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Les délices de la presse subventionnée

Envoyé par Francis Marche 
Le Figaro.fr aujourd'hui :

Un article scientifique s'intitule "La rotation de la Terre a (un peu) ralenti" ; on y expose dans le chapeau que la durée du jour diminue en moyenne de 1,8 milliseconde par siècle, selon une nouvelle estimation. Comme on a l'esprit hypersensible aux contradictions, on se dit que si la terre effectue sa rotation (la durée du jour) en MOINS de temps, ce mouvement ne s'est pas ralenti, pas même un peu, mais au contraire, il s'est accéléré. On cherche à en savoir plus, on lit alors, dans le même chapeau que Une équipe de chercheurs britanniques vient d'estimer que le jour terrestre augmentait de 1,8 millième de seconde chaque siècle. C'est à dire qu'en début du chapeau, le jour terrestre diminue, trois phrases plus loin, il augmente du même nombre de millisecondes.

[www.lefigaro.fr]

On passe aussitôt à autre chose, pour ne pas se perdre en conjectures et éviter de se mettre de mauvaise humeur pour rien; notre regard se porte vers un entrefilet : "Un pilote de l'US Army est mort"

On lit en clôture de l'entrefilet : Le pilote s'était éjecté mercredi de son appareil à environ 190 kilomètres au sud-est de l'île d'Iwakuni, le jour du 75e anniversaire de l'attaque de la base américaine de Pearl Harbor par l'armée américaine.

[www.lefigaro.fr]

On referme la feuille de chou subventionnée. On se dit que la cinquième puissance économique du monde subventionne une presse nationale qui déshonnerait les pays en queue de classement à l'indice économique et de civilisation : le Malawi, le Vanuatu, le Bouthan ou le Lesotho, je crois qu'on peut en être sûr, ne tolèreraient pas d'avoir des tocards pareils comme journaux nationaux soutenus à bout de bras par le contribuable, qui se moquent de leur lectorat comme du contribuable. Cette presse nationale, qui nous fournit tous les matins de nouveaux motifs de honte d'être Français, serait jugée indigne par le dernier des derniers des pays du tiers monde, la plus crotteuse des républiques bananières au palmarès de l'ONU des pays les plus mal en point en matière de corruption et le défaut d'éducation n'en voudrait pas, jugerait qu'elle mérite mieux.
Utilisateur anonyme
09 décembre 2016, 09:23   Re : Les délices de la presse subventionnée
Cette presse nationale, qui nous fournit tous les matins de nouveaux motifs de honte d'être Français


Honte également d'être français lorsqu'on voit le niveau des questions et des "analyses politiques" (c'est "le niveau Apathie", ou le en dessous du raz des pâquerettes) de ce quotidien, tout juste moins pire que "Libé" : "Faut-il que le FN se débarrasse ou pas de Philippot ? Faut-il que Marion prenne plus ou moins de recul ? Marine doit-elle se situer plus à droite pour contrer Fillon ? Pour ou contre l'adoption des couples "homos" ? L’IVG doit-elle être interdite ou, au moins, ne plus être remboursée ? "


Alors qu'au même moment la guerre civile frappe à nos portes.
C'est l'ensemble de la chaîne éditoriale de la presse écrite qui est contaminée. Répétitions, usage fantaisiste des majuscules, ponctuation insensée, compléments d'objet qui se font la malle, etc. Quant au fond, les prélèvements de Francis et Pascal suffisent à nous casser le moral pour tout le week-end (ces relevés pourraient d'ailleurs très bien être réalisés chaque matin, comme dans un laboratoire d'analyses, à l'occasion d'une nouvelle sorte de revue de presse).

J'attends désormais que le redoublement du sujet, que le Président Hollande a, à la lettre, imposé dans le prononcé de la plupart des discours politiques, se retrouve à l'écrit. Cela fera une calamité de plus à se mettre sous la dent.

