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Dispute ?

Envoyé par Thomas Rhotomago 
16 janvier 2016, 15:30   Dispute ?
« Je trouve assez paradoxal de parler d’énergie vitale pour des gens qui ne savent que semer la mort, se complaire en elle. » écrivait Cassandre, ce qui lui a valu des compliments. Mais cette capacité à semer la mort, n’est-elle pas précisément la condition première du nihilisme que prête Badiou aux tueurs du 13 novembre, en qui il voit les « fascistes modernes » ?

Tout n’est pas à jeter dans cet opuscule sur les tueries de novembre. Une fois admis qu’en bon communiste Badiou ne peut faire autrement que dénier à la religion le moindre statut d’agent actif de l’Histoire et la confine à un rôle de « vêtement » commode endossé par les tueurs nihilistes, on peut tout de même tirer deux ou trois choses de son analyse, au moins au titre du questionnement. Si prévenu que l’on puisse être contre l’auteur et en dépit de ses rigidités idéologiques, sa lecture est plus stimulante que celle de tout le bataclan des sociologues, devenus inintelligibles à force de tenter de slalomer entre interdits lexicaux, tabous moraux, impensés de toute sorte. Au moins, avec Badiou, a-t-on à faire à un point de vue clairement exposé, fut-il jugé simpliste. Par exemple sur le thème de l’intérêt qu’il y a à détruire les Etats, à l’heure où certaines « firmes » déterritorialisées ont atteint à la puissance de d'Etats moyens et quand on observe autant de nationalités représentées dans un « organigramme » de firme internationale que chez les membres de Daech :

« Je pense que ce qui apparaît petit à petit, c’est l’idée suivante. Plutôt que de prendre en charge la tâche pénible de constituer des Etats sous tutelle de la métropole, ou, plus encore, des Etats directement métropolitains, il est possible tout simplement de détruire les Etats. Et vous voyez la cohérence de cette possibilité avec la désétatisation progressive du capitalisme mondialisé. On peut après tout créer, dans certains espaces géographiques remplis de richesses dormantes, des zones franches, anarchiques, où il n’y a plus d’Etat, où par conséquent, on n’a plus à discuter avec ce monstre redoutable qu’est toujours un Etat, même s’il est faible. […] Dans une zone où toute vraie puissance étatique a disparu, tout le petit monde des firmes va opérer sans grand contrôle. Il y aura une sorte de demi-anarchie, des bandes armées, contrôlées ou incontrôlables, cependant les affaires peuvent continuer, et même mieux qu’avant. Il faut quand même bien se rendre compte que, contrairement à ce qui se dit, à ce qui se raconte, les firmes, leurs représentants, les agents généraux du capital, peuvent parfaitement négocier avec des bandes armées, et à certains égards plus facilement même qu’avec des Etats constitués. Il n’est pas vrai que l’anarchie étatique et les cruautés inimaginables qui vont avec soient nécessairement en contradiction formelle avec la structure du monde tel qu’il est aujourd’hui. »

D’autre part, l’analyse de Cassandre à propos de l’organisation mafieuse des islamistes et de la contradiction des musulmans qui désirent s’installer en Europe pour en profiter mais la détruire n’est pas sans parenté (je dis bien « parenté » et non identité) avec l’analyse de Badiou et de ses « déçus de désir d’Occident » :

« En se fascisant, le déçu du désir d’Occident devient l’ennemi de l’Occident, parce qu’en réalité son désir d’Occident n’est pas satisfait. Ce fascisme organise une pulsion agressive, nihiliste et destructrice, parce qu’il se constitue à partir d’une répression intime et négative du désir d’Occident. Il est largement un désir d’Occident refoulé, à la place de quoi vient se situer une réaction nihiliste et mortifère dont la cible est précisément ce qui était l’objet du désir. On est dans un schéma psychanalytique classique. »

Là où bien sûr les choses divergent tout à fait avec les analyses de Cassandre c’est en cela :

« Quant à sa forme, on peut définir ce fascisme moderne comme une pulsion de mort articulée dans un langage identitaire. La religion est un ingrédient tout à fait possible de cette articulation […] mais la religion n’est qu’un vêtement, elle n’est aucunement le fond de l’affaire, c’est une forme de subjectivation, pas le contenu réel de la chose. »

Mais plus loin :

« La forme pratique de ces fascismes c’est toujours la logique de la bande, le gangstérisme criminel, avec la conquête et la défense de territoires où on a le monopole des affaires, comme le dealer dans son coin de cité. Pour tenir, il faut le caractère spectaculaire de la cruauté, le pillage, et pis aussi, dans le cas des différentes mafias, le recyclage permanent des choses dans le monde du marché mondial. De même que le désir nihiliste n’est qu’un envers du désir d’Occident, de mêmes les zones désétatisées où prospère la subjectivité nihiliste sont articulées au marché mondial, et donc au réel de l’Occident. Daech, je vous l’ai dit, est une firme commerciale, qui vend du pétrole, des œuvres d’art, du coton, des armes, des tas de choses. Et ses mercenaires sont en fait des salariés, avec quelques privilèges supplémentaires dus au pillage et à la réduction en esclavage de captifs et de captives.
Cette forme fascisante est donc en réalité interne à la structure du capitalisme mondialisé dont elle est en quelque manière une perversion subjective. […] Disons finalement que ce fascisme est le revers d’un désir d’Occident frustré, organisé plus ou moins militairement sur le modèle flexible de la bande mafieuse et avec des colorations idéologiques variables, où la religion tient une place purement formelle. »

En somme, pour un descriptif assez semblable, deux explications tout aussi univoques : pour Badiou le coupable c’est le capitalisme mondialisé en soi, pour les In-nocents, l’islam en soi. On pourrait alors avancer une synthèse : l’islam offre les conditions idéales de la forme d’anarchie dont a besoin le capitalisme mondialisé.
Utilisateur anonyme
16 janvier 2016, 16:23   Re : Dispute ?
Très intéressant. Badiou pas si "gâteux" que cela, finalement (ce que j'avais voulu ( trop mollement) suggérer...).

Je ne sais qui de l'islam ou du capitalisme mondialisé est le véritable "coupable"... Il faut aussi rappeler cette réalité que, n’ayant plus d’existence propre, les Européens ont vécu sous l’ombre portée de deux modèles négateurs d’eux-mêmes, le modèle communiste et le modèle américain. Cet anéantissement n’est certainement pas étranger aux désordres mondiaux et à ceux de l’esprit dont le terrorisme jihadiste est une manifestation.
Utilisateur anonyme
16 janvier 2016, 16:26   Re : Dispute ?
Il existe un petit livre lumineux de Éric Werner : « L’avant-guerre civile », dans lequel il explique comment les forces supranationales ont adopté la stratégie de la Tour de Babel. Une Tour maintenue intentionnellement en équilibre instable depuis la deuxième guerre mondiale.

L’immigration d’origine extra-européenne, en particulier, a été favorisée parce qu’elle créait une multiplicité de fractures permettant de paralyser toute velléité de révolte dans la population (le Français de souche perçoit l’immigré comme l’ennemi dans une logique ethnoraciale, donc il ne perçoit pas son maître comme son véritable ennemi, dans une logique de classe).
Le développement du communautarisme est une stratégie complémentaire, visant à préparer l’étape suivante : lorsqu’il n’y aura plus de majorité (les Blancs ayant cessé d’être majoritaires sur leur sol historique), le Pouvoir devra constamment jouer les minorités les unes contre les autres.
Cerise sur le gâteau : le Pouvoir laisse délibérément se développer une forte insécurité, partiellement liée au phénomène immigrationniste, parce que, rappelle Werner citant Montesquieu, la peur est le principe actif du despotisme – et le Pouvoir peut faire peur directement ou indirectement, en poussant le corps social à s’entretenir lui-même dans la peur.
La classe dirigeante favorise l’éclatement de tous les réseaux, donc l’individuation totale à tous les niveaux de la construction sociale – via, en particulier, le matraquage d’un modèle consumériste hédoniste, qui fait régresser le niveau de conscience au stade infantile. Il faut qu’il y ait autant de « camps » dans la Cité qu’il y a d’individus, ce qui rendra impossible l’émergence de la guerre civile (les heurts interindividuels peuvent provoquer de la délinquance, mais pas de contestation politique).
Précaution supplémentaire, le désarmement systématique des gens ordinaires permet d’éviter que cette « guerre de tous contre tous » ne devienne ouverte : elle reste larvée. La Cité est divisée par une infinité de guerres civiles non déclarées, guerres dont la fonction secrète est de se rendre mutuellement impossibles : nous assistons, nous dit Eric Werner, à la naissance d’un nouveau « système du Prince ».

L'avant-guerre civile » d'Eric WERNER, Editions de L'Âge d'Homme, 1999, 117 p.
16 janvier 2016, 19:50   Re : Dispute ?
Badiou applique une grille de lecture, un "décryptage" résolument vingtiémiste sur un phénomène qui vient de plus loin que "le capitalisme", "le nihilisme", le "fascisme" et le "désir d'Occident". Le désir de Badiou d'animer une matrice de concepts très modernes, très tardifs sur un programme politique d'expansion couché il y a quatorze siècle est pathétique.

La firme Al-qaïda ou Daech n'existe pas. Ils vendent leur pétrole, quand ils le peuvent, toujours sans marque, clandestinement. Ces pirates, esclavagistes, commercialisent des produits dont aucun ne porte l'estampille de leur nom. En ce sens, si Daech est némésis des Etats modernes, ce n'est certainement pas comme Microsoft, Apple ou Volkswagen, firmes portées par leurs produits, qui n'existent que comme véhicule et organe stratégique d'une expansion du commerce de leur marque respective, de leurs produits-projections.

Les produits commercialisés par Daech ne servent aucunement à son expansion, à la popularisation de son programme politique, ils ne servent non plus aucun processus d'identification à ses symboles, à sa "marque".

La rapine mafieuse, la contrebande, le trafic d'oeuvres d'art pratiqués par l'Etat islamique s'apparentent bien moins aux pratiques des grandes firmes capitalistes les plus dévastatrices (Coca-cola, Texaco, etc.) qu'à celles des régimes totalitaires du XXe siècle qui agissaient avec pour devise et justification : "on fait pas d'omelette sans casser des oeufs". Le stalinisme, le maoïsme, le communisme ont rapiné, pillé, bien à la manière de l'Etat islamique, pour Staline, par exemple, l'or de l'Etat espagnol pendant la guerre d'Espagne, pour Mao, les trésors des musées chinois pendant la guerre civile, pour Pol Pot les temples d'Angkor, pour se payer des munitions, tout à fait à la manière de l'Etat islamique les ruines de Palmyre.

Le seul parallèle entre le phénomène auquel l'EI nous donne d'assister -- pour plus très lontemps au Proche-Orient, moins d'un an -- et les monstres historiques enfantés par le XXe siècle, qui soit fondé en raison, est celui qui apparente entre eux les messianismes et les apocalyptiques, les grandes eschatologies : le communisme, justement lui, qui visait à unifier l'humanité par-delà les "particularismes" historiques est le candidat le mieux placé pour le rôle de frère jumeau de l'Oumma, dont l'établissement dans l'universalité fait tout le fond programmatique de l'E.I.

Ce n'est pas un "désir d'Occident" mais un désir d'apocalypse appelée par l'eschatologie qui est en cause. Et si l'islam a ressucité de ses cendres dans le dernier quart du XXe siècle en Afghanistan c'est que la défaite, la fin du communisme en tant qu'"espérance des peuples", en ce pays même créa dans les consciences "en désir d'eschatologie" un vide tel que la constitution d'un avatar fournisseur, propre à le combler, s'imposa sur le champ, et que cet avatar n'a fait que croître depuis lors.

Badiou, en janvier 2015, "décryptait" déjà les attaques du 7 janvier comme "attaques fascistes", en novembre, le voilà qui fait varier quelque peu son discours, qu'il paraît le faire évoluer en parlant de "nihilisme" comme pour du Dostoievsky, c'est à dire en remontant dans le temps encore deux générations par rapport au verdict de janvier ("fascistes"). Le bonhomme se fourvoie, regresse, radote et n'a rien compris. Le fait regrettable reste que sa prose demeure solide, à la façon des vieux fous qui se pomponnent, conservent tout leur maintien dans les institutions chargées de soigner leur sénilité, au point qu'on ne perçoit pas, de prime abord, qu'ils ont des toiles d'araignée dans la tête.
Cher Francis,

Je tâcherai de vous répondre un peu plus tard mais, dans l'immédiat, je ne peux que louer votre suite dans les idées car si vous écrivez aujourd'hui : "Le seul parallèle entre le phénomène auquel l'EI nous donne d'assister – pour plus très longtemps au Proche-Orient, moins d'un an –", vous écriviez l'année dernière :

"La transformée planétaire de ces événements est relativement aisée à produire : comme les frères Kouachi et Coulibaly furent "neutralisés" dans une action quasi-guerrière avec l'assentiment et le soutien de l'immense majorité de la population française et des observateurs européens, l'E.I. au proche-orient sera anéanti par une campagne militaire de vaste ampleur dans les mois qui viennent (qui devrait s'achever fin 2016 au plus tard);" (c'est moi qui souligne.)
17 janvier 2016, 06:00   Re : Dispute ?
Concernant la thèse de Badiou qui aligne la firme Apple, par exemple, et l'Etat islamique : il est exact que cette firme, assez exemplaire ou épiphénoménale sur ce plan, dont le chiffre d'affaires est de l'ordre du PIB de maints petits Etats indépendants, qui s'applique à ne payer d'impôts à personne, qui est esclavagiste (travail des enfants et tarif horaire des ouvriers égalisé dans le monde) pourrait présenter des traits communs avec l'autre, qui s'étale à partir du Proche-Orient. Mais Badiou, en bon marxiste-léninisme, verse dans le matérialisme vulgaire et aveuglé. Il ne voit pas, ou s'attache à ne pas voir, que l'E.I. avant d'être fournisseur de pétrole, de coton ou d'objets d'art issus de pillage, est fournisseur d'eschatologie et d'apocalypse. C'est ça, le produit phare de l'E.I. : la fin du monde tel que nous le connaissons, tel que l'Occident le façonne, le conçoit, et l'instauration d'un régime mondial unique et nouveau.

Le vol, le viol, la rapine et l'esclavage ne sont que des moyens, comme ils pouvaient l'être dans cette autre grande dynamique eschatologique que fut le communisme au siècle dernier. Cependant que les firmes anti-Etatiques comme Apple, et leurs agents, les No-Border, n'ont que des stategies, complexes, très élaborées, de conquêtes de marché et de promotion de leur production matérielle, composée de produits physiques ou virtuels, soit le seul libre accès de tous à tout espace et à tous leurs produits. A savoir que si plan de domination mondiale il y a là, c'est dans et par une production et des moyens de productions (hommes et capitaux) et seulement eux. La logique de ce capitalisme-là, que Badiou cerne assez bien, ne ressemble à celle de l'E.I. que dans l'illusion marxiste-léniniste vulgaire qui méconnaît par principe, par idéologie, la pure théologie capable par sa seule vertu, sa seule puissance, de dicter aux hommes des politiques mondiales, comme elle le fit pour le communisme et le fait aujourd'hui pour l'E.I.

Badiou, par sa formation, son parcours philosophe et politique, répugne à reconnaître la puissance de l'irrationnel et sa capacité à mobiliser l'histoire. Et on le voit donc tourner en rond comme un qui serait pris de démence sénile dans sa cage vingtiémiste face à des événements qui en enjambent les lois.
Utilisateur anonyme
17 janvier 2016, 07:23   Re : Dispute ?
Là où Badiou m'agace le plus c'est qu"'en bon communiste", comme l'ecrit Thomas, celui-ci considère que les quelques milliers de CPF qui ont quitté notre pays où rêvent de le faire pour rejoindre le djihâd criminel de Daesh ne sont que le produit de la société française, de ses inégalités, de son chômage massif, de sa xénophobie, de son incapacité à leur inculquer des valeurs progressistes (et communistes) et les codes moraux à ne pas transgresser.
Comme le dit l’universitaire Olivier Roy, " Daesh puise dans un réservoir de jeunes déjà entrés en dissidence ( qui )cherchent une cause, un label, pour y apposer la signature sanglante de leur révolte personnelle. L’écrasement de Daesh ne changera rien à cette révolte.....Ils choisissent l’Islam ( de Daesh ) parce qu’il n’y a que ça sur le marché de la révolte radicale. Rejoindre Daesh, c’est la certitude de terroriser".
Utilisateur anonyme
17 janvier 2016, 07:35   Re : Dispute ?
Paul Ricœur, dans son livre d’entretien « La critique et la conviction », estimait en 1995 : « Nous avons trop tendance à n’envisager les musulmans que sous l’angle de la menace intégriste et nous oublions la menace inverse qui pèse sur eux, c’est à dire la désintégration. (…) Ils jugent nos sociétés sur la voie de la désintégration et ils refusent d’en être également victime (…) L’islamisme, c’est aussi cela : une sorte de protection, à certains égards panique, face à une menace de décomposition ». Comprendre l’autre n’est pas justifier ses actes mais tenter d’y répondre à partir de leurs logiques internes. Le repli communautaire pacifiste dans nos banlieues ou l’hubris djihadiste montrent ce désir de protection vis-à-vis de valeurs que cet Occident porte ou est supposé porter à leurs yeux : athéisme, consumérisme, anti-traditionalisme, arrogance universaliste, matérialisme, corruption morale.
A la même époque que Ricœur, Bourdieu écrivait à propos des penseurs réactionnaires du XIXe siècle qui ont alimenté plus tard le fascisme : « Et l’on comprend mieux la mystique révolutionnaire de la nation dans ce qu’elle a de plus antipathique pour la conviction universaliste (…) si l’on sait y voir une riposte distordue à l’agression ambiguë que représente l’impérialisme de l’universel (riposte dont l’homologue pourrait être aujourd’hui un certain intégrisme islamiste) ».

