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"Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)

Envoyé par Francis Marche 
Ce diable de Koestler a encore frappé, en novembre 1960, pour notre réveil de 2016 : qu'est-ce qui fait l'Europe autre que l'Asie ou que le monde arabo-musulman ? Quel est le secret de son unité et de sa diversité ? Une philosophie ? Des philosophies ? Une spiritualité ou une absence de spiritualité ? Koestler retour d'Asie (Inde et Japon), tente d'apporter des éléments de réponse, voire une réponse, à la question brûlante de l'identité européenne dans une communication à la Société royale (britannique) de littérature, où il occupait la chaire de Cecil Day Lewis cette année-là.

La réponse de Koestler s'articule sur une synthèse originale, qui ferait la singularité, l'identité par conséquent, de l'Europe.

Fruit d'un dialogue (et non d'un "plurilogue" ou d'un brouhaha) de cultures et de traditions, le fil européen s'étire, se crée, se file et se trame dans cette dualité et cette dialectique (au sujet de laquelle Koestler s'amuse à évoquer le yin et le yang). L'élément barbare se joint à ce jeu et s'y fond, se tisse dans cette trame sans jamais la concurrencer ou vouloir la grand-remplacer comme il croit pouvoir le faire aujourd'hui. La diversité européenne, ainsi, est de tous temps, elle est native au continent et s'inscrit dans sa continuité historique.

Les philosophies orientales dont la naissance est contemporaine du pythagorisme (6ème siècle avant notre ère), ont ceci d'étranger à l'Europe qu'elles ne se trament à aucune philosophie du devenir, que la pensée de l'histoire en Orient et la conscience d'un devenir puis d'une eschatologie n'apparurent que tardivement, avec l'advenue du premier grand Empire chinois, qui en instaurant le telos impérial dans la conscience collective, permit de donner cours à une visée eschatologique quasi-moderne en Orient; mais cet empire ne se constituant qu'en -221, c'était trop tard pour que les philosophies natives (taoïsme, confucéisme) ou d'importation (bouddhisme) puissent servir cette pensée nouvelle du devenir qu'elles n'avaient en quelque sorte jamais eu chevillée au corps. D'où l'impensé impérial, ou plutôt son très lent gommage au profit du bricolage d'un confucéeisme d'Etat inefficient qui dût laisser place au dix-neuvième siècle de notre ère à une pensée politique importée d'Occident -- républicanisme, démocratie et christianisme (avec les Taiping en 1860 et aujourd'hui le mouvement évangéliste en Chine et en Corée), et bien sûr, synthèse de tout ça, le marxisme-léninisme, machine à damer le sol, à préparer le terrain et le paysan oriental à l'esclavage industriel d'un XIXe siècle prolongeable sur deux à trois siècles.

Il en fut tout autrement en Europe où la pensée du devenir linéaire de "la maîtrise de la nature" ne cessa, dès ses origines, de se tramer au mysticisme et aux spiritualités de la contemplation (cf le pythagorisme, mais aussi bien l'oeuvre décisive d'un Johannes Kepler au 16e siècle).

Cette communication, qui est une synthèse limpide, de "livre de classe", constitue à mes yeux un texte fondamental pour l'actuelle "quête d'identité" européenne, et pour la LUTTE CONTRE la fausse diversité, sournoisement remplaciste qui vise à l'anéantir.

J'en donnerai ici une traduction au fil de la plume (personnelle, discutable, améliorable mais toujours fidèle comme Argos flairant son Arthur K. après 56 ans d'absence).

Cette communication s'intitule en anglais Reflections on a Peninsula et fait partie du chapitre Europe, my Europe! du recueil d'essais et communications de Koestler intitulé Drinkers of Divinity paru à Londres chez Hutchinson en 1968 (deuxième éd. en 1970)

(je signale au passage, car je m'en avise à l'instant, que ce titre étrange Drinkers of Divinity fait référence au titre DD de "Doctor in Divinity" - Divinitatis Doctor conféré par certaines universités anglo-saxones aux doctorants en théologie et en philosophie. Il faut voir dans ce jeu de mots une allusion au détournement des chemins du savoir ou plus exactement au cheminement vers le savoir par les raccourcis -- voir à ce propos ce qui est dit de Bacchus et de l'Orphisme, et du culte de Dyonisos dans ce texte sur l'Europe en particulier)

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Utilisateur anonyme
07 juin 2016, 23:13   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
Koestler avait-il pensé, prévu, la disparition du sacré ? Car il me semble que c'est bien ce phénomène-là, lié à tout un processus bien connu de sécularisation, qui caractérise l'Europe, et l'identité européenne, aujourd'hui. Une disparition du sacré comme support du sentiment religieux qui est un des traits caractéristiques de notre temps, et qui est à mettre directement en relation avec une religion judéo-chrétienne importée dissociant le monde de Dieu, le procès de désacralisation commençant déjà avec cette affirmation que le cosmos est distinct de Dieu (affirmation détruisant l'unité organique du cosmos chez les indo-européens).

Fruit d'un dialogue (et non d'un "plurilogue" ou d'un brouhaha) de cultures et de traditions, le fil européen s'étire, se crée, se file et se trame dans cette dualité et cette dialectique (au sujet de laquelle Koestler s'amuse à évoquer le yin et le yang). L'élément barbare se joint à ce jeu et s'y fond, se tisse dans cette trame sans jamais la concurrencer ou vouloir la grand-remplacer comme il croit pouvoir le faire aujourd'hui. La diversité européenne, ainsi, est de tous temps, elle est native au continent et s'inscrit dans sa continuité historique.

Francis,

je crois au contraire que lorsque deux croyances (paganisme/christianisme par ex.) entrent en contact, elle entrent aussitôt en concurrence. Dans un premier temps il y a un choc frontal, sans concessions. Après quoi, la religion qui l'emporte tend, non plus à supprimer les formes culturelles qui lui étaient jusque-là étrangères, mais à les récupérer pour en modifier le contenu. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner, dans ces conditions, de constater que le christianisme, ne pouvant parvenir à l'éradication totale d'un certain nombre de formes cultuelles d'origine païennes, en ait repris une partie à son compte en les incorporant dans un autre contexte.
Pascal,

Je n'ai pas encore eu le temps de traduire cette conférence de A.K. mais je vous assure que vous n'y êtes pas, même si l'angle par lequel vous abordez le sujet est disons, très intéressant. Je laisserai A.K. vous répondre, du moins dans un premier temps. La question de la spiritualité (terme pris au sens très large, non limité au monothéisme) est cruciale en effet mais ce que A.K. met en relief est je crois, une sorte de décalage dans le temps historique qui en Orient a empêché que la "contemplation" se conjugue à l'enquête scientifique -- celle-ci, tardivement venue, n'ayant jamais accouché d'une quelconque notion de "progrès" ou d'eschatologie inscrite dans un déroulé historique, le telos impérial n'en ayant pas profité -- alors que cette conjugaison intime fut donnée d'emblée chez les Grecs, selon sa thèse, avec dans l'histoire de la vie de la pensée en Occident, de vastes hiatus et de fortes reprises (notamment celle de la Renaissance) de ce conjugué contemplation-enquête visant le Réel (y compris le politique). Il propose, s'agissant de l'Orient, d'opposer ce qu'il nomme philousia à la philosophia occidentale (qui est le lieu de ce conjugué). Mais je m'aventure un peu trop sans doute à vouloir ainsi résumer (très grossièrement au point d'en rougir) le résumé de la pensée d'un tiers, qui s'articule dans cet exposé avec une très belle rigueur, se déploie avec un allant et ce qu'il faudrait peut-être qualifier de "grâce platonicienne". Nous y reviendrons.
Utilisateur anonyme
08 juin 2016, 00:02   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
mais je vous assure que vous n'y êtes pas


Oui Francis, je sais, mais je mourais tellement d'envie d'y être... Raison pour laquelle je me suis un peu écarté du sujet.
Si ça vous intéresse je vous retrouverai "une petite définition" de l'identité européenne by E. Husserl (reprise par Heidegger je crois, ou bien par Kundera (?)).
Il y a quelques années de cela, on pouvait voir placardé dans tout Londres une publicité pour un cirage de bottes ; l’image montrait une paire de très vieilles chaussures en cuir, et en dessous, cette légende : « They are well worn, but they have worn well » (NdT : Elles sont bien usagées mais elles portent beau – jeu de mot difficile à rendre en français sur la polysémie du verbe « to wear » de « wear and tear » : être usagé, éculé pour une paire de chaussures, mais concurremment « porter » pour un vêtement ou un accessoire). Cela pourrait servir de devise à notre petit continent : il est bien usagé, mais il a fait bel usage, tout bien considéré. J'ai pris particulièrement conscience de cela lors de mon récent séjour de plusieurs mois en Asie, principalement en Inde et au Japon. S’engouffrer, et par moment être noyé, dans les attitudes et les valeurs d’un climat spirituel étranger m’a fourni l’occasion de dresser quelques comparaisons et de percevoir notre petite péninsule sous un jour nouveau, d’un point de vue différent. Si l’on me demandait de résumer en une formule brève ce qui distingue l’Europe des autres grands continents du monde, je mentionnerais deux traits remarquables : l’unité-dans-la-diversité dans l’espace et la continuité-dans-le-changement dans le temps (NdT : les tirets sont dans l’original : unity-in-diversity in Space and continuity-through-change in Time).

Voilà qui paraît bien abstrait, je vais donc vous présenter un exemple assez concret du premier de ces deux traits. Vous avez devant vous un spécimen d’Européen né en Hongrie, éduqué en Autriche, qui a passé certaines de ses années les plus décisives en France, qui a été naturalisé Britannique – sans, hélas, l’être jusqu’à l’accent – et qui écrit ses livres en anglais. Si nous transposons ce curriculum dans des termes asiatiques nous devrons imaginer une personne née, disons à Ankara, qui aurait étudié à Benarès et qui aurait fini par être écrivain japonais. Ce parallèle est absurde et néanmoins il fait ressortir la petitesse de l’Europe tout en mettant en relief l’homogénéité remarquable de sa culture. Où que l’on regarde – art ou architecture, sciences, commerce, sport, mode vestimentaire, mode de vie -- dans tous les milieux, les dénominateurs communs tissent leur toile à travers les frontières territoriales et nationales. Les développements orientés vers l’unité économique et territoriale ne sont que l’expression la plus récente d’une unité de tradition beaucoup plus ancienne, laquelle a rendu possible à un Hongrois de devenir écrivain anglais, ou à un producteur de films scandinave d’exprimer des problématiques qui touchent les jeunes en France et en Italie. L’Europe est le seul continent parmi les anciennes divisions géographiques du monde où la mosaïque ethnique forme un modèle de culture clairement défini et reconnaissable. Et cette unité-dans-la-diversité dans l’espace trouve sa source historique dans le second aspect que j’ai mentionné, savoir la continuité-dans-le-changement, entretenue tout au long des deux millénaires et demi d’histoire européenne.

Il y a deux maîtres mots d’égale importance dans cette expression : continuité et changement, qui sont des aspects complémentaires, tout comme, si l’on accepte ce parallèle avec la biologie, nous trouvons des gènes stables héréditairement transmis de génération en génération en sous-jacence continue dans le flux des variations individuelles. Par comparaison, l’art égyptien, par exemple, révèle une constance étonnante qui s’étale sur deux millénaires, et de même l’indouisme comme philosophie religieuse ; mais cela s’observe sur des sociétés demeurées pour l’essentiel statiques. L’Europe quant à elle, a été presque continuellement agitée par les ferments du changement ; et au cours des trois cents dernières années elle a modifié le milieu naturel et social de l’Homme de manière aussi radicale que si une espèce nouvelle s’était emparée de notre planète. Néanmoins, au cours de cette dernière phase de développement explosif, et au travers des changements tout aussi profonds intervenus précédemment, l’Europe est parvenue à conserver une identité distincte et continue, une personnalité historique, si l’on peut dire.

Il est curieux que ce « personnage historique », (NdT : historic persona, autrement dit le personnage d’une pièce de théâtre, d’un drame historique) doté de son profil individuel particulier, soit apparu à un tournant pour la race humaine – le sixième siècle avant l’ère chrétienne – qui vit aussi l’avènement de Confucius et de Lao Tse, du Bouddha, des philosophes de l’Ecole ionienne et de la fraternité pythagoricienne. Une brise printanière semble avoir balayé la planète, de la Chine à l’île de Samos, réveillant la conscience des hommes comme fut insufflée la vie par les narines d’Adam (NdT : référence à la Genèse 2:7, and Jehovah God proceeded to form the man out of dust from the ground and to blow into his nostrils the breath of life,..). Mais ce moment fut aussi celui de la bifurcation des chemins entre la philosophie orientale de la vie et son homologue européenne, et de la séparation de leurs attitudes respectives face aux problèmes fondamentaux de l’existence. Le bouddhisme, le taoïsme et le confucéisme, qui ont donné leur essor aux grandes cultures asiatiques, possèdent certains traits communs essentiels qui sont en opposition directe avec la pensée occidentale. Cette dichotomie ne tient pas à l’opposition entre une prétendue spiritualité orientale et un prétendu matérialisme occidental, comme on le pense parfois, mais elle met en contraste deux attitudes fondamentalement différentes face à la vie, si différentes qu’un orientaliste allemand contemporain (il s’agit de William S. Haas dans The Destiny of the Mind, Londres 1956) a suggéré un néologisme pour désigner l’approche orientale de l’existence : philousia, qu’il oppose à la philosophie occidentale. Tout indique, des Upanishads au Tao Te-Ching et aux écoles contemporaines de Yoga et du bouddhisme zen, qu’à l’évidence les penseurs orientaux s’intéressent moins au savoir factuel – soit la sophia, de laquelle dérive la philosophia – qu’à l’ousia, soit l’Etre essentiel ; ils s’intéressent davantage à la conscience elle-même qu’aux objets de la conscience. Que l’on se tourne vers l’Inde, vers la Chine pré-révolutionnaire ou vers le Japon, s’affirme un courant de pensée fondamental chez les grands penseurs qui récuse toute expérience des sens comme illusoire, qui nie que le monde des objets ait une réalité indépendante du sujet percevant, et qui trouve « excessivement étrange que l’arbre continue d’être quand il n’y a personne dans la cour » (Ndt : citation du poème de Ronald Knox : There was a young man who said, "God / Must think it exceedingly odd / If he finds that this tree Continues to be / When there's no one about in the Quad." / REPLY / Dear Sir: / Your astonishment's odd: / I am always about in the Quad. / And that's why the tree / Will continue to be, / Since observed by / Yours faithfully, / GOD. : REPONSE : Cher Monsieur, votre étonnement est étrange car je me tiens toujours dans la cour et c’est pourquoi l’arbre continue d’être, en étant ainsi observé par votre dévoué,/ DIEU). C’est une attitude qui à la raison préfère l’intuition, aux concepts aiguisés les symboles fluides, qui préfère penser par images plutôt que par catégories, et qui rejette les axiomes de la logique occidentale, soit la logique des Grecs, que sont par exemple les lois de l’identité, de la contradiction et du tiers exclu (NdT à l’attention des anglicistes : la loi du tiers exclu, soit le principium tertii exclusi se dit « the law of excluded middle » en anglais). Mais surtout, le sage oriental s’attache à l’auto-réalisation par l’annihilation du moi pensant et ressentant ; son idéal est celui de la dépersonnalisation, de la noyade et de la dissolution de l’individualité dans l’étendue liquide de l’Atma, de Brahma et du Nirvana, cependant que l’idéal occidental d’auto-réalisation est celui du déploiement des potentialités de l’individu (NdT : exemple des fréquents gallicismes dans la prose anglaise de A.K. : potentialities pour l'anglais potential. Koestler possède, comme en son temps Joseph Conrad, le français comme langue relais intérieure. Le français a pu ainsi servir, jusqu’à la fin du XXe siècle, à des penseurs et artistes européens, qu’ils écrivissent en anglais ou en allemand, langue originale du roman Le Zéro et l’infini de Koestler, de relais intérieur, et par ce biais, le russe Nabokov rejoint ces deux grands et de même Georges Steiner. C’est depuis une trentaine d’années l’anglais, devenu globish, qui joue ce rôle de langue relais intérieure pour un bon tiers de l’humanité. En perdant son rôle de moyeu linguistique, le français n’alimente plus le feu central des pensées chez personne, si ce n’est peut-être chez certains auteurs haïtiens ou québecois lorsqu’ils s’essayent au globish)