La France larguée dans tous les classements mondiaux où il est, d'une manière ou d'une autre, question de matière grise et de comprenette, la France qui dé-excelle dans tous les domaines qui ont fait sa gloire et assuré son rayonnement planétaire pendant des siècles, cet effondrement-là, cette involution, ce ramollissement effrayant de notre puissance cérébrale, cette dégénérescence sidérale, tout cela donc, qui relève de l'anormalité, de l'anomalie historique, me mine au-delà du supportable. Je n'en reviens tout simplement pas, de cette décrépitude intellectuelle.
Utilisateur anonyme
09 décembre 2016, 11:47   Re : Les délices de la presse subventionnée
Décrépitude intellectuelle qui n'a d'autre contrepartie que l'endoctrinement généralisé, la haine tenace de la vérité, l'exigence quotidienne de ne surtout pas voir ni savoir.
Tout se tient, Trystan, un désastre en appelant un autre ou permettant sa venue, c'est très vrai. Mais tout de même, nous en sommes à un point, affligeant et dangereux, où notre culture flétrit à vue d’œil tout en accouchant d'un faux-frère monstrueux. Voyez, même les conférences en ligne du Collège de France sont fadasses. Je préfère encore, et de très loin, ces vieux documents sonores qui crachotent les voix de Bachelard, Jean Whal ou Merleau-Ponty.
Utilisateur anonyme
09 décembre 2016, 13:48   Re : Les délices de la presse subventionnée
Peut-être parce que le Français aspire désormais majoritairement à cela ? video: [www.youtube.com]
(Et encore, cette vertueuse mère de famille se teint ordinairement les cheveux en bleu turquoise/vert.)
(Mais comment vous arrangez-vous pour trouver des endroits pareils sur YouTube Trystan ? Qu'est-ce qui vous pousse ainsi à vous vautrer dans la fange rose frangée de bleue et de "trop-mignons" toutes les deux phrases ? Quelle pente glissante de la dépravation êtes-vous en train de descendre inexorablement ? Je tremble pour vous. Vous nous effrayez Trystan. Vous fréquentez des lieux où la plupart d'entre nous n'auraient pas la bravoure de pousser la porte. Le "Pink Net" n'est pas moins dangereux et déstabilisant que le "Dark Net", savez-vous ? On risque, comme dans l'hadès ou le cauchemar qui ne se sait point tel, d'y perdre tout sens du réel. La déréalisation, la néantisation de l'existence, son expurgation de tout sens ou possibilité du tragique, constituent une des pires formes de torture mentale qui soit. Le déluge rose, le vomi rose, l'holocauste rose et bleu saigne l'existence de tout son sens comme dans l'arène de son sang le taureau de la vie rendant ses forces écarlates dans le sable. La corrida rose, l'être-là rose exclusif et total, le soleil-noir rose et la mort insensible qu'ils portent comme une estocade à la vie humaine lui font le sort le plus redoutable qui se puisse redouter.

Quand j'étais enfant, il y avait une émission de télévision (dans les années 60) où vers 7 heures du soir, tout le monde était en pyjama à se faire des bisous avec un gros nounours sur un nuage qui jouait de la flûte. C'était charmant, je devais avoir dix ans. On découvre, à cause de vous, que ce genre de petite saynète domestique pour prime enfance est suivie assidûment par des mi-trentenaires à barbe qui font état de leur engouement à y adhérer, à en être. On est pris d'effroi, de bômi, comme on disait dans mon enfance gardoise, un bon siècle et demi avant YouTube.)
Utilisateur anonyme
09 décembre 2016, 16:16   Re : Les délices de la presse subventionnée
Que voulez-vous, Cher Francis, je suis à la recherche de la vérité, je veux voir, je veux comprendre, pour ensuite formaliser. Et pour cela, il faut se plonger là-dedans, il faut fréquenter tous les mouroirs de la civilisation moderne, il faut s'infliger des spectacles terribles et édifiants. Sans cela, comment faire le moindre progrès ?

Je fais cela parce que nos intellectuels lâches et paresseux ne font pas, comme on dit salement aujourd'hui, “le boulot”. Je fais cela parce que personne, hormis deux ou trois personnes comme vous et moi, n'a le courage, le temps ou l'envie d'affronter le réel. Parce que, hélas, il le faut.
Spéciale dédicace. À l'ami Francis. Gâgatisons ensemble.

video: [www.youtube.com]
Cher Trystan Dee, je crois que même si leur nombre est insuffisant, il y a, heureusement, plus de deux ou trois personnes qui cherchent à affronter le réel ou qui l'ont abondamment affronté, sur ce site comme ailleurs en France.
Utilisateur anonyme
10 décembre 2016, 01:33   Re : Les délices de la presse subventionnée
Qu'est-ce qui vous pousse ainsi à vous vautrer dans la fange rose frangée de bleue et de "trop-mignons" toutes les deux phrases ? Quelle pente glissante de la dépravation êtes-vous en train de descendre inexorablement