Ce qui n'a pas éte assez souligné sur ce fil et sur d'autres avant lui c'est le point commun entre l'islamisme et les ideologies totalitaires du XXe siècle, à savoir le même refus de la démocratie représentative et de l’État libéral.
17 janvier 2016, 08:08   Re : Dispute ?
Cher Thomas,

Je n'ai pas plus de suite dans les idées que n'importe qui ici. Je n'ai fait qu'exposer, dès novembre 2014, les lois fractales des saisons, exprimées dans le chiliasme. Nous verrons en décembre prochain si mes calculs auront été exacts ou non.

à Pascal : Olivier Roy voit juste lorsqu'il affirme que le produit porteur, le label, l'estampille de Daech est la révolte radicale, la fin du monde. L'E.I. promeut le produit-rébellion, comme à une époque, le voyagiste Nouvelles Frontières promouvait le voyage au bout du monde.

Du reste les témoignages d'Occidentaux repentis de cette organisation, retour du Proche-Orient, ressemblent assez à ceux de certains de ces grands voyageurs éblouis par les appels des premiers vols charters dans le début des années 70, revenant floués, vidés, en jurant qu'on ne les y remprendrait plus. Ou de ceux qui partaient pour "tout plaquer" dans ces années-là, et que l'on voyait rentrer en France deux ou trois ans plus tard, à petit pas, pour habiter chez leurs parents.

Le produit-rébellion vous a de ces constantes.
Utilisateur anonyme
17 janvier 2016, 11:55   Re : Dispute ?
Oui Francis, et c'est même mieux que NF puisqu'on vous fourni en prime une identité (Djihadiste) et une communauté avec la panoplie et l'imagerie virile qui vont avec. Avec Daech, vous devenez un vrai mâle et vous fichez la trouille à la planète entière en un tournemain ! Le rêve.
17 janvier 2016, 18:42   Re : Dispute ?
Il y avait dans le XXe siècle, les fameux "voyages au bout du monde", qui sont désormais impossibles (l'humanité, du Congo à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, habite son smart phone et n'en sort plus, et c'est peu dire, à cet égard, que le monde est partout pareil); ces voyages sans retour programmé avaient pour fonction l'abolition subjective du monde connu, trop connu, familier et les "sociétés bloquées" d'Occident. Partir pour abolir l'existant, comme le petit enfant enfermé dans sa subjectivité qui ferme les yeux très fort et vous déclare que vous ne le voyez plus.

Voilà remplacés ces "voyages au bout du monde" par des "voyages de fin du monde" où l'abolition subjective s'arrime à une apocalyptique. Il y a 600 Françaises parties en Syrie, ai-je lu aujourd'hui. Six cents femmes (certaines avec leurs enfants) et jeunes filles qui ont choisi de "tout plaquer", de sortir du monde dans un bain de sang, de se retirer du monde en le supprimant, avec la foi du bambin convaincu qu'en fermant les paupières, il se soustrait au monde et que cette soustraction de soi dans le monde soustraira le monde à lui-même : ces femmes vont au suicide assurées, non pas d'un paradis offert en récompense, mais qu'en se supprimant et en ôtant des vies autour d'elles, le monde tel qu'on le connaît s'abolira.

Cette forme d'irrationalité est étrangère au nihilisme : elle repose sur une foi perverse, une insondable subjectivité naïve et meurtrière. Elle constitue un mal inanalysable avec les moyens classiques de la raison (et du maxisme-léninisme ou du platonisme comme le voudrait Badiou)

Il n'y a guère à épiloguer sur les conditions matérielles de son apparition et ses causes circonstancielles ou historiques.

2015 aura été l'année de l'épidémie d'ebola et des ravages du mal djihadiste. La recherche des causes profondes, des origines du virus ebola, n'apporte a peu près rien comme arme dans le combat contre la maladie. Peu importe que le réservoir biologique du virus ou les causes de sa rupture et de la propagation virale qui en a suivi aient été tels ou tels : ce qui compte c'est la lutte pied à pied contre le mal jusqu'à l'éradication. La recherche savante et historiographique sur les facteurs qui ont entraîné le déclenchement du foyer épidémique doit se faire dans un second temps, une fois le mal terrassé.

Même chose pour l'E.I. et le djihadisme.
Utilisateur anonyme
17 janvier 2016, 21:07   Re : Dispute ?
Cette forme d'irrationalité est étrangère au nihilisme : elle repose sur une foi perverse, une insondable subjectivité naïve et meurtrière. Elle constitue un mal inanalysable avec les moyens classiques de la raison (et du maxisme-léninisme ou du platonisme comme le voudrait Badiou)

Il n'y a guère à épiloguer sur les conditions matérielles de son apparition et ses causes circonstancielles ou historiques.
////////////////


une insondable subjectivité

Oui.

Le problème vient que nous (ni vous ni moi) les créditons de ce que nous regardons comme les attributs fondamentaux du SUJET : la conscience de soi, la transparence à soi-même ; l'intelligence, la capacité de calculer, d'adapter des moyens à une fin ; et enfin la volonté, la faculté de prendre des décisions, de faire des choix. Et ces gens ne nous sont intelligibles que dans la mesure où nous parvenons à les réduire à l'état de sujet.

Pourtant la notion de sujet est, depuis Marx, Nietzsche et Freud, entrée dans une crise irréversible. Mais nous continuons de l'appliquer...
18 janvier 2016, 00:44   Re : Dispute ?
Que diriez-vous de la synthèse que pourrait faire un troisième intervenant à partir des messages de Francis et Pascal, ainsi formulée : si les djihadistes - en particulier ceux qui font le voyage - ne sont pas des sujets, ce sont des virus.

D'autres occasions historiques se sont-elles présentées où tels ou tels membres de l'espèce humaine ont été considérés, non pas comme des sujets, mais des virus ?
18 janvier 2016, 03:26   Re : Dispute ?
Pourtant, dans ses formes, dans ses modes de propagation, le djihadisme est bien viral n'est-ce pas ?

On néglige trop souvent l'enseignement des cartes de géographie politique. Jetez un oeil sur celle du territoire de l'Etat islamique. Qu'observez-vous ? Que cet "Etat" n'existe que dans les voies et couloirs de communication terrestre et fluviale entre deux pays. Pardonnez ces images empruntées à la physiologie, qui semblent venir de manière récurrente sous la plume quand il s'agit de ce mal : ce que vous avez sous les yeux n'est pas un territoire mais un réseau qui évoque irrésistiblement celui des voies lymphatiques qu'empruntent le virus responsables des cancers, ou sinon un virus déterminé du moins les cellules qui par ce mal sont contaminées et voyagent ainsi pour en contaminer d'autres et créer des métastases.

Cette image n'est pas seulement une image (facile et courante dans le journalisme politique, celle de l'ennemi présenté comme un cancer), elle décrit fidèlement l'état de ce territoire, elle en explique à la fois la carte et le fonctionnement.

Le cancer est encore, en 2015, une apocalypse de l'organisme, et l'action apocalyptique des djihadistes paraît en épouser le modèle.
18 janvier 2016, 11:12   Re : Dispute ?
Badiou applique une grille de lecture, un "décryptage" résolument vingtiémiste sur un phénomène qui vient de plus loin que "le capitalisme", "le nihilisme", le "fascisme" et le "désir d'Occident". Le désir de Badiou d'animer une matrice de concepts très modernes, très tardifs sur un programme politique d'expansion couché il y a quatorze siècle est pathétique.

''La firme Al-qaïda ou Daech n'existe pas. Ils vendent leur pétrole, quand ils le peuvent, toujours sans marque, clandestinement. Ces pirates, esclavagistes, commercialisent des produits dont aucun ne porte l'estampille de leur nom. En ce sens, si Daech est némésis des Etats modernes, ce n'est certainement pas comme Microsoft, Apple ou Volkswagen, firmes portées par leurs produits, qui n'existent que comme véhicule et organe stratégique d'une expansion du commerce de leur marque respective, de leurs produits-projections.

Les produits commercialisés par Daech ne servent aucunement à son expansion, à la popularisation de son programme politique, ils ne servent non plus aucun processus d'identification à ses symboles, à sa "marque".

La rapine mafieuse, la contrebande, le trafic d'oeuvres d'art pratiqués par l'Etat islamique s'apparentent bien moins aux pratiques des grandes firmes capitalistes les plus dévastatrices (Coca-cola, Texaco, etc.) qu'à celles des régimes totalitaires du XXe siècle qui agissaient avec pour devise et justification : "on fait pas d'omelette sans casser des oeufs". Le stalinisme, le maoïsme, le communisme ont rapiné, pillé, bien à la manière de l'Etat islamique, pour Staline, par exemple, l'or de l'Etat espagnol pendant la guerre d'Espagne, pour Mao, les trésors des musées chinois pendant la guerre civile, pour Pol Pot les temples d'Angkor, pour se payer des munitions, tout à fait à la manière de l'Etat islamique les ruines de Palmyre. ''


Je suis entièrement d'accord.
18 janvier 2016, 11:51   Re : Dispute ?
Badiou est aussi follement antiaméricain que Daesh. Mais comme, en tant que communiste incurable, il ne descend pas de Staline mais de Mao, cela le préserve d'une fin aussi pathétique que celle d'un Garaudy. Garaudy qui, en bon illuminé, avait très bien perçu la double-identité Staline-Mahomet (si Al-Bagdadi réussit, il viendra compléter cette identité). Aujourd'hui il applaudirait à tout rompre au succès commercial de l'EI. Badiou, qui n'a jamais été un dissident, qui n'a jamais été excommunié de rien, est plus raisonnable, ses sorties sont cinglantes mais il fait partie du système, qui tolère très bien son impertinence calculée depuis des décennies, le place au sommet de la pyramide académique et le rémunère grassement.
Il est possible que cette dispute se termine comme une bien plus ancienne sur ce forum, où un intervenant qui paraissait sous le pseudonyme de Nagasakhières et à qui un autre demandait si, en fin de compte, il croyait que Mahomet était l’Antéchrist, répondait par l’affirmative.

C’est toujours ce qui m’échappe avec l’eschatologie. La où il faudrait se réjouir des succès du chaos comme prélude nécessaire à toute « fin des temps », on voudrait tout faire pour s’en prémunir. Si la parousie doit survenir après le règne de l’Antéchrist et que l’Antéchrist commence à se manifester il y a quatorze siècles – à la différence de ces vieilleries conceptuelles issues de la première révolution industrielle – alors en vertu de quoi combattre le triomphe inéluctable et nécessaire du mal ?

La seule raison qui infirme l’explication marxiste, c’est la croyance en Dieu, et non pas que cette explication serait une vieillerie. On lui reproche d’être née de la dernière pluie, mais c’était une pluie d’électricité que l’humanité n’avait jamais eue à sa disposition et qui nous mènerait là où nous en sommes. Si, de pensées nées en même temps que ce monde totalement inédit où nous sommes entrés au milieu du XIXè siècle et qui, par conséquent, n’ont qu'à peine commencé à réfléchir, on assure qu’elles n’ont déjà plus rien à dire, signifierait qu’en définitive, non seulement nous n’avons pas pénétré dans un monde totalement inédit mais il faut s’adresser à la lutte des eschatologies les plus anciennes pour comprendre ce qui a lieu. On y croit ou on n’y croit pas

Badiou, m’a-t-il semblé, pronostique une évolution du capitalisme mondialisé qui conduirait d’énormes « firmes » à n’avoir pour partenaires des échanges que des bandes de mafieux déterritorialisés plutôt que des Etats. Il ne dit pas que c’est déjà le cas, il dit que c’est la direction que peuvent prendre les choses. Je ne vois pas en quoi cette hypothèse, tout comme celles qui pronostiqueraient la victoire du transhumanisme, serait absolument dénuée de sens, du point de vue de la raison. En réalité, elle n’est dénuée de sens que du point de vue de la croyance ou de la non-croyance en Dieu.

Quant aux virus, s’ils on les fait servir d’analogie pour comprendre le sens et l’installation des gens du khalifat le long des fleuves, on peut en faire autant pour l’espèce humaine tout court, celle-ci s’étant toujours établie de préférence non loin des cours d’eau.

Il ferait beau voir que l’événement qui, en définitive, restera de 2015, soit la découverte d’un « virus géant » extirpé au permafrost sibérien en septembre dernier par des chercheurs et qui a été par eux « remis en marche » après des millénaires et des millénaires de congélation. Il a été déclaré inoffensif. A force, vous allez voir qu’ils vont finir par redonner vie à un virus qui se comporte comme un être humain ! Guai a noi !
19 janvier 2016, 03:50   Re : Dispute ?
Le Voyageur assujetti et dé-sujetti :

Aux voyages aux confins du monde du XXe siècle, et tout particulièrement aux confins du monde pour tous dans son dernier quart, se sont substitués les voyages à la fin du monde pour tous dans ce début de XXIe siècle.

Dans l'un et l'autre cas, il y avait, il y a abolition magique du monde par abolition du sujet : le partant pour les confins du monde abolissait son monde familier (le dépaysement) pour, au travers de son périple dans l'espace s'absorber, s'abolir dans les choses vues auxquelles il ne livrait rien de lui-même, s'y faisant "témoin" transparent; cependant que le partant d'aujourd'hui pour la fin du monde part mêmement s'abolir en tant que sujet, se fondre et disparaître dans l'espoir que, au travers d'effusions de sang, le vieux monde disparaisse avec lui, dans le propre sang du sujet immolé, que le dépaysement dans cette projection-remontée du temps absorbe l'absolue totalité du monde.

Comment faire pour que le sujet ne soit plus ? Le dé-sujettir en le dissolvant dans le voyage dans l'espace, comme naguère, ou bien, comme aujourd'hui, l'assujettir à un temps autre (celui du 7ème siècle) afin que de cette manière ou de celle-là le monde (une part de lui par le dépaysement spatial; sa totalité par le dépaysement temporel) s'évanouisse avec le sujet, s'abolisse avec la possibilité même d'un sujet.
19 janvier 2016, 04:19   Re : Dispute ?
Si, de pensées nées en même temps que ce monde totalement inédit où nous sommes entrés au milieu du XIXè siècle et qui, par conséquent, n’ont qu'à peine commencé à réfléchir, on assure qu’elles n’ont déjà plus rien à dire, signifierait qu’en définitive, non seulement nous n’avons pas pénétré dans un monde totalement inédit mais il faut s’adresser à la lutte des eschatologies les plus anciennes pour comprendre ce qui a lieu.

Deux manières d'envisager l'histoire de l'humanité s'affrontent : la vision occidentale universaliste (Badiou et le marxisme) et la vision universaliste-théologique. Comment savoir quelle est la bonne, celle qui rendra compte de ce que nous vivons?

Je propose le test suivant : ce que nous vivons en 2015 est-il la conséquence directe (qui se ferait en vertu de ce que Ricoeur nommait "continuum génératif") de l'histoire des XIXe et XXe siècle dominée par l'énergie occidentale et le processus d'occidentalisation du monde ? La réponse doit être catégorique : c'est non. L'Etat du monde, l'action des djihadistes de l'E.I. ne sont point motivés par l'action de l'Occident dans les deux siècles qui ont précédé. L'EI s'établit en Afrique où ses agents et associés tuent des Africains, il tue des Indiens en Inde, des Asiatiques en Asie du Sud-Est, et ces actes n'entrent dans aucune dynamique (action-réaction) avec ceux de l'Occident dominant le monde ou lancé dans une entreprise de domination du monde entre 1850 et 1960. Il y a donc eu rupture de la dynamique "histoire occidentale universaliste" et les causes de ce que nous vivons sont à rechercher, à faire l'objet d'une enquête, dans les mobiles proclamés des acteurs actuels : l'établissement positif (et non réactif, vis à vis de l'Occident) de la Charia, et d'un califat universel. Soit un programme qui, très objectivement, remonte à bien plus loin que les XIXe et XXe siècles occidentaux.