(à suivre)
Cette fondamentale séparation des chemins semble être intervenue, comme je l’ai déjà dit, dans le sixième siècle avant notre ère. Il est fascinant de noter comment cette scission se trouve transcrite dans l’esprit et la structure de la langue proprement dite. À partir de la même racine sanscrite, matr-, sont apparus deux mots clés, maya et metron. Maya, dans l’indouisme et le bouddhisme, est le symbole d’une attitude qui considère la nature comme faisceau d’illusions, soit « le voile de maya » ; tandis que metron mesure la nature ou la considère comme une forme de réalité qui doit être saisie, mesurée et maîtrisée par l’esprit. C’est ainsi que dans l’école ionienne de philosophie, au sixième siècle avant notre ère, la pensée rationnelle se dégagea du monde des rêves, soit celui des rêveries hypnagogiques de la mythologie plongée dans les symboles archétypiques. C’est là que se situe le commencement de la grande aventure européenne ; la quête prométhéenne qui, le long des deux millénaires à venir, devait transformer notre espèce plus radicalement que ne l’avaient fait les deux millénaires précédents.

Mais à ce point de la démonstration je me dois de vous mettre de nouveau en garde contre la conception commune qui assimile l’attitude orientale au primat de la spiritualité et qui ramène celle de l’Occident au matérialisme. Le matérialisme fut une parmi d'autres philosophies grecques qui entrèrent en rivalité, et cette philosophie se perpétua pendant deux siècles environ ; elle a été ranimée deux mille ans plus tard, au dix-huitième siècle, et se trouve être aujourd’hui, en tant que philosophie, en route vers une sortie de l’histoire. Mais, en dehors de ces deux épisodes, la religion, ou tout au moins la conscience religieuse revêtant telle ou telle autre forme, a produit l’accord de dominante (NdT : bien le terme des musicologues) dans le passé de l’art, de la philosophie et de la vie sociale en Europe.

Il faut reconnaître que ce passé est chargé et qu’il n’a en soi rien d’édifiant. Mais l’histoire du monde asiatique a été tout aussi sanguinaire que la nôtre et elle fut comme elle marquée par la cruauté. Les grandes épopées indoues, le Ramayana et le Mahabharata, sont aussi pleines de scènes de sauvagerie et de violence déchaînée que peuvent l’être l’Ancien Testament, ou les sagas des Eddas (https://fr.wikipedia.org/wiki/Eddas), ou celle des Niebelungen. Le Bhagavad Gita – soit l’équivalent indou le plus proche des Evangiles, fréquemment cité mais rarement lu – constitue en fait une réfutation éloquente du pacifisme et de la non-violence que l'on doit à rien moins qu'au dieu Krishna lui-même. Ahimsa (soit la non-violence) représentait un commandement d’ordre aussi abstrait dans la philosophie indoue que pouvait l’être le « tendre l’autre joue » chez nous -- jusqu’à l’époque assez récente où le génie de Gandhi en fit une arme politique. Mais Gandhi lui-même ne fut jamais un pacifiste intégral -- il était prêt, en 1940 à entrer en guerre à nos côtés, à condition que l’Inde se voie octroyée l’indépendance et, en 1948, il donna son accord pour une invasion du Cachemire. De même, la croisade de Gandhi en faveur des Intouchables fut, ainsi qu’il le reconnut lui-même, inspirée non point par l’indouisme mais par le tolstoïsme (NdT : ne pas perdre de vue que Tolstoï et Gandhi entretinrent une riche correspondance : [www.deslettres.fr] ).

Disons-le sans détour : il est de notoriété publique que l’attitude asiatique traditionnelle envers les malades et les déshérités est celle de l’indifférence parce que l’appartenance de caste, de rang social, la richesse et la santé sont pré-ordonnées par les lois du Karma. L’indouisme et le bouddhisme sont tolérants envers les autres religions mais ne manifestent aucune charité pour l’individu ; et s’agissant du christianisme, c’est l’exact opposé qui est vrai. C’est ainsi que l’arrogance messianique du Croisé chrétien trouve son pendant dans l’arrogance détachée qui caractérise l’attitude du yogi face à la souffrance humaine ; et la version orientale de la tolérance sans charité a produit tout autant de souffrances et de malheur que la charité chrétienne dénuée de tolérance.

(à suivre)
Utilisateur anonyme
08 juin 2016, 13:48   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
"Mais surtout, le sage oriental s’attache à l’auto-réalisation par l’annihilation du moi pensant et ressentant ; son idéal est celui de la dépersonnalisation, de la noyade et de la dissolution de l’individualité dans l’étendue liquide de l’Atma, de Brahma et du Nirvana, cependant que l’idéal occidental d’auto-réalisation est celui du déploiement des potentialités de l’individu".


A "l’idéal occidental d’auto-réalisation", qui est "celui du déploiement des potentialités de l’individu", j'ajouterai le respect pour le monde, le sens de la "création" comme émerveillement contemplatif, esthétique et moral, typiquement indo-européen. C'est cela justement qui conserve le monde en nous faisant réfléchir - devrait nous faire réfléchir - 2 fois avant d'y mettre les mains pour l'"améliorer", le "conquérir" ou le "développer".



"l’art égyptien, par exemple, révèle une constance étonnante qui s’étale sur deux millénaires, et de même l’indouisme comme philosophie religieuse ; mais cela s’observe sur des sociétés demeurées pour l’essentiel statiques. L’Europe quant à elle, a été presque continuellement agitée par les ferments du changement ; et au cours des trois cents dernières années elle a modifié le milieu naturel et social de l’Homme de manière aussi radicale que si une espèce nouvelle s’était emparée de notre planète."


A propos du "statisme", Teilhard de Chadin écrivait qu'il n'engendre que des "vivants déjà morts".
Encore une fois le choix se situe non entre spiritualité et matérialisme mais entre deux démarches disparates face au réel : l’une qui s’articule sur l’intuition, l’imagerie symbolique et l’Etre essentiel ; l’autre sur la raison, la pensée conceptuelle et les catégories logiques. Il va de soi que ni l’une ni l’autre de ces deux attitudes ne recèle la vérité pure ; à l’évidence elles doivent se compléter, comme se complètent les principes de la logique masculine et de l’intuition, cette dernière prêtée à l’élément féminin, comme le yin et le yang en philosophie taoïste qui sont faits pour se compléter.

Mais mon propos est que dans l’histoire des grandes cultures asiatiques le primat est accordé à un seul côté qui est celui de l’intuitif, du subjectif, du mystique, et du rejet de la logique ; tandis que dans l’histoire de la pensée en Europe, les deux attitudes sont présentes et dominent la scène par alternance ou parfois entrent en concurrence pour gagner la suprématie. Des exemples de cette polarité créative sont fournis par la dichotomie des principes dionysiaque et apollinien ou encore entre la vision des atomistes grecs, qui voyaient le monde comme matière assujettie à la mesure, et celle des philosophes éléates qui entretenaient une vision plus proche du voile de maya – on se rappellera à ce propos Empédocle sautant dans le cratère de l’Etna à la recherche d’un nirvana ; et on se rappellera aussi ces deux étoiles jumelles que sont Platon et Aristote ; on se remémorera ici le rejet que fit Augustin de la nature au nom de l’autre monde d’une part et la redécouverte de la même nature par Thomas d’Aquin d’autre part ; et on situera dans ce cadre le mysticisme oriental qui inspira Schopenhauer en opposition avec l’arrogant surhomme occidental de Nietzsche ; et on envisagera dans le même ordre d’opposition le jeu des archétypes de Jung d’une part et le complexe de puissance d’Adler d’autre part.

C’est ainsi que la pensée européenne a évolué par le biais d’une union récurrente des oppositions, tandis que la pensée asiatique semble s’être perpétuée par le biais d’une reproduction végétative ou « asexuée » (NdT : asexual process peut faire référence sous la plume de Koestler, très aux faits de l’actualité de la recherche en biologie, à la parthénogenèse dans le règne animal comme au bouturage dans le règne végétal) – comme l'est celle de ces algues qui émettent des boutons se détachant du corps parental pour devenir des individus distincts mais dont la forme est indistincte de leur parent. Le premier processus illustre la continuité-dans-le-changement, tandis que le second accomplit l’auto-perpétuation du même.

(à suivre)
Pour le dire autrement, celui qui se penche sur l’évolution de la pensée en Europe en adoptant le point de vue asiatique ne peut manquer d’être impressionné par l’intégration organique des différents courants qui s’y fondent. La première grande synthèse semble avoir été réalisée vers la fin de ce glorieux sixième siècle avant notre ère, par les pythagoriciens qui ont réuni dans une vision unique ces attitudes qui s’opposent : le mysticisme et la science, la musique et les mathématiques, la fluide intuition et la raison articulée. La mise au clair des lois de la nature, l’analyse de l’harmonie des sphères, ont été proclamées formes suprêmes du culte rendu au divin. Et la thèse que je vous soumets est que cette forme de vénération constitue une découverte spécifiquement européenne. Il y a eu des temps où cette découverte fut oubliée ou niée, comme peut l’être en biologie un gène récessif ; mais elle n’a jamais manqué de se réaffirmer. Elle se verbalise dans ce terme merveilleusement ambigü de « mystère ». L’austère physicien s’applique à percer « les mystères de la nature », et ce faisant il ne se doute pas, le pauvre homme, que mysterium est un mot d’origine mystique, et que le mobile de sa quête d’une théorie unifiée des champs, qui exprimera la gravitation, l’électomagnétisme et les autres charades de l’univers en une formule unique, a davantage d’affinité qu’on ne veut bien l’admettre avec la quête des mystères orphiques.

Une autre veine qui court dans le patrimoine européen est la méthode particulière de sublimation des émotions par laquelle celles–ci sont mises au service du processus créatif ; il s’agit là d’un leitmotif que l’on peut suivre du culte antique de Bacchus-Dionysos à Freud et Jung. De nouveau, je dois me contenter ici de sténographier des notes, si je puis dire. Le culte semi-barbare de Bacchus, le dieu du vin et de la sexualité débridée, fut amené de Thrace en Grèce, vraisemblablement peu de temps avant ce sixième siècle décisif. En Grèce, ce culte s’est « européanisé » dans le culte d’Orphée, par lequel l’ébriété physique se transforma en ébriété psychique ; le terme « orgie » cessa de signifier débauche dans l’enivrement pour désigner l’extase religieuse ; et c’est ainsi que le jus bachique se mua en vin sacramental pour entrer dans la liturgie chrétienne. Une transformation similaire s’est appliquée au sens du terme theoria (de thea signifiant spectacle, et theoris, public). Dans l’usage orphique, ce terme désigne un état de contemplation religieuse dans lequel le spectateur s’identifie au dieu souffrant. Dans la fraternité pythagoricienne, qui adopta le culte orphique, l’extase religieuse se mua en extase provoquée par la découverte intellectuelle, et c’est ainsi que theoria prit bientôt le sens moderne de « théorie ». Enfin, le rite bachique de dévoration du dieu massacré en vue de se partager sa substance divine a pour guise sublimée la doctrine de la transsubstantiation, soit le partage du corps et du sang du Sauveur dans la sainte communion.

C’est dans l’œuvre d’Augustin qu’une des branches du courant de pensée grec principal s’unit, par le néo-platonisme, à la tradition judéo-chrétienne ; une autre branche, avancée par Aristote et Saint-Thomas d’Aquin, promut l’essor de la scholastique. Mais mon propos est que ces courants, ou traditions originellement indépendants, ne se sont en rien mécaniquement additionnés pour former une doctrine éclectique mais qu'ils se sont unis dans un travail de fécondation croisée, créant de la sorte variété et changement, tout en préservant la continuité du legs du passé. Les axiomes d’Euclide et les Dix Commandements ; les Catégories d’Aristote, et le Sermon sur la Montagne se sont ainsi trouvés assemblés dans une grande synthèse. Et celle-ci a assuré le lien entre mysticisme et logique, entre la poésie de Saint-Jean-de-la-Croix et les télescopes des astronomes jésuites dans leur recherche de l’ordre et de l’harmonie dans l’univers. Et c’est cette synthèse que toutes les autres grandes cultures ont rejetée – les cultures asiatiques en récusant le metron et la réalité du monde extérieur, les cultures africaines et pré-colombiennes en se portant vers d’autres pâtures spirituelles.

La Grèce a été conquise, Alexandrie a été anéantie par le feu, Rome et Byzance se sont effondrées, et cependant une continuité a été maintenue. Les migrations ont injecté la vitalité des tribus barbares dans les vieilles races fatiguées (NdT : littéralement, tired old races) du pourtour du bassin méditerranéen, mais l’Europe ne s’est pas barbarisée : ce sont les Barbares qui sont devenus européens.

