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La France se droitise-t-elle ?

Envoyé par Daniel Teyssier 
27 novembre 2016, 16:40   La France se droitise-t-elle ?
C'est bien ce qu'on nous serine à longueur d'articles ou de commentaires journalistiques.
Et pourtant je ne pense pas que ce soit le cas.
Pour s'en convaincre pensons à ce que disait un Georges Marchais sur l'immigration en 1981 ! C'était bien avant la soi-disant lepénisation des esprits et la montée des populismes en Europe.
Ou aussi à ce que pensaient la majorité des Français, de Droite comme de Gauche, sur des sujets tels la peine de mort ou le mariage des homosexuels, ou encore sur la souveraineté nationale et le droit à l'avortement.
Il apparaît, de façon évidente, que la France, dans son ensemble, ne s'est nullement droitisée.
On a a affaire ici, manifestement, à une pure illusion, une tromperie, une duperie.
En vérité je vous le dis, ce ne sont pas les Français qui se sont droitisés, comme on nous l'ânonne à longueur d'articles, mais les thèmes politiques et sociétaux ainsi que les symboles de la Nation, que l'on a complaisamment relégués aux extrêmes.
Les medias, faiseurs d'opinion et autres journaleux ont introduit cette psychose de la droitisation de notre pays, et cette idée semble intérioriser par tout un chacun.
Pour comprendre ce phénomène il faut savoir que la Gauche a toujours eu la vive tentation de rejeter aux extrêmes tout ce qui ne corrobore pas ses penchants du moment. C'est ainsi qu'ont été, suivant les époques, relégués à l'extrême drouate le drapeau, la Marseillaise, Jeanne d'Arc et tout ce qui a trait à l'Ancien Régime bien sûr, l'épopée coloniale (pourtant initiée par des hommes de Gauche), mais aussi, de nos jours, les aspirations du Peuple lui-même, depuis que celui-ci n'est plus le fer de lance de la Révolution et qu'il est promis à être remplacé par d'autres venus d'ailleurs.
Il y seulement 30 ans à peine l'homme de Gauche référent ne passait pas son temps à présenter son pays sous ses aspects les plus noirs, ne se complaisait pas goulûment à étaler les heures les plus sombres de son Histoire, n'avait pas pour ambition d'accueillir toute la misère du monde ni de vouloir sauver la planète, ne militait pas pour que Jean passe la bague à Benoît, ne s'étranglait pas de rage non plus quand montait à l'échafaud un salaud.
Pour conclure, je dirais donc, in fine, que ce n'est pas la France qui se droitise mais que ce sont les idées ( toutes celles qui ne pointent pas dans les cénacles socialistes du moment) qui se trouvent poussées, sans ménagement, vers les extrêmes, et cela afin de mieux diaboliser et fatwatiser, à des fins bassement électoralistes mal dissimulées, tous ceux qui s'en réclament, même certains de Gauche (tel Jean-Pierre Chevènement).
Utilisateur anonyme
27 novembre 2016, 17:05   Re : La France se droitise-t-elle ?
Si l'on s'en tient à cette belle définition de la pensée de droite par A. de Benoist : « la vocation naturelle de la droite tient dans une approbation – l’approbation tragique de ce monde et de ce qui y advient », il est absolument certain que la France ne se droitise pas.
Pourquoi ? Accepter et subir le Grand Remplacement jusqu'à renchérir sur lui en le voulant accélérer n’est il pas l’approbation la plus inconditionnelle de ce qui advient, quand ceux qui s'y opposent le plus farouchement voudraient que les choses fussent autrement qu'elles ne sont ?
Utilisateur anonyme
28 novembre 2016, 15:15   Re : La France se droitise-t-elle ?
Oui vous avez raison Alain. Sauf que les remplacistes n'ont aucun sens du tragique. Un sens du tragique qui est, je crois, ce qui différencie le mieux un homme de droite d'un homme de gauche.