Ce programme eschatologique-apocalyptique enjambe l'histoire occidentale-universelle des deux siècles précédents, et même des cinq précédents, quand cette histoire progressait dans un "continuum génératif" (je me suis attaché il y a quelques mois à rapporter ici comment Arnold Toynbee avait démontré que toute l'histoire du monde entre 1495 et 1950 avait été un long et lent élargissement spatial des dynamiques conflictuelles intra-Occident au sens large, comprenant la Russie). L'islamisme est un projet politique positif et autonome qui se réclame de plus loin que le processus "continuum génératif" susdit et il faut faire appel à des outils nouveaux (mais anciens par la force des choses !) pour interpréter ses oeuvres. L'eschatologie est un appel du futur ; dans son régime les forces historiques agissantes ont leur foyer dans le futur, ce qui rompt le continuum génératif, celui "du fil en aiguille" qui a son foyer dans le passé.

D'autre part, il n'est pas exclu (et là nous quittons la théologie pour revenir dans l'historiographie) que le rythme sur lequel s'exercent les forces eschatologiques soit lui-même cyclique, pendulaire, historié. C'est ma thèse personnelle.

Il se trouve par ailleurs que l'empreinte eschatologique dans le communisme fut indéniable et nous aide, par l'établissementt de parallèles formels, à avancer dans l'identification du djihadisme comme apocalyptique.

En résumé, les prophéties eschatologiques se font écho d'un pic à l'autre de l'histoire : l'appel du futur qui émane de l'eschaton, et dont on mesure la force agissante aujourd'hui dans le monde en voie d'islamisation, répond aux prophéties anciennes, et ce dialogue, ce pont dans la temporalité, enjambe bien cinq siècles au moins d'histoire occidentale-universelle continue.
Utilisateur anonyme
19 janvier 2016, 11:58   Re : Dispute ?
Dans l'un et l'autre cas, il y avait, il y a abolition magique du monde par abolition du sujet
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J'en reviens à cette problématique du SUJET. Car c'est bien le sujet qui pose problème, et c'est de lui que d'aucuns veulent se débarrasser.

L'acte terroriste à évidemment pour fonction de donner un sens à une existence qui n'en a pas. En allant vite on pourrait dire que, comme les héros de "La Nausée" (Sartre) ou du "Pavillon d'Or" (Mishima), le Djihadiste expérimente sa contingence.
Cette confession ("Pavillon d'or", p. 201) pourrrait nous éclairer : "Ma vie, à moi, (...) n'offrait aucune sérieuse possibilité de symbole (...). C'était précisément cela, ce sentiment d'être une individualité particulière, qui dépouillait ma vie de toute charge de symbole (...). Oui, c'est étrange : je ne me sentais même pas de solidarité avec le néant."

Par ailleurs, l'acte terroriste à une fonction de transgression qui dénonce par elle seule l'ordre du monde et introduit la brisure de l'Evénement dans le monde : du crime, le héros sartrien dit : "qu'il s'emparerait de moi, bouleverserait ma laideur trop humaine... un crime, ça coupe en deux la vie de celui qui le commet" (p. 93).
Utilisateur anonyme
19 janvier 2016, 15:45   Re : Dispute ?
. L'eschatologie est un appel du futur ; dans son régime les forces historiques agissantes ont leur foyer dans le futur, ce qui rompt le continuum génératif, celui "du fil en aiguille" qui a son foyer dans le passé.



Le progressime-droit-de-l'hommiste occidental est également un appel du futur, et en un certain sens tout aussi radical que "l'appel du futur qui émane de l'eschaton" islamique.

Sa légitimation par le futur remplaçant la légitimation par l'immémorial, le progressisme autorise tous les déracinements et toutes les "émancipations" vis-à-vis de l'appartenance prise en son origine. Ainsi, l'histoire progressant vers la réalisation d'un plan final, son fondement véritable est dans l'avenir : l'avenir est donc sa dimension privilégiée parce qu'elle est la dimension même du désassujettissement. Le futur, plus "rationnel", est toujours meilleur parce que voué à corriger le passé, toute nouveauté devenant dès lors intrinsèquement porteuse de valeurs (Gilbert Durand décrit la raison comme "le plus homicide des monothéismes").

C'est donc à une COURSE VERS LE FUTUR davantage qu'à l'affrontement de deux visions du monde, que nous assistons ici - qui touchera au but le premier ?
19 janvier 2016, 16:30   Re : Dispute ?
''Badiou, m’a-t-il semblé, pronostique une évolution du capitalisme mondialisé qui conduirait d’énormes « firmes » à n’avoir pour partenaires des échanges que des bandes de mafieux déterritorialisés plutôt que des Etats. Il ne dit pas que c’est déjà le cas, il dit que c’est la direction que peuvent prendre les choses.''
Il me semble que ce n'est pas incompatible avec les thèses de Francis ou de Pascal Mavrakis.
(voilà que je fais mon Hollande à présent...)
21 janvier 2016, 07:02   Re : Dispute ?
C'est donc à une COURSE VERS LE FUTUR davantage qu'à l'affrontement de deux visions du monde, que nous assistons ici - qui touchera au but le premier ?

J'avais écrit un commentaire détaillé de cette proposition de Pascal, qui a disparu de l'écran sans laisser de trace nulle part.

Etant incapable de le restituer in extenso (j'écris toujours au fil de la plume dans ce forum), je ne peux que tenter de le résumer : il y a un autre projet d'apparence concurrent à celui du Califat par sa transhistoricité et sa prétention universaliste, et qui partage avec lui bien des traits, c'est celui de l'Union européenne. L'UE s'est instituée au moment de la clôture du second millénaire chrétien -- qui est un jalon dans l'eschatologie chrétienne --, l'intégration du berceau de la civilisation européenne, soit la Grèce, ayant été opérée de manière présentée comme symbolique (soit très irrationnelle à l'aune des considérations économiques comme l'avenir devait le montrer) à ce moment charnière de la fin du second millénaire de l'ère chrétienne. La monnaie unique européenne a été créée dans la première année du troisième millénaire. Comme le Califat universel, l'Union européenne est indifférente et non-discriminante à l'égard des peuples qui la composent, comme elle en a fait la démonstration en faisant fi de leur volonté d'interrompre le processus d'intégration qui s'opposait au projet de constitution européenne. Cette organisation faîtière regroupe un tutti-frutti de peuples dont les histoires nationales et particulières sont rejetées au second plan, comme le fait l'Etat Islamique des individus et groupes ethniques qu'il embrasse (les 80 nationalités de ses troupes, etc.)

L'irrévocabilité subjective de ce processus, son caractère destinal et appelé lui confèrent outre une dimension transhistorique et théologique, celle d'une métahistoire universelle comme peut l'être le Califat appelé dans et par l'apocalyptique islamique.

Il y a opposition de phase chronologique (et pourrait on dire "quantique", ou de spin) entre ce processus d'intégration de l'Europe et de refondation de l'Occident d'une part et le processus de constitution et d'expansion de l'E.I d'autre part. Ces deux processus sont très contemporains mais leur opposition de phase (l'un est fort quand l'autre est faible) s'explique par la périodicité pentaséculaire de ces machines eschatologiques : l'UE se crée en phase 4x500 ans de l'ère chrétienne (intégration du berceau historique et monnaie unique instituée dans la première année du 3ème millenaire) cependant que la création du Califat universel s'opère au moment 3X500 de l'Hégire. Il en découle un curieux phénomène d'arbitrage : c'est au moment précis où une crise politique et économique (et de confiance) sans précédent se déclenche en Europe avec le dilemme grec auquel s'ajoute la possibilité d'un Brexit que l'autre machine eschatologique, l'E.I. au Proche-Orient, connaît son essor, affirme sa force et son plan universaliste. Et du reste, n'est-il pas vrai que l'E.I. puise des forces dans la désertion, le départ, d'une partie de la jeunesse qui en Europe se détourne du projet de l'UE, ou n'y a tout bonnement jamais adhéré ?

Le corrolaire à cela est que l'UE (dans une dynamique très yin-yang, à vrai dire) se trouve en retour affaiblie par une "crise des réfugiés" elle-même causée par les progrès des offensives de l'E.I. dans cette région, eux-mêmes causés au moins en partie et au moins indirectement par la faillite de l'entreprise UE et la désertion, le rejet de ses idéaux théologico-humaniste de la part d'une partie importante de sa jeunesse se mettant en sympathie avec l'E.I.

Comme si le plan théologico-politique ne souffrait pas la dualité : il est l'unicité, et toute concurrence est exclue entre deux régimes universalistes appelés par le futur --- les reculs ou les faiblesses, les faillites de l'un se répercutent et se transmuent en force chez l'autre.

Il n'y a pas de "course vers le futur", en ce sens mais plutôt une tentative faible et échouée (l'UE) d'avènement d'une post-histoire eschatologique chrétienne (ou post-chrétienne ou "chrétienne devenue folle") qui dans et par son échec et son caractère vélléitaire alimente directement --- départ d'une certaine jeunesse désenchantée vers la Syrie; pompage passif-agressif, celui des politiques merkeliennes, de "réfugiés-déserteurs" du Proche-Orient qui laisse le champ libre à l'E.I.) --- un projet apocalyptique musulman quand l'un et l'autre ne se distinguent que dans le contraste de leur force et faiblesse respectives, et que cette inégalité de puissance ne s'explique non point par une différence de nature mais par une opposition des moments pentaséculaires entre ces deux dispositifs. L'un doit céder devant l'autre : lors de la dernière en date de ces configurations, (soit Occident 3x500 au déclenchement des Temps modernes et civilisation musulmane en 2X500), c'est l'Occident qui avait triomphé; on peut craindre que dans l'actuelle configuration, ce soit la civilisation musulmane, si l'Occident ne se réveille pas à temps.

Je rappelle que la logique des retours chilliastiques entre fondations et refondations millénaires situe l'apogée de la force dans les chilliasmes aux points chronologiques [(n+1)500 années] avec n entier pair. Et que c'est sur cette loi physique du millénarisme que se fonde la dynamique eschatologique à laquelle on assiste, soit ce jeu de compensation-arbitrage entre eschatologie (post-)chrétienne et eschatologie apocalyptique musulmane.

Donc, et pour que les choses soient claires et explicites une fois pour toutes, s'agissant de l'Occident (calendrier grégorien):

Force : Fondation ; 1 x 500 ans (Conciles, baptême de Clovis, etc.); 3 x 500 ans (Reconquista, Temps Modernes)
Faiblesse : Tentative vélléitaire de refondation et expansion à 2 x 500 ans (échecs des Croisades); 4 x 500 ans (Echec de l'UE)

S'agissant de l'Islam (calendrier de l'Hegire):

Force : Fondation; 1 x 500 ans (expansion des Seldjoukides, âge d'Or de l'islam, avancée de l'islam vers l'Inde); 3 x 500 (islamisation du monde, fondation d'un califat agressif, l'E.I.)
Faiblesse : 2x500 ans (échec devant Vienne, reflux et division de l'islam devant l'Occident);

Rectifié, au 5ème paragraphe : "progrès des offensives de l'EI".
Utilisateur anonyme
21 janvier 2016, 14:22   Re : Dispute ?
SIl n'y a pas de "course vers le futur", en ce sens mais plutôt une tentative faible et échouée (l'UE) d'avènement d'une post-histoire eschatologique chrétienne (ou post-chrétienne ou "chrétienne devenue folle") qui dans et par son échec et son caractère vélléitaire alimente directement — départ d'une certaine jeunesse désenchantée vers la Syrie; pompage passif-agressif, celui des politiques merkeliennes, de "réfugiés-déserteurs" du Proche-Orient qui laisse le champ libre à l'E.I.) — un projet apocalyptique musulman quand l'un et l'autre ne se distinguent que dans le contraste de leur force et faiblesse respectives, et que cette inégalité de puissance ne s'explique non point par une différence de nature mais par une opposition des moments pentaséculaires entre ces deux dispositifs. L'un doit céder devant l'autre : lors de la dernière en date de ces configurations, (soit Occident 3x500 au déclenchement des Temps modernes et civilisation musulmane en 2X500), c'est l'Occident qui avait triomphé; on peut craindre que dans l'actuelle configuration, ce soit la civilisation musulmane, si l'Occident ne se réveille pas à temps.

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Passionnant, Francis.


J'ajoute qu'une des erreurs majeures de l'Europe déchristianisée (UE), outre le fait de n'être plus qu'un espace commercial (sorte de supranationalité économique dont rêvent les technocrates de Bruxelles) un producteur de moraline et un hôtel pour "migrants", est d'avoir cru que la politique en tant que telle était une chose mauvaise, qu'il fallait trouver autre chose, afin que les peuples puissent communiquer entre eux et établir des rapports paisibles.
Les Européens se sont donc mis à croire que le Mal pouvait disparaître, qu'il était possible d'enlever à l'existence son caractère tragique. C'est pourquoi ils veulent supprimer le politique et, du même coup, mettre fin à l'histoire. Comme si l'Europe (UE) s'était constituée pour sortir de l'histoire...

J'ai toujours pensé que l'Europe ne peut (n'aurait pu) se faire que selon un modèle fédéral, mais un modèle fédéral porteur d'une idée, d'un projet, d'un principe, c.a.d. en dernière analyse selon un modèle impérial. Un tel modèle permettrait re-rentrer dans l'histoire et de repenser, à la lumière des flux migratoires présents et à venir, toute la problématique des rapports entre Nous et les Autres, entre citoyenneté et nationalité, etc. Mais nous ne voyons poindre aujourd'hui nulle part une telle idée. Elle n'est pour l'instant qu'une idée qui n'a pas encore trouvé sa forme.

Nous éradiquerons sûrement Daech - physiquement s'entend, mais "l'idée-force Daech" n'en sera pas morte pour autant, toujours prête à fasciner les esprits, à refleurir n'importe où.

Finalement, je me verrais bien être le "citoyen d'une idée".

"L'idée seule doit représenter la patrie (...). Ce n'est pas le fait d'appartenir à une même terre, de parler une même langue ou d'être du même sang qui doit unir ou diviser, mais le fait d'être ou de ne pas être rallié à la même idée."

Julius EVOLA, Les hommes au milieu des ruines, p. 41.
21 janvier 2016, 15:27   Re : Dispute ?
Certainement Pascal. Je voudrais cependant ajouter une précision : ce principe d'unicité de l'eschatologie entre ces deux civilisations est tel que la dynamique de leurs forces exclut la concurrence entendue dans le sens où, par exemple, le communisme et le capitalisme libéral étaient entrés en concurrence au moment historique -- le milieu du XXe siècle, la Guerre Froide -- où tous deux avaient atteint leur apogée. La concurrence fait rage quand la force affronte la force, ce qui n'est pas le cas de la dynamique de complémentarité et substitution de forces, subtilisation pourrait-on dire, entre ces projets eschatologiques de l'UE et de l'E.I. mutuellement exclusifs : il n'y a pas entre eux "rivalité mimétique" comme entre le communisme et le camp atlantiste du temps de la Guerre froide qui s'incarna par exemple par la conquête de l'espace (l'un envoie Gagarine en orbite, l'autre, aussitôt, pour lui damer le pion, envisage de déposer un homme sur la surface de la lune, etc.). Il n'y a pas potlatch entre Occident et Islam, comme il y eut entre ces deux là (communisme et libéralisme) qui, au fond appartenaient tous deux à un même camp, celui de l'Occident, pour le dire vite.

Il n'y a ni concurrence, ni rivalité mimétique (l'Occident n'envie pas l'Islam qui le lui rend bien, et contrairement à ce qu'affirme Badiou qui se fourvoye, il n'y a par conséquent aucun désir d'Occident chez les islamistes qui nous méprisent copieusement).

Dès lors qu'il n'y a pas et ne peut y avoir -- pour les raisons que je viens d'exposer et qui relèvent d'une (chrono-)logique de chilliasme -- concommitance des apogées, il y a effacement de l'une des deux forces quand l'autre augmente. Et c'est ce théorème de non-concurrence par non-concommitance (déphasage) des forces opposées, qui seul peut rendre compte du "suicide assumé" de l'Europe face à la montée de l'islam dans son espace et dans le monde en général. Cette dynamique d'effacement devant l'unicité de l'eschaton peut seule expliquer ce désir de ne pas combattre, et de ne pas reconnaître l'ennemi, tel qu'on le constate aujourd'hui en France après le désastre du 13 novembre. Cette absence de mordant face à la menace islamique chez les populations et la classe politique et l'intelligentsia en général ne peut s'expliquer autrement.