(à suivre, deux livraisons environ, dans les trois ou quatre jours prochains. Où nous verrons quelles conclusions A.K. était prêt à tirer de cette « pérennité européenne dans et par le changement » en novembre 1960 et de quelle « identité » immarcescible, et finalement assez mystérieuse est faite cette Europe qui nous porte sans pouvoir être ni, pour le bien des Européens eux-mêmes, devoir être).

[message modifié : remplacé "promulgua" par "promut"]
Utilisateur anonyme
08 juin 2016, 17:06   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
Je me permets de citer Milan Kundera, "grand européen" lui aussi, et chez qui l'on trouve des réminiscences de la lecture de Descartes, de Nietzsche, de Husserl ; de même qu'il voit dans le personnage de Goethe un sommet indépassable de la culture européenne et de son universalité :




"En 1935, trois ans avant sa mort, E. Husserl tint, à Vienne et à Prague, de célèbres conférences sur la crise de l'humanité européenne. L'adjectif "européen" désignait pour lui l'identité spirituelle qui s'étend au-delà de l'Europe géographique (en Amérique, par exemple) et qui est née avec l'ancienne philosophie grecque. Celle-ci, selon lui, pour la première fois dans l'Histoire, saisit le monde (le monde dans son ensemble) comme une question à résoudre. Elle l'interrogeait non pas pour satisfaire tel ou tel besoin pratique mais parce que la "passion de connaître s'est emparée de l'homme".
La crise dont Husserl parlait lui paraissait si profonde qu'il se demandait si l'Europe était encore à même de lui survivre. Les racines de la crise, il croyait les voir au début des Temps modernes, chez Galilée et chez Descartes, dans le caractère unilatérale des sciences européennes qui avaient réduit le monde à un simple objet d'exploitation technique et mathématique, et avaient exclu de leur horizon le monde concret de la vie, die Lebenswelt, comme il disait.
L'essor des sciences propulsa l'homme dans les tunnels des disciplines spécialisées. Plus il avançait dans son savoir, plus il perdait des yeux et l'ensemble du monde et soi-même, sombrant ainsi dans ce que Heidegger, disciple de Husserl, appelait, d'une formule belle et presque magique, l'"oubli de l'être".
Elevé jadis par Descartes en "maître et possesseur de la nature", l'homme devient une simple chose pour les forces (celles de la technique, de la politique, de l'Histoire) qui le dépassent, le surpassent, le possèdent. Pour ces forces-là, son être concret, son "monde de la vie" (die Lebenswelt) n'a plus aucun prix ni aucun intérêt : il est éclipsé, oublié d'avance."

L'art du roman, p. 13-14.
Les racines de la crise, il croyait les voir au début des Temps modernes, chez Galilée et chez Descartes, dans le caractère unilatérale des sciences européennes qui avaient réduit le monde à un simple objet d'exploitation technique et mathématique, et avaient exclu de leur horizon le monde concret de la vie, die Lebenswelt, comme il disait.

Tenez Pascal, puisque vous semblez m'y provoquer, je vous prépare un petit quelque chose sur Galilée, toujours "chez Koestler" ce qui fait un contraste bienvenu avec le "chez Ruquier" dont on nous entretient par ailleurs, ne trouvez-vous pas ? Le Forum de l'In-nocence, seul lieu du Web où l'on s'invite "chez Koestler" comme d'autres le font à la télévision "chez Ruquier". Le Forum de l'In-nocence méprise la concurrence, ce qui concourt à son charme et à son unicité, et peut-être même, qui sait, à sa forme singulière d'irremplaçabilité.
Utilisateur anonyme
08 juin 2016, 17:37   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
"chez Koestler" ce qui fait un contraste bienvenu avec le "chez Ruquier" dont on nous entretient par ailleurs, ne trouvez-vous pas ? Le Forum de l'In-nocence, seul lieu du Web où l'on s'invite "chez Koestler" comme d'autres le font à la télévision "chez Ruquier". Le Forum de l'In-nocence méprise la concurrence, ce qui concourt à son charme et à son unicité, et peut-être même, qui sait, à sa forme singulière d'irremplaçabilité.

(Rires)

Et "Chez Koestler" (sorte d'anfractuosité où se soustraire au baratin dominant) nous pourrons enfin jouir de la "liberté des gitans" !, pour reprendre la formule de Jan Patocka : la liberté de ceux qui, mis au ban de la société, peuvent tout se permettre, puisque précisément rien ne leur est permis. La liberté absolue dans l'absence totale de liberté.
Utilisateur anonyme
08 juin 2016, 18:06   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
"Chez Koestler" toujours, à la place du couple Moix/Salamé je verrai bien un tandem du genre... Richard Millet/Hélène Carrère d'Encausse, par exemple. Non ?
[suite de la conférence de Koestler sur l'Europe, 3 novembre 1960]

Au terme d’un long et sombre interlude, l’Europe renaquit (NdT : curieux comme le verbe renaître paraît étrange et faux dans sa conjugaison au passé simple… sans doute parce que toute renaissance doit être d’aspect temporel ouvert, soit rattachée au présent. A méditer) en redécouvrant son passé, soit son héritage grec qu’elle avait temporairement perdu. Pendant plusieurs siècles, les Arabes avaient été les seuls gardiens des trésors du savoir grec (NdT : ce qui nous renvoie à un débat qui fit rage dans ce Forum il y a quelques années à l’occasion de la parution de l’ouvrage Aristote au Mont-Saint-Michel et de la polémique qu’il suscita). Les Arabes avaient ainsi assuré le relais en rapportant en Europe son héritage grec et alexandrin, enrichi par des ajouts indiens et perses. Mais on est surpris de constater que leur longue détention de ce vaste corpus de savoir demeura sèche et nue (NdT: barren, comme dans « barren land », soit des terres arides et dénudées) ; alors que dès qu’il fut réincorporé dans la culture latine de l’Europe, ce savoir fructifia immédiatement et d’abondance. L’héritage hellénique avait eu sur la culture arabe l'effet d'une greffe de peau qui ne prend pas et qui se dessèche, en ne laissant guère de traces (NdT : voilà un aspect des choses fort peu mis en avant dans les disputes sur Aristote au Mont-Saint-Michel, crois-je me souvenir, pourquoi ? Probablement parce que la chose est si énorme et si violemment antidoxique que personne n’a songé à la relever vraiment et que le poisson fut bientôt noyé dans des arguties d’érudits portant sur la factualité de cette transmission par les Arabes). Cependant que lorsque l’Europe a redécouvert son passé, elle a aussitôt entamé ce développement explosif qui a conduit de la Renaissance à l’âge moderne.

(à suivre)
Traduction française de Reflections on a Peninsula de Koestler : suite et fin


La continuité-dans-le-changement et l’unité-dans-la-diversité sont les attributs essentiels d’une culture en évolution. Les humanistes révolutionnaires de la Renaissance et les austères puritains de la Réforme ont puisé leurs inspirations « modernes » aux textes anciens hébreux et grecs ; la Révolution française a tiré ses symboles et les titres de ses fonctions des institutions de la République romaine ; et il n’est pas même jusqu’à l’enseignement de Karl Marx que l’on puisse faire remonter à ses racines archétypales plongées dans les prophéties de l’Ancien testament, les éléments platoniciens présents dans l’œuvre de Hegel, et les acrobaties (NdT : autre gallicisme : acrobacies pour acrobatics) des maîtres d’école aristotéliciens (Aristotelician schoolmen). Il y a toujours quelque chose de nouveau sous le soleil européen mais cette nouveauté est celle, organique, des pousses nouvelles venant sur un vieil arbre, nourries par la sève de ses racines souterraines.

C’est cela, pour le dire brièvement, qui constitue à mes yeux le secret des forces européennes de résistance et de régénération. Mais on ne peut en prendre la mesure mieux qu’en recourant à des comparaisons. Malgré le yoga et le zen, qui ne sont pratiqués que par une infime minorité en Inde et au Japon, les peuples de ces pays vivent aujourd’hui dans un vide spirituel, dans un état plus étranger à toute foi transcendantale que ne l’est l’Europe. Ni l’indouisme ni le bouddhisme ne résistent à l’impact de l’industrialisation et de la réforme sociale, et si tel est le cas c’est parce que ni l’un ni l’autre n’a acquis l’adaptabilité que procure un processus d’évolution continue et qui caractérise la tradition helleno-chrétienne. L’Inde est la plus attachée aux traditions, cependant que le Japon est le plus occidentalisé des pays d’Asie -- ces deux pays se situent aux extrêmes du spectre asiatique. Le centre du spectre est occupé par la vaste Chine, soit l’une des plus vieilles cultures du monde ; et pour autant, ce pays s’est montré moins résistant au choc de l’idéologie matérialiste, et il s’est constitué comme Etat le plus robotique qui soit, rivalisant avec ceux que créent les auteurs de science-fiction. Comparés à ceux-là nous avons plutôt bien résisté au viol de l’esprit, à celui des invasions barbares et des invasions de la barbarie totalitaire (NdT : le communisme, indiscutablement, dans l’esprit de Koestler, comme tout autant le nazisme). Ces barbaries ont amputé l’Europe d’une partie de son corps ; quant au reste de ce corps, une fois encore et tout bien considéré, il a opéré un surprenant rétablissement physique et moral.

Depuis que l’Europe et l’Asie s’en sont allées chacune de son côté, l’attitude européenne envers l’Asie a été tantôt celle du conquérant, tantôt celle du pèlerin désireux de se prostrer aux pieds du gourou. Je suis allé en Asie dans un semblable état d’esprit mais j’en suis revenu plutôt fier d’être Européen. C’est peut-être là fierté de clocher, mais ce n’est pas une fierté facile ni confortable car Hongrois de naissance, Français par amour du pays (NdT : Koestler fut interné en France dans un camp pour « indésirables » en 1939, pendant la Drôle de guerre, et comme on le voit n’en conçut aucune rancœur envers la France, laquelle, en 1949, lui réserva à Paris un accueil « digne de Frank Sinatra » après la parution du Zéro et l’Infini, comme lui-même l’évoque avec humour dans son dernier ouvrage biographique « Stranger in the Square » rédigé à quatre mains avec sa femme Cynthia, peu de temps avant leur double suicide), écrivain anglais avec quelque expérience des prisons et des camps de concentration (NdT : prisons de Franco pendant la guerre d'Espagne), il ne saurait être question que je perde de vue les péchés passés de l’Europe ni le péril mortel qu’elle encourt présentement. Il n’en demeure pas moins qu’une comparaison détachée avec les autres continents est l’occasion d’un regain de confiance en notre petite péninsule et celle d’éprouver pour elle une affection nouvelle, comme pour un personnage qui se tiendrait à califourchon sur le dos du taureau asiatique.
Utilisateur anonyme
09 juin 2016, 16:30   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
Je suis allé en Asie dans un semblable état d’esprit mais j’en suis revenu plutôt fier d’être Européen.

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C'est que la culture européenne est unique en son genre ; la continuité-dans-le-changement et l’unité-dans-la-diversité étant les attributs essentiels de cette culture en perpétuelle évolution.


René Girard, in "Celui par qui le scandale arrive", p. 48-49-50 :

"Dans les sociétés archaïques et traditionnelles, plus encore que dans la société moderne, les individus doivent tout à leur culture et ils ne peuvent pas s'en distancer suffisamment pour en faire un objet susceptible d'être critiqué. Pour la plupart des hommes, l'autocritique culturelle reste inconcevable.
(...) Le monde occidental est unique sous ce rapport comme sous beaucoup d'autres : à côté de la tendance à s'identifier à toutes les appartenances culturelles, à la famille, à la cité, à la nation, à l'Occident tout entier, commune à toutes les cultures, la tendance contraire très vite apparaît : l'opposition à ces mêmes appartenances (...). En dehors de l'Occident, je pense, l'autocritique culturelle n'existe pas ou elle reste embryonnaire.
Les Occidentaux ont inventé une façon nouvelle de penser le rapport entre leur culture et les cultures étrangères, une façon contraire à l'autoadulation de toutes les cultures.
"

Une autocritique culturelle et un refus de l'autoadulation (allant jusqu'à la haine de soi) qui sont la marque de l'Occident.
La lecture de ces réflexions de Koestler produites dans les années 60 du siècle dernier est féconde aujourd'hui parce qu'elles furent produites à un moment d'épokhè de l'histoire européenne, soit un sommet relatif de civilisation et de réflexion sur la civilisation, laquelle chez Koestler était nourrie par une démarche épistémologique menée en référence aux sciences, notamment la physique et la biologie, et portée par un mode de pensée analogique très audacieux ; cette épokhè précéda tous les dévoiements ultérieurs qu'ont connus depuis lors les nations et les peuples européens, qui furent marqués dans l'histoire et qui se cristallisèrent dans la translatio imperii (chute de l'Empire soviétique et émergence d'une intégration politique européenne la même année -- 1992, le Traité de Maastrich ayant été signé sept semaines -- le 7 février 1992 -- après la dissolution officielle de l'Union soviétique prononcée le 25 décembre 1991) et l'avènement d'un paradigme de dissolution des nations monoculturelles dans un bouillon multiculturel concocté, théorisé autant que démographiquement alimenté par la structure supranationale (l'U.E.) en voie d'édification et consolidation que les nations monoculturelles d'Europe, qui avaient été instaurées ou restaurées et reconstruites en tant que telles à l'issue de la seconde guerre mondiale par les Alliées, ont elles-même engendrée ; l'autre dévoiement, auquel nous assistons est bien sûr le pacte faustien que les élites dirigeantes de l’Europe unie sont en train de passer et d'acter au quotidien avec l'islam politique et en se faisant les facilitatrices de toutes ses offensives sur le front idéologique et civilisationnel.

Alors pourquoi donc faut-il relire et étudier ces conférences de Koestler qui datent de plus d'un demi-siècle ?