J'appelle ici de droite l'attitude consistant à considérer la diversité du monde, et par suite les inégalités relatives qui en sont nécessairement le produit, comme un bien, et l'homogénéisation progressive du monde, prônée et réalisée par l'idéologie remplaciste, égalitaire et antiraciste ("de gauche", pour faire vite), comme un mal.
Je ne sais s'il y a lieu de politiser le tragique, et donc, nécessairement, de le moraliser, ce qui serait un comble... À vrai dire il me semble que le tragique en l'occurrence ne se distingue pas de l'acceptation approbatrice du réel comme il advient, parce qu'il advient, cela quel qu'il soit, et il est parfaitement vain de chipoter sur la nature de ce qui est, l'important étant que cela soit, et tant pis et tant mieux si nos sensibilités effarées en sont mortifiées et piétinées : le seul mal concevable dans cette optique serait le déni de réel au nom de lubies idéologiques qui offusquent ce réel en prétendant le relativiser et l'amender par le devoir-être. Rappelez-vous que cela est exprimé sans ambages dans le texte : on ne choisit pas, il n'y a pas de bien et de mal, ou plutôt ce sera d'autant un bien, si c'est un mal ("L'affirmation religieuse de la vie dans son entier, dont on ne renie rien, dont on ne retranche rien.")
C'est pourquoi les nietzschéens politiquement ou idéologiquement engagés m'ont toujours semblé être un peu à côté de la plaque, en réintroduisant par la coulisse ce qu'ils avaient chassé à grand frais par l'entrée principale : l'idéologie remplaciste prend acte du réel et l'approuve, et le remplaciste lucide et convaincu (tous sont tout de même loin d'être complètement idiots) est donc, par la force des choses, un sectateur du devenir, et ce faisant participe de la tragédie.
Il faudrait écrire quelques paragraphes sur l'offuscation raisonnante du réel et le paradigme du faux chez les remplacistes argumenteurs. Par exemple, ceux qui affirment que les migrations sauvages, les installations de populations non invitées sont parties au co-développement, qu'elles en sont la condition de réalisation, mentent, trichent, ne sont pas dans l'assomption tragique mais dans le boniment de foire. Loin d'accepter le réel, ils le travestissent et, s'agissant de hauts responsables de l'ONU, se contredisent de manière éhontée -- un des principes guides du développement étant précisément d'agir localement (et de penser globalement) et non de s'évader des crises locales de tous ordres (y compris celles que peut causer le réchauffement climatique) en prenant son baluchon pour faire route vers les pays du Nord afin d'y vivre de subsides.
29 novembre 2016, 16:35   Re : La France se droitise-t-elle ?
On ne peut dire, en effet, que les remplacistes acceptent le réel puisqu'ils pratiquent l'inversion orwellienne et le mensonge éhonté pour imposer leur remplacisme. Ou alors il faut dire que le réel c'est précisément cela : cette manipulation permanente des faits et du langage par les remplacistes.
L'"offuscation raisonnante du réel" est secondaire et n'a même aucune importance, puisque l'idéologie et le discours ne font en réalité que suivre le réel en avalisant l'état de fait, qui est la migration massive et le remplacement, et même en exulter ; à ce stade, l'argumentaire en devient parfaitement superfétatoire, car il n'a pas pour fonction de susciter ce qu'il prône, lequel est déjà là et advient d'abord, mais de le parer, ce qui fait des remplacistes les plus lucides non seulement des "tragiques", mais de surcroît, dans un sens particulier, des artistes : "L'art est la plus haute puissance du faux, il magnifie le monde en tant qu'erreur" (Deleuze commentant Nietzsche).

il semble décidément que l'islam, le Remplacement et Nietzsche font bon ménage...
29 novembre 2016, 22:37   Re : La France se droitise-t-elle ?
Si vous voulez dire, cher Eytan, que forcer le fait à advenir, puis travestir ce fait en idéal sont aussi des faits, que ça participe aussi du réel, nous sommes bien d'accord, hélas, mais ce n'est alors qu'une façon de tourner en rond ...
Utilisateur anonyme
29 novembre 2016, 23:02   Re : La France se droitise-t-elle ?
ce qui fait des remplacistes les plus lucides non seulement des "tragiques", mais de surcroît, dans un sens particulier, des artistes

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Les remplacistes des artistes... Elle est bien bonne celle-là.

