Friedrich Georg JÜNGER, cet inconnu.

Les quelques lignes ci-dessous nous concernent tout particulièrement. Elles illustrent assez bien la position sans compromis, surtout s'agissant des partis, qui fut celle de Friedrich Georg Jünger, frère du célèbre écrivain Ernst Jünger :

"L'ère démocratique touche à sa fin. Rien ne confirme autant cette réalité que la position morale de ceux qui représentent cette ère - de façon modérée ou radicalement pathétique. Un désastre incroyable se prépare au sein de l'élite de la République. La pourriture se propage violemment ; elle sort du sanctuaire et répand sur le peuple cette odeur de corruption qui plane toujours au dessus de la décadence. Sans être prophète, on peut prédire qu'en cas de maintien des actuelles formes politiques, de nouveaux et incroyables scandales anéantiront le peu de confiance encore accordée au régime par certains incorrigibles. Ce phénomène est nécessaire, car la déchéance de l'idée démocratique se manifeste, non seulement de manière abstraite, mais aussi à travers le déclin personnel de ses représentants. Les pensées proclamées en 1789 avec feu et fierté révolutionnaire, ces pensées ne sont aujourd'hui plus rien d'autre qu'une couverture de la corruption, du beau mensonge et de la saleté qui se répand rapidement."

Extrait d'un article (Kampf !) paru dans Standarte, 1926.

Il ne vous aura pas échappé, Pascal, qu'un désastre encore plus incroyable allait incessamment être précipité par les plus convaincus et virulents adversaires de toute forme de vie politique démocratique et républicaine, quand furent écrites ces lignes si prophétiquement éclairantes.

Friedrich Georg Jünger incarne, avec beaucoup d'autres, le bouillonnement intellectuel et l'agitation continuelle propres aux nationaux-révolutionnaires de la République de Weimar. C'est en cela que ses (leurs) écrits sont intéressants. A comparer avec l'incroyable médiocrité de tout ce qui se publie actuellement - au niveau des "idées politiques" s'entend.

Mais bien libre à vous, cher Alain, de lire ce genre d'écrits (pas ces quelques lignes seulement) comme vous l'entendez.
Soit en tenant compte du contexte dans lequel ils ont été rédigés, des prises de positions personnelles de leurs auteurs, de leurs hésitations et de leurs sympathies, elles-mêmes variables * ; ou bien en dégageant les points forts de leurs pensées, indépendamment des références aux circonstances.



* lecture qui ne me semble possible que dans le cas d'un ouvrage de longue haleine, pas d'un court extrait.

C'est que dans un tel contexte, l'imminence du Désastre à venir provoque une telle courbure de l'espace-temps que tous propos vaticinant sur des désastres à venir en sont comme happés dans un champ de gravitation si irrésistible que toute décontextualisation en devient impossible.

J'ai bien envie de vous donner raison... Mais quand, où, et à quelle condition, selon vous, une décontextualisatiion est-elle possible ? Car il me semble que n'importe quel écrit, comme n'importe quelle pensée, est toujours empêtré dans un contexte (que ce contexte soit gros d'un Désastre à venir ou pas).