Il existe en science du vivant un concept opératoire en histoire, ou du moins que certains, dont Koestler et le Français Pierre Chaunu (dans son ouvrage Histoire et Décadence qui parut l'année précédant la mort de Koestler dont il cite l'oeuvre) tentèrent d'utiliser pour un éclairage des processus d’évolution des civilisations. Ce concept est celui de paedomorphose, terme de consonance barbare que les auteurs anglo-saxons explicitent par l’expression française « reculer pour mieux sauter », et qui désigne en vérité un processus par lequel les êtres vivants, lorsque leur évolution aboutit à une impasse, reprennent cette évolution à partir de stades intermédiaires de leur phylogenèse. Il s’agit d’une stratégie de contournement d’obstacle par un mouvement de recul, comme dans un labyrinthe le rat fera marche arrière lorsque rendu dans un cul de sac. La phylogenèse comme l’ontogénèse ont recours à cette stratégie. La structure et l’ontogenèse de l’épi de blé en fournissent une image : l’épi se dresse vers le haut mais pour s’élever chaque graine part de plus bas que n’était monté le fil issu de celle qui la précède dans l’ordre vertical de l’épi. Dans la phylogenèse, cette stratégie paraît tout aussi opérante : l’homme ne « descend » pas du singe mais il s’apparente à l’enfant gorille (structure crânienne, schéma de pilosité, etc.). La néoténie fonctionne ainsi comme chrysalide : une maturité sexuelle précoce permet de produire des descendants qui reprennent les traits juvéniles, voire immatures des individus de l’espèce et laisse périr dans les cul-de-sac du phylum les traits séniles et stériles.

En histoire, regardons l’Union européenne comme trait sénile et décadent de notre épis civilisationnel, et de même les odieuses tentatives post-modernes de greffe de l’islam sur l'Europe, et retournons à nos graines, à notre graine épokhéale des années 60 du siècle dernier en vue de donner à notre croissance un nouveau départ. Je vous proposerai donc de lire bientôt en ma compagnie un autre texte de Koestler sur le raisonnement analogique (thème épineux et buissonnant s'il en est) qui date de 1965 et dans lequel notre auteur explicite ce qu’il faut entendre par paedomorphose en Histoire, soit la structure en épissures de notre parcours civilisationnel.




Paedomorphogenèse dans une inflorescence, celle de l'épi de blé : chaque graine est sise plus bas sur la tige que n'était monté le filament stérile de la grumelle entourant la graine de position inférieure. L'épi croît par reculs successifs et son rachis (l'axe de l'épi, soit la tige dépouillée de ses graines et grumelles) en est sinusoïdal comme peut l'être le fil historial d'Occident.

L'épi de blé était un emblème du dieu de l’Égypte Antique Osiris, symbole de sa mort et de sa résurrection.
Utilisateur anonyme
10 juin 2016, 08:19   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
En histoire, regardons l’Union européenne comme trait sénile et décadent de notre épis civilisationnel, et de même les odieuses tentatives post-modernes de greffe de l’islam sur l'Europe, et retournons à nos graines, à notre graine épokhéale des années 60 du siècle dernier en vue de donner à notre croissance un nouveau départ.
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Les sociétés occidentales ressemblent à d'énormes masses semi-liquides plus ou moins en mouvement et leur avenir dépendra de l'issue des "rivalités mimétiques" (R. Girard) violentes. Des rivalités qui produiront des ravages sans lesquels il n'y aura pas de différenciation véritable, absolument vitale pour nous, avec l'islam. Cette crise, cet emballement engendra des oppositions, des systèmes de représentation s'excluant les uns les autres : c'est à qui sera le plus violent (pour trouver la nourriture, le territoire, les femmes, ces 3 objets essentiels, et pour asseoir sa vision du monde), chacun désirant finalement la même chose. Or il me semble que c'est un passage obligé dont vous semblez ne pas tenir compte, au moins à ce stade de votre démonstration. Pas de "retour", pas de "croissance", pas de "nouveau départ" sans violence.

Il y a comme qui dirait un p'tit côté pensée desconctructionniste derrière tout ça, celle-ci exaltant une sorte de processus d'indifférentiation tout en attendant de ce processus qu'il produise ses propres différences ("retournons à nos graines").
Je propose de voir ce "processus d'indifférenciation" comme accumulation de bois mort dans la civilisation ; le chemin des graines, dans l'épi de blé, est porteur de la vraie vie de la plante et se trace dans les noeuds de l'inflorescence ; ce chemin est bien sinusoïdal -- chez les poissons, l'axe ou le rachis du faisceau des arêtes est droit parce que les poissons ne croissent ni ne s'allonge à la manière des épis de blés -- à cause de ces poussées radiales, obliques, inutiles et de diversion (Union européenne, islamisation, etc.) qu'il faut ignorer (comme on ignore les filaments secs des glumelles de l'épi de blé qui montent haut, vont loin et ne servent à rien si ce n'est peut-être à prendre le vent pour la plante) ou récéper comme bois mort, afin de ne s'attacher qu'à la vraie croissance civilisationnelle et axiale (celle du rachis), porteuse des gamètes du futur. L’Union européenne ne mène à rien parce qu’elle n’envisage son avenir qu’en tuant la plante qui l’a portée en l’épuisant dans une volonté de plus en plus affichée de l'anéantir.

Mais nous aurons l'occasion d'y revenir dans notre lecture de l'essai de Koestler intitulé "The Wings of Analogy" que je traduirai bientôt.
Utilisateur anonyme
10 juin 2016, 10:55   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
Francis,

Je vous attendais sur le terrain de LA VIOLENCE, du CLASH, de L'EMBALLEMENT MIMETIQUE itou itou... et vous me servez du "bois mort". Je reste un peu sur ma faim.
Pascal,

Vous ne prenez rien et restez sur votre faim. Seriez-vous allergique au gluten ?
Utilisateur anonyme
10 juin 2016, 12:41   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
"Ceux-là sont les véridiques... Nous les éprouverons par la peur, par la faim, par la diminution de leurs biens. Qu'Allah les fortifie et les libère de la souffrance."

Hadith.
Relisant ces notes je m'avise qu'en mille cinquante années, l'Europe, Russie comprise, n'aura été privée de toute structure impériale ou supranationale en tout et pour tout que sept semaines du 25 décembre 1991 (dissolution de l'Union soviétique) au 7 février 1992 (signature du Traité de Maastrich qui créa l'Union européenne) en sus de l'intermède de trois ans entre 1918 (fin des empires de la Mitteleuropa) et 1922 (instauration de l'Union soviétique).

Le Saint-Empire romain germanique (Heiliges Römisches Reich), dura de 962 à 1806 avant d'être aboli par Napoléon, Empereur.

L'Empire Russe qui durait depuis 1721 fut renversé en 1917 comme on sait.

L'Empire des Habsbourg tint bon jusqu'en 1918, de même que le deuxième Empire allemand qui avait été créé en 1871.

La période 1918-1922 qui vit la république de Weimar faire suite à l'Empire allemand fut un intermède de trois ans, durant lequel la guerre civile fit rage en Russie avant que les Bolchéviks ne parvinssent à créer l'Union Soviétique.

Les rivalités impériales entre le troisième Reich et l'Union soviétique se résolvèrent par la victoire soviétique en 1945, cet empire devant connaître sa dissolution en 1991, sept semaines avant la création de l'Union européenne.

La Translatio Imperii n'est donc nullement une vue de l'esprit dans ce secteur de l'humanité.
Utilisateur anonyme
11 juin 2016, 16:57   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
La Translatio Imperii n'est donc nullement une vue de l'esprit dans ce secteur de l'humanité.



C'est vrai Francis. Et si l'Empire (ou l'idée impériale (idée-archétype)) perdure, c'est peut-être que, comme la cité ou la nation, il est une forme d'unité politique et non, comme la monarchie ou la république, une forme de gouvernement. Cela signifie que l'Empire est à priori compatible, et de tous temps (ou presque), avec des formes de gouvernement différentes.
Aussi lorsqu'on regarde l'histoire politique européenne on constate que l'Europe a été le lieu où 2 grands modèles de politie, d'unité politique, se sont élaborés, développés et affrontés : la nation, précédée et d'une certaine façon préparée par l'Etat royal, et l'Empire (on sait que dans les faits l'idée impériale commence à se désagréger à la Renaissance, avec l'apparition des 1er Etats "nationaux").

La meilleure façon de comprendre la réalité substantielle de la notion d'Empire, à laquelle vous avez raison d'accorder autant d'importance, reste sans doute de la comparer avec celle de nation et d'Etat-nation, ce dernier représentant l'aboutissement d'un processus de formation de la nationalité dont la France représente en quelque sorte la forme exemplaire. Comme l'écrit Jean Baechler : "On peut tenir la nation comme une branche d'une alternative, dont l'autre est l'Empire."
Si nous étions des penseurs créatifs, audacieux et géniaux comme pouvaient l'être Arthur Koestler ou Johannes Kepler, nous oserions la pensée analogique qui nous conduirait à écrire que les amas supranationaux ou impériaux multicuturels comme l'est l'Union européenne et comme le fut l'Union soviétique sont cause de fractionnement et d'émiettement des amas de moindre masse (qu'ils ont vocation à toucher puis à intégrer) dans des formes porteuses de conflits, de belligérance et d'instabilité, et nous préciserions que cette loi n'est que la transposition dans l'histoire des sociétés humaines et des institutions politiques d'une loi cosmique bien connue (celle qui veut que tout amas d'étoiles, les supernovas, broient et aspirent tout ce que la gravitation a constitué en ensembles de moindre masse dans leur voisinage) ; et nous illustrerions notre loi historique par le cas de la Yougoslavie qui était un amas supranational de moindre force de cohésion et de moindre masse que l'Union européenne en 1992 et qui du fait de la création de cette dernière en début d'année a causé, la même année, l'entame du processus de dislocation du corps supranational mineur qu'était la Yougoslavie dans une guerre européenne sans précédent sur le continent depuis l'effrondrement du troisième Reich, avant que, au terme de cette dislocation, des débris (Croatie, Slovénie) issus du processus de désagrégation ne s'agglomèrent naturellement à la supernova "Union Européenne" ; et nous ajouterions à cette illustration celle de la poussée centrifuge de cette UE qui à présent commence à faire sentir sa force de disloquation sur de vieilles nations européennes ayant agrégé dans un passé lointain des nations subalternes : le Royaume Uni et l'appel vers une secession au profit de l'UE appliqué à l'Ecosse en 2014/15 et l'Espagne, qui doit faire face au détachement de la Catalogne appelée à cela par les sirènes bruxelloises, illustrent l'action de cette force d'attraction-dislocation.

Les créations d'Empire sont fauteuses de guerres : guerre civile qui préluda et accompagna la naissance de l'Urss ; guerre de Yougoslavie pour l'UE. Même schéma dans l'Europe du Deuxième Reich (guerre de 1871) et pour ne rien dire de la guerre dite "de secession" en Amérique.

Il s'agit d'une loi physique, identifiable dans le cosmos.

Mais comme nous ne sommes ni géniaux ni si créatifs, et qui plus est parce que nous vivons des temps imbéciles et que nous sommes entourés de crétins (ce qui n'était pas le cas de Kepler ni de Galilée), nous en resterons là.
Utilisateur anonyme
11 juin 2016, 19:31   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
Si nous étions des penseurs créatifs, audacieux et géniaux comme pouvaient l'être Arthur Koestler ou Johannes Kepler, nous oserions

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Pour ne parler que de nôtre (je parle pour moi) manque d'audace, je crois que ça a à voir, pour beaucoup, avec la répudiation de l'imaginaire (en gros dès les années 60), mot désormais résolument tabou, voire carrément "nauséabond", dans certaines bouches averties.
"C'est très imaginaire" ou "c'est un pur fantasme", dira-t-on d'une réflexion, d'une observation, d'un émoi ou d'une réaction quelconque. Imaginaire : mot magique pour invalider toute pensée audacieuse ou gênante, mot de prude, de puritain, de pusillanime. Ainsi il y aurait une manière de penser et de dire qui éluderait l'imaginaire, le fantasme : pose de la raison. Je trouve extrêmement agaçante cette défiance "raisonnable" envers ce qu'on appelle l'imaginaire... Et ce fut, je crois, le drame de Barthes : il avait un imaginaire de l'imaginaire.
L'imaginaire existe, mais il est réservé aux grands thaumaturges impériaux post-modernes. Mme Merkel, impératrice actuelle de l'Europe, et son vizir, le petit Juncker, qui s'en vont guérir l'humanité de ses maux tout en appelant millénaristiquement les nations à se joindre à l'Empire nouveau, à se fondre à lui par millions, à venir d'Orient et d'Afrique pour ce faire et car besoin est, afin de fonder un nouveau corps impérial multiculturaliste comme avait pu l'être celui des Habsbourg ou l'Union soviétique, sont seuls autorisés à faire s'emballer la machine imaginaire. Nous autres, non. On nous rira au nez, dans le meilleur des cas, dans l'ordinaire, on nous ignorera lorsque nous ferons oeuvre de lucidité sur la question.

J'ai été en butte ici même à un l'un de ces imbéciles supérieurs, il y a un an environ, sur ce sujet de l'Europe, et je sais qu'il représente à lui seul tout un pan, largement majoritaire, du public qui ne veut pas entendre parler d'une mise en structure de ce qui se passe depuis vingt ans sur ce continent à la lumière de l'histoire et des lois du monde physique. Tant pis pour eux et tant pis pour nous. Nos voix seront peut-être entendues dans un autre temps ou un autre monde. Notre misérable désastre n'est pas sans cette paradoxale grandeur.

La réforme des régions de France entreprise par Hollande durant son quinquenat n'est qu'un autre aspect de l'oeuvre de dislocation des nations historiques à laquelle cet empire est commis dans l'intimité de son espace. L'Empire, à l'issue de la dernière en date de ses translations, celle de février 1992, poursuit son oeuvre naturelle de broyage et de dislocation des nations et des peuples, et cet Empire merkelo-junckien issue de la translatio de 1992 et des actes de consolidation ultérieurs, dont celui de 2001 que fut l'imposition d'une monnaie unique, est déjà, dans ses limes, en friction avec le vieux rival, l'Empire russe devenu poutinien, et c'est ainsi que l'Ukraine s'enflamme.

Le pathétique de l'affaire est que cet Empire nouveau se bâtit avec à sa tête des figures de rien, sans grandeur aucune, le Kaiser, Napoléon, Yvan le Terrible, Adolf Hitler offraient au moins le trait rédimant d'être des monstres terrifiants. Tandis que nous devons nous contenter, pour toute séduction de notre imaginaire, des personnages sans relief, à peine existants, que sont les Merkel, le Juncker et les Hollande. Ce qui constitue peut-être l'aspect le plus douloureux de notre malheur : être condamné à être séduits par des minables.
Si nous étions digne du Surhomme nous entreprendrions l'impossible : pour commencer, faire entendre à nos contemporains que le multiculturalisme est un concept pillier de l'Empire ; que ses apôtres et partisans et avec eux les No-Border sont les agents impérialistes les plus purs et essentiels qui soient.

