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Une voix dissidente au sein de l'institution

Envoyé par Francis Marche 
Il s'appelle Laurent Bouvet. Il est professeur de Science politique à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

Cet entretien résume très clairement tout ce que nous aurions pu dire sur la situation présente marquée par "l'entreprise identitaire" des islamistes et de leurs amis de gauche et d'extrême-gauche. L'analyse est finement menée, s'agissant notamment de la contradiction entre différentialisme libertarien anti-étatique et anti-libéralisme économique qui caractérise les positionnements politiques de ces gens et mine la crédibilité de leurs discours et attitudes. L'autre contradiction, annexe à celle-là mais qui méritait d'être relevée, est que les plus ardents partisans de ces "amalgames de la transitivité" se recrutent chez les agents du même Etat.


[www.lefigaro.fr]
Utilisateur anonyme
20 janvier 2017, 11:58   Re : Une voix dissidente au sein de l'institution
L'analyse est finement menée, s'agissant notamment de la contradiction entre différentialisme libertarien anti-étatique et anti-libéralisme économique qui caractérise les positionnements politiques de ces gens et mine la crédibilité de leurs discours et attitudes.
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Pardon Francis mais cette analyse, même finement menée, n'est pas vraiment nouvelle... En tout cas elle ne fait que confirmer et illustrer le propos de Jean-Claude Michéa, selon qui le libéralisme économique et le libéralisme « sociétal » ou culturel sont voués à se rejoindre, puisqu’ils procèdent tous deux d’une même matrice idéologique, à commencer par une conception de la société perçue comme une simple addition d’individus qui ne seraient liés entre eux que par le contrat juridique ou l’échange marchand, c’est-à-dire le seul jeu de leurs désirs et de leurs intérêts.

« Le libéralisme économique intégral (officiellement défendu par la droite) porte en lui la révolution permanente des mœurs (officiellement défendue par la gauche), tout comme cette dernière exige, à son tour, la libération totale du marché », écrit Michéa.
C'est effectivement quelqu'un d'intéressant et de courageux, Bouvet. Je le suis d'assez près. Sa réflexion, comme celle que conduit un Pierre Macherey, n'est peut-être pas nouvelle Pascal, mais, par les temps qui courent, elle a le mérite d'être assénée de manière cinglante et rigoureuse par le biais notamment des réseaux sociaux. Elle enquiquine les représentants de la DPB, leur donne de l'urticaire ? C'est toujours cela de pris. Après, Bouvet et Macherey (et Michéa d'une autre manière) sont incurablement de gauche. Ils sont égalitaristes au possible, ont pour petit livre rouge la loi de 1905 et croient dur comme fer à un islam de France pacifié et discret.
“Le libéralisme économique intégral”, si le mot “intégral” a un sens, ça n'existe pas, n'a jamais existé nulle part et il n'y a personne pour s'en réclamer. C'est un épouvantail idiot que Michéa, souvent si fin pourtant, agite à tout bout de champ.
On est plus ou moins libéral, plus ou moins interventionniste (protectionniste) et ces notions relatives varient avec les époques et les situations. Il s'agit de tendances par rapport à un donné momentané.
Utilisateur anonyme
20 janvier 2017, 19:50   Re : Une voix dissidente au sein de l'institution
Michéa, ce n'est pas celui qui dit sans arrêt que le peuple (ou le prolétariat, je ne sais) est — par l'effet d'une grâce divine, sans doute — fondamentalement bon ? Si c'est le cas, voilà une autre idée idiote, qu'il a dû pêcher dans la tête de Winston, le protagoniste de 1984 d'Orwell.
Utilisateur anonyme
21 janvier 2017, 00:30   Re : Une voix dissidente au sein de l'institution
Citation
Trystan Dee
Michéa, ce n'est pas celui qui dit sans arrêt que le peuple (ou le prolétariat, je ne sais) est — par l'effet d'une grâce divine, sans doute — fondamentalement bon ? Si c'est le cas, voilà une autre idée idiote, qu'il a dû pêcher dans la tête de Winston, le protagoniste de 1984 d'Orwell.

Michéa a dit ou a écrit que le peuple était "naturellement bon " ? D'où tenez-vous cela ? Il développe simplement l’idée que les sociétés ne peuvent pas vivre sans un minimum de valeurs partagées, c’est-à-dire sans s’accorder sur une définition minimale de ce qu’est la vie bonne», cette définition minimale ne devant par ailleurs pas aboutir à une «idéologie métaphysique du Bien», pas plus qu’elle ne doit légitimer une attitude héroïque et guerrière toujours susceptible de conduire à des dérives autoritaires, sinon totalitaires. D’où l’importance qu’il accorde à la notion orwellienne de «décence commune» (common decency), laquelle recouvre les qualités auxquelles a de tout temps adhéré le sens commun, surtout dans les classes populaires : honnêteté, solidarité, générosité, loyauté, esprit de don, sens de la gratuité, sens de l’honneur, goût de la réciprocité et de l’entraide, etc.

Bref, Michéa n'a jamais dit du peuple ou du prolétariat qu'il était "naturellement bon".
Utilisateur anonyme
21 janvier 2017, 12:07   Re : Une voix dissidente au sein de l'institution
Ah, je me disais bien qu'il y avait au moins une petite part d'idolâtrie idiote des “classes populaires” chez lui.
Il m'a toujours semblé qu'il y avait dans le libéralisme, c'est-à-dire le non-interventionnisme presque intégral, quelque chose qui tenait d'un optimisme désarmant, la foi en un meilleur des mondes qui spontanément s'édifierait et se dégagerait du jeu incontrôlé et incontrôlable des intérêts particuliers, de l'égoïsme et des passions, une foi en la foncière utilité fondatrice du désordre s'auto-régulant à terme par une sorte de principe d'organisation naturel.
La "main invisible" poussée dans ses derniers retranchements : partout où il y a de la vie, tout ordre en émergeant sera le bon, le pire consistant toujours à tenter de mettre sa propre main à la pâte.
Il y a dans le libéralisme, résumé en son essence par notre ami Alain, une foi quasi-païenne en l'ordre naturel, tandis que dans l'autre bord, celui de la maîtrise humaine des processus naturels, du "socialisme", donc, il y a une foi quasi-idiote en la domination de la Raison sur la nature.

L'humain face à la nature, lutte contre l'Ange, a quelques chances de montrer ses forces, c'est vrai, mais comme dans tout combat au corps-à-corps, il importe que le vainqueur, le protagoniste en passe de vaincre, sache obéir au vaincu et à ses morts.

Il y a là un dilemme politique et philosophique profond : à qui obéir ? à l'homme ou aux créations qui le précèdent dans le temps et qui lui résistent passivement, sans intelligence interprétable en raison ? La question de l'ordre divin, exprimé dans le désordre naturel, en dispute avec l'ordre humain qui en conteste la domination, continue de se poser. L'exigence divine, l'injonction du divin à l'humain étant toujours la même, insistante, incontournable, résolue autant que sans solution : faut-il se soumettre à elle ou bien la contester sottement ou encore, danser avec elle en s'y conjuguant, et si telle est bien la réponse, comment s'y prendre ?
Ami Marche, d'aucuns ont conçu la contestation même (la révolte) comme seule attitude prenant véritablement acte du réel comme il est, c'est-à-dire parfaitement indéchiffrable et obscur, ce qui n'est point sot après tout.
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