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"Oui, je prends toujours un selfie chaque jour, et je le ferai pour toujours", explique Hugo Cornellier.

L'adolescence était, du fond de son irréalité, du fond de son idiotie, un des derniers bastions de l'illusion poétique du monde... Quel acte plus insupportablement narcissique, plus laid anti-poétique, que la prise d'un selfie ?

Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait le rite.

Il serait intéressant de connaître l'avis de Renaud Camus à ce sujet.

La réalisation laisse ici beaucoup à désirer mais le principe est tout de même très intéressant.

Peut-être l'intérêt qu'on peut prendre au principe de cette vidéo dépend de l'âge de qui la regarde.

Il est curieux qu'un adolescent ait eu cette idée et s'y soit tenu entre l'âge de 12 et 20 ans, quand elle n'est venue à l'esprit de Renaud Camus qu'à un âge beaucoup plus avancé. Est-ce seulement pour une question de possibilité technique ?

Ce n'est pas la même chose : Renaud Camus ne fait jamais deux fois la même photographie, on ne pourrait pas faire un film.

Peut-être parce que l'adolescent en réalisant ce film jouit de se voir foncer vers ce à quoi il aspire, l'âge d'homme, ce qui fait le fond et l'objectif général de ses jours et de ses nuits; l'adolescent se déteste en adolescent; cependant que l'homme vieillissant, qui se déteste dans le vieillissement tout autant que l'adolescent dans l'adolescence, se voit foncer dans la décrépitude vers l'âge d'ombre, ou de tombe. Les questions profondes vous ont souvent de ces réponses d'une amère simplicité.

Vous avez raison, Francis : l'adolescent n'accélèrera pas la marche du temps, et le vieillard ne ralentira pas celle de la mort. Vanité, comme dit l'Ecclésiaste.

N'empêche que le condamné à mort tentera d'éviter une flaque d'eau en marchant vers le poteau d'exécution pour ne pas se mouiller.
L'évitement de la flaque d'eau, c'est là toute notre marge de manœuvre !
Mon cher Jean-Marc, ça va ?

Pour ne pas se mouiller ou ne pas voir son reflet dans la flaque ?

Pour ne surtout pas risquer d'y voir se refléter le ciel.

Si vous voulez, chers amis, mais je voulais surtout illustrer à quel point les vanités nous prennent aux tripes, commandent nos pas et ne s'empêchent pas.