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Nerval, actuel

Envoyé par Pierre Jean Comolli 
23 octobre 2016, 01:44   Nerval, actuel
"Voici pourquoi nous nous opposons de tout notre pouvoir à ce qu'un sujet français quitte sa religion. Chez nous, la religion est isolée de la loi civile; chez les musulmans, ces deux principes sont confondus. Celui qui embrasse le mahométisme devient sujet turc en tout point, et perd sa nationalité. Nous ne pouvons plus agir sur lui en aucune manière; il appartient au bâton et au sabre; et s'il retourne au christianisme, la loi turque le condamne à mort. En se faisant musulman, on ne perd pas seulement sa foi, on perd son nom, sa famille, sa patrie; on n'est plus le même homme, on est un Turc" Gérard de Nerval, Voyage en Orient, Visite au Consul de France.
23 octobre 2016, 17:17   Re : Nerval, actuel
Dans le fond, quand on y pense, l'islam figure bien un moment synthétique résolvant l'antagonisme des deux monothéismes qui l'ont précédé : au judaïsme il aura emprunté le cadre juridique pointilleux mettant en œuvre la Loi divine, et au christianisme la vocation universelle, pour produire, au-delà d'un archaïsme apparent, l’appareil religieux le plus redoutablement moderne...
24 octobre 2016, 03:39   Re : Nerval, actuel
Oui Alain, c'est bien ça. C'est parfaitement ça. Que faire alors et qu'être face à l'irrésistibilité de ce moment ? Etre logique et têtu : être et faire tout ce qu'il faut pour casser la machine, la saboter, jeter des clés à molette dans ses rouages et engrenages. Pour commencer, être non universel comme une pierre. Etre non pointilleux aussi, et ne pas marcher dans les plans de la machine moderne archéo-futurante. Etre comme la pierre irrédentiste, qui ne négocie pas, qui s'entête et refuse tout. Ne plus discuter, ne pas commencer par discuter.

Au milieu du XIXe siècle, l'anglais Thomas Carlyle produisit un opuscule sur le mahométisme. Il y écrivait que le mahométisme, parce que nous sommes protégés par nos frontières et que partant nous ne courons aucun risque de le voir nous menacer, mérite d'être pensé, argumenté, que l'on en pèse objectivement les mauvais mais aussi les bons côtés, etc.

Cela n'est plus possible, nos frontières ne nous protégeant plus. La liberté de discuter et de penser cette chose n'est plus, ce luxe a été perdu avec nos frontières. Les frontières, on le découvre, nous procuraient le luxe de penser en toute sécurité. Le temps est désormais au mutisme des pierres, et à l'action.
24 octobre 2016, 04:07   Re : Nerval, actuel
Les frontières garantissaient et protégeaient les audaces de la pensée. Les grands voyageurs franchisseurs de frontières et penseurs libres et originaux (René Descartes) pensaient toujours, ça et là, à l'abri de frontières et des puissances qui les gardaient.

Dans le monde sans frontières qui est le nôtre, la pensée n'ose plus rien, se fait insignifiante. Les sans-frontiéristes sont des penseurs, des écrivains, parfaitement insignifiants, d'un conformisme confondant (Le Clézio). Dans un monde sans frontières, la pensée se fait pusillanime. Le penseur devient pleutre, il aligne et conforme sa pensée aux volontés, aux désirs, aux visions des grandes puissances occultes qui manient l'argent (George Soros et ses porte-parole à la Guy Sorman) en méprisant les frontières, en militant pour leur abolition. Il flagorne auprès d'elles parce qu'il se sait sinon, sans mur protecteur. Il n'est pas libre, il est attaché à des entités diffuses dont il ne peut que flairer aveuglément les désirs et les volontés. Cette situation le rapproche davantage du chien attaché à sa fripouille de maître dont il ne comprend à peu près rien des volontés et des actes mais qu'il doit suivre coûte que coûte pour garantir sa survie et sa pitance.

Le chien de garde privé de gardes et de maître de maison devient stupide et enragé, devient un intellectuel sans-frontiériste.
24 octobre 2016, 06:53   Re : Nerval, actuel
La forme d'habea corpus dont ont profité Karl Marx et sa famille en Angleterre : la forme dialectique de pensée, la libre finesse de pensée, celle qui suit des itinéraires inattendus, celle qui est portée par elle-même, ont pour condition première la libération du souci de bien penser, un contexte social et politique sûr, où les représailles physiques (Robert Redeker) et la mort sociale et politique (Renaud Camus) n'ont pas lieu d'être craintes. La levée des frontières et l'impuissance publique qui lui fait corrolaire ruinent les itinéraires de découverte où aime à s'engager la pensée sans souci du risque de mal faire, de mal penser (y compris le souci du risque de mal détruire l'adversaire, de trop l'épargner ou de "faire son jeu") et de toutes les formes de châtiment.

