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Communiqué n° 1901 : Sur la mort de Michel Tournier

Communiqué n° 1901, mardi 19 janvier 2016
Sur la mort de Michel Tournier

Le parti de l’In-nocence voit dans la vie et l’œuvre de Michel Tournier, qui vient de mourir, un bon exemple de ce renversement des valeurs, au sens presque le plus matériel du terme, que constitue le Petit Remplacement, social et culturel, condition nécessaire du Grand, ethnique et civilisationnel. C’est désormais la sous-culture industrielle, celles des bien-nommées industries culturelles, et notamment les variétés musicales, qui accède à la durée à travers ses idoles, érigées en emblèmes de la société dans son ensemble, et contemporains capitaux ; tandis que la littérature, les arts, la haute culture, ne font plus que briller un laps, en mettant les choses au mieux, et ne produisent plus de figures stables, compagnes des générations. Michel Tournier a été justement célèbre, il meurt dans un sorte de demi-oubli, comme s’il avait cessé d’être de notre temps. Il est un des derniers représentants de la figure très française du “grand écrivain” et, en même temps, le témoin malheureux qu’en société post-littéraire et post-culturelle cette figure a vécu, s’efface, au moins dans l’espace public, commun, d'une nation dont elle fut l’un des emblèmes.
Communiqué un peu sommaire et discutable, un peu trop attendu, comme tout ce que l'on trouve sur ce forum actuellement, si l'on m'accorde de formuler cette appréciation. Le "Grand écrivian" n'est pas forcément un grand écrivain, c'est celui qui aura tout mis en oeuvre pour accéder au statut de "Grand écrivain", ou même Grantécrivain,
comme dit Dominique Noguez. Or celui qui détient ce statut par excellence en France pour le moment c'est Jean d'Ormesson, quasi contemporain de feu Michel Tournier. A sa mort, on ne pourra que constater que la nouvelle ne passera pas inaperçue, j'en prends volontiers le pari. Jean d'Ormesson n'aura pas les funérailles de Victor Hugo, mais pas loin. Or, de l'avis général des connaisseurs ce n'est pas un grand écrivain. Alors le demi-oubli qui marque la disparition de Michel Tournier n'est peut être pas, ou pas seulement, le signe de la décadence des temps. Mais plus justement la marque du statut bizarre de la littérature où depuis le XIXème siècle les meilleurs ne sont pas les plus célèbres - et s'en portent très bien. .
Utilisateur anonyme
20 janvier 2016, 14:51   Re : Communiqué n° 1901 : Sur la mort de Michel Tournier
Tourner a été mis au rebut après avoir été sacré "le plus grand écrivain français contemporain".
Comme Montherlant l'a été. Pour cause d'inadéquation morale sans appel.
Il sera intéressant d'observer les circonvolutions hypocrites des "rendeurs d'hommage" à son sujet ...
Utilisateur anonyme
20 janvier 2016, 15:35   L'inattendu.
Communiqué un peu sommaire et discutable, un peu trop attendu, comme tout ce que l'on trouve sur ce forum actuellement,
/////

Un slogan pour relancer le Forum : "C'est frais, c'est nouveau - c'est Noroit !"
20 janvier 2016, 15:48   Re : L'inattendu.
Communiqué un peu sommaire et discutable, un peu trop attendu, comme tout ce que l'on trouve sur ce forum actuellement, si l'on m'accorde de formuler cette appréciation.

Si j'étais, un brin linguiste, psychanalyste, ou peut-être bien autre chose, je dirais que le 'actuellement' de M. Thierry Noroit renvoie à lui-même (vu qu'au moment d'écrire, il n'y avait que lui sur le forum).
Son propre communiqué serait donc sommaire et discutable, et attendu (par nous autres). Par ailleurs, il s'est accordé de formuler cette appréciation. Aussi, en plus de trouver que le forum est trop vide, M. Noroit cherche à nous dire qu'il s'apprécie.
Nous en sommes heureux pour lui (actuellement).
Utilisateur anonyme
20 janvier 2016, 16:12   Re : L'inattendu.
Ce Forum sentirait-il le moisi ?
Vous êtes bien durs. D'autres ont déjà dit qu'ils regrettaient quelques anciennes plumes, absentes actuellement, sans s'attirer cette volée de bois vert !
Utilisateur anonyme
20 janvier 2016, 19:40   Re : Communiqué n° 1901 : Sur la mort de Michel Tournier
« Jean d'Ormesson n'aura pas les funérailles de Victor Hugo, mais pas loin. »

Euh...
21 janvier 2016, 00:31   Patrimoine
Il faudrait au moins qu'il soit fauché à une terrasse de café...

