Retour à Nice ?

La faiblesse du désir de retourner en France en général et à Nice en particulier peut s'expliquer diversement. Mais parmi ces facteurs, il y a celui-ci, qui n'est pas le moins accablant. La bijouterie, quand ma mère devait m'y accompagner pour acheter ma première montre, au siècle dernier, était un minuscule petit palais de la courtoisie, du chuchotement, et de la langue polie, doucement articulée, adulte :

Bienvenue, nous sommes la bijouterie Cedry, nous sommes situés sur Nice, au 55 rue Gioffredo 06000, en face des galeries Lafayette. La bijouterie Cedry existe depuis 1985. Ayant la chance d'avoir une très bonne réputation dans notre région nous voulons au jour d'aujourd'hui nous internationalisé. Par conséquent nous ouvrons notre boutique sur EBay.

Aujourd'hui, elle sent la racaille, le ruisseau, le toc universel régnant sans concurrence. La répugnance qu'inspire les ruisseaux de sang qui ont inondé le pavé niçois cette année est rejointe par celle-là, et toutes deux me poussent à la distance.

[www.ebay.fr]

Bon exemple de ce qu'est devenu notre monde en effet.

Nous en parlions il y a quelques temps: le retour aux sources, au bercail, est devenu comme un calvaire. Enlaidissement, défiguration urbaine, prolifération de commerces monstrueux ou a priori aberrants (des salons de coiffure africains dans des bourgades de moyenne montagne), population qui ne ressemble plus à rien... La réalité des endroits où nous avons grandi est si méconnaissable que les rendez-vous concrets, topographiques, que nous nous donnons avec notre passé, ces instants qui, avec les rêves et certaines retrouvailles, provoquent les sensations les plus bouleversantes de l'existence, sont le plus souvent manqués. La colère empêche toute nostalgie authentique de naître, on ne peut même plus se souvenir avec son cœur.

Un peuple qui défend si mal sa langue, ses filles, ses femmes, comment defendrait-il ses paysages, et son "retour aux sources" ? L'un après l'autre les ressorts se brisent.

Un petit air de l'enclave.

Come on

Le lien ne semble pas fonctionner, cher Thomas.

Hum... J'essaie, voire j'essaye, une dernière fois.https://www.google.fr/webhp?sourceid=chrome-instant&ion=1&espv=2&ie=UTF-8#q=s%C3%A9jour-club%20houellebecq]Hum...[/url]

Well, forget it, I'm sorry.

L'anglais, langue du renoncement? Plus sérieusement, il semblerait que vous vouliez nous renvoyer vers les résultats d'une recherche Google. Pourquoi ne pas nous donner les mots clés?

"L'anglais, langue du renoncement ?"

Yes, it is exactly that, I mean de papier mâché...

Non, je voulais simplement donner à entendre une chansonnette de Michel Houellebecq intitulée "Séjour-club", extraite de son disque "Présence humaine" (autre titre qui, tout compte fait, pourrait aussi bien faire l'affaire.)

Mais enfin, la voilà !

[www.youtube.com]

Merci et toutes mes excuses pour mon manque de... Je ne sais même pas de quoi.

Voir s'étaler une langue aussi dégradée, apauvrie et corrompue chez un bijoutier est choquant. Pourquoi ? Parce que la profession de bijoutier-horloger exige d'écrire le français comme Madame de Sévigné peut-être ? Non. Mais, un joaillier qui est aussi horloger, par définition, par essence, fait commerce d'authenticité et d'exactitude. Ce doit être ça. Et un bijoutier qui écrit faux, qui s'exprime comme le vendeur de kebab du coin de la rue (la sienne, de rue, celle du bijoutier, désormais), contamine de toc tout ce qu'il propose à la vente.

Le vendeur de kébab est contagieux. Sa simple proximité fait que le bijoutier-horloger se prend spontanément, au jour d'aujourd'hui, à, lui aussi, comme l'univers tout entier, vendre du kébab.