Les frontières bien gardées, loin d'être des cages, garantissent un ciel ouvert à la pensée.
Utilisateur anonyme
24 octobre 2016, 18:27   Re : Nerval, actuel
Citation
Francis Marche
Oui Alain, c'est bien ça. C'est parfaitement ça. Que faire alors et qu'être face à l'irrésistibilité de ce moment ? Etre logique et têtu : être et faire tout ce qu'il faut pour casser la machine, la saboter, jeter des clés à molette dans ses rouages et engrenages. Pour commencer, être non universel comme une pierre. Etre non pointilleux aussi, et ne pas marcher dans les plans de la machine moderne archéo-futurante. Etre comme la pierre irrédentiste, qui ne négocie pas, qui s'entête et refuse tout. Ne plus discuter, ne pas commencer par discuter.

Au milieu du XIXe siècle, l'anglais Thomas Carlyle produisit un opuscule sur le mahométisme. Il y écrivait que le mahométisme, parce que nous sommes protégés par nos frontières et que partant nous ne courons aucun risque de le voir nous menacer, mérite d'être pensé, argumenté, que l'on en pèse objectivement les mauvais mais aussi les bons côtés, etc.

Cela n'est plus possible, nos frontières ne nous protégeant plus. La liberté de discuter et de penser cette chose n'est plus, ce luxe a été perdu avec nos frontières. Les frontières, on le découvre, nous procuraient le luxe de penser en toute sécurité. Le temps est désormais au mutisme des pierres, et à l'action.

Comme le pressentit le philosophe Rayrnond Ruyer (détesté par l’intelligentsia de la rive gauche) dans ses deux ouvrages-clés, "Les nuisances idéologiques" et "Les cents prochains siècles", la parenthèse des XIX et XX siècles une fois refermée, les hallucinations de l’égalitarisme ayant sombré dans la catastrophe, l’humanité en reviendra aux valeurs archaïques, c’est-à-dire tout simplement biologiques et humaines (anthropologiques) : séparation sexuelle des rôles, transmission des traditions ethniques et populaires, spiritualité et organisation sacerdotale, hiérarchies sociales visibles et encadrantes, culte des ancêtres, rites et épreuves initiatiques, reconstruction des communautés organiques imbriquées de la sphère familiale au peuple, prestige de la caste guerrière, proportionnalité des devoirs aux droits, définition du peuple et de tout groupe ou corps constitué comme communauté diachronique de destin et non comme masse synchronique d’atomes individuels, etc.

Autre possibilité : nous ne serons plus jamais capables d'incarner de telles valeurs parce que nous sommes devenus trop cérébraux, trop malades, trop vieux. Soumission.
25 octobre 2016, 05:15   Re : Nerval, actuel
Viktor Orban vient de déclarer qu'il ne voulait pas d'une Europe soviétoïde et que la Hongrie resterait une nation et un Etat indépendants. Les pays du Groupe de Visegrad ont un tour historique d'avance sur les pays suppôts de l'Empire Mol dans l'Ouest de l'Europe : ils savent de quoi il retourne ; ils parlent d'expérience. Ils ont "lu" correctement que l'Union européenne n'était qu'une Union soviétique dépourvue d'exosquelette et d'endosquelette : elle en concentre toutes les tares sans en posséder la force cohésive futurante ni la charpente structurale (grande armée, institutions centralisées et hiérarchisées portées par un projet politique et civilisationnel explicite et fondées sur lui). Ils ont compris que l'Union européenne était un être torve, mou et sournois qui se comportait comme l'Union soviétique -- sans trop faire couler le sang, autant que faire se peut, l'Union européenne se contentant de faire couler le pus comme aujourd'hui celui du furoncle de Calais qu'elle étale sur toute la France -- en n'avouant rien de ses projets ni visions de long terme pour le continent. Ils savent que les oligarques de la gouvernance UE sont au Kremlin de Staline ce que, par exemple, "Napoléon le Petit" de Hugo était à Napoléon 1er. Ils ont bien décrypté le présent. Viktor Orban est pour les frontières et la liberté de choix et de pensée. Viktor Orban est un chef d'Etat européen qui, à une heure et demie d'avion de Paris, dit ce que nous disons sous les acclamations de son peuple. Nous ne sommes donc pas si fous ni isolés que ça.

[www.lefigaro.fr]
25 octobre 2016, 05:48   Re : Nerval, actuel
Viktor Orban dit trois choses :

1. Qu'il veut des frontières ; qu'il faut des frontières
2. Qu'il veut penser et agir librement et en toute indépendance ; qu'il faut penser et agir librement et en toute indépendance
3 Que l'exercice d'une pensée et d'une action libres (point .2) a pour condition sine qua non celle qu'énonce le point 1.