Disons plutôt que le remplaciste, en son ethno-masochisme extrême, est le prélude à l'impuissance d'affronter l'effondrement civilisationnel en cours. Je ne vois donc pas en quoi le remplaciste serait un artiste - en tout cas, certainement pas un "créateur" au sens nietzschéen. Car pour qu'il y ait création forte, il faut aux yeux de Nietzsche que l'unité socio-politique soit maintenue par "une poigne de fer". A cet égard, le philosophe associe la décadence artistique avec la décadence politique majeure qu'il voyait pointer à l'horizon, à savoir le triomphe du libéralisme économique issu des Lumières, et dont le remplacisme n'est que l'enfant légitime.
30 novembre 2016, 09:00   Re : La France se droitise-t-elle ?
Comment ''homo festivus'' pourrait-il être ''tragique'' ? Comment les rigolards médiatiques qui donnent le ''la'' à homo festivus pourraient-ils être ''tragiques'' ?
Associer Ruquier ou le sociologue Michel Wieviorka à la tragédie peut paraître incongru, mais bon.

Le 4 décembre 2009, lors d'une interview au journal Libération au sujet de l'identité nationale, Wieviorka, proche du PS déclara : « L’existence d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale est une catastrophe intellectuelle et politique pour l’image générale de la France » (Wiki).

Ce qui caractérise ces gens m'apparaît plutôt comme étant un déni de réel permanent plutôt que l'acceptation glorieusement nietzschéenne de la totalité de ce qui advient.

Le réel est en train de leur revenir dessus tel le boomerang (à chaque élection, à peu près partout en Occident), ce qui, n'en doutons pas, doit "ternir l'image" qu'ils s'en font. A propos d'acceptation de ce qui est, il me semble qu'ils ne l'accordent pas si facilement quand surviennent leurs revers politiques (H. Clinton exigeant que l'on recompte les voix ici et là, etc.)
Chère Cassandre, cela peut certes se discuter, mais à mon sens les remplacistes n'ont pas provoqué les vagues migratoires et le remplacement de populations censé en découler, ils n'ont pas créé les conditions idoines dans les pays d'origine pour que de telles migrations se produisent, du moins pas originellement, ils n'ont pas inventé l'islam et sa propension belliqueuse et conquérante, ils n'ont pas à proprement parler façonné le réel d'après leurs desseins : au mieux, ont-ils constaté ces phénomènes, en ont pris acte, n'ont rien fait pour les empêcher, les ont accompagnés, encouragés, puis affirmés, pour toutes sortes de raisons et dans des circonstances diverses : en ce sens, ils ont entériné avec empressement, fatalisme ou enthousiasme, c'est selon, le monde comme il va.
Or le monde comme il va, dans ses débordements incontrôlables et ses excès, sa brutalité et son chaos, son caractère conflictuel et la mise en présence des éléments antagoniques en lui, le monde comme il va dans son désordre essentiel qui balaye tout sur son passage et ne vaut absolument que par chacun de ses moments qui sont littéralement incomparables puisque uniques en soi, c'est le devenir, en une acception idéalement nietzschéenne, je n'y peux rien...
Quiconque va dans son sens et l'accepte inconditionnellement et s'en esjouit sans restriction, et même de la façon la plus bêtement festive qui puisse caractériser le "dyonisisme" contemporain à nos yeux si inepte, eh bien celui-là paraît bien être un tragique dans ce sens, qui consiste dans l'acceptation inconditionnelle et reconnaissante de ce qui est, sans les chichis moraux et vertueux des mieux-pensants qui décidément trouvent que c'est trop affligeant pour pouvoir relever d'une pensée digne d'intérêt.

