parce que, quoi qu'en disent les chichiteux, la pierre de touche de toute réalité est la présence synchroniquement perceptible de ce qui est donné par les sens
La réalité c'est aussi le
mouvement, et ce n'est pas au lecteur érudit et attentif de Bergson qu'on devrait le rappeler. Or ce qui est donné par les sens dans le mouvement, le mouvant et le déplacement c'est une réalité complexe qui est celle de la temporalité : je ne suis pas celui de tout à l'heure, pas complètement, ni ici le même que celui que je serais, étais ou serai ailleurs. Si bien qu'une hiérarchie s'impose entre "ce qui est donné par les sens" et ce qui leur donné dans
les sphères spatio-temporelles du mouvement. La pierre de touche de toute réalité est ce paradoxe et cette multiplicité : en l'absence de ce paradoxe et de cette multiplicité, la réalité n'est rien, rien de plus qu'un dessin animé, du cinéma au sens le plus péjoratif du terme.
Le "synchroniquement perceptible" et sa "présence" ne sont rien, font un rien, un peu comme l'être indifférencié pour Bataille, quand bien même ce rien serait celui du plaisir érotique (comme dans le poème de Bataille où l'indifférenciation, la dissolution finale se trouvent être celles de l'immersion érotique).
Cette considération renvoie à celle du téléphone privé dans l'espace public : la personne au bout du fil (virtuel) sensoriel n'est pas de la réalité puisqu'elle est sans le mouvement, puisqu'elle est ici, parmi nous, sans s'y être
déplacée sans avoir "payé de sa personne" pour être parmi nous. Sa présence est un simulacre de présence, auquel les sens (l'ouïe s'agissant du téléphone) se soumettent par convention sociale.