Les vraies funérailles nationales dignes de celles de Victor Hugo ont eu lieu en l'honneur des dessinateurs de Charlie Hebdo et c'est d'ailleurs au titre de funérailles nationales de gloires nationales françaises des Arts et des Lettres qu'il faut comprendre les manifestations du 11 janvier, bien plus que comme manifestations contre le terrorisme islamique.
« Jean d'Ormesson n'aura pas les funérailles de Victor Hugo, mais pas loin. »

Il faudra inviter les migrants de Cologne…
Utilisateur anonyme
21 janvier 2016, 13:39   Re : Communiqué n° 1901 : Sur la mort de Michel Tournier
Dans un style acéré et avec un sens du drame et du sacré qui n'empêchait pas l'ironie subversive, Michel Tournier aura créé un univers personnel animé par des personnages complexes — essentiellement masculins — en réinterprétant les mythes comme Robinson Crusoé dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique (1967), Castor et Pollux dans Les Météores (1975), les rois mages dans Gaspard, Melchior & Balthazar (1980), Barbe-Bleue et Gilles de Rais dans Gilles et Jeanne, la bulla aurea romaine dans La Goutte d'or (1985), Moïse et la Terre promise dans Eléazar ou la Source et le Buisson (1996). Il en a fait la trame de récits où le réalisme minutieux s'associe à la création imaginaire de mondes différents ( l'île du naufragé du XVIIIe siècle, le parcours des rois orientaux de l'Antiquité, le contexte du guerrier et de la sainte au XVe siècle, la Prusse-Orientale du Roi des aulnes et la napola où l'ogre dévoreur se change en saint Christophe sauveur d'enfant durant la Seconde Guerre mondiale et le nazisme…). Il aura ainsi questionné les parcours humains, soulevant des questions comme celle de la civilisation et de la nature, de la détermination du bien et du mal et de la chute ou du rapport à l'autre et à soi-même à travers le thème du double et de l'androgyne. Comme il évoquait le jugement moral, on a pu lui reprocher certains aspects troubles de ses œuvres qui présentent parfois « une polygamie étonnante, troublante, qui participe de la nature cosmique, sans craindre l'immoral ».
Utilisateur anonyme
21 janvier 2016, 15:08   Re : Communiqué n° 1901 : Sur la mort de Michel Tournier
Citation
Renaud Camus
« Jean d'Ormesson n'aura pas les funérailles de Victor Hugo, mais pas loin. »

Il faudra inviter les migrants de Cologne…


Pas de problème, à condition qu'il y ait assez de femmes blanches "disponibles".
Utilisateur anonyme
21 janvier 2016, 22:44   Re : Communiqué n° 1901 : Sur la mort de Michel Tournier
"une polygamie étonnante"

On aura décidément tout lu !
Elles brillent un laps. Là j'ai eu besoin de mon dictionnaire.
Le mot "laps" signifiant "écoulement", il semble incorrect, ou insuffisant, de l'utiliser seul, à la place de "laps de temps", comme le fait pourtant très souvent l'auteur du communiqué.
Le TLFI admet l'emploi de “laps” isolément :

Rem. On trouve rarement le mot laps employé isolément ou suivi d'un mot n'évoquant pas l'idée de temps : Pendant ce laps de vertu, le baron était allé trois fois rue du Dauphin, et il n'y avait jamais eu soixante-dix ans (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 261). Quand nous arrivez-vous pour passer un laps dans la capitale? (FLAUB., Corresp., 1876, p. 238).


