et aux autres, en symétrie, de les faire disparaître toutes en prétendant qu’elles n’existent pas. Le premier de ces desseins est sans doute plus criminel que le second, mais le second est de plus grande conséquence encore. Le remplacisme, en effet, y trouve sa source et sa condition : il faut impérativement que les races n’existent pas pour que les hommes, les femmes et les peuples soient interchangeables à merci, comme des produits industriels. À l’heure où la submersion migratoire fait entrer le Grand Remplacement dans une phase accélérée, frénétique et probablement finale, il est normal que le pouvoir remplaciste ressente le besoin urgent de renforcer son arsenal “théorique”, pour tâcher d’en finir une bonne fois avec la résistance indigène.
Alors que la race est l'autre nom qu'il faudrait donner à la beauté des choses et des êtres...
La race (blanche) est morte. Morte d'avoir vécu de son héritage, de ses privilèges et de ses souvenirs. Elle est morte de n'avoir eu ni volonté ni projet.
Pensée extrême : de plus en plus je me prends à penser que les droits de l'homme et surtout l'égalité de principe posée entre eux -- entre les droits comme entre les hommes avant de l'être aujourd'hui entre les hommes et les femmes -- furent décrétés pendant la Révolution française contre la race deux ou trois décennies à peine avant que ne s'installe la révolution industrielle appelée à engouffrer les hommes et les femmes, tous également, sans distinction ni pesée, ni hiérarchie de leur valeur, dans les noires usines sataniques (William Blake) : il fallait pour que cela fut possible, préparer le terrain de la réification par le nivellement des êtres et leur désinscription du tableau des identités, des histoires, des origines et des individualités.

Je ne sais si on peut parler de téléologie, mais l'histoire semble toujours s'employer à préparer le terrain à l'histoire. L'égalité entre les hommes posée avec tant d'emphase par la bourgeoise dans les années de la première République française était déjà partie au projet d'industrialisation, mais aussi et à la suite, prolégomènes aux massacres égalitaires, globaux et indistincts, comme à la production de masse, industrielle autant que l'ont été les massacres, ces derniers fomentés à son exemple, et au collectivisme autant qu'à l'indistinction de Facebook.

L'égalité entre les hommes fut l'indispensable socle de pensée, le préalable philosophique, à ce que les deux siècles qui suivirent ont produit de pire et que l'on pourrait, après tout, récapituler du terme anodin mais terrible de déshumanisation. L'égalité entre les hommes a lâché tous les chiens de l'enfer sur l'humanité.
Tocqueville répond à Blake : En 1833, près de dix ans avant l’installation d’Engels à Manchester, Tocqueville, de retour d’Amérique, décrit la capitale de l’industrie textile anglaise comme « un nouvel Hadès » : « c’est au milieu de ce cloaque infect que le plus grand fleuve de l’industrie humaine prend sa source et va féconder l’univers. De cet égout immonde, l’or pur s’écoule ».
Le spectacle de la Chine industrialisée, tel qu'il s'offre, par exemple à Wuhan, qui est un peu à la Chine d'aujourd'hui ce que Birmingham pouvait être à l'Angleterre de Blake (cependant que Manchester serait Shanghaï, capitale de l'industrie textile chinoise), corrobore l'intuition générale sur le communisme vecteur de pénétration du capitalisme dans l'Orient qui lui avait résisté (et qui par conséquent exclut le Japon) : tout le communisme aura abouti, aura été inventé pour ce rôle historique de conduit et de vecteur de pénétration du capitalisme dans l'espace oriental; ce rôle historique se résume très simplement : faire qu'en 2015, les ouvriers des manufactures et fonderies de Wuhan travaillent et vivent à peu près exactement dans les conditions qui avaient été celles de leurs homologues britanniques au milieu du XIXe siècle à Birmingham, Leicester ou Manchester.

Les seuls pays d'Extrême-orient qui n'ont pas été touchés par les dictatures communistes sont le Japon et les pays musulmans (Indonésie et Malaisie, et Brunei). Le Japon parce qu'il avait entamé l'occidentalisation de son économie dès le dernier quart du XIXe siècle et que le communisme par conséquent, et en vertu de ce qu'on en dit ci-dessus, eût été sans objet, et les pays musulmans parce qu'en fait de totalitarisme ils étaient servis comme on dit qu'on est servi dans une partie de poker.

Tous les autres y sont passés : Chine, Mongolie, Orient russe, Corée, Vietnam, Cambodge, Laos. Ces pays et régions mis en couveuse industrielle et totalitaire sous la botte communiste pendant plusieurs décennies (la Corée du nord y est encore) avaient tous en commun leur retard historique dans les modes de production industriels capitalistes. Il leur fallut donc passer par le sas du communisme pour "rattraper leur retard" et commencer à imiter l'Angleterre de Karl Marx.

Le cas des Philippines est un peu particulier : ce fut la seule colonie culturelle, politique et économique étatsunienne d'Orient, comme peut l'être Porto-Rico sur la façade atlantique. Et ce pays ne doit d'avoir été épargné qu'à ce statut.

Le cas de Taïwan est lui encore plus particulier mais néanmoins à ranger dans le même lot exceptionnel que les Philippines : ce pays, cette île, avait été une colonie japonaise quand le Japon s'industrialisait seul.

A retenir : Reconquête, prise de contrôle et occupation des USA sur les Philippines en 1899–1902 ; conquête coloniale de Taiwan par le Japon 1895. Pour tous les autres : le communisme, purgatoire obligé du paysan oriental ayant manqué le train de l'occidentalisation.
En codicille à ce qui précède : j'ai mentionné trois pays musulmans d'Extrême-orient épargnés par le communisme oriental au siècle dernier, soit la Malaisie, l'Indonésie et Brunei. Or il en est un qui a frôlé de près le jet de filet communiste, sous forme d'une tentative de coup d'Etat en 1965 : l'Indonésie.

Et comme de juste c'est le seul des trois où l'Islam n'est pas religion d'Etat unique comme il l'est en Malaisie et à Brunei. C'est à dire que cette "faiblesse" (aux yeux de l'islam) a failli le jeter dans les griffes du maoïsme mais c'est aussi, un peu à l'instar des Philippines protégées par la présence etatsunienne qu'il en a réchappé : la CIA s'étant empressée de tout faire pour cela à partir de cette année-là.

L'ironie de l'histoire aura voulu que le président actuel des E.U. passât une partie de son enfance à Jakarta suite à ces événements de 1965 un peu à cause (il suivait sa mère "coopérante" américaine dans ce pays) du statut hybride de ce pays, lequel avait failli le précipiter dans le gouffre où il n'est jamais tombé tout à fait. L'autre gouffre, dans lequel il resiste tant bien que mal de tomber aujourd'hui étant celui du salafisme à partir des années 2000, ce dernier le visant, comme l'avait fait le communisme en 1965 à cause d'un trait invariant : son statut qui le situe "au milieu du gué" de l'islam. L'alternative pour lui fut donc entre le totalitarisme (islamique) et le totalitarisme (communiste), qui l'ont tiré à hue et à dia, avec toujours, entre eux deux, des vues divergentes sur la manière de s'occidentaliser, mais point sur la finalité absolue d'y parvenir. L'Amérique en attendant, y pourvoie.
Cher Francis Marche, je vous remercie d’exprimer mieux que moi ma pensée.

(Je me suis permis de vous étaler sur Facebook, ça va ?)
Je constate avec un vif plaisir que la révolution industrielle est de plus en plus vivement critiquée pour ce qu'elle est, à savoir la préparation de l'avènement l'homme remplaçable. Encore un effort, et nous verrons bientôt le nom d'Ivan Illich affleurer à la surface de ces débats.
Cher Renaud Camus,

je reçois ce commentaire comme un compliment, auquel je ne suis pas insensible ni sans en éprouver de la reconnaisance. Ce que vous lisez sous ma plume n'est jamais que l'émanation d'une pensée collective qui vous doit beaucoup, et c'est le moins qu'on puisse en dire. Apprendre qu'elle vous aide à la mieux ré-exprimer fait la bonne nouvelle du jour.


Quant à Facebook, oui, ça me va. Ca me va d'imaginer tous les like autour de textes miens qui font de Facebook une entreprise quasi-satanique.
Quoi de plus égalitaire que "Facebook", cependant ? Un même "mot" pour un milliard d'individus.

Pour en revenir au sujet : quel mot a-t-il remplacé celui de "race" dans la législation ?
Citation
Thomas Rothomago
Pour en revenir au sujet : quel mot a-t-il remplacé celui de "race" dans la législation ?

face.
judéo-chrétien, de face blanche.

{
unité,
visage,
figure,
façade,
tête,
atome
}
Pourquoi remplacer le mot "race" ? La suppression du mot supprime - comme par enchantement - la chose ? Non ?
C'est du moins comme cela que ça fonctionne dans l'esprit des remplacistes.

Suppression à venir des mots "sol", et "patrie".
Si ce mot apparaît dans des phrases de la législation française (lesquelles au juste ?) et qu'il est retiré, ou bien on supprime entièrement les-dites phrases (ce qui est possible), ou bien on les reformule et il faut bien trouver un autre mot.
Il y a une phrase dans la constitution qui dit quelque chose comme "sans distinction de race ou de religion", mais ils n'ont pas pu la supprimer car pour modifier la constitution il faut réunir le congrès et obtenir, je crois deux tiers des voix.
Bof, les autres mots ne manquent pas, un peu comme "non-voyant" pour aveugle : appartenance ethnique, type bio-apparent, type phénologique, ("les hommes sont égaux sans distinction de type phénologique, etc.") ou pis encore, une extension de leur genre : sans distinction de genre ou de religion et on vous expliquera que le champ sémantique du genre, mon brave, contient celui que les méchants racistes désignaient autrefois sous le terme insultant et haineux de race. Et vous vous en retournerez biner vos carottes ou écosser vos petits pois au fond de votre jardin voltairien en vous disant dans votre for intérieur que le monde d'aujourd'hui, décidément, n'est plus le vôtre et qu'il est temps de songer à le quitter définitivement. Et ce faisant, vous comblerez leur attente.

Les ressources du consensus tartuffier en matière terminologique sont quasi-illimitées, on le sait bien. Si l'invention idéologique et leur capacité à en faire gober les fruits au populo paraissent sans bornes vous pensez bien que la néologie et la lexicographie, c'est les doigts dans le nez.
C'est certain, mais je conserve une curiosité pour le mot ou la formule finalement choisie. J'aimerais bien la connaître. J'aimerais aussi savoir quels responsables ont fini par trancher, après quelles consultations de consultants en lexicographie et combien les faux-travailleurs que j'affectionne ont fait bouillir de marmites grâce à la recherche du mot ou de la formule qui remplacerait le mot "race". L'Académie française a-t-elle été saisie de la question ?
La réponse à votre question se trouve ici.
Reste le problème de la constitution. En soi, ce n'est pas difficile. L'article premier dit :

La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.

Il suffit de supprimer "de race".

Il est intéressant de noter que le mot n'apparaît dans nos lois qu'en 1939, précisément pour combattre le racisme. Je recommande la lecture de cet article, assez bien informé.
30 septembre 2015, 23:34   Critique de la raison raciste
c) Après le mot : « sexuelle », sont insérés les mots : « ou pour des raisons racistes »

Suis-je le seul à trouver sémantiquement grotesque et absurde l'expression "raisons racistes" ?

D'abord pour des motifs racistes commencerait à avoir un sens et pour des motifs d'ordre raciste serait syntactiquement acceptable, à mes yeux.

Mais alors, ainsi correctement détaché et extrait de sa gangue asyntactique on en viendrait à interroger ce que peut signifier le terme "raciste" ainsi posé sur la commode, dès lors que le substantif duquel il dérive, race, est lui-même, proscrit de la langue constitutionnelle. Pour éviter pareil questionnement, qui ferait ressortir l'absurdité de cette substitution, et s'échouer le petit navire sur l'écueil du premier rocher affleurant hors de l'eau, on préfère noyer le rocher et rester brouillon et "global", comme la lecture du même nom : "pour des raisons racistes", bé té !
Merci, cher Marcel, pour ce lien que je découvre et qui ferait conclure à un paradoxe : lorsqu'on supprime la race, il ne reste que le racisme.
Utilisateur anonyme
01 octobre 2015, 01:15   Re : Critique de la raison raciste
Si l'invention idéologique et leur capacité à en faire gober les fruits au populo paraissent sans bornes vous pensez bien que la néologie et la lexicographie, c'est les doigts dans le nez.

On sent tout de même comme une usure... Non ? J'entends ici l'usure comme l'usure anormale qui proviendrait de l'usage abusif, du mauvais usage, du discours remplaciste, de telle sorte qu'usé jusqu'à la corde ce discours est devenu proprement inutilisable, et que la solution à portée de main, c'est de "supprimer des mots"... Même plus foutus de "néologiser".
Utilisateur anonyme
01 octobre 2015, 01:53   Re : Critique de la raison raciste
On pourrait même aller jusqu'à utiliser le concept d'"arraisonnement" (Gestell) pour désigner cette agression généralisée contre ce que nous sommes, contre tout ce qui est nôtre (notre race, notre langue).
» L'égalité entre les hommes a lâché tous les chiens de l'enfer sur l'humanité.

Le pire est à craindre, qui serait que l'histoire ne se présente pas déliée, déliable, à la carte : on ne choisit pas, ce serait tout ou rien, deal occidental à prendre ou à laisser : le "désenchantement du monde", les révolutions coperniciennes, le phénoménal emballement des connaissances, des sciences et des techniques, la liberté, l'égalité, la "révolution industrielle", la démocratie, le consumérisme, l’individualisme à tous crins. Cela, cet ensemble, aura produit l'Occident moderne.
Celui-là même qui fait se ruer à ses portes des nuées d'hommes provenant de régions du monde et de sociétés qui n'ont eu ni Déclaration fracassante de "droits" dénichés on ne sait où, ni "libérations" diverses, parfois au forceps, ni bien sûr révolution industrielle, moyennant quoi il semble qu'ils ne puissent tout simplement plus vivre chez eux du tout, où l'on s’entre-tue, se décapite et brûle vif à qui mieux mieux.
Cher Francis, je crois que l'enfer n'est jamais à court de prétextes, ni d'idées, et que toutes les inégalités proclamées et les déprivations forcenées de liberté auront elles aussi (surtout ?), cela ne vous aura certainement pas échappé, produit de superbes bains de sang et de très vraisemblables et convaincants enfers sur terre.
Sauf que l'enfer moderne apparaît sans solution ni voie de sortie, à la différence de l'enfer inégalitaire qui, lui, au moins, avait pour vertu de faire rêver d'égalité.