Ne plus considérer l'adversaire de ces trois points autrement que comme l'agent de notre ruine, déterminé à nous nuire et à nous conduire à la disparition, aux poubelles de l'histoire en rendant notre existence (faite de pensées et d'actes qui en découlent et la nourrissent) impossible ne serait-ce et pour commencer que parce que celle-ci se trouvent conditionnée par ses oeuvres et manoeuvres. Lui résister, par tous les moyens, jusqu'à sa neutralisation définitive, puis son oubli, son classement comme accident de l'Histoire (comme ont été classés les grands accidents du XXe siècle -- communisme, 3ème Reich, etc.).
Utilisateur anonyme
25 octobre 2016, 11:15   Re : Nerval, actuel
D'accord Francis, mais je crains qu'il ne faille pousser votre raisonnement encore plus loin (que le "il faut des frontières").

Je m'explique : l’idéologie hégémonique et son système sont piégés par leurs contradictions qui sont autant de bombes à retardement, et seul un clash résoudra le problème à la place des idéologues. Après, il faudra clarifier et choisir : ou bien abandonner toute idée nationale au profit d’une conception individualiste et cosmomopolite globale, ce qui constitue l’aboutissement logique de toute l’idéologie égalitaire et judéo-chrétienne et celle de la Révolution française ; ou bien poser le principe clair de la préférence ethnique : non plus une appartenance formelle et juridique à un État-Nation (l'Etat-Nation ne pouvant contenir et "gérer" une société multiculturelle), mais à une communauté "anthropo-culturelle".
25 octobre 2016, 17:51   Re : Nerval, actuel
Ces trois points de Viktor Orban ("je veux être borné, je ne peux exister libre que borné") définissent une ontologie ronde et fermée, celle de la pierre singulière, non assujettie à quelque rouage, mais affirmer que l'on ne saurait exister autrement que de manière physiquement bornée c'est aussi proclamer un principe essentiel qui définit le vivant. Il est des organismes biologiques dépourvus de noyau, et de principe architectonique interne, ce sont les procaryotes (https://fr.wikipedia.org/wiki/Prokaryota) mais il n'en est aucun qui soit dépourvu de membrane extérieure qui le différencie du milieu où il évolue.

Proclamer "je suis borné et j'entends le rester", c'est donc aussi proclamer "je suis vivant et j'entends le rester" ; la membrane qui enveloppe l'être vivant le différencie du milieu et pose son existence et elle est une condition nécessaire (mais non suffisante -- cf. les parenchymes) de l'indépendance de l'organisme vivant et de la singulière autonomie assimilable en politique à la liberté.

Donc, la Hongrie réfractaire ne l'est pas seulement comme pierre ou grain de sable dans les rouages de l'Empire Mol : elle pose sa revendication au vivant ; son cogito est positif ; il pose que l'être devient différencié, dicible et qu'il accède à l'existence par la membrane qui le sépare du milieu extérieur et qui lui est site d'échange et de filtrage (osmose, dialyse, etc.) avec ce milieu. La condition onto-biologique primitive et primale est celle d'un milieu intérieur.

Le non-vivant, le spectre (qui n'est pas inerte) est cette tache de graisse qui s'étale en se faisant absorber par le milieu extérieur et qui absorbe celui-ci en n'étant définie par aucun contour stable -- l'Empire Mol, sans frontières arrêtées ni défendues (exosquelette absent) ni noyau commandeur d'une charpente institutionnelle pleinement constituée (endosquelette aussi absent), est ce spectre, cet effet de loupe sur le substrat continental, le milieu.

L'Union européenne n'est rien. Elle n'est ni du vivant ni du minéral. Elle n'est sur le drap de l'Histoire que souillure et illusion.
25 octobre 2016, 19:36   Re : Nerval, actuel
''L'Union européenne n'est rien. Elle n'est ni du vivant ni du minéral. Elle n'est sur le drap de l'Histoire que souillure et illusion.''
La seule figure emblèmatique qu'elle a réussi à proposer comme idéal, encensée par tous les médias à ses ordres, fut celle de l'homme-femme à barbe, le chanteuse (ou la chanteur) qui avait gagné l'eurovision.
Utilisateur anonyme
26 octobre 2016, 09:48   Re : Nerval, actuel
On ne peut qu'applaudir à ce que dit Viktor Orban. Mais est-ce transposable chez nous ? Ce discours peut-il nous être d'une quelconque utilité ?

Malheureusement je ne le pense pas.

La Hongrie est encore, au moins jusqu'à ce jour, un pays "ethniquement homogène", ce qui comme chacun le sait n'est pas et ne sera plus jamais le cas de la France (à moins d'un énorme clash, comme je l'ai dit plus haut, faute de quoi nous continuerons d'assister, impuissants, à l'augmentation des populations immigrées, lesquelles fournissent presque 100% des délinquants violents, avec dans le même temps une baisse vertigineuse de la réponse pénale). Différence notable également : la Hongrie n'est toujours pas touchée par les nouveaux péchés capitaux de notre époque, à savoir : le racisme, la xénophobie, l'islamophobie, le sexisme, l’homophobie, la transphobie, etc. Il semblerait aussi que la pénalophilie, ou "passion du pénal" (Muray), qui paralyse toute véritable dissidence, y soit absente. - Bref, les Hongrois ont beaucoup de chance, et surtout, beaucoup moins de boulets aux pieds que nous.
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