Le site du parti de l'In-nocence

Une nocence parmi d'autres

Envoyé par Thierry Noroit 
05 novembre 2015, 15:11   Une nocence parmi d'autres
Ce matin, file devant la machine à café. Un grand Noir devant moi, téléphone portable coincé à l'oreille, complètement isolé du monde extérieur, tarde à se retirer ou à se mettre de côté alors que son gobelet est plein depuis un moment. Téléphone avant tout ! Je l'interpelle sans aménité. On attend derrière. Je crie. Mais volontairement. Ces gens-là croient qu'ils ont affaire à un peuple anesthésié, faible, soumis, sans volonté ni possibilité de colère. (Par ces gens-là, j'entends, vous m'avez compris, l'innombrable peuple à téléphone portable, allons, qu'alliez-vous supposer ?). Le Noir commence par me demander, comme toujours dans ces cas-là, si "j'ai un problème". Je lui dis que je n'en ai aucun. Mais qu'il en a bel et bien un, lui, puisque son téléphone le rend imperméable au monde qui l'entoure, désintègre les humains de son voisinage. Je me lance dans une antithèse tout hugolienne de l'homme et de l'objet. Mais il me réplique que l'humain compte aussi pour lui puisque c'est bien un être humain qu'il a au bout du fil (fil tout virtuel, bien entendu). Il y a un vice dans ce raisonnement. Mais il m'a désarçonné sur le moment. Quelqu'un pourrait-il expliquer simplement et sans jargon philosophique en quoi l'être humain qui est en chair en os derrière vous dans une file d'attente est ontologiquement différent de celui qui vous parle grâce à la téléphonie sans fil ?
05 novembre 2015, 15:51   Re : Une nocence parmi d'autres
 
Il est 18 heures, je cours acheter un pain chez le boulanger.
Dans le magasin, je suis seul et en attendant qu'il arrive, je m'assure qu'il y a du pain en rayon.
Il en reste un.
Le dernier pain.
Celui qu'il me faut !
Puis, le boulanger se présente.
Il me salue et me demande ce que je veux. Tout à coup, le téléphone du magasin se met à sonner. Il s'excuse, retourne dans l'arrière boutique où je l'entends discuter avec son nouvel interlocuteur.
Un minute plus tard, il revient, ôte le pain du rayonnage pour le mettre de côté puis, revenant vers moi, il me demande à nouveau ce que je veux.
-- Un pain, s'il vous-plait.
Et le boulanger, de me répondre:
-- Je suis vraiment désolé, c'était le dernier.
  
05 novembre 2015, 15:55   Re : Une nocence parmi d'autres
Il confond "être humain" et "voix humaine", pour commencer.

Reconstituez la scène avec vous-même lui rétorquant "ce n'est pas un être humain mais une voix humaine", et enchaînez, hugolien : ces quatre personnes qui vous entourent sont des voix et des corps. Elles ont la priorité !

Evidemment vous risquer de recevoir le grand noir (le café) sur le plastron en fin d'échange mais bon, ça fait partie des risques de l'ontologie.
05 novembre 2015, 16:08   Re : Une nocence parmi d'autres
Un des grands mystères du téléphone est pour moi celui-ci : quand je téléphone à un service, médecin, avocat, administration, commerçant, banquier, agent immobilier, mon interlocuteur, s'il ou elle est en rendez-vous, il ou elle me le signale d'emblée et écourte l'appel ("excusez-moi je suis en rendez-vous/j'ai un client et vous rappelle dans un moment, merci"); mais quand c'est moi qui suis en rendez-vous avec lui ou elle, le même médecin, avocat, agent d'administration, commerçant, banquier, agent immobilier recevant un appel entretient la conversation téléphonique en me laissant poireauter en contemplant les plantes vertes où l'alignement des viennoiseries si je suis chez le boulanger. Terrible hypothèse : c'est parce que, chez ces médecins, avocats, services administratifs, commerçants, banquiers, agents immobilier, boulangers, garagistes, négociants en articles de nouveautés en gros, je dois peser moins, compter moins, être de moindre importance, d'envergure inférieure, de profil logiquement secondaire que ... tout humain sur la liste de ceux appelés à traiter avec lui ou elle. J'ai beau être bon client, et même presque "gros compte", rien n'y fait, un associé principal, la femme, le fils, l'ami d'enfance, le copain de régiment, le collègue en ville, le cousin en vacances, appelle et il lui est donné la priorité sur moi, l'individu calé dans son fauteuil ministre ou le mitron debout et couvert de farine si je suis chez le boulanger inverse l'ordre des priorités qu'il m'avait appliqué sans ménagement la veille ou l'avant-veille.

