Le mode d'octroi des licences des taxis parisiens a toujours été des plus opaques et des plus politiques. Je me souviens des "taxis cambodgiens", dans les années 1981-82 qui tout à coup furent partout. Leur français était approximatif et leur connaissance de la capitale parfaitement nulle. Je me souviens de l'un d'eux
que je dus guider à l'aide d'une grande carte de la ville que je tenais déployée au-dessus de son épaule. Tous étaient des réfugiés de guerre et réfugiés politiques, authentiques ceux-là, qui s'étaient tournés vers la France, pays dont la langue était parlée par leur souverain Sihanouk autant que par leurs tortionnaires et tourmenteurs Khmers Rouges qu'ils fuyaient. Leur présence en France s'en trouvait ainsi justifiée -- la France avait tenu le Cambodge en protectorat pendant des décennies et les chefs Khmers Rouges avaient tous ou presque été étudiants à Paris, certains à la Sorbonne.
Tout ça pour rappeler qu'il y a réfugiés et réfugiés. Que la France accueillît ces gens avec qui elle avait eu une longue histoire commune, était tout à fait normal. Et la gentillesse et la reconnaissance de ces Cambodgiens exilés à Paris forçaient la différence avec les sauvages qui nous envahissent aujourd'hui sans explications autres que leur volonté de conquête et leur désir de prédation.