Les factions bélligérantes de la guerre civile ("guerre des religions") qui en France ont ensanglanté la capitale (Saint-Barthélémy au XVIe siècle -- et il semble bien que Paris en temps de paix ne fut jamais aussi gravement ensanglanté jusqu'à ce 13 novembre 2015) se dressaient dans une haine où la passion mimétique jouait à plein, cependant que tel n'est pas le cas aujourd'hui entre nous et l'islam. La "haine" est officiellement proscrite en Europe contre ce qui pourtant constitue bien le plus grand danger depuis cinq siècles au moins ("Vous n'aurez pas ma haine" déclarait un des proches d'une victime de la tuerie du 13 novembre, et le journal Libération, voix de son maître s'il en est, d'en faire sa une). Alors pourquoi ? Pourquoi cet absurde consentement à ne pas haïr, à s'effacer devant une force qui menace de nous annihiler ? sinon que si l'on hait ordinairement son rival historique, son ennemi héréditaire, son même, on ne saurait haïr l'Unique absolu, le sans pareil, le non-dual, dont l'appel vers l'Etre et l'Esprit ne peut être que sans concurrence, et qui plus est quand cet appel se fait manifeste dans une phase de l'histoire où se dévoilent nos faiblesses. Et la force de l'ennemi de se nourrir alors du carré de notre faiblesse et de notre zèle à lui offrir la victoire sur un plateau, de notre passion à nous montrer faible quand lui fait la démonstation de sa force et de son assurance, celle, suprême et unique, que c'est bien lui que le futur a choisi comme instrument du Divin.
Utilisateur anonyme
21 janvier 2016, 17:10   Re : Dispute ?
une haine où la passion mimétique jouait à plein, cependant que tel n'est pas le cas aujourd'hui entre nous et l'islam. La "haine" est officiellement proscrite en Europe contre ce qui pourtant constitue bien le plus grand danger depuis cinq siècles au moins ("Vous n'aurez pas ma haine"

Je dirai que notre façon de "résister", aujourd'hui, qui est notre manière de faire face au réel, c'est de REFUSER DE VOIR l'imminence de la catastrophe (que voyaient très clairement les sociétés archaïques). Et c'est par crainte de voir l'ennemi, le mal, la mort, qu'on a renoncé au "paiement en espèces", à la vengeance, à cette '"action décisive" dont Clausewitz faisait la vérité ultime de la guerre.


NB : Clausewitz, dont René Girard écrit qu'"il veut un victoire glorieuse", qu'"il est trop mimétique, trop plein de ressentiment pour chercher à éviter l'affrontement. Il veut la montée aux extrêmes, beaucoup plus que la guerre offensive." In Achever Clausewitz.
Utilisateur anonyme
21 janvier 2016, 17:26   Re : Dispute ?
il n'y a pas entre eux "rivalité mimétique"
////////////////

Très intéressant. J'y avais vu (un peu trop rapidement) une rivalité mimétique, une hostilité grandissante, une montée aux extrêmes, un processus par lequel tous allaient s'imiter de plus en plus, chacun ignorant tout de ce processus.

Bref, face à Daech nous ne sommes même pas foutus d'être un peu mimétiques... (R. Girard ne nous est plus d'aucun secours.)
21 janvier 2016, 17:45   Re : Dispute ?
Cher Francis, avec toute l'admiration et l'approbation que suscite votre analyse visionnaire, j'aurais une petite réserve à faire. Vous écrivez : ''''Il n'y a ni concurrence, ni rivalité mimétique (l'Occident n'envie pas l'Islam qui le lui rend bien, et contrairement à ce qu'affirme Badiou qui se fourvoye, il n'y a par conséquent aucun désir d'Occident chez les islamistes qui nous méprisent copieusement).'' Et vous avez en grande partie raison. Toutefois, il me semble que chez nombre de ''jeunes'' tentés par le djihad, il y a aussi un désir d'occident déçu, mais pas à la façon dont l'entend Badiou. Je m'explique : Ce désir d'occident existe bien au départ mais sans la volonté de le combler à... l'occidentale, c'est-à-dire, non par la frime, la superbe, le roulement de mécaniques, mais par le succés mérité à la suite d'un apprentissage obscur, ingrat qui passe principalement dans notre pays par des années d'école et de travail personnel. Or l'éducation à la musulmane que le ''jeune'' reçoit de son milieu dès l'enfance, ne le prépare pas à cette démarche. Il répugne à faire ce long détour afin de prouver un mérite qui pour lui va de soi puisqu'il est musulman. De plus il ne veut pas pas encourir le risque de se voir supplanter dans l'épreuve par les sous hommes que sont à ses yeux les occidentaux mécréants. Il choisit donc de mépriser en vrac l'épreuve et la culture qui va avec. Un peu comme je le disais sur un autre fil s'agissant des héritiers soixante-huitards de la grande bourgeoisie qui ont méprisé la haute culture française à partir du moment où elle devenait accessible aux enfants de ses domestiques. Ces deux mépris se sont conjugués pour perdre la France. ''Tout tout de suite'' le fameux slogan de mai 68 a son équivalent dans la culture musulmane, héritière des prédateurs bédouins, qui n'avaient que dédain pour les sédentaires industrieux tout en convoitant des biens qu'ils étaient incapables de produire. Pour parler familièrement, le jeune musulman rêve d'occident à condition que l'occident lui tombe tout rôti dans la bouche. Ne pouvant admettre, par vanité typiquement islamique, qu'il n'est tout simplement pas à la hauteur, il ne peut être que déçu. Ce qu'il ne peut obtenir en faisant la preuve de son mérite il choisira alors de l'obtenir par les armes.
22 janvier 2016, 05:09   Re : Dispute ?
Sans doute Cassandre, mais il faut encore re-historier tout ça : dans son âge d'or, l'islam s'est contraint à apprendre, fut patient, appliqué. La bédoinerie n'est pas immuable, même si elle est originelle. Et les "intellectuels" musulmans ne manqueront pas d'opposer à vos spéculations leurs grands savants de cet âge d'or.

L'application, l'effort, vient après la conquête. L'islam du jour est dans la conquête, le sabrage et le mépris de l'existant. Quand cette phase aura suffisamment roulé, vous le verrez dérouler l'étude.

Notre règle d'or, celle des sportifs valeureux : ne jamais mépriser l'adversaire, ne pas imiter son erreur à notre égard.

Cette règle que l'Empereur lui-même dut apprendre à ses dépens, à Waterloo.

Je tâcherai de vous répondre de manière plus développée. Mais ce je vous dis là reste vrai.
22 janvier 2016, 11:46   Re : Dispute ?
Il me semble que qui se passe aujourd'hui rappelle exactement ce qui s'est passé dès les débuts de l'islam. Les musulmans bédouins ignares issus de sociétés ignares ont conquis par les armes des sociétés savantes et industrieuses, mais compte tenu de leur ignorance, justement, de leur petit nombre et de de leur culture tribale, ils étaient dans l'impossibilité de gouverner et d'administrer correctement les pays conquis. Il a donc fallu pour ce faire compter sur ceux-ci et les ménager en se montrant assez souple et tolérant concernant les règles islamiques. Cette période de ''laxisme'' a eu pour résultat de permettre à quelques personnalités, somme toute assez rares, certaines fraîchement converties par opportunisme, de se mettre, uniquement de leur propre chef, sans jamais l'aval, bien au contraire, des autorités religieuses islamiques, à l'école de la culture grecque antique et de briller dans certaines disciplines scientifiques et philosophiques. Cette situation a duré environ quatre siècles, durant lesquels l'islam s'est répandu, affirmé, consolidé jusqu'à ce qu'il se sentît enfin assez fort et sûr de lui pour prendre définitivement le dessus. A partir de là il a décidé que rien ne valant la lecture du Coran, toute autre culture était au pire néfaste, au mieux inutile. Le monde arabo-musulman s'est alors replié sur lui-même et a amorcé son déclin, déclin masqué tant que des dhimmis, aux noms arabisés, furent assez nombreux pour assurer encore quelque temps à ce monde un éclat qui s'éteignit définitivement quand la population fut devenue majoritairement musulmane. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui : les musulmans d'Europe ont feint de jouer le jeu des pays d'accueil tant qu'ils n'ont pas été en nombre suffisant, tant qu'ils ne se sont pas sentis assez forts, puis avec le nombre, ils ont relevé la tête et jeté le masque. La seule différence est qu'ils ont précédé, voire anticipé, le djihad guerrier par cette sorte de guerre d'usure qu'est la délinquance à l'encontre des ''roumis'', et lui ont préparé le terrain.

En fait, la grandeur de la civilisation musulmane est le plus grand bluff de l'histoire. Voir, à ce sujet, la conférence d'Ernest Renan à la Sorbonne en 1883. C'est lumineux.
23 janvier 2016, 14:10   Re : Dispute ?
«Les civilisations ne sont pas assassinées: elles se suicident»

Une tribune vient de paraître aujourd'hui sur le Figaro.fr, soit après nos échanges supra. Je reste toujours un peu sidéré par l'à-propos des coïncidences de ce type : ce petit texte, d'apparence sans prétention, au ton mesuré, récapitule et "enfonce le clou" de l'essentiel de mon propos dans cette discussion. L'auteur, un certain Claude Sicard, qui a publié deux ouvrages sur le conflit de civilisation entre l'Occident et le monde musulman, cite Toynbee comme je l'ai fait, en nous rappelant que les civilisations ne sont pas assassinées, mais qu'elles consentent à s'effacer. C'est ce que fait la nôtre qui, comme je l'ai écrit ,"s'applique à donner des forces à l'adversaire à la mesure du carré de ses faiblesses". L'Occident, en agissant de la sorte, par cet agent euthanasieur qu'est l'Union européenne, opère son suicide par l'islam.

L'auteur souligne en effet comment l'UE oeuvre activement à ce suicide, et par conséquent, indirectement (et aussi directement, en intimant aux nations d'Europe à abandonner leurs frontières nationales) au triomphe de l'Etat islamique:

Le problème de l'identité, pour tout individu, il faut en prendre conscience, est tout à fait fondamental, cette notion rejoignant ce que Platon en son temps avait appelé le thymos. On voit donc mal comment les musulmans qui viennents'implanter aujourd'hui en Europe renonceraient à leur identité : d'ailleurs, la Convention Européenne des Droits de l'Homme veille au grain: elle interdit aux pays membres de mener une quelconque politique qui viserait à s'opposer à ce que tous ces immigrés conservent leur culture. Une politique d'assimilation exigerait de la part d'un pays membre de la Convention Européenne des Droits de l'homme qui voudrait l'appliquer qu'il dénonce son adhésion à ce traité. Et l'on sait que le Conseil de l'Europe est extrêmement vigilant, ne manquant pas d'adresser en permanence aux pays membres des recommandations à cet effet.
De cette confrontation entre les deux civilisations sur un même territoire, le célèbre anthropologue Claude Levi Strauss nous dit qu'il en résultera, inévitablement, à terme, une nouvelle civilisation. C'est ainsi que meurent les civilisations. Face à cette triste perspective, nous pensons qu'il est bon de rappeler la pensée de ce brillant esprit du XXème siècle que fut Arnold Toynbee: «Les civilisations ne sont pas assassinées: elles se suicident».


C'est ici : [www.lefigaro.fr]
23 janvier 2016, 14:26   Re : Dispute ?
Chère Cassandre, je relis avec attention votre intervention du 21 courant à 11 h 46 et ne vois pas en quoi elle invalide le fond de mon propos. Le mépris, l'ignorance et le bluff sont le carburant de la conquête. Celui qui vous déclare : "je vaux mieux que vous" sans vous connaître, sans avoir pris cette peine, bien entendu "bluffe" de manière scandaleuse et éhontée. Mais j'ai envie de vous dire que le plus grand danger face à ce bluff, à cette agression par l'ignorance et l'impudence, est encore l'attitude de consolation intime que l'on est tenté d'adopter face à elle.

Que faut-il entendre par "consolation intime" ? celle de qui se berce de l'illusion que l'autre n'est qu'un barbare méprisable. Toutes les civilisations qui se sont perdues ou ont failli se perdre ont été victimes de cette maudite consolation intime du perdant qui se sait, souvent à juste titre, supérieur au barbare qui le soumet, viole ses femmes, pille ses greniers. Se savoir, intimement, supérieur à qui vous place en sujétion apporte une forme de réconfort qui "fait passer la pillule", qui huile le joug en lequel le barbare illétré, fanfaron, incapable d'ajuster deux pensées ensemble, parvient à vous tenir. Ainsi, dans ce bain de réconfort, le soumis collabore, en rêvassant qu'avec le temps, il parviendra à "civiliser" son barbare.

Je crois pouvoir dire que la plupart des grandes civilisations ont connu ce moment (l'Egypte, la Chine, etc.), et je crois déceler dans votre analyse que si l'Occident verse un jour, peut-être proche, dans ce travers, ce sera en écho (intériorisé) de points de vue tel que le vôtre sur le sujet du barbare qui nous est inférieur.
23 janvier 2016, 14:42   Re : Dispute ?
à Pascal qui écrit

Très intéressant. J'y avais vu (un peu trop rapidement) une rivalité mimétique, une hostilité grandissante, une montée aux extrêmes, un processus par lequel tous allaient s'imiter de plus en plus, chacun ignorant tout de ce processus.

Bref, face à Daech nous ne sommes même pas foutus d'être un peu mimétiques... (R. Girard ne nous est plus d'aucun secours.)


La rivalité mimétique se manifeste lorsque chaque rival se pique de faire ce que l'autre fait, ou tente de faire, en mieux et en plus grand. Ce fut bien le cas du communisme et du capitalisme libéral au siècle dernier, et pas seulement dans le domaine de la conquête spatiale. Ce fut le cas à vrai dire dans tous les domaines, économique, social et sociétal: ainsi le communisme, tant en Urss qu'en Chine ou qu'à Cuba se targuait d'émanciper les femmes (le maoïsme en fit même un cheval de bataille), mieux et plus radicalement que les Etats-Unis, et mêmement de l'anti-racisme quand les deux grands du communismes se faisaient fort de promouvoir les minorités dans l'époque où les Etats-Unis connaissaient les affres des émeutes pour les droits civiques des populations de couleur, etc.

Tout ce que tentait de faire bien l'Occident capitaliste, le communisme le faisait, le ferait mieux et en plus grand, de la promotion des minorités ethniques par leur meilleure représentation au Parlement, au rendement de la production de blé chiffrée en quintaux à l'hectare.

Rien de cela entre l'occident et l'islam, qui n'ont pour tout trait commun que le dégoût et le mépris de l'autre. Si bien qu'il faille envisager le pire : que la grande bataille entre ces deux-là n'ait jamais lieu, que l'un s'effacera de dégoût et de répulsion devant l'autre sans même se salir à le combattre !
23 janvier 2016, 16:40   Re : Dispute ?
Cher Francis, mon message n'avait pas du tout pour but d'invalider votre thèse mais d'approcher le problème sous un autre angle.
Par ailleurs, je suis entièrement d'accord avec vous qu'il ne faut pas sous-estimer l'adversaire. C'est pourquoi j'ai mis en garde il y a des années contre le danger de cette religion que bien peu voulaient voir parce que, précisément, ilsla sous-estimaient. Mais il y a sous-estimation et sous-estimation. J'ai toujours pris au sérieux la capacité de nuisance des musulmans, leur machiavélisme, leur véritable génie d'user des faiblesses de l'adversaire ou de transformer sa force en faiblesse, leur connaissance prodigieuse de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus bas et la façon magistrale dont ils savent en jouer. Cela dit, je suis prête à maintenir la tête sur le billot que la civilisation arabo-musulmane est pour l'essentiel un bluff. Comme le démontre Renan, non dans un esprit polémique puisque à son époque l'islam n'était plus depuis belle lurette perçu par personne comme un danger : elle ne doit rien à l'islam et presque rien aux Arabes. Il serait trop long de développer. Je renvoie seulement à sa remarquable conférence.
Utilisateur anonyme
23 janvier 2016, 17:02   Renan mon amour
« Toute personne un peu instruite des choses de notre temps voit clairement l’infériorité actuelle des pays musulmans, la décadence des États gouvernés par l’islam, la nullité intellectuelle des races qui tiennent uniquement de cette religion leur culture et leur éducation. Tous ceux qui ont été en Orient ou en Afrique sont frappés de ce qu’a de fatalement borné l’esprit d’un vrai croyant, de cette espèce de cercle de fer qui entoure sa tête, la rend absolument fermée à la science ; incapable de rien apprendre ni de s’ouvrir à aucune idée nouvelle. À partir de son initiation religieuse, vers l’âge de dix ou douze ans l’enfant musulman, jusque-là quelquefois assez éveillé, devient tout à coup fanatique, plein d’une sotte fierté de posséder ce qu’il croit la vérité absolue, heureux comme d’un privilège de ce qui fait son infériorité. Ce fol orgueil est le vice radical du musulman. L’apparente simplicité de son culte lui inspire un mépris peu justifié pour les autres religions. Persuadé que Dieu donne la fortune et le pouvoir à qui bon lui semble, sans tenir compte de l’instruction ni du mérite personnel, le musulman a le plus profond mépris pour l’instruction, pour la science, pour tout ce qui constitue l’esprit européen. Ce pli inculqué par la foi musulmane est si fort que toutes les différences de race et de nationalité disparaissent par le fait de sa conversion à l’islam. Le Berbère, le Soudanien, le Circassien, l’Afghan, le Malais, l’Égyptien, le Nubien, devenus musulmans, ne sont plus des Berbères, des Soudaniens, des Égyptiens, etc., ce sont des musulmans. La Perse seule fait ici exception ; elle a su garder son génie propre, car la Perse a su prendre dans l’Islam une place à part ; elle est au fond bien plus chiite que musulmane. »

Ernest Renan, Journal des débats, 30 mars 1883
Utilisateur anonyme
23 janvier 2016, 17:21   Re : Renan mon amour
« Les libéraux qui défendent l’islam ne le connaissent pas. L’islam, c’est l’union indiscernable du spirituel et du temporel, c’est le règne d’un dogme, c’est la chaîne la plus lourde que l’humanité ait jamais portée. »

(id.)
23 janvier 2016, 17:35   Re : Renan mon amour
« Les libéraux qui défendent l’islam ne le connaissent pas. L’islam, c’est l’union indiscernable du spirituel et du temporel, c’est le règne d’un dogme, c’est la chaîne la plus lourde que l’humanité ait jamais portée. »

Les libéraux défendent l'Islam dont le programme économique est libéral. Les libéraux préfèrent un état Islamique libéral à un Poutine anti-libéral qui signe des accords de swap avec la Chine.
Pour un libéral, seul existe le marché, et encore, à condition que celui-ci passe par les bonnes chambres de compensation, histoire de bien rappeler qu'on peut toujours exiger des autres ce qu'on n'exige pas de soi-même.
23 janvier 2016, 18:17   Re : Renan mon amour
Cet extrait du ''journal des débats'' est un bon avant-goût de la fameuse conférence, laquelle, si je me souviens bien (j'ai un peu la flemme d'aller vérifier) tient en douze pages imprimées serrées en assez petits caractères. En revanche je me rappelle la phrase exacte par laquelle Renan résume son propos : ''Oui, la civilisation arabo-musulmane a été une grande civilisation, mais elle ne devait rien à l'islam et presque rien aux Arabes''.