Le Grand Robert l'admet également et reprend l'exemple de Flaubert :

REM. Le mot est très rarement employé isolément.

¨ | « Quand nous arrivez-vous pour passer un laps dans la capitale ? » (Flaubert, Correspondance, in T. L. F.).
Ça m'apprendra à faire confiance à Littré…
Je me permets de rappeler tout de même que “Elle brille un laps” est une illustrissime citation de Mallarmé.
Mallarmé fut le poète de la dernière crête de vague, celui du carosse ailé, après lequel tout s'effondre, la vague crêtée choit, le carosse ultra-léger chute dans l'automobile. Tout un monde qui, univers sobre et aériennement et délicatement et solidement charpenté nous salue dans le départ de son effondrement navré, dans l'adieu, dans un dernier bonjour à Verlaine:

Tout à l'heure, en abandon de geste, avec la lassitude que cause le mauvais temps désespérant une après l'autre après-midi, je fis retomber, sans une curiosité mais ce lui semble avoir lu tout voici vingt ans, l'effilé de multicolores perles qui plaque la pluie, encore, au chatoiement des brochures dans la bibliothèque. Maint ouvrage, sous la verroterie du rideau, alignera sa propre scintillation: j'aime comme en le ciel mûr, contre la vitre, à suivre des lueurs d'orage.

Notre phase, récente, sinon se ferme, prend arrêt ou peut-être conscience: certaine attention dégage la créatrice et relativement sûre volonté.

Même la presse, dont l'information veut les vingt ans, s'occupe du sujet, tout à coup, à date exacte.

La littérature, ici subit une exquise crise, fondamentale.

Qui accorde à cette fonction une place ou la première, reconnaît, là, le fait d'actualité: on assiste, comme finale d'un siècle, pas ainsi que ce fut dans le dernier, à des bouleversements; mais, hors de la place publique, à une inquiétude du voile dans le temple avec des plis significatifs et un peu sa déchirure.

Un lecteur français, ses habitudes interrompues à la mort de Victor Hugo, ne peut que se déconcerter. Hugo, dans sa tâche mystérieuse, rabattit toute la prose, philosophie, éloquence, histoire au vers, et, comme il était le vers personnellement, il confisqua chez qui pense, discourt ou narre, presque le droit à s'énoncer. Monument en ce désert, avec le silence loin; dans une crypte, la divinité ainsi d'une majestueuse idée inconsciente, à savoir que la forme appelée vers est simplement elle-même la littérature; que vers il y a sitôt que s'accentue la diction, rythme dès que style. Le vers, je crois, avec respect attendit que le géant qui l'identifiait à sa main tenace et plus ferme toujours de forgeron, vînt à manquer; pour, lui, se rompre. Toute la langue, ajustée à la métrique, y recouvrant ses coupes vitales, s'évade, selon une libre disjonction aux mille éléments simples; et, je l'indiquerai, pas sans similitude avec la multiplicité des cris d'une orchestration, qui reste verbale.

La variation date de là: quoique en dessous et d'avance inopinément préparée par Verlaine, si fluide, revenu à de primitives épellations.

Témoin de cette aventure, où l'on me voulut un rôle plus efficace quoiqu'il ne convient à personne, j'y dirigeai, au moins, mon fervent intérêt; et il se fait temps d'en parler, préférablement à distance ainsi que ce fut presque anonyme.

Accordez que la poésie française, en raison de la primauté dans l'enchantement donnée à la rime, pendant l'évolution jusqu'à nous, s'atteste intermittente: elle brille un laps; l'épuise et attend.

Extinction, plutôt usure à montrer la trame, redites.

Le besoin de poétiser, par opposition à des circonstances variées, fait, maintenant, après un des orgiaques excès périodiques de presque un siècle comparable à l'unique Renaissance, ou le tour s'imposant de l'ombre et du refroidissement, pas du tout! que l'éclat diffère, continue: la retrempe, d'ordinaire cachée, s'exerce publiquement, par le recours à de délicieux à-peu-près.

Je crois départager, sous un aspect triple, le traitement apporté au canon hiératique du vers; en graduant.