Sans vouloir répondre à la place de Trystan je crois que ce qui nous pousse à "nous vautrer dans la fange", à des degrés divers évidemment, c'est un certain mépris pour la croyance au ""progrès" et pour l'optimisme béat (et terriblement niais) qui la porte. Il y a chez moi, et certainement chez d'autres ici, cette "croyance" que l’homme est toujours le même, c’est-à-dire un être qui n’est que très rarement porté au bien. On a souvent souligné le caractère sombre de cette conception, on va dire "célinienne", de l’humanité... Ca n’est pas que je me refuse à penser que l’homme est naturellement bon, pour affirmer de manière symétrique qu’il est naturellement mauvais - non, c’est plutôt que je perçois à tout instant, de manière presque physique et sur la base d'expériences qui nourrissent ma vie, que l’homme est un être éminemment imprévisible, donc dangereux, capable du pire comme du meilleur, mais qui, laissé à lui-même, a davantage tendance à se laisser glisser sur la pente des mauvais sentiments et de la médiocrité plutôt qu’à chercher à se grandir ou à se dépasser.
Utilisateur anonyme
10 décembre 2016, 11:30   Re : Les délices de la presse subventionnée
(Pour ceux qui veulent suivre : video: [www.youtube.com])
C'est précisément parce que le fonds humain semble très peu changer que l'on ne peut que s'émerveiller du fait que les conditions de vie de cette accorte blogueuse, et de ses semblables en esprit, sont certainement infiniment meilleures et plus douces que ne l'étaient celles de ses égaux, il y a encore relativement peu de temps, sur une échelle historique un peu vaste.
C'est cela, le progrès, ce calfeutrage le plus amortissant possible, et rien d'autre ; au regard de ce qu'étaient ces conditions de vie à l'origine, très éprouvantes et même terribles, l'on peut estimer que l'humanité a tout de même pu "progresser" et se policer de façon remarquable en règle générale, et que nos sociétés offrent encore à la majorité de ses membres une existence enviable et même digne, décente, compte tenu des données de départ, de ce qu'est la vie sauvage et brute, qui est pour nous innommable.
Hors cela, le savoir, la culture, la distinction, le dépassement de soi, l'appel de la beauté, ce n'est que coquetterie d'âme, comme avait dit je crois ce même Céline...
Je crois, cher Alain Eytan, que les données anthropologiques ne corroborent pas bien ce que vous écrivez-là. Les conditions de la vie sauvage, dans certaines régions en tout cas, ne paraissent pas avoir été bien dures, sauf en périodes de surpopulation. Voyez notamment les îles intertropicales qui offraient à l'homme primitif une extraordinaire abondance de ressources très faciles à cueillir, chasser et pêcher. Ce qui était éprouvant et parfois terrible était du ressort de l'homme, non des ressources que lui offrait la nature : exposition des nouveaux-nés, rites cruels, guerres constantes surtout, avec tortures des prisonnier et anthropophagie (toujours rituelle, jamais de famine). Il n'est pas impossible d'interpréter ces cruautés comme une manière d'empêcher la surpopulation, précisément.
Vous remarquerez aussi que la coquetterie d'âme, la civilisation en somme, ne s'est pas développée précisément là où la nature était la plus généreuse et la vie, hors contexte anthropique, la plus facile.
il me semble difficile en l'occurrence de ne pas évoquer les statistiques : ne vit-on pas bien plus longtemps, confortablement, en meilleure santé, plus protégés, cela allant "s'améliorant" et concernant des populations de plus en plus importantes jusqu'à constituer une majorité, depuis l'époque moderne ?
En résumé, les conditions de vie ne se sont-elles pas dramatiquement améliorées, pour ce qui concerne l'essentiel vital, cela incluant comme matelas protecteur supplémentaire les nounours, les bisous et les charmantes mignardises contemporaines ?
Peut-on réellement comparer la "qualité de vie" d'un croquant au 17e ou 18e à celle des petits-bourgeois majoritaires en régime hollandien ?
Je suppose qu'il y aura certes eu de petites enclaves édéniques où de très petites sociétés primitives pouvaient vivre de façon insouciante et que nous pourrions qualifier d'"heureuses", mais enfin, cela n'est quand même pas représentatif de l'humanité dans son ensemble ?
A vrai dire, les "données de base" dont je parlai concernaient surtout la sorte de condition existentielle humaine fondamentale, l'état d'angoisse primordial où règne en maître absolu la peur, peur de la douleur, de la faim, de la maladie, de la violence, de la mort, faisant de la vie un état de perpétuelle et très précaire survie : or il me semble peu contestable que nos sociétés protègent bien contre cela, en général, bien mieux en tout cas que naguère et surtout jadis, sauf exceptions, cela pour beaucoup plus de gens...
"L'état d'angoisse primordial où règne en maître absolu la peur, peur de la douleur, de la faim, de la maladie, de la violence, de la mort, faisant de la vie un état de perpétuelle et très précaire survie" n'était pas celui "d'un croquant au 17e ou 18e".