Cet Empire est un faux innocent qui agit sans armée (pas de grande armée européenne qui serait assimilable à la Grande armée napoléonienne multinationale ou à l'Armée de l'Union soviétique) mais qui cause ses guerres par le seul champ de force de son existence (Ukraine, ex-Yougoslavie). Les empereurs post-modernes ne se salissent pas les mains; ils se contentent de faire qu'on s'entretue et qu'on pille en leur nom ("Mer-kel! Mer-kel!" gueulaient les faux réfugiés du Proche-Orient devant les frontières qu'ils firent sauter dans l'automne 2015).

Cet Empire en carton-pâte conquiert le continent et élargit son domaine par le chantage à l'argent (Grèce, Ukraine), l'alliance internationale sournoise (avec la Turquie d'Erdogan qui doit mobiliser ses hommes et ses moyens pour le défendre en échange du droit de s'y agglomérer) et le clientélisme par la submersion démographique et le Grand Remplacement des peuples des nations historiques. Pari audacieux mais qui pour l'heure réussit assez bien à cet Empire aux mains propres. L'histoire l'attend au tournant.
Au fond, toutes les guerres qui se sont déroulées sur le continent européen depuis la Révolution française furent le fait, non pas des nations, comme on aime à le faire croire aux écoliers, mais d'empires et d'ambitions impériales.

De cela il découle que la prétention et la plaidoirie de l'Union européenne qui présentent celle-ci comme dispositif de garantie anti-guerres, dès lors que cette U.E. revêt les traits caractéristiques d'un empire (dissolution des nations, multiculturalisme, négation des nations historiques et dissolution de leurs composantes démographiques et ethniques, etc.), se révèlent pour ce qu'elles sont : de dangereuses supercheries, de cruelles illusions. Loin de garantir contre un retour des guerres sur le continent, l'Union européenne, depuis sa création en 1992, s'en révèle le premier agent motivant et causal (ex-Yougoslavie, Ukraine, Djihad importé à partir de 2012).

Il n'y eut entre la chute du 3ème Reich en 1945 et la création de l'Union européenne en 1992 aucun conflit majeur en Europe, ou qui fût de plus grande ampleur que l'insurrection hongroise en 1956, les événements Prague en 1968, cela pour l'Empire soviétique, et le conflit chypriote qui concernait l'Empire britannique en 1955, et toujours à Chypre les frictions communautaires jusqu'à la partition de fait en 1974, corrélables aux ambitions turques dont on connaît aujourd'hui la nature impérialiste signifiée par les actions et les paroles du Grand Turc Erdogan.
Utilisateur anonyme
12 juin 2016, 10:46   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
Cet Empire en carton-pâte conquiert le continent et élargit son domaine par le chantage à l'argent (Grèce, Ukraine), l'alliance internationale sournoise (avec la Turquie d'Erdogan qui doit mobiliser ses hommes et ses moyens pour le défendre en échange du droit de s'y agglomérer) et le clientélisme par la submersion démographique et le Grand Remplacement des peuples des nations historiques. Pari audacieux mais qui pour l'heure réussit assez bien à cet Empire aux mains propres. L'histoire l'attend au tournant.
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Cet "Empire en carton-pâte" n'a en effet plus rien à voir avec, par ex., l'Empire romain à son apogée, où Rome représentait un principe permettant de rassembler des peuples différents sans chercher à les convertir ni à les supprimer. Car pendant 4 siècles au moins, celui-ci a su faire vivre des groupes hétérogène (le "vivrensemble", le vrai, d'avant la propagande métissolâtre), tout en assignant à leurs dirigeants des objectifs communs qui parurent enviables au grand nombre. Quoique issu de la conquête, l'Empire romain n'entraîna donc jamais l'uniformisation. Au sein même des provinces, les tribus, les cités, les communautés villageoises conservait leur mode de vie.

Contrairement à l'Empire merkello-junckero-remplaciste, dans les terres d'Empire les fonctionnaires romains avaient pour seules tâches le maintien de l'ordre, la protection des frontières (!!!), et évidemment la perception de l'impôt (seul point commun avec l'abject Empire merkellien). Il me semble que cet Empire-là, sans trop vouloir l'idéaliser, visait à unifier à un niveau supérieur sans supprimer la diversité des cultures, des ethnies et des peuples. Mais nous sommes désormais à des années lumières de tout cela.
Contrairement à l'Empire merkello-junckero-remplaciste, dans les terres d'Empire les fonctionnaires romains avaient pour seules tâches le maintien de l'ordre, la protection des frontières (!!!), et évidemment la perception de l'impôt (seul point commun avec l'abject Empire merkellien). Il me semble que cet Empire-là, sans trop vouloir l'idéaliser, visait à unifier à un niveau supérieur sans supprimer la diversité des cultures, des ethnies et des peuples. Mais nous sommes désormais à des années lumières de tout cela.


C'est exact. L'Empire merkello-junckero-remplaciste est purement déconstructeur, mais il n'empêche qu'aussi fantômatique qu'il soit, il est déjà cause d'embrouilles et de conflits "comme un grand".

J'ai omis, dans les conflits et frictions d'ordre mineur qui ont émaillé la période qui sépare la fin du 3ème Reich du Traité de Maastrich l'autre épisode de belligérance dans lequel l'Empire britannique peut être mis en cause : le long conflit larvé d'Irlande du Nord.

Il est à retenir que de ces frictions avec prises d'armes dont on peut dresser la liste entre 1945 et 1992, il n'est pas un cas qui eût pour origine une quelconque volonté de s'amalgamer à un des empires existants : ni à Chypre, ni en Irlande du Nord, ni en Hongrie ni à Prague, ceux qui prirent les armes eurent pour visée eschatologique de devenir partie constitutante d'un corps supranational, bien au contraire, il s'agissait pour eux de s'en extraire -- s'extraire à Chypre de l'empire britannique (et de l'influence turque), à Budapest et à Prague de l'empire soviétique, à Belfast de l'empire britannnique.

Alors qu'en régime impérial merkello-junckero-remplaciste, tous les conflits se soldent ou tendent à se solder par une agglutination de leurs protagonistes au corps supranational merkello-junckerien : Croatie et Slovénie, puis bientôt les autres protagonistes du conflit yougoslave (Kosovo, Bosnie et Serbie) ; l'Ukraine dont on connaît les ambitions européïstes, et enfin, ce qui est une perspective très sombre et fort décisive : les ambitions djihadistes de faire de l'Europe unie le califat de demain par une conquête menée tant sur le terrain qu'au sommet par le lobbying politique.

Donc, deux mouvements ou deux régimes de force de direction opposées qui se sont succédé dans la chronologie de part et d'autre de l'année 1992, laquelle marque le point d'inversion :

1. en période antécédente au Traité de Maastrich, les cas de belligérance en Europe étaient instiguées par des forces visant à SORTIR des empires -- forces d'émancipation des attractions impériales, centrifuges (conflits d'Irlande du Nord, de Chypre, de Tchécoslovaquie et de Hongrie).

2. en période post-Maastrich, les cas de belligérance en Europe sont instiguées par des forces ayant pour visée d'ENTRER dans l'Empire nouvellement édicté par Maastrich et qui était le fruit de la translatio imperii rendue possible par la dissolution de l'Urss quarante quatre jours plus tôt -- force d'obéissance et de subservience à une attraction impériale (celle de l'UE), centripètes (pays issus du démantèlement de la Yougoslavie, Ukraine, Djihad d'importation).

Cette typologie duelle des conflits européens depuis la fin du 3ème Reich révèle empiriquement la nature impériale du corps supranational créé à Maastrich en 1992.
Utilisateur anonyme
12 juin 2016, 14:46   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
. L'Empire merkello-junckero-remplaciste est purement déconstructeur, mais il n'empêche qu'aussi fantômatique qu'il soit, il est déjà cause d'embrouilles et de conflits "comme un grand".

"Comme un grand", c'est exact. On peut cependant regretter les "vrais grands", comme le fut par ex. le Saint-Empire romain germanique... Un Empire qui, tout au long de son histoire, demeura tel un mixte associant ces 3 composantes : la référence antique, la référence chrétienne et la germanité. Ce qui avait tout de même, vous en conviendrez certainement, une autre gueule ! Mais c'est bien là "l'aspect le plus douloureux de notre malheur : être condamné à être séduits par des minables." - Bref, on a l'Empire qu'on mérite.
Cette inversion de polarité des forces à l'oeuvre dans les conflits armés en Europe à partir de la création de l'UE (1992), qui après avoir été orientées vers un affranchissement des empires, une volonté de se soustraire à leur influence ou leur emprise, se trouvent à partir de cette date tournées vers une adhésion et une agglomération à un corps central en phase d'accrétion, cette repolarisation signale que la translation impériale de 1992 est effective. Encore une fois, qu'on me permette cette analogie koestlérienne avec la cosmologie, science dans laquelle il est possible de déduire l'existence d'un corps céleste invisible par la seule inversion d'une polarité magnétique, la modification d'un champ de forces gravitationnelles, dans le secteur de l'espace où l'on suppute sa présence.

L'identification de l'UE comme empire se déduit de même par l'observation de la modification du champ des forces de la belligérance, sa repolarisation vers un corps central, encore physiquement fantômatique (pas de frontières définies, pas d'armée, pas de régime de citoyenneté unifié comme dans l'Empire romain) mais historiquement caractérisable dans ses effets (belligérance, jeux d'alliance et conflits avec les puissances du limes, idéologie, millénarisme, monnaie unique).
» du public qui ne veut pas entendre parler d'une mise en structure de ce qui se passe depuis vingt ans sur ce continent à la lumière de l'histoire et des lois du monde physique. Tant pis pour eux et tant pis pour nous.

Tant pis surtout pour les lois du monde physique, aurait-on presque envie de s'écrier... Mais après un rapide survol de ces élaborations, certes pas inintéressantes, comme toujours, on retire l'impression un peu insatisfaisante que l'"Empire merkello-junckero-remplaciste" soit de nature assez ectoplasmique, puisqu'il s'agirait apparemment d'une construction en carton-pâte déconstructrice par vocation, et régie par des lois que Mavrakis a eu le bon goût de qualifier d'imaginaires ?

Revenons un instant, si vous le voulez bien, à la bonne veille méthode expérimentale : est-ce que ce modèle, de configuration assez labile, tout impérial-koestléro-marchien qu'il soit, permet-il de faire des prédictions vérifiables, concernant certains faits précis et bien définis devant advenir dans un avenir proche ? Après tout, si on veut embarquer "les lois de la physique" dans cette affaire, ce serait la moindre des choses...
Inutile de préciser que je pose la question sérieusement...
à notre cher Alain Eytan : le 3ème Reich a existé n'est-ce pas ? Qui avait prédit, ne serait-ce que dans les années trente, son anéantissement en 1945, et de même l'invincible URSS de Joseph Staline, qui faisait trembler le monde en 1945, qui avait ou aurait déduit, de l'observation empirique de son fait, qu'elle finirait en une chaîne de petits pets de rien du tout en 1991 ?

Et vous voudriez que je vous prédise, parce que j'ai évoqué des lois physiques, quand et comment notre Empire ectoplasmique merkelo-junckien s'évanouira ? Il pourrait le faire la semaine prochaine, sous la pression des peuples d'Europe, comme sous celle d'Erdogan ou de l'EI, comme il pourrait le faire dans dix ou dans quarante ans. Mais je sais avec certitude qu'il périra et se translatera ou se muera comme le fait tout corps physique impérial.

Je déduis son existence physique des effets constatables de cette existence, c'est déjà pas si mal non ? Vous n'allez tout de même pas reprocher à Albert Einstein de n'avoir pas prédit la fin de l'univers, ou bien si ? La physique n'a pas pour vertu de prédire la fin des phénomènes physiques. Comprenez-vous ?
Francis, je n'ai pas parlé de la prédiction de la fin de l'Empire lui-même, cela nous pouvons tous le faire sans aucun modèle précis, surtout s'il s'agit d'un laps confortable variant de la semaine au demi-siècle, mais de "certains faits précis et bien définis" dont l'existence ou le déroulement prochain seraient impliqués par votre modèle, censé après tout, vous avez lourdement insisté là-dessus, être régi par des "lois de la physique", serait-ce par analogie ; la constance de la vitesse de la lumière dans tous les référentiels, l'effet de la lentille gravitationnelle, ou les échecs répétés de toute mesure témoignant de l'existence de l'éther, entre autres, tout cela découlait des théories d'Einstein.
Sans cette prédictibilité possible, à quoi bon parler de "lois physiques", qui toutes prédisent avec précision les comportement des objets décrits, sans quoi il ne s'agirait pas de "lois", précisément...
Utilisateur anonyme
13 juin 2016, 15:56   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
L'appel de l'Empire (pas en carton pâte celui-là) naîtra d'une nécessité que certains, comme moi, n'ont jamais cessé de ressentir. Il y a des signes qui ne trompent pas. Et si l'on trouve dans le minable Empire merkello-junckerien certaines caractéristiques impériales évidentes, sans doute manque-t-il encore l'essentiel : la souveraineté politique et la présence d'un principe spirituel fort.
Je me souviens avoir lu un texte d'A. Kojève, écrit en 1945 je crois, dans lequel le philosophe appelait de ses voeux la formation d'un "empire latin" et posait la nécessité de l'Empire, comme alternative a l'État-nation et à l'universalisme abstrait.
On ne peut rien prévoir (d'accord avec Francis). Mais qui dit Empire, dit idée impériale... Cette idée s'inscrit dans le secret de l'histoire, même si pour l'instant elle n'a pas encore trouvé sa forme.
Pour l'heure, on peut au moins prendre date, et adopter une certaine attitude.
N'est-il pas inquiétant que la formidable efflorescence artistique et intellectuelle de la Vienne, fin et début de siècle, qu'évoquait Koestler, ait justement atteint à son apogée lors de la décomposition de l'Empire qui l'avait rendue possible, comme une sorte de merveilleux épiphénomène fongique proliférant sur la pourriture de la Kakanie déliquescente et bientôt disparue ?
Le thème n'est bien sûr pas nouveau, mais il est en l'occurrence illustré de façon frappante.
S'il faut attendre l'avènement d'un nouvel ordre impérial, son essor, puis son déclin, pour que de telles choses soient à nouveau possibles, on s'en lasse d'avance : toute structure d'ordre n'est jamais intéressante ni souhaitable pour elle-même, en tant que telle, qui n'est qu'une répétition mécanique, une pénible tautologie, et on se contrefiche de l'efficacité des rouages et du bel agencement des parties, cela ne vaut que par ce que ça permet de réaliser, et d'outrepasser, littéralement.
Autant essayer de tirer parti le plus possible de la chienlit actuelle, plus à portée de main, en espérant que les ordures décomposées y puissent aussi, malgré tout, être belles...
Utilisateur anonyme
13 juin 2016, 22:31   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
N'est-il pas inquiétant que la formidable efflorescence artistique et intellectuelle de la Vienne, fin et début de siècle, qu'évoquait Koestler, ait justement atteint à son apogée lors de la décomposition de l'Empire qui l'avait rendue possible
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Oui bien sûr, mais n'en sommes plus là cher Alain... Car face à la déferlante migratoire et à la menace terroriste qui l'accompagne nous avons impérativement besoin, dans la longue durée, d'une "structure d'ordre", et pourquoi pas de l'idée d'Empire, même si cet empire-là ne sera pas forcément gouverné par un empereur. C'est bien l'idée d'Empire qui se rapproche le plus de l'organisation à venir, enfin je crois... A condition de penser, non aux constructions précaires d'un Charles Quint ou d'un Napoléon, mais plutôt à l'empire romain et, peut-être, à l'empire chinois (je ne sais pas ce qu'en pense Francis).
Il me semble qu'"à l'heure qu'il est", ce dont nous avons le plus besoin c'est moins d'une "formidable efflorescence artistique et intellectuelle" que d'un modèle de civilisation, d'un système de valeurs et d'une "structure d'ordre", sans lesquels nous ne pourrons nous défendre contre tous ceux qui, au dehors comme à l'intérieur, remettent notre existence en cause.
En tentative de réponse à Alain et à Pascal : il semble qu'il y ait eu trois temps au vingtième siècle s'agissant de l'alternance ordre-désordre : le moment de "formidable efflorescence intellectuelle" évoqué par Koestler dans la Vienne d'avant-guerre faisait suite à l'effondrement de l'Empire (post-1918) ; il ne peut guère être question de la Vienne d'avant la première guerre mondiale chez Koestler puisque ce dernier, né en 1905, ne l'a que trop peu connue. Il suggère cependant dans l'essai Tu Felix Austria que "la symphonie des accents" de l'Empire qui se faisait entendre à Vienne peut être corrélable à l'atonalité de la deuxième école Vienne...

