Je crois que si, justement, Pascal. La "projection dans les générations" a été confiée à des "brain trusts" et autres "cercles de pensée" du pouvoir (Terra Nova, Le Siècle, etc.) ; c'est l'éclatement, en des réseaux d'individualités soudées, c'est la mutualisation des travaux de ces personnages dont on parle peu, qui ont repris les fonctions jadis apanage du grand homme visionnaire, figure du menhir pensant : ce dernier s'est mué en ruches d'idéologues, avec souvent un chef d'orchestre-reine (Jacques Attali) qui se sont auto-institués ingénieurs du futur, oeuvrant dans l'ombre et pondant des rapports semi-publics ou semi-confidentiels. Le pitre incapable qui est élu pour cinq ans n'est là que pour la figuration. Et en effet, l'entreprise Le Pen se démarque de ce dispositif. Mais elle aussi a ou aura sa "ruche visionnaire". C'est la règle. Il n'y a plus de grands hommes ou de grandes femmes visionnaires (Thatcher) et il n'y en aura plus jamais. Les fonctions qu'il ou elle assumait se sont réticularisées.
Leur 'France d'après" est une vision, folle, mais vision néanmoins. Techniquement, elle est vision au même titre que pouvait l'être, par exemple, "la société de participation" de Jacques Chaban-Delmas il y a un demi siècle.
Du reste nous-mêmes (c'est ce que souligne Bourjon, par exemple, dans ses vidéos) devons aussi être "ruche" et "réseau", combattant les leurs, et c'est ce à quoi nous nous employons à notre modeste échelle.