Problème de la spirale rentrante et enfermante de l'histoire dans laquelle l'humanité s'est piégée comme dans une coque le bernard-l'ermite : l'égalité entre les hommes produit un enfer qui ne fait plus rêver à aucun paradis.

Les boat-people indochinois ayant fuit les khmers rouges, ceux de Syrie et d'Irak fuyant aujourd'hui l'EI, à quoi rêvent-ils ? à "la paix universelle et à l'égalité entre les hommes" ? Point du tout : à sauver leur individualité, leur identité et leur dissemblance en dévorant opportunistiquement toutes les occasions d'inégalité qui viendraient à passer.

L'état d'inégalité crée une spirale ouverte, l'état d'égalité une spirale historiale rentrante, asphyxiante, de la soumission et de l'inertie, y compris dans la vie intellectuelle, artistique et pour ne rien dire de la vie spirituelle.
Utilisateur anonyme
01 octobre 2015, 17:23   Re : Critique de la raison raciste
aL'état d'inégalité crée une spirale ouverte, l'état d'égalité une spirale historiale rentrante, asphyxiante, de la soumission et de l'inertie, y compris dans la vie intellectuelle, artistique et pour ne rien dire de la vie spirituelle.

Oui Francis. Et l'aspect totalitaire du "système égalitaire" s'exprime par la rationalisation totale, le calcul et la mise en calcul de tous les domaines de vie, la judiciarisation des rapports humains, la rupture systématique avec les valeurs, les normes traditionnelles, le déracinement de la quasi-totalité de la population (jusqu'à sa dé-mobilisation totale) - autant de signes de la modernité, du progressisme, de l'égalitarisme. Assombrissement du monde.
Il y aurait beaucoup à dire sur la dynamique égalité-inégalité qui a porté le capitalisme industriel dix-neuviémiste et vingtiémiste, et qui porte encore son avatar en Orient et en Amérique du Nord (plus en Europe, où il est mort, remplacé par le "socialisme" à ventre mou) : les ouvriers de la fabrique connaissaient un sort égal, ou du moins, très indistinct, et plus encore dans son paroxysme, le taylorisme; cependant que le rêve, en pareil régime d'indistinction égalitariste, était et est toujours, encore et toujours, de d'en sortir, de s'en échapper pour créer sa propre entreprise et en personnaliser les attributs, la réussite (cf Steve Jobs, star de la création, sur-personnalité, employant à ses créations et fabrications des esclaves, des sans-noms, des petites mains anonymes et toutes pareilles dans des ateliers en Chine), bref, de retrouver l'inégalité.

L'état égalitaire, celui des droits de l'homme égaux qui instaurent les humains égaux dans l'indistinction, qui a servi à pousser des hommes uniformément vêtus sous l'arche taulière de la fabrique où ils useront leur vie trente à quarante années, a pour plafond des rêves et débouché transcendant l'extraction de soi vers l'inégalité des princes, des rois, des créateurs, des stars, du beau monde grouillant de distinctions et de brillant.

Voyez comme l'égalité est hypocrite ! Elle n'a eu pour fruit et aboutissement historique que la révolution industrielle soit l'avilissement de la chaîne de montage où furent enchaînés les hommes au labeur dans des heures égales, sans saison, sans plus de printemps que d'automne, et pour certains sans plus de nuit que de jour, et c'est sa négation, la distinction inégalitaire, qui s'en propose comme issue et accomplissement suprême! L'égalité aspire à l'inégalité, dans les conditions matérielles et concrètes de l'existence, du progrès historique dont elle se revendique la matrice; cependant que la même égalité, partout proclamée aujourd'hui dans le ventre mou de la bête européenne moribonde, n'est ni le résultat d'un processus matériel et historique ni le fruit escompté d'un stade ultérieur que réserverait pour l'histoire pareil processus, mais un trompe l'oeil idéel et permanent qui renvoie et répercute d'autres chimères, à commencer par celle de l'homme étale et métis, étale comme poussière ou farine de ciment ou comme les heures étales qu'égrène la pendule de l'atelier de montage de pendules. L'homme étale, métis et arrêté dans et par son entropie comme pendule mornement arrêtée qui donne passivement la bonne heure deux fois par journée quand tous les hommes, tous les vivants sont partis, ont déserté la scène.
L'état égalitaire, celui des droits de l'homme égaux qui instaurent les humains égaux dans l'indistinction, qui a servi à pousser des hommes uniformément vêtus sous l'arche taulière de la fabrique où ils y useront leur vie trente à quarante années, a pour plafond des rêves et débouché transcendant, l'extraction de soi vers l'inégalité des princes, des rois, des créateurs, des stars, du beau monde grouillant de distinctions et de brillant.

C'est ça ! D'ailleurs il faudra toujours aux hommes un objet de désir (ou de haine), absent, présent, réel, imaginaire, innocent ou coupable et s'ils n'en trouvent, ils sont malheureux - malheureux d'être comme leurs voisins, d'être tous les mêmes, en clair d'être égaux. Les égalitaristes et les irénistes n'y pourront jamais rien : le bonheur n'a jamais uni les êtres. Et puis on ne gouverne pas les gens pour qu'ils soient (ou se croient) heureux, mais pour qu'ils obéissent et servent à la domination de ceux que le Ciel a placé à leur tête.
L'égalité n'a aucun avenir historique possible, pour la bonne et très simple raison, fort vulgaire, qu'elle ne fut jamais qu'un subterfuge du capitalisme, comme le communisme en a été la ruse historique.
Merci pour ces messages, Francis.

Il faudrait aussi aborder l'islam, mais sous son aspect radicalement anti-égalitaire, hyper élitiste (djihadiste/simple croyant, "bon musulman"/" mauvais musulman", "rapproché"/" ignorant", "croyant"/" mécréant", etc.), et comprendre pourquoi il fascine à ce point nos égalitaristes gnangnans. J'ai ma petite idée mais j'aimerais connaître la vôtre.

NB : revient souvent dans le Coran LE RANG :"à chacun son rang", " des rangs différents pour chacun", "croyez-vous qu'ils sont du même rang ?", etc. - Pas vraiment égalitaire, ou égalitariste, tout ça.
C'est l'asymétrie, le déséquilibre et l'abîme qui est à retenir de cette dynamique : l'enfer inégalitaire entraîne le rêve d'égalité, et le paradis de l'égalité des hommes et des droits advient un beau jour, mais trois ou quatre décennies plus loin, les hommes dépossédés de leur rang respectif, de leur distinction, les aristocrates de leur armes et de leurs blasons, les paysans de leurs terres, s'en vont former les régiments indistincts du labeur industriel dont la carotte, pour ces hommes sans qualité, sera la qualification distinguante, l'extraction du lot et l'ascension sociale vers la marque de soi apposable sur les choses en l'espèce de la création d'entreprise, entreprise qui à son tour emploiera dans ses murs les masses humaines indistinctes d'où est normalement issu le capitaliste neuf ; si bien que l'on droit reconnaître que l'enfer inégalitaire, l'ordre despotique, fut défait et remplacé par le paradis des droits de l'homme accédant à l'histoire sous l'égide de l'Etre suprême, droits de l'homme et égalité qui engendrèrent la révolution industrielle, soit l'enfer égalitaire, règne de l'indistinction, et ce dernier a quant à lui et par un étrange retour ou paradoxal échange de rôle, l'inégalité pour Graal.

Mais l'ordre politique égalitariste prolétarien et antiracial, en tant qu'ordre et régime d'idéal, n'a pas de ciel, il se refuse ou est incapable de se donner l'inégalité, la race, la beauté, l'identité, la dissemblance, le désir, le jeu, la propriété et la jalouse et généreuse appartenance comme Graal. C'est ce qui fait l'asymétrie, dans le corps social et dans l'histoire, de ce dispositif dynamique entre le devenir égalité (par l'Idée et les nobles aspirations) et le devenir inégalitaire (par la praxis). La chemin de l'égalité recourt à l'ordre transcendant, cependant que le chemin vers la salutaire restitution de l'inégalité ressortit à la praxis, à l'agir, à l'évolution des conditions matérielles.

Le stade ultime de l'ordre égalitariste et de l'indistinction générique, que l'on trouve encore, en septembre 2015, promis dans les communiqués des obédiences maçonniques, lesquelles sont les mêmes que celles qui avaient produit les droits de l'homme de la Révolution française et donc la révolution industrielle, technique et capitaliste, est la mixture de la matière humaine dans ce que ces obédiences appellent "le creuset", soit l'association et le mélange de poudres de pirlinpinpin, afin que le manipulateur s'en émerveille comme l'enfant démiurge de ses jouets, enfant dont le jeu constitue le privilège, le droit aristocratique qu'il ne partage point, qui n'est point commun. Le creuset universaliste des poudres sans qualité -- le "peuple de Paris", par exemple, dans ce système de pensée, qu'il soit blanc, jaune ou noir est le générique peuple-de-Paris, d'où l'insistance catégorique, principielle des maîtres égalitaristes et araciaux à parler des "quartiers populaires" à propos des zones de concentration de migrants sans lieu ni avenir, car seul compte pour eux "le genre peuple", point les hommes et ce qu'ils sont vraiment ni ce qu'ils désirent vraiment --, ce creuset, donc, est la seule voie de retour vers la qualité, l'originalité, l'irréductibilité d'un être qui en surgirait inédit, produit d'une construction pensée et organisée de son extérieur, fruit d'un jeu privé, supérieur et non partagé, comme est extérieure à l'être la lumière luciférienne et gnoséologique dont ces obédiences se réclament à des degrés divers.

Poudre inerte et indistincte nous devons être pris comme tels et ne connaîtront l'espoir d'une renaissance vers l'être différencié que par ce passage par l'état de poussière incolore, impalpable, désubstantifiée entre les mains de ces ingénieurs. C'est leur programme. Le nôtre devrait être d'en dénoncer la manière et l'intention, pour commencer, avant de démettre ces ingénieurs de leurs fonctions imaginaires dont ils nous instituent les objets.

L'histoire ne pourra accomplir seule cette tâche. L'histoire livrée à elle-même conduira leur navire à bon port. Ayant barré son fleuve ou canalisé son flot vers le lac inerte et désespéré des "droits de l'homme" et de la réduction égalitariste et hypocrite, ils ont fait en sorte qu'il n'y ait plus la moindre place pour le rêve projeté, pour un futur séduisant et motivant. La motivation à l'action est à trouver tout entièrement dans l'acte d'opposition, dans un NON ferme au maintenant. Dans la voie dissidente et immanente du refus de continuer à obéir.
Bref, " un monde plus juste est un monde plus laid ".

Isn' t it ?
Poudre inerte et indistincte nous devons être pris comme tels et ne connaîtront l'espoir d'une renaissance vers l'être différencié que par ce passage par l'état de poussière incolore, impalpable, désubstantifiée entre les mains de ces ingénieurs. C'est leur programme. Le nôtre devrait être d'en dénoncer la manière et l'intention, pour commencer, avant de démettre ces ingénieurs de leurs fonctions imaginaires dont ils nous instituent les objets.


L'absurde que nous fuyons dans l'incohérence et l'équivoque dont nous abusons pour nous soustraire au devoir de clarté nous seront peut-être fatales. Il se prépare un vide énorme où nos raisons de vivre iront s'engloutir.Nous changerons nous-mêmes ou nous devrons disparaître. Toutes ces questions que nous évitâmes de poser nous y répondrons, ou nous succomberons, avec nos gloires inutiles, et nos mérites impossibles... Possible encore que, face à l'énormité de nos problèmes, nous nous rangions à la volonté de mort qui nous épargne le labeur de les poser tels quels.
» Sauf que l'enfer moderne apparaît sans solution ni voie de sortie

Sauf que la société occidentale moderne, avec son faisceau de "valeurs" intriquées et probablement inextricable, dont la postulation de l'égalité en droit, la liberté accordée, l'esprit critique et le développement technique, la démocratie et l'amélioration très sensible des conditions de vie, relativement aux sociétés archaïques ou "gelées" et non démocratiques, ne me paraît pas avoir été, bon an mal an, ni être déjà, un enfer.

Si vous ne voyez là que des enfers concurrents, au coude-à-coude, quand l'Occident ne se distinguerait réellement et substantiellement que par sa désespérance, on se demande vraiment en quoi consiste le "choc des civilisations", ce que vous défendez au juste, et pourquoi vous n'embrasseriez pas incontinent le mode de vie de vos nouveaux maîtres en inégalité et perpétuelle violation des droits humains les plus fondamentaux, avec la formidable lueur d’espoir qu'il offrent, et qu'on n'en parle plus.

Et en fait, dans le droit fil de ce "fil", justement, il est à cela une réponse toute trouvée : vous ne défendez plus que la race.
Ce que je défend au juste : qu'on me touche. Qu'on s'occupe de moi.
Cisou, vous manifestez un grand besoin d'amour, là...
N'en profitez pas pour me suggerer d'embrasser incontinent.
Pourquoi s'avise-t-on si tardivement de cette évidence : que l'égalité des hommes, c'est la mort et que ce n'est que dans la fin du sépulcre et dans la pulvérulence dernière des corps que les hommes, pour de bon et définitivement, deviennent égaux.

Les hommes naissent inégaux et, de toute leur existence, même s'il sont fonctionnaires à l'hôtel des impôts ou à la branche départementale de la caisse primaire d'assurance maladie, ils s'acharnent et se tuent à le rester, et ne sont défaits dans cette bataille que sur le seuil du caveau ou de la chambre de crémation.