Cette prosodie, règles si brèves, intraitable d'autant: elle notifie tel acte de prudence, dont l'hémistiche, et statue du moindre effort pour simuler la versification, à la manière des codes selon quoi s'abstenir de voler est la condition par exemple de droiture. Juste ce qu'il n'importe d'apprendre; comme ne pas l'avoir deviné par soi et d'abord, établit l'inutilité de s'y contraindre.

Les fidèles à l'alexandrin, notre hexamètre, desserrent intérieurement ce mécanisme rigide et puéril de sa mesure; l'oreille, affranchie d'un compteur factice, connaît une jouissance à discerner, seule, toutes les combinaisons possibles, entre eux, de douze timbres.

Jugez le goût très moderne.

Un cas, aucunement le moins curieux, intermédiaire; – que le suivant.

Le poète d'un tact aigu qui considère cet alexandrin toujours comme le joyau définitif, mais à ne sortir, épée, fleur, que peu et selon quelque motif prémédité, y touche comme pudiquement ou se joue à l'entour, il en octroie de voisins accords, avant de le donner superbe et nu: laissant son doigté défaillir contre la onzième syllabe ou se propager jusqu'à une treizième maintes fois. M. Henri de Régnier excelle à ces accompagnements, de son invention, je sais, discrète et fière comme le génie qu'il instaura et révélatrice du trouble transitoire chez les exécutants devant l'instrument héréditaire.

Autre chose ou simplement le contraire, se décèle une mutinerie, exprès, en la vacance du vieux moule fatigué, quand Jules Laforgue, pour le début, nous initia au charme certain du vers faux.

Jusqu'à présent, ou dans l'un et l'autre des modèles précités, rien, que réserve et abandon, à cause de la lassitude par abus de la cadence nationale; dont l'emploi, ainsi que celui du drapeau, doit demeurer exceptionnel. Avec cette particularité toutefois amusante que des infractions volontaires ou de savantes dissonances en appellent à notre délicatesse, au lieu que se fût, il y a quinze ans à peine, le pédant, que nous demeurions, exaspéré, comme devant quelque sacrilège ignare! Je dirai que la réminiscence du vers strict hante ces jeux à côté et leur confère un profit.

Toute la nouveauté s'installe, relativement au vers libre, pas tel que le XVIIe siècle l'attribua à la fable ou l'opéra (ce n'était qu'un agencement, sans la strophe, de mètres divers notoires) mais, nommons-le, comme il sied, "polymorphe": et envisageons la dissolution maintenant du nombre officiel, en ce qu'on veut, à l'infini, pourvu qu'un plaisir s'y réitère. Tantôt une euphonie fragmentée selon l'assentiment du lecteur intuitif, avec une ingénue et précieuse justesse – naguère M. Moréas; ou bien un geste, alangui, de songerie, sursautant, de passion, qui scande – M. Vielé-Griffin; préalablement M. Kahn avec une très savante notation de la valeur tonale des mots. Je ne donne de noms, il en est d'autres typiques, ceux de MM. Charles Morice, Verhaeren, Dujardin, Mockel et tous, que comme preuve à mes dires; afin qu'on se reporte aux publications.

Le remarquable est que, pour la première fois, au cours de l'histoire littéraire d'aucun peuple, concurremment aux grandes orgues générales et séculaires, où s'exalte, d'après un latent clavier, l'orthodoxie, quiconque avec son jeu et son ouïe individuels se peut composer un instrument, dès qu'il souffle, le frôle ou frappe avec science; en user à part et le dédier aussi à la Langue.

Une haute liberté d'acquise, la plus neuve: je ne vois, et ce reste mon intense opinion, effacement de rien qui ait été beau dans le passé, je demeure convaincu que dans les occasions amples on obéira toujours à la tradition solennelle, dont la prépondérance relève du génie classique – seulement, quand n'y aura pas lieu, à cause d'une sentimentale bouffée ou pour un récit, de déranger les échos vénérables, on regardera à le faire. Toute âme est une mélodie, qu'il s'agit de renouer; et pour cela, sont la flûte ou la viole de chacun.

Selon moi jaillit tard une condition vraie ou la possibilité, de s'exprimer non seulement, mais de se moduler, à son gré.