Ne peut-on dire qu'il y a parfois, même, dans la joie destructrice de certains remplacistes dansant sur la décomposition de leur civilisation, véritablement une ivresse dionysiaque créatrice ? Créatrice d'un nouveau monde, pardieu, et le fait que vous y soyez si viscéralement opposée n'y change rien...
Cher Pascal, s'il est vrai que les remplacistes se servent d'un discours mensonger pour justifier ce qui advient (c'était l'argument de Francis auquel je tentai de répondre), alors littéralement ils font usage du faux-semblant pour affirmer le réel : cela répond très exactement à la théorie esthétique qui veut que ce soit le caractère illusoire et trompeur inhérent à l'art qui soit le plus à même de dépeindre toute réalité.

Encore une fois, il me semble vraiment que Nietzsche soit la plus mauvaise pioche qui puisse être, pour tenter de contrer sur le plan des idées ceux et ce que vous combattez...
Les remplacistes mettent un soin partisan à l'accomplissement d'une vision politique et anthropologique. George Soros est un militant de cette vision, Jean-Claude Juncker aussi. Militants, artisans, théoriciens, partisans d'un nouvel ordre européen a-racial et brutalement destructeur de l'existant millénaire, n'entrent en rien dans l'ordre d'une réception exaltée du réel, mais s'activent à une entreprise d'ingénierie sociale et historique. Les auteurs et les acteurs de la "tragédie" sont agents de son advenue. S'ils ne faisaient rien, s'ils n'avaient rien fait, les nations auraient conservé leurs frontières et leurs normes de respect des lois, et les clandestins seraient expulsés comme ils le sont partout au monde sauf en Europe.

Les peuples d'Europe ne sont pas nietzschéens dans leur apparente tolérance à ce programme, tolérance qui montre une usure rapide ces temps-ci. S'il y a tragédie au déroulement tout à la fois incontrôlé et souverain, dont les mécanismes sont surhumains, et n'appellent qu'acceptation de la part des vivants, c'est dans le mouvement contraire à celui que cette ingénierie mortifère a mis en branle, c'est autrement dit dans les événements qui couvent aujourd'hui, dans une configuration qui, à l'échelle du continent, peut rappeler, par la dimension et le sens historique qu'elle revêt, celle qui porta ses fruits en 1848.
Utilisateur anonyme
30 novembre 2016, 15:39   Re : La France se droitise-t-elle ?
Les remplacistes mettent un soin partisan à l'accomplissement d'une vision politique et anthropologique. George Soros est un militant de cette vision, Jean-Claude Juncker aussi. Militants, artisans, théoriciens, partisans d'un nouvel ordre européen a-racial et brutalement destructeur de l'existant millénaire, n'entrent en rien dans l'ordre d'une réception exaltée du réel, mais s'activent à une entreprise d'ingénierie sociale et historique. Les auteurs et les acteurs de la "tragédie" sont agents de son advenue. S'ils ne faisaient rien, s'ils n'avaient rien fait, les nations auraient conservé leurs frontières et leurs normes de respect des lois, et les clandestins seraient expulsés comme ils le sont partout au monde sauf en Europe