Personnellement, je trouve que le mode de vie des habitants des villes contemporaines dans leurs déplacements journaliers pour se rendre au travail est quelque chose qu'on regardera sans doute plus tard comme une torture.
Utilisateur anonyme
10 décembre 2016, 17:11   Re : Les délices de la presse subventionnée
« faisant de la vie un état de perpétuelle et très précaire survie »

On y vient, on y vient. Le futur promet d'être médiéval.
Je n'ai pourtant pas dit que c'était précisément son état, Thomas, mais que la société française actuelle protégeait mieux de cet état, et beaucoup plus de monde, que ce n'était le cas aux 17e et 18e, et que ne pouvaient l'être les "homologues sociaux" d'alors, disons cela comme ça, des sympathiques blogueurs qui se pavanent en public si charmantement et enfantinement en profitant des prouesses techniques de notre époque.
ne vit-on pas bien plus longtemps, confortablement, en meilleure santé, plus protégés, cela allant "s'améliorant" et concernant des populations de plus en plus importantes jusqu'à constituer une majorité, depuis l'époque moderne ?

Non. Pas dans les Etats-Unis d'Amérique par exemple, où l'on vient d'apprendre que l'espérance de vie, depuis 1998, décroît. Et cela ne s'explique pas. Les années sida, au milieu de la décennie 80 du siècle dernier pouvaient rendre compte du dernier en date du fléchissement de l'espérance de vie dans cette société, qui est la nôtre à un océan atlantique nord près. Cette baisse d'espérance de vie actuelle n'a d'autre cause que le mal-vivre, de la pollution urbaine au penchant pour l'usage libéral des armes à feu dans la jeunesse, on ne sait : c'est ainsi. Les gens nés dans le siècle dernier, Kirk Douglas qui vient de fêter ses 100 ans, Frank Sinatra, ont vécu heureux des sept à dix décennies durant; cela ne sera pas le cas des jeunes gens d'aujourd'hui. Le "progrès" en tout, celui de la prolongation de la vie terrestre à la conquête de l'espace, n'aura été, dans la fine fleur de l'espèce humaine que vous représentez, cher Alain Eytan, qu'un épisode vingtièmiste très anecdotique. Depuis, nous flanchons, nous sommes en déperdition biologique de nous-mêmes. C'est un fait, qu'accompagnent la perte chronique de biodiversité planétaire et l'essor des virus mortels (zika, VIH, et autres grippes aviaires) qui sont le corrolaire de cette perte.

Nous vivons une époque ou le progrès (celui d'Auguste Comte et des grands espérants futuriens du début du XXème siècle) est révolu. Renseignez-vous. C'est un fait.
Je veux bien me renseigner, Francis : soit, aux États-Unis "La perte moyenne d'espérance de vie à la naissance est d'environ un mois de vie par américain, passant de 78,9 ans en 2014 à 78,8 ans en 2015" (Wikipédia) ; bien, c'est peut-être un début, me direz-vous, mais enfin, comparez je vous prie ces 78.8 ans aux siècles précédents, quand même ?...
Au reste, toujours d'après la même source, l'espérance de vie n'aurait pas baissé depuis 1998, mais "a diminué pour la première fois depuis 23 ans (depuis 1993)" : je comprends d'après cela que ce chiffre a très récemment baissé (en 2015), pour la première fois depuis 23 ans, ce qui veut dire qu'il avait également diminué en 1993, mais qu'entre ces dates il avait progressé ou était demeuré stable, ce qui n'est pas la même chose...

En France, "En 2014 en France métropolitaine, l’espérance de vie à la naissance atteint 79,3 ans pour les hommes et 85,5 ans pour les femmes. Au cours des 60 dernières années, hommes et femmes ont gagné 14 ans de vie en moyenne", alors que "De 1900 à 2000, l’espérance de vie en France (moyenne hommes et femmes) est passée de 48 à 79 ans, soit une hausse de 65 % en un siècle seulement."

J'imagine que notre situation est encore plus significativement meilleure que ce que donnerait la moyenne du temps des croquants évoqués plus haut, et avant...

Je n'ai pas vérifié pays par pays, dans "nos sociétés", mais les tendances doivent être sensiblement les mêmes, s'agissant de périodes plus longues : enfin, il me semble que cela n'annonce pas encore une fatale et avérée décroissance générale dans les pays où les gens se gobergent sur Ioutioube.