Les langues imparfaites en cela que plusieurs, manque la suprême: penser étant écrire sans accessoires, ni chuchotement mais tacite encore l'immortelle parole, la diversité, sur terre, des idiomes empêche personne de proférer les mots qui, sinon se trouveraient, par une frappe unique, elle-même matériellement la vérité. Cette prohibition sévit expresse, dans la nature (on s'y bute avec un sourire) que ne vaille de raison pour se considérer Dieu; mais, sur l'heure, tourné à de l'esthétique, mon sens regrette que le discours défaille à exprimer les objets par des touches y répondant en coloris ou en allure, lesquelles existent dans l'instrument de la voix, parmi les langages et quelquefois chez un. A côté d'ombre, opaque, ténèbres se fonce peu; quelle déception, devant la perversité conférant à jour comme à nuit, contradictoirement, des timbres obscur ici, là clair. Le souhait d'un terme de splendeur brillant, ou qu'il s'éteigne, inverse; quant à des alternatives lumineuses simples – Seulement, sachons n'existerait pas le vers: lui, philosophiquement rémunère le défaut des langues, complément supérieur.

Arcane étrange; et, d'intentions pas moindres, a jailli la métrique aux temps incubatoires.

Qu'une moyenne étendue de mots, sous la compréhension du regard, se range en traits définitifs, avec quoi le silence.

Si, au cas français, invention privée ne surpasse le legs prosodique, le déplaisir éclaterait, cependant, qu'un chanteur ne sût à l'écart et au gré de pas dans l'infinité des fleurettes, partout où sa voix rencontre une notation, cueillir. La tentative, tout à l'heure, eut lieu et, à part des recherches érudites en tel sens encore, accentuation, etc., annoncées, je connais qu'un jeu, séduisant, se mène avec les fragments de l'ancien vers reconnaissables, à l'éluder ou le découvrir, plutôt qu'une subite trouvaille, du tout au tout, étrangère. Le temps qu'on desserre les contraintes et rabatte le zèle, où se faussa l'école. Très précieusement: mais, de cette libération à supputer davantage ou, pour de bon, que tout individu apporte une prosodie, neuve, participant de son souffle – aussi, certes, quelque orthographe – la plaisanterie rit haut ou inspire le tréteau des préfaciers.

Similitude entre les vers, et vieilles proportions, une régularité durera parce que l'acte poétique consiste à voir soudain qu'une idée se fractionne en un nombre de motifs égaux par valeur et à les grouper; ils riment: pour sceau extérieur, leur commune mesure qu'apparente le coup final.

Au traitement, si intéressant, par la versification subi, de repos et d'interrègne, gît, moins que dans nos circonstances mentales vierges, la crise.

Ouïr l'indiscutable rayon – comme des traits dorent et déchirent un méandre de mélodies: ou la Musique rejoint le Vers pour former, depuis Wagner, la Poésie.

Pas que l'un ou l'autre élément ne s'écarte, avec avantage, vers une intégrité à part triomphant, en tant que concert muet s'il n'articule et le poème, énonciateur: de leurs communauté et retrempe, éclaire l'instrumentation jusqu'à l'évidence sous le voile, comme l'élocution descend au soir des sonorités. Le moderne des météores, la symphonie, au gré ou à l'insu du musicien, approche la pensée; qui ne se réclame plus seulement de l'expression courante.

Quelque explosion du Mystère à tous les cieux de son impersonnelle magnificence, où l'orchestre ne devait pas ne pas influencer l'antique effort qui le prétendit longtemps traduire par la bouche seule de la race.

Indice double conséquent –

Décadente, Mystique, les Ecoles se déclarant ou étiquetées en hâte par notre presse d'information, adoptent, comme rencontre, le point d'un Idéalisme qui (pareillement aux fugues, aux sonates) refuse les matériaux naturels et, comme brutale, une pensée exacte les ordonnant; pour ne garder de rien que la suggestion. Instituer une relation entre les images exacte, et que s'en détache un tiers aspect fusible et clair présenté à la divination.. Abolie, la prétention, esthétiquement une erreur, quoiqu'elle régît les chefs-d'oeuvre, d'inclure au papier subtil du volume autre chose que par exemple l'horreur de la forêt, ou le tonnerre muet épars au feuillage; non le bois intrinsèque et dense des arbres. Quelques jets de l'intime orgueil véridiquement trompetés éveillent l'architecture du palais, le seul habitable; hors de toute pierre, sur quoi les pages se refermeraient mal.