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Très juste Francis. Le remplacisme n'est pas un phénomène "naturel", il ne tombe pas du ciel ; il est bien "l'accomplissement d'une vision politique et anthropologique". On pourrait tout aussi bien dire qu'il est une idée qui a réussi (au moins jusqu'à aujourd'hui). Car ce paroxysme dans la volonté d'être absolument coupable et de ne jamais pouvoir en être châtié suffisamment, cet auto-enfermement dans un labyrinthe d'obsessions et d'idées fixes - bref, ce paroxysme de l'absurdité remplaciste, ne peut être mieux désigné que comme "bestialité de l'idée" (in "Généalogie de la morale"). Pourquoi ? Parce que les "derniers hommes" se voyant interdite toute cruauté vers l'extérieur déchaînent contre eux-même la violence (et surtout le sadisme) qu'ils portent en eux.
Utilisateur anonyme
30 novembre 2016, 15:44   Re : La France se droitise-t-elle ?
Ne peut-on dire qu'il y a parfois, même, dans la joie destructrice de certains remplacistes dansant sur la décomposition de leur civilisation, véritablement une ivresse dionysiaque créatrice ?
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Absolument. Mais ce sont des malades Alain. Et l'on sait depuis Nietzsche (encore lui) à quel point "la maladie est un puissant stimulant."
30 novembre 2016, 16:54   Nous sommes des réactionnaires
Bref, en une phrase, le réactionnaire freine à mort et refuse coûte que coûte le mouvement imposé, qui est ce à quoi le "progressiste" consent et ce qu'il finit par épouser, et affirmer, en voulant faire accroire, car la vanité n'épargne personne, qu'il y est pour quelque chose...
Enfin non, je ne pense pas Alain. Le "progressiste" n'a pas épousé quoi que ce soit des réformes dites sociétales qui ont touché la France dans le quinquenat Hollande, par exemple, il les a imaginées, instiguées, il les a conçues et imposées proactivement par tous les moyens législatifs et constitutionnels à sa disposition. La vision anthropologique de l'indifférenciation humaine s'est fendue dans les années récentes d'une indifférenciation ancilliaire qui est celle du sexe, qui par la théorie du genre, est devenu, dans les débats sociétaux, celui des anges. Cette vision, ou sous-vision, dérivée de la loi post-moderne d'indifférenciation générale du stock humain, fut forgée, est forgée, elle n'est nullement le fruit d'une quelconque acceptation passive de évolution sociale mécanique et progressive, qui semble à vos yeux définir le progressisme.

Le progressiste est un militant de tous les instants, de toutes les vigilances. Il force l'avenir à partir du présent, en offusquant tout héritage du passé. Il fait de cela sa vocation et son boulot de tous les instants. Le réactionnaire freine à mort et dénonce l'absurdité, la débilité profonde de cette démarche face au réel. Il la freine par la critique, la pensée, le recul, le retrait, la dissidence, et le souverain et salubre mépris.
04 décembre 2016, 19:00   Re : La France se droitise-t-elle ?
Peut-être est-ce une limitation personnelle, cher Francis, mais ma vision essentiellement perspective et même "tachiste" des choses m'empêche de concevoir sérieusement que le cours du réel puisse être surplombé par une vue ou un dessein particuliers, l'infléchissant réellement et sciemment dans une direction voulue et fomentant véritablement la situation présente : il y a bien sûr des velléités, certaines volontés même, de micro-actions, certaines influences sont exercées sur le réel, des concertations sont mises en place, qui à très brève échéance peuvent y imprimer un semblant d'effet déterminé, mais à mon sens le résultat, toujours temporaire, de ces agitations demeure imprévisible, et le devenir, le cours du monde comme il va, dépasse toujours infiniment les intentions parcellaires et ponctuelles qui ont cru pouvoir le façonner.
Cela procède d'un point de vue général, je vous l’accorde...

Dans une telle perspective aux aboutissants si fatalement incertains, le "progressiste" ne peut souhaiter une issue parfaitement arrêtée et prévue coïncidant avec une vision du monde projetée, parce que cela n'existe pas : l'idée même de progrès fait fond alors sur le mouvement et le changement en eux-mêmes, sur ce que j'ai appelé le "mouvement imposé" (par une force des choses, une fortuna machiavélienne ?) ; ce à quoi le réactionnaire réagit en amorçant un mouvement opposé, à rebours, un mouvement contre le mouvement. C'est peine perdue, mais l'intention reste belle...
Chers tous,

