Citation
Francis Marche
Faut-il, parce que la musique de Bartok laisserait de marbre les Papous, la rayer de la sphère artistique pour en revenir aux danses populaires roumaines seules ?
C'est la triste et consternante proposition de Daniel
Ah mais, ce n'est pas du tout la position que je défends, cher Francis.
Si c'était le cas en effet ce serait bien triste et consternant.
Primo, si j'ai mentionné cette
histoire de papous, c'est uniquement pour suggérer, au rebours d'un relativisme absolu qui sévit sans partage en ce domaine et donc des légitimes
à chacun son goût, qu'il existe, malgré tout, en dépit de toutes les disparités de tout un chacun, un fond commun de sensibilité structurant notre perception sensorielle, au travers de laquelle nous vibrons à l'unisson.
Transcendance au coeur même de l'immanence.
Je pense seulement, mais c'est déjà beaucoup, que l'attrait instinctif que l'on a pour la tonalité fait partie de ce fond commun.
Mais cela n'implique nullement que tous nos goûts et nos préférences doivent se conformer à ceux des papous ou de n'importe qui d'autres.
Chacun, de par ses singulières expériences, rencontres, découvertes, se forge son propre panthéon musical, lequel évolue durant toute la vie.
Secundo quant à Bartok c'est un des musiciens que j'affectionne le plus. En particulier son
Château de Barbe-bleue m'émeut et m'émerveille profondément, mais aussi sa musique pour piano (Allegro barbaro par Kocsis), son concerto pour orchestre (Version magnifique de George Szell à la tête du Cleveland orchestra), sans oublier sa célèbre Musique pour cordes, percussion et célesta et ses quatuors.
Seulement voilà ! Bartok, compositeur moderne s'il en est, ne fait pas partie de ceux qui ont tout sacrifié au dodéca sériel. A l'instar d'un Dutilleux, d'un Chostakovitch ou d'un Stravinsky, il n'a pas fait allégeance inconditionnelle à la seconde Ecole de Vienne, même si un temps ils ont tous
flirté avec cette nouveauté.
Ces compositeurs-là, ont tous refusé de se voir phagocyter par la secte des
seriel-killer, ne voulant pas être réduits à de simples techniciens, tout au service de ce dogme, certes novateur, mais intransigeant et finalement bridant dangereusement leur talent de compositeur.
Aussi ces compositeurs, bien qu'éminemment
modernes, ont-ils été souvent les cibles favorites de ceux pour qui rien ne saurait exister en dehors de l'Eglise sérielle. Car ils étaient des musiciens inutiles, superflus, n'ayant rien compris à leur époque.
Idem pour les peintres modernes qui continuent à s'évertuer à peindre plutôt que de se lancer dans des installations ou autres productions conceptuelles.
PS Mes messages, bourrés de charabia, de coquilles, et autres horreurs, réelles ou imaginaires, ne s'adressent pas à ceux qui, tels des zombies surgissant à l'improviste dont ne sait où, font médiocre profession de chercher inlassablement le petit trou, tout en goguette qu'ils sont de l'avoir enfin trouvé, qui leur fera déclarer que la chambre à air était bien percée, comme on vous l'avez déja dit ! De l'art de faire diversion.