La déclaration d'égalité des frontons officiels, des paroles de pouvoir, n'est rien d'autre qu'un stratagème grossier de l'inégalité universelle, un passage en ruse de cette dernière, qui aura duré à peine moins que deux siècles et demi en Occident. Passage en ruse comme un shunt ou un pontage d'artère dans le flux sanguin et sanguinaire de l'histoire; la Révolution moderne précapitaliste -- qu'elle soit bourgeoise en Europe et en Amérique au XVIIIe siècle ou communiste en Orient au XXe siècle, c'est la même révolution précapitaliste -- fut un contournement d'obstacle : l'humaine destinée, à l'instar de certains parasites qui afin de pénétrer des corps réticents ou des milieux disparates et ainsi perpétuer leur cycle de vie à travers eux se muent et se métamorphosent en des êtres contraires (de la chenille au papillon, du plasmodium, du moustique au vers, etc. [*]), l'humaine destinée s'est contorsionnée et a chaussé un faux-nez (l'égalité universelle des hommes) et s'est déguisée ou travestie pour mieux bondir et sauter l'obstacle et pénétrer en un milieu historique et spatio-temporel autre.

Quelle preuve apporter de ce que l'égalité est une parole fausse, un faux-idéal ? le fait qu'au-delà d'elle, comme au-delà de la mort, il n'y a rien qui soit de l'ici-bas ou qui relève de la politis : aucune aspiration humaine qui ne ressorte à son contraire, le retour à l'inégalité, à la distinction. Personne, jamais, dans toute l'humanité, n'a aspiré à l'égalité parce que personne n'a jamais désiré se transformer en roche ou en poussière, personne n'a jamais rêvé de s'échouer au terminus existentiel. L'égalité ne se perpétue que dans la mort et la minéralité, dans le vivant, elle éclate sous la poussée impatiente des processus vitaux, elle éclate à la face de l'histoire comme le mensonge dans les moments de vérité.

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[*]
Certains champignons parasitent les fourmis, les transformant en "zombies" qui abandonnent leur colonie pour mordre une feuille ou une branche près du sol et s'y suspendre. Ce processus permet au champignon de prospérer. La fourmi "zombie" est habitée d'une idée que lui dicte le champignon qui en a pénétré les centres nerveux : aller là où il faut qu'elle aille pour l'y transporter et en ce lieu accomplir des gestes qui permettront à son hôte parasite de se perpétuer. La fourmi et ses actions ne sont plus que le véhicule habité par la perpétuation du champignon à travers le milieu et l'histoire, le tissu spatio-temporel : et ainsi de l'égalité, de la notion obsessionnelle d'égalité qui n'est autre que la prise de contrôle mentale et comportementale de la fourmi-peuple par le champignon capitaliste âpre à pénétrer le tissu historial et à coloniser l'espace. L'égalité est ce mensonge, ce leurre utile à l'implantation capitaliste, et il n'est rien d'étonnant à ce que le communisme égalitariste, ce chien pucier du capitalisme en expansion vers l'Orient, ait si bien servi le capitalisme et sa domination.
Le cycle de vie du schistosome : métamorphoses, pénétration, multiplication/dissémination.

Cette animation de trois minutes pour vous expliquer l'alternance des phases historiques égalitaires et inégalitaires et l'expansion du capitalisme : [www.wellcome.ac.uk]

Le même être voyage dans des formes, des guises et à travers des métamorphoses qui composent son cycle de vie hétéroxène (plusieurs hôtes d'espèces différentes). Chaque métamorphose, qui vaut avènement et proclamation d'un être neuf, d'une révolution, lui assure sa perpétuation. Le microscopique microbe non-genré pénètre la peau d'un être humain, gagne le flux sanguin pour s'engraisser dans les organes vitaux de la personne où il devient sexué (mâles et femelles) et où a lieu la ponte; les oeufs sont ensuite évacués par les urines de la personne dans le milieu où ils sont absorbés par des escargots, dans le corps desquels ils éclosent et font apparaître un être transitoire, une larve ou une nymphe qui en se décomposant libère les animalcules nageurs du début qui iront pénétrer à nouveau le corps d'un être humain.

Vous avez là le cycle inégalité/égalité/inégalité (féodalisme inégalitaire/communisme égalitaire/capitalisme inégalitaire) : à travers les négations de soi successives (le genre nie la spécificité sexuelle, avant d'être nié par elle, etc...) un même être historial accomplit le cycle inlassable de ses métamorphoses, perpétue et étale son espèce. Chez le schistosome, le genre égalitaire n'est qu'une ruse transitoire de l'espèce là où la différenciation sexuelle ne lui sert point.

Et ce qui vaut ici pour le genre, bien évidemment, vaut pour la race qui, en la phase actuelle des mutations et métamorphoses du parasite dévastateur, se voit sommée de s'éclipser. En phase de crise de croissance et d'implantation nouvelle, de remaniement du milieu, ou dans l'abord d'un milieu inconnu, le parasite se déleste de tous les attributs qui le distinguent : race, détermination sexuelle étant des plus voyants et encombrants, il opte d'en faire l'économie, de s'en alléger. C'est la phase que nous le voyons traverser.
Car cet "ordre égalitaire" que nous subissons pèche aussi bien par l'impuissance (devenue nôtre) que par la malfaisance - dans ces conditions, heureux les tièdes et les indifférents. Mais le plus sûr est encore de juger de l'égalitarisme directement sur les types humains qu'il produit, non sur les raisons qu'il débite ou sur les principes qu'il affiche.

L'égalitarisme tombera, sa "moraline" avec, non sous les assauts de la luxure mais par l'effet de la ruine générale, vers quoi l'Europe s'achemine, le ventre plein et la conscience en repos.

Le retour de l'humanité à la saine inégalité, et donc aux aristocraties naturelles, Francis, ne pourra se faire que dans les ténèbres des origines.
Le débat philosophique fondamental qui agite l'Occident depuis les années 1860, soit depuis l'événement Marx-Darwin (La Contribution à la critique de l'économie politique de Marx et l'Origine des espèces de Darwin parurent la même année : 1859, soit à la veille de la décision d'Abraham Lincoln de proscrire l'esclavage aux Etats-Unis, proclamation faite en 1860) met en jeu un recoupement de dichotomies : créé/incréé avec Darwin et égalité/inégalité avec Marx. Sortir du créé avec Darwin, et concommittamment, de manière synchrone (1859), sortir de l'inégalité et embrasser le statut égalitaire et pré-apocalyptique prolétarien avec Marx.

On nous a voulu incréés en même temps qu'on nous aura voulu égaux cependant que, avec Lincoln et la fin du système esclavagiste de l'appartenance particulière et familiale à une maison ou un maître-propriétaire, on nous voulait libres, donc libres d'être engloutis, incréés et égaux, dans les fonderies et les aciéries du Nord des deux continents d'Occident (Amérique du Nord et Europe du Nord) afin d'y servir les intérêts des maîtres des forges et du Capital.

La triangulaire d'Occident, vous l'avez là, elle n'est pas celle de la traite triangulaire qui avait duré plus de deux siècles au détriment des Noirs d'Afrique (même si, incidemment, la boucle de l'une alimenta, en Amérique du Nord, la boucle de l'autre), mais une ontologie triangulaire rénovée du capitalisme asservisseur des populations blanches : l'Incréation, l'Egalité, et la Fabrique.

L'ontologie à l'oeuvre est en passe d'engager son cycle dans ses phases supérieures : des êtres incréés (par Darwin) et historiaux (par Marx/Hegel) sont très logiquement des êtres à créer par et dans l'histoire et sous son onction. Et l'ontogénèse et la venue par voie historiale à l'être et à l'esprit, lorsqu'elles sont celles des non-êtres égaux et indifférenciés que nous sommes, supposent aussi très logiquement l'action d'architectes de l'ici-bas, celle de mains investies du pouvoir démiurgique de créer hors-Dieu. C'est ce à quoi l'alchimie de la technosphère (GPA, etc.) et du noos technologique (Facebook/Apple) s'emploie aujourd'hui, avec l'aide des pouvoirs supranationaux égalitaristes mélangeurs de populations.

Donc nous allons, après 150 années d'interruption ou de suspension de notre statut ontologique originel, de notre fait humain, enfin être, par la main non plus d'un Créateur mais d'ingénieurs sociologues et fabricants de cyborgs bioniques, re-créés à l'image qu'ils se font de l'Homme, lequel subordonné et asservi à leur Ordre global, le seul qui ait grâce à leurs yeux, le seul qui leur soit intelligible et acceptable pour le siège que cet ordre leur aménage en son pinnacle.

La problématique créé/incréé et inégalité/égalité va enfin se résoudre en la métamorphogénèse de l'H neuf : la différenciation ré-adviendra dans la masse d'un collectif fabriqué, et peint selon les goûts de ses maîtres : "couleur d'Egyptiens antiques" selon Coudenhove-Kalergi premier penseur de l'anthropogenèse artificielle, métis inspiré et inspirateur du métissage entropique post-moderne.
» Pourquoi s'avise-t-on si tardivement de cette évidence : que l'égalité des hommes, c'est la mort

On peut être en désaccord avec cela : d'abord le fait qu'il arrive à des hommes "la même chose", en l'occurrence mourir, n'implique certes pas qu'ils deviennent de ce fait égaux au sens où vous l'entendez apparemment, c'est-à-dire identiques ; il existe une foultitude d'expériences communes qu'ils partagent qui ne les rend pas égaux en ce sens, mais bien au contraire sert de révélateur aux différences et à la singularité des réactions particulières. Il y a là un glissement de sens que rien ne justifie à mon avis.
Ensuite, ça paraît bête, mais l'annihilation que constitue la mort n'institue aucune "égalité", pour la simple raison qu'il n'y a plus à son advenue rien pouvant encore porter le nom d'"homme" qui puisse être égal à quoi que ce soit : vous pensez le rien néantique qu'est (jusqu'à plus ample informé) la mort en des termes devant s'appliquer à des vivants, singuliers donc et pouvant encore être comparés, ce qui est un contresens.
Enfin, permettez-moi de vous renvoyer à Heidegger et à l'une de ses plus sagaces commentatrices contemporaines, Dastur : pour autant qu'il y ait une inégalité de fait entre les hommes dans la vie, résultant d'une unicité postulée, celle-ci est de fait reconduite dans le mourir, l’expérience d'icelui étant aussi intransférable que celle de l'exister :

« Cette prise en charge de l'être-jeté qu'exige la caractère à chaque fois mien, la mienneté de l'existence, a pour corrélat une nécessaire et symétrique assomption de l'être pour la mort. Comme le souligne Heidegger : "Le mourir, tout Dasein doit nécessairement à chaque fois le prendre lui-même sur soi. La mort, pour autant qu'elle "est", est à chaque fois essentiellement la mienne." Il n'y a donc pas plus d'essence "générale" de la mort qu'il n'y a d'essence générale de l'existence ou du Dasein, mais il y a, chaque fois, une expérience intransférable de l'exister et du mourir. » (Françoise Dastur, La Mort)


(Incidemment, l'Article premier de la Déclaration énonce une "égalité en droits", pas une identité de nature, de qualités et d'"attributs", ce qui fait quand même une sacrée différence, faut-il encore le rappeler ?)
Cher Alain,

N’est-il pas légitime de se demander pourquoi les sciences et les technologies, la mode, la politique, l’enseignement, les arts, l’air du temps poursuivent, en parfaite convergence, le vœu qui devient obsessionnel d’éradiquer (pour les égaliser) toutes singularités, toutes distinctions, notamment celles liées au sexe? , sans même parler de la race.
(Incidemment, l'Article premier de la Déclaration énonce une "égalité en droits", pas une une identité de nature, de qualités et d'"attributs", ce qui fait quand même une sacrée différence, faut-il encore le rappeler ?)

J'ai écrit égalité entre eux et égalité de leurs droits, donc indistinction de statut et non de nature. Il se trouve que l'indistinction de nature, à la faveur de l'indistinction de statut, se fraye un passage dans les consciences et la politique, les discours, les arguments et les "rêveries" politiques du jour : Sur une tente individuelle de sans-papiers et sans logement, à Paris, cette inscription, cette interpellation : "ETRE HUMAIN", complaisamment photographiée par la presse aux ordres. Ce n'est pas une indistinction de nature ça Alain ? Du droit au logement opposable (égalité des droits) n'est-on pas passé, sournoisement, à l'identité de nature proclamée programme politique ?

Je répondrai plus longuement à vos objections dasturiennes dans une paire de jours.
S'il n'y avait pas d'indistinction dans l'octroi de droits fondamentaux, l'inégalité de statut n'aurait même pas à se frayer un chemin vers une "nature" fatale et antéposée, la hiérarchisation et le franc racisme, elle y serait déjà et s'y sentirait tout à fait chez elle, comme cela s'est très largement vu : êtes-vous donc si nostalgique de cet âge d'or ?
J'avoue que j'ai un peu de mal à me représenter les implications pratiques d'une telle ligne de pensée : comment faire pour réviser, corriger ou simplement annuler la Déclaration des droits, en insistant sur l'inégalité constitutive des hommes et la confiscation native de liberté (à accorder éventuellement à l'âge de raison ou de maturité, après une période d'évaluation probatoire) ? Pense-t-on à rédiger une "contre-Déclaration" et à embrayer les rouages de la révolution industrielle en marche arrière ?

Il semble parfois, Francis, que vous pensiez l'avènement de ces fameux droits comme une sorte d'excroissance pathogène, pour ne pas dire monstrueuse, sur la saine chair d'un Occident originel, nous tombée dessus out of the blue, keraam beyom bahir (pardon, mais j'aime bien cette expression en hébreu, qui signifie à peu près : comme un coup de tonnerre par un bel aujourd'hui) ; que nenni, c'est l'aboutissement pratiquement naturel d'un processus entamé avec le commencement d'une pensée occidentale, chair de la chair de l'Occident : pensée du sujet (ce n'est pas moi qui le dit, mais je suis d'accord avec lui), par et pour le sujet : sujet qui s’assujettit le monde, par définition libre, puisque disposant de tout pour lui, et l'on ne peut être libre si l'on est déclaré "inégal" à quelque autre... Vous voulez tout recommencer da capo ??
Citation
Pascal Mavrakis
Cher Alain,

N’est-il pas légitime de se demander pourquoi les sciences et les technologies, la mode, la politique, l’enseignement, les arts, l’air du temps poursuivent, en parfaite convergence, le vœu qui devient obsessionnel d’éradiquer (pour les égaliser) toutes singularités, toutes distinctions, notamment celles liées au sexe? , sans même parler de la race.

