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Les "signes de malédiction" de Richard MILLET.

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
04 novembre 2016, 14:18   Les "signes de malédiction" de Richard MILLET.
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02/11/2016
Chronique n° 105



Je suis allé à Uxeilles pour une rencontre avec les lecteurs de mon roman Province. Si je dis Uxeilles, au lieu d’Ussel, qui en est la matrice, c’est que la sous-préfecture de haute Corrèze m’a semblé ne plus exister vraiment, sinon dans mon livre, tout comme les territoires que je venais de traverser, en venant de Limoges : Eymoutiers, Lacelle (le Villevaleix de mes romans, dont pas un seul ne figurait dans la boîte à livres offerte au centre de la bourgade et où on trouvait des livres de Simone Signoret, Danièle Gilbert, Philippe Djian et Guy des Cars), et puis Viam, Bugeat, Tarnac (où les trois pelés rencontrés avaient des têtes de suicidaires dostoïevskiens et de gauchistes névrosés), enfin Meymac, où avait lieu une un course d’orientation « ludique » pour laquelle on avait fermé les voies d’accès à la ville afin de laisser débouler de partout des joggeurs de tous âges, aussi frénétiques que des fourmis rouges. Ludions affolés, fantômes, gauchos en mal de causes, zombis erratiques, poivrots : voilà ce que nous rencontrions, Thomas et moi, qui guidais ce pénétrant lecteur sur ces hautes terres, dans cette France profonde où on ne travaille plus et où régnait un temps estival, en ce « pont » de la Toussaint (vocable en sursis dans l’onomastique révisionniste) : signe du réchauffement climatique bien plus que d’un clément « été indien », donc une damnation ; car il y a quelque chose d’obscène à être en bras de chemise un 1er novembre et à fêter les morts sous un ciel trop bleu.
Autre signe de malédiction : à la sortie de Viam, le mur d’un petit bâtiment de l’EDF sur lequel un opiniâtre immigrationniste a peint, en lettres couleur sang sur fond blanc : « Accueil des migrants ». On voit bien les liens du gauchisme culturel et du cynisme libéral-socialiste pour répartir la peste migratoire un peu partout sur le territoire de la république, mais plus particulièrement dans les zones rurales dépeuplées, de manière à constituer de micro-Raqqa et de petites Mossoul. Il y en a déjà à Peyrelevade, au cœur du plateau de Millevaches ; il y en aura partout, et les migrants règneront bientôt en maîtres sur des indigènes trop veules, solitaires et abrutis pour ne pas se soumettre, tandis que les signes de l’abaissement culturel sont visibles dans ceux de cette fête du consumérisme païen dont on voit des emblèmes partout ; je croyais que cette forme d’aliénation avait disparu ; en vérité, Halloween se porte bien, et suscite même, à Rennes, des débordements tournant à l’émeute avec, n’en doutons pas, des agités du solstice d’origine purement celte. La décadence est telle que lorsque trois mioches à tête de semi-mongoliens ont frappé à ma porte, j’ai fait le signe de croix au-dessus de leurs têtes : l’un d’eux s’est mis à pleurer, en parfait possédé !
Le journaliste local de La Montagne n’ayant pas jugé bon d’annoncer ma venue (non plus que, l’été dernier, celle de Pierre Bergounioux), j’ai rencontré quelques fidèles. Et nous avons fait un contre-Halloween, chez le dernier libraire de la région, en mangeant une admirable épaule de veau farcie et en buvant force Bourgogne, portant des toasts aux gauchos et à leurs figurants migratoires, ainsi qu’aux mangeuses de quinoa et de biscottes sans gluten et aux auteurs post-littéraires qui trempent leur plume dans le jus de carotte narcisso-éthique. Oui, nous avons levé nos verres à une autre santé : la belle, la puissante, l’excessive, et non celle des anorexiques de la panse et de la plume… À la littérature, aussi, qui nous réunissait et qui disparaît de ces hautes terres comme du reste de la France où les chômeurs institutionnels, les vacanciers, les retraités, les égarés se donnent la main dans un désœuvrement qui marque, n’en doutons pas, le règne du Prince de ce Monde. Les rares personnes encore touchées par la grâce (Dieu et la littérature) se font rares ; elles tentent de vivre dignement ; mais on les sent lasses, inquiètes, presque sans voix. Mais c’est dans ce monde inverti par les simulacres du capitalisme mondialisé qu’il nous faut continuer à vivre, c’est-à-dire à témoigner de l’horreur présente et à venir
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