Merci pour le compliment, cher Francis (la "fine fleur") ; vous en êtes une autre.
Il faut se méfier des comparaisons d'espérance de vie avec les temps anciens parce qu'elle gomme la différence la plus marquante qui est l'ampleur de la mortalité infantile et juvénile. Beaucoup de sociétés primitives, d'autre part, pratiquaient le géronticide, notamment en période de disette. Mais il faut aussi savoir de quoi l'on parle : les croquants des Temps modernes ne sont pas les sauvages des sociétés primitives et ils vivent du reste plutôt plus mal. Les Européens découvrant les Indiens d'Amérique du Nord ont été très impressionnés par leur beauté physique (à l'époque...) qui n'était autre que le résultat de leur bonne santé et de leur force physique (les infirmes et les faibles étaient éliminés à la naissance ou, quand ils ne l'étaient pas, avaient très peu de chances d'atteindre l'âge adulte).

Maintenant si vous voulez dire que nous vivons, en moyenne, plus longtemps et en meilleure santé que les croquants de XVIIe s, oui, évidemment
Utilisateur anonyme
11 décembre 2016, 03:52   Re : Les délices de la presse subventionnée
A vrai dire, les "données de base" dont je parlai concernaient surtout la sorte de condition existentielle humaine fondamentale, l'état d'angoisse primordial où règne en maître absolu la peur, peur de la douleur, de la faim, de la maladie, de la violence, de la mort, faisant de la vie un état de perpétuelle et très précaire survie : or il me semble peu contestable que nos sociétés protègent bien contre cela, en général, bien mieux en tout cas que naguère et surtout jadis, sauf exceptions, cela pour beaucoup plus de gens...

Très bien Alain.

Prenons "d'autres données", moins "de base" celles-là : par ex. quel "progrès" observe-t-on, politiquement et philosophiquement parlant, dans une Europe rejetant toute considération identitaire, toute volonté de puissance, recherchant le consensus à tout prix, flottant en état d’apesanteur, comme entrée en léthargie, et qui non seulement paraît consentir à sa propre disparition mais qui interprète celle-ci comme la preuve de sa supériorité morale !? On pense évidemment au « dernier homme » dont parlait Nietzsche.
Le problème, voyez-vous, c'est que l'homme sera toujours plus, ou en tout cas autre chose, qu'un simple estomac.

A part ça la seule chose qui progresse, et qui progresse vraiment, c’est l’interrogation sur le déclin – qui se décline partout.
En France, "En 2014 en France métropolitaine, l’espérance de vie à la naissance atteint 79,3 ans pour les hommes et 85,5 ans pour les femmes.

Nous sommes bien d'accord que l'espérance de vie indiquée dans cette phrase du sieur Eytan est bien celle de personnes nées avant la seconde guerre mondiale n'est-ce pas ? C'est à dire avant l'effondrement de la biodiversité qui fait suite à l'usage massif des pesticides dans les années qui ont suivi cette guerre.

Un article du Monde récent -- pas le courage ni l'envie d'aller fouiller dans ce journal en ligne pour en fournir ici les références, pardon -- paru dans la semaine passée, nous apprend que la déperdition accélérée de biodiversité, notamment dans le monde tropical mais pas seulement, s'accompagne de l'apparition de multiples maladies virales et d'origines bactériennes jusque-là inconnues, tout simplement parce que les petits animaux -- rongeurs, notamment, comme l'écureuil qui semble être l'hôte de la lèpre et de nouvelles souches d'agents pathogènes responsables de multiples maladies resistantes aux traitements classiques, comme la tuberculose résistante -- qui sont les hôtes de ces agents pathogènes, ont perdu leurs prédateurs habituels (avec la perte d'habitats de ces derniers). La déforestation, cause d'émissions de gaz à effet de serre, comporte des effets si pervers et délètes qu'elle en vient ainsi à être cause indirecte de mortalité et de morbidité chez l'homme.

Les pics de pollution en région parisienne ce mois-ci se transcriront en des pics de mortalité et de morbidité dans la population de cette région dans une dizaine ou une quinzaine d'années (cf. effets nocifs des microparticules sur le placenta des femmes enceintes, etc.), si bien que "l'espérance de vie" des personnes nées dans les années 30 et 40 du siècle dernier n'est en rien un indicateur de ce que le faux progrès est en train de faire à l'espèce humaine aujourd'hui et depuis un petit demi-siècle, elle ne permet de préjuger en rien d'une poursuite de l'essor de l'espérance de vie humaine ; elle n'est nullement pertinente et n'est un indice de rien concernant le futur.