Mais pourquoi serait-ce illégitime ? Demandez-vous ce que vous voudrez, c'est la validité et la justesse des conclusions qui importe, je pense...
pensée du sujet (ce n'est pas moi qui le dit, mais je suis d'accord avec lui), par et pour le sujet : sujet qui s’assujettit le monde, par définition libre, puisque disposant de tout pour lui, et l'on ne peut être libre si l'on est déclaré "inégal" à quelque autre...

Et bien c'est à un changement de "sensibilité" et à une pensée non plus du sujet, que la situation présente appelle, mais à une pensée collective - une pensée du NOUS. Car dans notre feu louable pensée du sujet s'engouffrent désormais des peuplades de "migrants" qui sont déjà et qui seront de plus en plus LA calamité par excellence. Et tout ce qui paraissait autrefois dans l'ordre (la "pensée du sujet", l'Etat de droit, les droits de l'homme, etc) sera renversé si nous perpétuons ces valeurs individuelles ("sujets autonomes", "libres et égaux en droits", etc) qui nous tuent.

Car nous allons changer d'Eon, mon cher Alain, et, partant, de principes directeurs : ce qui fut recevable sera prohibé, ce qui fut défendu, permis. Alors il nous faudra précipiter l'inévitable (le rejet et la confrontation (hélas) avec ces peuplades), avant que sur nos têtes ne fonde une très méchante fatalité.
La perversion des hommes, et celle que paraît manifester le réel, sur laquelle l'humanisme universaliste feint de fermer les yeux, sur laquelle il ferme les yeux, contraint en cela par son ignorance des hommes et de leur nature complexe, nature dont pourtant il se rengorge, a conduit les humains, corsetés dans leurs droits exigibles, dans une douloureuse impasse, une absurde voie sans issue. Comment sortir d'une impasse, sinon à reculons ? la persistance dans l'erreur est diabolique. La marche arrière, aussi humiliante soit-elle pour un Occident qui ne sait pas faire autrement que d'aller de l'avant, est pourtant préférable à la butée répétée contre le mur qui fait le fond de l'impasse.

L'impasse, c'est Calais, où campent des gens qui vous disent : nous ne retournerons pas chez nous, nous ne reculerons pas. L'impasse historique et philosophique des droits de l'homme nous ouvre grand les bras quand des hommes traversent un continent à pied, risquent leur vie sur des embarcations de fortune pour venir s'asseoir sur le trottoir parisien et poser pour les photographes devant une petite tente sur laquelle un écriteau nous informe qu'ils ont fait tout cela pour pouvoir être logés gratis parce que tel est leur droit humain !

Le réel, qui n'est pas universel, qui est particulier, dès lors qu'on lui applique le crible ou le prisme de l'universalité des droits humains, devient fou de perversion, de phénomènes débordants, sans issues, sans solutions. N'est-il pas courageux et raisonnable, face à cette folie, d'envisager de rembobiner cette histoire et de la reprendre da capo ?

Une politique folle, parfois, ne se reconnaissant pour guide que l'Idée (droit-de-l'hommiste pour faire court) n'appelle nulle autre action que celle d'appuyer sur la touche Delete.
Le slogan solidarité avec les sans-papiers est un acte de foi, une pétition profondément religieuse : il découle de la vieille l'égalité des prolétaires qui, de tous pays, quels qu'ils soient, devaient se faire confiance sans se connaître pour, comme le proclamait le prophète athée Karl Marx, s'unir, se fondre. Or cette confiance en qui l'on ne connaît pas, dont on imagine beaucoup, repose sur le présupposé d'une identité ontologique : il est mon semblable par principe, par pétition, par prière, il me vaut et je le vaux et je ne veux rien savoir d'autre de lui que cet Un. Il ne s'agit donc plus de droits égaux et de ce qui leur est dû dans les mesures matérielles et politiques de l'accueil à pourvoir mais bien en sous-jacence, d'une identité de nature. L'égalité de condition, depuis Marx, fait l'identité de nature et de destin. La soudure, l'intrication entre condition et nature s'opère originellement là, dans l'événement Marx-Darwin de 1859-1860.

La solidarité en régime non éclairé par la foi vaut pour qui nous est connu, directement ou indirectement (indirectement comme dans les récits de Casanova ou de Stendhal dans lesquels le voyageur sans passeport transportait ses lettres de recommandation, de ville en ville). Se proclamer solidaire avec l'inconnu -- l'étranger sans papiers est la définition même de l'inconnu : son visage est nouveau et il ne décline aucune identité, origine, qui serait attestable par ce dont l'administration française est d'ordinaire si gourmande : les pièces justificatives -- , c'est proclamer sa foi messianique en l'indistinction.

Personne, jamais, dans aucune langue autre que la langue messianique et apocalyptique ne s'est déclaré solidaire de celui dont il ne connaît rien, rien d'autre que des récits colportés, des histoires édifiantes auxquelles il faut prêter foi comme jadis à Lourdes celle de Bernadette.

Qui sait si ce retour en force d'une religion primitive tout-humaine n'est pas celui des fois moyenâgeuses des pays de Westphalie, des gueux apocalyptiques de Münster, de la Nouvelle Jérusalem de Jean de Leyde où devait aboutir l'histoire dans la première moitié du 16e siècle ? Le spectacle de la "Jungle" de Calais et des manifestants proclamant leur soutien à ce mouvement, agitant des banderoles où sont écrits des slogans d'illuminés antiques n'est pas fait pour dissiper de l'esprit ce parallèle.
appuyer sur la touche Delete

(Si seulement...)

Mais les Européens, coupables émasculés trop bien persuadés qu'"ils n'y peuvent rien", refuseront de se battre, c.a.d. d'"appuyer sur la touche Delete", et ce d'autant plus que les seules et uniques "valeurs" qu'ils ont sous la main sont des valeurs de mort. Ainsi laisseront-ils perdurer tout un système qui les écrase au lieu de les porter et qui les emportera avec lui - tout d'un bloc. La transmutation de ces "valeurs" n'aurait, on s'en doute, rien d'aisé, car tout est lié, malgré la liberté d'incohérence et les sous-entendus.

L'aberration érigée en principe : voilà le fruit de nos "valeurs" et la rançon de nos privilèges.

Peut-être nous faudra-t-il choisir d'être inhumains, Francis, et d'en payer les conséquences.
07 octobre 2015, 00:11   Péché d'orgueil
"Or cette confiance en qui l'on ne connaît pas, dont on imagine beaucoup, repose sur le présupposé d'une identité ontologique : il est mon semblable par principe, par pétition, par prière, il me vaut et je le vaux et je ne veux rien savoir d'autre de lui que cet Un."

C'est peut-être, aussi, avant tout (et ce n'est pas en contradiction avec ce que Francis écrit) une confiance démesurée qu'on se donne à soi-même, à sa propre identité, et qu'on s'enfle avec orgueil de cette confiance (voir maman Merkel), précisément parce qu'on ne prête aucune identité ontologique à l'inconnu qui se présente, au moment même où il se présente, ou que, si on consent à lui en prêter une, différente de la nôtre, elle n'est que provisoire, elle va se modifier, se calquer sur la nôtre (voir Julliard qui, dans un débat radiophonique, suppose que les musulmans finiront par se calmer comme l'ont fait les chrétiens.)

Je crois moins à l'hypothèse d'une fusion présupposée dans le "nous nous valons tous" qu'à une figure déguisé d'un bon vieux rapport de force qui verrait triompher notre identité sur celle des nouveaux venus parce que notre identité est la plus forte.
Utilisateur anonyme
07 octobre 2015, 00:19   Re : Ils veulent être NOUS.
parce que notre identité est la plus forte.

Plutôt parce que notre identité est la plus désirable... Non ?

Il n'est pas rare de les entendre dire que tous "les musulmans finiront comme nous", en clair qu'il finiront par être athés (ou musulmans non pratiquants), hédonistes, progressistes, tolérants, cools, etc., Et que c'est cela, le devenir inéluctable de l'Islam, comme ce fut celui du christianisme. Drôle de pensée ethno-centrée, même affreusement ethno-centrée !, dans la tête de ces gens qui ne voient que par l'Autre.
« Cette prise en charge de l'être-jeté qu'exige la caractère à chaque fois mien, la mienneté de l'existence, a pour corrélat une nécessaire et symétrique assomption de l'être pour la mort. Comme le souligne Heidegger : "Le mourir, tout Dasein doit nécessairement à chaque fois le prendre lui-même sur soi. La mort, pour autant qu'elle "est", est à chaque fois essentiellement la mienne." Il n'y a donc pas plus d'essence "générale" de la mort qu'il n'y a d'essence générale de l'existence ou du Dasein, mais il y a, chaque fois, une expérience intransférable de l'exister et du mourir. » (Françoise Dastur, La Mort)

J'admire Dastur autant que vous pouvez l'admirer. Si quelqu'un en France mérite l'appellation contrôlée de philosophe, c'est bien elle. Son Heidegger et la question du temps m'avait laissé pantois. Le texte est clair, complexe, brillant, dense, buissonnant et pourtant rigoureusement organisé, l'écriture "torchée". C'est vous dire combien je goûte cette citation et vous remercie de nous la livrer. Mais cela dit, je la trouverais ici plutôt hors-sujet, à moins que vous ne m'éclairiez davantage.

A mon sens ll y a le trépas, qui reste un événement du Dasein (je m'exprime mal, tant pis pour moi), et il y a ce que j'ai appelé l'inertie des roches et la pulvérulence terminale et égale des corps, fussent-ils momifiés (en Angleterre, au XIXe siècle on nourrissait de poussière de momies égyptiennes, lesquelles on broyait dans des moulins, les vaches promises à l'abattoir, c'est vous dire de quelle égalité je vous entretiens ici !).

Dastur ne semble pas nous évoquer dans ce passage cette poussière égale et étale, inhumaine, indifférente et indifférenciée, lunaire, point même terrestre, qui est la victoire de l'égalité. Nous y reviendrons si vous le souhaitez.
Mais si l'on ne retient que le ''nous sommes tous semblables en ''humanitude'', que fait-on alors de ces fameuses différences si prétendument vitales qu'on les a sacralisées au point d'interdire toute critique à l'encontre de certaines ? N'est-ce pas une sorte de coquetterie déguisée, un peu comme ces femmes si sûres de leur beauté qu'elles feignent de s'en défendre pour vanter celles d'autres qu'elles jugent au fond moins belles jusqu'au jour où celles-ci, à force d'être imprudemment valorisées, leur piquent leur amant ou leur mari ?
D'Alain Eytan : l'aboutissement pratiquement naturel d'un processus entamé avec le commencement d'une pensée occidentale, chair de la chair de l'Occident : pensée du sujet (ce n'est pas moi qui le dit, mais je suis d'accord avec lui), par et pour le sujet : sujet qui s’assujettit le monde, par définition libre, puisque disposant de tout pour lui, et l'on ne peut être libre si l'on est déclaré "inégal" à quelque autre


Si l'Homme (avec un grand H), dans un élan de fol orgueil, s'auto-juge bon, avant de s'auto-assujettir à sa bonté auto-instituée, que reste-t-il à faire, sinon peut-être et pour commencer, de le réveiller à coups de gifles ?

On se rappelle Audiberti, avec son humour déconcertant, qui, reprenant là le langage de l'interrogatoire de police à l'ancienne, déclarait avec réalisme que l'Homme mérite des baffes quand il prétend avoir des droits.
07 octobre 2015, 12:14   Cadavres exquis
Ce que je voulais dire est très simple : je ne vois acune "égalité" de ce qui est mort , parce que ce qui est mort n'est plus rien, et rien ne peut encore être quelque chose qui soit égal à une autre : il n'y a plus en l'occurrence de "quelque chose" du tout, tout élément d'aucune comparaison possible aura disparu. La "pulvérulence terminale" n'institue dans ce sens aucune égalité, car il est insensé, littéralement, de dire que la poussière est égale à... à quoi ? à de la poussière ? Un cadavre, même en état de toute récente décomposition, un cadavre encore frais et séduisant*, peut-il être égal ou inégal à un autre ? C'est pourquoi je parlai du contresens qu'il y aurait, à mon sens, d'évoquer à ce propos une quelconque égalité, parce que ce serait là employer un vocabulaire impropre, convenant aux vivants strictement, seuls "hommes", corps et âme, dignes de ce nom, pas aux morts : en un mot, vous outrepassiez là le "jeu de langage" pertinent qui est celui où l'"égalité" peut avoir un sens.

À partir du moment où il devient hors de question d'évoquer une quelconque "égalité dans la mort", on peut encore néanmoins prétendre qu’elle (l'égalité) advient face à la mort, en mourant, en agonisant, dans le "mourir", avant qu'on ne soit nihilifié : c'est là où le passage de F. Dastur vient contredire même cela et une quelconque "généralité" du mourir qui rendrait les mourants égaux en ce sens, en posant la privauté et l'unicité de l'expérience du mourir, en symétrie de celle d'exister, renvoyant chaque homme dans sa nuit, autant que fut exclusivement sien son jour.


*Mais la pâleur du style,
L’imminence de la concavité
Face au ressaut,
La ruine édifiée, toutes les têtes
Lacérées, et le gracile intestin,
L’obstination de leur beauté
Eveillent l’ébriété pour
Le jour de la mort.