En effet, cher Hergat, les libéraux se moquent pas mal de connaître l'islam. Ce qui les intéresse dans cette religion c'est qu'elle est résolument matérialiste d'autant que Mahomet avait épousé en premières noces une femme d'affaire très riche des plus avisées, que lui-même a été un marchand zélé à son service et que rien dans le Coran ne condamne l'accumulation des richesses, au contraire puisque la récompense promise aux djihadistes sur terre est le butin pris aux vaincus.
Utilisateur anonyme
23 janvier 2016, 18:22   Re : Renan mon amour
Cet extrait est tiré de la conférence même, laquelle fut reprise dans le journal des débats.

On peut la trouver ici.

Je crois, Cassandre, que vous faites référence à ce passage :

« Cette science dite arabe, qu’a-t-elle d’arabe en réalité ? La langue, rien que la langue. La conquête musulmane avait porté la langue de l’Hedjaz jusqu’au bout du monde. Il arriva pour l’arabe ce qui est arrivé pour le latin, lequel est devenu, en Occident, l’expression de sentiments et de pensées qui n’avaient rien à faire avec le vieux Latium. Averroès, Avicenne, Albaténi sont des Arabes comme Albert le Grand, Roger Bacon, François Bacon, Spinoza sont des Latins. Il y a un aussi grand malentendu à mettre la science et la philosophie arabes au compte de l’Arabie qu’à mettre toute la littérature chrétienne latine, tous les scolastiques, toute la Renaissance, toute la science du seizième et en partie du dix-septième siècle au compte de la ville de Rome, parce que tout cela est écrit en latin.

« Ce qu’il y a de bien remarquable, en effet, c’est que, parmi les Philosophes et les savants dits arabes, il n’y en a guère qu’un seul, Alkindi, qui soit d’origine arabe, tous les autres sont des Persans, des Transoxiens, des Espagnols, des gens de Bokhara, de Samarkande, de Cordoue, de Séville. Non seulement, ce ne sont pas des Arabes de sang ; mais ils n’ont rien d’arabe d’esprit. Ils se servent de l’arabe ; mais ils en sont gênés, comme les penseurs du moyen âge sont gênés par le latin et le brisent à leur usage. L’arabe, qui se prête si bien à la poésie, est un instrument fort incommode pour la métaphysique. Les philosophes et les savants arabes sont en général d’assez mauvais écrivains. »
23 janvier 2016, 18:57   Re : Renan mon amour
que lui-même a été un marchand zélé à son service

Vous ne croyez pas si bien dire, chère Cassandre.

La formule que Maurice Gôdelier applique au maître des rites, est celle-ci:
- A mesure que la Croyance se détache de lui [le maître des rites], la Croyance des autres [la communauté] s'attache à lui.
Je vous laisse conclure.
Je n'ai pas envie de me retrouver avec une fatwa.
Utilisateur anonyme
23 janvier 2016, 19:27   Re : Dispute ?
Pascal Mavrakis (16 janv.) :
Il existe un petit livre lumineux de Éric Werner : « L’avant-guerre civile », dans lequel il explique comment les forces supranationales ont adopté la stratégie de la Tour de Babel. Une Tour maintenue intentionnellement en équilibre instable depuis la deuxième guerre mondiale.

L’immigration d’origine extra-européenne, en particulier, a été favorisée parce qu’elle créait une multiplicité de fractures permettant de paralyser toute velléité de révolte dans la population (le Français de souche perçoit l’immigré comme l’ennemi dans une logique ethnoraciale, donc il ne perçoit pas son maître comme son véritable ennemi, dans une logique de classe).
Le développement du communautarisme est une stratégie complémentaire, visant à préparer l’étape suivante : lorsqu’il n’y aura plus de majorité (les Blancs ayant cessé d’être majoritaires sur leur sol historique), le Pouvoir devra constamment jouer les minorités les unes contre les autres.



Cette analyse en effet lumineuse explique les petits renoncements aussi bien que les grandes trahisons et le mouvement de fond, autrement stupéfiant et incompréhensible.
C'est la raison fondamentale de l'acharnement de tous les pouvoirs contre le Front National (et les autres populismes), l'explication majeure de son échec électoral définitif : au-delà sans doute des oppositions idéologiques, morales, affectives et même économiques, le Front National suscite la haine pour des raisons essentiellement sociologiques, puisqu'il représente le mouvement qui fédère une large fraction des classes moyennes productives ethniquement blanches et culturellement européennes. Cette inadmissible homogénéité globale est le principal danger que le pouvoir veut neutraliser, détruire même, car elle est porteuse de toutes les résistances potentiellement efficientes, sur le plan idéologique comme sur le plan économique. Car en elle-même, l'idéologie politique et économique du Front National est pour le moins falote.
Mais qu'il existe un vague programme de limitation de l'économique ordonné par une société ( "homogène" serait ici un pléonasme) qui se veut telle, voilà l'inadmissible, car son avènement, même dans l'hypothèse d'une conservation du caractère hétérogène des populations (très probable), marquerait la fin de la confusion sociologique qui permet la très utile guerre civile impossible.
Utilisateur anonyme
23 janvier 2016, 19:39   Re : Dispute ?
, le Front National suscite la haine pour des raisons essentiellement sociologiques, puisqu'il représente le mouvement qui fédère une large fraction des classes moyennes productives ethniquement blanches et culturellement européennes. Cette inadmissible homogénéité globale est le principal danger que le pouvoir veut neutraliser, détruire même, car elle est porteuse de toutes les résistances potentiellement efficientes, sur le plan idéologique comme sur le plan économique.
//////

Vous rendez l'analyse de D. Werner encore plus lumineuse.
24 janvier 2016, 10:33   Re : Dispute ?
Chers Cassandre, Afchine,

Si l'on s'accorde, avec vous et avec Renan, à attribuer un statut d'infériorité à l'islam par rapport à la civilisation occidentale, deux ordres de considérations, qui du reste se recoupent, s'imposent à la réflexion :

[1]. S'il est triste et regrettable mais nullement déshonorant de succomber, de s'avouer vaincu face à supérieur à soi, il devient infâme, scandaleux, infiniment dégradant et parfaitement méprisable de s'effacer devant une entité objectivement inférieure ;

[2] si bien que, dans le cadre de cet effacement, si les musulmans ont tort de nous mépriser en nous jugeant erronément inférieurs à eux dans l'absolu théorique, ils ont en revanche raison de nous mépriser en vertu de [1] dès lors que, bien que plus profondément civilisés, plus authentiquement connaissants et savants qu'eux, nous montrons une tendance fâcheuse et paradoxale à les laisser nous imposer leur volonté ;

[3] et il ressort de l'enchaînement dynamique [1] et [2] que le barbare objectivement inférieur, objectivement bluffeur, intellectuellement débile et superficiel, nous ayant subjugué, c'est lui qui a raison de nous mépriser et c'est notre mépris à son égard qui est mal placé puisqu'il est parvenu à réaliser une domination improbable sur ses supérieurs, ce qui le rend lui, barbare inférieur, paradoxalement héroïque et admirable, ergo supérieur.

Autrement dit, et en vertu de l'enchaînement logique [1] - [2] - [3], le processus d'effacement suicidaire a inversé les termes de l'inégalité : l'inférieur objectif est devenu le supérieur objectif, parfaitement fondé de mépriser son inférieur, qui l'est devenu ainsi intégralement et de manière parfaitement honteuse. L'effacement consenti d'une civilisation qui jusque là était supérieure réalise donc un double changement d'état :

a. il rend infâme et méprisable cette civilisation; glorieuse celle qui l'a convaincue de se soumettre;
b. il inverse les termes de l'inégalité objective.
24 janvier 2016, 10:50   Re : Dispute ?
« Cette science dite arabe, qu’a-t-elle d’arabe en réalité ? La langue, rien que la langue. La conquête musulmane avait porté la langue de l’Hedjaz jusqu’au bout du monde. Il arriva pour l’arabe ce qui est arrivé pour le latin, lequel est devenu, en Occident, l’expression de sentiments et de pensées qui n’avaient rien à faire avec le vieux Latium. Averroès, Avicenne, Albaténi sont des Arabes comme Albert le Grand, Roger Bacon, François Bacon, Spinoza sont des Latins. Il y a un aussi grand malentendu à mettre la science et la philosophie arabes au compte de l’Arabie qu’à mettre toute la littérature chrétienne latine, tous les scolastiques, toute la Renaissance, toute la science du seizième et en partie du dix-septième siècle au compte de la ville de Rome, parce que tout cela est écrit en latin.

« Ce qu’il y a de bien remarquable, en effet, c’est que, parmi les Philosophes et les savants dits arabes, il n’y en a guère qu’un seul, Alkindi, qui soit d’origine arabe, tous les autres sont des Persans, des Transoxiens, des Espagnols, des gens de Bokhara, de Samarkande, de Cordoue, de Séville. Non seulement, ce ne sont pas des Arabes de sang ; mais ils n’ont rien d’arabe d’esprit. Ils se servent de l’arabe ; mais ils en sont gênés, comme les penseurs du moyen âge sont gênés par le latin et le brisent à leur usage. L’arabe, qui se prête si bien à la poésie, est un instrument fort incommode pour la métaphysique. Les philosophes et les savants arabes sont en général d’assez mauvais écrivains. »


Pardon, mais tant que personne ne viendra me dessiller, je continurai de lire ces deux paragraphes comme un hommage empreint d'admiration à la civilisation musulmane, comparée et mise sur un même plan mutatis mutandis que la civilisation latine et judéo-chrétienne.

Ce que nous dit Renan ici est hélas parfaitement clair et diamétralement opposé à toute idée d'infériorité de la civilisation musulmane: l'ethnie Arabe n'est pas plus importante pour la civilisation musulmane que celle qui eut son berceau dans le Latium pour la civilisation occidentale, s'agissant des fruits portés par l'une et l'autre civilisations, et le ratio ethnie-civilisation dans le monde musulman est égal ou comparable à celui que l'on trouve dans la civilisation occidentale.

Il est possible que je ne sache plus lire, auquel cas j'invite ceux qui ont conservé cette aptitude à m'en réinculquer les rudiments.
24 janvier 2016, 12:26   Re : Dispute ?
Récapitulons. Il ressort de cette dispute que, soit par la sanction eschatologique, soit par le jeu de certains balanciers temporels, soit par l'examen historique de la fin des civilisations, soit par la synthèse de ces trois phénomènes, l'islam doit inévitablement l'emporter sur l'Occident. Tous les calculs montrent par A + B que c'est son heure, qu'il va couper à cœur, prendre la main, ramasser les derniers plis, belote, rebelote et dix de der, et mettre l'Occident capot, lequel n'aura qu'à se consoler d'être excellent au bridge, bien supérieur à la belote.

Ou je ne sais pas lire moi non plus ou il ne nous reste qu'à faire écho à l'exclamation de Pascal : "On est foutus", on n'y coupera pas, le sort qui nous attend est celui du héros de Soumission. Pour quelle raison, dans ce cas, tarder plus longtemps à donner son adhésion à une foi mahométane que tout désigne, calculs, prophéties, analyses, à devoir régner sans partage sur la civilisation suicidée dont nous sommes provisoirement les représentants ? Le seul empêchement à la conversion se bornerait-il au goût du baroud d'honneur et celui-ci s'imposerait-il comme seule perspective d'action ?
24 janvier 2016, 12:41   Re : Dispute ?
Ah, Francis, je vous en veux. Vous m'obligez, non seulement à aller farfouiller dans mes archives mais encore à recopier un long extrait du texte de Renan, qu'il faudrait citer en entier tant il est précis, détaillé et répond d'avance à toutes les objections. Voici :

"Si cette science n'est pas arabe, est-elle du moins musulmane ? Oh, en aucune façon ! Ce beau mouvement d'études est tout entier l'oeuvre de Parsis, de chrétiens, de juifs, de harraniens (?), d'ismaéliens, de musulmans intérieurement révoltés contre leur propre religion. Il n'a recueilli des musulmans orthodoxes que des malédictions. Mamoun, celui des califes qui montra le plus de zèle pour l'introduction de la philosophie grecque, fut damné sans pitié par les théologiens (...) Il n'était pas rare que pour plaire à la multitude ameutée par les imams, on brûlât sur les places publiques, on jetât dans les puits et les citernes les livres de philosophie, d'astronomie.Ceux qui cultivaient ces études étaient appelés... ( mot arabe illisible), mécréants. On les frappait dans les rues, on brûlait leurs maisons et souvent l'autorité pour complaire à la foule les faisait mettre à mort (...).
Dans la première moitié du Moyen-âge, je le répète, l'islam a supporté la philosophie parce qu'il n'a pu l'empêcher, car il était encore sans cohésion, peu outillé pour la terreur. La police était entre les mains des chrétiens et occupée principalement à poursuivre les tentatives des Alides. Une foule de choses passaient entre les mailles de ce filet assez lâche. Mais quand l'islam a disposé de masses ardemment croyantes, il a tout étouffé. La terreur religieuse et l'hypocrisie ont été à l'ordre du jour. L'islam a été libéral quand il a été faible et violent quand il a été fort. Ne lui faisons donc pas l'honneur de ce qu'il n'a pu empêcher. Faire honneur à l'islam de la philosophie et de la science qu'il n'a pas
tout d'abord anéanties, c'est comme si l'on faisait honneur aux théologiens (chrétiens) des découvertes de la science moderne(...)
La théologie occidentale n'a pas été moins persécutrice que celle de l'islamisme, seulement, elle n'a pas réussi(...) Dans notre occident, la persécution théologique n'a réussi qu'en Espagne(...). Dans les pays musulmans il s'est passé ce qui se serait passé en Europe si l'Inquisition, Philippe II et Pie avaient réussi dans leur plan d'arrêter l'esprit humain(...). Faire honneur à l'islam d'Averroès, d'Avicennes (ou autre), c'est comme si l'on faisait honneur au catholicisme de Galilée(...)''

Mais , encore une fois, c'est toute la conférence qu'il faudrait citer.

Il insiste, évidemment, sur le fait que cette amorce d'intérêt pour la philosophie et la science n'a été possible que grâce à la connaissance de la pensée grecque, totalement étrangère à la fois à la culture arabe et à l'islam, lequel, une fois devenu assez fort, se chargea de faire passer définitivement cette pensée aux oubliettes de son histoire.
24 janvier 2016, 14:24   Re : Dispute ?
Le baroud d'honneur, précisément parce qu'il en va de l'honneur, comme son nom l'indique, peut tout changer, redistribuer les cartes, renverser la table de jeu, il s'agit d'un pari de la volonté, un peu pascalien (pas le nôtre, de Pascal sauf mon respect).

Le baroud d'honneur, notez bien, est l'antéposé du suicide.
24 janvier 2016, 14:41   Re : Dispute ?
Bien Cassandre, et merci de continuer à nous citer ces écrits de Renan, qui semble avoir bien potassé la question.

