Il y a sept ou huit ans, quand j'enseignais en Mathématiques Spéciales dans un “grand lycée parisien”, je devais rappeler à mes futurs polytechniciens, normaliens, centraliens, etc. ce qu'était exactement une... préposition. Ils avaient comme un doute.
Pour ce qui est de l'enseignement primaire et secondaire, il est toujours savoureux — et tristement grotesque — de voir émerger, dans le chaos final de l'effondrement, des termes techniques habituellement réservés aux universitaires spécialistes de linguistique. C'était déjà le cas il y a quelques années avec la
fonction perlocutoire de langage, qui figurait expressément au programme des collèges et avait un peu fait parler d'elle. (Imaginez-vous expliquer, dans quelque classe de ZEP ultra-violente, ce qu'est la fonction perlocutoire du langage.) Mais enfin, c'est un grand classique du pédagogisme : plus le Désastre avance, plus on le maquille, de façon dérisoire, au moyen de concepts et autres termes techniques censés prouver non seulement que tout va bien, mais aussi que bientôt tout ira au mieux. « Encore un effort, camarades, nous sommes au milieu du gué », telle pourrait être la devise du pédagogo.
Votre enfant ne sait pas écrire deux lignes sans faire de fautes ? Ne vous inquiétez pas, de toute façon l'orthographe c'est pour les ânes, et puis il y a mieux à faire, par exemple {insérer là quelque chose de pompeux issu du jargon universitaire, si possible avec cette morgue infinie qui caractérise l'actuelle ministre de l'Education Nationale}.