(Cela d'un auteur anonyme déniché quelque part sur la Toile, peut-être dans un forum consacré à la poésie ou je ne sais quoi, il y a longtemps ; j'imagine qu'il peut s'agir d'une jeune étudiante en médecine tombée en pâmoison devant la beauté d'un corps dépecé en salle de dissection...)
07 octobre 2015, 18:33   Re : Cadavres exquis
Pourtant les droits de l'homme et surtout l'égalité de principe posée entre eux mènent bel et bien la civilisation européenne à sa mort : par pétrification dans un premier temps, avec l’avènement de la "petite bourgeoisie" et son corollaire la "Grande déculturation", l’Europe est devenue un musée ; par dissolution ensuite, avec le "Grand remplacement" en cours sous les yeux ébahis des derniers résistants, l’Europe devient une ruine ; par évaporation enfin, avec notre disparition programmée si les "nœuds" résultant de la pétrification qui s’est poursuivie jusqu’ici ne sont pas rapidement déliés, l’Europe retournera à l’indistinction du "chaos", cette ultime finalité étant en définitive la pseudo-réalisation de notre Chère "passion égalitaire".
08 octobre 2015, 15:38   Re : Cadavres exquis
En fait, de quoi s'agit-il, dans les grandes lignes ? On peut ne retenir de ces droits que les plus fondamentaux qui, étant accordés à tout homme, réalisent de ce fait l'égalité d'iceux, "égalité en droits"" : le "droit à la vie" — terme assez vague qui veut probablement dire surtout qu'il ne sera pas permis d'ôter la vie au seul motif qu'une tête ne vous revienne pas —, le droit de n'être pas réduit en esclavage, et le droit de ne pas être torturé ni de subir des traitements inhumains ; or, cela me semble obligé, si l'on se déclare opposé à l'attribution, par principe et de naissance, de tels droits à tous, on approuve ou consent par conséquent à infliger cela, le meurtre à bon marché, sinon gratuit, l'esclavage, et la torture pour un pet de travers, à certains hommes, que les circonstances, l'intérêt, la mesquinerie et les caprices d'une nature humaine inconstante, parfois assez turbulente et même violente, désigneront.
À croire que Musil n'avait pas tort, quand il écrivait dans son Journal que ce n’étaient certes pas les Lumières qui avaient déçu et s'étaient révélées n'être que des bluettes, mais les hommes, certains hommes qui n'avaient tout simplement pas l'envergure, l'esprit et les épaules assez larges pour pouvoir porter cela et le mettre en œuvre intelligemment et efficacement.
or, cela me semble obligé, si l'on se déclare opposé à l'attribution, par principe et de naissance, de tels droits à tous, on approuve ou consent par conséquent à infliger cela, le meurtre à bon marché, sinon gratuit, l'esclavage, et la torture pour un pet de travers, à certains hommes, que les circonstances, l'intérêt, la mesquinerie et les caprices d'une nature humaine inconstante, parfois assez turbulente et même violente, désigneront.

Cela me rappelle un dialogue dans ce très beau livre de Jacques Lacarrière, écrivain bien injustement oublié aujourd'hui, l'Eté grec.

C'était en 1948, je crois, la Grèce au sortir de la guerre civile : le jeune voyageur français, est venu à pied de France, c'était avant l'ère du tourisme de masse. Il séjourne chez l'habitant, est adopté partout. Il rencontre un vieil homme pieu, un paysan, et le jeune parisien sorbonnard de lui avouer que décidément, non, il ne peut pas dire qu'il croit en Dieu.

Le vieil homme : mais alors tu voles, tu violes et tu tues quand tu veux et où tu veux ?
08 octobre 2015, 18:19   Re : Cadavres exquis
Cher Alain Eytan, il s’agit avant tout avec les droits de l’homme de contrefaçons de l’unité principielle qui se manifestent dans l’ "uniformité" et la "simplicité". Dans les grandes lignes : il vaut mieux vivre et mourir tel que nous sommes, non tel qu’il peut nous avoir été imposé uniformément et simplement les droits d’être, pour qu’ainsi puisse perdurer la plus grande variété et les plus précieuses qualités de chaque être-unité, et plus largement encore de chaque civilisation.

*

La conclusion qui se dégage nettement de tout cela, c’est que l’uniformité, pour être possible, supposerait des êtres dépourvus de toutes qualités et réduit à n’être que de simples "unités" numériques ; et c’est aussi qu’une telle uniformité n’est jamais realisable en fait, mais que tous les efforts faits pour la réaliser, notamment dans le domaine humain, ne peuvent avoir pour résultat que de dépouiller plus ou moins complètement les êtres de leurs qualités propres, et ainsi de faire d’eux quelque chose qui ressemble autant qu’il est possible à de simples machines, car la machine, produit typique du monde moderne, est bien ce qui représente, au plus haut degré qu’on ait encore pu atteindre, la prédominance de la quantité sur la qualité. C’est bien à cela que tendent, au point de vue proprement social, les conceptions "démocratiques" et "égalitaires", pour lesquelles tous les individus sont équivalents entre eux, ce qui entraîne cette supposition absurde que tous doivent être également aptes à n’importe quoi ; cette "égalité" est une chose dont la nature n’offre aucun exemple, pour les raisons mêmes que nous venons d’indiquer, puisqu’elle ne serait rien d’autre qu’une complète similitude entre les individus ; mais il est évident que, au nom de cette prétendue "égalité" qui est un des "idéaux" à rebours les plus chers au monde moderne, on rend effectivement les individus aussi semblables entre eux que la nature le permet, et cela tout d’abord en prétendant imposer à tous une éducation uniforme. Il va de soi que, comme malgré tout on ne peut pas supprimer entièrement la différence des aptitudes, cette éducation ne donnera pas pour tous exactement les mêmes résultats ; mais il n’est pourtant que trop vrai que, si elle est incapable de donner à certains individus des qualités qu’ils n’ont pas, elle est par contre très susceptible d’étouffer chez les autres toutes possibilités qui dépassent le niveau commun ; c’est ainsi que le "nivellement" s’opère toujours par en bas, et d’ailleurs il ne peut pas s’opérer autrement, puisqu’il est lui-même qu’une expression de la tendance vers le bas, c’est-à-dire vers la quantité pure qui se situe plus bas que toute manifestation corporelle, non seulement au-dessous du degré occupé par les êtres vivants les plus rudimentaires, mais encore au-dessous de ce que nos contemporains sont convenus d’appeler la "matière brute", et qui pourtant, puisqu’il se manifeste aux sens, est encore loin d’être entièrement dénué de toute qualité.

RENÉ GUÉNON, Le Règne de la quantité et les signes des temps.
A Alain Eytan qui écrit :

À partir du moment où il devient hors de question d'évoquer une quelconque "égalité dans la mort", on peut encore néanmoins prétendre qu’elle (l'égalité) advient face à la mort, en mourant, en agonisant, dans le "mourir", avant qu'on ne soit nihilifié : c'est là où le passage de F. Dastur vient contredire même cela et une quelconque "généralité" du mourir qui rendrait les mourants égaux en ce sens, en posant la privauté et l'unicité de l'expérience du mourir, en symétrie de celle d'exister, renvoyant chaque homme dans sa nuit, autant que fut exclusivement sien son jour.

Je viens de trouver un peu par hasard cet article, en anglais, d'un certain Iain Thompson de l'université de Californie à San Diego. Cela traite du Est-il possible que je meure ? de Derrida et de l'aporie de Heidegger ("la mort est une impossibilité possible"), lequel soutenait que la mort n'est toujours et jamais que la sienne propre. C'est un article étonnamment riche, me semble-t-il même si je vous avoue que je n'ai eu le temps que de le parcourir.

La question de "l'égalité dans la mort" -- affirmation aporétique en effet si la mort n'est toujours que la sienne, et toujours, selon Derrida et Heidegger une impossibilité qui est possible -- reste ouverte en ce qui me concerne. Notez cependant que la forge ou l'atelier méphistophélique des homonkulus, qui, en un bout de sa chaîne, comprend la section "Euthanasie", pourrait bien cependant la trancher dans le sens que je disais : celui de l'égalité et de l'anodin.

L'article de I. Thompson : [www.unm.edu]
Un mot en écho à l'intervention de Louis Piron sur la dichotomie qualité/quantité : j'ai été frappé il y a quelques jours par une présentation dans le JT de 20 heures qui faisait ressortir que 1 million de réfugiés (ou moins, 0,5 million peut-être) ne représentait jamais que 0,1 pour cent de la population du continent européen. Cette manière de peser l'humain comme des sacs de blé ou de ciment ne paraît choquer personne. Et si tel est le cas c'est que nous y avons été préparés politiquement et psychiquement depuis trente ans au moins. Les hommes étant égaux de nature, ils ne valent plus que par leur poids de viande ou par leur nombre comme les têtes de bétail d'un cheptel.

Facebook nous a accoutumés à cette mesure quantitative des rapports humains: sur Facebook, tous vos "amis" sont égaux -- l'amour de votre vie est là, qui vous sourit dans une image de même dimension que celle du jardinier de votre copropriété. Elle ne pèse pas plus que le chauffeur de taxi qui vous a ramené de la gare chez vous samedi dernier et dont il est commode d'avoir le numéro de téléphone. Vous, dans votre compte Facebook, vous êtes Dieu au moment du jugement dernier : tous égaux, tous du même poids, comme à la naissance et comme dans le tas de poussière que feront nos os (ou nos cendres) après le trépas. Facebook ne reconnaît aucune inégalité ni distinction entre les hommes, son modèle est celui de l'homme-dieu face au tableau de l'étale et égale marée des humains qui se valent tous. Le conditionnement psychique est celui-là, qui vous fait gober sans un hoquet la plaidoirie du présentateur télé vous disant que 0,1 pour cent, c'est que dalle, que c'est même moins que les 0,8 pour cent de rapatriés d'Algérie, ou de Hongrie en 1956, que la balance à viande et à poussière en a vu d'autres. Bref que l'humain, c'est du genre humain point barre.
C'est que la force paralysante et quasi religieuse du matraquage idéologique est telle que les plus aveuglantes évidences sont niées. A cela s'ajoute des "citoyens" totalement irresponsables et aveugles à la réalité d'aujourd'hui qui est celle de la compétition planétaire et de l'affrontement généralisé. - Alors oui, en effet : "0,1 pour cent, c'est que dalle"... Comme il suffit que l'on connaisse un petit commerçant arabe "sympa" pour que l'on s'offusque d'entendre parler de "criminalité maghrébine" - car là aussi, "c'est que dalle", juste le fait d'une infime minorité...

Mais bon, tout ça n'est certes pas étranger à cette martyrologie chrétienne (et maintenant droit-de-l'hommiste) de nature femelle qui exalte la faiblesse du mouton qu'on égorge. A quoi répond la martyrologie mâle de l'islam qui exalte le moudjahid qui meurt au combat.
Je voudrais revenir brièvement sur ce que j'ai écrit supra et qui est incomplet sur le débat philosophique fondamental qui agite l'Occident depuis les années 1860

L'événement Marx-Darwin sur l'incréé et l'à-créer est doublé d'une autre controverse qui fit rage dans ces années-là, qui se superposa à cet événement et qui fut tranchée définitivement par Louis Pasteur. La révolution de la pensée du vivant et du social, de l'incréé et de l'à-créer eut un troisième artisan, Français celui-là, ce médecin, Pasteur. Il s'agit donc de l'événement Marx-Darwin-Pasteur qui s'accomplit en deux ans tout juste, et se clotura avec la fin de la guerre civile américaine.

Cette controverse était celle de la génération spontanée. On savait depuis Lavoisier au moins qu'en chimie, rien ne se pert rien ne se crée, et on savait que c'était le cas en physique depuis Newton au moins.

Mais en biologie ? En biologie on en était resté, grosso modo, à Aristote. Jusqu'à Pasteur, on avait cru à la génération spontanée, à la discontinuité de la matière organique, que les serpents surgissait dans les sous-bois de la décomposition des feuilles mortes. Et que d'un milieu parfaitement stérile pouvait se manifester des animalcules. Pasteur, s'affairant à ses paillasses encombrées de cornues prouva à tous qu'Aristote avait tout faux, que le vivant était organisé dans des lignées continues mais surtout qu'il était déjà tout là, incréable, qu'il était fait d'une matière une, donc recombinable, donc manipulable. Si le vivant est de l'un et qu'il est composé d'une matière qui est continue et intimement homogène comme l'eau de la mer ou le sable des déserts, sa recombinatoire en devient possible comme sont recombinables les gaz, l'or et le plomb, etc. Et par conséquent, cet in-créé qui ne naît point spontanément mais qui est issue de lignées recombinées, peut devenir matière à créer, pâte à modeler. Le genre, l'homme sable et l'homme ciment, ainsi venaient de naître. Et le dernier clou du cerceuil du sacré déposé dans le bios d'être enfoncé. Tout, dès lors devenait possible : la Création était non plus derrière nous ou "dans notre dos" (comme les serpents qui profitaient qu'on ait le dos tourné pour s'engendrer spontanément des litières de feuilles mortes sur le sol des forêts) mais dans le clair et radieux avenir du progrès humain.

Marx, Darwin, Pasteur : un Allemand, un Anglais et un Français, soit les trois grandes puissances européennes qui allaient se déchirer tout le siècle suivant.

Sur la génération spontanée et sa controverse (en français) : [www.linternaute.com]

[www.universalis.fr]
14 octobre 2015, 20:49   Neandertal
Désormais, on sait que les uns et les autres avaient un certain pourcentage de gènes de l'homme de Neandertal, devenu, subitement, le dernier porte étendard du métissage, quoique... le mille-feuille de l'antiracisme est toujours surprenant.

La journaliste de France Culture, ce jourd'hui, se demandait, à la lumière des dernières découvertes, si le fait de prétendre que l'espèce humaine actuelle (Homo Sapiens) avait copulé avec Neandertal ne remettait pas en question l'unicité de l'espèce et, par là, ne favorisait pas le racisme... (soit dit en passant, j'ai voulu regarder (cinq minutes avant d'abandonner) une série documentaire sur Arte, consacrée à l'essor de l'espèce humaine. C'est d'un ridicule et d'un kitsch inimaginable. On y voit "Omo 1", dont le crane a été retrouvé en Ethiopie, et dont les promoteurs de cette niaiserie ont reconstitué la mort avec des figurants noirs qui semblent tout droit sortis de Pôle emploi et une voix off du genre : "Omo 1 est en train de mourir, entouré de sa femme et de ses meilleurs amis"... Non mais sans déconner !)
14 octobre 2015, 21:46   Re : Neandertal
C'est la nouvelle manière de faire des documentaires, le "docufiction", mélange de documentaire traditionnel (le moins possible) et de scènes jouées, avec costumes et décors. Tout ce que j'ai aperçu dans ce genre était de la salade où alternaient des miettes de mauvais documentaire et des scènes de péplum de série D, type année cinquante : grotesque, impossible à regarder.

Moi qui suis grand amateur de "docus" traditionnels, cela m'irrite et m'attriste beaucoup. Modernœud est décidément minable.
Tout de même, ce malheureux "Omo 1" à l'agonie sous un arbre, entouré de "sa femme et, sans doute, de ses meilleurs amis" c'est un sommet (le "sans doute", je suppose que c'est la part du doute scientifique...) !

