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« La réalité virtuelle rendra les relations en ligne plus humaines »

Envoyé par Francis Marche 
L'écosystème matriciel est à présent sur le point de se refermer sur l'humanité comme une pierre tombale, avec l'installation d'un Facebook universel, cimetière égalitaire des rapports humains.
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«La réalité virtuelle rendra les relations en ligne plus humaines»

[www.lefigaro.fr]

Fabrique de l'homme, écran sur le réel. Le matériel humano-technologique privé de réel :
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C'est cool, on peut lui faire les poches...
Pour identifier le Diable, retournez-le, pendez-le par la queue et voyez son sourire inversé vous livrer la vérité sur ses plans :

"La réalité virtuelle rendra les relations en ligne plus humaines" donnera ainsi "la réalité virtuelle rendra les relations humaines plus technologiques".

L'espèce commence son transfert vers l'hybride humanotechnologique (par un processus bionique inverse qui greffe la technologie sur le vivant) dans l'espace des relations qu'elle entretient avec elle-même. Facebook ne vous enfichera pas un oeil électronique dans le crâne, pas tout de suite, mais il commence par vous le faire porter sur le front, entre vous et votre prochain. C'est un bon début.
Un pas significatif sera probablement franchi quand on disposera enfin d'un kit d'immersion sensorielle complète (c'est-à-dire englobant tous les sens) convaincant, et discret si possible — pas de ces trucs ridicules qu'on vous colle sur la figure et qui sont en réalité impraticables pour des périodes un peu longues, franchement ; hélas, étant donné la très grande complexité qu'il y a à reconstituer, et donc pouvoir reproduire, toutes les modalités organisationnelles des trajets physico-neurologiques qui vont de la stimulation efficace au percept, ce semble n'être pas pour demain, si pour jamais en fait.
Mais si l'on arrivait à recréer effectivement de façon artificielle ou virtuelle l'accessibilité sensorielle éprouvée d'un environnement, c'est véritablement toute la notion de réel qui s'en trouverait chamboulée (et démultipliée), parce que, quoi qu'en disent les chichiteux, la pierre de touche de toute réalité est la présence synchroniquement perceptible de ce qui est donné par les sens : pouvoir modifier et susciter à volonté ce donné serait une formidable libération de la chaîne platement causale d'une "nature" jusqu'à présent totalement subie, censément une ouverture à une pluralité de mondes réels.
La maxime de Leopardi prendra alors tout son sens, et de façon inattendue : Il semble absurde et pourtant il est exactement vrai d'affirmer que, tout le réel étant un néant, il n'est rien de réel et de substantiel au monde que les illusions.
parce que, quoi qu'en disent les chichiteux, la pierre de touche de toute réalité est la présence synchroniquement perceptible de ce qui est donné par les sens

La réalité c'est aussi le mouvement, et ce n'est pas au lecteur érudit et attentif de Bergson qu'on devrait le rappeler. Or ce qui est donné par les sens dans le mouvement, le mouvant et le déplacement c'est une réalité complexe qui est celle de la temporalité : je ne suis pas celui de tout à l'heure, pas complètement, ni ici le même que celui que je serais, étais ou serai ailleurs. Si bien qu'une hiérarchie s'impose entre "ce qui est donné par les sens" et ce qui leur donné dans les sphères spatio-temporelles du mouvement. La pierre de touche de toute réalité est ce paradoxe et cette multiplicité : en l'absence de ce paradoxe et de cette multiplicité, la réalité n'est rien, rien de plus qu'un dessin animé, du cinéma au sens le plus péjoratif du terme.

Le "synchroniquement perceptible" et sa "présence" ne sont rien, font un rien, un peu comme l'être indifférencié pour Bataille, quand bien même ce rien serait celui du plaisir érotique (comme dans le poème de Bataille où l'indifférenciation, la dissolution finale se trouvent être celles de l'immersion érotique).

Cette considération renvoie à celle du téléphone privé dans l'espace public : la personne au bout du fil (virtuel) sensoriel n'est pas de la réalité puisqu'elle est sans le mouvement, puisqu'elle est ici, parmi nous, sans s'y être déplacée sans avoir "payé de sa personne" pour être parmi nous. Sa présence est un simulacre de présence, auquel les sens (l'ouïe s'agissant du téléphone) se soumettent par convention sociale.
» Si bien qu'une hiérarchie s'impose entre "ce qui est donné par les sens" et ce qui leur donné dans les sphères spatio-temporelles du mouvement

Tout cela demanderait bien sûr qu'on s'y appesantisse, mais qu'est-ce qui est donné aux sens "dans les sphères spatio-temporelles du mouvement", précisément ? La "synchronicité" dont je parlai concerne un rapport entre le perçu et le percevant dans le temps, bien évidemment, ce rapport — qui met en correspondance de représentation "chacun des états successifs du monde extérieur", pour citer Bergson, avec la conscience — étant lui-même en mouvement permanent, il n'en peut être autrement. Mais à chaque moment correspond un ensemble de données particulier et ponctuel, et rien d'autre, en principe, ce qui veut dire que je ne perçois pas maintenant ce que je percevais il y a quelques instants... Le passé n'est donc pas réel en ce sens, qui ne désigne que l'accessibilité sensorielle ponctuelle d'un état du monde à l'instant t ; alors dans quelle mesure peut-on encore dire que ce qui est maintenant passé, et qui n'est plus, et n'est apparemment conservé strictement que comme engrammes de mémoire, est réel, c'est-à-dire, existe ?

Soit dit en passant, je vous avoue que je suis en effet plutôt d'avis que la réalité, c'est du cinéma, au sens le plus péjoratif...
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