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Le français AFP

Envoyé par Francis Marche 
11 mai 2016, 07:14   Le français AFP
"La quasi-totalité des votants étaient blancs, selon les sondages de sorties d'urnes."

[www.lefigaro.fr]

et le titre "BS gagne la Virginie", comme s'il s'y rendait, s'y déplaçait.

On peut, on doit supposer que le rédacteur a voulu dire que la quasi-totalité des votants étaient des Blancs, selon les sondages à la sortie des urnes (métonymiques des "bureaux de vote"). A mes yeux (et à l'oreille), ce type de tournure "français AFP" est de plus en plus confondant. J'ai tenté un commentaire, que la modération immodérée du Figaro a bien sûr refusé. Je demandais d'où l'on sortait les urnes et pour les mettre en quel endroit, ou s'il fallait entendre que les votants sortaient des urnes, ce qui pourrait expliquer leur pâleur (ou "blancheur") cadavérique.

Mais je commence à douter de moi, du doute de celui qui se demande si "c'est lui ou si c'est les autres". Qui est linguistiquement déboussolé? n'est-ce pas moi qui doit constater à cette occasion que mon sens de la langue se rigidifie et par conséquent s'émousse, s'aliène ?
11 mai 2016, 13:59   Re : Le français AFP
Il y a aussi cette phrase étonnante : « Cet électorat blanc reste le point faible d’Hillary Clinton, qui a bâti son succès électoral depuis le 1er février, principalement sur les minorités noire et hispanique, ainsi que sur les femmes. » Ainsi donc, les femmes ne semblent pas faire partie de l'électorat blanc : intéressant.
11 mai 2016, 15:02   Re : Le français AFP
Dans les grands titres du jour : le retour d'inapproprié, dans la bouche de Sapin qui s'excuse en reconnaissant "un geste inapproprié", reprenant un terme dont avait usé DSK dans ses excuses publiques à la communauté internationale (et au public étatsunien).

[www.lefigaro.fr]

Ils n'osent plus, ou ne peuvent plus s'exprimer en français et se contentent de baragouiner les mots du vocabulaire international, donc anglais. Les termes français abondent pour qualifier ce type de geste : "geste déplacé", "geste inconvenant" mais comme la langue française leur file des doigts et qu'ils gobent tout ce que leur soufflent leurs conseillers com, que cette langue a déjà désertés, il leur sort de la bouche ce mot vide de sens encodé par l'anglais : "inapproprié" pour "inappropriate", lequel en anglais se refère à la notion de propriety qui n'est autre que la bienséance dans la langue de Molière.

Le bon populo doit se satisfaire de ce mot-code de l'élite, qui lui est opaque et dont l'usage dans la bouche de cette classe dirigeante de pacotille n'a d'autre dessein que de cultiver l'opacité, le mot passe-partout en devient un passe-droit de la caste protégée par son statut, elle lui sert de dispositif immunitaire, tant social que politique. Dites "je reconnais un geste inapproprié, une parole inappropriée", et échappez aux juges de la 17e Chambre.
Utilisateur anonyme
11 mai 2016, 16:49   Re : Le français AFP
Juste avant de donner à Londres un maire musulman, ces pauvres Anglais se sont gravement américanisés, eux aussi. Si nous nous sommes mis à parler, comme des idiots, de “Première Dame”, eux s'amusent à singer l'adolescence américaine au moyen de High School Prom.
12 mai 2016, 12:04   Re : Le français AFP
La photo qui illustre cet article est superbe : le kitsch layette dans toute son obscénité satisfaite.
La bêtise à face de Bambi.
Utilisateur anonyme
13 mai 2016, 12:30   Re : Le français AFP
Citation
Marcel Meyer
Il y a aussi cette phrase étonnante : « Cet électorat blanc reste le point faible d’Hillary Clinton, qui a bâti son succès électoral depuis le 1er février, principalement sur les minorités noire et hispanique, ainsi que sur les femmes. » Ainsi donc, les femmes ne semblent pas faire partie de l'électorat blanc : intéressant.

Ben oui, le corps féminin est genderisé en corps électoral !
15 mai 2016, 04:21   Le français Libé
En ce jour où l'Ukraine vient de remporter le prix de l'Eurovision c'est le journal Libération qui remporte le prix de la traduction 2016, avec sa rendition en "français" de cette déclaration d'un responsable militaire américain cité par la chaîne CNN :

Selon la chaîne américaine CNN, qui s'appuie sur des officiels de l'armée américaine, l'organisation Etat islamique a déclaré l'état d'urgence dans sa capitale auto-proclamée en Syrie, Raqqa. Interrogé par la chaîne, le colonel Steve Warren a ainsi déclaré : «Nous avons vu que l'état d'urgence est déclaré à Raqqa, quoique cela signifie».

C'est ici : [www.liberation.fr]

Quand on ne maîtrise pas sa langue, on ne saurait prétendre entendre, et à plus forte raison faire entendre en traduction, la langue étrangère. On est dans l'autisme : on ne sait se faire entendre pas davantage qu'on ne sait ce qu'il faut entendre dans le verbe étranger. On en devient étrange, aliéné à la communauté des hommes et on écrit alors "quoique cela signifie" sans trop savoir ce que cette expression que l'on couche pourtant dans sa langue, peut bien signifier, justement, et en renonçant à le savoir et à le faire savoir.

(Nous avons vu que l'état d'urgence avait été déclaré à Raqqa, quelle que soit la signification à donner à ce terme, pour le "whatever that means" de l'original).