Cela dit, cette histoire de premiers hommes apparus en Afrique prend une tournure idéologique qui me ferait souffrir si j'étais paléontologue. Les journalistes s'engouffrent là-dedans avec une jubilation non feinte, sur l'alléluia nous descendons tous des Africains, qui sous-entend, nous sommes tous des Africains. Là-dessus, ils apprennent qu'Homo Sapiens se serait croisé avec Neandertal ! Quelle aubaine pour prendre tout au premier degré et divaguer sur le métissage ! Sauf que, patatras, il faudrait alors considérer qu'Homo Sapiens et Neandertal sont de "bip" différentes ? Quel bordel !

De plus, depuis qu'il est admis que le premier homme est originaire d'Afrique, on présente donc des "docufictions" qui mettent en scène des Noirs absolument semblables à ceux d'aujourd'hui (et rasés de près, s'il vous plaît) alors que, pendant des décennies, quand l'homme préhistorique "officiel" était présumé d'une couleur de peau assez incertaine, il était représenté sous des traits nettement plus rustiques que ceux de l'homme actuel. Moyennant quoi, aux yeux des spectateurs contemporains - et singulièrement des enfants - l'homme préhistorique et l'Africain actuel ne font qu'un, autrement dit, ce dernier n'a pas évolué. Re-patatras. Quelle gymnastique.
L'antiracisme est en train de devenir la science des imbéciles.

En prenant le contre-pied d'une opinion répandue depuis des lustres, ils jouent aux grands ''initiés'', sans s'être donné la peine d'acquérir quelque connaissance que ce soit sur le sujet.
15 octobre 2015, 12:06   La vie dans les creux
» et de l'aporie de Heidegger ("la mort est une impossibilité possible")

Voici la phrase entière : « La mort, c’est que soit possible la radicale impossibilité d’une réalité-humaine. Ainsi la mort se dévoile comme la possibilité absolument propre, inconditionnelle, indépassable. » (Qu'est-ce que la métaphysique ?)

Je ne crois pas qu'il s'agisse en l’occurrence d'une "aporie", mais au contraire d'une affirmation, d'une culmination ultime même, dont la contradiction apparente contenue dans l'énoncé est le moyen : ce que j’entends par là, c'est que la "radicale impossibilité" est à mettre en regard de la possibilité que constitue la vie, qui est possibilité constamment reconduite : si la vie (et le Dasein) est "possibilité", l'inclusion de son contraire en elle-même (possibilité de l'impossibilité), comme possibilité "absolument propre", indépassable, réalise en fait le tout de toute possibilité, qui est, je ne vois pas d'autre mot, un "absolu", son absoluité.
Dit simplement, cela institue la mort en absolu de la vie, seul absolu pratiquement accessible, à portée de main, si l'on peut dire, non pas à chercher dans quelque transcendance strictement pensée et inatteignable, la tête dans les nuages, mais absolu constamment manifesté, patent, dont l'évidence est à mesure de la présence et de la proximité, encore que ce ne soit bien sûr qu'une manifestation "par défaut", désignation de l'emplacement d'un creux, d'une "place" désormais manquante ou inoccupée, comme on ne peut désigner que le lieu d'un retrait ou d'un reflux, et en aucun cas saisir ce qui se retire par là même.
15 octobre 2015, 15:43   Re : La vie dans les creux
Je suis d'accord avec Thomas Rothomago sur le fait que les contradictions dans lesquelles ceux qui nient l'existence des races se piègent eux-mêmes. Le ''Monde'' avait publié, il y a un an ou deux, un court article qui informait les lecteurs que des scientifiques avaient découvert que les hommes de Néanderthal s'étaien ''métissés'' à ceux de Cro-magnon. L'article suintait l'embarras et a été supprimé quelques heures à peine après sa publication.

Pour ma part, il ne me semble pas que la négation des races fassent l'unanimité dans la communauté scientifique, loin de là. Je crois que la plupart de ceux qui savent de quoi ils parlent en reconnaissent l'existence mais que pour ne pas faire de vagues ils les nomment autrement.
Plus particulièrement à l'intention d'Alain :

Une éthique de l'inégalité, en rupture avec l'humanisme kantien ou rousseauiste est à défendre, qui mette à bas l'édifice historiciste perverti par ce triple attentat (Marx-Darwin-Pasteur) qui a donné naissance à la Fabrique universelle (des objets et des hommes réifiés, à créer) fabrique bâtie sur l'égalité de principe des hommes, d'abord en droit puis, par dévoiement du droit, en nature.

Si l'historicité réparatrice des inégalités naturelles doit être maintenue, il faudrait qu'elle le soit à l'échelle des individus et non des sociétés. Dire comme je le fais que les hommes naissent inégaux et disparates c'est dire que je vous suis naturellement supérieur par mille aspects et que mille autres aspects de ma nature font de moi votre inférieur ; et qu'à partir de ce donné inégalitaire je vais, toute ma vie, m'employer à travailler, valoriser et développer les premiers afin qu'ils compensent les seconds; et que si vous en faites de même de votre côté, au bout du chemin, notre égalité, peut-être, se fera, mais dans l'excellence de nos dons. Telle est l'éthique ordinaire des hommes libres et inégaux.

L'éthique aristocratique n'est plus mais l'éthique humaniste qui prétend l'avoir remplacée est fausse. Elle triche avec le réel. Celui qui oeuvre ou travaille en cultivant ses talents ne le fait à nulle autre fin que celle de l'entretien de l'inégalité native, quand bien même cela serait dans un contexte d'égalité sociale régnante et de labeur orienté vers une récompense extrinsèque (enrichissement pécuniaire, etc.).

Le cyclisme offre une belle démonstration de cela. Comme pour Alfred Jarry (précurseur méconnu de Heidegger disait de lui Deleuze) le vélo offre à mes yeux un paradigme de régime éthique : le champion cycliste français Jacques Anquetil était, selon la médicine, doté d'une nature extraordinaire (une cardiomégalie constitutive, un "gros coeur" qui l'avantageait sur les routes). Il a cultivé ce don et n'a rien fait d'autre, il n'a nullement cherché à s'améliorer sur d'autres plans, à corriger des défauts de sa nature ; il a travaillé son coup de pédale comme un jeune violoniste doué travaille son coup d'archet et ne fait rien d'autre, il a donc adopté, selon le classement que donne de l'éthique la pensée humaniste, une éthique aristocratique d'exercice de ses dons ou de son donné et non celle d'un travail contre la nature et devant la forcer que prône cette pensée.

Or Anquetil a mis l'exercice aristocratique, non contraint, de ses dons au service d'un schème utilitaire : s'enrichir, et jouir de tous les excès que pouvait lui offrir la richesse (achat d'un manoir, de terres en Normandie) et la notoriété (vie en ménage à trois avec une épouse et la fille de celle-ci; paternités illégitimes multiples, exploits séducteurs sur la gent féminine, etc.). Voilà l'exemple d'une éthique artistocratique mise sous le harnais par libre choix. Le harnais ne fut imposé à J. Anquetil par aucun tiers. Il fut choisi comme moyen, ou stratégie d'accomplissement de soi; l'histoire de cette vie est celle d'un individu qui, prenant conscience ou connaissance de ses dons naturels, résolut librement de les faire fructifier pour qu'ils compensent toutes ses tares (la duplicité, l'envie, la fourberie, l'impopularité foncière qu'il subissait de la part du public, etc.). C'est l'histoire d'une statégie de vie orientée vers une inflation inégalitaire de l'inégalité native. D'autres, qui s'occuperont plutôt de corriger leurs défauts, de combler leurs carences, de faire de leur personne une entité ronde, égale et étale, n'égaleront jamais ce fanatique de l'inégalité qu'était Jacques Anquetil. Et n'actualisant jamais aucune égalité idéale avec lui, ceux-là voient ainsi leur système de pensée éthique échouer ! Jacques Anquetil né inégal, finit fièrement inégal en mourant à 53 ans d'un cancer vraisemblablement causé par ses excès (de substances illicites notamment). Avant de mourir, il adressa à son rival de toujours, Raymond Poulidor, cette parole qui résume ce combat éthique qui fut le sien : tu vas encore finir second. Autrement dit, la tombe nous fera égaux mais au contre la montre, je te bats encore, je franchis son seuil, cette ligne d'arrivée, avant toi. La temporalité, l'historicité individuelle, consacre le triomphe d'une stratégie inégalitaire victorieuse de part en part : la durée de mon triomphe est écourtée mais cet écourtement est lui-même condition indispensable à son établissement : si nous avions vieilli tous deux au même pas, alors nous aurions fini tous deux, à 80 ans (comme Poulidor aujourd'hui) sensiblement égaux, également diminués et indistincts à l'aune de ce qui eût pu nous rester de nos talents respectifs.

L'humanisme égalitaire, pour revenir à lui, est celui d'une élite aristocratique penchée sur l'indistinct, en préparation à l'installation de la Grande Fabrique, il est l'outil et la condition sine qua non de la massification de l'existence de ceux qui subissent cette mascarade d'éthique. Le principe égalitaire des frontons républicains et de la première Déclaration des droits de l'homme ne fut qu'un stratagème de mise en sujétion des masses par le capitalisme. L'égalité ainsi mise en scène dans et par l'historicité a damé la piste humaine en préparation à la course, au grand jeu du Capital et de l'Industrie s'apprêtant à glisser sur elle, la piste, et le long de son cours, l'histoire. L'éthique des hommes libres ne la reconnait point.
22 octobre 2015, 14:35   L'homme de Kant
Francis, en ce qui me concerne, l'"égalité en droits" implique la liberté d’exercer et de développer tels dons "naturels", nécessairement inégalement répartis, alors que les restrictions de libertés individuelles, qui s’accompagnent pratiquement toujours d’une inégalité fondée sur une hiérarchisation sélective des "ayants droits" d’après certains critères imposés et immuables, eussent très probablement empêché une telle culture de soi, pour autant qu’on ait eu la malchance de naître du mauvais côté de ces critères. J’ai quand même certains doutes quant à la capacité d’un Anquetil, transporté dans une société foncièrement inégalitaire en ce sens, d’avoir eu toute licence, et donc possibilité, de perfectionner à ce point son magistral coup de pédale, étant tout de même d’une extraction fort modeste qui ne privilégiait pas l’optimale expression de soi dans ces conditions.
Vous semblez tellement obnubilé par le chiffon rouge de l'égalitarisme forcené et fabricateur du même, aliénée chair à usine, que vous omettez totalement le fait que l'œil géographique du courant "humaniste" a également et surtout produit ce qu'on a appelé le "libéralisme", tant idéologique qu'économique, ce dernier prévalant même dans cette aire, libéralisme dont le principe consiste précisément dans l'exaltation des singularités égoïstement mises en valeur et en œuvre, et poussant le bouchon jusqu'à faire de cet égoïsme assumé sans scrupules la condition même du "bien collectif".

Presque anecdotiquement, votre homélie sur la Grande Fabrique des masses laborieuses m'a fait penser au foie de Prométhée rongé par le vautour du remords selon Nietzsche, ce dernier n'ayant jamais été, convenons-en, un enthousiaste sectateur des droits en tout genre, en tout cas impartis à tous, ni de la démocratie et de l'égalité : c'est que pour lui l'expression la plus idoine de la juste inégalité résiderait dans l’assujettissement, en un mot, l'esclavage, d'une énorme majorité de travailleurs uniformes et serviles, tous voués à assurer les conditions de vie requises de l'infime minorité que constitue leurs fonciers inégaux ; notez qu'ici il ne s'agit point d'un "dévoiement", mais du principe même.

« Reconnaissons donc, malgré l’horreur que nous inspire toute vérité profonde, que les bienfaits de la civilisation sont réservés à une minorité de mortels élus, tandis que l’énorme masse est faite pour l’esclavage. Nous parlons aujourd’hui de la dignité du travail, comme si le travail qui perpétue une existence misérable n’était pas misérable aussi ! Admirons-nous l’effort désespéré que font les plantes rabougries pour prendre racine dans le sol dénudé et pierreux ? Aujourd’hui chaque individu prétend être un centaure, à la fois ouvrier et artiste ; chez les Grecs, où les fonctions étaient séparées, on avouait franchement que le travail est une honte. Malheureux temps que le nôtre, où l’esclave fait la loi ! Malheureux séducteurs qui avez détruit l’innocence de l’esclave en lui faisant goûter le fruit de l’arbre de la connaissance ! Aujourd’hui, pour rendre la vie supportable, on est forcé d’avoir recours à des mensonges : on parle de droits naturels, comme si tout droit ne supposait pas déjà une certaine hauteur et une inégalité de niveau entre les hommes. Ayons le courage d’être cruels : il n’y a pas de civilisation possible sans esclavage. Le voilà, le vautour qui ronge le foie de Prométhée ! Il faut accroître encore la misère des malheureux pour permettre à un petit nombre d’Olympiens d’être des artistes. » (Albert Lévy, Stirner et Nietzsche)


Je voudrais pour finir ajouter que l'aisance avec laquelle vous accolez les termes "humanisme kantien" et "réification" m’émerveille passablement : ce que vous appelez "humanisme kantien" est à mon sens l'une des plus incroyables entreprises de sanctification de l'homme par le fait même qu'il soit homme (en l'occurrence, doté d'une faculté rationnelle), sanctification qui a pour résultat de le rendre absolument irréductible à toute "nature" en le hissant par l'exercice de sa liberté à une "sur-nature" : l'homme de Kant (comme de Cro-Magnon, so to speak) s'oppose ainsi radicalement à la "chose" naturelle, objectale et utilitaire, à l'esclave inanimé qu'est l'outil autant qu'à l'outil animé qu'est l'esclave, par le rang de "fin en soi" dont le dote la seconde formule kantienne du devoir, qu'on oublie un peu trop souvent...