Il n'en faut pas plus pour vous résoudre à l'expatriation définitive.
« Encore heureux que ma famille, qui m'appelle, est plus importante que mes clients ! Je ne suis pas une machine ! », vous rétorquerait-il.

L'attitude des gens est soumise à tout un tas de paramètres et de facteurs qui la rendent changeante et imprévisible. Simplement, il est aujourd'hui permis (et encouragé) de la laisser totalement s'exprimer au-dehors. L'invisible des gens est encouragé à surgir, leurs tracas intérieurs ne sont plus empêchés par la politesse — mais ce qui le détermine, cet intérieur, vous est inaccessible ; vous en récoltez les débris.
05 novembre 2015, 17:12   Re : Une nocence parmi d'autres
J'avais un avocat qui s'était fait de cette muflerie une spécialité : je l'appelais et il me raccrochait au nez en m'annonçant qu'il était en rendez-vous; en rendez-vous chez lui -- et j'étais bon client -- il se trouvait toujours un client plus important que moi pour lui tenir la jambe dans d'interminables conversations téléphoniques qu'il entretenait sans gêne face à moi dans son bureau. A devenir fou. Avec le recul je me dis qu'il ne pouvait s'agir d'autre chose que d'un stratagème de sa part pour se débarrasser de moi, son pourtant bon client.

L'univers déjà assez kafkaïen des hommes de loi, si on y ajoute l'ingrédient téléphonique, compose la recette idéale pour vous faire verser vos supputations -- et vos interrogations ouvertes sur les motifs de l'agir humain -- dans la paranoïa la plus féroce.
05 novembre 2015, 17:26   Re : Une nocence parmi d'autres
La vie privée est la première des nocences à la vie publique. Quand on y songe, elle les contient toutes.
Dans les transports en commun, je change si souvent de place pour éviter d'être irradié de discussions privées et de musique imposée s'échappant des écouteurs que, finalement, le trajet passe assez vite.
06 novembre 2015, 02:37   Re : Une nocence parmi d'autres
La vie privée est une pollution. Et pas seulement de la vie publique.

Même en littérature, aujourd'hui, vous n'y échappez pas, avec leurs fichues auto-fictions auto-téléphonées, présentées comme au téléphone, sous forme de bribes inarticulées, de demi-conversations avec soi-même comme si soi-même était au bout du fil (normal puisque "je est un autre").

Quelle époque mon Dieu. J'ai hâte d'être enfin très vieux pour pouvoir lui vomir dessus en bloc, directement sur le plastron, sans retenue ni sans prendre la peine de m'incliner vers elle à quarante-cinq degrés, comme on le fait ordinairement quand on vomit, ou qu'on se penche pour analyser la cible de ses crachats.
La vie privée comme gaz à effet de serre, comme pet de vache saturant la sphère publique est tout de même un redoutable poison psychosocial. Lorsque votre voisin de bus s'auto-mitraille avec son portable pour arracher à sa misérable vie quelques selfies qui lui vaudront une poignée de likes, vous vous sentez mal. En surimpression (face à vous, il ne vous voit pas), vous éprouvez la honte d'être un homme dont parle Deleuze en se référant à Primo Levi.
06 novembre 2015, 12:20   Re : Une nocence parmi d'autres
Pour éviter ces désagréments en transport en commun, (sur des distances raisonnables) je vais à pied.

Sur le sujet initial, (café), j' applique (certains y verront de la lacheté), mon droit de retrait en me disant;
" dans un quart d' heure, ce café ne pourra être que meilleur ".
Si au bout d' un quart d' heure, les symptômes persistent, et bien je m' en passerai de ce café ( qui commence à ne plus m' intéresser), en songeant à la boisson délicieuse que je pourrai boire chez moi.
Si en rentrant " at home", je retrouve la même personne en train de téléphoner dans MA cuisine, devant un café fumant, mon instinct de survie se met en branle; advienne que pourra !