Je voudrais revenir sur la question des enjeux : s'il s'agit bien ici d'un conflit de civilisations et non d'une rivalité mimétique entre deux branches rivales d'un même projet de civilisation (communisme vs libéralisme, etc.) alors tout compte, tout recul, toute concession, même infime, entraîne un millefeuilles de conséquences incommensurables et irréversibles.

Il n'y a pas de petite défaite ni de petite victoire dans pareil combat : tout minuscule recul est amplifié, chez l'adversaire qui en bénéficie, dans un discours d'auto-vénération (ce terme est de Toynbee -- self-worship) et de justification du mépris à l'égard du concédant qui est rien moins que décisif pour la suite. Comme dans une partie d'échec : tout mouvement de pièce hasardeux, approximatif, hésitant, ambivalent, se traduit sur le champ par un triomphe, une jubilation sans borne chez l'adversaire qui sait d'avance comment en profiter. La victoire de l'un, avant de s'obtenir par la défaite de son adversaire, se noue, s'annonce, dans la moindre des minuscules sottises, inconstances, incohérences, rêveries de ce dernier, que l'autre dévore aussitôt en en faisant son miel, le fourrage de sa victoire, laquelle se rue dans le jeu, y nait et y prend forme avec précipitation.

En physique, le carré des distances est une notion essentiellle, en électomagnétisme, science de la gravitation, etc. Dans le jeu intercivilisationnel, il en est de même de la concession et de la petite défaillance, capable de décupler les forces de l'adversaire unique et essentiel. L'adversaire qui n'existe, qui n'est là que pour vous remplacer, devenir la totalité de ce que vous êtes, faire que votre jeu sur la table de jeu ne soit plus qu'une partie du sien.
24 janvier 2016, 16:20   Re : Dispute ?
''Autrement dit, et en vertu de l'enchaînement logique [1] - [2] - [3], le processus d'effacement suicidaire a inversé les termes de l'inégalité : l'inférieur objectif est devenu le supérieur objectif, parfaitement fondé de mépriser son inférieur, qui l'est devenu ainsi intégralement et de manière parfaitement honteuse. L'effacement consenti d'une civilisation qui jusque là était supérieure réalise donc un doublement changement d'état :

a. il rend infâme et méprisable cette civilisation; glorieuse celle qui l'a convaincue de se soumettre;
b. il inverse les termes de l'inégalité objective.''

Je suis bien d'accord.
24 janvier 2016, 18:36   Re : Dispute ?
« Récapitulons. Il ressort de cette dispute que, soit par la sanction eschatologique, soit par le jeu de certains balanciers temporels, soit par l'examen historique de la fin des civilisations, soit par la synthèse de ces trois phénomènes, l'islam doit inévitablement l'emporter l'Occident. Tous les calculs montrent par A + B que c'est son heure, qu'il va couper à cœur, prendre la main, ramasser les derniers plis, belote, rebelote et dix de der, et mettre l'Occident capot, lequel n'aura qu'à se consoler d'être excellent au bridge, bien supérieur à la belote. »

En plus, je ne lâcherais pas de sitôt l'hypothèse mimétique, mais pas du tout dans le sens où l'entend Badiou, au contraire, puisque dans l'analyse qui est faite du déroulement des choses et de la civilisation considérée, tout part dans le mektoub le plus total...
24 janvier 2016, 19:46   Re : Dispute ?
"Le baroud d'honneur, précisément parce qu'il en va de l'honneur, comme son nom l'indique, peut tout changer,(...)"

N'est-ce pas une contradiction dans les termes puisque l'expression "baroud d'honneur" ne s'utilise, a priori comme a posteriori, que pour autant qu'il y a défaite ? Si le baroud d'honneur renverse la situation, il n'est plus, par définition, désigné comme tel.

Permettez-moi donc de maintenir que si on dresse la liste des raisons qui font que l'islam doit l'emporter sur la civilisation occidentale et que l'on s'efforce de donner à sa démonstration un caractère imparable et fort convaincant, on ne se distingue des "suicidés consentants" (si j'ose dire) que par l'exercice d'une certaine lucidité, en aucun cas par la croyance au renversement des choses.

C'est pourquoi, tout compte fait, on peut se demander s'il n'est pas préférable de se tromper, ou d'être coupablement approximatif, à la façon d'un Badiou, que d'avoir raison à la façon d'un Toynbee ou d'un Marche. Car si les approximations d'un Badiou peuvent, en effet, participer à l'aveuglement général quant à l'islam et conduire sur de mauvaises pistes, elles ont tout de même l'avantage de désigner la possibilité d'une lutte, à condition qu'elles soient corrigées. De la destruction des Etats telle qu'analysée par Badiou, on peut tirer, par exemple, des arguments et des actes en faveur de la consolidation de ces mêmes Etats. C'est la raison pour laquelle je disais au début de cette dispute que tout n'était pas à rejeter dans ses analyses. En revanche, je ne vois pas quel usage faire de la démonstration imparable de la victoire finale de l'islam, hors la conversion ou le baroud d'honneur.
25 janvier 2016, 07:54   Re : Dispute ?
Permettez-moi donc de maintenir que si on dresse la liste des raisons qui font que l'islam doit l'emporter sur la civilisation occidentale et que l'on s'efforce de donner à sa démonstration un caractère imparable et fort convaincant, on ne se distingue des "suicidés consentants" (si j'ose dire) que par l'exercice d'une certaine lucidité, en aucun cas par la croyance au renversement des choses.

La raison qui fait que l'islam doit l'emporter sur la civilisation occidentale n'est pas exactement constituée d'une liste de facteurs mais tient tout en un au consentement qu'il en soit ainsi. Ce n'est que dans le menu détail des faits qui manifestent, actualisent ce consentement qu'une liste pourrait être dressée.

Tout est écrit et tout s'organise et s'agence pour que que l'on disparaisse bientôt mais dès que notre conscience s'éveille à l'imminence de cette évolution, l'inversion du processus, son déraillement, deviennent possibles, en commençant par le refus de toute concession dans les actes, les dispositions sociales et les discours. L'aveuglement d'un Badiou, en revanche, conduit le train de notre civilisation droit dans le mur.

La conscience de l'immuable est seule à même de faire dérailler l'immuabilité d'un cours. Le suicide qui s'opère reste semi-conscient : aucun de ses agents ne déclare le vouloir explicitement et délibérément, n'en fait un argument politique (sauf peut-être chez EELV) pas même l'UE dans ses institutions. Dès lors, la conscience du réel et la connaissance de la vérité sont des armes contre le destin funeste qui se noue à l'insu de la majorité des Européens, y compris la majorité des élus et dirigeants européens (Merkel n'avait pas anticipé Cologne, par exemple).

Il ne sert à rien de s'aveugler intelligemment comme un Badiou. "Il ne sert à rien" veut dire il n'est d'aucune efficience dans le cours immuable et tragique et la soumission qu'emporte cette immuabilité. Un "renforcement des Etats" peut être défendu comme objectif de moyen terme mais en-dehors d'une intelligence des stratégies réelles du djihadisme et de l'islam au sein de nos sociétés et de nos appareils d'Etat -- les musulmans infiltrent l'armée --, il demeure inefficient, ne touche pas aux concessions sociétales, culturelles, religieuses et politiques qui font notre perdition.
Utilisateur anonyme
25 janvier 2016, 09:18   Re : Dispute ?
Oui Francis.

Et puisque vous parlez du retour du Réel et de la connaissance de la vérité...

Allemagne.

On apprend que peu à peu des messages remontent vers l’office fédéral des migrations, mais comme ce sont des cas individuels ou anonymes, on ne commente pas… on se contorsionne pour ne pas voir. Ce sont des cas sincères peut-être, "mais ponctuels" qu'on nous dit. Surtout "ne pas généraliser" !, "ne pas faire le jeu de PEGIDA et des groupuscules néo-nazis".
Ne pas voir par ex. ce que dit cette volontaire de Hambourg très fière au début d’aider les pauvres réfugiés - il y en a, quelques enfants, mais à 65% et plus ce sont des hommes seuls de 20 à25 ans. - Mais bon, se démener pour obtenir des rendez-vous médicaux à ces gens qui ne s’y rendent pas, qui d’emblée réclament véhémentement un job, un logement et une voiture et deviennent insolents... Il y a aussi que lorsqu'elle monte un escalier ils sont plusieurs à la lorgner, à faire des commentaires, à rigoler ; ces Syriens et ces Afghans qui menacent de faire une grève de la faim pour obtenir un autre lieu de résidence ; d'autres encore qui à sa collègue allemande d’origine arabe lancent qu’ils vont la décapiter... Cette femme ne traverse plus que si nécessaire le terrain autour des bâtiments, évite désormais les contacts, les regards et a cessé de sourire : le sourire étant une cause de « malentendus » malheureux... Finalement elle va probablement démissionner. Bref, du Réel plein la g..., la aussi.

A Bornheim il y a eu cette affaire d'attouchements dans la piscine mais le maire nous explique qu’il n’y a pas eu un seul dépôt de plainte, seulement six dépositions écrites avec des faits explicites, des invites insistantes, pas d'quoi fouetter un chat. Et puis pour calmer le jeu une élue d’extrême-gauche vient nous dire qu’on peut interdire à un homme précis l’accès à la piscine pour des faits précis, mais interdire à un groupe l’accès serait abusif... De toutes façons les abonnés ne fréquentent plus la piscine, eux qui ne sont pas d'extrême gauche ont compris.
Les policiers commencent également à se lasser ; ils ont l’impression très nette que les « migrants » se foutent de leur gueule, quand il s’agit de connaître leur pays d’origine, leur identite, leur lieu de résidence.

A Zwickau – là où on fabriquait les Trabbis - des « réfugiés » ont voulu pénétrer en force dans les vestiaires féminins de la piscine, provoquant une belle panique.
Ailleurs des migrants menacent de brûler leurs tentes si….
25 janvier 2016, 11:08   Re : Dispute ?
Je trouve qu'il faudrait évoquer sur ce forum, le grand moment de télévision qui opposa, dans l'émission de Pujadas, Finkielkraut à cette jeune ''beurette'' professeur d'anglais. Grand moment qui devrait être conservé dans les archives pour l'édification des générations futures, où se dévoilait, sous le regard bienveillant et le sourire complaisant de l'animateur, la haine pour la France à l'état pur et pour '' Finkie'' en particulier, manifestée par cette jeune femme (choisie, imprudemment peut-être, comme représentative de la communauté musulmane) avec une assurance si tranquille qu'on en avait froid dans le dos. C'en était presque, dans le genre, admirable de perfection : un diamant noir qui pendant près de dix minutes a brillé de toutes ses facettes sans que ni Pujadas ne fasse taire l'intervenante, ni que Cohnbendit, cette soi disant ''grande gueule'', se fende d'un quelconque soutien à son interlocuteur. On en avait le souffle coupé.
Cette séquence confirmait s'il en était besoin, la remarque de Renan : ''l'islam est le plus grand réservoir de haine de l'humanité''.
Utilisateur anonyme
25 janvier 2016, 12:05   Re : Dispute ?
Il en est question ici.
25 janvier 2016, 12:20   Re : Dispute ?
Merci beaucoup, ça m'avait échappé.
Utilisateur anonyme
25 janvier 2016, 13:37   Re : Renan mon amour
En lisant cette conférence de Renan, j'y retrouve tout ce que l'esprit français a de génial : la clarté de la phrase, l'amour de la vérité, le sens de la langue. C'est l'un de ces textes qui, comme mille autres, me rappelle à quel point la civilisation française est une merveille, mais aussi à quel point elle est fragile et mérite plus que toute autre d'être défendue.

Allons ! Tout le monde n'est pas comme nous ; tout le monde n'a pas ça — cet esprit admirable, cette manière de dire et de voir si réjouissante, et moins encore cette langue extraordinaire, façonnée pour et par ce que l'humanité a de meilleur.
25 janvier 2016, 15:52   Re : Dispute ?
"La conscience de l'immuable est seule à même de faire dérailler l'immuabilité d'un cours."

Pardonnez- moi mais je crains d'être entraîné dans des considérations de, si j'ose dire, "philosophie dure", auxquelles je ne suis pas fait, quitte à passer pour le représentant de cette classe honnie de "l'homme de la rue", lui aussi peu habile à manipuler les paradoxes, surtout quand il s'agit de puiser dans cet exercice la force d'agir. Car pour moi , quelque chose d'immuable c'est par définition quelque chose que l'on ne peut changer. Par exemple, avoir conscience de l'immuabilité de la condition humaine à l'égard de la mort ne change rien à cette immuabilité. Dans le cas qui nous intéresse, avoir conscience de l'immuabilité de la victoire de l'islam sur l'Occident et le démontrer brillamment échoue à me faire comprendre comment cette conscience inverserait le cours des choses et, au contraire, me prive de toute combativité.
25 janvier 2016, 16:47   Re : Dispute ?
Oui, cette conférence est une pure merveille d'érudition et de langue. Je suis sûre qu'elle est parfaitement connue des islamisants, de la plupart des historiens spécialistes de l'islam ainsi que des connaisseurs de l'oeuvre de Renan, d'autant qu'elle avait suscité à l'époque une polémique avec un savant musulman chiite ''moderniste'' dans le journal ''Les débats''. Ce n'est donc pas un hasard si on n'y fait jamais référence. Il est difficile, en effet, de traiter quelqu'un d'aussi savant que lui d'amateurisme ou de méconnaissance de son sujet. Encore moins de préjugés anti immigrés puisque le problème ne se posait pas à l'époque. Or cette fameuse conférence n'a pas pris une ride et chaque jour qui passe en confirme le contenu. Aussi s'est-on bien gardé de la proposer à la connaissance de l'opinion tant le risque eût été grand qu'elle ouvrît les yeux sur une réalité que Renan a su analyser en quelques pages magistrales, mieux que personne.
25 janvier 2016, 16:55   Re : Dispute ?
Dans le cas qui nous intéresse, avoir conscience de l'immuabilité de la victoire de l'islam sur l'Occident et le démontrer brillamment échoue à me faire comprendre comment cette conscience inverserait le cours des choses et, au contraire, me prive de toute combativité.

Si l'immuabilité/inexorabilité repose en partie sur vous, sur votre bon vouloir à la concevoir telle et à consentir à son cours, elle est exclue de l'ordre des lois naturelles (les saisons qui font que l'hiver est plus froid que l'été, la chute des corps, l'action des bactéries sur un organisme, etc. sont immuables, inexorables dans leur libre cours et indépendantes de notre volonté pure et de notre être-là; elles sont des lois naturelles dont l'inexorabilité n'a point besoin de notre soutien, de notre sympathie ou de notre collaboration); il advient que si le complice ou l'acteur passif de l'inexorable, celui sur la collaboration passive de qui les maîtres-acteurs du cours inexorable (soit les islamistes) comptent, misent, pour que le cours, le déroulé, le destinal, dont il est un rouage, aboutisse, si ce complice passif, dis-je, se réveille, prend conscience indépendante du rôle que l'autre lui fait jouer, alors l'inexorable cesse, le rail de l'immuable s'évanouit par défaut d'assises.

Si l'on compte sur vous comme acteur, si vous êtes pris comme acteur, aussi passif et mort que soit cet acteur, dans un processus de source exogène qui s'est proposé de mener en gare ou au dépôt la locomotive d'une histoire extérieure à la vôtre, histoire qui appartient à d'autres qui vous l'imposent, alors il suffira de s'éveiller à ce fait, à ce rôle, à ce dispositif, pour que la locomotive déraille. Le réveil du rêveur fait dérailler son rêve, immanquablement. Le rêveur n'a à peu près rien d'autre à faire pour tuer le cauchemar que de s'éveiller. Tout cauchemar, qu'il soit d'ordre onirique ou politique, ne se vainc que par le réveil. L'action, quelles que soient ses voies, succède naturellement à la phase de réveil, selon la pente naturelle des réflexes de survie du sujet au sortir de l'hypnose.
Utilisateur anonyme
25 janvier 2016, 17:02   Re : Dispute ?
De toutes façons quiconque se risquerait à parler comme Renan aujourd'hui (rêvons un peu) se verrait illico presto taxé d'islamophobe, accusé de faire le jeu du FN, de pratiquer l'amalgame, etc. Il ne récolterait que mépris et condamnations.
26 janvier 2016, 12:40   Re : Dispute ?
Cher Francis,

Je dois faire partie des gens qui comprennent vite mais à qui il faut expliquer longtemps car je persiste à buter sur un point de logique. Quand vous écrivez :

« Donc, et pour que les choses soient claires et explicites une fois pour toutes, s'agissant de l'Occident (calendrier grégorien):

Force : Fondation ; 1 x 500 ans (Conciles, baptême de Clovis, etc.); 3 x 500 ans (Reconquista, Temps Modernes)
Faiblesse : Tentative velléitaire de refondation et expansion à 2 x 500 ans (échecs des Croisades); 4 x 500 ans (Echec de l'UE)

S'agissant de l'Islam (calendrier de l'Hegire):

Force : Fondation; 1 x 500 ans (expansion des Seldjoukides, âge d'Or de l'islam, avancée de l'islam vers l'Inde); 3 x 500 (islamisation du monde, fondation d'un califat agressif, l'E.I.)
Faiblesse : 2x500 ans (échec devant Vienne, reflux et division de l'islam devant l'Occident); »

Ce qui signifie, si mes calculs sont exacts, que vous pronostiquez l’islamisation du monde pour la période 3x500 (de l’Hégire), soit an 600 de l’ère chrétienne + 1500 ans, soit jusqu’en 2100 de cette même ère.