« Les êtres dont l'existence ne dépend que de la nature, n'ont aussi, si ce sont des êtres privés de raison, qu'une valeur relative, celle de moyens, et c'est pourquoi on les appelle des choses, tandis qu'au contraire on donne le nom de personnes aux êtres raisonnables, parce que leur nature même en fait des fin en soi, c'est-à-dire quelque chose qui ne doit pas être employé comme moyen... [...] L'impératif pratique se traduira donc ainsi : Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, soit dans ta personne, soit dans la personne d'autrui, toujours en même temps comme une fin, et que tu ne t'en serves jamais simplement comme d'un moyen. » (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs)
23 octobre 2015, 21:59   Chiffon rouge
Vous semblez tellement obnubilé par le chiffon rouge de l'égalitarisme forcené et fabricateur du même, aliénée chair à usine, que vous omettez totalement le fait que l'œil géographique du courant "humaniste" a également et surtout produit ce qu'on a appelé le "libéralisme", tant idéologique qu'économique, ce dernier prévalant même dans cette aire, libéralisme dont le principe consiste précisément dans l'exaltation des singularités égoïstement mises en valeur et en œuvre, et poussant le bouchon jusqu'à faire de cet égoïsme assumé sans scrupules la condition même du "bien collectif".

Voyez-vous Alain, votre réponse mérite mieux que la réfutation, très provisoire et surtout fort brutale, que vous trouverez ci-dessous, touchant le "libéralisme, tant idéologique qu'économique" et l'égalitarisme humaniste, mais vous m'y provoquez.

Les travailleurs asiatiques (Chine, Inde, Sud-Est asiatique) sont égaux, 1,6 million d'entre eux qui travaillent pour Apple touchent le même salaire : 1,85 dollar de l'heure en moyenne. Les décideurs et les clients d'Apple peuvent se dire humainement égaux aussi, mais eux ne sont pas des esclaves modernes, c'est la belle différence du non-dit de l'éthique humaniste : l'esclave y est nommé d'un autre nom et la personnalité si distinguée de Steve Jobs est tout de même plus égale que celle de ses "mains chinoises".

Des enfants travaillent dans ces fabriques, certains en meurent. Kant a bien fait son travail : il a sanctifié l'homme utilement. Marx et Lénine aussi, qui ont réussi leur pari (celui de Lénine : le socialisme c'est l'électrification des campagnes) qui était de soumettre le paysan chinois (et extrême-oriental au sens large) au despotisme de la pendule d'atelier, de la Fabrique, fabrique des objets comme celle de générations humaines sans objet. Toute l'oeuvre de Marx aboutit enfin à ce pour quoi elle fut, intimement, semi-consciemment pensée : faire que de pauvres gens, là où ce n'avait pas encore été possible en 1860, savoir en Chine, travaillent et suent, strictement dans les mêmes conditions que les ouvriers anglais de Manchester et de Birmingham, et de l'East-End londonien quand Marx écrivait sa Critique de l'économie politique. C'est chose faite. Le communisme a gagné, le capitalisme industriel, qui était son commanditaire, aussi.

Dans son dernier rapport, China Labor Watch, une organisation non gouvernementale chinoise, met lourdement en cause les conditions de travail chez Pegatron, un sous-traitant en charge de la fabrication des iPhone.

Le rapport publié par China Labor Watch est glaçant. «Les employés de Pegatron travaillent par équipes, douze heures par jour, en roulement, six jours par semaine. Ils sont obligés de faire des heures supplémentaires et d'effectuer des tâches non rémunérées, avec des pauses très courtes pour les repas.» Sur 43 pages, le document cumule les accusations contre l'un des principaux sous-traitants d'Apple. Certaines descriptions plongent le lecteur dans un univers digne de Zola, mais à l'échelle chinoise. Quelque 100.000 personnes sont employées pour fabriquer les millions d'iPhone 6s qui sortent des chaînes de l'usine Pegatron à Shanghai.
China Labor Watch accuse notamment le sous-traitant d'Apple d'embaucher des ouvriers «sous la limite d'âge», de les payer 1,85 dollar de l'heure en moyenne, de les loger dans des dortoirs «insalubres et surpeuplés», infestés par des punaises, où ils s'entassent à quatorze par pièce. Les temps de pause laissés aux ouvriers seraient trop courts pour qu'ils aient le temps de prendre leur repas. L'insalubrité des logements et le non-respect de certaines normes de sécurité seraient à l'origine du décès prématurés de jeunes employés. Le rapport cite le cas d'un enfant, Shi Zhaokun, qui travaillait 13 heures par jour et est décédé d'une pneumonie en octobre 2013.
Le deuxième marché d'Apple

Ce rapport est embarrassant pour Apple, qui a pris des engagements très forts pour le respect de l'environnement et l'amélioration des conditions de travail, y compris chez ses sous-traitants. En 2014, Apple a mené 633 audits, concernant 1,6 million d'ouvriers dans 19 pays. Le temps de travail maximum, de 60 heures par semaine, est respecté à 92 %. Le dernier rapport de China Labor a été communiqué à Apple deux jours avant sa publication. «Un délai trop court pour qu'une contre-expertise puisse être menée», souligne un fin connaisseur du dossier. À chaque rapport mettant en cause un de ses sous-traitants, Apple met en place une politique visant à améliorer la situation.
Les résultats de la nouvelle enquête ont été comparés avec ceux de 2013. À l'époque, il avait recensé 21 types différents de violations de la loi et de l'éthique. «Onze sont restées inchangées, cinq se sont détériorés et quatre ont connu une amélioration partielle mais insuffisante», note China Labor, qui accuse Apple d'exercer des pressions sur les ouvriers chinois pour gonfler ses profits. Un argument choc dans un pays qui est devenu le deuxième marché le plus important pour la marque.


[www.lefigaro.fr]
Utilisateur anonyme
24 octobre 2015, 05:27   Re : Chiffon rouge
libéralisme dont le principe consiste précisément dans l'exaltation des singularités égoïstement mises en valeur et en œuvre, et poussant le bouchon jusqu'à faire de cet égoïsme assumé sans scrupules la condition même du "bien collectif".

Oui Alain. Exaltation sans frein de la subjectivité et, dans le même temps, de l'utilitaire, du travail et de la production (dévastatrice) sans limite.

Heidegger : "La subjectivité tient son aître de ce que l'être humain (aussi bien l'individu que les groupes et les civilisations) s'insurge pour disposer lui-même de son indépendance et ainsi de lui-même s'affirmer comme fondement et mesure de l'effectivité. En même temps que l'insurrection au coeur de la subjectivité survient l'insurrection sous la figure du travail, qui correspond à cette forme de production par le truchement de laquelle partout la dévastation de la terre se prépare et en dernier ressort s'organise pour aboutir à quelque chose d'absolu. La seule et unique loi qu'impose la dévastation est qu'il n'y a d'utile que l'utile puisqu'il est le plus utile."

La dévastation et l'attente, Gallimard, p.63.
Cher Alain,

N'est-il pas temps de dresser un bilan existentiel de l'éthique égalitariste humaniste anti-naturelle, au lieu d'en ressasser l'axiologie ? Ce bilan est celui que l'on trouve résumé supra dans cet entrefilet du Figaro.fr sur les conditions de vie et de travail en Chine.

L'occidentalisation du monde est un des fruits des Lumières ; elle se fit par des voies en partie déguisées à partir de la colonisation (celle-ci tournée vers l'Afrique) et du communisme dirigé vers l'Orient.

Le monde connut au XIXe siècle un tournant, un moment climatérique très concentré dans le temps, quatre années seulement (1859-1862) durant lesquelles l'industrialisation, le machinisme, la critique communiste du capitalisme inefficient, le darwinisme et les thèses de Pasteur sur la continuité du vivant permirent ce bond dans la Fabrique de l'Homme; l'histoire, toujours servile aux grands plans d'action des hommes qu'elle aime anticiper en construisant des concours de circonstances, s'arrangea pour faire que la Chine manquât son tournant occidentaliste autonome (que le Japon devait réussir) pendant ces années-là (guerre des Taïping soldée à la faveur des puissances occidentales alliées au despotisme manchou) et faire aussi que pendant ce temps soit démantelé l'esclavage des mondes anciens en Amérique du Nord à l'issue d'une guerre civile qui, conjointement à cet effet majeur, priva l'Amérique d'intervenir en Chine pour y défendre militairement le projet d'occidentalisation précoce de la Chine que nourrissaient les Taïping (lesquels souhaient pour la Chine une constitution politique à l'américaine).

Le grand vingtième siècle, ou, si l'on veut, le pré-vingtième siècle, commença donc en 1862.

L'autre grande charnière climatérique de l'occidentalisation et du capitalisme industriel mondialisé clôture cette époque en se situant elle aussi dans moment temporellement très concentré, 1989-1991, qui inaugura un pré-vingt-et-unième siècle : Les événements de la place Tian An Men à Pékin, suivis de la chute du Mur de Berlin, du démantèlement du communisme par cet immense révolutionnaire, continuateur authentique de l'entreprise de Lénine qu'il paracheva -- Mikhaël Gorbachev -- eurent lieu en même temps que l'adoption par la Chine d'un projet d'intégration au capitalisme international (en partie sur les instigations de M. Gorbachev propageant sa Perestroika lors de sa visite à Pékin pendant ces événements) ; l'explosion de l'essor d'occidentalisation et d'esclavage post-moderne amorcé en 1862 entrait dans sa phase finale, accompagnée comme il se doit par une succession de dérégulations des marchés des capitaux et des bourses dont la première vague avait été lancée par les politiques thatchériennes dès 1986.

L'esclavage égalitariste, installé en Chine par ce truchement génial du capitalisme que fut le communisme, allait enfin pouvoir recouvrir la planète en dévastant l'humanité et le monde naturel. Les hommes fabriqués par la Fabrique anti-naturelle en proie à leur réification, à leur devenir-sable, à leur devenir genre humain dans la plus parfaite et idéale indistinction, allaient pouvoir y être totalement asservis, pour la grande joie de la ploutocratie industrielle et de l'oligarchie des gouvernants vouée à son service et secondés en cela par des armées d'industriels du divertissement employées à assurer l'hébétude des masses et le comblement artificiel de vies sans transcendance, ni direction ni projet ni objet d'aucune sorte digne d'être défendu ou seulement évoqué.

Telle est l'autre manière de dire le bilan existentiel de cet humanisme égalitariste père de l'esclavage planétaire et universel, et préparatoire, en dernière instance, à l'installation de spiritualités sauvages et féroces que les hommes défaits par ce processus de 150 années d'anéantissement de leur être semblent inéluctablement appeler de leurs voeux.

FM.
Il me semble pourtant que le "bilan existentiel" des idées, au sens large, véhiculées par l'Occident serait plutôt à établir d'après les modes, conditions et qualité de vie qui sont celles des Occidentaux — ces conditions étant toujours relatives aux autres sociétés, les Occidentaux me paraissent de loin être encore les moins mal lotis dans ces domaines. Si je ressasse l'axiologie, comme vous dites, de ces idées, c'est parce qu'elles n'ont rien à voir dans leur principe avec ce que vous dénoncez, et qu'elles expriment souvent précisément le contraire, voilà tout.
Je serai un peu expéditif pour l'instant, moi aussi, et vous avouerai franchement, Francis, moments climatériques ou pas, que tenir les Lumières pour cause des conditions de vie actuelles des travailleurs chinois surélève la notion de cause à effet à des hauteurs dialectiques de subtilité qui me dépassent totalement ; que Hobbes, Locke, Smith et Kant, Tocqueville et Payne, mais la liste serait interminable, soient personnellement et si funestement responsables d'à peu près tous les désastres humanitaires qui se sont abattus sur les hommes jusqu'à nos jours, est une chose qui, si elle était avérée, me laisserait complètement sans voix, abasourdi.
Il faut comprendre ce que cela signifie: que l'Occident, non content d'avoir seulement "inventé" et pratiqué l'esclavage à grande échelle, par exemple, aux dires de ses principaux détracteurs, se soit en plus rendu doublement coupable de la terrible infamie de l'avoir propagé, perfectionné et amplifié, disséminant partout le contage de ses germes idéologiques si terriblement toxiques, en le voulant précisément abolir au nom des droits de l'homme.
Le malheureux et cher Wilberforce n'avait qu'à bien se tenir, et quant à Darwin et Pasteur, vos "terroristes" idéologiques, on se demande s'il ne vaudrait pas carrément mieux brûler leurs livres, si c'est à ce prix que le monde authentique se porterait mieux.
Il faut ne pas craindre d'interroger les idoles dans leur crépuscule, ne serait ce qu'en prolongeant les critiques timides et douces d'un Luc Ferry, par exemple, auteur qui est un peu Lou Ravi de la crèche philosophique française d'aujourd'hui, et qui, selon certains avis compétents, dont le vôtre crois-je me souvenir, cher Alain, est un des meilleurs spécialistes des Lumières en général et de Kant en particulier. Or notre Luc Ferry national, qui est à la philosophie ce que Dale Carnegie fut à la psychologie américaine dans les années 60 ou ce que la petit croix Vitafor ("croix biomagnétique") fut pour remède à la mélancolie chez les vieilles dames veuves et esseulées à la même époque, le grand Luc Ferry, dis-je, souligne ce qu'il nomme les "vices de forme" dont souffre l'éthique des Lumières, lesquels vices ont entraîné bien des malheurs, notamment ceux d'une certaine colonisation. Je ne fais après tout que prolonger sa pensée en vous faisant toucher du doigt les ravages de la Fabrique de l'Homme et de l'homme-chose dans l'ère post-moderne, laquelle on voit engendrer une contre-colonisation de l'Europe toujours au nom des mêmes orgueilleuses salades égalitaro-humanistes, et toujours avec les mêmes résultats désastreux.


A tous ceux qui, au fil des 77 interventions de cette arborescence, auraient un peu perdu de vue les fondamentaux, un effort de réduction eidétique s'impose : Les races humaines n'existent pas !

La preuve :



Si j'étais un brin eugéniste, je dirais:

1) L'espèce humaine est unique. Nous sommes tous égaux.

2) L'espèce humaine, unique, se divise en sous-espèces.

3) Une sous-espèce est produite par sélection.

4) La sélection est devenu un produit marketing.



25 octobre 2015, 22:24   Question
Qu'on lui prête des "vices de forme" jusqu'à lui attribuer de très graves fautes ou qu'on en fasse l'occasion de la sanctification de l'homme, l'éthique des Lumières s'est bel et bien imposée. Une autre voie pouvait-elle être empruntée et pourquoi n'a-t-elle pas été empruntée ?
Vaste question.