L' espace public, hélas, est respecté( tout du moins en France), de moins en moins bien.
Mon expérience parmi d' autres; je me suis rendu au petit matin d' un 1er janvier (les transports sont gratuits; "nous vous devons BEAUCOUP plus", n'est-il pas Valérie ?) à Roissy- Charles de Gaulle, Rer A + Rer B; commentaires grivois, sordides, bruyants, de fêtards (on va dire ça comme ça), vomis, urine, crachats (pardon !) à même le sol.
À Saint Michel, quel étrange phénomène physique ! Une flaque s'est formée à mes pieds; une dame accroupie derrière un panneau publicitaire se soulageait allègrement.

Je n' oublierai jamais le regard apeuré que m' a lancé cette jolie japonaise; je regrette de n' être point allé vers elle; nous aurions pu, ainsi, le temps de ce pénible trajet, moi dans ses yeux, oublier ce début de perte d' humanité et elle peut-être, par ma présence, atténuer l' image désastreuse de la France qu' elle allait ramener dans ses bagages.
06 novembre 2015, 14:10   Re : Une nocence parmi d'autres
Pour éviter ces désagréments en transport en commun, (sur des distances raisonnables) je vais à pied.

Sur le sujet initial, (café), j' applique (certains y verront de la lacheté), mon droit de retrait en me disant;
" dans un quart d' heure, ce café ne pourra être que meilleur ".


Pas d'accord du tout avec ce genre de stratégies d'évitement. Il faut avoir le courage de stigmatiser les nocents. Sinon les nouveaux venus dans nos contrées, qui sont de notoriété publique les plus nocents, pourraient nous dire un jour : "Mais on a continué à importer nos moeurs parce que vous ne nous avez jamais rien dit, n'avez jamais protesté".
Utilisateur anonyme
06 novembre 2015, 14:22   Re : Portrait d'un IN-NOCENT.
Je prise fort moi aussi les gens délicieux, ou in-nocents, le problème étant de les trouver et j'avoue n'avoir plus le loisir de les débaucher. Ces délicieux, ces in-nocents, on les reconnaîtra au fait qu'ils ne se plaignent pas, qu'ils ne se vantent point, qu'ils savent écouter, qu'ils ne prodiguent que rarement des conseils, qu'ils ne bouffonnent guère, qu'ils insinuent un compliment au lieu de l'afficher et l'accompagnent d'une disposition d'esprit, qui le rend recevable, qu'ils ne se moquent de rien ni de personne ou ne hasarderont que les traits les plus fins, etc.

Les gens délicieux n'abondent pas plus en France et je n'ai pas la prétention d'en être. On l'aura compris : être délicieux n'est pas facile, il y faut des sûretés, il faut aussi des privilèges et ce ne sont là que les conditions nécessaires, les suffisantes, elles, dépendant de nous.
06 novembre 2015, 14:51   La différence ontologique
Cher Thierry, vous avez vraiment le chic pour vous fourrer dans des situations pas possibles... mais quoi, vous ne sortez donc plus équipé, boules Quiès, journaux, livres, pince-nez etc., pour affronter les grands dehors ?? Ben ça !
Mais si vous permettez, tapotez un peu "différence ontologique", pour voir si ça ne jargonne pas. Je suppose que vous entendiez par là un degré différent de "réalité", qui fait que le mieux ou plus réel mériterait davantage de considération ?
Ne vous en déplaise, l’"ontologie" a peu à voir avec la courtoisie : votre grand Noir au portable n’avait pas entièrement tort, et la forme qu’il choisit n’est pas nécessairement vicieuse : ce que nous appelons "réel" n’est en général que le produit d’un découpage intéressé dans le fouillis des données sensorielles : pour autant que nous accordions plus d’importance à tel élément dans ce donné — l’interlocuteur au bout du fil du portable pour le nocent coloré, ou un Noroit à tête vociférante, corps anonyme parmi tant d’autres, dont il n’a strictement que faire — ce sera toute la réalité, et l'attention qu'elle mobilise, qui basculera d’un côté ou de l’autre.
Vous devrez vous faire une raison, ou ne plus sortir du tout.
06 novembre 2015, 19:38   Re : Une nocence parmi d'autres
Pas d'accord avec vous Alain : la réalité corporelle doit primer sur toutes les autres dans l'espace public et la priorité en tout doit aller à celui qui s'est déplacé pour voir l'artiste et cet ordre doit mettre au second plan et assigner un statut secondaire à qui reste chez lui ou ailleurs, et qui ne déplace que sa voix (téléphone) ou son regard (télévision).