Donc, il y a deux phases de décomposition : la décomposition post-collapsus de l'Empire associée à la "formidable efflorescence intellectuelle" d'une part, et il y a celle qu'opère le corps impérial en phase d'accrétion, et qui n'est autre que la phase solve du processus solve et coagula des alchimistes, expression qui fait la devise gnostique de certaines sectes franc-maçonnes (et dont le principe fournit le programme de civilisation de l'un des "pères de l'Europe" : Richard Coudenhove-Kalergi, personnage qui a donné son nom au prix dont a été récompensée "l'impératrice" Merkel, il n'est pas inutile de le mentionner).

Dans cette phase d'accréation le corps impérial concasse les nations européennes en "régions d'Europe" (Catalogne, "Lille, capitale européenne", etc.) -- solve -- d'une part, et en agglomère les débris (adjonction successive des Etats de l'ex-yougoslavie et du limes de l'ex-URSS) -- coagula d'autre part.

L'autre voie de décomposition qu'opère le corps impérial en phase ascendante est bien sûr la vidange qu'il effectue de la diversité originelle des peuples du continent, et il opère ce travail par la submersion démographique en invitant des peuples allogènes à s'engouffrer dans l'espace qu'il contrôle par ses lois et directives et l'invite qu'il adresse à tous de se métisser. La supression du mot "race" dans cet espace est un diktat racialiste d'élimination des races au profit d'une seule, résultante promise (Coudenhove-Kalergi) de ce métissage. L'empire nouveau s'autocrée ainsi : par l'invite adressée à des peuples clients dont les peuples originels et divers doivent financer l'installation sur l'espace européen.

Ce qui reste intéressant à relever : au lendemain de l'effondrement du 3ème Reich c'est à un mouvement contraire que l'on assista en Europe : celui du regroupement des peuples d'Europe (et singulièrement de la Mitteleuropa) dans des nations aussi concentrées ethniquement qu'il était possible (cf les grands déplacements transcontinentaux de populations des années 1945-1948 qui culminèrent avec la création de l'Etat juif devant regrouper la diaspora). Ce mouvement de reconcentration des peuples européens en nations monoculturelles/monoethniques eut pour exception notoire la Yougoslavie, avec les conséquences tragiques que l'on sait en 1992-95 lorsque le mouvement s'inversa suite à la création de l'Union européenne, attracteur nouveau. Ce grand mouvement de reconcentration ethnique-national s'opéra sous l'oeil vigilant des puissances alliées, et à cet égard on a un peu oublié aujourd'hui que les deux premiers pays à reconnaître l'Etat d'Israël furent bien les Etats-Unis d'Amérique et l'Union soviétique.

Encore une fois, la doctrine géopolitique qui voulait que chaque peuple ait sa nation et chaque nation son peuple unique s'inversa brutalement avec la création de l'UE, qui entreprit, comme Grand Attracteur, de faire éclater les nations en balkanisant l'espace européen (guerre des Balkans de 1992-1995) et en concassant les vieilles nations qui sont autant d'empires éteints (Royaume-Uni, Espagne), et dont l'extinction, il n'est pas inutile de relever ce fait aussi, s'opéra durant toute la période dite de "décolonisation" qui coïncida avec celle de l'essor de l'association biunivoque peuple-nation dans l'espace européen. (cf la revendication nationale anti-impérialiste des peuples hongrois, tchèques, polonais, chypriotes, d'Irlande du Nord, etc. au cours de cette période)

Donc et pour résumer : la période 1945 à 1992 fut celle de l'ascendant presque pacifique des entités nationales européennes, conjoint à celui de leurs peuples, contre les empires en crise (Russe et Britannique dans l'espace européen et les limes du continent, s'agissant de l'Irlande du Nord et de Chypre) ; la décomposition courante ou proche (URSS) des empires se faisant alors au profit de l'essor nationaliste.

La période dans laquelle nous nous trouvons depuis 1992 est celle de l'accrétion d'un corps impérial central qui déconstruit ce que la période précédente avait construit et qui inverse les mouvements de populations qui avaient caractérisé cette dernière, et ce corps supranational/impérial fait cela en oeuvrant dans le sens d'une dilution/vidange démographique des ensembles ethniques nationalement constitués ou regroupés dans la phase antécédente et elle taxe de "populisme" et tance ainsi l'aspiration des peuples à s'émanciper de son emprise, laquelle est pourtant essentiellement de même nature que celle qui avait animé ces peuples (en Europe de l'Est notamment) dans la phase de décomposition impériale qui avait précédé (1945-1992).
J'ai avancé plus haut une conjecture, une loi supposée : qu'en Europe il n'y a jamais eu de guerre, depuis la Révolution française, dont la cause ne soit une ambition impériale ou un fait impérial. Je n'ai pas précisé que cette conjecture s'étend aux guerres civiles. La plus emblématique de toute, la guerre d'Espagne des années 30 du siècle dernier, fut cela, soit un théâtre de confrontation entre deux empires mettant en jeu leurs intérêts respectifs et faisant parler leurs ambitions impériales : la Russie soviétique et le Reich hitlérien.

Alors quoi ? Ne peut-on pas appliquer cette loi aux guerres civiles européennes à venir, si l'on cède à la tentation de faire de la prospective ? Eh bien cédons : quels seront alors les empires protagonistes de cette guerre civile française dont nombre d'observateurs ne craignent plus d'évoquer la possibilité future ?

Le premier qui vient à l'esprit est bien sûr l'Empire Mol, l'ectoplasmique empire merkelo-junckerien qui se fait appeler, comme les Etats Yankees d'Amérique du Nord avant la guerre civile dite "de sécession" Union (européenne). Ses adversaires dans cette guerre seront très simplement ceux qui ne veulent pas de lui, soit les patriotes que l'Empire Mol appelle déjà les "populistes", soit les nations et les peuples confédérés qui éliront à leur tête des hommes et des femmes déterminés à tourner le dos à l'aventure historique de l'Empire Mol.

Mais il faut un autre protagoniste impérial. Quel sera-t-il ? Quel sera l'acteur impérial près à soutenir les patriotes nationaux d'Europe dans leur combat contre l'Empire Mol ? Il semble bien que ce soit, hélas, l'Empire Poutinesque, en lequel dès à présent, les patriotes français du Front National voient un soutien virtuel.

Faudra-t-il alors choisir son camp, dans cette guerre civile en France (et ailleurs en Europe) entre l'Empire Mol qui, d'ores et déjà, par la voix de son porte-parole en France le premier ministre Valls, a fait savoir qu'il était prêt à tout, pour empêcher que le FN n'arrive au pouvoir, d'un côté, et les petits soldats de l'Empire poutinesque de l'autre côté, comme en Ukraine aujourd'hui ? Peut-être mais c'est assez improbable. C'est assez improbable à cause des incertitudes qui s'attachent à l'attitude de deux autres protagonistes : l'islam politique d'une part, les Etats-Unis d'Amérique d'autre part.

1er élément contingent (A) l'islam politique, se joignant comme il le fait déjà un peu (les nazislamistes et les Rouges entretenant de fortes affinités réciproques) aux nervis de l'Empire Mol que sont les Antifas et autres militants No Borders et aux ardents petits soldats du vivrensemble, prend fait et cause pour l'Empire Mol contre les nationaux poutinesques; par opportunisme et calcul politique (l'Empire Mol devant logiquement gagner cette guerre civile, des postes et porte-feuille de ministre seront à prendre une fois l'ordre de l'Empire Mol établi, ce qui était le raisonnement des Communistes français à l'approche de la fin de la deuxième guerre mondiale) autant que par aversion anti-Poutine.

2ème élément contingent (B) les forces de l'islam politique et du djihad restent neutres, c'est à dire qu'elles frappent les deux camps, un peu comme Mao pendant la guerre sino-japonaise, avant de cueillir le pouvoir sans partage comme un fruit mûr à la fin de la guerre, en "achevant" (toujours comme Mao) les forces de l'Empire Mol si celles-ci ont pris le dessus, ou bien les forces patriotiques et poutinesques si ce sont elles qui ont eu gain de cause à l'issue des hostilités (éventualité très improbable).

3ème élément contingent (C) Les Etats-Unis d'Amérique interventionnistes soutiennent l'Empire Mol contre les patriotes européens poutinesques, ce qui rendra très difficile l'application du premier élément contingent (A) puisque les forces de l'islam de conquête considèrent les Etats-Unis comme l'ennemi suprême ; mais réciproquement, si (A) s'applique d'abord, alors il faut s'attendre à une neutralité des Etats-Unis, voire à son interventionnisme en alliance avec l'Empire poutinesque et les patriotes européens, comme cela s'est vu de 1942 à 1945 (voir D) ;

4ème élément contingent (D) : les Etats-Unis d'Amérique scellent une alliance avec l'Empire poutinesque pour abattre la coalition que l'Empire Mol a constituée avec les forces islamiques. Et l'issue de la guerre civile tourne à la faveur des patriotes nationaux, exactement comme en 1945 en Europe occidentale, et l'Empire poutinesque reprendra des couleurs en Europe orientale, toujours comme en 1945. Et l'Empire Mol sera définitivement enterré.

Une chose est sûre et certaine : l'Empire Mol, trempé comme l'acier dans cette guerre civile, s'il n'est anéanti comme le 3ème Reich en 1945, deviendra au sortir de cette guerre un empire véritable, bardé d'une armée constituée, avec ses garde-frontières, ses figures de héros militaires, une très belle épopée guerrière à offrir aux générations futures, etc. et sera appelé à le rester pour pas mal de temps. Je ne donnerais pas plus de 2 pour cent de chance à cette issue.

Le plus vraisemblable des scénarios sera (C) Les Etats-Unis d'Amérique interventionnistes soutiennent l'Empire Mol contre les patriotes européens poutinesques conjugué à (B) les forces de l'islam politique et du djihad restent neutres, c'est à dire qu'elles frappent les deux camps, un peu comme Mao pendant la guerre sino-japonaise. Voilà pour la première phase de cette guerre civile. La seconde phase n'est pas envisageable en l'état car trop chargée d'impondérables (qui sera au pouvoir aux Etats Unis ? Quelle évolution du djihad sunnite ? Quelle fin aura eue l'E.I. ? avec quelle force et suivant quelle répartition des coups, l'islam politique frappera les protagonistes? quelle sera la stratégie de Poutine, dont la personnalité est plus retorse encore que celle de Joseph Staline, quid du facteur turc ? etc. )
Utilisateur anonyme
14 juin 2016, 14:49   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
Nos réflexions sur le concept d'Empire ne sont pas anodines, elles ne sont pas non plus de pures chimères, et ça n'est pas un hasard si le modèle de l'empire romain n'a jamais cessé d'inspirer jusqu'à nos jours toutes les tentatives de dépassement de l'Etat-nation. Pas un hasard non plus si, aux heures de détresse de la pensée, l'idée d'Empire (la Reichsgedanke) a toujours mobilisé la réflexion *. N'est-ce pas encore l'idée d'Empire que l'on retrouve, sous-jacente, dans tous les débats qui ont trait actuellement à cette lamentable construction européenne ?, même si pour nombre de politiciens et de théoriciens l'Etat-nation est une réalité indépassable.



* On a notamment assisté en Allemagne, sous la République de Weimar, à une véritable floraison de publications sur le thème de l'Empire. Cependant, parmi tous les auteurs ayant traité de ce sujet, les avis différaient souvent grandement quant à la signification à donner à la notion d'Empire, ainsi que sur la relation entre le Reich médiéval germanique et l'imperium romain. Mais qu'importe : l'Allemagne d'alors était un véritable laboratoire d'idées. Je ne pense pas qu'on puisse en dire autant de l'Allemagne de Merkel.
On a notamment assisté en Allemagne, sous la République de Weimar, à une véritable floraison de publications sur le thème de l'Empire

Ce n'est que hors-empire que la libre réflexion sur l'empire est possible. Ce fut le cas de la Chine : jamais la pensée politique et la vie de l'esprit n'atteignit les sommets qui furent les leurs en Chine que lorsque l'Empire n'était point, qu'il ne fût point encore créé (Confucius et les autres précédèrent le premier empire chinois et produisirent leur oeuvre dans la période dite "des Royaumes Combattants") ou qu'il fût suspendu (Période des Trois Royaumes, Période des Seize Dynasties, [*] etc.)

