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Le français en cage

Envoyé par Henri Rebeyrol 
07 mars 2008, 10:02   Le français en cage
Dans les milieux branchés et chez les progressistes, l'Académie française est considérée comme une institution poussiéreuse, sclérosée, ringarde et, pour ce qui est du jugement qu'ils portent ou porteraient sur la langue, les académiciens sont tenus pour des puristes (entendre, ils défendraient la pureté de la langue comme d'autres défendent la pureté de la race) ou des conservateurs monomaniaques et fétichistes, attachés à des vétilles. Bien entendu, la réalité est tout autre.

Récemment, un peu par hasard, l'ayant vu, sans le chercher (j'en ignorais l'existence), presque caché sur une étagère inférieure, tout en bas, d'une bibliothèque municipale (gérée par des employés très bien pensants), j'ai lu, de Jacques Laurent, "Le français en cage" (Grasset, 1988). Cet essai (peu connu, rarement cité) est le plaidoyer le mieux argumenté que je connaisse en faveur de la liberté de la langue, Jacques Laurent jouant l'usage contre la norme : il prend le parti opposé de celui des grammairiens, doctes et professeurs (les puristes, c'est eux, ce ne sont pas les écrivains) sur l'emploi de "s'en rappeler", de "par contre", etc.; il est hostile aux orthograph(i)es aberrantes (chausse-trape), il justifie les néologismes, approuve les emprunts à l'anglais pour combler une lacune du français, défend l'argot, les changements de sens, le français populaire, regrette que la langue ait une fonction de marqueur de classe sociale.

Cet essai est à contre-courant. Il donne de l'Académie une image libertaire, tout autre que celle que l'on s'en fait. Il semble (mais je peux me tromper) que Renaud Camus ne le cite pas dans le "Répertoire des délicatesses".
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