Le public d'un concert proteste quand des caméras et équipes techniques de télévision encombrent la scène de la salle où il est venu jouir d'une prestation. Thierry avait raison de protester mêmement.

C'est pourtant simple non ? Celui est qui réellement présent, sur ses deux pieds, prime sur tous les autres. Et toute autre considération doit s'effacer devant cet axiome.
06 novembre 2015, 23:22   Re : Une nocence parmi d'autres
Cher Francis, est-ce que vous ne confondez pas les genres ? Thierry Noroit orientait sa question vers l'ontologie, mot assez peu commode, je vous l'accorde, mais enfin, qu'on peut intuitivement comprendre comme désignant ce qui est relatif à l'être, à ce qui est, et donc à notre façon, plutôt nos façons d'établir ce qui est réel pour nous, le plus réel, et qui de ce fait mobilise notre attention et, pour jargonner un peu, notre souci ; du moins est-ce ainsi que j'interprétai le sens de la question : de l'être, donc ; pas du devoir-être, qui est ce dont il semble que vous parlez : qu'il faille faire ceci ou cela dans l'espace public relève du devoir-être, et même de la morale, et du savoir-vivre, de la courtoisie, pas de notre façon de constituer ce qui aura pour nous le degré de réalité prioritaire, dont l'élaboration se situe je crois bien en deçà de la sorte de surmoi social que vous évoquez.
07 novembre 2015, 00:33   Re : Une nocence parmi d'autres
Mon avocat marron qui tenait des conférences téléphoniques avec ses autres clients quand je m'étais déplacé chez lui pour le rencontrer dans son bureau pratiquait une ontologie de bazar, fausse disons, c'est à dire toute "sensorielle-subjective", ce qui "était réel pour lui" aurait dû être ma présence en ses murs, dûment convoquée ou invitée ou convenue entre lui et moi. L'autre client payait en monnaie, moi aussi, lui sans doute plus que moi, or moi, en opérant ce déplacement de ma personne en ces lieux, je collaborais authentiquement à l'étant du moment et du lieu, je le faisais en quelque sorte en payant de ma personne. Mon accession au Dasein était par conséquent légitime cependant que celle de l'autre "au bout du fil" était factice, était concédée par le truchement d'un artifice social : le téléphone, instrument qui sert à parler aux absents, comme les médiums du XIXe siècle.

Je ne crois pas aux esprits technologiques, qui sont plus que faux : factices. Face à ce type de perversion des priorités (le teléphone privé dans l'espace public, la conversation téléphonique en plein rendez-vous, mise en scène dans un faux sentiment d'urgence, etc.), je me prends à regretter que le téléphone ne soit pas resté qu'un jeu, comme s'en amusent les enfants qui font de l'ontologie avec deux pots de yaourt et une ficelle.
07 novembre 2015, 11:04   Re : Une nocence parmi d'autres
Ne soyez pas trop nostalgique, parce que l'enfant, c'est bien le grand Noir au portable, qui pratique une élémentaire ontologie de proximité, même pendue au bout d'un fil inexistant : le réel, c'est ce qu'on connaît, ceux qu'on connaît, le reste est parfaitement indéchiffrable, ou invisible, c'est la même chose... Et les adultes enquiquinants qui ne trouvent pas ça bien du tout, ce qui du reste peut les honorer, c'est nous, mais cela ne change rien à l'affaire.
07 novembre 2015, 11:35   Re : Une nocence parmi d'autres
le réel, c'est ce qu'on connaît, ceux qu'on connaît, le reste est parfaitement indéchiffrable, ou invisible, c'est la même chose...

Attention Alain, vous êtes en train de dire que le Noir n'est qu'un grand enfant, ce qui, en France, aujourd'hui, pourrait vous coûter cher.

Enfin je ne sais pas Alain, et je me tourne vers vous qui, après tout, savez peut-être : Le réel est-il fait de ce qu'on connaît et de ceux qu'on connaît ajoutés d'un indéchiffrable ou invisible, qui en fait la gangue et l'écrin ?