"Les monuments, la mer, la face humaine, dans leur plénitude, natifs, conservant une vertu autrement attrayante que ne les voilera une description, évocation dites, allusion je sais, suggestion: cette terminologie quelque peu de hasard atteste la tendance, une très décisive, peut-être, qu'ait subie l'art littéraire, elle le borne et l'exempte. Son sortilège, à lui, si ce n'est libérer, hors d'une poignée de poussière ou réalité sans l'enclore, au livre, même comme texte, la dispersion volatile soit l'esprit, qui n'a que faire de rien outre la musicalité de tout."

Parler n'a trait à la réalité des choses que commercialement: en littérature, cela se contente d'y faire une allusion ou de distraire leur qualité qu'incorporera quelque idée.

A cette condition s'élance le chant, qu'une joie allégée.

Cette visée, je la dis Transposition – Structure, une autre.

L'oeuvre pure implique la disparition élocutoire du poète, qui cède l'initiative aux mots, par le heurt de leur inégalité mobilisés; ils s'allument de reflets réciproques comme une virtuelle traînée de feux sur des pierreries, remplaçant la respiration perceptible en l'ancien souffle lyrique ou la direction personnelle enthousiaste de la phrase.

Une ordonnance du livre de vers point innée ou partout, élimine le hasard; encore la faut-il, pour omettre l'auteur: or, un sujet, fatal, implique, parmi les morceaux ensemble, tel accord quant à la place, dans le volume, qui correspond. Susceptibilité en raison que le cri possède un écho – des motifs de même jeu s'équilibreront, balancés, à distance, ni le sublime incohérent de la mise en page romantique ni cette unité artificielle, jadis, mesurée en bloc au livre. Tout devient suspens, disposition fragmentaire avec alternance et vis-à-vis, concourant au rythme total, lequel serait le poème tu, aux blancs; seulement traduit, en une manière, par chaque pendentif. Instinct, je veux, entrevu à des publications et, si le type supposé, ne reste pas exclusif de complémentaires, la jeunesse, pour cette fois, en poésie où s'impose une foudroyante et harmonieuse plénitude, bégaya le magique concept de l'oeuvre. Quelque symétrie, parallèlement, qui, de la situation des vers en la pièce se lie à l'authenticité de la pièce dans le volume, vole, outre le volume, à plusieurs inscrivant, eux, sur l'espace spirituel, le paraphe amplifié du génie, anonyme et parfait comme une existence d'art.

Chimère, y avoir pensé atteste, au reflet de ses squames, combien le cycle présent, ou quart dernier de siècle, subit quelque éclair absolu – dont l'échevèlement d'ondée à mes carreaux essuie le trouble ruisselant, jusqu'à illuminer ceci – que, plus ou moins, tous les livres, contiennent la fusion de quelques redites comptées: même il n'en serait qu'un – au monde, sa loi – bible comme la simulent des nations. La différence, d'un ouvrage à l'autre, offrant autant de leçons proposées dans un immense concours pour le texte véridique, entre les âges dits civilisés ou – lettrés.

Certainement, je ne m'assieds jamais aux gradins des concerts, sans percevoir parmi l'obscure sublimité telle ébauche de quelqu'un des poèmes immanents à l'humanité ou leur originel état, d'autant plus compréhensible que tu et que pour en déterminer la vaste ligne le compositeur éprouva cette facilité de suspendre jusqu'à la tentation de s'expliquer. Je me figure par un indéracinable sans doute préjugé d'écrivain, que rien ne demeurera sans être proféré; que nous en sommes là, précisément, à rechercher, devant une brisure des grands rythmes littéraires (il en a été question plus haut) et leur éparpillement en frissons articulés proches de l'instrumentation, un art d'achever la transposition, au Livre, de la symphonie ou uniment de reprendre notre bien:

car, ce n'est pas de sonorités élémentaires par les cuivres, les cordes, les bois, indéniablement mais de l'intellectuelle parole à son apogée que doit avec plénitude et évidence, résulter, en tant que l'ensemble des rapports existant dans tout, la Musique.