L'erreur classique des économistes, qui ne savent pas faire grand chose d'autre que de "prolonger les courbes", est reproduite par les démographes qui "prolongent les courbes" d'espérance de vie dans la méconnaissance totale des conditions matérielles actuelles de cette espérance.
» Le problème, voyez-vous, c'est que l'homme sera toujours plus, ou en tout cas autre chose, qu'un simple estomac.

C'est pourquoi notre blogueuse se pourlèche d'un délicieux et gluant hamburger au saumon en se filmant se pourlécher, c'est pourquoi elle postillonne à tout bout de champ des bisous et des "c'est trop mignon" partout alentour, et fait gravement part de ses prédilections en matière de tubes de rouge à lèvres, qu'elle a du reste sensuelles ; sans parler d'autres qualités extra-stomacales qu'elle possède sûrement, la bonne dame, en se désintéressant probablement pas mal d'éventuels "progrès politiques ou philosophiques" dépassant trop évidemment le douillet et admirable cocon de son contentement de vivre, car elle paraît innocemment et sincèrement contente, la blogueuse. Elle est contente. Or elle est incontestablement "du peuple", le peuple actuel, lequel vit majoritairement beaucoup mieux, plus longtemps, plus confortablement, plus modernement, plus technologiquement, plus insouciamment (j'en mettrais presque ma main au feu), que ce n'était le cas du peuple des siècles passés.

C'est cette plus-value de satisfaction et de possible insouciance, un pas en avant de la précarité et de la détresse fondamentale de vivre, cela pour le plus grand nombre, que j’appelai "progrès" ; les sociétés que vous honnissez y pourvoient apparemment et relativement, Pascal, mieux que d’autres, mieux que par le passé, c’est du moins mon impression…
Et je ne sais pas plus que vous ce que l’avenir nous réserve…
Quelqu'un ici pour mettre en doute qu'allongement de l'espérance de vie et surpopulation sont incompatibles ? J'y vois comme une loi physique.
Quelqu'un ici pour contester que l'Union soviétique avait un bilan "globalement positif" (selon l'expression consacrée) en matière de progrès au sens eytannien du terme ? Et pour nous expliquer dans la foulée ce qui a bien pu faire s'effondrer cette construction ? Par quelle aberration alors, cet effondrement, si, comme on nous donne à l'entendre, le progrès des estomacs et des organes voisins est bien l'alpha et l'oméga de la vie désirable ?
Est-il donc si difficile à des esprits comme celui d'Alain de concevoir que le progrès dévore le progrès ? Que l'acquis-progrès engendre sa critique et son dépassement et qu'à cet égard la loi d'entropie du progrès (son étalement et le ralentissement de sa marche) se double d'une loi d'embolie (surpopulation, pollution, dégradation de l'habitat humain et du temps disponible aux hommes, risques sanitaires accrus, auto-intoxication de l'humain par l'humain comme l'avait décelé Lévi-Strauss à la fin de sa vie) ? Que si une société en progrès constant comme l'Union soviétique s'est effondrée c'est aussi parce que la notion de progrès s'est accompagnée et a été nourrie d'aspirations à son dépassement vers une liberté politique et un affranchissement des cadres et des conditions initiaux de l'apparition de l'acquis-progrès matériel et stomacal ?

Cette dynamique de l'excès humain par rapport à ses acquis est-elle devenue insaissable aux esprits qui éclairent depuis longtemps ce lieu où nous écrivons ?