L'anti-nature ne peut se concevoir sans un extérieur à la nature. Ce qui réveilla dans les Temps Modernes la vieille gnose qui pose une lumière extérieure à l'être naturel vers laquelle celui-ci doit s'élever, se rapprocher pour enfin, être. C'est le tournant des Lumières. Toute la science occidentale, chevauchant l'historicité (l'advenue à l'être par l'histoire et "le progrès") est née à ce moment avant de prendre l'essor que l'on sait au XIXe siècle de notre ère. Elle est bâtie sur l'opacité première des choses, la ténèbre originale qui doit s'éveiller sous la lumière de la connaissance dont la source brille dans le dos d'un maître officiant, penché sur les choses.

Pour tenter de répondre, très grossièrement, j'en ai bien conscience, à la question d'une alternative à cette éthique si difficile à trouver : en-deça de l'être advenu dans la lumière, le plan des choses est indistinct, l'indifférenciation y règne et les étants sont inintelligibles; ils sont opaques et amorphes et se présentent dans la continuité car non encore advenus à l'être. Point de Création au sens judéo-chrétien et encore moins de coeurs (*) dans la masse étantique indistincte, tout est de l'à-créer par le travail de cette pâte, exactement comme chez le boulanger le maître-boulanger fait surgir des petits pains en pétrissant l'indistinct. En sciences dures, cette approche a fait merveille, on le sait. Et gloire à Pasteur, à Descartes et à Lavoisier et tous les autres ! Le malheur, le tournant pervers, la chute luciférienne du système advint quand cette démarche a commencé à s'intéresser d'un peu trop près à l'homme et à le prendre génériquement, indistinctement, comme de la pâte à pain ou comme soupe (cf. l'homo soupien quantitatif, générique et toujours en élaboration, tel que récemment évoqué dans des arborescences voisines sur ce forum) aidé en cela par l'interprétation à la fois historiciste et mécaniciste de l'humain, que préparèrent, conçurent des théoriciens et philosophes européens (Comte, Marx, Darwin, et indirectement Pasteur) dans ce moment de l'histoire (autour de 1860) où, sous l'influence des obédiences maçonniques en Amérique du Nord, il se trouva que dans un vaste mouvement de désappartenance on affranchissait des esclaves en même temps qu'on installait de grandes fabriques.

Inutile d'y revenir : l'élitocratie dont nous subissons la loi idéologique d'airain, et qui reçoit ses ordres auprès des "obédiences" lucifériennes en question, est lancée bride abattue dans cette "Fabrique de l'Homme" à l'image qu'elle se fait de celui-ci ou qu'elle trouve efficient, utile, seyant et profitable et plaisant et divertissant de s'en faire. Ce sont bien sûr les "réformes sociétales" du parti unique qui fait sa loi en France depuis 2012, ou l'inflation migratoire, le brassage multiculturel et celui, volontairement gros et non discriminant, des races et tout ce qui tourne autour du "creuset" (qui se dit crucible dans l'anglais nord-américain et qui est la figure symbolique de la civilisation à construire dans et par cet ordre de pensée -- un véritable chaudron de sorcière, qui a donné son titre du reste à cette pièce de théâtre l'Arthur Miller traduite en français par Les Sorcières de Salem, The Crucible)

Un coup d'arrêt à cette folie ne serait possible que par une mise en défens de l'humain et de son mystère. Une approche rebelle, un mot d'ordre permanent à être et agir contre lorsque cette gnose infernale entend refaire délibérément (par délibérations secrètes) l'homme et la société des hommes. Il se trouve que je ne vois pas aujourd'hui de possibilité d'être contre à pareil degré de pureté et dans un tel ordre de magnitude autrement que par une restauration du sacré, du tabou humain. Pas touche à l'humain ! pour commencer. On peut penser aussi que si nous ne faisons rien pour restaurer la sacralité de l'être humain, sa complétude native (et non "à faire"), son âme au sens le plus technicien du terme (non strictement spirituel), d'autres, et vous savez qui, s'en chargeront, et la vague de férocité et de barbarie absolue, le plongeon dans les âges barbares que cette vague nous promet, nous donne dès aujourd'hui, de cela, un échantillon, entre Damas et Bagdad. Le retour du sacré en Occident serait donc "tout bénéfice", si vous permettez : il serait synonyme d'une ontologie nouvelle, d'un retour à la dignité d'être, pour commencer et il pourrait éventuellement, s'il n'est pas trop tard, aider à faire échec à la vague dévastatrice qui s'annonce à nos portes.

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[*] L'imagerie chrétienne du coeur ardent du Christ que tout chrétien porte en lui et auquel il est partie est évidemment antithétique à cette gnose. La nature des territoires qui ont le tort d'être naturellement enclos et pourvus d'un coeur capitale est elle aussi antithétique à ce schéma gnoséologique d'un coeur extérieur aux choses (**). Ne craignons pas d'ajouter que la construction européenne suit le même schème d'accrétion et d'institution d'un coeur extérieur aux nations (la Commission de Bruxelles). Le schème gnoséologique est foncièrement impérial : anéantir les coeurs particuliers, les singularités natives et autonomes en agglomérant les corps, peu à peu réduits à l'état de pâte à travailler, écoeurée et expurgée de ses grumeaux raciaux et autres attributs "cratyliens".

(**) L'oeuvre du poète et illustrateur anglais William Blake (1757-1827), témoin de la Révolution française et de la première révolution industrielle en Angleterre, ayant été plus d'une fois évoquée dans cette discussion, ceci, de Georges Bataille dans la préface que l'auteur de L'Etre indifférencié n'est rien donna à sa traduction française de fragments de l'oeuvre du poète romantique anglais, publiés chez Fata Morgana en 2008 :

Blake s'opposa aux révolutionnaires de son temps en ne combattant pas moins la tyrannie de la raison que celle des rois. Il rompait avec toute la tradition révolutionnaire du XVIIIe siècle. Sade lui-même a parlé, du moins en principe, le langage terre à terre du rationaliste. Mais Blake eut cette attitude paradoxale : haïssant Voltaire, méprisant Rousseau, il ne soutint les révolutionnaires français que pour des raisons poétiques.


[message modifié le 26/10 à 17:00]
26 octobre 2015, 09:58   Re : Question
Du ''mengelisme'' sociétal ?
Du mendélisme -- du moine Johann Gregor Mendel (1822-1884) -- au mengélisme, oui, peut-être. L'ingénierie humaine, d'abord sociale, puis sociétale en concommitance avec l'eugénisme et la manipulation génétique sont d'un même mouvement, qui a dévié, qui s'est éloigné des idéaux d'éducation rousseauiste. Où finit l'éducation et où commence la Fabrique de l'Homme ? La réponse à cette question devrait être que le saut s'opère dans ce moment historique où les belles idées deviennent folles, au point de se retourner contre leurs champions et d'aboutir à ravaler les humains à du matériel humain, celui que l'on tient en Chine dans des camps de travail --- on dort, on vit dans la fabrique, laquelle en devient un camp de concentration de matériel humain enchaîné au labeur, matériel sans qualité, tout quantité, que l'on recompose où que des apprentis sorciers rêvent de recomposer, qui dans le "creuset" sociétal, qui sur les paillasses des laboratoires. Et ce matériel humain assujetti au régime de la Fabrique fabrique encore d'indistincts et universaux Iphone Apple pour la gloire du fondateur de cette firme, figure thaumaturgique, paragon de distinction et de la singularité dont l'esprit immortel plane sur l'universelle, commune et indistincte technosphère.

Il faudrait, pour commencer mettre le holà à tout cela en poussant le cri de guerre de la femme amoureuse : "Ne touchez pas à mon homme !" Restituer le tabou amoureux, la sacralité du donné parfait, qui n'appelle aucune refonte du don naturel. Faire dérailler le train humaniste-égalitariste devenu fou. Et avant même de commencer cela, commencer par fracasser les smart phones.

Fabrique de l'homme, écran sur le réel :



Le matériel humano-technologique privé de réel : seule une personne, la vieille dame accoudée à la barrière, jouit encore de son droit de réel. Tous les autres ont aliéné le leur.
Eugénisme et nazisme, vaste sujet: Adolf Himself isn't Adolf Hitler

 Aujourd'hui, Henri Ford aurait sûrement sa fabrique de téléphones.
Sous-espèces.

homo néandertal,

homo denisova, (l'ancêtre du denisovien est un néandertalien)





homo naledi, découvert en sept 2015, au sud de l'Afrique

Homo afarensis, à gauche
Homo erectus, au centre
Homo naledi, à droite


Francis : "commencer par fracasser les smart phones".

Dégoût, mépris, à partir desquels il aurait rejeté son smart phone. Ce faisant, lui avec. Se serait désespéré. Fût mort.

(En paraphrasant Pascal Quignard, in Le lecteur.)
Francis : Le retour du sacré en Occident serait donc "tout bénéfice", si vous permettez : il serait synonyme d'une ontologie nouvelle, d'un retour à la dignité d'être, pour commencer et il pourrait éventuellement, s'il n'est pas trop tard, aider à faire échec à la vague dévastatrice qui s'annonce à nos portes.

"Nous ressemblons aux âmes mortes de géants sur les épaules desquels des nains seraient juchés, en sorte que notre regard est offusqué et ne porte pas plus avant que ne permettent le grouillement de leurs contorsions et aussi le piaillement de leurs voix ridicules, et ceci non pas en raison de la défectuosité de notre propre regard mais parce que nous sommes couverts d'une vermine gigantesque."

Pascal Quignard, Le lecteur, p. 121.
J'aurais une interprétation peut-être un peu différente de celle de Francis sur la difficulté, peut-être l'impossibilité, qu'il y aurait à "contourner" les Lumières, et notamment à reprendre leur rapport à l'homme : il y a d'abord, d'un point de vue très terre à terre, en s'appuyant conventionnellement sur le Qu'est-ce que les Lumières de Kant, qu'elles consistent avant tout en une revendication de la liberté de penser : le sapere aude est simplement une exhortation à se servir de son intelligence dans la conduite de sa vie, d'oser en juger par soi-même avant tout et de déterminer par ses propres moyens toute fin en vue de quoi le moyen qu'est sa raison devra s'exercer. C'est donc un humanisme avant tout, puisque le point de vue sur les choses est mis en perspective et recentré par le regard de l'homme et à partir de lui : on conviendra dans ces conditions qu'une vision du monde si essentiellement humaniste aura quand même une drôle d'allure en ne "touchant pas à l'homme"...
Puis il s'ensuit du réquisit de l'indépendance d'esprit postulé par les Lumières, et qui les constitue de façon si inhérente, que toute volonté de penser par soi-même — contre les inévitables et permanentes tentatives d'imposer des moules idéologiques extérieurs, préformatés et uniformes, par exemple — que toute volonté de cette sorte présuppose en réalité les Lumières, ce qui rend toute velléité de s'en déprendre assez hasardeuse.

Je ne me prononcerai évidemment pas sur la conception que chacun peut avoir de la meilleure et plus juste façon de vivre sa vie, cela relevant strictement du domaine de la croyance, incriticable en soi, c'est-à-dire indépendamment d'un autre système de croyances ; il reste néanmoins qu'invoquer le respect absolu de l'intangibilité de l'homme en lui intimant non seulement ce qu'il est selon une nébuleuse conception d'une "complétude native", mais de surcroît en décrétant qu'il ne faut en aucune façon déroger à cette vocation, parce que ce qui est (fut, en l'occurrence) vaut impératif moral, et sous peine de brûler dans les enfers d'une barbarie piaffant à nos portes (ce qui est en soi piquant, cette resucée d'un bon vieux père Fouettard qui punira les contrevenants), cela donc sera ressenti au contraire comme y toucher de la façon la plus invasive, à l'humain, pour ceux, et ils ne manqueront d'être nombreux, qui ne garderaient pas de leur être originel un souvenir si évident.

(Encore un mot à propos de Kant, si je peux abuser : la primauté accordée à l'homme, à sa finitude et à la perspective humaine comme point de départ, n'équivaut certainement pas, je crois, à un abandon de la sacralité, mais elle en constitue dorénavant le moyen exclusif, pratiquement le tremplin obligé : c'est parce que l'homme est libre et a la possibilité de se déterminer lui-même selon une "causalité par liberté", qu'il peut échapper à l'indépassable conditionnement de toute phénoménalité strictement naturelle : cet exercice de la liberté de l'auto-détermination par la raison pratique est le déclic qui censément désentrave l'homme du joug terrestre et lui permet l'accès à un au-delà, donc à Dieu : c'est la liberté et la loi morale qui fondent les deux postulats de la Raison Pratique, l'immortalité de l'âme et l'existence de Dieu.
S'il est vrai que la démarche kantienne est emblématique d'une certaine modernité, cela se vérifie très souvent de nos jours : l'inimitable scrupule de la rectitude morale si caractéristique de notre époque est vécu comme le seul et dernier indice de toute transcendance possible.)
Ce débat est vraiment passionnant.

Un point qui est de moindre envergure mais qui me trotte dans l'esprit.

Pendant des décennies j'ai cru aux races (blanche, noire, jaune) sans me poser de questions jusqu'à ce que je m'intéresse au cas des métis (pour moi un mulâtre est noir et un eurasien jaune). J'ai découvert que pour les noirs et les jaunes le mulâtre et l'eurasien sont plutôt blancs.

Ce simple fait (conjugué à des observations répétées suivant lesquelles les métis et surtout les métisses qui m'intéressent davantage étaient souvent bien mieux que les "pure race") m'a amené à me demander si ces théories étaient bien solides.

Plus tard, connaissant très bien une famille franco-asiatique, j'ai été émerveillé par l'intelligence des enfants (eurasiens donc) qui avaient vraiment tiré le meilleur de leurs deux origines. Cette question de l'apport du métissage (dans le sens de l'amélioration) est très réelle, du moins de ce que j'ai vu.

Je n'ai qu'un seul exemple, de taille il est vrai, de "métissage en pire" : c'est l'intrusion de l'islam.
11 décembre 2015, 13:42   Bartolone dixit
Comment se fait-il que M. Bartolone en vienne à accuser son adversaire de défendre quelque chose qui n'existe plus ?
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