Ces propositions sont-elles vraies ou fausses ? Si elles sont vraies, elles établissent sans nul doute le triomphe de l’islam sur l’Occident pour de longues années. Si elles sont fausses, elles n’établissent pas ce triomphe. Mais en réalité, à la lecture de votre dernier message, je comprends qu’elles ne sont ni vraies ni fausses, ou plutôt que leur vérité ou leur fausseté dépend de la vérité ou de la fausseté que le lecteur leur attribue. Il y aurait en effet, selon vous, deux sortes de vérités inexorables. Les premières disons, « naturelles », à laquelle on ne pourrait que se préparer, par exemple, la mort, en rédigeant un testament, l’hiver en faisant rentrer du bois en août. Et les deuxièmes disons, « volontaires », vis-à-vis desquelles on pourrait agir en en détournant le cours, précisément parce qu’on aurait pris conscience de leur inexorabilité.

Autrement dit, le système de calculs fort complexes que vous avez conçu pour rendre compte de la marche de l’Histoire et que vous exposez sur le site que vous nous avez signalé ne serait rien d’autre qu’un cauchemar que nous sommes en train de faire et que la description très savante que vous en faites est destinée à nous réveiller, avec pour visée qu’il ne devienne pas une réalité.

Concevez que je ne puisse imaginer rien de tel et que je pense, au contraire, que vous croyez fermement aux calculs que vous établissez et, par conséquent, que vous croyez au triomphe inexorable de l’islam sur l’Occident pour un grand nombre de décennies futures. De cela, à condition de l'affirmer clairement, on peut faire la matière d’une dispute qui, autrement, me semblerait fondée sur un défaut initial de point de vue de chaque débatteur.
26 janvier 2016, 13:05   Re : Dispute ?
Cher Thomas,

Vous êtes plus doué ou plus fin que vous ne feignez de l'être, et vous avez mis le doigt sur la frontière de la problématique, et nous sommes vous et moi sur la même ligne de front : je n'en sais pas plus que vous mais j'aurais cependant ceci à ajouter sur le sujet : Les calculs et projections qui pourraient être pris pour prophéties, nostradamuseries, etc. peuvent être vraies absolument et cependant réfutables. Réfutables comment ? Par une logique plus savante que la leur ? C'est toujours possible mais cela ne changerait pas grand chose au résultat. La seule voie de réfutation part du fait, a pour base, leur rédaction en langage clair, à savoir non amphibologique, à l'opposé de ce que sont, par exemple les nostradamuseries et toutes prophéties religieuses ou parareligieuses ou oraculaires païennes.

Pourquoi donc le langage clair permettrait-il la réfutation, l'invalidation radicale, de la projection en laquelle il nous est assigné un rôle d'acteur, aussi passif soit-il ? Parce que la venue à la conscience de faits projetés dans un raisonnement dénué d'ambiguïté autorise une action unifiée, tendue vers un but, qui sera de déjouer la "prophétie", de la faire mentir, d'en invalider les termes par une volonté clairement affirmé qu'elle ne se réalise point.

Le seul moyen, le moyen le plus sûr, de faire aboutir la projection et de faire se réaliser le contenu d'une prophétie est de les ignorer ou de les minorer sciemment : alors la prophétie sera vraie. Le déni de la prophétie donne raison au prophète de malheur, en faisant le jeu, en laissant le champ libre aux prophéties adverses, celle de l'islamisation irrésistible du monde appelée de leurs voeux par les prophètes pieux qui prédisent cette dernière dans le camp de l'islam.

J'ai proposé ce modèle afin qu'il soit invalidé, moins par le logos que par la conscience dressée contre l'advenue des événements, et par l'action nécessaire pour leur barrer la route. En outre, le monde civilisé et libre n'est pas resté inactif contre le Mal depuis l'automne 2014 où j'ai rédigé ce texte : l'Etat islamique est désormais sérieusement gêné par l'action de la Coalition. Le pire n'est donc pas tout à fait sûr. Le pire, déjà, déraille un peu ! Et ce modèle, si vous daignez vous pencher sur ses détails, prévoit une défaite décisive de l'E.I. pour décembre 2016.

S'il est vrai que la configuration générale des forces historiques reste défavorable à l'Occident pour le siècle qui commence, cela en soi n'est pas fatal; elle est défavorable comme pouvait l'être la météo détestable sur la Manche le matin du 6 juin 1944.
Je me permets toutefois de faire remarquer aux vrais-faux prescients qui veulent que l’inéluctable ne puisse être déjoué qu'à condition d'en être avisé, que l'un des mécanismes les plus éprouvés de la tragédie est que c'est précisément la connaissance de l'oracle qui précipite les protagonistes dans sa pleine réalisation, en y voulant échapper. Ce qui fait d'ailleurs dire à Jocaste que le seul moyen de contrer la vérité oraculaire est de "vivre au hasard, comme on le peut, c'est de beaucoup le mieux encore" (Œdipe roi).
C'est très précisément pour cela que les oracles sont donnés en langage ambigu, voire sciemment amphibologique et sibyllin (cf Ibis redibis non morieris in bello) : pour empêcher que ne s'en défasse le pouvoir par l'action sachante.

Ces oracles sont des charmes, et ne sont porteurs d'aucunes propositions de contre-action anté-destinale. Le langage clair, comme, à sa manière, le nom immuable, sont des défis à tous les charmes de l'inéluctable.

L'occulte ne se nomme point, l'obscur ne décline pas son nom, évite le risque que son dit soit défié par l'action, ou par le sujet actant.

"vivre au hasard, comme on le peut, c'est de beaucoup le mieux encore". Face au défi crypté et déboussolant, se déboussoler plus encore et s'en remettre à la magie d'un charme supérieur à celui qui vous est jeté, et se jeter dans la gueule du loup en fuyant le loup dans un désordre désespéré.
Oui c'est vrai, Francis, les oracles sont fondamentalement ambigus, il y a toujours un jeu d'interprétations possibles...
"Et ce modèle, si vous daignez vous pencher sur ses détails, prévoit une défaite décisive de l'E.I. pour décembre 2016."

Alors là, vous ne risquez pas de me prendre en défaut, et je me suis daigné, c'est même la première chose que j'ai rappelée, au tout début de cette dispute (premier message intitulé "Peut-on prédire l'histoire ?")

"J'ai proposé ce modèle afin qu'il soit invalidé". Quelle abnégation inouïe, vraiment, et quelle foi dans la réaction des lecteurs ! Tel qui publierait un fort volume de polémologie où serait démontré avec force références historiques imparables que, mettons, les fortifications sont inutiles, cela dans le but de convaincre les villes d'en faire dresser. Ou tel autre, pour faire une embardée dans une autre discussion, qui prouverait mathématiquement à Jacqueline Sauvage qu'elle va dézinguer son mari, qu'absolument rien ne s'oppose à ce qu'elle le fasse, et cela afin qu'elle n'appuie pas sur la gâchette ! J'y crois pas !
27 janvier 2016, 09:21   Re : Renan mon amour
Citation
Afchine Davoudi
En lisant cette conférence de Renan, j'y retrouve tout ce que l'esprit français a de génial : la clarté de la phrase, l'amour de la vérité, le sens de la langue. C'est l'un de ces textes qui, comme mille autres, me rappelle à quel point la civilisation française est une merveille, mais aussi à quel point elle est fragile et mérite plus que toute autre d'être défendue.

Allons ! Tout le monde n'est pas comme nous ; tout le monde n'a pas ça — cet esprit admirable, cette manière de dire et de voir si réjouissante, et moins encore cette langue extraordinaire, façonnée pour et par ce que l'humanité a de meilleur.

Comme un fait exprès: La science, en marge des sociétés musulmanes

Malheureusement, n'étant pas abonné, je ne suis en pas en mesure de reproduire l'article dans son intégralité.
27 janvier 2016, 10:11   Re : Renan mon amour
Un lecteur cite Renan.
27 janvier 2016, 12:55   Re : Dispute ?
Thomas,

Il y a comme un orage subit d'incommunication tous azimuths dirait-on.

Le modèle proposé est porté par l'histoire et les projections eschatologiques, cellent qui animent ou ont animé l'action des protagonistes (Islam et Occident). Il dit que ce XXIe siècle doit être, si aucune force de se mobilise pour modifier sciemment le cours des choses et conjurer les dangers, celui d'une prise d'ascendant de l'islam sur l'Occident. Quand j'écris que j'ai développé (pas "imaginé") ce modèle dans l'espoir ou avec la volonté que l'action consciente de l'Occident -- et accessoirement, en effet, consciente de la valeur de vérité de ce modèle -- fasse échec à ce cours et que par voie de conséquence vienne frapper de caducité ou de nullité le modèle lui-même en lui ôtant sa valeur prédictive, soit en un mot l'invalider, qu'y a-t-il là-dedans qui motive votre j'y crois pas ?

Vous connaissez l'expression "j'espère avoir tort" ou "j'espère me tromper". En quoi y voyez-vous une posture d'abnégation ou une foi mal placée ?
27 janvier 2016, 14:31   Re : Dispute ?
Cher Francis,

C'est tout simple, voire simpliste de ma part. Vous allez comprendre d'où vient mon "J'y crois pas", comme expression à la fois de mon incrédulité et de ma stupéfaction. C'est que, voyez-vous, je ne peux m'identifier à vous, soit me mettre à la place de quelqu'un qui développe un modèle extrêmement complexe, requérant de nombreuses heures de réflexion, convoquant une masse de données "méta-historiques", aboutissant à des conclusions précises et très affirmatives, conduisant un tel travail (qui réclame une grande abnégation) dans l'espoir et avec la volonté que l'action consciente de l'Occident invalide le-dit modèle. Une telle ambition me laisse incrédule, voilà tout, mais encore une fois, ce n'est peut-être dû qu'à mon incapacité personnelle à me projeter dans quelque entreprise intellectuelle que ce soit, animé d'une telle ambition vis-à-vis de laquelle je me sens comme en présence des réalisations artistiques d'une civilisation qui m'est étrangère.En termes vulgaires : ça me dépasse.

Et pour en revenir plus largement au sujet qui nous occupe, savoir le triomphe possible ou entravé de l'islam sur l'Occident, il me semble que les analyses développées ici pêchent par omission d'un autre acteur de l'histoire contemporaine qui, à moi, me parait majeur parce que très actif, très décidé, se fixant des buts précis et disposant de fonds considérables : le transhumanisme. Il ne me semble pas possible de faire comme s'il n'existait tout simplement pas et n'avait pas sa carte à jouer dans les futures affaires du monde, au point d'en bouleverser encore plus radicalement le cours. Qu'en pensez-vous ?
27 janvier 2016, 15:25   Re : Dispute ?
Vous me demandez ce que je pense du transhumanisme ?

A mes yeux ce n'est que le dernier avatar du projet dix-neuviémiste inspiré par la Gnose et les Lumières : que l'homme n'est que matière sans singularité individuelle, uniforme et plastique. C'est une vision de l'homme matière plastique, façonnable, massifié, indifférencié dont le coeur est extérieur à l'être, et qui ne vaut que pour ce que d'autres hommes, éclairés, feront et fabriqueront de cette matière inerte et opaque. C'est un mouvement profondément naïf et regressif (cf. la recherche de l'elixir d'immortalité, etc.).

J'apprends que Francis Fukuyama a déclaré de ce mouvement qu'il représentait "l'idée la plus dangereuse du monde". C'est sans doute faire à cette idée trop d'honneur. Je la crois sans avenir à une époque où la recherche d'une "vie augmentée" a perdu tout son sens, quand la vie telle qu'on la connaît encore (la vie "naturelle") est déjà en passe de devenir impossible sur terre.

A propos de matière plastique : on lisait hier dans les journaux que, par la seule masse (le "poids") il y a plus de plastique que de poisson dans les océans et les mers. Et certains rêvent encore de devenir immortel dans cette soupe infernale, ce chaudron de mort ?
27 janvier 2016, 17:08   Re : Dispute ?
Le transhumanisme au service du soushumanisme ?
28 janvier 2016, 00:54   Re : Dispute ?
Toute la question est de savoir si, précisément, les conceptions qui nous viennent du XIXème siècle sont définitivement frappées d’obsolescence et inaptes à agir encore sur le cours de l’Histoire. Or, parmi l’héritage de ce siècle, on trouve bien quantité de conceptions que nous voulons préserver, à ne parler que des nations. Il y aurait donc un bon héritage du XIXème siècle et un mauvais, fait de vieilleries. Le transhumanisme serait l’une d’elles et n’aurait pas d’avenir.

Il est clair que le transhumanisme est une continuation du scientisme et de sa croyance aveugle dans le progrès technique. Il me semble cependant qu’on aurait tort de croire que cette croyance ait décliné dans les faits, eût-elle été soumise à toutes les critiques dans le discours, au point que cette critique soit devenue un lieu commun. On remplirait sans peine un vaste appartement avec les livres, les essais, les romans, les articles qui font la critique féroce ou sagace du progrès technique sans que cela n’ait, si minimement que ce soit, freiné ses réalisations. Pourquoi en irait-il autrement dans l’avenir ? C’est pourquoi l’entreprise transhumaniste, avec les énormes moyens dont elle dispose, ne me parait pas évacuable d’un revers de la main.

Dans les faits, personne ne s’y oppose et si on parie sur son échec, on parie sur un échec qui ne viendrait que d’elle-même, de ses propres limites, car, à la différence de l’ambition dominatrice de l’islam, personne ne s’engage à la combattre. En présence de l’islamisation, il y a des renoncements, des collaborations, des traîtrises mais aussi des prises de conscience, des tentatives de contre-propagande, des opérations militaires. Rien de tel en présence du transhumanisme, sinon des « mises en garde », des « comités d’éthique », des tireurs de « sonnette d’alarme », toute sorte de vaticinations assez vaines qui n’entravent en rien le travail constant de chercheurs dans des universités richement dotées. Il y a, surtout, l’acceptation par le public, tout pays confondus, de tout et n’importe quoi qui finit par sortir de ces universités.

Il est vrai que, par transhumanisme, j’entends toute nouvelle technique qui modifie – augmente – les possibilités humaines. Dans ce sens, nous sommes déjà « augmentés » par la seule existence de ce dialogue d’écran, absolument inconcevable à nos pères (au sens strict du terme.) Rappelons tout de même que, jusqu’ici pas une seule des trouvailles techniques mise en circulation n’a été refusée par les hommes, fût-elle utile ou parfaitement inutile en tout cas inconcevable par les générations précédentes.

Bien sûr, « l’homme-plastique », sinon en plastique rebute la majorité, il n’est pas plus engageant que le septième continent de déchets de même farine qui naviguent sur les océans. Cependant, et on peut le déplorer tant qu’on veut, combien seraient-ils, parmi nous, à refuser, mettons, l’implant d’une puce dans leur organisme si celle-ci leur permettait de retarder les effets de la maladie ou du vieillissement des cellules et choisiraient de s’en remettre aux bons soins de la nature ? Il y en aurait, mais combien ? Car c’est bien sur ce genre de désir humain que fleurit le transhumanisme et c’est la raison pour laquelle je ne me hasarderais pas à le priver trop vite d’un avenir car ce serait dire que la peur de la mort, de la vieillesse et de la maladie, tout comme le poids de toutes nos limitations, n’ont pas d’avenir.

Au fond, cette fois encore, la ligne de partage est marquée entre les croyants et les athées mais comme, à mon avis, il y a autant de faux croyants que de faux athées, l’ambition transhumaniste ne me paraît pas disqualifiée par les effets qu’elle se propose d’obtenir ni dans l’action qu’elle peut avoir sur le devenir de l’humanité, quitte à la transformer en sous-humanité. On ne peut faire comme si elle n’existait pas.
28 janvier 2016, 04:21   Re : Dispute ?
Je tâcherai de vous fournir une réponse plus développée, digne de votre dernière intervention. En attendant, je note en la saisissant au vol, cette objection :

Or, parmi l’héritage de ce siècle, on trouve bien quantité de conceptions que nous voulons préserver, à ne parler que des nations. Il y aurait donc un bon héritage du XIXème siècle et un mauvais, fait de vieilleries. Le transhumanisme serait l’une d’elles et n’aurait pas d’avenir.