La bêtise universelle et ses platitudes ont-elles donc déjà tout emporté comme fleuve en cru ?
Je pense que plus l'homme se porte mieux plus la planète va mal. Et si la planète va mal, et de plus en plus, peut-on encore parler de progrès ? Peut-on encore désigner par ce mot le matérialisme débridé qui est en train de la couler ? A l'échelle d'une vie humaine et si l'on regarde les choses au raz des pâquerettes, le progrès peut sembler incontestable, mais, à l'échelle de l'Histoire et encore plus de la vie de la planète , il ne s'agit que d'une toute petite parenthèse que nous avons cru éternelle alors qu'elle n'était que provisoire. L'humanité a toujours vécu, sauf exceptions, dans la précarité, mais au moins ne détruisait-elle pas irrémédiablement la nature. Demain elle aura de nouveau la précarité ainsi que la destruction des ressources et de l'environnement en prime.
Depuis vingt ans environ, ou un peu moins, l'humanité bogue grave.
Utilisateur anonyme
12 décembre 2016, 14:15   Re : Les délices de la presse subventionnée
Mais j'y pense !!!? L'invention, la mise en place et l'accompagnement du GR c'est tout de même un sacré progrès ça aussi !? Non ? Quand on pense que quelques décennies seulement en arrière l'homme était encore irremplaçable... (Pouahhh !!! Quelle horreur !)
Je suis un peu surpris par ce que vous écrivez, Francis : je pensais qu'il allait de soi que dans ma bouche, tel que j'ai utilisé ce mot ici, le "progrès" n'était pas nécessairement un progrès, c'est-à-dire un bien en soi, une avancée significative de la "qualité d'être au monde", que ce terme ne portait pas nécessairement en lui la précellence axiologique de ses manifestations pratiques.
Hors le jugement de valeur, duquel on est en droit de s'abstenir, le progrès ne peut s'estimer effectivement que par une amélioration quantifiable des conditions de vie du plus grand nombre, en escomptant que celui-ci pourra de ce fait y trouver son compte, et que l'"indice" de satisfaction subjective que chacun éprouve de sa propre vie suivra la courbe ascendante de l'amélioration des conditions matérielles.
Je soupçonnai que c'était le cas de notre blogueuse, assez représentative m'avait-il semblé d'un "plus grand nombre" actuel.
Ce n'est pourtant pas sorcier.

Et puis non, je doute si en Union Soviétique la plupart des gens éprouvaient grand plaisir à y vivre, et pouvaient goûter de façon si décomplexée et insouciante le plein épanouissement de ce qu'ils étaient.
L'Union soviétique envoya un homme dans l'espace et le fit revenir en vie, pour la première fois de l'histoire. C'était un progrès, de même que les tables de production de quintaux de blé, de coton, et que sais-je que le Gosplan pouvait afficher. L'Union soviétique apporta le fameux progrès universel par rapport à la Russie des tsars. La nature de ce progrès fut reconnue dans le concert des nations. Les Américains furent très fortement impressionnés par l'exploit de Gagarine. Sans cette forme de "progrès", réelle, le Communisme n'eût attiré personne au XXe siècle. Le romantisme révolutionnaire pur ne tient les foules en haleine jamais plus d'une saison ou deux. Or cette forme de progrès capota lamentablement après sept décennies : les hommes libres "qui ne sont pas que des estomacs", voulurent autre chose, se jugèrent grugés par ce "progrès", ce "mieux être" stagnant. Même chose bientôt avec le capitalisme Apple et Facebook, et Amazon. Dans vingt ans, ces noms feront sur la jeunesse l'effet d'un vomitoire. De même que votre blogueuse et ses "trop-mignons".
Sur le site du Nouvel Obs (c'est moi qui souligne) :

"Les autorités se sont rendues sur place après avoir été prévenues par un policier de Californie qui est tombé sur la vidéo sur internet, mais l'adolescente a été prononcée décédée à son arrivée à l'hôpital."
"prononcée décédée" est de l'anglais traduit mot à mot (pronounced dead) bien dans le goût de la journalisterie française qui se refuse à traduire l'anglais comme il doit l'être (à savoir par une refonte syntaxique française des tournures anglaises). J'ai longtemps cru que c'était chez elle négligence, ou ignorance, mais non, c'est un principe intangible, une "politique de la langue" : il faut assassiner le français courant, idiomatique et traditionnel, lui substituer une non-langue, un traduit-du.

The teenager was pronounced dead on arrival se dit en français : "le décès de l'adolescente a été constaté à son arrivée (à l'hôpital)".
C'est un peu comme si un journaliste anglais écrivait : The death of the adolescent was constated when the arrival.
Voilà. Vous avez tout compris Thomas. Les journaleux français traduisent mot à mot pour se protéger l'arrière-train de tout coup de botte provoqué par un contresens. Leur pleutrerie va jusque là. La seule autre explication serait "complotiste" : ils se sont donné le mot pour appliquer une politique de langue destructrice du français. Si l'on élimine l'explication complotiste (qu'il faut toujours commencer par éliminer) ne restent plus que cette pleutrerie absolue (déjà présente chez les traducteurs des organismes onusiens "mot-à-motistes"), qui leur fait rentrer les fesses et leur français, fût-il de base, sous le risque du coup de pied appuyé que pourrait asséner sur leurs parties charnues le rédac chef et, sinon, l'hypothèse, trop peu réaliste en 2017, d'une méconnaissance absolue de l'anglais.
J'avancerais plutôt l'hypothèse de la flemme, pas la bonne vieille flemme des cossards d'antan bien sûr, plutôt la hideuse flemme engendrée par l'overbooking. Ils ont la flemme de sortir du mot à mot pour gagner du temps parce que ces travailleurs du néant sont perpétuellement charrette...
Autre explication possible: certains de ces journalistes, j'en connais, font exprès de traduire mot à mot des expressions anglaises qu'ils jugent "cool" pour produire un effet de style en français. Sans même s'en rendre compte ces crétins, qui veulent la dé-ringardiser, contribuent en réalité à la colonisation de la langue française et à sa dislocation.

