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Ce qu'en pense Michel HOUELLEBECQ.

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
20 novembre 2015, 10:31   Ce qu'en pense Michel HOUELLEBECQ.
Michel Houellebecq vient de publier un texte titré « J’accuse Hollande et je défends les Français » dans le journal italien "Corriere della sera" :

Qu’y dit-il ?

Qu’après les attentats de 1986, il se souvient « parfaitement bien de l’atmosphère qui régnait dans le métro, les jours suivants. Le silence dans les couloirs souterrains, était total, et les passagers avaient le regard méfiant. Ceci, la première semaine. Puis, très vite, les conversations ont repris et l’atmosphère est revenue à la normale. L’idée d’une explosion imminente était encore dans l’air, pesant sur les esprits, mais déjà au second plan. On s’habitue à tout, même aux attentats.

(…)

Keep calm and carry on. Restez calme et continuez. Très bien, nous allons faire exactement cela (même si – hélas – nous n’avons pas un Churchill pour diriger le pays). Contrairement à la croyance populaire, les Français sont plutôt dociles et se laissent gouverner facilement, mais cela ne signifie pas qu’ils sont de complets imbéciles. Leur principal défaut pourrait se définir comme une sorte de superficialité les inclinant à l’oubli, ce qui signifie qu’ils ont besoin qu’on leur rafraîchisse périodiquement la mémoire. La situation malheureuse dans laquelle nous nous trouvons est due à des responsabilités politiques spécifiques; et ces responsabilités politiques doivent être analysées, tôt ou tard. Il est hautement improbable que l’opportuniste insignifiant qui occupe le poste de chef de l’Etat, ainsi que les actes du retardé congénital qui est Premier ministre, pour ne pas mentionner les « ténors de l’opposition » (LOL), puissent sortir avec honneur de cet examen.

Qui a effectué des coupes au sein des forces de police, jusqu’à ce qu’elles soient réduites à l’exaspération, presque dans l’incapacité de mener à bien leurs missions?

Qui a enseigné pendant de nombreuses années, que les frontières sont une absurdité antique, un symbole d’un nationalisme dépassé et nauséabond? On comprend très vite que les responsabilités sont très largement partagées.

Qui sont les dirigeants politiques qui ont entraîné la France dans des opérations absurdes et coûteuses, dont le résultat principal a été de plonger dans le chaos d’abord l’Irak, puis la Libye? Et quels dirigeants étaient prêts, jusqu’à récemment, à faire de même en Syrie?

(…)

La conclusion inévitable est malheureusement très grave: les gouvernements qui se sont succédé au cours des dix (vingt ? trente ?) dernières années ont failli lamentablement, systématiquement, lourdement dans leur mission fondamentale, à savoir protéger le peuple français qui leur a confié cette responsabilité.

Le peuple, quant à lui, n’a failli en rien. Dans le fond, on ne sait pas exactement ce qu’il pense, vu que les gouvernements successifs se sont bien gardés de lui demander par référendum (sauf un, en 2005, mais les gouvernants ont préféré ne pas tenir compte du résultat). Les sondages d’opinion quand ils sont autorisées et – pour ce qu’ils valent – révèlent grosso modo les choses suivantes: la population française est demeurée fidèle et solidaire avec les forces de police; a occulté avec dédain les sermons de la «gauche morale» (morale?) sur l’accueil des réfugiés et des migrants, et n’a jamais accepté sans se méfier les aventures militaires étrangères dans laquelle ses dirigeants l’ont entraînée.

On pourrait multiplier à l’infini les exemples de la fracture – aujourd’hui abyssale – qui s’est créée entre les citoyens et ceux qui devraient les représenter.

Le discrédit qui frappe aujourd’hui en France l’ensemble de la classe politique est non seulement répandu, mais aussi légitime. Et il me semble que la seule solution qui reste serait de se diriger lentement vers la seule forme de démocratie réelle, par là je veux dire la démocratie directe. »


Référendum sur l’immigration, sur l’accueil des réfugiés, sur le droit pour chaque citoyen de se défendre, sur la peine de mort, sur la représentation politique (le FN avec presque 30% des voix n’a que deux députés, deux sénateurs, aucun département…) : les sujets de démocratie directe ne manquent pas.


[ripostelaique.com]
Cela reflète très bien ce que pense la véritable opposition, notamment intellectuelle (si l'on met de côté l'épineuse question des « opérations absurdes et coûteuses, dont le résultat principal a été de plonger dans le chaos d’abord l’Irak, puis la Libye » sur laquelle il y a de profonds clivages, comme sur les relations, dont il ne parle pas, avec les États-Unis et la Russie) et, sans doute, une bonne part du peuple. Mais ce pouvoir, qu'il vilipende si bien, n'est pas tombé de la lune, il a été élu et réélu, et nous voyons bien aux réactions tragiquement pitoyables des collabobos qu'il possède une base sociale qui est loin d'être négligeable, même si elle est vraisemblablement devenue minoritaire, parce qu'elle comprend la majorité de ceux qui exercent les professions influentes et créatrices.
C'est indiscutable : vendredi soir, les djihadistes ont frappé boboland en plein coeur. Si l'on consulte la liste (provisoire) des victimes et leur profil socio-professionnel, la proportion de ceux qui travaillent dans la communication (pub et audiovisuel) est écrasante (on reste sur l'impression qu'une majorité d'entre eux travaillaient tous, directement ou indirectement, pour Canal Plus, M6 et le secteur du spectacle subventionné). Et par conséquent, c'est boboland qui réagit qui se se met en scène dans ses médias. Ca tombe bien : boboland victime peut mettre en exergue, rendre majoritaire de manière écrasante ses sentiments sur l'événement puisqu'il a sous la main l'outil de leur diffusion et donc théoriser sur la situation, son propre victimat, et ce qu'il faut en penser en direction du public, de la nation et de la communauté internationale, sans la moindre contradiction.

