Le parti dévot embarrassé par les élections autrichiennes
Voyez ce magnifique article du “Monde” qui annonce l'analyse des « raisons de la poussée de l'extrême-droite ». Bien entendu, tout le monde les connaît parfaitement, ces raisons, mais bon, un vieux réflexe nous pousse quand même à aller voir ce que ces gens en pensent.
Alors voilà, tenez-vous bien. Pour commencer, il faut attendre la seconde moitié de l'article pour que la question soit enfin abordées. Et là, le verdict tombe : « les causes de ce séisme sont multiples ». Multiples, vous dit-on. Bien sûr il y a la crise, mais pas seulement (« [les causes] ne peuvent pas être puisées dans une insatisfaction liée à la seule crise car l’Autriche reste, dans la région, un havre de prospérité »). Non, non, l'insatisfaction n'est pas due à “la seule” crise — il y a aussi l'âge du capitaine ! Et de nous balancer deux paragraphes entiers pour nous expliquer que les Autrichiens ont voté pour Hofer parce qu'il n'a que 45 ans. Et le candidat des Verts, arrivé en deuxième position grâce à un score exceptionnel pour ce parti et qui en a 74 ? Ouais, bon, on va pas chipoter non plus.
Alors sentant bien qu'ils ne peuvent vraiment pas ne pas en parler du tout, ils lâchent finalement : « Mais le scrutin avait également lieu dans le contexte orageux de l’arrivée des migrants ». Ah bon, l'arrivée des “migrants” a joué un rôle ? Oui, enfin non, en fait le problème c'est que le président sortant du parti socialiste a alimenté la peur de la population en “affirmant” (c'est lui qui le dit, hein, c'est son opinion, rien de plus) que le nombre des demandes d’asile déposées en Autriche en 2015 « avait dépassé celui des naissances ». Et voilà, fermez le rideau, après ça on passe aux perspectives pour le second tour.
En résumé : la crise (mais pas seulement car l’Autriche reste un havre de prospérité), l'âge du capitaine et l'irresponsabilité du chef socialiste qui a eu l'idée saugrenue, le con, de dire la vérité.
“Le Monde” aujourd'hui, c'est ça.