J'ai effectué des voyages de presse avec ces journalistes: ils s'avèrent souvent infoutus de se faire comprendre d'un serveur de pub à Londres ou d'un marchand de hot-dog à New York. Ils parlent donc très mal l'anglais, et bousillent allègrement leur langue maternelle.
Je ne crois pas trop à l'hypothèse "charrette" avancée par Thomas. Il n'est pas plus long ni plus compliqué d'écrire "il a traversé la rivière à la nage" (pour l'anglais he swam across the river) que "il a nagé à travers la rivière" comme on le voit écrit parfois sous la plume infâme de ces journaleux. Et si "recherche d'effet de style il y a" comme le suppose P.J. Comolli, alors cette recherche ajoute à la charrette n'est-ce pas ? Non, il y a autre chose, un sourd parti pris, systématique et constant, de ne pas écrire et de méconnaître sciemment la langue française commune normée ces deux derniers siècles. Ce doit être ça. Il faut, c'est une injonction muette autant qu'impérative, écrire en français d'après, coûte que coûte.

Il y a aussi cette manie, pas même un snobisme, une manie, un goût pervers, supérieurement maniéré (comme peut l'être la manie du verlan), de coller au mot anglais pour le plaisir de faire "décalé", de transgresser la convention à coup de petits clins d'oeil. Par exemple, dans la version française du film de Besson Le Cinquième Elément, on entend un personnage (celui du "méchant") qui, dans la version anglaise s'exclame I am disappointed ! gueuler "je suis désappointé !" Quand chacun sait, dès la classe de quatrième, voire plus tôt, que "disappointed" est le mot qu'emploie l'anglophone pour faire savoir qu'il est déçu, tout simplement. Je suis déçu ! ce qui n'est pas sans effet comique quand cette phrase est prononcée dans un cri. Et cet effet comique est bien sûr présent dans l'anglais "I am disappointed !" Dans aucune langue, si l'on n'est pas un psychopathe mégalomane (ce qu'est le personnage du méchant dans ce film), on ne crie à pleins poumons je suis déçu ! Le "désappointé" choisi dans la version française ne s'explique pas, il détruit l'effet comique de l'original anglais, il fait plus que tricher, il ment : le personnage ne dit pas qu'il est désappointé ; la langue anglaise avec son disappointed ne signifie pas "désappointé" mais déçu.

Pourquoi avoir opté pour produire ce faux sens ? Pour rien, comme ça, par plaisir pervers de "faire décalé"
Tout de même, pronounced devenu "prononcé" et disappointed "désappointé", c'est vraiment le triomphe du moindre effort... En réalité, toutes les hypothèses se marient : paresse, snobisme, pusillanimité, ignorance, soumission à la domination linguistique anglo-saxonne. Pour palier ces problèmes de traduction, la meilleur solution nous vient du cinéma : les titres de films américains ne sont plus traduits. Pour nous changer les idées, allons faire un tour sur l'île Saint-Louis. Le "chapeau" de l'article du Point est une invite délicieuse :

"Culture on Live" : partez à la découverte de l'île Saint-Louis !
VIDÉO. Suivez les traces de Baudelaire, Cézanne, Camille Claudel ou Jamel Debbouze, qui ont trouvé refuge dans ce cocon du XVIIe siècle.
"Alors qu'une journaliste s'est fait cracher dessus quand François Fillon faisait siffler la presse, Christian Estrosi qui s'est lui même sifflé a dénonce "ceux qui ont sifflé les élus de leur famille, la Shoah et ont eu ces comportements à l'égard des journalistes". Le Parisien
Un article du Point consacré à la polémique Mélenchon/Cazeneuve se termine par un remarquable point d'histoire (sans parler de la tournure générale des phrases) :

"En 1898, le pouvoir a hésité, puis il a poursuivi Émile Zola. L'occasion en effet d'empêcher l'enterrement de l'affaire Dreyfus, mais lourdement payé : l'écrivain a été lourdement condamné et a dû fuir à Londres où il est mort."
Je suis sûr que certains algorithmes de rédaction font déjà beaucoup mieux.
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