Je m'étais dit, certes un peu naïvement, que nous avions touché le fond ("Choc Le Pen" 2002, "quinzaine anti-Le Pen"), qu'après ça la France n'aurait plus jamais à affronter un tel déferlement de haine, de mauvaise foi, de bêtise - et puis non, ça recommence : les mêmes poncifs, les mêmes caricatures, les mêmes mensonges s'accumulent à nouveau, nous envahissent et nous débordent en un rien de temps. Pourtant il y a déjà un certain temps que le cerveau des individus, voire ce qu'on appelle la "mémoire collective des sociétés humaines", ne suffit plus à garder et à enregistrer les propagandes de toutes sortes que nous avons collectivement amassées. Tout se passe comme si le sens ne pouvait surgir qu'à partir du moment ou de deux éléments l'un nie l'autre ; comme s'il fallait fabriquer et entretenir le Mal pour que quelque chose soit dit.