Les djihadistes, en commettant ces massacres sur ces malheureux, ont déclenché une folle machine de propagande et de diffusion dans le personnel de laquelle tout le monde ou presque a eu une copine ou un copain victime de ces attaques à quelque degré. C'eût été tout différent si, par exemple, ce fût dans le monde agricole ou rural qu'ils avaient frappé. L'ampleur de l'émotion médiatique et la dimension émotive des réactions n'auraient pas été les mêmes.

Le point de vue bobo prime donc par l'impact sociologique direct de ces attaques. Tout verbe dissident (celui de Houellebecq, de Zemmour pour ne rien dire du FN) est exclu, n'a pas droit de cité, puisque la cité touchée est moins Paris que Boboland et le personnel des médias et du secteur du spectacle subventionné.

Un sorte de main diabolique a dû guider les djihadistes pour faire en sorte que, en frappant ce secteur socio-professionnel et ce milieu particulier, ce soit des coeurs en feutrine rouge et du baise-main aux musulmans qui fassent les images dominantes de l'après 18 novembre.

Même "militairement" anéantis, les djihadistes ressortent ainsi gagnants. Sont forts quand même !
En réalité, ce sont les mêmes cibles que celles du tueur norvégien, Brejvick (orthographe non garantie).
Je n'y avais pas pensé mais c'est exact.

Dans les deux cas, les assassins s'étaient mis en devoir -- on le sait par le choix des cibles (des jeunes gens heureux et confiants, insouciants et baignant dans la bonne conscience politique), mais aussi par les discours ayant accompagné les actes des tueurs -- de réveiller leurs victimes ; pour Breivik, il s'agissait de réveiller toute une génération à la gravité d'une menace, laquelle est bien représentée aujourd'hui par le djihadisme tel qu'il vient de frapper à Paris; quant aux autres, ils ont dit à leurs otages du Bataclan avoir agi afin de susciter en eux une prise de conscience, un réveil présumé donc, des horreurs prétendûment commises en leur nom au Proche-Orient (bombardement sur l'EI, etc.).

Dans les deux cas, l'échec est patent : cette catégorie sociologique et politique (le Bobo pour faire bref) reste immuablement endormie : Le Bobo ne s'éveille à strictement rien. Il chante la chanson de Lennon qui date de 1972 et c'est tout. Bébé dort dans sa néoténie. Breivik n'a pas réussi à les éveiller au danger islamiste et les islamistes eux-mêmes pas davantage, dirait-on, au danger qu'ils sont eux-mêmes.
Avez-vous lu le "texte" du réalisateur de The Artist, Michel Hazanavicius? Une sorte de lettre adressée aux djihadistes tellement glaçante de vulgarité qu'elle a soulevé en moi un effroi tout à fait comparable à celui que procure le récit des supplices infligés par le Daech. Je vous laisse chercher cette saleté, que j'aurais honte de reproduire ici. En tout cas, les djihadistes vont finir par se dire, Mais quelle horreur, quelle bassesse, ces ennemis ne nous méritent pas! Des ennemis qui sont attaqués, massacrés et qui répondent à l'unisson, Tous au bistrot! Ouais, continuons à baiser!
Je l'ai vue. J'en ai lu dix lignes et j'ai zappé, pour les mêmes raisons que vous. Boboland s'exprime sur toutes les ondes et donne partout des variantes du même discours : on aime la bonne bouffe, le champagne (voir la couverture de Charlie Hebdo) et le cul. Et on changera pas.. Cette manière d'être hors sujet, hors du sujet de l'histoire et de revendiquer cette posture est un des aspects les plus accablants de ce drame. C'est l'aspect le plus "fin de l'Empire Romain" qui soit dans cette affaire. Sauf qu'ici, c'est le petit bourge qui endosse la toge de Valentinien III.

Il y a plusieurs manières de s'enfoncer la tête dans le sable. Ceux-là revendiquent de le faire dans le stupre. Ils s'y vautrent de peur.
Utilisateur anonyme
20 novembre 2015, 15:56   Re : Ce qu'en pense Michel HOUELLEBECQ.
Un "point de vue bobo" (sa toute puissance !) magnifiquement décortiqué par Francis.


A mon avis dix hommes violents l'emporteront toujours sur mille en proie à la luxure et à l"'apéro en terrasse dans un quartier sympa et métissé". Même si l'on sait tous qu'après la violence rien n'est plus fort que la luxure.
Le Réel ne peut rien contre "Le point de vue bobo" parce qu'il use d'un langage que les bobos ne comprennent pas (pas pour l'instant). Mais la guerre, venant vite au secours du Réel, va simplifier les choses : elle va simplifier ce que la paix avait complexifié et diversifié.

Tout ça n'est plus qu'une question de temps. Le problème, pour les bobos, c'est que les jihadistes inscrivent leurs actions et l'ensemble de leur projet dans un un temps long, très long : un temps inconcevable, irrecevable, pour le bobo présentiste et jouisseur.
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