Ce qu'en pense Rémi Brague.

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Depuis l’issue de la guerre dans laquelle Churchill faisait ainsi entrer son pays, l’Europe a connu soixante-dix ans de paix intérieure et de prospérité.

Oh oui, il y a bien eu une ou plutôt plusieurs petites gué-guerres en Yougoslavie, periode un peu trouble, il est vrai, que certains ont appelé "troisième guerre balkanique" et qui aura duré, en tout de 1992 à 1999, avec bombardements de l'OTAN, sièges de grandes villes, tueries de masse, fosses communes, camps de concentration, épuration ethnique, partitions de pays, conférences internationales de paix, et dont on estime le bilan humain à 300 000 morts dont deux tiers de civils, s'accompagnant de 4 millions de personnes déplacées, mais bon, faut voir the broad picture, la vue d'ensemble, n'est-ce pas ?

Comment peut-on s'appeler Rémi Brague et se montrer aussi léger avec l'histoire récente et contemporaine, comment espérer produire une analyse sérieuse de ce qui est en train de se jouer en Europe en se payant de pareilles approximations ? Confondant.

Vous avez d'autant plus raison, Francis, d'évoquer la Yougoslavie que la guerre en Bosnie a constitué en quelque sorte la matrice de la guerre djihadiste en Europe. A l'appel du président Izetbegovic, et avec le soutien des USA et de nombreuses fondations saoudiennes, des milliers de combattants afghans, algériens, tchétchènes affluèrent pour se battre contre les Serbes. Décapitations, égorgements au nom d'Allah s'y développèrent dans le silence total des médias, trop occupés à dénoncer le nationalisme serbe. Le djihad bosniaque fut également la matrice de la guerre sainte française et de la synthèse islamo-racailleuse réalisée aujourd'hui pleinement et à une échelle importante par les Coulibaly/Kouachi/Abdeslam avec le gang de Roubaix. Il y a plus de vingt-cinq ans.
A lire l'ouvrage publié par Slobodan Despot aux éditions Xénia : Comment le djihad est arrivé en Europe du journaliste allemand Jürgen Elsasser : [www.amazon.fr]

On peut supposer que Brague entendait par là l'"Europe de l'Ouest", et que la Yougoslavie, eh bien, c'est ou c'était encore "les autres" qui subissaient les guerres, les famines etc. En un sens il n'a pas entièrement tort, l'incidence de la guerre en Yougoslavie sur la vie quotidienne des habitants de ce noyau de pays ayant été pratiquement nulle, je crois.
Il n'en reste pas moins que souvent on ne sait pas trop sur quel pied danser avec Brague, comme s'il était capable de rendre compte au plus près d'une réalité bien trop complexe pour qu'on puisse s'en faire une idée très tranchée dans un sens ou dans un autre, tout en insinuant doucement et avec gourmandise que tous les autres ne savent absolument pas de quoi ils parlent.