J'ai envie que non. Juste pour em... der les téléphonistes. D'abord la connaissance elle-même estompe ses contours dans l'indéchiffrable et dans cette zone d'estompe nous nous mouvons, sommes en enquête de connaître et de tester notre agir, si bien que les contours du réel à l'aune de la connaissance en sont moins que fiables. Il en reste celui, de réel, que de l'être-là par lequel on juge des distances et des droits d'accès à nos réactions et réponses. Quel est l'ordre du réel ? La perception ou la connaissance ? Aucun des deux, ni ce qu'on perçoit ni ce qu'on connaît ne peut revendiquer la primeur de nos réponses et réactions. Le secondaire -- les personnages et situations de romans, les schèmes de pensée et de représentation, la télévision, l'Iphone et le téléphone sont de grands secondaires, de précieux adjuvants au réel -- qui se compose du connu (par expérience ou transmission), du su, du ouïe-dire et de l'acquis culturel, doit s'effacer, se mettre au garde-à-vous, face à l'effort de réel que font les personnes, les étants, les configurations du quotidien réunies dans le mouvement et l'apparaître.

C'est véritablement une question d'authenticité : la photographie, le téléphone sont des leurres, des tromperies, des trompe-l'oeil du mouvement. L'immobilité d'un lieu au bout du monde que l'on visite régulièrement tous les ans ou tous les dix ans nous enseigne cette leçon du mouvement : est réel ce qui se force à être dans, contre, avec le mouvement, ce qui se déplace contre la fureur venteuse du temps qui décoiffe la chose immobile (la ville de Hong Kong par exemple, qui n'est qu'une tête d'épingle sur la planète est continuellement décoiffée par la vitesse du temps, sans bouger, cette petite chose fonce comme une météorite dans l'espace).

Donc, est réel ce qui s'est déplacé vers l'ici, ou dans, ou pour un passage dans l'ici de ce moment. Le connu, le su, l'hypostasié, le pris-pour, le factorié-en, ne sont point du réel. Ce qui n'est pas simple, car le réel ainsi pris demeure insaisissable si privé du connu, du supputé, de l'escompté, du représenté-distant, de l'hypostasié et du pris-pour. Cette gangue fait l'estompe des contours du réel, et il revient aux vivants de ne pas prendre la proie pour l'ombre en biaisant sur la nature adjuvante de cet assortiment.
Utilisateur anonyme
07 novembre 2015, 17:03   Re : Une nocence parmi d'autres
c'est bien le grand Noir au portable

Bein oui Alain... Et vous remarquerez que souvent, pour ne pas dire tout le temps, ce sont les Noirs - jeunes ou moins jeunes - qui sont les plus nocents, c.a.d. qui débitent le plus d'âneries sonores lorsqu'ils utilisent leurs satanés portables (braillant, vociférant, hurlant, s'agitant, mal assis, vautrés, jambes anormalement écartées, main sur le sexe, etc. (hier dans le RER C)). Un peu comme de grands enfants fascinés par la technologie du méchant - mais ô combien inventif ! - homme blanc.

Pour résumer : je hais les utilisateurs de portables (diversitaires ou pas) et cette haine va croissant.
C'est sous toutes les latitudes comme ça, si bien que je te tire mon chapeau à cette génération de dégénérés 'blacks', en me demandant, Mais comment font-ils, dès le lever et comme un seul homme pour, de New York à Paris et de Paris à Londres, persévérer dans cet être nocent, complètement débile et monstrueux jusqu'au grotesque? (Et chez eux, quand ils vont prendre un yaourt au frigo, y vont-ils en claudiquant et en se tenant le paquet?)

Identification, neurones miroirs, désir mimétique, etc.
09 novembre 2015, 10:24   Re : Une nocence parmi d'autres
Le PI ne devrait avoir l'audace de mettre à son programme l'établissment de l'apartheid, au moins dans les transports en commun. Les luttes anti-apartheid, sous d'autres cieux, sont une vieillerie du XXème siècle.
09 novembre 2015, 15:52   Re : Une nocence parmi d'autres
Ce serait bath !
10 novembre 2015, 06:09   Re : Une nocence parmi d'autres
Le PI ne devrait avoir l'audace de mettre à son programme l'établissment de l'apartheid, au moins dans les transports en commun. Les luttes anti-apartheid, sous d'autres cieux, sont une vieillerie du XXème siècle.

Il y avait une école de "comics" politiques américains qui dans les années 80-90 garnissaient de leurs bandes à cinq cases (c'était le twitter de la bande dessinée) l'avant-dernière page des grands journaux sérieux de cette presse internationale, le Herald Tribune, le New York Times, le South China Morning Post (de Hong Kong). Son plus éminent représentant à cette époque était le grand Garry Trudeau qui crayonnait les travers de l'époque en suivant une brochette de personnages qui en étaient représentatifs, dont une sorte de reporter de quatrième rang, partout remballé par la réalité qui "dépasse la fiction", y compris la fiction journalistique, série dont le titre était Doonesbury.