En phase impériale, la pensée devient unique -- le premier empereur chinois commença par brûler les livres --, comme elle l'est aujourd'hui dans l'Empire Mol. Avant que l'Empire Mol ne se déclare en 1992, la pensée dans les nations européennes prises entre les bases des missiles intercontinentaux des deux Grands (1945-1992), atteignit des sommets. Les nations protègent l'essor de la pensée critique contre les Empires, qui, eux, se font pour premier devoir de l'écrabouiller. C'est un trait universel de l'histoire qui se retrouve en Orient comme en Occident.

L'Empire Mol, qui est Empire du Bien, ne tolère aucune critique visant l'Empire Mol ; il lui colle l'étiquette "populiste" et la censure sans état d'âme.

[*] Voyez ce qu'a à nous dire cette intervenante d'un forum sur le sujet (en anglais) :

The Three Kingdoms period shouldn't be seen as an independent period in and of its own. The "philosophical era" you're looking for includes the Jin and the civil war period after Jin split/fell (North/South Dynasties, 16 Dynasties, etc.). Chinese mysticism (玄学), for example, flourished in this era. "Taoism" as we know it (as a religion/philosophy) was established during the Jin. And Buddhism really didn't take off until this period, either.

At the risk of being overly simplistic, one can say that the socio-centric theories (Confucianism, Legalism, etc.) gave way to person-centric ideologies.

I can't quote you any text off the top of my head, but I can tell you that during this period "back to nature" literature really took off. Both in the sense of back to ecological nature and personality nature. In the former category, you see a lot of poetry and essays about being the benefits of being a hermit in the woods, enjoying a peaceful life in the countryside, being in closer contact with the natural world, etc. In the latter category, you see the rise of the "Pure Conversation" (清谈学) movement (well, it's really more of a fad than an organized movement), which stresses giving free reign to human nature (there's a lot of sex and alcohol involved). Zhuang Zi was a big hit with the Pure Conversationists.

There's also an increased obsession with immortality and making elixirs of immortality. Ok, so the First Emperor of Qin was also obsessed with immortality, but during this period it really spread to the gentry class.

This stuff built the foundation for Taoism (as a religion), and it really was in this period that you get people dedicating their lives as Taoists and organized Taoism. The emphasis on nature also became a standard of "personal refinement" for the gentry classes in the ages to come. (I.e., if you're a scholar that has achieved some kind of personal refinement, you should associate with nature more or something.)

The rise of Buddhism can partly be attributed to it being able to piggy-back on this new "Taoist" line of thinking. Both philosophies/religions share the ideas of rejecting the public life and social responsibilities (such as the responsibility to family and country as stressed by the Confucian thinkers) for the sake of working on the "self", the increased awareness of the natural world, the seeking of truth in apparent contradictions. Zen Buddhism really is Buddhism with a Taoist flavour. Although Zen Buddhism did not become a distinct school of Buddhism until the end of this era of civil war, the ideas of Zen really did grow gradually out of the philosophical developments of this era.


[the-scholars.com]


Notez ce qu'elle dit au 3ème paragraphe qui rejoint ce que je disais en introduction à l'essai de Koestler sur l'Europe (tête d'arborescence) : la pensée philosophique et politique chinoise, née hors empire et en quelque sorte, née trop tôt par rapport à lui, ne profita jamais à ce dernier, et les penseurs et philosophes, au lieu de mener leurs échanges dans l'agora comme en Grèce antique et de forger une pensée politique pragmatique, s'éloignent de la cité et finissent en thébaïde, dans les bois et les monts baignés de nuées.

Ce que nous décrit cette intervenante est un certain climat qui n'est pas sans parenté avec celui de la Vienne de l'entre-deux guerres d'où l'Empire s'était retiré ou bien se trouvait en état de pourrissement avancé (cf l'intervention d'Alain Eytan supra) : l'inconscient, son exploration (cf. ce que cette internaute appelle les "person-centric ideologies") acquirent là aussi, et alors, la primauté que leur réservent les phases de deliquescence et d'abattement des empires.
Puisqu'on m'a posé la question de l'Empire chinois : L'exemple du philosophe Wang Bi fournit une belle illustration d'une efflorescence paeodomorphique (voir supra la définition de ce terme) dans la Chine dite "pré-impériale", terme qui peut prêter à confusion puisqu'il s'agit dans le cas de cet auteur de la période dite "des Trois Royaumes", postérieure à l'empire Han mais antérieure à la fondation de l'empire Tang, laquelle fondation Tang fut contemporaine à la naissance de l'islam ; cette période ne doit pas être confondue avec celle dite "des Royaumes Combattants" qui avait été celle de Confucius et du légiste Han Fei (韓非) et qui s'étendit en Chine du ve siècle av. J.-C. à l'unification des royaumes chinois par la dynastie Qin en 221 av. J.-C. Je mentionne ici Han Fei, mort deux ans avant la première fondation impériale car on le crédite généralement d'avoir été l'unique penseur chinois dont l'oeuvre ait pu inspirer le premier empereur. Il fut donc un des rares penseurs exploitables par l'Empire.

Wang Bi (王弼, 226 – 249) produisit son oeuvre dans une ambiance politique de guerre froide en Chine entre des royaumes dont aucun ne parvenait à reconstituer l'Empire. Il s'attacha à une reprise de la pensée de Lao zi et du taoïsme en général. Il est le créateur de l'école dite xuan xue (玄學) que la sinologie occidentale désigne comme "Ecole des Mystères" quand on devrait plutôt à son sujet parler d'hermétisme.

Sa notice Wikipédia en français me paraît pas mal faite : [fr.wikipedia.org]

(à propos d'efflorescence paedomorphique, on notera que Wang Bi, philosophe de la reprise, est mort à l'âge de 24 ans !)
S'il y a une guerre civile française, il me semble qu'elle opposera très vraisemblablement des "forces patriotes" à certaines populations se revendiquant de l'islam ; y a-t-il un autre cas de figure ? il est dans ces conditions difficilement concevable que l'islam politique et les forces du djihad puissent rester neutres.
Le fait est que je ne vois pas de surcroît comment l'Europe actuelle pourrait susciter de véritables vocations guerrières, pour ou contre elle, et être en soi de quelque façon protagoniste dans un possible conflit : se mettre en peine de faire la guerre, qui est tout de même une chose pénible, impensable et révulsante même pour nombre d'Européens, être prêt à mourir à cause de ça ?!
Un ennemi, cela doit quand même être bien identifiable, présenter une dureté de surface et de contours, enflammer les esprits, induire de violentes et incoercibles réactions de rejet, toutes fonctions que l'EI remplit fort bien, par exemple : mais même si c'est à titre de figure tutélaire, en toile de fond, qui s'en ira en guerre pour cette brave tête de Merkel ? Hochunwahrscheinlich, non ?
qui s'en ira en guerre pour cette brave tête de Merkel ?

L'Ukraine s'en est allée en guerre pour cette brave bête de Merkel.

Sur son domaine, l'Empire Mol est passif-agressif, comme son nom l'indique : il ne se salit pas les mains directement ; il est dépourvu d'armée. Mais des cohortes d'hommes, de femmes et d'enfants meurent par milliers pour s'agglomérer à lui en scandant le nom de "cette brave bête" d'impératrice à tête nue. Il défait les nations, en noie les peuples par la submersion démographique, et dit le Bien et le Droit sur des monceaux de cadavres et de vies défaites. Et il est copieusement haï par l'écrasante majorité de ses sujets qui ne sont pas des arabo-musulmans profitant de ses largesses. Au nom des "droits de l'homme", cette cochonnerie d'Empire Mol incarnation du Bien sur pattes, fait entrer sur son domaine des centaines et des milliers d'enfants non accompagnés venus de pays pauvres que des réseaux mafieux ont mis sur des rafiots poubelles avant de les confier à ses garde-côtes d'opérette. L'interprétation des droits de l'homme que fait l'Empire Mol expose à l'exploitation et à l'esclavage sexuel des centaines, peut-être des milliers de ces enfants.

Depuis trois mois l'Empire Mol est mis en cause non par les seules factions se réclamant de l'islam à des degrés divers mais par les gros bras souchiens de la CGT et leurs amis les casseurs de flics, de vitrines et de bâtiments publics, lesquels agissant en cheville et en alliance objective avec le djihadisme, comme nous le montre avec éloquence l'événement que je mentionne en tête de cette discussion.

Telle est la complexité de cette situation "à fronts retournés" lourdes de menaces pour la suite. Telle est la réalité de ce chaudron où macèrent les ingrédients de la guerre civile à venir.
Je m'aperçois qu'en écrivant "comme nous le montre avec éloquence l'événement que je mentionne en tête de cette discussion" supra je me croyais sur l'autre fil, celui qui s'intitule "Un symbole ? non un signe" et où la question de l'Empire Mol est abordée en fin de discussion, laquelle avait été ouverte sur l'affaire de cet enfant dont les parents policiers ont été assassinés par un djihadiste.
'il y aura une guerre civile française, il me semble qu'elle opposera très vraisemblablement des "forces patriotes" à certaines populations se revendiquant de l'islam ; y a-t-il un autre cas de figure ?

L'autre cas de figure vous a été donné hier, par l'assassinat de l'agent déléguée de l'Empire Mol dans le West Yorkshire, la malheureuse Jo Cox, que Thomas Mair, un Britannique ennemi de l'Empire Mol, a trucidée à la balle et au couteau, de bien vilaine façon ma foi.

Le tueur solitaireThomas Mair, lui, n'aura pas droit à l'appellation "déséquilibré" que l'Empire Mol réserve aux seuls tueurs des factions se revendiquant de l'islam.

L'impératrice Merkel a commenté ce meurtre ce matin, ce qu'elle ne fait JAMAIS quand le tueur est arabo-musulman.

Tel est le tropisme de l'Empire Mol.

Et les agents médiatiques de l'Empire Mol déjà de réclamer que le référendum britannique soit annulé "en hommage" à Jo Cox. L'instrumentalisation politique des meurtres commis par des déséquilibrés appartient aux méthodes de l'Empire Mol.
Le Figaro.fr de ce matin :

La chancelière allemande Angela Merkel a réclamé que les circonstances du meurtre "épouvantable" d'une députée britannique pro-UE soient éclaircies le plus vite possible en raison du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne prévu dans moins d'une semaine.

On peut tout de même s'interroger sur ce qui peut bien faire que Mme Merkel, chancelière allemande, se juge autorisée de réclamer que l'on éclaircisse au plus vite le meurtre d'une députée britannique, bien britannique et non "au parlement européen", commis sur le sol britannique, et même si Jo Cox avait été membre du Parlement européen, Mme Merkel qui n'a pas de responsabilité au sein de l'UE, qui n'en est pas président du Conseil ni rien d'autre à la Commission européenne, n'a officiellement, logiquement, aucune qualité de "réclamer" quoi que ce soit de la part des Britanniques dans cette affaire.

Ce ton de prérogative impériale dont use Mme Merkel dit mieux que je ne pourrais le faire la nature non-assumée mais réelle, hypocritement niée mais pernicieusement effective de l'Empire Mol. Et le singe de son impératrice, le petit Juncker, qui n'est ni Britannique, ni élu du peuple mais qui ordonne des pénalités contre les Etats qui n'accueillent pas assez de migrants aux yeux de son impératrice, de faire écho à S.A impériale à tête non couronnée par des déclarations tonitruantes et indues sur le meurtre de Jo Cox.

Si j'étais Britannique, cette attitude de l'Allemande et du Luxembourgeois suffirait à me faire voter pour le Brexit.
On dit que cet appel de Merkel aux migrants s'explique par le désir de racheter le passé nazi de l'Allemagne.
Drôle de façon, selon moi, de vouloir racheter ce passé nazi en faisant entrer des centaines de milliers de migrants musulmans animés pour la plupart d'une haine farouche et sans complexes d'Israël et des juifs. Et si ça préparait plutôt le contraire ? En effet, de la compréhension pour l'antisémitisme des nouveaux venus, favorisée par la complaisance à l'égard de l'islam et justifiée par les ''crimes'' d'Israël, à la déculpabilisation du vieil antisémitisme germain il n'y aurait qu'un pas. De la déculpabilisation à la fraternisation avec le déculpabilisateur musulman, il n'y en aurait qu'un autre et de la fraternisation avec le déculpabilisateur à la domination de l'Europe par une Allemagne encore plus puissante de son alliance avec l'umma, un seul autre aussi. L'hypothèse d'une sorte de nouvel empire multiculturel d'Allemagne-Turquie, par exemple, qui dominerait l'Europe et même finirait par l'englober toute entière, ne me semble pas si délirante que ça. C'est pour le coup que l'on pourrait redouter le retour ''des heures les plus sombres''.
L'hypothèse d'une sorte de nouvel empire multiculturel d'Allemagne-Turquie, par exemple, qui dominerait l'Europe et même finirait par l'englober toute entière, ne me semble pas si délirante que ça. C'est pour le coup que l'on pourrait redouter le retour ''des heures les plus sombres''.

Bien d'accord.

Ce qui est remarquable est le degré d'intoxication de la conscience des Européens qui répètent partout que l'Union européenne fut créée par "ceux qui avaient fait l'expérience de la Guerre" afin que "plus jamais ça", alors que la vérité est à l'opposé de cela : ceux qui avaient connu la guerre et qui négocièrent la situation de l'Europe après l'effondrement du 3ème Reich eurent en tête, tant en Europe que dans les colonies des Empires français et britannique, de faire droit aux nations monoculturelles et à leurs peuples, cela afin que jamais ne se reconstitue en Europe un quatrième Reich qui opprime les minorités ethniques et nationales et absorbe les nations de moindre force, et la création de l'Etat juif d'Israël reçut le soutien des négociateurs de Potsdam et de Yalta dans cet esprit-là, celui d'une promotion des nations contre l'empire, celui de prémunir les peuples contre toute résurgence d'un empire continental en Europe, et c'est toujours dans le même esprit que URSS et Etats-Unis appuyèrent les mouvements de décolonisation.. Ce n'est que lorsque tous les grands acteurs de 1945 furent morts et enterrés, soit quarante-sept ans (1992) après l'effrondrement du 3ème Reich (et 44 jours après celui de l'URSS) que fut refondé le Reich européen par le Traité de Maastrich, suivant une formule qui tournait le dos à celle qui, depuis 1945 avait garanti la paix en Europe.