Un désir indéniable à mon temps est de séparer comme en vue d'attributions différentes – le double état de la parole, brut ou immédiat ici, là essentiel.

Narrer, enseigner, même décrire, cela va et encore qu'à chacun suffirait peut-être pour échanger la pensée humaine, de prendre ou de mettre dans la main d'autrui en silence une pièce de monnaie, l'emploi élémentaire du discours dessert l'universel reportage dont, la littérature exceptée, participe tout entre les genres d'écrits contemporains.

A quoi bon la merveille de transposer un fait de nature en sa presque disparition vibratoire selon le jeu de la parole, cependant; si ce n'est pour qu'en émane, sans la gêne d'un proche ou concret rappel, la notion pure.

Je dis: une fleur! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tous bouquets.

Au contraire d'une fonction de numéraire facile et représentatif, comme le traite d'abord la foule, le dire, avant tout, rêve et chant, retrouve chez le Poète, par nécessité constitutive d'un art consacré aux fictions, sa virtualité.

Le vers qui de plusieurs vocables refait un mot total, neuf, étranger à la langue et comme incantatoire, achève cet isolement de la parole: niant, d'un trait souverain, le hasard demeuré aux termes malgré l'artifice de leur retrempe alternée en le sens et la sonorité, et vous cause cette surprise de n'avoir oui jamais tel fragment ordinaire d'élocution, en même temps que la réminiscence de l'objet nommé baigne dans une neuve atmosphère.
Si même Mallarmé est contre moi, évidemment…

(D'un autre côté, à lire le texte proposé ci-dessus, je me demande si j'en suis tant gêné que ça.)
Si même Mallarmé est contre moi, évidemment…

C'est fou: 19:43.
Après que Renaud Camus soit intervenu à 19:03, donc 40 minutes plus tard. Vous n'intervenez jamais et là, paf, 40 minutes plus tard, impérieusement, il faut faire quelque chose.

Francis Marche, moi-même et bien d'autres nous aimerions bien n'être pas tenus en si peu d'estime pour n'avoir pour seul réponse que votre silence. Vos silences en fait car je n'incrimine pas que vous.

Bande de petits.
Pardonnez-moi Monsieur Hergat mais je vois mal ce que vous reprochez à M. Goux.

M. Goux fait une remarque et M. Meyer lui répond puis Renaud Camus et Francis Marche donnent des exemples détaillés et M. Goux répond.
A part ça je trouve que ça fait beaucoup de morts ces derniers temps... en plus Renaud n'a pas bonne mine... comme quoi l'alcool ne conserve pas.
Il est par ailleurs curieux de reprocher à quelqu'un de se taire quand il estime n'avoir rien à dire. Vous devriez plutôt, Monsieur Hergat, prendre mon silence comme l'hommage d'un petit aux grands qui l'environnent et le dominent de leur stature.
(Et mille pardons pour avoir, cette fois-ci, mis plus de douze heures à vous répondre.)
Citation
Philippe Changeur
A part ça je trouve que ça fait beaucoup de morts ces derniers temps... en plus Renaud n'a pas bonne mine... comme quoi l'alcool ne conserve pas.

Oui, n'est-ce pas ; les hommes n'arrêtent pas de crever, c'est dingue ça...
Monsieur Eytan,

Je faisais allusion aux nécrologies et éloges funèbres qui envahissent les médias et maintenant ce forum.

Pas plus tard que samedi dernier le médiateur de France info est d'ailleurs venu parler sur les ondes de plaintes d'auditeurs qui soulignaient à juste titre de mon point de vue cette place exagérée.

Vous allez voir qu'on va avoir droit à des pleurs divers sur le spécialiste de la pâtisserie qu'était Rivette.
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