Je trouve cette objection très intéressante, car elle met le doigt sur une contradiction qui n'est que d'apparence mais qui mérite cependant d'être relevée : les nations, que nous voulons conserver contre l'instance supranationale porteuse d'une liquidation de l'existant (la civilisation occidentale) étaient fortes (du moins les nôtres, en Europe) et fort anciennes au XIXe siècle ; tandis que l'idée de l'homme-soupe que l'on cuisine dans des laboratoires a pris corps dans ce siècle-là. Elle y trouve son origine et accompagne cette liquidation/massification et désidentification des hommes dont nous ne voulons pas. Elle est entièrement post-moderne. La post-modernité a ses racines dans le XIXe siècle.

Sur l'homme-soupe dix-neuviémiste (à partir de 1860 surtout) :

[www.in-nocence.org]

[www.in-nocence.org]
30 janvier 2016, 12:09   Re : Dispute ?
Le transhumanisme est limité doublement dans ses ambitions :

1. le fait que les bornes physiques de l'espèce existent, l'homme n'est pas un élastomère, et s'il est vrai que, par exemple dans les disciplines sportives les progrès des performances ont été constants depuis 1860, personne, absolument jamais, ne sautera 6,20 mètres au saut en hauteur, ni 18,30 mètres au saut à la perche. Et il semble aussi impossible physiquement de courir le 100 mètres en huit secondes que de vivre 160 ans. Donc,des progrès physiques, oui, mais l'espèce n'évolue pas dans un continuum, elles est arrêtée et la vie humaine augmentée ne saurait être conçue abusivement comme "réalité augmentée", soit la perception augmentée du réel concret ou imaginaire. On peut certes allonger l'espérance de vie, mais pour l'allonger indéfiniment (élixir d'immortalité, etc.), il y faudra un peu plus que le bricolage Castorama bionique que nous proposent "les universités richement dotées". Même chose pour l'expansion interplanétaire de l'espèce : une colonisation de Mars n'est concevable qu'en imagination, les contraintes de distances étant ce qu'elles sont, et celle de la durée d'une vie humaine, et celles des faibles moyens de se transporter dans l'espace dont nous pouvons espérer disposer, à quoi s'ajoute tout le reste des limites physiologiques propres à l'espèce.

A propos de plastique et de plasticité, et d'instituts de recherche richement dotés : vous avancez que rien de ce dont la technosphère permet l'existence n'est rejeté dans son principe. Ce n'est pas exact. Un exemple : dans les années 50, des laboratoires américains alliés à de puissants intérêts industriels avaient conçu une forme d'habitat en matière plastique !. Des maisons dont tous les éléments du bâti étaient des moulages de plastique. Rejet radical, échec cuisant, projet à la poubelle : personne (c'est-à-dire, en Amérique, le sacro-saint marché) n'en voulut.

Et les OGM semblent bien offrir un autre exemple de rejet populaire, en Europe et singulièrement en France, de ce que des laboratoires richements dotés ont pu sortir de leur chapeau comme nec plus ultra de la biotechnologie.

2. L'autre borne qui limite, ou qui prive d'infini, les progrès des inventions bioniques est d'ordre disons, plus épistémologique : je crois que ce qu'on ne peut créer de rien (en l'occurrence la vie), on ne peut non plus le prolonger indéfiniment. Les mécanismes du vieillissement et de la déchéance physique ont beau être connus, il le sont à la façon de la force de gravité : on n'ignore rien de la nature de cette dernière, de ses lois et mécanismes, mais on ne peut que faire avec ; et si l'on ne peut l'annuler durablement ou en permanence c'est précisément parce qu'on ne sait pas non plus la créer durablement et en permanence. On peut donc "jouer avec" à l'infini certes, avec des kits qui ressemblent à des jeux de Logo ou des trousses Castorama, mais la maîtrise totale (celle de la créer de toute pièce ou de l'abolir définitivement) nous échappera toujours.

Concernant cet écran et "les facultés augmentées" de dialogue qu'il permet : il permet aussi le contraire du dialogue, qui est le harcèlement, et il isole les humains ô combien, qui ne vivent plus partout que le nez plongé dans leur petit écran de misère quand la vie grouille (et se meurt) autour d'eux. S'il faut donc dresser "un bilan" de cet écran, celui-ci sera nul, il ne sera le bilan d'aucune augmentation de quoi que ce soit : ce qu'il donne d'une main (la possibilité de s'entretenir agréablement comme nous le faisons dans cet instant, celui où je vous écris et, j'espère, celui où vous me lirez) il le reprend de l'autre par le harcèlement, les nerfs secoués, l'addiction et l'absorption générale du réel derrière lui.
31 janvier 2016, 23:47   Re : Dispute ?
Je tâcherai de vous fournir une réponse plus développée, digne de votre dernière intervention. En attendant, je note en la saisissant au vol, cette objection :

"'(...) ce qu'on ne peut créer de rien (en l'occurrence la vie), on ne peut non plus le prolonger indéfiniment."

C'est peut-être le point de vue de Dieu...
03 février 2016, 00:31   Re : Dispute ?
Cher Francis,

Il apparaît dans votre message que le transhumanisme (au sens très large que je donne à ce terme) n'a donc bien d'autre ennemi sérieux que lui-même. On ne saurait en effet considérer comme des oppositions farouches les freins qu'ici ou là lui opposent certains pays, certaines législations. Que la France ou d'autres entrave le développements des OGM, par exemple, tandis que les USA, l'Inde ou la Chine les encouragent donne la mesure de l'opposition qui leur est faite.

Sans doute ais-je exagéré en prétendant que pas une seule des trouvailles futuristes n'a été rejetée et on doit pouvoir trouver bien d'autres exemples que celui de la "maison en plastique" à ajouter à la liste des innovations qui ont fait flop. Mais je pense qu'elles ont été rejetées parce qu'elles étaient de fausses bonnes idées et non pas à la suite d'une prise de conscience du public, appuyant son refus sur ce genre d'affirmation : "C'est très bien, mais nous n'en voulons pas." Et d'ailleurs, si la "maison en plastique" n'a pas pris, il n'en reste pas moins que les matériaux de construction contemporains ont autant de ressemblance avec ceux d'un passé pas si lointain, que le contenu d'une casserole d'il y a ne serait-ce que quatre-vingt ans peut avoir avec une préparation culinaire d'aujourd'hui, pour le meilleur et pour le pire, je tiens à le préciser, car les murs ou les casseroles d'antan n'étaient pas tous recommandables.

Or donc, le transhumanisme ne serait vaincu que par ses propres limites. Cela lui fait déjà des ennemis en moins. Se pose alors la question de savoir jusqu'où peut conduire l'échec d'une ambition que rien n'entrave qu'elle-même. Que se passe-t-il si on pose que l'homme ne peut vivre 160 ans mais que cette constatation n'empêche pas qu'on fasse tout pour qu'il y parvienne ? La recherche, un jour, s'arrête d'elle-même ? Un beau jour, on met un terme aux compétitions sportives parce qu'on est parvenu au record ultime de saut en hauteur ? Les limites ont été atteintes : on ne vivra pas plus vieux, on ne courra pas plus vite, on est allé jusque là et maintenant, c'est terminé. Rideau. C'est là une vision eschatologique, qui ne peut être défendue qu'en tant que telle et à laquelle, bien sûr, on peut accorder sa foi.

Mais si on ne le fait pas, on ne saurait priver d'avenir l'ambition transhumaniste, pas plus qu'une autre et peut-être moins qu'une autre, fût-elle "privée d'infini", comme vous l'écrivez, ce qui est un peu différent que l'avenir que j'invoque, différence qui en dit long, en somme, sur ce qui nous distingue (précisons au passage que je ne me fais pas l'apologue du transhumanisme mais que j'essaie simplement de me demander s'il a un avenir, fût-ce en tant que menace.)

Ce qui freine le transhumanisme consiste, globalement, en une série de positions "éthiques" (autrement dit morales), qui viennent d'ailleurs de céder encore du terrain en Grande-Bretagne sur la question de l'expérimentation sur embryons humains. Ces positions éthiques sont défendues par des individus qui en ont été nourris e sont encore majoritaires parmi les dirigeants. J'ai peine à croire que pour les enfants nés en 2010 et qui seront aux affaires dans les années 50 du XXIème siècle elles aient encore beaucoup de sens. Je pense plutôt qu'il pourrait bien se faire qu'ils ne voient pas du tout où est le problème avec l'eugénisme, le clonage, ou le dernier record du monde de 100 mètres... en prothèses. Ce n'est pas qu'ils seront privés de toute morale mais il se pourrait bien que celle-ci aient des impératifs bien différents des nôtres. Mais c'est de la science-fiction, comme on dit...
03 février 2016, 07:22   Re : Dispute ?
Un beau jour, on met un terme aux compétitions sportives parce qu'on est parvenu au record ultime de saut en hauteur ?

Non évidemment, et d'ailleurs, les courses cyclistes se font déjà et désormais bien avec des prothèses qui sont cachées (de petits moteurs clandestins, dissimulés dans le cadre de la machine). Encore une fois, le cyclisme professionnel est là pour nous offrir une parabole pertinente sur l'espèce : ses limites et son unicité navrante d'une part ; l'inégalité sacrée des individus qui la composent d'autre part -- on avait vu cela avec le cas Jacques Anquetil, compétiteur qui fut heureux de mourir le premier, ce qui lui permettait d'échapper à l'égalité par le vieillissement et l'entropie dont elle est porteuse, tout en se distinguant encore une fois sur le podium des fins/finalités premières/dernières (être distinct, autre et seul dans l'avant de tous et ce faisant, devancer la mort en laissant les vivants baba).

Certaines disciplines sportives ont atteint les limites navrantes de l'espèce, et par cela même l'athlétisme n'est désormais véritablement plus ce qu'il était. L'économie suivra le même chemin, quand on aura enfin compris que la croissance à l'infinie est une chimère naïve et idiote. Et itou du reste, soit cette chimère essentielle faite de la pathétique ambition de réaliser une croissance/perpétuation biologique infinie que cultive le transhumanisme.

La critique de ce courant par la morale ou la considération éthique, quel que soit le respect qu'elle nous inspire, est en soi sans objet : critiquer moralement un train conduit par une poignée d'illuminés imbéciles qui fonce vers un mur constitue un exercice académique louable mais un peu vain au regard des véritables enjeux. Et en effet, cette critique risque d'avoir été un peu oubliée dans les années 2050, quand la bulle du péché d'orgueil et de bêtise qui gonfle les tenants du transhumanisme aura éclaté comme une grenouille, ou un bubble-gum, à la face de l'humanité.

Oui, la recherche "s'arrête d'elle-même", lorsque les laboratoires, pour un temps "richement dotés", cessent de l'être après avoir fait la démonstration de l'ineptitude de leur quête soit ce que les directeurs de leurs programmes nomment et nommeront alors pudiquement "des contraintes insurmontables en l'état actuel de la science" -- car c'est ainsi qu'ils formulent généralement leur constat de s'être fourvoyés.

Au fond, la question de l'avenir du transhumanisme pourrait se poser dans les mêmes termes que celui de la bêtise. La bêtise a-t-elle un avenir ? Assurément oui. Mais cet avenir est borné par les conséquences désastreuses qu'elle entraîne ; toujours renaissante mais toujours contenue dans son expansion, la bêtise est bridée par les conséquences de ses oeuvres.

Ce que l'on peut dire de la manipulation sur les embryons peut être dit de toute oeuvre d'apprenti sorcier. Les conséquences sur les individus qui en naîtront, et qui en feront les frais, vaudront sentence, plus sévère que toute critique éthique du jour à son égard. Les murs sont plus fort correcteurs de trajectoire que les critiques morales.

Et cela vaut aussi pour le domaine social où les apprentis sorciers vont plus loin encore que ceux qui sévissent sur le vivant : les grands dirigeants occidentaux, Merkel, Juncker, Hollande et Cameron s'accordent, avec tous leurs bataillons d'experts économistes, sociologues et anthropologues, sur le fait qu'il est normal, qu'il est judicieux de livrer, d'abandonner la civilisation en Occident (je ne dis pas même "civilisation occidentale") en échange de l'hypothèse, elle-même mal assurée, du paiement des retraites, d'un maintien à l'équilibre des comptes des régimes de retraite !

Une civilisation, ayant à sa tête des personnes civilisées (Juncker et Merkel ne sont ni des sots ni des barbares) qui se lance dans cette expérience de fou -- soit livrer 2000 ans de construction de cette civilisation, une des plus brillantes qu'ait produites l'humanité, afin que le versement des pensions de retraite des cotisants puisse être assuré -- voilà qui pourrait, par la bêtise, s'apparenter au transhumanisme. Ce projet de fou a-t-il un avenir ? évidemment non, va-t-il alors persister et être maintenu comme programme, évidemment oui, tant que les sociétés n'auront pas explosées, tant que le mur de la bêtise à front de taureau n'aura pas fait éclater la tête du taureau.
03 février 2016, 15:55   Re : Dispute ?
Il y a le saut en longueur, le saut en hauteur, le saut à la perche, le triple saut; il y a eu le saut à pieds joints. Qui fera du saut en profondeur une grande épreuve olympique ?
03 février 2016, 21:10   Re : Dispute ?
Soit. Il n'y a donc plus qu'à attendre le verdict du mur, en espérant qu'au dernier moment il ne se révèle n'être qu'un vulgaire hologramme...

Blague à part, vous avez raison sur l'avenir de la bêtise mais celle qui nous attend, quand la génération et demi, encore à peu près formée au papier et qui est encore un peu aux affaires aura complètement cédé la place, me parait véritablement imprévisible dans ses conséquences. A moins que vous ne pensiez qu'il n'y a qu'une seule façon d'être bête, que la bêtise est Une, tautologique comme Dieu dans le credo musulman, ce que je ne pense pas.
18 mars 2017, 14:19   Re : Dispute ?
Je me permets de faire remonter ce fil de janvier 2016 où il était question d'une "inexorabilité" abusivement prêtée à certains modèles prédictifs, qui englobaient notamment l'avenir de l'Etat islamique, dont j'entrevoyais l'échec et les revers militaires en en projetant les épisodes en décembre 2016, suivant un certain modèle développé ailleurs (www.recherchemetahistorique.fr) dès l'automne 2014.

On m'objectait (Thomas principalement, mais aussi Alain, très critique à l'égard de tous "oracles") avec perspicacité et pugnacité que l'inexorabilité d'un cours est synomyme d'impuissance chez celui qui doit le subir et qu'il ne sert à rien, en somme, de prévoir l'inexorable.

Que s'est-il passé du côté de l'Etat islamique au Levant en décembre 2016 ? Une attaque décisive menée par la Coalition et les troupes irakiennes a fait céder le verrou de Mossoul, mais pour autant la ville n'a pas été prise dans son entièreté, afin d'en épargner les milliers de civils pris en otages par l'E.I. Une partie notable des troupes de l'E.I. a décroché vers la Syrie. L'échec militaire de l'E.I. fut patent et pourtant non décisif. Il n'en demeure pas moins que depuis décembre dernier, l'E.I. recule, enchaîne les revers et n'apparaît plus à même de remonter la pente apparemment inexorable de son effacement militaire sur les théâtres et dans les territoires qu'il avait conquis et où il avait exercé sa domination dès 2014.

Alors la prédiction s'est-elle vérifiée ou a-t-elle été invalidée ? car l'E.I., s'il a un genou à terre, n'est point mort pour autant. Il faut considérer que les événements militaires, dans leurs détails, s'ils n'ont permis d'aboutir pleinement, n'ont pas moins été décisifs sur le cours de l'histoire, et ils ont bien eu lieu dans la fenêtre favorable à un relèvement contre l'E.I., celle que le modèle fixait à décembre 2016.

Rien n'est inexorable, évidemment (ce que je désigne comme "détails des événements militaires" logeant le diable de l'échec, c'est indéniable). Mais certains moments peuvent être marqués dans les schèmes historiaux pour accueillir une action favorable dès lors que la dynamique physique (temporalité et spatialité) des forces aux prises les unes aux autres peut être entendue et correctement interprétée.

[www.francesoir.fr]
18 mars 2017, 15:12   Re : Dispute ?
Sur la "critique des oracles" :

La conscience claire, -- d’où l’impératif de clarté, celui d’une absence d’ambiguïté dans la formulation de tout modèle prédictif –, restitue au sujet agi par le destinal (soit la ligne d’horizon d’un futur que la volonté de son adversaire, ici l’islam, ourdit et façonne) sa liberté d’agir, de reprendre la main en confiance, de redevenir acteur de son destin. La sortie de l’état d'hypnose suspend à elle seule toute emprise de l’hypnotiseur sur le cours des événements et micro-événements d’occurrence immédiate, sise dans l’heure qui vient. Dans le cas qui nous occupe, la fin de l’acquiescement à disparaître suffit pour inverser les rapports de force, et il suffit, pour induire ce terme, d’un sursaut de conscience qu’apportera une connaissance claire des processus dynamiques de la soumission et de la mort en cours.
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