Ceux qui affirment que l'Union européenne fut créée pour garantir la paix en Europe, mentent effrontément, jusqu'à l'anachronisme outrancier. Jacques Chirac, pour ne citer que lui, avait fait de ce mensonge et de cette manipulation sa spécialité.
Francis, vous avez bien fait de me corriger, parce que je ne suis pas sûr du tout qu'il y aura une guerre civile en France, c'est pure hypothèse...
Pupilles de la nation...centaines de morts...hommages...commémorations...marches funèbres et blanches...état d'urgence...équipements publics pris d'assault...structuration virtuelle de l'islamo-gauchisme...fichiers S par milliers, etc.

Vous n'avez même plus besoin d'être sûr du tout qu'il y aura une guerre civile en France: elle a déjà commencée.
Je ne crois pas que la situation actuelle en France corresponde à l'état de "guerre civile", dans son acception usuelle, cher Pierre Jean ; cela dit, vous pouvez bien sûr estimer que certains événements en constituent des prodromes, mais on n'en sait jamais trop rien.
En fait, je me demande même si la plupart des coups portés par un réel infiniment trop complexe pour pouvoir être saisi de façon non ambiguë ne font pas long feu, statistiquement, d'autant qu'au sein d'une population apparemment si peu guerrière, si tolérante et même aimante, le feu aura beaucoup de mal à prendre...
« Mol,
Pol,
Pot. »

Ah oui, vraiment ?
d'autant qu'au sein d'une population apparemment si peu guerrière, si tolérante et même aimante, le feu aura beaucoup de mal à prendre...

Je vous écris ceci du Cambodge. Je n'ai de toute ma vie jamais fréquenté de peuple plus doux, plus tolérant, placide et même aimant, que les Khmers. Or vous savez comme tout le monde de quelles atrocités ce pays a été le théâtre pendant dix ans ou presque dans les années 70 du siècle dernier. Sachez aussi qu'ici cette période noire de l'histoire récente du pays, qui couvre la domination des Khmers Rouges, est désignée comme "la Guerre civile". Les mots "Khmers Rouges" ou "Pol Pot" ne sont que très rarement prononcés, et quand ils le sont, leurs noms ne sont guère que murmurés dans les conservations. Le terme officiel, historiographique, est celui de Guerre civile.

Je vous laisse, au regard de ce fait, le soin de réviser votre opinion sur la barrière que le caractère d'un peuple serait susceptible de dresser pour empêcher l'irruption d'une guerre civile dans son histoire.
Utilisateur anonyme
19 juin 2016, 09:36   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
Oui Francis... Enfin vous savez comme moi qu'il y a douceur et douceur - non ? Et qu'on peut se faire aussi doux qu'un agneau pour des raisons, finalement, assez peu avouables...
Quand on voit par ex. comment les Féministes et autres Chiennes de garde sont devenues douces et muettes devant l'islam on est en droit de douter de la capacité de résistance des Françaises au niveau individuel et/ou collectif face au péril islamiste (pareil pour les "mâles" français d'ailleurs). Une femme en robe légère, décolletée, ne ferait pas trois pas dans le hall d'une cité de la Courneuve, toute "résistante" qu'elle est.
Certes, ces Françaises-là et les hommes devirilisés qui les suivent "résistèrent" farouchement, et avec succès, face aux "machos" et aux "fachos" - en clair face aux mâles blancs. Mais face à la racaille islamisée, bizarrement, elles et ils se font très "compréhensifs" et très "doux". Tout ça pour dire qu'on peut être doux par lâcheté et uniquement par lâcheté.
Alors les Français et les Françaises vont continuer de raser les murs et de se la boucler parce qu'à la place du beauf FN, ils et elles sont tombés sur plus fort et surtout sur plus dangereux : le mâle diversitaire dominant qui avance en meute.
Charles de Rémusat, dans ses Mémoires, rapporte un discours de Guizot prononcé à la Chambre le 29 janvier 1847, soit un mois avant le déclenchement de la révolution de 48 :

"Guizot commence par s'effacer de la discussion, il ne dit rien sur le fond des choses, rien sur la situation générale ; ou plutôt il n'y fait qu'une allusion passagère en parlant des nations étrangères, auxquelles, disait-il, il avait recommandé sa propre politique qui devait résoudre les questions du dehors comme elle avait résolu les grandes questions intérieures de la France. "Je dis qu'elle les a résolues", s'écriait-il triomphalement. "et la preuve en est évidente de nos jours. Vous le voyez tous, vous le dites tous. Il y a depuis quelques mois une grande fermentation dans notre pays, une grande passion se manifeste dans nos débats. Je vous le demande à vous-mêmes, est-ce que l'ordre en est troublé ? Est-ce que la paix en est menacée ? Non, non ; les alarmes qu'on a apportées à cette tribune sont des alarmes excessives, des alarmes qui seront déjouées par nos institutions, par la politique du juste milieu, comme elles l'ont déjà été tant de fois."
On voit au vrai dans ces paroles le fond de l'âme de Guizot, cet optimisme de tempérament et de doctrine qui ne l'abandonne jamais moins que dans les moments où il est le moins justifié. Elles me frappèrent quand je les entendis, et depuis je me les suis souvent rappelées comme le comble de l'aveuglement."
Utilisateur anonyme
19 juin 2016, 11:58   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
"Il y a depuis quelques mois une grande fermentation dans notre pays, une grande passion se manifeste dans nos débats. Je vous le demande à vous-mêmes, est-ce que l'ordre en est troublé ? Est-ce que la paix en est menacée ? Non, non ; les alarmes qu'on a apportées à cette tribune sont des alarmes excessives, des alarmes qui seront déjouées par nos institutions, par la politique du juste milieu, comme elles l'ont déjà été tant de fois."

//////

Aveuglement ? En la situation actuelle, plutôt le comble de la lucidité, hélas.
Pascal, le discours de Guizot date de 1847, soit un an avant 1848 n'est-ce pas, autrement dit l'année où toute l'Europe fut ébranlée par des révolutions et guerres civiles. Son optimisme était donc bien de l'aveuglement.

En outre le choix par Thomas de cette citation est on ne peut plus pertinent à cette discussion qui porte sur le mode impérial de gouvernement en Europe brimant les nations et les peuples et s'opposant à leurs affirmation et émancipation et sur l'implication des ambitions impériales dans les guerres civiles en Europe ; les événements de 1848 en disent long sur la contestation du pouvoir impérial par les peuples et les nations qu'il soumet :

On peut voir le Printemps des Peuples comme une conséquence directe du Congrès de Vienne. En effet, les vainqueurs de Napoléon Bonaparte furent tentés d'agrandir le territoire des empires, au détriment des aspirations nationales de l'époque. La volonté d'endiguer ces aspirations est consacrée par le Traité qui instaure la Sainte Alliance (bien que non signée du Royaume-Uni) en 1815. Ignorés, ces mouvements deviennent forts.

[fr.wikipedia.org]
19 juin 2016, 12:35   ça va mieux
Ah bon ? Vous avez un chef de gouvernement qui, un mois avant d'être balayé, lui et son régime (son discours est de janvier 1848), par une révolution, affirme avoir résolu les problèmes intérieurs, prétend que les alarmes sont excessives, qu'elles seront déjouées par les institutions etc et vous ne voyez aucun aveuglement chez lui ? C'est curieux.
Utilisateur anonyme
19 juin 2016, 14:25   Re : ça va mieux
L'assassinat par un pseudo type d'"extrême droite", à quelques jours à peine du référendum sur le "Brexit", d'une député pro UE, est tout de même curieux... Cela me rappelle étrangement un crime similaire, celui de Anna Lindh, ministre suédoise pro-euro qui avait soutenu le "oui" au référendum pour l'euro du 14 septembre 2003, lequel avait eu lieu 4 jours après son assassinat et où l'on avait vu la victoire du « NON ».

"cette discussion qui porte sur le mode impérial de gouvernement en Europe brimant les nations et les peuples et s'opposant à leurs affirmation et émancipation et sur l'implication des ambitions impériale dans les guerres civiles en Europ"

Francis, vous verrez que ce "simple assassinat" suffira à changer le cours des choses, et que de liberté des peuples et des nations il n'y aura pas, enfin pas pour demain...
Bref, l'Empire Mol gagne une fois de plus : le "Brexit", c'est fini (tous les sondages affichent la remontée fulgurante des pro-UE) !
Utilisateur anonyme
19 juin 2016, 14:39   Re : ça va mieux
Thomas,

j'utilisais votre excellente citation afin de mieux comprendre où nous en sommes, nous, aujourd'hui.
Toute réaffirmation de l'Empire en Europe continentale, que ce soit par voie référendaire ou de traités ratifiés par-dessus la tête des peuples (Vienne 1815, Maastrich 1992) nous rapproche de la guerre civile en Europe, et à commencer par la France qui est par excellence la terre des peuples reboussiers (mot provençal qui signifie, à peu près, réfractaire). Le Brexit n'aura pas lieu, certes, à cause de ce criminel trouble qui a causé le trépas de cette députée anglaise, mais cette victoire du "In" en Angleterre ne fera que nous rapprocher davantage du Printemps des Peuples en Europe que nous prépare le 21e siècle. Il y a deux machines aux mécanismes irrepressibles en Europe : la machine impériale et la machine des nations et des peuples (que la machine impériale nomme "populiste"), les deux machines, en phase d'affolement, engendrent les guerres et les guerres civiles, de manière incontournable et inexorable: savoir et pré-voir que la guerre aura lieu ne changent rien à la probabilité non plus qu'aux formes de sa venue.
Utilisateur anonyme
19 juin 2016, 15:40   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
Mais cet Empiremol a plus d'un tour dans son sac : il est rusé comme un renard !
Je savais que j'étais lu en Angleterre, pas que je le fusse à ce point....

[www.lefigaro.fr]

Si ces résultats se confirment il y aura en Europe un avant 23 juin 2016 et un après.

Admirons au passage la perspicacité et le réalisme des apparentis sorciers européistes et leur porte-parole : Cohn-Bendit donnait hier le IN gagnant avec un score de 55 pour cent. C'est dire à quel point cette oligarchie néo-impériale est "proche des gens"....
Utilisateur anonyme
24 juin 2016, 06:29   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
"Nous sommes déconnectés de la classe ouvrière blanche" (ministre)


"Je pense que nous sommes déconnectés de la classe ouvrière blanche", a-t-il déclaré. "Nous n'avons pas su leur transmettre nos message. Lorsque nous avons essayé de leur expliquer à quel point le marché unique européen était bénéfique pour leurs emplois, leurs moyens d'existence, nous n'avons pas transmis ces messages avec succès", a-t-il déploré.



L'Empire Mol serait-il au bord du précipice ? En tout cas, s'il veut perdurer il se doit de remplacer la "classe ouvrière blanche" de toute urgence ! Il doit aller jusqu'au bout et offrir l'Europe et les Européens à tous les charognards de la planète. Plus temps à perdre.

"Déconnecté de la classe ouvrière blanche" ? Aucune importance : l'Empire est déjà parfaitement connecté aux "migrants".
Il est shocking d'entendre ce matin Mme Sturgeon, premier ministre écossais et chef du parti indépendantiste de l'Ecosse, pays qui vient de voter pour rester dans l'UE à cette consultation, déclarer que clairement, l'avenir de l'Ecosse est avec l'Union européenne.

L'Ecosse s'apprête donc à la jouer, "à la croate", quand la Croatie n'eut rien de plus pressé après Maastricht que de vouloir quitter la Fédération yougoslave pour rejoindre le Reich continental qui venait de s'instituer.

L'Union européenne va donc faire sur le Royaume-Uni ce qu'elle fait partout, et avec d'autant plus d'ardeur que le ressentiment allemand à l'égard du vote britannique d'hier est plus vif : briser les masses nationales en poussant leurs constituants à la sécession. Watch out !

L'Union européenne, faux-nez de la domination allemande sur l'Europe, veut la peau des nations qui lui font la nique et sa stratégie envers elles est celle de la glace dans la pierre : l'éclatement, le concassage, et l'accrétion de leurs fragments à son propre corps, au prix de risquer le déclenchement de guerres civiles (comme en Ukraine).

Il faut saluer la résistance de la Grande-Bretagne à cette stratégie tantôt molle, tantot sanglante, mais toujours sournoise et ô combien efficiente. Et il faut appeler en France à un référendum sur le maintien du pays dans l'UE équivalent à celui du 23 juin au Royaume-Uni.

S'il y a quelque enseignement et action que les patriotes, dont on peut supposer que Marine Le Pen fait partie, devant être tiré (l'enseignement) et inspirée (l'action) de l'événement du 23 juin c'est de réclamer séance tenante un référendum sur le maintien de la France dans l'UE !
Utilisateur anonyme
24 juin 2016, 07:07   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
S'il y a quelque enseignement et action que les patriotes, dont on peut supposer que Marine Le Pen fait partie, devant être tiré (l'enseignement) et inspirée (l'action) de l'événement du 23 juin c'est de réclamer séance tenante un référendum sur le maintien de la France dans l'UE !




Qu'en pensent ces dignes "représentants du peuple" que sont M. Désir et M. Moscovici ?
J'apprends à cet instant qu'alors que j'écrivais le post précédent sur la nécessité que M. Le Pen réclame séance tenante un référendum équivalent en France, en Hollande, c'est exactement ce que faisait Geert Wilders, qui n'a pas perdu une minute, lui.
Ouf ! Voilà. C'est fait :

Florian Philippot demande un référendum
Alors que le Royaume-Uni a fait le choix de sortir de l'Union Européenne, le vice-président du Front National Florian Philippot réclame à son tour un référendum pour la France. "Il faut un référendum", a-t-il affirmé sur BFMTV.
Utilisateur anonyme
24 juin 2016, 10:34   Re : "Europe, mon Europe !" (Koestler, novembre 1960)
Geert Wilders, qui n'a pas perdu une minute, lui.


Florian Philippot demande un référendum

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Bien ! La "grande (méga) quinzaine anti-fasciste" (Muray) peut démarrer.

Il est évident qu'un Empire (ici l'Empire Mol) institué autour d'une idée, d'une théorie, si juste ou si mauvaise soit-elle, finit par échouer inévitablement. Simplement parce que l'Empire oublie sa raison d'être pour ne plus s'occuper que de sa survie et de l'assouvissement de son pouvoir. C'est ainsi que celui-ci se réduit, jusqu'à n'être plus qu'un ensemble de notables et d'apparatchiks dont les mérites sont estimés non en fonction de leurs compétences réelles, mais au regard de leur dévouement à la "cause" ou à la doctrine.

(Mais je suis déçu : j'étais persuadé, un peu comme Merkel et ses larbins, que le tueur d'extrême extrême drouâtre sorti du chapeau du magicien dans la dernière ligne droite aurait changé la donne... Maudite populace !)
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