Libération, ce torchon, mérite amplement tout le mépris qu'on lui voue.
quoique cela signifie = 3 mots
quelle que soit la signification à donner à ce terme = 10 mots

That's all folks.
15 mai 2016, 10:52   Re : Le français Libé
sans qu'on sache très bien ce que cela peut bien vouloir dire : 132 mots

[Pardon, lourdeur rectifiée]
15 mai 2016, 11:37   Re : Le français AFP
Je ne sais pas très bien ce que les interventions de Thomas et Marcel peuvent bien vouloir dire, mais si on se penche ne serait-ce que sur la syntaxe de ce prix de traduction, il faudrait commencer par corriger ce "quoique cela signifie" par "quoi que cela signifie" (4 mots). C'est une faute commune et qui n'est plus relevée par personne : "quelque soit" est fautif lorsqu'il est mis pour "quel que soit". On écrira "quoi que vous fassiez vous n'y parviendrez pas" et non "*quoique vous fassiez vous n'y parviendrez pas".

Ce cas est différent pour les constructions intransitives ; "quoique cela en vaille la peine" ; "quoique cela soit un peu gros, c'est passé quand même".

Mais allez tenter de faire comprendre ça à qui que ce soit de nos jours...
Je voulais faire remarquer que la "traduction" du journaliste de Libé est plus courte, coûte moins d'efforts, que n'importe quelle autre traduction. Il faut en effet fournir un certain effort d'imagination pour passer de la formule très courante "whatever that means" à une formule en français tout aussi brève mais qui n'existe pas comme expression usuelle. Je crois que le journaliste s'aperçoit qu'il va devoir réfléchir cinq minutes, avec le risque de s'embarquer dans un tronçon de phrase qui va lui prendre la tête. Il opte alors vite fait pour une sorte de mot à mot bâtard, en se disant qu'il sera suffisamment compris.

Les difficultés de la traduction sont encore plus facilement réglées dans le cas des titres de films ou de séries venus du monde anglo-saxon que l'on prend de moins en moins souvent la peine de traduire.
15 mai 2016, 19:06   Re : Le français AFP
Or il faut traduire, c'est affaire de dignité, non point seulement par ce que nous devons en tant que légataires, héritiers de tous ceux qui dans l'épaisseur du passé ont fait notre langue, mais face à nous-mêmes, à notre amour propre et notre imago et face à l'Autre, justement, l'Autre à la présence impérieuse, laquelle, ontologiquement, nous intime, parce qu'il est tout lui, à ne pas exister face à lui.

Traduire l'anglais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'a jamais été chose facile. Traduire l'idiome de qui n'a que celui-là -- et tel est le cas sans doute de ce colonel de l'armée américaine -- est bien plus difficile que de traduire des auteurs universalistes comme Dickens (qui lisait et entendait le français) ou Joseph Conrad ou Arthur Koestler qui maîtrisait quatre langues européennes dont le français bien entendu, et cela est même peut-être plus difficile que de traduire Shakespeare qui était un auteur conscient de la langue, des langues, de leur entremêlement et de leurs effets.

Il faut traduire, tenir tête au monolingue étranger monologuant son "whatever that means", afin d'exister face à lui, de tenir avec lui table ouverte (Finkielkraut)
Utilisateur anonyme
19 mai 2016, 19:45   Re : Le français AFP
Or il faut traduire, c'est affaire de dignité, non point seulement par ce que nous devons en tant que légataires, héritiers de tous ceux qui dans l'épaisseur du passé ont fait notre langue, mais face à nous-mêmes, à notre amour propre et notre imago et face à l'Autre, justement, l'Autre à la présence impérieuse, laquelle, ontologiquement, nous intime, parce qu'il est tout lui, à ne pas exister face à lui.

"Affaire de dignité", en effet, même si une langue n'appartient jamais à personne, pas plus qu'on ne lui appartient. Les langues se fichent pas mal de nos désirs de possession (ou de traduction) et les lois naturelles qui gouvernent leurs évolutions encore plus ! Comme la pensée, dès qu'une langue s'arrête, elle meurt sur pied.

La langue anglaise mérite mieux que le strict utilitarisme dans lequel ceux qui la parlent l'enferment la plupart du temps. Comme Poe le savait, la constitution de cette langue et la dynamique singulière de ses accents toniques en font un outil de rêve pour le poète.
20 mai 2016, 11:47   Re : Le français AFP
Quand Mme Cosse cause (dans Twitter), cela donne ceci :

« Je réaffirme la volonté de mettre en place un hébergement digne pour les #migrants en situation de sans-abrisme. »

Les migrants devraient donc rapidement bénéficier d'une mise en abrysme, si l'on en croit notre ministreuse en situation de sur-pondéralisme.
20 mai 2016, 11:56   Re : Le français AFP
"migrants sans abri", cela n'aurait pas fait suffisamment ministériel. Sur Twitter, la plupart des intervenants doivent se creuser l'esprit pour faire concis. Cosse, c'est l'inverse : sa pensée est si vide et si courte que, quand elle twitte, elle est amenée à faire du remplissage.
Cosse, de Cosse & Baupin? Je croyais qu'elle était en situation de sans-dignitisme, cette dame. Ce qui, en toute logique, devrait l'inciter à rabattre son caquet. Mais non, car ces gens-là ne font pas qu’inaugurer chaque jour de nouvelles formes de folie: ils sont d'une infinie impudence.
20 mai 2016, 13:28   Re : Le français AFP
N'accablons pas cette pauvre femme qui, depuis quelque temps, doit être sérieusement en situation de déboussolisme.
(A l'instant, sur France 2, c'est carrément le "diagnostic vital" d'un malheureux qui est engagé! On espère qu'il "reprendra conscience" vite...)
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