[en.wikipedia.org]

Voir ici la liste des personnages de Doonesbury : [en.wikipedia.org]
qui donne une idée de cette saga balzacienne qui s'étale sur deux décennies, qui embrasse notamment celle du scandale des Contras nicaraguaïens et des moudjahidines afghans avec le Colonel North qui fit la jonction entre les deux "combats" dans le monde dominé par l'Amérique de Reagan.

Je me souviens d'une bande de Doonesbury où l'on voit mis en scène un programme de "réhabilitation" de Contras, ces guerrilleros impitoyables de la jungle du Nicaragua. Une sorte de bénévole à l'américaine leur apprend à servir des hamburgers dans un McDonald, dans ce qui se veut "programme de réinsertion à la vie civile et sociale". La petite troupe suit la démonstration en silence. Récapitulation de la séance : l'instructeur, l'abdomen ceint d'un tablier de cuisinier, la cuillère à frites à la main : Bon, maintenant, supposons qu'un client qui a commandé un hamburger fromage change d'avis au dernier moment et demande un double hamburger salade sans fromage, qu'est-ce que vous faites ?

L'un des Contras, au premier rang, se lève et s'exclame : je l'attache à une fourmillière !

L'instructeur, dans un ton de léger dépit, avec un hochement de tête : noooon... nooon, vous n'écoutez pas...
Utilisateur anonyme
10 novembre 2015, 08:06   Re : Amusant.
Je ne sais pas si une culture autre que la nôtre a déjà produit cette abstraction systématique où tous les éléments de communication et d'échange symbolique entre les individus ont été liquidés au profit d'une fonctionnalité purement binaire (antiraciste/raciste, progressiste/"réac", féministe/misogyne, ouverture à l'Autre/partisan de l'apartheid, etc.)... ?
10 novembre 2015, 08:13   Re : Amusant.
Oui, ce doit être un des grandes victoires posthumes du structuralisme à la française, qui avait dû magnifiquement, là encore, préparer le terrain par ce que Deleuze appelait "la machine binaire" et qui désormais recouvre tout le politique comme une plante vivace, exotique et invasive. Les ruines du politique en sont couvertes comme une ruine olmèque de sa végétation qui l'étouffe et la broie.
Utilisateur anonyme
10 novembre 2015, 08:44   Re : Amusant.
Discrimination raciale : nulle autre culture que la nôtre n'a produit cette distinction systématique du Noir et du Blanc. Et non comme séquelle, mais comme élément structurel soutenu par un arsenal de significations. Tout cela débouchant sur l'autonomisation du Noir comme principe de révolution, de même que sur l'autonomisation de la Femme comme sexe ou du Prolétariat comme classe. Même rationalité terroriste à l'oeuvre.
10 novembre 2015, 14:06   Re : Amusant.
Le commentaire du jour:

« Quand on voit passer une voiture au vitres teintées, forcément on se dit qu'il y a une personnalité dedans ».
 
C'est sûr désormais, les gens ne savent plus faire la queue dans les magasins. Cela participe probablement de la tiers-mondisation de la France... Mais en Afrique ou dans les administrations des pays arabes, on sait à quoi s'attendre: une foule sans manière qui se rue à la caisse ou au guichet sans prêter la moindre attention à ses voisins. C'est mon tour, et après moi le déluge! Cela donne d'ailleurs parfois lieu à des scènes cocasses.

Le pire, ici, c'est que c'est moins bien. La régression sous la forme du ré-ensauvagement est forcément nocente, pathétique. A la boulangerie, dans le métro devant les automates, à la caisse des supermarchés, les gens se collent à vous, tentent lamentablement de vous dépasser, touchent tout. L'art des distances (que Deleuze, qui haïssait les frotteurs, appelait "proxémie"), soubassement de l'ordre social et de son maintien, n'est plus guère pratiqué...
06 décembre 2015, 10:52   Re : Une in-nocence parmi d'autres
Dans un autre registre, certes, les "frotteurs" ont cependant été fort louangés, et réputés parmi les jouisseurs les plus exemplairement discrets.
Pas sûr, ils tombent plus souvent qu'à leur tour dans les mailles du filet optique tendu par les caméras de vidéosurveillance qui quadrillent le métro.
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