Certes Nietzsche et son amor fati ne semble pas, à première vue du moins, offrir un bon exemple de résistance à ce qui advient. Mais prenons garde d'assimiler cette réjouissance dyonisiaque nitzschéenne avec de la fatalité ou du déterminisme absolu. Il n'en est rien.
Cet amor fati n'implique absolument pas que l'on doit se borner à regarder passer les trains de l'Histoire en marche, et sourire béatement à tout ce qui nous est proposé. Ce n'est pas un synonyme de inch'Allah.
Nietszsche ne dit pas que l'on doit se contenter de rester les bras croisés, en simple spectateur du Monde, et donc de s'en remettre pieds et poings liés au mouvement en cours.
Bien au-contraire il nous invite en permanence à l'action, à la construction de soi-même, à la sculpture de son être.
S'il est bien vrai qu'il nous invite d'accepter, et de se réjouir, du résultat de nos actions, de ses conséquences même si elles sont douloureuses pour nous, c'est dans le but de se fortifier, de se rendre plus puissant et, in fine, de devenir ce fameux surhomme. Mais en aucun cas il nous invite à la passivité d'un mahométan face à la volonté de Dieu.
L'amor fati constitue l'essence même de la tragédie.
06 décembre 2016, 15:19   Re : La France se droitise-t-elle ?
Cher Daniel Teyssier, il n'est pas question de regarder passer le train, mais de trouver place dans la locomotive, en alimentant le foyer de combustibles dans un grand feu de joie.
Concernant le "surhomme", je doute beaucoup si cette notion de philosophie-fiction puisse jamais avoir quelque lien avec nous-mêmes, témoins atterrés des temps présents, malgré tous nos efforts pour y atteindre : en effet, je suis resté sous l’impression qu'il s'agissait avant tout, dans l'idée de Nietzsche, de l'avènement non à proprement parler d'une nouvelle race d'hommes, mais carrément d'une nouvelle espèce d'hominidés, qui serait à l'homme ce que l'homme est au singe : les grands hommes, les spécimens supérieurs d'humanité apparaissent à cet égard bien trop humains, et n'ont encore rien de surhumain. Je crains qu'il faille attendre encore longtemps, après que tous les remplacements du monde auront eu lieu, et que ne s'engage très avant un processus de transhumanisation, pour que se profile à l'horizon ce nouvel "homme", si jamais...
Enfin, la "culture de soi", je veux bien : mais j'ai conservé du Nieztsche des profondeurs et des plus importantes lignes de force la notion d'un "soi" très négligeable, à vrai dire presque inexistant, comme une sorte d'épihénomène évanescent confinant à l'erreur pure et simple, à la "routine grammaticale" qui veut que toute action requière un sujet : pas de soi pérenne sans sujet et donc sans subjectivité, et ces derniers ont tendance à voler en éclats et se disperser considérablement, après le passage tapageur de l'énergumène, de sorte qu'il n'y aurait plus rien de bien substantiel à "cultiver".
Bien évidemment, en ce qui concerne le surhomme nietzschéen, je partage totalement ce que vous écrivez, cher Alain Eytan.
Dans mon message précédent quand j'écrivais laconiquement "et, in fine, devenir ce fameux surhomme" loin de moi, bien entendu, était la prétention de pouvoir accéder un jour à ce statut. Cet "in fine" correspondant à ce que vous avez si bien développé, si jamais...comme vous dites.
Je pense que le concept du surhomme ne peut pas, et pour des lustres très certainement, s'incarner dans un être humain, tout limité et phagocyté qu'il est dans son enveloppe charnelle sensible (esthétique kantienne).
L'horreur n'est pas maîtrisable par l'Homme. Quelle pertinence opérante pourrait avoir cet amor fati pour un individu précipité vivant dans un four crématoire ? Aucune.
D'ailleurs cette exubérance dionysiaque peut aussi être vue comme une échappatoire, un faux-fuyant face à une réalité trop douloureuse, ce qui, le comble, ferait de Nietzsche un nihiliste, lui aussi !
On peut, aussi, monter dans un wagon de queue, tout penaud et pas fier, incognito, sans espoir de rien. Ou rester à quai et attendre un autre train de l'Histoire passant à t+1 et, en attendant agir, essayer de faire dérailler ce train, ou tout au moins de le ralentir dans sa course folle. Nietzsche nous invite à l'action, pas à la résignation. L'exubérance dionysiaque peut s'éprouver en alimentant la chaudière dans un grand feu de joie mais aussi en faisant dérailler le train dans un grand fracas salvateur.
Quant au Moi, sujet métaphysique s'il en est, autant d'avis que de philosophes ! Bien sûr Nietzsche considère que le Moi, pris tel un objet en soi, un noumène n'est qu'illusion mais la pensée, l'action, induit, construit un Moi fluctuant, en mouvement, qui n'est pas un Moi du déjà-là mais toujours à venir.
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